Les troubles chez les tout-petits surexposés aux écrans

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08 Mai 2018 23:30 - 09 Mai 2018 13:53 #20937 par archeboc

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10 Mai 2018 21:48 - 13 Mai 2018 09:52 #20948 par Loys
Dans "Slate" du 9/05/18 : "Écrans et éducation, c’est compliqué"





Un article qui mérite d'être commenté, compte tenu de sa partialité malgré sa prétention à tenir un discours équilibré ("c'est compliqué") comme nous allons le voir.

Une réflexion collective des parents et des enseignants sur la relation des enfants aux tablettes et aux smartphones serait sans doute plus efficace que n'importe quel discours anxiogène.

Voyons donc comment cet article offre des éléments de débat contradictoires permettant cette "réflexion".

C’est un marronnier qui fonctionne systématiquement: vos enfants risquent un grand danger avec les tablettes, les ordinateurs et les smartphones; les écrans les font courir à leur perte; cette génération va exploser en vol.

Il y a un autre marronnier : dire que ce n'est pas le cas. ^^

Alimenter l’inquiétude, la culpabilité et l’angoisse éducative a toujours été un ressort efficace pour toucher le large public des parents. Pointer les dangers de l’époque pour les enfants est un vieux filon éditorial: vous pouvez très bien remplacer «écrans» par «sucre», «télévision» ou «rock’n'roll», suivant le moment et le lieu.

Précisément les effets du sucre et de la télévision sont bien connus. Quant au "rock'n'roll", quel rapport avec les enfants ? Comme d'habitude, l'éducation est abordée de manière très vague, confondant ensemble touts-petits, enfants, pré-adolescents, adolescents et jeunes adultes.

Il ne s’agit pas de tout relativiser: nourrir son enfant de sucreries et/ou passer sa vie devant la télévision n’est sûrement pas une bonne idée. Mais les critiques et les avertissements sont si excessifs que l'on peut questionner leur bien-fondé, leur efficacité et leur bonne foi.

Il s'agit donc bien de relativiser. Espérons que, en "bonne foi", ces critiques et avertissements seront présentés de façon contradictoire.

Le mauvais exemple des cadres de la Silicon Valley

Dans presque chaque débat sur les enfants et les écrans, on entend l'argument selon lequel les cadres de la Silicon Valley eux-mêmes interdisent les écrans à leurs enfants –Steve Jobs le premier– et les envoient dans des écoles où appareils électroniques et objets numériques sont bannis.

En France, la journaliste Guillemette Faure, qui a longtemps vécu aux États-Unis, en a fait le sujet d'un article publié en 2012 dans le supplément M du Monde, «Ces branchés qui débranchent».

Je lui ai demandé ce qu’elle pensait du succès de l'argument, et du fait qu’elle soit si souvent citée: «Je suis tellement contente que l'on me pose cette question! Cet article parlait d’une école, et d’une seule, de la Silicon Valley [la Waldorf School of the Peninsula]. Je soulignais qu'il s'agissait d'une exception. Il existe d'ailleurs aux États-Unis d’autres écoles Waldorf qui fonctionnent avec la même philosophie et dans lesquelles il n’y a pas d’écran, mais seule celle-là intéresse la presse!»

Même si elle est souvent montée en épingle, l'idée d’une enfance «zéro écran» n’est pas représentative des méthodes éducatives de tous les cadres de la tech de Palo Alto. «Les familles ont des attitudes très variées. En Californie, certains parents envoient leurs enfants à des cours de code proposés pendant l’été», poursuit Guillemette Faure. Comme quoi tous les professionnels du numérique ne diabolisent pas les écrans auprès de leur progéniture.

Nous avons déjà traité cette question sur le forum (voir ce fil spécifique : "Quand les cadres hi-tech sont aussi des parents…" ).

La question n'est pas de savoir si tous les cadres des entreprises technologiques tiennent un discours critiques sur les écrans, mais de s'interroger sur le paradoxe qu'une partie (importante ?) d'entre eux le font, à commencer par les plus hauts dirigeants des géants du secteur (comme Steve Jobs ou Bill Gates) alors qu'on pourrait les penser confiants dans les produits qu'ils commercialisent.

L'article ne fait d'ailleurs aucune mention des cadres de ces grandes entreprises qui ont multiplié les aveux publics et les repentirs spectaculaires depuis plusieurs mois : Justin Rosenstein, Chamath Palihapitiya, Roger McNamee, Tristan Harris, Marc Benioff, Sean Parker, Tony Fadell. Ni des prises de positions étonnantes de deux importants fonds d'investissement d'Apple...

Curieuse lutte, en somme, contre la culpabilisation des parents qui ne cherche pas à les informer de la façon dont ces objets sont conçus...

Les injonctions paradoxales des messages de santé publique

Moins problématique, mais également symptomatique de la manière de conseiller les parents tout en les inquiétant, la règle proposée par le psychologue Serge Tisseron fixe un âge: «Pas d’écran avant 3 ans, ou tout au moins les éviter le plus possible. Parce que de nombreux travaux montrent que l’enfant de moins de 3 ans ne gagne rien à la fréquentation des écrans.»

Pourquoi fixer un âge serait-il "inquiétant" ?

Le vrai paradoxe est surtout que Serge Tisseron a promu les écrans dès l'âge de six mois dans l'Avis de l'Académie des sciences qu'il a cosigné en 2013...

La consigne paraît simple –du moins si vous n’avez pas d’enfant, ou un seul, ou pas d'écran chez vous. Car en 2018, il est bien compliqué d'éviter la vision d’un écran allumé avant 3 ans. Et de quel écran parle-t-on, celui du téléphone des parents?

Donc il s'agit d'exposer les enfants les plus jeunes parce qu'il y en a de moins jeunes qui sont plus exposés. Le raisonnement semble curieux ici : ces exigences (telles qu'elle sont exposées dans le nouveau carnet de santé 2018 dont l'article ne fait donc aucune mention, tout comme les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé) seraient problématiques à appliquer pour des parents ?

La question du contenu reste aussi en suspens: si on regarde «La petite taupe» vingt minutes à un an et demi, est-ce si grave? L'expression «éviter le plus possible» montre d'ailleurs bien que s'abstenir d’écran est loin d'être chose aisée.

Non : le principe d'une prévention rigoureuse pour les plus petits vise précisément à réduire l'exposition quotidienne le plus possible. Chez les touts petits, l'exposition peut, dans certains cas graves, dépasser plusieurs heures par jour sans d'ailleurs que les parents en aient totalement conscience : mais il ne s'agit visiblement pas de s'intéresser à ces cas dans cet article...

La règle de Serge Tisseron est construite sur le modèle des discours de santé contemporains, celui consistant aussi à interdire la consommation de toute goutte d'alcool pendant la grossesse, sous peine de faire courir des risques à votre enfant –en somme, un argumentaire qui terrorise les femmes.

La question n'est pas tant de l'effet produit sur les femmes que de l'enjeu de santé pour les enfants. Soit cet enjeu est important, et la question ne se pose pas, soit il n'est pas important.

Autre exemple: les fruits et légumes, c’est cinq par jour. On culpabilise de ne pas atteindre cet objectif, en oubliant que deux portions valent mieux que zéro, et que quatre valent mieux que deux. À force d’entendre des injonctions extrêmement ambitieuses, on en vient à se dire que l'on ne fait pas ce qu’il faut et qu'il ne sert à rien de courir après l’impossible.

Avec cet exemple, l'article s'éloigne des enjeux sanitaires pour aborder le sujet de la difficulté d'être parent...

Il s'agit d'une forme d’«injonction paradoxale»: une recommandation excessive jouant sur la peur, alors qu’il n’est pas si grave de ne pas complètement la respecter –et qui, du coup, se vide de son sens.

Et tant pis pour les cas de surexposition graves...

Une exploitation grossière de l'inquiétude des parents

Jouer sur la peur, c’est justement le ressort utilisé par certains quand ils associent abus d'écrans et risque d’autisme.

Déformation grossière : il s'agit de constater des troubles pouvant être confondus avec ceux de l'autisme, comme l'indique Daniel Marcelli, référence de la pédopsychiatrie en France. Mais la déformation ne pourra pas être relevée par les lecteurs de l'article puisque "certains" (le collectif CoSE et sa charte signée par plusieurs milliers de professionnels de l'enfance) ne sont pas nommés, qu'aucun lien n'est donné...

Quant aux cas d'enfants ayant de tels troubles, tels qu'ils sont rencontrés par des professionnels de santé sur le terrain, ils ne sont pas même évoqués. Sans doute des médecins qui veulent "jouer sur la peur"...

L’idée, largement battue en brèche depuis, a été lancée l’année dernière par une médecin de protection maternelle et infantile, qui racontait avoir constaté des cas toujours plus nombreux de troubles du comportement, corrélés à une surconsommation d’écrans.

