Les troubles chez les tout-petits exposés aux écrans

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13 Avr 2018 22:14 - 24 Juil 2022 15:53 #20855 par Loys
Nouvel article de Nolwenn Le Blevennec : "Ecrans : les parents d'enfants autistes demandent au Dr Ducanda de s'arrêter"

Ce message contient des informations confidentielles


Voilà un article qui mérite une analyse détaillée. Rappelons d'abord que c'est le deuxième article à charge de Nolwenn Le Blevennec contre Anne-Lise Ducanda.

Ecrans : les parents d'enfants autistes demandent au Dr Ducanda de s'arrêter

Deux mères d'enfants autistes ont déposé plainte devant le Conseil de l'Ordre du département de l'Essonne.

D'emblée plusieurs remarques s'imposent :
- "Deux mères" devient, dans le titre, "LES parents d'enfants autistes". Comme on le voit dans la suite de l'article, deux autres mères, en relation avec le docteur Ducanda, lui accordent leur confiance : mais ces mères-là sont présentées implicitement comme irresponsables, ainsi que nous le verrons.
- La "demande [...] de s'arrêter", très euphémistique, renvoie à une réalité beaucoup plus brutale : une plainte devant l'Ordre des médecins, un harcèlement personnel sur les réseaux sociaux (un groupe Facebook anonyme, auquel participent les deux plaignantes l'a prise pour cible), des pressions, des appels à la censure auprès de la CNAF, des académies, du congrès des médecins généralistes de France, des mairies : les conférences du collectif CoSE programmées dans les mairies du 13e et du 16e arrondissement de Paris ont été annulées.

Cet article, en concentrant ses attaques sur Anne-Lise Ducanda et en oubliant quelque peu qu'elle appartient à un collectif (mentionné une fois dans l'article, sans aucun lien), collectif soutenu lui-même par des milliers de signataires de la charte (dont de nombreux professionnels de la santé), participe d'une personnalisation détestable du débat.

L'an dernier, le docteur Anne-Lise Ducanda est devenue célèbre en dénonçant, sur YouTube, les ravages de la surexposition des jeunes enfants aux écrans.

En filigrane dans cette expression ("est devenue célèbre") un procès d'intention en recherche de notoriété : pour alerter les parents, Anne-Lise Ducanda a utilisé Internet comme on jette une bouteille à la mer.

Si la vidéo, publiée au printemps 2017, est devenue virale, c'est parce qu'elle contient une thèse fantasmatique à ce stade. Selon le Dr Ducanda, médecin généraliste de la Protection maternelle et infantile (PMI) de l'Essonne, il existerait un lien entre l'exposition croissante des enfants aux écrans et l'explosion de l'autisme dans le monde occidental.

Les écrans feraient entrer dans la "case autiste" de jeunes enfants, qui seraient en quelque sorte lobotomisés. A l'écouter, ils ne seraient que des "faux positifs", des "autistes virtuels", qui auraient juste besoin d'une détox de tablette pour repartir du bon pied.

Une "thèse fantasmatique" ou "farfelue" comme disait Nolwenn Le Blevennec en 2017, mais les constats de terrain le sont-ils ? Et le soutien d'un des plus éminent spécialistes français de l'enfance et de l'adolescence en France, Daniel Marcelli, est-il également "farfelu" ?

A vrai dire, ce soutien n'est pas même mentionné dans l'article, entièrement à charge.

Pendant des mois, les parents d'autistes ont essayé d'ignorer l'incroyable phénomène médiatique qui a suivi la publication de cette vidéo. Cela leur pose pourtant des problèmes au quotidien : cette théorie les culpabilise, crée de faux espoirs et pousse certains soignants à retirer les outils numériques des mains de leurs enfants, "pour voir ce qu'il se passe".

Le raisonnement est ici curieux : qui peut se sentir "coupable" ou "avoir de l'espoir" à part des familles dont les enfants sont SURexposés aux écrans, c'est-à-dire plusieurs heures par jour depuis le plus jeune âge ?

Et même quand c'est le cas, les praticiens qui alertent sur cette surexposition prennent bien la précaution de ne pas culpabiliser les familles : l'invasion des écrans de type tablettes ou smartphones est un phénomène récent.

Plaintes au Conseil de l'Ordre

Mi-janvier, l'émission "Envoyé spécial" a basculé. En prime time, sur France 2, le Dr Ducanda a déroulé ses idées pendant une demi-heure. Et si un médecin peut dire sur une chaîne du service public, sans réserve ni contradiction, que le retrait des tablettes entraîne la guérison spectaculaire d'enfants présentant un tableau autistique, cela veut dire qu'on ne peut plus rien croire. Qu'on peut éteindre toutes les lumières et s'en aller.

Pas de contradiction ? Et la présence de Serge Tisseron ?

Pour le reste, la guérison n'est pas "spectaculaire" (au sens d'instantanée : comment pourrait-elle l'être quand les troubles sont si graves et les retards si grands ?), ce sont les premiers changements dans l'attitude de l'enfant qui le sont. Qui peut penser qu'il suffit d'"éteindre les lumières et de s'en aller" ? Cette remarque atterrante prépare le procès d'Anne-Lise Ducanda en sa qualité de médecin, comme on le verra par la suite...

Car aucune étude sérieuse ne confirme cela.

Aucune étude à n'a été menée sur ce phénomène nouveau et récent : l'exposition massive d'enfants de 0 à 3 ans aux écrans. C'est précisément pour appeler de telles études (et bien d'autres) que le collectif CoSE s'est constitué : l'article ne donne… aucun lien vers son site.

