"Comment j'ai pourri le web"

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22 Mar 2012 12:05 #67 par chattabatta
Réponse de chattabatta sur le sujet "Comment j'ai pourri le web"
C'est une belle étude de cas.

La recherche documentaire est une discipline qui s'apprend. Cependant, il me semble que la question n'est pas de savoir si le Net est une source fiable ou si les jeunes y sont préparés !

La première question qui se pose c'est pourquoi faut-il attendre l'université pour être initié à la méthodologie de recherche documentaire (en tout cas en Belgique).
L'école de type Freinet que fréquente mon enfant s'applique à apprendre aux élèves les bases de la recherche documentaire dès la première primaire via un centre de documentation alimenté par les familles. les enfants peuvent à tout moment décider de s'y rendre. Un adulte accompagne alors l'enfant dans sa recherche et lui explique comment bien chercher l'information. Ensuite, ils doivent la rendre en classe devant le groupe qui en discute.

Ensuite la deuxième question qui se pose : les livres sont-ils à ce point plus fiables qu'Internet. Le plagiat existe depuis des lustres... et certains livres ne sont pas fiables, sont tendancieux ou mal écrits et donc mal interprétés.

Enfin, des cours d'intégrité et d'éthique concernant le matériel intellectuel devraient être dispensés beaucoup plus tôt. Il ne s'agit donc pas d'Internet en soi, mauis de tout ce qui touche à l'information en général.

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  • Anonymous
22 Mar 2012 12:06 #68 par Anonymous
Réponse de Anonymous sur le sujet "Comment j'ai pourri le web"
Certes, encore faudrait-il avoir lu ce texte

aviamo écrit: ... Enfin, vous devriez voir dans les résultats très probants de votre "coup" un signal d'alarme : celui de lycéens qui n'ont visiblement pas assez de confiance en eux pour tenter de faire un simple commentaire par eux même, de peur d'oublier un point ou de choisir une mauvaise partie...

"je leur ai démontré que, davantage que la paresse, c'est un manque cruel de confiance en eux qui les pousse à recopier ce qu'ils trouvent ailleurs"


Ayant été utilisateur du net quasiment dès ses début je pense être ni plus ni moins qualifié que quiconque pour en parler.
Or je ne vois vraiment pas en quoi wikipedia est sacré.

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22 Mar 2012 12:16 #69 par Jean-José
Réponse de Jean-José sur le sujet "Comment j'ai pourri le web"
Que d'efforts fournis pour une conclusion aussi évidente !
Attention, gros scoop : En 2012, la plupart des élèves vont chercher l'inspiration sur le web !!! Ouah, truc de ouf !!!

Plus sérieusement, cette expérience a le mérite d'être très drôle et donne un bon exemple aux élèves des écueils à éviter de l'usage d'internet. Mais les enseignements que vous tirez sont complètement à côté de la plaque.

"je ne crois pas du tout à une moralisation possible du numérique à l'école" : donc mieux vaut nier l'existence omniprésente de cet outil... Cette attitude n'est qu'une capitulation face à la difficulté.

"on ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui" : comme s'il était possible, en 2012, de "former son esprit" sans internet, alors que nombre d'enfants d'un ou deux ans savent se servir d'un iphone... C'est aussi idiot que de dire, au début du XXème siècle, qu'on avait jamais été aussi endurant que lorsqu'on avait été obligé se déplacer à pied et non en automobile (on peut donner un exemple équivalent avec toutes les inventions importantes).


Votre solution de censure/interdiction/négation d'internet dans l'éducation ne peut mener à rien, comme tout refus d'une évolution inévitable.

La vrai problématique est "comment bien former son esprit malgré internet".
Et je pense que la politique de sensibilisation des élèves aux "NTIC" va justement dans ce sens, ou du moins a le mérite d'essayer.

Ma conclusion à moi c'est qu'il est désolant qu'un prof qui semble compétent soit aussi rétrograde dans sa vision de l'éducation.