"qui racontait" ? Anne-Lise Ducanda, qui a présenté plusieurs cas précis au Congrès des médecins généralistes de France, affabulerait donc...

"une médecin" qui n'est donc pas nommée, aucun lien vers le collectif auquel elle appartient. Le seul lien donné est celui d'un article d'une autre journaliste ayant qualifiée de "farfelues" ses observations cliniques en 2017. Aucun lien vers la tribune récente de Daniel Marcelli qui sonne l'alerte dans "Le Monde" en 2018 : "Un faisceau d’arguments cliniques plaide en faveur de la description d’un trouble neuro-développemental nouveau : l’exposition ­précoce et excessive aux écrans (EPEE), lié à un perturbateur environnemental (l’écran sous toutes ses formes) qui interfère dans les ­besoins développementaux du tout-petit. Ce syndrome associe un retard de communication qui devient évident à partir de 2-3 ans, un intérêt devenant exclusif, une agitation et des troubles du comportement, une instabilité d’attention, etc. Il est susceptible de provoquer des confusions de diagnostic en particulier avec les troubles du spectre autistique (TSA) dont il doit être distingué."

Ou vers la tribune d'autres professionnels de santé parue la veille même de cet autre article dans "Le Monde" : "Bon nombre de professionnels de l'enfance s'inquiètent de la place des écrans et de leur impact, et ce dès le plus jeune âge".

De la panique irrationnelle, voyons !

Cette thèse continue à faire son chemin, à tel point qu’un collectif de médecins a récemment tenu à mettre les choses au clair dans les colonnes du Monde. Dans la tribune «Enfants face aux écrans, “ne cédons pas à la démagogie”», ils soulignent «qu’une information à caractère sensationnel n’aidera pas à prévenir les risques associés aux nouvelles technologies».

L'article n'indique pas que cette tribune, à l'instigation de Serge Tisseron (qui avait donc promu l'usage des tablettes pour les tout-petits en 2013), répondait à une autre tribune dans "Le Monde", signée de Sabine Duflo, membre de CoSE (voir sur ce fil ). Non : il n'y a pas de débat !

L'article répondait également à un reportage d’«Envoyé spécial» comparant les écrans à de «l’héroïne numérique».

Encore une exploitation grossière de l'inquiétude des parents: même si Snapchat crée une accoutumance néfaste en maintenant les adolescents le plus de temps possible sur l’application, jusqu’à preuve du contraire, on ne meurt pas d’une overdose de Snapchat et le sevrage ne nécessite pas de soins médicaux.

Les cadres techniques d'entreprises des nouvelles technologies emploient eux-mêmes le mot de "drogue" pour décrire les techniques de séduction numériques qu'ils ont contribué à mettre au point. Les mêmes cadres dont l'article ne fait donc aucune mention. Le Dr Richard Freed, psychologue exerçant dans la Silicon Valley, a employé le même mot ainsi que celui d'addiction dans sa tribune . La question d'un éventuel symptôme d'addiction au jeu vidéo est également posée par l'OMS.

Autant de voix contradictoires qui ne trouvent aucun écho dans cet article équilibré.

Les écrans sont une question d’éducation, non un poison violent que l'on doit interdire. Les enfants, eux, perçoivent très bien la différence: quand quelque chose est véritablement dangereux –l’eau de Javel, le feu ou le vide, l'alerte est formulée sans ambiguïté par les adultes et les petits comprennent bien qu’ils n’ont pas le droit de s’en approcher.

Les écrans nous placent dans une autre logique. Au lieu de les comparer à des drogues dures qui rendent autistes, il faudrait plutôt se demander comment aider les parents à en cadrer l’usage.

Visiblement pas en demandant d'en encadrer strictement l'usage (cf supra) !

Rester calme, un apprentissage à désassocier des écrans

Une professeure des écoles enseignant en maternelle dans un quartier populaire d’une grande ville de province me racontait qu'il était si difficile pour des parents de priver leur enfant de 4 ans de la tablette qu’il utilisait toute la journée que, croyant suivre les conseils de la maîtresse qui leur recommandait de lever sérieusement le pied, la mère avait raconté à l’enfant que la tablette était cassée. Pour la professeure, ce n’est pas tant l’écran qui est problématique que cette incapacité à dire non, à encadrer, à se confronter à la frustration de son enfant. Avouons-le, nous avons tous cette difficulté.

Curieux comme l'exemple donné montre surtout qu'il y a bien un problème ressemblant à une forme de dépendance ne supportant pas "la frustration"...

Mais le point de vue de l'auteur n'est au fond pas motivé par la réflexion générale sur de graves troubles de certains enfants et leurs conséquences scolaires mais par des considération plus personnelles : "nous avons tous cette difficulté".

En termes de prévention, mieux vaudrait expliquer que les écrans ne doivent pas servir à calmer les enfants plutôt que d'insister sur leur interdiction. Un enfant peut apprendre à rester calme par lui-même –comme un adulte peut apprendre qu’un enfant, parce que c’est un enfant, n’est pas tout le temps calme. Et que l'on arrête de trouver normal qu'un enfant soit suspendu à un écran dès que l'on a besoin qu’il se tienne tranquille, comme dans cette vidéo:

Curieux qu'une journaliste s'autorise à définir une politique de prévention : il est vrai que le travail journalistique est très critiquable dans cet article.

Pour Véronique Decker, directrice d’école élémentaire à Bobigny, «les enfants ont l’air sages, mais ils sont hypnotisés. Les parents regardent leur smartphone, les enfants jouent avec leur tablette; chacun regarde sa propre télé, et les gens vivent côte à côte au lieu de vivre ensemble. Le plus inquiétant, c’est que le temps d’interaction avec les humains se réduit».

"hypnotisés" : ne serait-ce pas "faire peur" ?

Deuxième témoignage de terrain de la part de professeurs des écoles et deuxième cause d'inquiétude, donc.

L’école peut être l'un des lieux d’échange autour de cette grande question éducative, via le dialogue avec les enseignants ou des affiches de prévention. Mais Véronique Decker constate qu’il est difficile de sensibiliser les parents: «Les élèves accèdent trop jeunes à des ressources, sans aucun contrôle ni accompagnement de leurs parents. Aujourd’hui, avec les tablettes et les smartphones, ils sont confrontés très jeunes à des images violentes ou pornographiques. L'écran est une porte ouverte sur une société dont ils ne maîtrisent pas les règles. Nous avons mis dans les cahiers des élèves un message sur les règles à respecter à 3/6/9/12 ans, sauf que peu de gens les lisent et ont la disponibilité pour s’en préoccuper.»

La question est donc celle de l'accès - de plus en plus précoce - à ces "ressources" (et donc de la possession d'un objet numérique connecté). La transition - en toute logique - avec la suite de l'article (le "BYOD") laisse dès lors pantois. :shock:

BYOD à l'école et activités pédagogiques

Il existe malgré tout une attente des familles sur cette question, celle de réussir à limiter l'usage des écrans. C’est tout le sens du message que Jean-Michel Blanquer a envoyé aux parents en assurant que les téléphones portables seraient interdits à l’école –ce qui est déjà le cas dans de nombreux établissements, même si l’interdiction est difficile à faire respecter en l'absence d'autorisation des adultes à fouiller les sacs des élèves. Ce type de déclaration très rassurante plaît au public, car il répond au fond à une véritable difficulté éducative des parents.

Pourquoi cette "difficulté" particulière puisque les écrans n'ont rien de particulier ?

À la question de l'éducation à la retenue se superpose celle de l’éducation au numérique. Le ministre de l'Éducation nationale n'est pas opposé à l'utilisation des écrans à des fins éducatives: il nuance souvent le propos de l’interdiction totale en précisant que des écrans peuvent être utilisés pour des activités pédagogiques.

Ce qui explique qu’un guide du BYOD ait récemment été publié par le ministère. Le BYOD, soit «Bring Your Own Device», consiste à apporter son smartphone en classe. On est très tenté d’être ironique en se demandant comment interdire un objet que l’école demande aux élèves d’apporter, mais la démarche peut se justifier.

On parle donc - sans transition - des collégiens. Les témoignages précédents étaient ceux de professeurs des écoles...

Le BYOD, c'est un appel de l'institution scolaire aux parents pour qu'ils équipent leurs enfants avec des smartphones qu'il est donc impossible d'encadrer, puisque sans limites de temps, d'espace, de contenus.

Comme expliqué dans le guide, «dans ce cas, le choix du BYOD est principalement envisagé comme une solution permettant de simplifier les modalités d’utilisation numérique en classe grâce à la connaissance que l’élève a de son propre équipement, ce qui favorise une prise en main plus rapide. Cela permet également de capitaliser sur les pratiques existantes hors cadre scolaire (activités périscolaires, en compagnie des parents…) pour outiller les démarches pédagogiques et les projets éducatifs. Il s’agit également de sensibiliser plus largement les élèves à une utilisation autonome, responsable et éthique du numérique. Cela devrait être d’autant plus efficace quand les élèves utilisent leurs propres équipements».