A la suite de cette émission, deux mères d'enfants autistes (au moins) ont porté plainte devant le Conseil de l'Ordre du département de l'Essonne. Ces deux femmes, en colère, disent la même chose : le diagnostic de l'autisme est une course contre la montre, et ses histoires d'écrans ralentissent le processus. Elles demandent qu'elle lâche le mot "autisme".

"ses histoires d'écran" : l'expression montre bien à quel point les troubles constatés par le collectif CoSE ne sont pas pris au sérieux, lors même que la Haute autorité de santé a fait paraître en février 2018 des recommandations soulignant l'"influence délétère" des écrans : "Les études scientifiques disponibles montrent de manière quasi-unanime que cette tendance a des incidences négatives majeures sur le développement des fonctions cognitives, les champs particulièrement affectés étant la réussite scolaire, le langage, l’attention, le sommeil et l’agressivité" ( cf supra ).

Aucune mention de ces recommandations dans l'article, ni des nombreux avertissements au sujet des écrans et des enfants dans le nouveau carnet de santé 2018.

Non : "ses histoires d'écran" ne peuvent être qu'une obsession ridicule d'un praticien de terrain à la thèse "farfelue".


Une tentative de conciliation entre elles et le Dr Anne-Lise Ducanda a eu lieu le vendredi 9 mars, mais elle n'a rien donné.

Au cours de l'entretien, le Dr Ducanda a consenti à faire, en vidéo, des excuses aux parents d'autistes pour la peine dans laquelle son analyse les plonge. Mais elle ne veut pas s'interdire de parler d'autisme.

Omission importante de Nolwenn Le Blevennec ici (qui a pourtant accompagné les plaignantes à la première étape de la procédure) : la conciliation et les compromis devant l'Ordre ont été refusés… par les plaignantes, qui, à rebours de toute procédure, ont ajouté de nouvelles exigences par mail après l'audience.

Le médecin de PMI refuse de parler à Rue89 depuis la publication d'un premier papier, au printemps dernier. Son avocat n'a pas voulu nous répondre non plus.

Pas à "Rue89" mais à Nolwenn Le Blevennec, après son article de 2017 la mettant violemment en cause. Ce second article montre qu'elle avait raison de refuser de s'entretenir avec une journaliste dont le parti pris est criant.

"Mandatée" par le collectif anti-écrans cofondé par le Dr Ducanda, une pédopsychiatre nous a quand même appelés...

Le collectif CoSE, comme son nom l'indique n'est pas "anti-écrans" mais contre la "surexposition aux écrans". Autre étrangeté : personne du collectif n'a été "mandaté" pour répondre à Nolwenn Le Blevennec...

..pour nous expliquer pourquoi il n'y avait pas eu de conciliation : "Ces mères souhaitaient interdire au Dr Ducanda de prononcer le mot 'autisme'. Cela ne vous choque pas, vous, en tant que journaliste, qu'on lui interdise de prononcer des mots ? Ça rappelle une période de l'histoire qui n'était pas une bonne période."

Daniel Marcelli, dont le témoignage est pourtant affiché sur le site de CoSE, ne dit pas autre chose : "Les constations cliniques du Dr. Ducanda, corroborées par d’autres cliniciens, demandent à être confirmées par des études scientifiques rigoureuses, mais ce n’est pas en interdisant à Mme Ducanda de prononcer « autisme » dans ces propos qu’on pourra faire avancer les connaissances. Ce diktat en forme de censure sur les mots est proprement inadmissible…"

Ce lundi 9 avril, les plaintes ont donc été transmises à la chambre disciplinaire de première instance de l'Ordre des médecins, qui va instruire le dossier, avant de rendre son verdict dans quelques semaines. La panoplie des sanctions possibles : avertissement, blâme, suspension temporaire du droit d'exercer (avec ou sans sursis), radiation.

Ou aucune sanction : curieux de l'oublier...

Deux mères coriaces

Les deux mères qui ont porté plainte l'ont fait au nom des autres parents.

L'article donne ici lieu à une curieuse biographie de complaisance, à laquelle Anne-Lise Ducanda n'a pas droit.

On notera que la représentativité de deux mères n'est ici pas questionnée...

Elles y sont allées parce qu'elles sont particulièrement coriaces et combatives (elles sont entraînées par les complications de la vie).

Estelle, 43 ans, qui vit à Toulouse, est très connue dans le milieu des parents d'autistes. C'est la mère d'Allan, 13 ans. En mars 2014, elle est montée sur une grue pour protester contre le retrait arbitraire de son auxiliaire de vie scolaire (AVS). C'est un "personnage", avec ses longs cheveux bouclés et platine, ses yeux cerclés de noir, sa voix grave.

Dix jours après le sujet d'"Envoyé spécial", elle avait publié une vidéo humoristique s'adressant au Dr Ducanda.

Une vidéo d'une rare agressivité (avec tutoiement et déformation grossière des propos d'Anne-Lise Ducanda : "l'autisme n'a rien de virtuel").

Rappelons qu'Estelle Ast est l'auteur d' une application pour montre connectée .

Nolwenn, 37 ans, ne dégage pas du tout les mêmes ondes. Elle n'a jamais milité. Elle porte des jeans, des baskets, et ses long cheveux noirs tombent. Elle habite en Seine-et-Marne. Son fils, Sacha, a 3 ans et demi. Depuis qu'il a été diagnostiqué, elle a arrêté de travailler (elle était danseuse) pour s'occuper de lui à plein temps. Elle a poussé les meubles du salon pour installer des parcours de motricité. Apprend à son fils à se cogner la tête contre les murs sans se faire trop mal. Et mange des pâtes.