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22 Mar 2012 12:17 #70 par Msebastien
Réponse de Msebastien sur le sujet "Comment j'ai pourri le web"
Voici ma réponse à votre expérience pédagogique navrante
interim.over-blog.com/article-comme-je-s...e-web-102066436.html

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22 Mar 2012 12:19 #71 par mrjay42
Réponse de mrjay42 sur le sujet "Comment j'ai pourri le web"
Je me présente : ingénieur en informatique (master en Systemes d'informations) + 3 ans d'XP dans le métier + reprise d'étude : master en informatique embarquée et avant ça : licence d'économie, DUT de gestion.
Cela ne me défini pas entièrement, mais ça répond en gros à la question "D'où je parle".

Dans votre article, je trouve que votre procédé est génial et je trouve que vous avez réussi à prouver une chose importante : plutôt que d'ouvrir un livre, vos élèves se sont précipités sur le web pour y chercher des informations.
Ce qui est dommage dans la démarche des élèves c'est qu'ils ont pris les informations trouvées sur le web pour argent comptant et n'ont pas chercher à faire des recoupements avec un livre ou un autre média.

Mon problème par rapport à votre article c'est que je trouve que peut-être vous ne mettez pas assez en doute la légitimité des différents médias :
Vous avez prouvé la fragilité de l'utilisation du web et la fragilité des informations que l'on peut y trouver
Mais qu'en est-il de l'utilisation des livres ?
Dans tous les domaines que j'ai étudié, dans le cadre des études, ou par passion il y a des "bons" bouquins et de "mauvais" bouquins.
Quand je dis bons ou mauvais bouquins, je ne parle pas du style. Je parle bien du fond, des idées défendues dans tel ou tel bouquin.
A tel point que je suis devenu méfiant envers les bouquins, j'ai donc matérialisée cette méfiance sous la forme suivante :
"Ce n'est parce qu'un auteur a écrit un bouquin au XIX siècle ou avant, que ça prouve quoi que ce soit".
(Pardon, pour le style, mais j'avais 17 ans quand j'ai formulé cet axiome; après la lecture des Confessions de Rousseau, je me suis dit que ce n'étaitt pas possible qu'on ait érigé ce livre au rang de référence que toute une génération doit obligatoirement lire)
(Mon petit théorème s'est trouvé confirmé par la suite grace à l'économie : "science" où de toute façon quand un auteur écrit "A" à l'instant "X", alors à l'instant "X+1" on sait très bien qu'il aurait du écrire "B")

Mon but est d'essayer de vous dire que la fragilité du média "livre" est tout à fait comparable à celle du média "web". La différence entre ces deux médias c'est que la fragilité de l'un n'a pas les mêmes déterminants que la fragilité de l'autre.

Dans votre démarche du web, vous avez non pas pourris le web, mais pourris la logique du web. En faisant une petite métaphore vous êtes rentrés dans LA (admettons qu'il n'y en ait qu'une) bibliothèque de votre ville, vous avez arraché la page d'un livre et remplacé cette page par une autre : procédé complexe à mettre en place...mais son équivalent numérique est, lui, très facile à réaliser : je vais sur Wikipédia, j'édite une page, j'enregistre n'importe quel information en adoptant un style crédible...

La légitimité des informations qu'on trouve dans un livre est dépendante du moment où le livre a été écrit : or, quand il s'agit de science (n'importe laquelle : "molle" ou "dur"), ou quand il s'agit d'art : , les livres sont quand même hyper-dépendant du paradigme dominant à l'époque ou l'ouvrage à été écrit (que ce soit en termes de styles, ou d'idées).
De plus, quand vous lisez un livre qui vous garantit qu'il ne contient aucun plagiat ? aucune inspiration en provenance d'une obscure théorie défendu dans un autre pays, par un autre auteur quelques années auparavant.
Non, décidément, je ne peux pas faire "gratuitement" confiance à un ouvrage sous prétexte que c'est un livre ou sous prétexte qu'il a été écrit par un auteur de renom.
Des exemples ?
Hmm...Jean Bodin ? Un économiste qui a écrit une théorie sur la quantitativité de la monnaie toujours enseignée aujourd'hui mais qui en parallèle écrivait des bouquins sur la Démonologie...Avec le même sérieux...Ce n'était pas pour faire une blague :)
Donc, je suis jeune, ma prof' d'éco me parle de Jean Bodin, je tombe sur un bouquin écrit par Jean Bodin et qui parle de Démonologie :
Réaction numéro 1, je lis le bouquin et j'y crois...parce que l'auteur a été légitimé par ma prof
Réaction numéro 2, je me dis que peut-être l'auteur était un tout petit peu dérangé, complètement engouffré dans les modes de son époque et que donc éventuellement ce qu'il dit n'est pas toujours super-fiable.