"une utilisation autonome, responsable et éthique du numérique" parce que les élèves auront utilisé leur smartphone en classe ?

Le 1er février, lors d’une conférence sur le rôle de l’expérimentation dans le domaine éducatif, Stanislas Dehaene, le président du Conseil scientifique de l’Éducation nationale mis en place par Jean-Michel Blanquer, proposait une démonstration d’un jeu sur tablettes destiné à s’exercer à la lecture en classe. D’autres spécialistes de la pédagogie proposent des logiciels, comme Anagraph –créé par le chercheur Roland Goigoux– pour la lecture.

La lecture assistée par tablette, rêve des pédagogues : qu'en pense Véronique Decker ?

Si ces applications éducatives pensées pour les classes sont utiles –le numérique permet une adaptation au niveau de chacun et introduit les nouvelles activités en fonction des compétences des élèves, elles supposent du matériel.

Où est-il prouvé que ces applications sont "utiles" ?

Pour le "matériel", on comprend donc qu'il faut que l'école ou les parents le fournissent : et le plus tôt possible, puisque c'est pour écrire !

Des devoirs au jeu en un clic

Les équipements des écoles ne dépendent pas du ministère de l’Éducation nationale, mais des communes, départements et régions. Au fil des plans numériques, certaines écoles ont doté leurs élèves d’ordinateurs ou de tablettes, avec des résultats contrastés.

Il faudrait savoir...

"contrastés" ? Selon le rapport 2015 de lOCDE : "lorsque [les TIC] sont utilisées en classe, leur incidence sur la performance des élèves est mitigée, dans le meilleur des cas. En effet, selon les résultats de l’enquête PISA, les pays qui ont consenti d’importants investissements dans les TIC dans le domaine de l’éducation n’ont enregistré aucune amélioration notable des résultats de leurs élèves"...

En 2016, dans le cadre du plan numérique d'un milliard d'euros déployé sous François Hollande, la France a équipé un quart des élèves de cinquième de tablettes; à la rentrée prochaine, ce devrait être le cas de la totalité.

Marie* n’avait ni télé, ni console de jeux, simplement un ordinateur personnel. Ses deux enfants, de grands lecteurs, ont toujours été protégés des écrans. Le collège privé sous contrat où est scolarisé en cinquième son aîné lui a fourni une tablette.

Elle n’arrive plus à avoir le contrôle de l’objet, ne comprend pas l’intérêt éducatif à devenir dépendant d’une tablette, et ne sait pas quand son enfant joue ou travaille. Elle a l’impression que l’école «déséduque» son fils!

Témoignage pour "faire peur", certainement. :mrgreen:

En réalité, l’école a totalement sous-estimé le problème de mettre des enfants de 12 ans dans des situations de travail sur tablettes, alors que tout le reste des activités ludiques possibles sont à portée de clic. Si nous avons le même problème adultes, comment est-il possible de penser que les enfants n’y soient pas confrontés?

Ce n'est pas comme si certains avertissaient depuis des années...

Est-ce que le BYOD et l'utilisation éthique et raisonnée des smartphones ne constitue pas une solution à ce problème ? :rirej

Accompagner plutôt que paniquer

Bruno Devauchelle, spécialiste du numérique dans l’éducation, souligne à longueur de chroniques que le numérique n’est ni le bien, ni le mal...

La fameuse neutralité des objets techniques. Ce n'est pas comme si ces objets et ces applications étaient conçus pour produire des effets négatifs...

L'injonction à l'accompagnement, s'agissant d'objets nomades échappant par définition à la supervision adulte, est particulièrement absurde.

...mais qu'il pose une grande question éducative, à laquelle l’école ne répond pas. «Les textes prescriptifs sont toujours à la marge de l'activité d'enseignement: tantôt facultatifs, tantôt incitatifs, mais jamais réellement formulés de manière forte, c'est-à-dire affirmant une responsabilité mise en actes.»

Voilà qui est très concret et très éclairant. :rirej

Rappelons quand même que Bruno Devauchelle milite pour "le numérique dans l'éducation" depuis... toujours ou presque. Il le fait d'ailleurs dans un média très pro-numérique scolaire, le "Café pédagogique" dont le partenaire a été jusque très récemment Microsoft.

Il existe pourtant bien des activités pédagogiques à développer. Certaines écoles ont par exemple mis en place des projets éducatifs autour de l’attention, à l'image du projet Atole, créé par le chercheur de l’Inserm Jean-Philippe Lachaud. Ce programme est disponible sur l’ensemble du territoire national, «en fonction de l’intérêt des enseignants et des académies».

Ces "activités" permettraient donc de résoudre les problèmes posés par les écrans ? :scratch:

L'éducation numérique soulève des interrogations chez les parents comme chez les enseignants; au lieu de paniquer, les adultes devraient s’attacher à y répondre collectivement. Bien entendu, la responsabilité de l'école est énorme, compte tenu des fortes inégalités entre familles pour encadrer l’usage du numérique et bien guider les enfants.

Une conclusion tout aussi limpide que celle de Bruno Devauchelle : de grands mots vagues ("éducation numérique", "responsabilité", "encadrer", "bien guider")... et c'est tout.

A noter que tout regard critique est assimilé à une forme de "panique" irrationnelle. Les exemples donnés par l'article montrent pourtant que cette critique est bien fondée et relève de la raison, et non de la passion.

Une perspective que l’Académie de médecine appelait de ses vœux dans un rapport intitulé «L’enfant et les écrans», paru en 2013 mais dont la sagesse ne semble pas avoir été entendue.

Il proposait une saine réflexion pour échapper à la panique numérique: «La croissance de l’intelligence, de la sensibilité, des capacités de relation de chaque enfant est à la fois robuste et infiniment fragile. Livré seul aux écrans, il dérivera dans la solitude, tandis qu’accompagné, il en fera des usages nouveaux que la génération de ses parents n’imagine pas. Prudence lucide et émerveillement attentif sont, en fin de compte, les meilleurs services que nous puissions rendre à cet enfant du siècle nouveau.»

Il est assez symptomatique que l'Académie de médecin ait été ici confondue avec l'Académie des Sciences !

On se souvient que cet avis (que nous avions longuement analysé ici en 2013 ), absolument pas scientifique, outrageusement pro-écrans (même Serge Tisseron le critique aujourd'hui) était loin d'être celui de "la sagesse" : "émerveillement attentif" certainement, "prudence lucide" aucunement.

Il a d'ailleurs, par son ample réception médiatique, constitué une porte grande ouverte pour le basculement des parents et des enfants dans un monde numérique non pensé...

En plus d'une partialité criante dans ses oublis (volontaires ?) et très parento-centré (l'angle étrange de la culpabilisation des parents), un article relativiste, particulièrement confus dans sa logique interne ou le choix de ses exemples, contradictoire puisqu'il mélange tout (les âges des enfants, les injonctions sanitaires, les usages personnels et les usages scolaires) et débouchant sur des conclusions contradictoires sur le numérique scolaire ou des recommandations particulièrement brouillées.

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17 Mai 2018 20:28 #20976 par Loys
www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...620514388644166.aspx

Numérique : "Présence raisonnée" avant 7 ans

"Il nous faut être attentifs au fait que, selon de plus en plus d’études, l’addiction aux écrans peut être très négative pour les enfants, notamment entre zéro et sept ans. Nous devons délivrer en permanence ce message de santé publique, qui implique non pas l’absence de numérique avant sept ans, mais une présence très raisonnée de ces outils et la primauté de ceux qui, parmi eux, ne comportent pas d’écran", a affirmé le 15 mai JM Blanquer devant l'Assemblée nationale. "Car le numérique, ce ne sont pas seulement des écrans : ce sont aussi des robots et tout un ensemble d’interactions qui ne sont pas néfastes quand elles ne présentent pas ce risque d’addiction aux écrans". Le ministre semble toujours hésiter entre des discours hostiles au numérique et une certaine fascination. "Ces préventions étant rappelées, les technologies numériques comportent évidemment de très grands atouts pour l’acquisition des savoirs fondamentaux. Sur ces questions, je souhaite positionner le ministère de l’éducation nationale à l’avant-garde nationale, et même mondiale. Nous ouvrons d’ailleurs très prochainement un Lab de l’éducation nationale à cette fin".

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20 Jui 2018 21:25 #21103 par Loys

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24 Jui 2018 08:23 #21109 par Loys

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04 Aoû 2018 20:04 - 24 Juil 2022 10:22 #21224 par Loys
La page "encyclopédique" sur l'autisme virtuel, créée le 9/06/18, est en ligne sur Wikipédia depuis deux mois : fr.wikipedia.org/wiki/Autisme_virtuel

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Elle mérite de notre part quelques commentaires.