Nolwenn s'est posé la question de l'autisme pour Sacha lorsqu'il avait 1 an. L'enfant ne ressentait aucune angoisse de séparation quand elle le laissait dans le chariot du supermarché, pour aller chercher des tomates.

"Le mal, c'est le temps perdu"

Nolwenn dit qu'elle est tombée immédiatement sur les bons intervenants, qu'ils ont été clairs et qu'elle a tout de suite été prête à affronter la situation. Sans flottement. "Moi, du fait de mon parcours de vie, j'étais prête à accueillir cet enfant- là", dit la jeune femme qui porte sur son décolleté un tatouage "Heureux sont les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard).

"Mais qu'est-ce qu'il se serait passé si mon pédiatre avait été le Dr Ducanda ? Si elle m'avait dit : 'Oh, on va attendre un peu et commencer par retirer les écrans' ? Dans cette histoire, le mal qui est fait, c'est le temps perdu."

On a ici un bon exemple de la déformation du message de CoSE :
- On ne retire des écrans que s'il y a surexposition : aucune raison que cette mère se sente concernée par l'alerte. Mais il ne faudrait pas poser la question pour autant, quand d'autres enfants, de plus en plus nombreux, sont concernés ?
- Anne-Lise Ducanda ou les autres praticiens de CoSE n'ont jamais préconisé de perdre du temps dans les diagnostics de TSA. Les rendez-vous pour les diagnostics sont souvent très longs à obtenir : comme dit le professeur Daniel Marcelli, "la demande de rendez-vous dans le CRA de rattachement nécessite une attente de plusieurs mois et, en bonne clinicienne, plutôt que d’attendre passivement ce rendez-vous, elle propose ce « sevrage » des écrans". Et ce uniquement en cas de surexposition...

Sacha a pu obtenir une AVS 24 heures par semaine parce que, diagnostiqué très tôt, sa marge de progression a été jugée très bonne.

De son côté, Estelle a passé le plus dur avec son fils de 13 ans. Il l'appelle quarante mille fois par jour pour lui dire ce qu'il fait, mais il le fait tout seul. "Mon fils, je le kiffe trop comme il est. Il est zéro filtre, c'est un diamant pur." Estelle est elle aussi tombée sur les bonnes personnes :

"Le diagnostic a été fait en quinze jours et cela a changé l'avenir de mon fils. Tout se joue dans les premières années parce que le cerveau est malléable."

Tout le non-dit de ce récit très personnel est qu'Anne-Lise Ducanda n'aurait pas été un "bonne personne" et aurait empêché le bon diagnostic : il s'agit donc d'un procès d'intention...

"Je m'accroche à Ducanda"

Quelles conséquences peut avoir la théorie du Dr Ducanda sur le temps du diagnostic ? J'ai parlé à Madeleine*, une jeune maman dont l'enfant a été suivi par le Dr Anne-Lise Ducanda. Très tôt, son bébé a été beaucoup exposé aux écrans et à une arche lumineuse (le Dr Ducanda n'aime pas non plus les jouets électroniques). C'est le moyen qu'avait trouvé Madeleine pour l'occuper et pou- voir continuer à travailler de chez elle.

Au téléphone, elle me dit que son bébé pouvait rester des heures à regarder cette arche clignotante. C'est en soi une étrangeté : si des effets de lumière rendaient leur liberté aux parents, cela se saurait.

Ces derniers temps, Madeleine a remarqué que son enfant ne se développait pas normalement. Mais en consultation, après avoir écouté son histoire, le Dr Ducanda lui a dit de ne pas s'inquiéter : rien de grave, il faut simplement retirer tous les écrans. Et attendre.

L'article devient diffamatoire : jamais Anne-Lise Ducanda n'a dit à cette mère (qu'elle a reçu deux fois gratuitement) qu'il ne fallait pas s'inquiéter, et, contrairement à ce qu'affirme la suite de l'article, jamais elle n'a dissuadé cette mère de demander un rendez-vous à Robert-Debré : c'est même Anne-Lise Ducanda qui lui avait conseillé de prendre rendez-vous.

Pas complètement convaincue, hésitante, Madeleine a obtenu un rendez- vous à l'hôpital Robert-Debré, où l'hypothèse des écrans a été balayée sans discussion. Après des examens, on lui a dit qu'il s'agissait de troubles du spectre autistique. Depuis, Madeleine me dit qu'elle est perdue, prise "entre deux versions".

"Ils sont cinq à Robert-Debré, et cinq à se planter, ça ferait quand même beaucoup... Mais je continue à m'accrocher à la théorie du Dr Ducanda, parce que je l'aime bien et qu'évidemment j'aimerais qu'elle ait raison et que le diagnostic soit finalement inversé."

Il n'est pas précisé si l'enfant était surexposé ou non au écrans et les éventuels changements (ou pas) à la suite du retrait des écrans. En tout cas, aucune perte de temps dans ce cas précis : Anne-Lise Ducanda a même permis d'en gagner en conseillant ce rendez-vous...

Esotérisme

Après les sous-entendus de charlatanisme, un intertitre toujours aussi mesuré...

Au service pédopsychiatrique de l'hôpital Robert-Debré, cette histoire d'autisme "virtuel" exaspère les spécialistes. Le Pr Richard Delorme, chef de service, la trouve stupide et scandaleuse.

Pourquoi ces deux mots ne sont-ils pas cités entre guillemets ? Les propos cités à proprement parler sont beaucoup plus évasifs :

"En France, la culture des sciences reste à faire. Vous allez dans une librairie aux Etats-Unis, vous trouvez des tas de livres consacrés à des sciences assez dures, expliquées au grand public. En France, au rayon sciences de la Fnac, il n'y a rien. Ou des trucs un peu ésotériques."