Bref, vous déconseillez l'éducation au web :
"A mon sens l'éducation au web n'est pas nécessaire : nous en sommes, nous les autodidactes du numérique qui appartenons aux générations précédentes, les meilleurs exemples."
Pour moi il n'y a rien de plus faux.
Et les soit-disant générations autodidactes, pardon, mais je n'y crois pas une seconde.

Je ne vais pas essayer de le prouver, je vais juste vous dire que ce que vous avez mis en place pour tromper vos élèves prouve que vous n'êtes pas un utilisateur lambda : ne confondez pas le fait que ce que vous avez fait est simple à faire et que donc tout le monde PEUT le faire avec le fait que tout le monde pourrait SAVOIR le faire.

Pour les autodidactes d'aujourd'hui (je dis ça en général pas contre vous en particulier), voilà ce que je résumerai :
Ce n'est pas parce que vous savez ouvrir un navigateur, utiliser Facebook et Google et trouver une information que vous un utilisateur "avancé".
A mon avis :
Quand on maîtrise les informations qui rentrent et qui sortent de son ordinateur, quand on est conscient des risques que l'on encours sur un réseau, quand on comprends que Internet c'est pas juste "le web" (mais aussi : les mails, irc, les newsgroup, le ftp, etc etc etc), quand on sait ce qu'il y a d'installé sur son ordinateur, quand on sait qu'il n'y a pas QUE Wikipedia, Google, Microsoft, Facebook et Apple...Alors oui, on commence à mériter son statut d'internaute averti et d'utilisateur avancé. Sinon ? Bah sinon, on fait toujours parti des pigeons qui se font exploités. (PS : je dis ça en toute modestie : je ne suis pas capable de contrôler ce qui rentre et ce qui sort de mon ordinateur, c'est pour cela que j'utilise Linux, système me garantissant un minimum d'honnêteté et d'intégrité quant aux processus qui fonctionnent par défaut quand on l'installe, c'est pour cela aussi que je n'ai pas de compte Facebook et que j'ai supprimé mon compte Twitter, c'est pour cela aussi que je ne donne mon vrai nom sur Internet uniquement quand je passe commande sur un site de VPC (bien obligé), et pour ma vie professionnelle (pour qu'on puisse savoir ce que j'ai fait jusqu'à présent))

Pour moi :
Il faut éduquer au web au cours du collège et avec un rappel massif en début de lycée afin de :
Savoir protéger sa vie privée : faire comprendre aux élèves l'importance de leurs informations personnelles
Savoir protéger son ordinateur
Inculquer la politique de la prudence systématique
Prouver à des élèves par A+B qu'on peut tout savoir sur eux.

Un petit lien expliquant que Wikipedia est considéré comme autant fiable que l'encyclopédie Britanica :
news.cnet.com/2100-1038_3-5997332.html


Enfin, je me permettrai d'alléger un peu mon propos, en citant une "quote" du site Bashfr, prouvant selon moi à la fois : la qualité des informations que l'on trouve sur le net et ce qu'elles permettent de faire :
danstonchat.com/10389.html

L'histoire est celle d'un Ado qui cherche à obtenir des infos sur une fille qui l'interesse :