1. Un contributeur de bonne foi... ou un militant engagé ?

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2. Une définition fausse et contradictoire

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3. Des amalgames et des digressions sans lien avec l'autisme virtuel

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4. Contradictions internes et omissions

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5. Partialité et diffamation

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Conclusion

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Édition du 6/08/18 : cette analyse a été réfutée d'un tweet par Stéphanie de Vanssay (SE-Unsa) avec une argumentation quelque peu sommaire : "Dites amis Wikipédiens de ma TL c'est normal ça ? Le pourrisseur qui se vante de faire modifier Wikipédia si ça l'arrange avec un débunkage qui n'en est pas un !?" . Curieusement, l'instrumentalisation de Wikipédia pour promouvoir ses propres convictions dérange moins la responsable du SE-Unsa.

Édition du 25/08/18 : un nouvel article a été créé le 11/08/18 par les deux mêmes contributeurs, de facture un peu plus neutre mais où les biais apparaissent de façon assez évidente, avec la mise en valeur de Yann Leroux : "Surexposition aux écrans chez les jeunes" .

Édition du 20/06/20 : les diverses plaintes ont été déboutées en janvier et février 2020 : aucune mention dans l'article en juin 2020. Une étude scientifique importante publiée dans "JAMA Pediatrics" en avril 2020 ( cf infra ) a corroboré la thèse de l'autisme virtuel à partir d'une cohorte de plus de 2000 enfants : aucune mention dans l'article Wikipédia deux mois plus tard.

Édition du 17/07/20 : *Amélie Tsaag Varlen n'est pas "prof' à la Sorbonne nouvelle" (contrairement à sa présentation sur Twitter) et ne mène pas d'activités de recherches scientifiques (contrairement à sa présentation Wikipédia).



Édition du 14/02/21 : Copper Lebrun demande le retrait du bandeau "Controverse de neutralité".

Édition du 22/07/22 : quatre ans après la création de la page et deux ans après le rejet des plaintes, toujours aucune mention de ce rejet dans cet article "encyclopédique".

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20 Oct 2018 10:30 - 20 Oct 2018 10:50 #21470 par Loys
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risinguparis.com/les-bebes-et-les-ecrans...non-sur-la-tendance/





Curieux chercheurs animant un petit business de "solutions"...

risinguparis.com/

Nos Solutions
A l’heure des grandes transformations digitales et organisationnelles, nos solutions permettent d’accompagner les entreprises et organisations au déploiement de leur stratégie en s’appuyant sur la démarche et les dernières connaissances issues de la recherche scientifique."

Notre vision
Et si l’apport des sciences auprès des entreprises avait toujours été sous-estimé ?


twitter.com/Risinguparis

Rising Up est une entreprise innovante spécialisée dans l’accompagnement des transformations des grandes organisations. #consulting #training #research




Voir aussi :
www.liberte.paris/liberte-living-lab

ENGAGÉ POUR UNE INNOVATION TECHNOLOGIQUE CIVIQUE ET SOCIALE, LE LIBERTÉ LIVING-LAB ENCOURAGE LE DÉVELOPPEMENT DE PROJETS ENTREPRENEURIAUX EN FAVEUR D'ENJEUX DE BIEN COMMUN. IL RÉUNIT DANS UN ESPACE DE 2000M2 AU CŒUR DE PARIS UN COLLECTIF DE 200 RÉSIDENTS FRANÇAIS ET INTERNATIONAUX AUX PROFILS PLURIDISCIPLINAIRES : START-UPS TECH D’INTÉRÊT GÉNÉRAL, ÉQUIPES DE GRANDES ENTREPRISES (LABS INNOVATION ET INTRAPRENEURS), CHERCHEURS, DESIGNERS ET MISSIONS DE SERVICE PUBLIC.

TOUS CONJUGUENT ENTREPRENEURIAT, TECH ET DESIGN SUR DE GRANDS ENJEUX DE SOCIÉTÉ : FUTUR DU TRAVAIL, ÉDUCATION, TRANSFORMATION DES TERRITOIRES, TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, SANTÉ, CULTURE OU ENCORE DÉMOCRATIE.

twitter.com/LIBERTE_LL

Liberté Living-lab
We accelerate initiatives that merge tech breakthrough and key societal challenges. We gather startups, designers, researchers, corporations and public actors.

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20 Oct 2018 12:12 - 08 Jan 2023 15:26 #21473 par Loys
En dehors de l'étrange mélange des genres recherche/business personnel (non explicité dans la tribune), on retrouve la même argumentation que celle de l'Académie des sciences en 2013 : les nouveaux écrans interactifs seraient positifs contrairement aux écrans passifs (télévision, DVD).

Une curieuse affirmation qui se base sur des applications qui seraient en quelque sorte intelligentes sans considérer la réalité des usages, celle d'applications qui ne le sont certainement pas.

Mais il y a plus amusant encore. Sans rappeler que la télévision a pu être en son temps présentée comme un vecteur de progrès pour l'éducation, on peut s'étonner de l'observation de Nawal Abboub :

En réalité, la célèbre règle autour des écrans et des enfants, avec ce fameux “pas d’écrans avant 2 ans” a été publiée en 1999 par l’académie des pédiatres américains (American Academy of Pediatrics, 1999). Ces recommandations sont surtout basées sur les études chez les jeunes enfants regardant passivement des vidéos sur écran notamment la télévision ou les DVD. En effet, un enfant qui est exposé à un écran, de ce type là, n’est pas exposé à une interaction sociale naturelle, qui elle contient plein d’indices nécessaires et cruciaux pour un apprentissage de qualité ! Un enfant exposé à un écran comme la télévision, est particulièrement passif, il y a peu d’attention partagée (quelqu’un qui va diriger son attention sur quelque chose de précis), peu d’engagement (peu d’action pour soutenir son exploration) et ainsi peu de retour d’information sur les actions (par une personne tierce avec des explication précises). Or sans ces mécanismes engagés, nous l’avons vu, nous apprenons peu, voire pas du tout. Et à un âge où les premiers mois, voire années sont critiques pour le développement du cerveau et du développement de ses capacités cognitives, ce contexte de passivité induit par la télévision n’est en effet, pas du tout recommandable!


Pour résumer, le problème de ces écrans passifs serait le déficit d'interaction sociale : on pourrait donc aussi bien rétorquer que bien accompagnés ces écrans passifs deviendraient donc positifs pour les enfants. La réalité des usages montre évidemment la vanité d'une telle préconisation : les enfants sont livrés aux écrans précisément pour dispenser les parents de ces interactions.

Or un tel constat est d'autant plus amusant que les écrans interactifs (on notera au passage le glissement de l'interaction sociale à l'interaction logicielle) sont présentés par Nawal Abboub comme nécessitant les mêmes interactions !
En effet, l'application la plus évoquée par Nawal Abboub est en effet le "chat vidéo" (constituant donc une interaction sociale). Pour les autres, l'interaction sociale peut être artificielle :

Mais qu’en est-il des médias interactifs sans “être-humain”, comme par exemple les applications sur smartphone ? On pourrait penser que comme c’est très différent de l’interaction naturelle et que tout est virtuel, aucun effet d’apprentissage ne pourrait être trouvé ! Est ce-vraiment le cas ?

Des études récentes nous montrent que même si ce sont des agents virtuels qui apparaissent à l’écran, les enfants peuvent apprendre efficacement, notamment de nouveaux mots ! D’ailleurs ces effets sont présents surtout si ces agents réagissent à la direction du regard de l’enfant, par exemple en se tournant vers lui, ou encore s’ils appuyent sur un endroit spécifique sur la tablette pour que le programme progresse !


Avec cette restriction amusante néanmoins :

Par ailleurs, ces effet positifs ne se retrouvent pas non plus dans toutes les conditions: certaines fonctionnalités des applications interactives sur écran peuvent gêner et entraver l’apprentissage notamment en réduisant l’interaction naturelle avec les personnes qui sont avec les enfants lors de l’utilisation de ces écrans. Mais justement, comment mêler les deux pour un combo réussi ?


La solution est dès lors consternante :

L’un des moyens d’accroître le succès de l’apprentissage à partir de médias intéractifs, vous l’avez compris, consiste à faire intervernir les parents lors du visionnage ! De larges différences sont retrouvées entre un jeune enfant interagissant seul avec l’écran versus accompagné par quelqu’un! En effet, les adultes qui visionnent avec les enfants un support média peuvent améliorer l’expérience du visionnement grâce à trois canaux: ils peuvent concentrer l’attention des enfants sur les aspects pertinents de l’écran, apporter un soutien cognitif en posant des questions et établissant des liens avec le regard et le sourire ! Souvenez-vous, ce sont des élements indispensables à l’apprentissage chez les enfants !