A propos de la théorie du Dr Ducanda :

"Il y a un patient autiste américain qui a montré que la courbe d'augmentation de la prévalence de l'autisme est exactement la même que celle de l'augmentation de la prévalence des colis chez FedEx. Cela ne veut pas dire que les deux sont liés...

Rien à voir donc avec "la théorie du Dr Ducanda".

La psychiatrie n'est pas extérieure aux sciences. Sans étude épidémiologique, sans aucune donnée scientifique, on ne peut pas dire que tel ou tel événement est à l'origine d'une maladie."

Il faut donc des études scientifiques, que réclame le collectif CoSE dans sa charte depuis un an. Mais certains demandent "de s'arrêter"...

Au demeurant, la journaliste n'a pas interrogé Robert Delorme sur les cas cliniques très sérieusement présentés par Anne-Lise Ducanda au congrès des médecins généralistes de France, le 6 avril 2018, et où elle a été applaudie.

Pour Richard Delorme, la thèse de Ducanda est facile à vendre dans les médias parce qu'elle raconte une histoire de morcellement de la société.

"morcellement de la société" :scratch:

L'expression "autisme virtuel" vient d'ailleurs d'un psychologue roumain, Marius Teodor Zamfir, proche des mouvements orthodoxes et régulièrement cité par Vita Bucarest (association anti-avortement) ou la Coalition pour la Famille.

Curieuse façon de raisonner. Donc CoSE est proche de Zamfir qui est proche de mouvements orthodoxes : il faut donc en déduire que CoSE est un mouvement religieux orthodoxe contre l'avortement, ce qui explique très logiquement son engagement contre la surexposition aux écrans des tout-petits.

Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valide

Pas sûr que Laurent Alexandre, "business angel", défenseur d'un transhumanisme proche de l'eugénisme (les femmes intellectuelles appelées à faire plus d'enfants ou l'intelligence limitée à la naissance par la génétique), adepte qui plus est d'un certain numérisme, soit la meilleure défense contre l'alerte du collectif CoSE. Dans son billet (cf supra), à défaut d'offrir une réflexion de fond, il caricature le message de CoSE (sans jamais le citer : il affirme ainsi que les écrans génèreraient de l'autisme) et se livre à des analogies douteuses (la critique des écrans comparée au rejet des vaccins)…

Serge Tisseron : "Avant les écrans, on mettait les enfants devant la fenêtre"

Serge Tisseron, présent dans "Envoyé spécial". L'argument des fenêtres (comme celui des placards de Franck Ramus) laisse penser qu'une fenêtre ou un placard produisent le même effet sur un enfant qu'un écran…

Curieusement, si les écrans n'ont aucune incidence particulière sur les enfants, pourquoi la dernière version du 3-6-9-12 de Serge Tisseron interdit-elle formellement l'exposition à la télévision avant 3 ans et donne-t-elle des précautions strictes pour l'usage des tablettes ("toujours accompagnées") ?

Rappelons que, en toute cohérence, Serge Tisseron a signé en 2013 l'Avis de l'Académie des sciences s'enthousiasmant pour les tablettes et ce à partir de l'âge de six mois...

"Vous ne comprenez rien"

Mi-mars, après avoir rencontré des parents d'enfants autistes à l'hôpital Robert-Debré, Sophie Cluzel, la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, a elle aussi considéré qu'il était temps d'arrêter de relayer ces "fake news". Son cabinet a reçu de nombreux appels de "familles désespérées".

Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valide

Oui, la même secrétaire d'État qui disait qu'il fallait se référer aux recommandations de la Haute autorité de santé mais qui ne semble pas les avoir lues et parle de "soi-disant les écrans qui viendraient perturber les enfants".

Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valide

Sur les réseaux sociaux, ceux qui soutiennent la théorie du Dr Ducanda répondent toujours de la même manière. Cela donne, en résumé :

"Rho mais vous ne comprenez rien ! Ce docteur ne dit pas que les écrans provoquent l'autisme, mais qu'ils entraînent des symptômes similaires ! C'est incroyable, vous êtes bêtes ou quoi !"

Passage sidérant dans cet article à charge : non seulement les contradicteurs ne sont pas interrogés ou cités, mais leur message est caricaturé par la journaliste !

A cela, les parents d'enfants autistes répondent :

que c'est faux : les symptômes de l'autisme ressemblent aux symptômes de l'autisme ; qu'une exposition massive aux écrans n'est pas souhaitable (évidemment), empêche une bonne stimulation de l'enfant et provoque peut- être des troubles (c'est à démontrer), mais que le mot "autisme" n'a rien à voir avec le Schmilblick ;que si le mot est utilisé ici, c'est par pur opportunisme.

Où on retrouve le scepticisme sur les écrans ("peut-être des troubles (c'est à démontrer)") malgré les recommandations de la Haute autorité de santé. Avec contradiction interne, qui plus est : si ce n'est pas le cas, pourquoi l'exposition massive aux écrans ne serait pas "souhaitable" ?

Il y a confiscation du mot "autisme" par les parents d'enfants autistes et tant pis si, dans les cas les plus graves d'exposition massive et précoce, des enfants diagnostiqués autistes ne le sont pas...

"Les enfants sont au liquide"

Les parents rappellent aussi que le Dr Ducanda ne parle pas d'une simple ressemblance entre les symptômes de l'autisme et de la surexposition aux écrans mais d'une convergence telle ("en tout point similaire") que même les plus grands services de pédopsychiatrie s'y tromperaient.

Toujours aucune référence aux cas cliniques exposés (des enfants diagnostiqués autistes par des CRA mais qui ne sont pas). L'erreur est possible tant que le diagnostic ne prend pas en compte le paramètre des écrans.