<Drien> En fait j'ai commencé par regrouper les infos que je savais sur elle: son prénom, elle habitait Nevers, dans un quartier "chaud", comme elle disait, et elle passait en seconde.
<Drien> Donc j'ai lancé Google Earth, go au dessus de Nevers, et j'ai commencé à scruter, à la recherche d'immeubles, de trucs comme ça.
<Drien> Au bout de 5 minutes, je trouve ce qui ressemble à des HLM. Je file sur le site de la mairie de Nevers et matte la liste des collèges de la ville, ainsi que leur adresse. Je les rentre tous dans Earth et fous un repère à leur emplacement.
<Drien> J'analyse géographiquement leur proximité avec les immeubles repérés, puis j'en sélectionne un, le plus proche des HLM.
<Drien> Je file sur le site de l'académie de Dijon, et go la section des résultats du BEPC, accessibles à tous, où sont répertoriés tous les élèves l'ayant obtenu (elle était en troisième, tu suis ?).
<Drien> Je repère le collège sur le site, et commence à mater tous les noms de A à Z, en regardant si je trouvais un prénom correspondant.
<Drien> Et là, au bout de 5 minutes, j'en trouve un qui correspond. Go Facebook, une correspondance trouvée ! Et c'était bien elle !
<Drien> Je l'ai ajoutée, et depuis je suis heureux.
<Samo> Et tout ça pour dire à tes geeks de potes : "J'ai une fille dans mes contacts Facebook" ?
<Drien> ué.
<Samo> Tu es terrifiant, parfois.

Voilà, je pense que là y'a de quoi prouver qu'il faut former les jeunes aux NTIC pour éviter ce genre de situation.

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22 Mar 2012 13:54 #72 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet "Comment j'ai pourri le web"

moi écrit: C'est une expérience intéressante, et je ne doute pas que vous êtes un bon professeur, mais dites vous bien que :
- c'est parfois très difficile de savoir comment faire et l'aide sur internet est simple (bah oui aller demander à un prof c'est pas forcement évident, je dirais que sur internet c'est plus passif)

Croyez-moi, je suis très ouvert aux questions.

moi écrit: - pourquoi suivre plus les enseignements d'un prof que de quelqu'un sur internet? (on pourrait ainsi faire l'amalgame entre un journaliste à la télé et quelqu'un sur internet, qui croire ? celui qui fait ça sur son temps libre et qui parle de sa passion ou l'autre qui est payé et susceptible de ne pas savoir qu'il dit n'importe quoi/a qui on file des fiches qu'il lit). L'important est de choisir ses sources. Je fais confiance à Internet car ce qui est faux à des chances d'être corrigé alors que ce qui est faux dans le cours d'un enseignant (erreurs volontaires ou non) ne le sera jamais.

Mon commentaire était nul mais je peux vous garantir, en tant que professionnel de l'enseignement des lettres, que la plupart des commentaires corrigés que l'on trouve sur les sites payants sont tout aussi mauvais. Vous dites que l'important c'est de bien choisir ses sources : oui, quand il s'agit d'une recherche documentaire. Ce qui n'était pas du tout le cas ici : il n'y avait aucune recherche à faire.

moi écrit: -je ne cautionne pas ceux qui payent pour du tout fait mais là encore, on vous paye bien pour donner des cours, des gens peuvent bien se faire payer pour rédiger des dissertes.

Curieux raisonnement qui s'appliquer à la fausse-monnaie. ET vous êtes bien naïf de croire que ceux qui mettent en ligne des corrigés en sont les auteurs...

moi écrit: -Comme quelqu'un le dit plus haut, on ne récompense peut être pas assez la créativité? À méditer
- En tout cas je me rappelle de ma première disserte, en première (S) et je n'avais aucune idée de ce que je devais faire, contrairement aux maths ou on a le cours et des exercices corrigés, dans ce cas on part de rien, on y passe du temps et au final ça ne paye pas (11 ou 12 sur 20 avec un coeff de merde pour des heures passées à écrire contre des 15 en maths et physique avec un bon coeff moins de temps passé et moins d'inconnu) et le choix est vite fait.