En somme, les nouveaux écrans interactifs sont positifs aux même conditions que les écrans passifs ! Et si Nawal Abboub n'évoque pas les effets de ces écrans en l'absence de cette interaction sociale, elle se garde également bien d'oublier la réalité des usages : comme les écrans passifs, ces nouveaux écrans interactifs sont majoritairement utilisés par les parents pour de dispenser de cette interaction...


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22 Nov 2018 13:14 - 11 Fév 2019 08:58 #21589 par Loys
02/2018 : "Early electronic screen exposure and autistic-like symptoms" par Hermawati D1, Rahmadi FA2, Sumekar TA3, Winarni TI4.






08/2018 : "Attachment Disorder and Early Media Exposure: Neurobehavioral symptoms mimicking autism spectrum disorder" par Yurika Numata-Uematsu1 , Hiroyuki Yokoyama2 , Hiroki Satoa, Wakaba Endo1 , Mitsugu Uematsu1, Chieko Nara1, and Shigeo Kure1.

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"Early electronic screen exposure and autistic-like symptoms [...] We made a study aiming at revealing the impact of early exposure of electronic screen on language development and autistic-like behavior"

"Neurobehavioral symptoms mimicking autism spectrum disorder... like children with ASD" mais pour Yann Leroux :

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26 Nov 2018 11:56 #21604 par Loys
9/10/18 : www.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies-c...-faire-aux-gens.html

Cinquième article en moins de deux ans contre A.-L. Ducanda par Nolwenn Le Blevennec...

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17 Jan 2019 20:56 - 24 Juil 2022 11:47 #21763 par Loys


Dans "Le Monde" (abonnés) du 17/01/19, cette tribune : "Exposition aux écrans : « Qui défend-on, les enfants ou l’industrie du numérique ? »"





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Dans "Libération" du 19/01/19 : "L'«autisme virtuel», lié aux écrans, existe-t-il ?"



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03 Fév 2019 14:37 - 11 Fév 2019 10:06 #21811 par Loys
"Fact-checking" de Yann Leroux :



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07 Mar 2019 09:42 - 07 Mar 2019 09:56 #21866 par Loys

Olivier Houdé dit: ...on exagère par manque de raisonnement scientifique les effets négatifs des écrans


video.lefigaro.fr/figaro/video/les-troub...houde/6002074851001/

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13 Mai 2019 18:51 - 13 Mai 2019 18:56 #21984 par Shane_Fenton
Réponse de Shane_Fenton sur le sujet Les troubles chez les tout-petits surexposés aux écrans
Et je vais ENFIN pouvoir répondre, 2 ans plus tard, à une de tes remarques :

Loys dit: L'analogie est assez parlante, en effet. Cette défense systématique devient absurde quand Yann Leroux défend les jeux vidéos PEGI-16/18 face à une tribune qui s'intéresse aux tout-petits et n'aborde pas la question des jeux vidéos. Tu auras noté que M. Guillaud ne veut pas me répondre sur ce point !


On est d'accord, et il y a beaucoup à dire sur la confusion entre ce qui est "bon pour les enfants" et ce qui est "bon pour la société" tout entière... Sans parler de la confusion qu'on fait souvent entre "les écrans" et "les jeux vidéo", qui n'en sont qu'un aspect, et qui poussent certains défenseurs de ces derniers à voler aussi au secours des smartphones ou des tablettes :?

Pour prendre un exemple issu d'un autre medium : un de mes films préférés est Les Damnés de Visconti. Je le recommanderais volontiers à mon entourage. Mais surtout pas à des enfants, sauf si on veut les traumatiser à vie.

Loys dit: Je partage assez ton analyse s'agissant de M. Ferguson et j'ai bien conscience que ses recherches sont validées scientifiquement (ce qui n'en fait pas des dogmes pour autant : toute recherche, dans un sens comme dans l'autre, peut faire l'objet de critique).


Là encore, on est d'accord, et j'aurais pu te le préciser beaucoup plus tôt. Je ne prends pas pour argent comptant ce que raconte Ferguson, sous prétexte qu'il serait "de mon bord". Sa recherche est critiquable au même titre que celle de Craig Anderson ou de Brad Bushman. Mais il est dans le même cas qu'eux, à savoir qu'il y a de la matière à critiquer.

En ce qui concerne ce que je pense personnellement de Christopher Ferguson et de "toute la bande" (Patrick Markey, Andrew Przybylski, Malte Elson, Amy Orben, Joe Hilgard...) : disons que je suis content qu'ils existent et qu'ils fassent contrepoids à la "bande" de Craig Anderson, Douglas Gentile, Brad Bushman, etc (je trouve en effet que ces derniers ont longtemps manqué de contradicteurs solides, et que leur manière de présenter leurs travaux de recherche a été pour le moins problématique).

Toutefois, ça ne va pas au-delà d'une sympathie de principe. Beaucoup de prises de position de Ferguson sur Twitter me font grincer des dents, et pas seulement quand il se mêle de politique.

Loys dit: Mais l'engagement polémique me semble contraire à l'éthique scientifique.


J'aimerais abonder dans ton sens, mais à mon avis c'est peine perdue depuis longtemps. La recherche sur les effets des jeux violents a pris son envol juste après une tuerie de masse (Columbine, 20 ans déjà...), et elle a été exploitée dès le début à des fins polémiques : demande de législation, voire d'interdiction, déclarations médiatiques fracassantes... Merci Dave Grossman. Merci Jack Thompson. Merci Thomas Radecki, à qui l'on doit cette confusion délétère entre recherche scientifique et polémique médiatique.

Et si on veut en savoir plus sur le degré d'animosité qui existe entre les deux camps (Ferguson & cie d'un côté, Anderson & cie de l'autre), petit retour sur une affaire d'article rétracté et de doctorat révoqué :
retractionwatch.com/?s=bushman
www.vice.com/en_us/article/8xb89b/two-re...-hit-for-being-right

Pour en revenir au sujet : j'ai décidément du mal à voir en quoi les écrans de toute sorte peuvent être d'une quelconque utilité pour des tout-petits. Et j'ai encore plus de mal à voir en quoi le fait de concevoir qu'ils puissent être dangereux pour les tout-petits implique quoi que ce soit pour les adultes, ou même les enfants plus âgés.

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05 Jui 2019 17:57 #22030 par Loys
Nous sommes d'accord. ;)

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05 Jui 2019 17:58 - 06 Jui 2019 08:20 #22031 par Loys

Stéphanie de Vanssay, promotrice des écrans à l'école et qui a montré sur les réseaux sociaux son parti pris outrancier à l'égard du collectif CoSE (harcèlement en ligne du docteur Ducanda, retweets d'injures, diffamation, pressions diverses mais constantes pour empêcher toute expression de la part du collectif CoSE), vient d'intervenir à la journée d'étude "Les dossiers de l'écran : controverses, paniques morales et usages éducatifs des écrans" du 5 juin 2019 à l'EHESS, avec une présentation intitulée ; "L'autisme virtuel provoqué par la surexposition à #Lézécrans relève-t-il d'une panique morale ?"

Les expressions "panique morale" ou "#Lézécrans" trahissent assez le parti pris polémique de cette journée d'étude, tout comme celui de cette présentation : toute critique des écrans ne peut que relever de la "panique" et n'être par conséquent qu'irrationnelle. Sur le même principe, Mme de Vanssay a pris l'habitude de qualifier tout contradicteur de "troll" (au point même de publier un livre sur la manière de "dompter les trolls"). De fait, un précédent billet publié par Stéphanie de Vanssay le 4 avril 2018 et intitulé "Panique à propos des écrans, que peut-on en penser ?" constitue déjà un étrange plaidoyer pro-écrans mêlant indistinctement tous les âges, ne faisant aucune mention - ce qui est grave de la part d'un ex-éducatrice et enseignante exerçant des responsabilités syndicales nationales - ni des recommandations de la Haute autorité de santé de 2018 ("Les écrans ont une influence délétère [...] des incidences négatives majeures sur le développement des fonctions cognitives") ni de celles du carnet de santé 2018. A l'évidence, de telles mises en garde, notamment concernant les plus petits, relève du "fearmongering", de la "diabolisation de #Lézécrans" et de la "panique morale"...

Une version Twitter de la présentation permet d'en étudier les aspects les plus intéressants.