(Cela me fait penser au sketch de Coluche. Une couleur qui est "en tout point similaire" au blanc, est-ce autre chose que du blanc ?)

Une parenthèse étrangement journalistique, sur un sujet si grave.

Le raisonnement est par ailleurs absurde : similaire du point de vue des symptôme ne veut pas dire similaire du point de vue des causes...

Ils ne comprennent pas pourquoi les médias relaient un discours aussi paranoïaque. Le 16 mars, lors d'une conférence de quartier, le Dr Ducanda disait, par exemple, devant des parents ébahis, que les écrans retardaient la propreté des enfants ou les empêchaient d'apprendre à mastiquer "puisqu'ils oublient leur corps".

"Si l'enfant a été mis trop tôt devant les écrans, il n'a même pas attrapé les jouets à la bouche, et il n'a même pas la mastication. J'ai de plus en plus d'enfants dans les écoles qui en sont encore au liquide ou à la purée."

Pas de réfutation journalistique ?

"Le petit Rayan"

Et puis, revenons au reportage d'"Envoyé spécial". Le 18 janvier sur France 2, on voit le Dr Anne-Lise Ducanda monter dans sa voiture. Commentaire du journaliste :

"Depuis quelques temps, elle voit se multiplier des symptômes inquiétants ressemblant à l'autisme et elle est convaincue qu'il y a urgence."

Le médecin de PMI entre ensuite dans un appartement de Viry-Châtillon (Essonne), où vit Rayan, un enfant de 3 ans que le système scolaire a rejeté à cause de crises de nerfs. L'avant-veille du reportage, le Dr Ducanda a demandé à la mère de Rayan d'arrêter tous les écrans. Le journaliste contextualise :

"Il vient à peine d'être privé d'écrans, tout est encore très fragile..."

Ce n'est pas l'avis du Dr Ducanda, qui est déjà éblouie par ses progrès :

"Je suis très, très surprise parce que quand on s'est vus il y a deux jours, c'était pas du tout comme ça. C'est vraiment spectaculaire."

Les changements sont de fait spectaculaires, comme le montre la suite.

Dans la vie d'avant, avec les écrans, Rayan ne répondait pas à son nom, ne disait pas "maman", courait partout et avait l'air de ne rien comprendre, raconte sa mère, face caméra...

Visiblement, cette mère ne peut pas dire la vérité...

Tout ça va changer, Rayan va aller de "progrès en progrès". Elle en pleure :

"Moi, j'ai cru que jamais je ne pourrais avoir un travail ou une vie normale."

Un mois plus tard, quand les journalistes reviennent pour voir quels ont été les effets de la détox sur l'enfant, Rayan semble s'être effectivement détaché du téléphone de sa mère : il faut vraiment qu'on lui agite sous le nez pour qu'il l'attrape. Mais c'est tout ce qu'on peut dire, en fait.

Un mois devrait donc suffire, dans l'esprit de la journaliste, pour que l'enfant recouvre toutes ses capacités et rattrape des retards cognitifs graves.

"Il y a déjà une amélioration et un changement, mais je sais que ça prend du temps", dit seulement la mère de Rayan en se mordant la lèvre.

Si elle se mord la lèvre (commentaire de la journaliste), c'est que la mère de Rayan ne croit pas ce qu'elle dit. Et de fait ce qu'elle dit contredit la journaliste : "Il y a déjà une amélioration et un changement"/"c'est tout ce qu'on peut dire, en fait".

"Je n'ai pas de doutes"

"Cela prend du temps." C'est encore ce que nous dit Leïla* quand nous lui parlons au téléphone, en ce mois d'avril. Plusieurs mois après le reportage de France 2, la mère de Rayan croit encore à la théorie du Dr Ducanda, parce que son fils a fait des progrès :

"Mon fils est toujours nerveux, mais il est moins dans son monde. Il réagit à son prénom et il a arrêté de marcher sur la pointe des pieds, par exemple."

Encore une contradiction...

Autre chose qui conforte, selon elle, la piste des écrans :

"Franchement, je n'ai pas de doutes qu'il est en bonne santé et que ses problèmes sont causés par les écrans, parce qu'il était bien à la naissance."

Et finalement :

"Disons que je suis sûre à 95% que ce sont les écrans, mais que j'ai quand même pris rendez-vous avec Robert-Debré pour confirmer. Mais Rayan ne passera pas avant la fin du mois d'août."

Encore une fois, tout laisse croire que ce rendez-vous aurait été pris contre l'avis d'Anne-Lise Ducanda : or, encore une fois, ce rendez-vous a été pris sur le conseil d'Anne-Lise Ducanda.

Au demeurant, le temps d'attente montre bien l'inanité de l'argument employé contre un diagnostic posant la question des écrans : il ne fait pas perdre de temps.

Les mères d'enfants avec ces graves troubles (tout simplement autistes si on en croit l'article) sont irrationnelles puisqu'elles font confiance à Anne-Lise Ducanda. Aucune raison donc d'en tenir compte dans le titre de l'article : "les parents d'enfants autistes demandent au Dr Ducanda de s'arrêter".

A 3 ans et demi, l'enfant, en attente d'une AVS, n'est pas scolarisé. Il dit des petits mots comme "maman" et "gâteau". Et "parfois, il parle, et parfois il arrête". Mais Leïla garde confiance.
On lui a dit que cela prenait du temps de rattraper le retard provoqué par l'exposition aux écrans.