Vous jugez une discipline par votre expérience personnelle négative, c'est dommage. Quant à la créativité, vous ne faites pas ce reproche aux mathématiques.

moi écrit: -Sur la partie de la triche en cours, j'ai parfois l'impression qu'on demande de savoir des choses inutiles ou trop de choses, par exemple les formules en physique, on se fait une fiche et on les retrouve plus tard, dans le milieu professionnel on ne demande pas au gens d'apprendre par cœur, on apprend au fur et a mesure. (calculatrice vs calcul mental, même combat)

On sort du sujet. Vous aimeriez un médecin qui consulte son Vidal avant d'émettre un diagnostic ?

moi écrit: Internet n'est que le reflet de notre société. Il rend juste les choses plus accessibles.

Précisément non, puisque ce poème est resté inaccessible aux élèves. La culture ou l'esprit critique ne sont pas des choses en dehors de nous.

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22 Mar 2012 14:04 #73 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet "Comment j'ai pourri le web"

Jean-Philippe écrit: Le même type d'expérience avait été mené par un de mes collègues d'Histoire-géo l'an passé, qui avait créé de toutes pièces un révolutionnaire russe au parcours rocambolesque "pour apprendre aux élèves à adopter une posture critique sur le web".
Outre quelques réserves quant à légalité de la démarche (l'utilisation d'une fausse identité), je lui ai opposé l'idée que cette initiative démontrait tout juste que les élèves avaient peu d'esprit critique en général, car le même piège aurait pu être tendu avec des documents en papier, de faux ouvrages et de faux articles.

Sauf qu'un commentaire composé ne nécessite la consultation d'aucun document !

Jean-Philippe écrit: La démarche employée elle-même me semble avoir peu de valeur pédagogique: face à une génération qui semble-t-il a une très faible estime d'elle-même, je ne crois pas nécessaire de valider par l'exemple cet auto-dénigrement.

Je peux en convenir, mais croyez bien que je me suis efforcé de montrer toute ma bienveillance à l'égard de mes élèves, qui me le rendent bien. Avec cette petite supercherie, j'ai surtout voulu leur apprendre à se protéger car c'est mon rôle de professeur de les préparer.

Jean-Philippe écrit: Comme le souligne le commentaire précédent, la réflexion à avoir me paraît plutôt devoir porter sur les modalités mêmes des évaluations scolaires: les élèves n'ont pas attendu l'arrivée d'internet pour produire des compositions stéréotypées, copiées-collées (notamment d'annabac) et insipides, dans le but de coller à ce qu'ils pensent être les exigences de l'institution.

Annabac n'a jamais fourni des corrigés de commentaires composés tout prêts ! Et jadis on ne pouvait pas accéder à des ressources externes quand les devoirs avaient lieu en classe, ce qui n'est plus le cas.

Jean-Philippe écrit: Certes ils ont désormais un accès simplifié à des informations face auxquelles ils font souvent preuve de naïveté, mais plutôt que de constater, penaud, les ravages de ce phénomène sur des jeunes "qui ne sont pas suffisamment mûrs pour l'appréhender correctement", la mission des profs me semble plutôt être de prendre acte de la chose et de faire en sorte d'accompagner les élèves dans ce nouveau rapport à l'information en leur donnant suffisamment d'outils intellectuels.
Mes élèves me disent souvent que je suis le seul prof qui ne leur défend pas d'utiliser wikipedia. Cela ne cesse jamais de m'étonner: quoi qu'on puisse leur dire, ils utiliseront wikipedia. Alors autant faire avec et leur apprendre à l'utiliser convenablement.

Je ne vous jette pas la pierre et mon article ne remet pas en cause Wikipédia, même si c'est une source d'information à utiliser avec beaucoup de précaution. Ici, je constate surtout les raccourcis dans la pensée et le manque de rigueur.

Mon expérience personnelle en lettres m'amène à penser que les élèves seront mieux armés pour affronter le net s'ils disposent d'une culture et d'un esprit critique. Ne pas mettre la charrue avant les bœufs.

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22 Mar 2012 14:05 #74 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet "Comment j'ai pourri le web"

alyv54 écrit: Si seulement cela pouvait faire découvrir à certains collègues qu'il y a d'autres auteurs que Baudelaire ou Voltaire...