Pas de légitimité... et un conflit d'intérêt

Mme de Vanssay commence avec une déclaration de non-neutralité sur la question de l'autisme virtuel : c'est en effet la moindre des choses compte tenu de la virulence de son engagement contre le collectif CoSE (sa participation par exemple au collectif "Hashtag France Autisme" qui a notamment appelé à "dégommer le docteur Ducanda"). Cette absence de neutralité interroge par conséquent sur la neutralité de la journée d'étude elle-même, aucun contradicteur n'étant invité pour porter la contradiction à Mme de Vanssay, dont la participation a été retenue par le comité scientifique de cette journée d'études. Mme de Vanssay, seule intervenante à ne pas s'exprimer à titre universitaire mais syndical (au nom de l'UNSA-Education), justifie sa compétence à faire cette présentation : "j'ai travaillé avec des enfants autistes". De fait, Mme de Vanssay n'a plus aucun contact professionnel avec des élèves ou des enfants depuis presque dix ans.

Cette absence de légitimité universitaire, médicale ou scientifique n'empêche pas Mme de Vanssay d'accuser publiquement sur les réseaux sociaux des professionnels de la médecine de "charlatanisme" (sic) .

De même concernant la déclaration d'absence d'intérêt de Mme de Vanssay : "je travaille au quotidien sur les questions numérique & éducation mais n'ai aucun lien ni intérêt financier avec des entreprises du numérique éducatif, ou du numérique en général" déclare Mme de Vanssay : la décharge syndicale totale d'une professeur des écoles devenue "conseillère nationale pédagogie et numérique à l'école" justifie pourtant pleinement l'activisme de Mme de Vanssay, dont l'intérêt professionnel et personnel est bien de défendre et promouvoir sans relâche les écrans, et ce dès la maternelle...


Des alertes scientifiques tournées en dérision

Mme de Vanssay présente d'abord le "contexte médiatique actuel autour des écrans" avec la caricature de toute critique : "#Lézécrans c’est le MAL un “diable folklorique”". Sans donner aucun lien, elle mêle alors des titres d'articles de presse de qualité diverse alertant sur les effets des écrans pour ridiculiser et disqualifier, par un effet d'accumulation censé ne pouvoir correspondre à aucune réalité, tout discours critique sur les écrans.

Si l'on se penche sur la réalité de ces articles, on trouve pourtant d'inquiétantes et bien réelles études scientifiques démontrant la nocivité des écrans.

Ainsi, pour prendre deux exemples au hasard, le court reportage "Les écrans rendent aveugles" sur "France 2" du 23/08/2018 renvoie bien à une étude scientifique sur une démonstration de la dégénérescence maculaire publiée dans la revue "Nature" le 5/07/18. Autre exemple : l'article "Réseaux sociaux et dépression à l'adolescence" de "LCI" du 07/01/19 renvoie également à une étude scientifique publiée le 4/01/19 : "Social Media Use and Adolescent Mental Health: Findings From the UK Millennium Cohort Study" .

Ces études médicales et scientifiques relèvent-elles de la "panique morale" ?

Tout comme elle occulte systématiquement les avertissements de la Haute autorité de santé ou du Carnet de santé, Mme de Vanssay, qui prend soin de ne jamais renvoyer à des études scientifiques, encourt ici le risque grave de les ridiculiser au mépris de toute considération sanitaire. Rappelons que la présentation de Mme de Vanssay à l'occasion de cette journée d'étude ne se fonde sur aucune légitimité universitaire, médicale ou scientifique.

La perpétuation volontaire d'un amalgame grossier

L'archéologie de l'expression "autisme virtuel" conduit Mme de Vanssay à se référer, par amalgame, aux travaux de trois économistes américains en 2006 faisant le lien entre télévision et autisme : elle donne enfin un lien. Mais l'autisme virtuel, tel qu'il a été défini par le collectif CoSE et comme son nom l'indique, se distingue précisément de l'autisme (cf infra). Il est vrai que Mme de Vanssay entretient continuellement et dans un dessein polémique la confusion entre autisme et autisme virtuel. Un exemple assez étonnant par ailleurs par sa logique propre :


Elle continue d'ailleurs dans sa présentation. Ainsi Mme de Vanssay a beau jeu de dénoncer une "fake news"... qu'elle contribue largement à diffuser.

Une cible unique : le collectif CoSE

Mme de Vanssay s'en prend ensuite au collectif CoSE, véritable cible de sa présentation

Rappelons ici que j'ai participé à la fondation de ce collectif. J'ai cessé d'y participer non pas parce que je pense depuis longtemps que l'expression "autisme virtuel" est inadaptée, certains enfants surexposés très jeunes chaque jour des heures et des heures aux écrans pouvant présenter des symptômes graves rappelant ceux de l'autisme et pouvant même être diagnostiqués autistes à tort, mais parce que j'ai considéré le choix de cette expression comme malheureux vis à vis des enfants autistes et de leurs parents : il explique une grande partie des réactions d'une agressivité sidérante témoignée par certains parents d'enfant autiste (refusant par ailleurs toute critique éventuelle des écrans, comme Mme de Vanssay). A mon sens, en parlant d'un "nouveau trouble neuro-développemental" , le professeur Marcelli évite cet écueil tout en alertant sur leur gravité.

Mme de Vanssay attaque le collectif CoSE sans jamais le présenter. Il est vrai que la légitimité de terrain de ses membres ne souffre pas de comparaison avec celle d'une représentante syndicale déchargée de cours depuis presque une décennie : ce collectif regroupe pédiatres, médecins spécialistes de la petite enfance, psychologues, pédopsychiatres etc. Elle ne précise évidemment pas que la charte de CoSE a été signée par des centaines et des centaines d'autres professionnels de l'enfance inquiets de ce qu'ils peuvent observer sur le terrain.

Mme de Vanssay cite ensuite, sur le site de CoSE, la page de mise au point sur l'autisme virtuel et la surexposition qui n'est effectivement plus accessible (sans doute en raison de la refonte du site) : Mme de Vanssay, dans le souci d'entretenir l'amalgame, ne va pas jusqu'à citer cette page qui précisément distingue autisme et autisme virtuel : "nous ne disons jamais que les écrans sont à l’origine de l’autisme [...] Dans certains cas, on peut confondre ces enfants avec des enfants autistes car leurs symptômes se ressemblent".

Les seules références intellectuelles à l'appui de la présentation de Mme de Vanssay sont celles relatives à la notion de "panique morale", qu'elle dénonce vis à vis des écrans. Or on a vu que cette dénonciation occulte volontairement toutes les alerte, fussent-elles scientifiques ou médicales...

Dans son élan, Mme de Vanssay critique d'ailleurs les membres de CoSE en ces termes très étonnants :


Faut-il penser que Mme de Vanssay se mobilise en faveur de la surexposition des enfants aux écrans ? Qu'elle ignore délibérément que les troubles sont constatés par les institutions médicales françaises (cf supra) ?

Dans la suite de sa présentation, elle s'efforce ensuite de réduire la mobilisation de professionnels de l'enfance engagés sur le terrain à une posture psychologisante (une volonté d"'héroïsation" des "lanceurs d'alerte").

La dénonciation d'enseignants inquiets

La fin de la présentation est assez décousue : Mme de Vanssay s'efforce de discréditer le collectif en citant des documents disparates (un message Facebook citant "une" directrice d'école) et donnant dans l'ensemble raison au collectif : un message d'une enseignante, des mots d'enseignants inquiets à propos des écrans et délivrant aux parents des recommandations proches de celles de la Haute autorité de santé ou le Carnet de santé. Ce sont de telles recommandations de collègues que Mme de Vanssay, représentante syndicale, entend donc dénoncer !

Mme de Vanssay s'indigne que partout en France, à l'initiative du collectif CoSE, des conférences sur les dangers des écrans soient organisées pouvant véhiculer "des idées relevant davantage de l’alerte dramatisée que d’informations scientifiques" : on a vu que la dimension "scientifique" des informations véhiculées par Mme de Vanssay était quasiment nulle. De fait, la seule caution scientifique de Mme de Vanssay est Serge Tisseron... qui a promu, dans l'Avis de l'académie des sciences rendu en 2013 les tablettes à l'usage des enfants de six mois !

Mme de Vanssay termine d'ailleurs en généralisant étonnamment sa défense des écrans : "Par ailleurs, il semble légitime de s’interroger sur la validité des autres maux imputés aux écrans qui pourraient, eux aussi, relever de paniques morales."

Nous pouvons pour notre part conclure :
- qu'il est scandaleux qu'un comité scientifique ait accordé un temps de parole à une personne sans compétence particulière et revendiquant une partialité que confirme toute sa "présentation"
- qu'il est atterrant qu'une personne déchargée de cours depuis presque dix ans et rémunérée pour défendre les conditions de travail des enseignants puisse nier leur expérience de terrain et dénoncer leur mobilisation dans l'intérêt des élèves
- qu'il est grave qu'une personne disposant d'une parole publique puisse occulter délibérément des messages de prévention sanitaires à l'intention des enfants.