Au delà du déni des progrès observés, ce "on lui dit" conclut très logiquement un article entièrement ad hominem : Anne-Lise Ducanda promet des guérisons instantanées. Or, trois mois après, les graves troubles cognitifs occasionnés par des années de surexposition aux écrans ne sont pas totalement résorbés : c'est la preuve que les écrans n'ont aucun rapport avec les troubles de cet enfant, que les écrans n'occasionnent pas de graves troubles dans les cas les plus graves, que l'alerte d'un collectif de praticiens n'a pas lieu d'être, que la pratique médicale d'Anne-Lise Ducanda ne peut relever que d'une forme d'"ésotérisme".

On a bien compris la position de Nolwenn Le Blevennec dans cette polémique : juge et partie. On ne peut que s'interroger sur ce manque criant d'objectivité journalistique.

C'est d'autant plus regrettable que le collectif CoSE est évidemment attaché à la cause de l'autisme et que son action vise précisément, par cette alerte et le déclenchement d'une prévention de grande ampleur, à servir la cause des enfants autistes en même temps que d'autres enfants dont les troubles pourraient très simplement être évités.

Car, à vrai dire, cette concurrence des souffrances, absurdement brutale, a quelque chose de désolant.

Édition du 18/04/18 :

L’enfant de "Madeleine" a également été vue par un pédiatre et une orthophoniste, qui constate les mêmes progrès qu'Anne-Lise Ducanda à l’arrêt des écrans et les mêmes questionnements sur les troubles d’allure autistique. La mère, qui avait accepté de "témoigner que dans notre cas on peut croire a la théorie des écrans", a contacté la journaliste pour protester : "Ce n'était pas honnête de ne pas avoir mentionné les progrès fulgurants de [Madeleine] suite à l’arrêt des écrans, (regards interaction surtout) progrès qui furent également remarqués par l'orthophoniste et la psychomotricienne". Nolwenn Le Blevennec s'est engagée à mentionner en ajout les progrès dans son article.

La mère de Rayan a déclaré que la journaliste ne lui a pas demandé la permission de faire un article sur elle. Celle-ci a demandé des nouvelles de Rayan avec insistance au téléphone et a même appelé son ancien propriétaire et son ex mari. La mère de Rayan envisage de porter plainte.
Dernière édition: 24 Juil 2022 15:53 par Loys.

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28 Avr 2018 12:18 - 28 Avr 2018 13:38 #20889 par Loys
L'étude : www.cdc.gov/mmwr/volumes/67/ss/ss6706a1.htm?s_cid=ss6706a1_w

www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/a...ux-etats-unis_857478

Une étude menée par les centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC) des États-Unis montre une forte augmentation de la prévalence des troubles du spectre autistique (TSA). Les précédentes données, datant de 2014, montraient une prévalence de 1 enfant de 8 ans atteint sur 68. Ceux de ce dernier rapport signalent un enfant concerné sur 59.

Ce rapport se base sur les données recueillies pour 325 483 enfants qui avaient 8 ans en 2014, dans 11 sites des États-Unis (Arizona, Arkansas, Colorado, Géorgie, Maryland, Minnesota, Missouri, New Jersey, Caroline du Nord, Tennessee, Wisconsin). Les auteurs soulignent qu’elles ne peuvent être étendues à l’ensemble du pays car elles ne sont pas représentatives. Elles montrent cependant une tendance nette à l’augmentation.

[….] Les auteurs envisagent cette meilleure identification des TSA chez les enfants noirs et hispaniques (par rapport aux rapports précédents) comme une possible explication partielle de l’augmentation de la prévalence. Mais ils proposent aussi une prise de conscience de la pathologie et un meilleur dépistage comme facteurs de l'augmentation. Ils insistent par ailleurs sur la nécessité de mener des recherches sur les facteurs de risque non génétiques (et potentiellement environnementaux) de l’autisme.


www.nouvelobs.com/monde/20180427.OBS5846...publique-urgent.html

Etats-Unis : l'augmentation de l'autisme devient un problème de santé publique "urgent" [...]

Certains facteurs semblent augmenter les risques, comme être né de parents âgés de plus de 30 ans, une maladie de la mère pendant la grossesse, des mutations génétiques ou une naissance avant 37 semaines de gestation. Il s'agit là de "vraies influences" mais "elles ne suffisent pas à expliquer le taux élevé de prévalence de l'autisme", selon Walter Zahorodny. Et d'ajouter : "Il y a encore des risques non définis liés à l'environnement qui participent à cette augmentation significative, des facteurs qui pourraient affecter un enfant pendant son développement in utero ou liés à des complications à la naissance, ou à la période pendant laquelle il est nouveau-né. Nous avons besoin de davantage de recherche sur les déclencheurs non génétiques de l'autisme."

Dernière édition: 28 Avr 2018 13:38 par Loys.

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30 Avr 2018 17:22 - 24 Mai 2018 22:00 #20898 par Loys
Tribune dans "Le Monde" (abonnés) du 30/04/18 : "L’exposition précoce aux écrans est un nouveau trouble neuro-développemental"

Attention : Spoiler !


Et dans "Le Quotidien du médecin" : "Surexposition aux écrans"
Dernière édition: 24 Mai 2018 22:00 par Loys.

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08 Mai 2018 23:30 - 09 Mai 2018 13:53 #20937 par archeboc
Toujours dans "Le Monde" (abonnés) du 8/05/18 : "L'inquiétude monte face à l’impact des écrans sur les plus jeunes"


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Dernière édition: 09 Mai 2018 13:53 par Loys.

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10 Mai 2018 21:48 - 13 Mai 2018 09:52 #20948 par Loys
Dans "Slate" du 9/05/18 : "Écrans et éducation, c’est compliqué"


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Un article qui mérite d'être commenté, compte tenu de sa partialité malgré sa prétention à tenir un discours équilibré ("c'est compliqué") comme nous allons le voir.