Il n'y en a pas d'autres ! :mrgreen:

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22 Mar 2012 14:30 #75 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet "Comment j'ai pourri le web"
Hdt, merci pour votre longue contribution posée et approfondie.

Hdt écrit: La seconde raison, qui a beaucoup plus d'impact auprès des élèves et qui est selon moi sous-estimée par les professeurs, c'est la peur de l'échec, et surtout de ses conséquences (notes, travail supplémentaire etc... peu importe). C'est cette peur qui engendre le manque de confiance des élèves.

Vous avez raison, bien sûr.

Hdt écrit: Ils ont deux semaines pour essayer de comprendre un vieux poème, d'un auteur dont ils n'ont jamais entendu parler, qui n'est pas ce qui se fait de plus facile à analyser. Si on ajoute à cela que leur commentaire doit suivre plusieurs règles (que vous leur avez, je suppose, expliquées) et surtout que son contenu doit vous convenir (toujours cette peur au sein des élèves), ils se retrouvent face à plusieurs questions (je parle à ce moment de ceux qui n'ont pas sombré dans la facilité et qui n'ont pas juste cherché un devoir tout fait sur internet

En l'espèce j'avais bien détaillé la méthodologie du commentaire composé et nous avions étudié le mouvement baroque dans une première étude d'ensemble. Les élèves avaient des armes pour affronter ce texte.

Hdt écrit: - Comment fait-on [un commentaire/une dissertation/n'importe quoi d'autre] ?

C'est une question très délicate puisque chaque commentaire est propre à chaque texte et à chaque élève. Il faut, pour pousser le paradoxe, réinventer le commentaire à chaque fois, et c'est ce qui fait, puisqu'il n'y a pas de recette, la richesse et la profondeur de cet exercice sans équivalent. On peut évidemment donner des pistes techniques, orienter les élèves, leur apprendre à identifier la progression d'un texte ou à dégager une problématique, mais à la fin, dans tous les cas, l'élève est seul face au texte. Le commentaire est une rencontre d'un texte et d'un élève.

Hdt écrit: - Mon analyse est-elle correcte ? Cette question rejoint elle aussi le manque de confiance des élèves. Car même si le plan suivi est bon, si l'avis qui est exposé est totalement hors sujet, on s'expose toujours à cette mauvaise note qui nous fait si peur. Et c'est à ce moment là que l'envie de copier commence à être très tentante. Pas par facilité (on a déjà galéré à faire un plan, on est trop désespéré pour l'effacer) mais par peur. "J'ai un avis qui me semble cohérent, mais qui est l'exact opposé de ce qui se dit dans ce commentaire sur internet qui semble être une source sûre, qui a été validé par les différents intervenants du site, vais-je tenter le diable (et risquer de faire chuter ma moyenne) ou vais-je me ranger à l'avis qui semble être celui de la majorité ?"

Précisément je voulais leur montrer qu'ils raisonnent à l'envers : c'est en recopiant ce qu'ils ne comprennent pas qu'ils '"tentent le diable". Le corrigé que j'ai crée comporte un énorme contresens de lecture. La majorité ne fait pas foi, seul l'esprit critique doit prévaloir, vous en conviendrez, je pense.

Hdt écrit: Le choix est certainement mauvais, votre expérience le prouve, mais n'en est pas moins justifié. Et ce n'est pas complètement la faute de l'élève (toujours celui qui n'a pas délibérément fait uniquement un copier/coller), ni celle de l'enseignant (qui va pourtant sanctionner toute erreur).

Vous l'aurez compris, loin de moi l'idée que tout est de la faute des élèves. ;)

Hdt écrit: Dans un sens, je trouve votre expérience intéressante pour vos élèves, car elle leur montre justement que ce qu'ils vont trouver sur internet n'est pas forcément une vérité absolue, mais elle risque aussi d'avoir des conséquences assez négatives, au niveau de leur autonomie, en les incitant à ne plus faire confiance aux informations qu'ils pourront trouver.