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08 Nov 2019 07:39 - 08 Nov 2019 22:19 #22438 par Loys
"Associations Between Screen-Based Media Use and Brain White Matter Integrity in Preschool-Aged Children" par John S. Hutton ; Jonathan Dudley ; Tzipi Horowitz-Kraus ; et al Tom DeWitt ; Scott K. Holland - JAMA Pediatr. Published online November 4, 2019.

Findings

In this cross-sectional study of 47 healthy prekindergarten children, screen use greater than that recommended by the American Academy of Pediatrics guidelines was associated with (1) lower measures of microstructural organization and myelination of brain white matter tracts that support language and emergent literacy skills and (2) corresponding cognitive assessments.


siecledigital.fr/2019/11/06/selon-cette-...cerveau-des-enfants/

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04 Jui 2020 22:35 - 20 Jui 2020 13:58 #22870 par Loys
La Chambre Disciplinaire de Première Instance d’Île-de-France de l’Ordre des Médecins a examiné les plaintes des quatre parents. La première plainte a été rejetée en janvier 2019. Les autres plaintes ont été rejetées le 7 février 2020 :

Il ne ressort d’aucun document que le Dr Ducanda ait jamais dit ou écrit que l’autisme pourrait être provoquée par la surexposition aux écrans, ni promis la guérison de l’autisme par l’éloignement des écrans. Le Dr Ducanda, fait valoir qu’elle a constaté au cours de ces consultations de médecin de PMI de l’Essonne, que de plus en plus d’enfants âgés de 0 à 4 ans présentaient des troubles identiques aux Troubles du Spectre Autistique, qu’elle a fait le lien entre ces troubles et la surexposition aux écrans à laquelle ces enfants étaient confrontés et a décidé de mener une action d’information sur ce point…; que le devoir du médecin étant de prévenir de la survenue d’un risque lié à un comportement, même si ce risque n’a pas encore été du point de vue scientifique clairement établi. Il ne saurait être reproché au Dr Ducanda d’avoir tenté d’alerter la communauté médicale afin que des études et recherches scientifiques soient entreprises concernant ces constatations, et d’enrichir le débat.


Comme disait Mme de Vanssay du SE-Unsa le 29 mars 2018 en s'efforçant de faire annuler ensuite toutes les conférences auxquelles Mme Ducanda était conviée : "Ce n'est pas pour rien que le conseil de l'ordre des médecins est saisi !".

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20 Jui 2020 11:13 - 20 Jui 2020 12:53 #22892 par Loys
23/03/20 sur "Jama" : "Associations Between Screen Use and Child Language Skills - A Systematic Review and Meta-analysis" par Sheri Madigan, Brae Anne McArthur, Ciana Anhorn et alii.

Question
What is the association between screen use and children’s language skills across the extant literature?

Findings
In this systematic review and meta-analysis of data from 42 studies, greater quantity of screen use (ie, hours per day/week) was negatively associated with child language, while better quality of screen use (ie, educational programs and co-viewing with caregivers) were positively associated with child language skills.


Une méta-analyse prudente et mesurée donc, mais néanmoins immédiatement rejetée - pardon "décryptée" sur le blog de Franck Ramus du 9/04/20 par Coralie Chevallier, chercheuse à l'Inserm : "Les écrans et l’enfant: décryptage de la nouvelle méta-analyse"





Ce "décryptage" appelle lui-même quelques commentaires.

Dans un article récent paru dans JAMA1, ces précautions intellectuelles sont en partie mises de coté pour "montrer" ce que tout le monde se tue à répéter : les écrans, c'est mal. [...] Les écrans ont un impact négatif sur le développement du langage

Coralie Chevallier aura mal lu le résumé qui dit exactement le contraire : "... while better quality of screen use (ie, educational programs and co-viewing with caregivers) were positively associated with child language skills.". Caricaturer une étude pour la critiquer n'est pas très efficace.

Le "décryptage" de Coralie Chevallier part ensuite dans tous les sens : elle met en cause la méta-analyse dans son principe même (à partir de petites études ou de mauvaises études, sans faire aucune démonstration à ce sujet) ; elle critique la causalité tirée d'une corrélation... alors que le titre de l'étude explicite bien qu'il s'agit d'une corrélation ("Associations Between Screen Use and Child Language Skills") et que le pluriel montre que cette association peut être négative ou positive selon l'usage. Elle critique en général les études qui ignorent d'autres facteurs possibles (notamment sociaux), sans désigner précisément les études qui seraient dans ce cas et en ajoutant étrangement : "Même si le niveau socioéconomique est souvent inclus dans les modèles statistiques, il est impossible de contrôler l'ensemble des facteurs (souvent appelés "inobservables") qui peuvent influencer la corrélation entre écrans et développement cognitif."

Pour ne citer que quelques exemples, les familles où les enfants regardent le plus les écrans sont en moyenne plus pauvres et moins éduquées. Et on a de bonnes raisons de penser que le niveau d'éducation des parents et leur niveau de ressources peuvent influencer le langage des enfants, indépendamment de la consommation d'écrans.

Ou en limitant l'accès ou le temps d'écran...

Coralie Chevallier récuse également les questionnaires auto-déclarants des parents sans en apporter la moindre preuve :

On peut ainsi imaginer que les familles éduquées soient davantage influencées par la norme du "pas d'écran" que les familles moins éduquées. Si c'est le cas, cela pourrait conduire les familles les plus éduquées à davantage sous-déclarer le temps d'écran que les familles moins éduquées, créant ainsi une association statistique artéfactuelle.


Pour toutes ces raisons, d'une assez grande faiblesse argumentative, Coralie Chevallier conclut que la méta-analyse n'aurait pas dû conclure :

Mais alors, ne faut-il pas dans ce cas adopter le "principe de précaution" ? Que risque t-on à être trop prudents ? On risque tout simplement de nuire, en particulier aux populations les plus défavorisées. Tout d'abord, la recommandation de ne pas utiliser les écrans est stigmatisante pour les familles qui consomment beaucoup d'écran. En résumé, on est en train de leur dire que les loisirs qu'ils choisissent pour leurs enfants sont en réalité toxiques. Si c'est le cas, il faut bien sûr le dire. Mais si ce n'est pas le cas, cette stigmatisation n'est pas éthique.

Il faudrait donc même rejeter le principe de précaution pour cette curieuse raison "éthique" ?

Ensuite, il n'est pas impossible que la recommandation ait un effet néfaste sur certaines populations. On peut par exemple imaginer que les enfants qui grandissent dans des familles très peu éduquées bénéficient d'opportunités langagières supérieures en regardant la télé : vocabulaire plus diversifié, syntaxe correcte, narrations, etc.

Voilà une considération sur le langage des familles "très peu éduquées" qui est très "éthique", en revanche...

Si l'on lit bien Coralie Chevallier, le principe de précaution voudrait donc... qu'on encourage à augmenter le temps d'écran, surtout dans les familles très peu éduquées !

Mais la suite du "décryptage" est encore plus étonnante encore.

Alors que la méta-analyse publiée dans "Jama" porte sur le langage et exclut les enfants de plus de 12 ans, Coralie Chevallier entend lui apporter la contradiction en se fondant sur une étude à laquelle elle participe et qui porte sur...20 000 collégiens. Plus amusant encore : à travers cette étude (hors sujet donc et qu'il est de toute façon difficile d'étudier puisqu'elle n'a pas été publiée...), elle entend démontrer qu'un programme éducatif améliore les performances scolaires : ce serait démontrer donc... ce que la méta-analyse affirme pour les enfants plus jeunes : "better quality of screen use (ie, educational programs and co-viewing with caregivers) were positively associated with child language skills"...

Coralie Chevallier célèbre donc ce paradoxe : "les élèves bénéficiaires déclarent passer plus de temps (oui, plus, pas moins) à regarder des écrans"... en oubliant de préciser qu'il s'agit d'un usage qualitatif ("un programme éducatif").

Comment peut-on expliquer ce résultat sachant que les notes de ces mêmes élèves s'améliorent ? Notre étude ne permet pas de répondre à cette question, mais une possibilité est que regarder plus d'écrans, c'est faire moins d'activités qui nuisent à la réussite scolaire (être dehors sur un banc à découvrir les joies du tabac, par exemple).

Même glissement en supprimant la condition nécessaire à ce "plus d'écrans" : "plus d'écrans" éducatifs (ici dans un cadre scolaire). Car à défaut, et donc à en croire Coralie Chevallier, jouer à Fortnite toute la journée, ce serait "faire moins d'activités qui nuisent à la réussite scolaire"...