Une réflexion collective des parents et des enseignants sur la relation des enfants aux tablettes et aux smartphones serait sans doute plus efficace que n'importe quel discours anxiogène.

Voyons donc comment cet article offre des éléments de débat contradictoires permettant cette "réflexion".

C’est un marronnier qui fonctionne systématiquement: vos enfants risquent un grand danger avec les tablettes, les ordinateurs et les smartphones; les écrans les font courir à leur perte; cette génération va exploser en vol.

Il y a un autre marronnier : dire que ce n'est pas le cas. ^^

Alimenter l’inquiétude, la culpabilité et l’angoisse éducative a toujours été un ressort efficace pour toucher le large public des parents. Pointer les dangers de l’époque pour les enfants est un vieux filon éditorial: vous pouvez très bien remplacer «écrans» par «sucre», «télévision» ou «rock’n'roll», suivant le moment et le lieu.

Précisément les effets du sucre et de la télévision sont bien connus. Quant au "rock'n'roll", quel rapport avec les enfants ? Comme d'habitude, l'éducation est abordée de manière très vague, confondant ensemble touts-petits, enfants, pré-adolescents, adolescents et jeunes adultes.

Il ne s’agit pas de tout relativiser: nourrir son enfant de sucreries et/ou passer sa vie devant la télévision n’est sûrement pas une bonne idée. Mais les critiques et les avertissements sont si excessifs que l'on peut questionner leur bien-fondé, leur efficacité et leur bonne foi.

Il s'agit donc bien de relativiser. Espérons que, en "bonne foi", ces critiques et avertissements seront présentés de façon contradictoire.

Le mauvais exemple des cadres de la Silicon Valley

Dans presque chaque débat sur les enfants et les écrans, on entend l'argument selon lequel les cadres de la Silicon Valley eux-mêmes interdisent les écrans à leurs enfants –Steve Jobs le premier– et les envoient dans des écoles où appareils électroniques et objets numériques sont bannis.

En France, la journaliste Guillemette Faure, qui a longtemps vécu aux États-Unis, en a fait le sujet d'un article publié en 2012 dans le supplément M du Monde, «Ces branchés qui débranchent».

Je lui ai demandé ce qu’elle pensait du succès de l'argument, et du fait qu’elle soit si souvent citée: «Je suis tellement contente que l'on me pose cette question! Cet article parlait d’une école, et d’une seule, de la Silicon Valley [la Waldorf School of the Peninsula]. Je soulignais qu'il s'agissait d'une exception. Il existe d'ailleurs aux États-Unis d’autres écoles Waldorf qui fonctionnent avec la même philosophie et dans lesquelles il n’y a pas d’écran, mais seule celle-là intéresse la presse!»

Même si elle est souvent montée en épingle, l'idée d’une enfance «zéro écran» n’est pas représentative des méthodes éducatives de tous les cadres de la tech de Palo Alto. «Les familles ont des attitudes très variées. En Californie, certains parents envoient leurs enfants à des cours de code proposés pendant l’été», poursuit Guillemette Faure. Comme quoi tous les professionnels du numérique ne diabolisent pas les écrans auprès de leur progéniture.

Nous avons déjà traité cette question sur le forum (voir ce fil spécifique : "Quand les cadres hi-tech sont aussi des parents…" ).

La question n'est pas de savoir si tous les cadres des entreprises technologiques tiennent un discours critiques sur les écrans, mais de s'interroger sur le paradoxe qu'une partie (importante ?) d'entre eux le font, à commencer par les plus hauts dirigeants des géants du secteur (comme Steve Jobs ou Bill Gates) alors qu'on pourrait les penser confiants dans les produits qu'ils commercialisent.

L'article ne fait d'ailleurs aucune mention des cadres de ces grandes entreprises qui ont multiplié les aveux publics et les repentirs spectaculaires depuis plusieurs mois : Justin Rosenstein, Chamath Palihapitiya, Roger McNamee, Tristan Harris, Marc Benioff, Sean Parker, Tony Fadell. Ni des prises de positions étonnantes de deux importants fonds d'investissement d'Apple...

Curieuse lutte, en somme, contre la culpabilisation des parents qui ne cherche pas à les informer de la façon dont ces objets sont conçus...

Les injonctions paradoxales des messages de santé publique

Moins problématique, mais également symptomatique de la manière de conseiller les parents tout en les inquiétant, la règle proposée par le psychologue Serge Tisseron fixe un âge: «Pas d’écran avant 3 ans, ou tout au moins les éviter le plus possible. Parce que de nombreux travaux montrent que l’enfant de moins de 3 ans ne gagne rien à la fréquentation des écrans.»

Pourquoi fixer un âge serait-il "inquiétant" ?

Le vrai paradoxe est surtout que Serge Tisseron a promu les écrans dès l'âge de six mois dans l'Avis de l'Académie des sciences qu'il a cosigné en 2013...

La consigne paraît simple –du moins si vous n’avez pas d’enfant, ou un seul, ou pas d'écran chez vous. Car en 2018, il est bien compliqué d'éviter la vision d’un écran allumé avant 3 ans. Et de quel écran parle-t-on, celui du téléphone des parents?

Donc il s'agit d'exposer les enfants les plus jeunes parce qu'il y en a de moins jeunes qui sont plus exposés. Le raisonnement semble curieux ici : ces exigences (telles qu'elle sont exposées dans le nouveau carnet de santé 2018 dont l'article ne fait donc aucune mention, tout comme les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé) seraient problématiques à appliquer pour des parents ?

La question du contenu reste aussi en suspens: si on regarde «La petite taupe» vingt minutes à un an et demi, est-ce si grave? L'expression «éviter le plus possible» montre d'ailleurs bien que s'abstenir d’écran est loin d'être chose aisée.