Mais c'est très bien, justement. La confiance ne doit pas être innée.

Hdt écrit: Et selon moi, au contraire de ce que vous préconisez, je trouve qu'il est indispensable de prendre en compte internet dans l'éducation, pour deux raisons, c'est un outil qui fait déjà partie de la vie courante des élèves, il vaut mieux les guider dans son utilisation plutôt que d'essayer vainement de les éloigner, et parce que, bien utilisé, c'est une formidable source de connaissances. Car c'est ce que vous voulez, que les élèves aient le recul et la maturité nécessaire pour profiter de la technologie. Pourquoi dans ce cas, au lieu de les piéger, ne pas leur montrer un usage correct d'internet ? Comment chercher des informations sur des œuvres littéraires ? Que faire des informations trouvées ? Les garder, les reformuler, s'en servir de base, ne pas en tenir compte ? Car là, vos élèves ont été piégés, ils vont éviter d'utiliser internet à l'avenir pour vos devoirs. Mais est-ce réellement une bonne chose de laisser de côté un source d'information pareille ?

On peut certainement faire un usage utile d'internet mais les exemples que vous proposez sont anecdotiques par rapport à ce que l'on souhaite faire naître chez des élèves de Première.

La question que vous posez est légitime, je ne l'écarte pas. Je ne fais dans cet article qu'exprimer ma conviction profonde pour l'enseignement de ma discipline, les lettres, que des sites comme Oboulo ou Oodoc sont en train de faire sombrer.

Hdt écrit: Sur la manière de faire, bien qu'amusante et élaborée, je trouve cependant beaucoup à redire aussi. En effet, en dehors du fait que vous ayez pu induire d'autres personnes en erreur, c'est aussi une manipulation que vous auriez pu faire uniquement au sein de vos classes. Le pseudo-commentaire lamentable que vous avez mis à disposition, donnez le à vos élèves en début d'année, ça reviendra au même.

Oui et d'ailleurs je l'ai fait cette année avec mes élèves !

Hdt écrit:

Je crois qu'avec cette expérience pédagogique j'ai d'abord démontré aux élèves que les professeurs peuvent maîtriser les nouvelles technologies aussi bien qu'eux, voire mieux qu'eux.

Je vous trouve un peu présomptueux. C'est comme changer le statut facebook d'un ami qui ne s'est pas déconnecté, c'est marrant mais ça ne fait pas de vous un pirate pour autant. Créer un compte sur wikipédia pour y écrire n'importe quoi c'est un peu pareil, ça ne prouve pas que vous maîtrisiez quoi que ce soit (si ce n'est l'utilisation d'un clavier et d'une souris). La seule chose que vous avez prouvé c'est que vous aussi vous utilisez internet, et que vous n'êtes pas complètement dupe vis-à-vis de ce que font vos élèves.

Oui c'est un peu présomptueux... même si je sais pour ma part faire beaucoup d'autres choses.

Mais vous ignorez peut-être que les élèves pensent que nous sommes des dinosaures, coupés du numérique. Je voulais leur montrer qu'ils se trompent et que souvent nous faisons, nous les professeurs, un usage bien plus profitable du numérique que leur supposée génération de digital natives : la plupart d'entre eux savent se connecter à des réseaux sociaux ou jouer en ligne, mais mettre un document en page dépasse souvent leur capacités. :roll:

J'excepte quelques-uns de mes élèves, plus débrouillards en informatique et qui se reconnaîtront ici. Ce sont des exceptions. ;)

Hdt écrit: Bref, j'espère avoir été assez clair malgré mon manque flagrant de style littéraire et les quelques coquilles qui doivent subsister ici ou là.(Ce n'est que mon avis, je ne l'ai recopié nulle part, alors ne me mettez pas une trop mauvais note s'il vous plaît ;) )

Merci pour votre réflexion équilibrée !

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22 Mar 2012 14:33 #76 par media
Réponse de media sur le sujet "Comment j'ai pourri le web"
Bonjour,

Au vu des nombreuses réponses (j'ai vu le message abondamment retweeté et je l'ai moi-même propagé sur FB), je pense qu'il y a des choses à faire.