Un tel glissement n'est évidemment pas innocent sur un blog prenant la défense systématique "des écrans" en général : il est surtout grave sur le blog d'un membre du Conseil scientifique de l'Éducation nationale.
* * *

Addendum 1 : le discours sur les écrans éducatifs est bien entré dans les mentalités, comme on peut le voir avec le témoignage d'une professeur des écoles en éducation prioritaire se rendant chez un élève qui ne veut pas revenir en classe : www.huffingtonpost.fr/entry/pour-un-de-m...8675c5b69c333237d569

« Qu’est-ce que tu fais de tes journées, J.? — Je joue. — À quoi? — À la console. — Toute la journée? — Non, dit Maman. — Si, corrige J. — À quel jeu est-ce que tu joues? — À Fortnite, dit J., fier. Dans deux jours, il y a un nouveau niveau, je sens que je vais le réussir lui aussi.“ Maman reprend la parole. “Mais il construit aussi dans ce jeu, c’est pédagogique.”. J. la coupe. “Non, je ne construis pas Maman, je tue.”. »


Addendum 2


Non seulement l'illustration (très souriante) du billet de Coralie Chevalier entre en totale contradiction avec son propos (puisqu'elle recommande une régulation stricte des écrans et d'autres activités), mais elle fournit une citation très partielle des recommandations 2018 de la Haute autorité de santé (p.96). Et pour cause !

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20 Jui 2020 13:34 - 20 Aoû 2020 00:15 #22893 par Loys
Autre étude importante parue le 20/04/20 sur "Jama" : "Association of Early-Life Social and Digital Media Experiences With Development of Autism Spectrum Disorder–Like Symptoms" par Karen Frankel Heffler ; Danielle M. Sienko ; Keshab Subedi.

Question
Are screen media exposure and social and demographic factors associated with the risk for autism spectrum disorder (ASD) or ASD–like symptoms on the Modified Checklist for Autism in Toddlers at 2 years of age?

Findings
This cohort study of 2152 children controlled for perinatal and demographic variables and found that television and/or video exposure and less caregiver-child interactive play at 12 months of age were each significantly associated with greater ASD-like symptoms, determined by total revised Modified Checklist for Autism in Toddlers score, but not with the risk of ASD. Additional perinatal and demographic findings are discussed.

Meaning
Less screen exposure and more parent-child play at 12 months of age were associated with fewer ASD–like symptoms at 2 years of age, and more research on early experiential factors is recommended.

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11 Jan 2021 21:55 - 12 Jan 2021 07:39 #23112 par Loys
14/01/20 : "L’exposition aux écrans chez les jeunes enfants est-elle à l’origine de l’apparition de troubles primaires du langage ? Une étude cas-témoins en Ille-et-Vilaine" par Manon Collet, Bertrand Gagnière, Chloé Rousseau, Anthony Chapron, Laure Fiquet, Chystèle Certain.

Résumé
Contexte –
Les enfants sont exposés précocement aux écrans, alors que cet usage peut influencer leur développement psychomoteur.
Objectif –
Évaluer le lien entre l’exposition des enfants aux écrans, tels que la télévision, l’ordinateur, la console de jeux, la tablette ou le smartphone, et les troubles primaires du langage.
Méthode –
Notre étude multicentrique cas-témoins a concerné 167 enfants âgés de 3,5 à 6,5 ans, nés entre 2010 et 2012 et diagnostiqués avec des troubles primaires du langage, et 109 témoins ne présentant pas de trouble du langage. Les questionnaires ont été complétés par leurs parents, recrutés via 16 cabinets de médecine générale et 27 cabinets d’orthophonistes en Ille-et-Vilaine. Les données ont été analysées à l’aide de modèles de régression logistique multivariée et présentées sous forme d’odds ratio ajustés (ORa) avec leurs intervalles de confiance à 95% (IC95%).
Résultats –
Nous avons constaté que les cas (44,3%) et les témoins (22,0%) qui étaient exposés aux écrans le matin avant l’école étaient trois fois plus à risque de développer des troubles primaires du langage (ORa=3,40, IC95% [1,60-7,23]). Et lorsque ce risque était associé au fait de discuter rarement, voire jamais, du contenu des écrans avec leurs parents (ORa=2,14 [1,01-4,54]), ils étaient six fois plus à risque de développer des troubles primaires du langage (ORa=5,86 [1,44 à 23,95]).
Conclusion –
Les enfants qui étaient exposés aux écrans le matin avant l’école et qui discutaient rarement, voire jamais, du contenu des écrans avec leurs parents multipliaient par six leur risque de développer des troubles primaires du langage.


Curieusement (ou non), Yann Leroux, s'appuyant sur cette conclusion, se réjouit donc :

Ce ne sont pas les écrans en soi qui sont des obstacles (ou des aides) au développement des enfants, mais l'écologie familiale dans laquelle ils sont pris.




Parce que l'introduction d'écrans dans les mains des enfants les plus jeunes ne relève pas de "l'écologie familiale" et que les écrans n'influent absolument pas sur la communication dans la famille. :santa:

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24 Juil 2022 11:59 - 27 Oct 2022 15:18 #24004 par Loys
23/11/20 : "Screen time and autistic-like behaviors among preschool children in China" par Jing-Yi Chen, Esben Strodl, Chuan-an Wu, Li-Hua Huang, Xiao-Na Yin, Guo-Min Wen, Deng-Li Sun, Dan-Xia Xian, Ying-Jie Chen, Gui-You Yang & Wei-Qing Chen.

ABSTRACT

Screen time is becoming increasingly common in daily life. Early and excessive screen use has raised growing concerns for children’s neuropsychological development. The purpose of this study was to evaluate the association between exposure to screen time in early life and the presence of autistic-like behaviors among preschool children. 29,461 child-caregiver dyads at kindergartens in Longhua New District of Shenzhen, China, were enrolled in this cross-sectional study. Information concerning socio-demographic characteristics, frequency and duration of children’s electronic screen exposure for each year since birth, and autistic-like behaviors (measured by the Autism Behavior Checklist) were collected using a self-administered structured questionnaire completed by the primary caregivers. A series of logistic regression models assessed the association between screen time and autistic-like behaviors. Results indicated that younger initial age, longer daily screen time and longer cumulative years of screen exposure since birth were associated with the presence of autistic-like behaviors at preschool age. The risk was enhanced with the increase of both daily screen time and cumulative years of screen exposure during preschool period. Moreover, the cross-over analysis indicated that the first three years following birth might be a sensitive period for children when screen exposure increases the risk of experiencing autistic-like behaviors. In conclusion, our study implied that screen exposure in early life might increase the occurrence of autistic-like behaviors among preschoolers. These findings support the need for early interventions into preschoolers’ screen use, however longitudinal studies are necessary to further confirm the causal relationship between early screen time and the incidence of later autistic-like behaviors among preschool children.


16/02/21 : "Correlation Between Screen Time and Autistic Symptoms as Well as Development Quotients in Children With Autism Spectrum Disorder" par Han-Yu Dong†, Bing Wang†, Hong-Hua Li, Xiao-Jing Yue and Fei-Yong Jia*, Department of Developmental and Behavioral Pediatrics, The First Hospital of Jilin University, Changchun, China.

Conclusion: Compared with TD (typically developing) children, children with ASD (autism spectrum disorder) have a longer screen time. The screen time is related to autism-like symptoms and the DQs (development quotients) of children with ASD. The longer the screen time, the more severe the symptoms of ASD (especially sensory symptoms), and the more obvious the developmental delay, especially in ASD children with a longer screen time and younger age, particularly in the language domain.


14/10/21 : "The Association Between Screen Time Exposure and Autism Spectrum Disorder-Like Symptoms in Children "

Conclusion
Our study highlighted a significant association between the daily hours spent on devices and having an SCQ score above 15, which suggests a deficit in social skill development and having autism spectrum disorder-like symptoms.


11/21 : "Correlation between screen exposureand children autism spectrum disorder"

Conclusion ASD may be related to screen media exposure. Children should avoid exposure to screen media before 2 years old, or control children's exposure to music or appropriate animation media for less than 1 hour a day under the interaction of family members after 2 years old.


31/01/22 dans "JAMA" : "Association Between Screen Time Exposure in Children at 1 Year of Age and Autism Spectrum Disorder at 3 Years of Age" par Megumi Kushima, MA1; Reiji Kojima, MD, PhD2; Ryoji Shinohara, PhD1; et al.

Findings

A total of 84 030 mother-child dyads were analyzed using data derived from a large birth cohort study conducted in Japan. Among boys, but not girls, longer screen time at 1 year of age was significantly associated with autism spectrum disorder diagnosis at 3 years of age.

[...]

Conclusions and Relevance

Among boys, longer screen time at 1 year of age was significantly associated with autism spectrum disorder at 3 years of age. With the rapid increase in device usage, it is necessary to review the health effects of screen time on infants and to control excessive screen time.


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12 Oct 2022 23:14 #24134 par Loys
Dans "Le Monde" (abonnés) du 12/10/22 : "Les tout-petits qui bougent sont plus performants"



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