Premier constat : Personne n'a jamais été vraiment formé à Internet, voire l'informatique, à l'école :

> De la génération 73, j'ai vu des Thomson TO8 avec stylet tactile, déplacé une tortue sur l'écran en langage LOGO, admiré des MO5, et puis c'est tout. Les enseignant n'avaient pas reçu de formation.
> Mes enfants ont des cours d'initiation. Il y a un P3 dans la classe de ma benjamine, utilisé principalement pour consulter des photos numérisées réalisées lors des sorties pédagogiques. Mon fils, pré-ado, a eu quelques fiches de cours sur les éléments constitutifs d'un ordinateur, et leur utilité. Créer un fichier sous Windows, renommer, déplacer, voilà où il en est.

Là, il y a une vraie fracture dans les rôles : à la maison, mes enfants me voient utiliser les ordinateurs (c'est mon métier), et en général dans les foyers le taux d'équipement est très élevé : tout le monde ou presque surfe sur internet chez soi.

Résultat : j'entends quelques enseignants dire que "de toutes façons, les élèves connaissent bien souvent mieux Internet que les enseignants." Constat d'échec !
Pourquoi baisser les bras ? D'autre part, les enfants/ados connaissent, comme il a été dit plus haut, quelques "pans" d'internet : portail de jeux, réseaux sociaux type Facebook ou Hi5, et Google. Or Internet ne se résume pas à ça.

Votre expérience a mis en avant le manque de confiance en soi des élèves et le réflexe paresseux d'aller chercher les réponses via l'Oracle Google. D'une manière plus générale, le manque d'esprit critique s'applique à Internet dans sa globalité comme dans la vie "tout court". Voir à ce sujet l'excellent film "Chat Room" qui traite de la manipulation (et de l'impact de simples interactions) auprès des jeunes publics. CF. www.vigilance-internet.com/comme ... s-ados.php

L'éducation est possible, à la maison comme à l'école. Des méthodes pédagogiques nouvelles peuvent être testées.

J'en veux pour preuve l'adoption du multimédia dans les approches vis-vis des élèves, comme a pu le faire ce prof de math aux US. C'est très bien expliqué dans cette petite vidéo en ligne, n'oubliez-pas de mettre les sous-titres en français, je trouve l'approche géniale et moderne :

www.ted.com/talks/dan_meyer_math ... eover.html

(En résumé, plutôt que de partir de l'énoncé classique "combien de temps faut-il pour remplir un réservoir avec les variables suivantes...", il filme le remplissage (très lent) dudit réservoir et le visionne aux élèves, jusqu'à ce que ceux-ci, exaspérés, disent "bon, sang, combien de temps cal va-t-il prendre pour remplir ce foutu réservoir ?" Et là, bingo, la réflexion est lancée, avec discussion et partage des idées, à l'initiative des élèves et non pas à sens unique comme traditionnellement.

Bref, il faut éduquer à l'utilisation d'Internet et à l'application du sens critique. C'est possible avec Internet (comme le montre votre expérience), sans internet (réflexions sur l'autorité/légitimité d'un auteur "papier"), sur l'intérêt financier qui transforme toute relation, sur le marketing qui tente de biaiser cette relation, etc... Il faut COM-MU-NI-QUER, de manière active, pas passivement via la télé ou le web. Il faut être acteur et s'approprier les choses, confronter ses idées.

Mes meilleurs souvenirs d'école sont ceux liés à des professeurs qui avaient une vraie personnalité et n'avaient pas peur de la mettre en avant. Nous savions tous qu'ils n'étaient pas parfaits, mais cela les rendait humains et passionnés. La passion de la justice, de l'autonomie, du droit à l'erreur, de la liberté de penser et du sens critique, quelle belle transmission !

Désolé, mon message est dispersé et sort pas mal du cadre de la discussion. Je suis convaincu et positif : il y a de belles choses à faire pour l'éducation grâce et via internet. Et il faut défendre les bons côtés du web. Enfin, il ne faut pas en avoir peur.

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