Non : le principe d'une prévention rigoureuse pour les plus petits vise précisément à réduire l'exposition quotidienne le plus possible. Chez les touts petits, l'exposition peut, dans certains cas graves, dépasser plusieurs heures par jour sans d'ailleurs que les parents en aient totalement conscience : mais il ne s'agit visiblement pas de s'intéresser à ces cas dans cet article...

La règle de Serge Tisseron est construite sur le modèle des discours de santé contemporains, celui consistant aussi à interdire la consommation de toute goutte d'alcool pendant la grossesse, sous peine de faire courir des risques à votre enfant –en somme, un argumentaire qui terrorise les femmes.

La question n'est pas tant de l'effet produit sur les femmes que de l'enjeu de santé pour les enfants. Soit cet enjeu est important, et la question ne se pose pas, soit il n'est pas important.

Autre exemple: les fruits et légumes, c’est cinq par jour. On culpabilise de ne pas atteindre cet objectif, en oubliant que deux portions valent mieux que zéro, et que quatre valent mieux que deux. À force d’entendre des injonctions extrêmement ambitieuses, on en vient à se dire que l'on ne fait pas ce qu’il faut et qu'il ne sert à rien de courir après l’impossible.

Avec cet exemple, l'article s'éloigne des enjeux sanitaires pour aborder le sujet de la difficulté d'être parent...

Il s'agit d'une forme d’«injonction paradoxale»: une recommandation excessive jouant sur la peur, alors qu’il n’est pas si grave de ne pas complètement la respecter –et qui, du coup, se vide de son sens.

Et tant pis pour les cas de surexposition graves...

Une exploitation grossière de l'inquiétude des parents

Jouer sur la peur, c’est justement le ressort utilisé par certains quand ils associent abus d'écrans et risque d’autisme.

Déformation grossière : il s'agit de constater des troubles pouvant être confondus avec ceux de l'autisme, comme l'indique Daniel Marcelli, référence de la pédopsychiatrie en France. Mais la déformation ne pourra pas être relevée par les lecteurs de l'article puisque "certains" (le collectif CoSE et sa charte signée par plusieurs milliers de professionnels de l'enfance) ne sont pas nommés, qu'aucun lien n'est donné...

Quant aux cas d'enfants ayant de tels troubles, tels qu'ils sont rencontrés par des professionnels de santé sur le terrain, ils ne sont pas même évoqués. Sans doute des médecins qui veulent "jouer sur la peur"...

L’idée, largement battue en brèche depuis, a été lancée l’année dernière par une médecin de protection maternelle et infantile, qui racontait avoir constaté des cas toujours plus nombreux de troubles du comportement, corrélés à une surconsommation d’écrans.

"qui racontait" ? Anne-Lise Ducanda, qui a présenté plusieurs cas précis au Congrès des médecins généralistes de France, affabulerait donc...

"une médecin" qui n'est donc pas nommée, aucun lien vers le collectif auquel elle appartient. Le seul lien donné est celui d'un article d'une autre journaliste ayant qualifiée de "farfelues" ses observations cliniques en 2017. Aucun lien vers la tribune récente de Daniel Marcelli qui sonne l'alerte dans "Le Monde" en 2018 : "Un faisceau d’arguments cliniques plaide en faveur de la description d’un trouble neuro-développemental nouveau : l’exposition ­précoce et excessive aux écrans (EPEE), lié à un perturbateur environnemental (l’écran sous toutes ses formes) qui interfère dans les ­besoins développementaux du tout-petit. Ce syndrome associe un retard de communication qui devient évident à partir de 2-3 ans, un intérêt devenant exclusif, une agitation et des troubles du comportement, une instabilité d’attention, etc. Il est susceptible de provoquer des confusions de diagnostic en particulier avec les troubles du spectre autistique (TSA) dont il doit être distingué."

Ou vers la tribune d'autres professionnels de santé parue la veille même de cet autre article dans "Le Monde" : "Bon nombre de professionnels de l'enfance s'inquiètent de la place des écrans et de leur impact, et ce dès le plus jeune âge".

De la panique irrationnelle, voyons !

Cette thèse continue à faire son chemin, à tel point qu’un collectif de médecins a récemment tenu à mettre les choses au clair dans les colonnes du Monde. Dans la tribune «Enfants face aux écrans, “ne cédons pas à la démagogie”», ils soulignent «qu’une information à caractère sensationnel n’aidera pas à prévenir les risques associés aux nouvelles technologies».

L'article n'indique pas que cette tribune, à l'instigation de Serge Tisseron (qui avait donc promu l'usage des tablettes pour les tout-petits en 2013), répondait à une autre tribune dans "Le Monde", signée de Sabine Duflo, membre de CoSE (voir sur ce fil ). Non : il n'y a pas de débat !

L'article répondait également à un reportage d’«Envoyé spécial» comparant les écrans à de «l’héroïne numérique».

Encore une exploitation grossière de l'inquiétude des parents: même si Snapchat crée une accoutumance néfaste en maintenant les adolescents le plus de temps possible sur l’application, jusqu’à preuve du contraire, on ne meurt pas d’une overdose de Snapchat et le sevrage ne nécessite pas de soins médicaux.

Les cadres techniques d'entreprises des nouvelles technologies emploient eux-mêmes le mot de "drogue" pour décrire les techniques de séduction numériques qu'ils ont contribué à mettre au point. Les mêmes cadres dont l'article ne fait donc aucune mention. Le Dr Richard Freed, psychologue exerçant dans la Silicon Valley, a employé le même mot ainsi que celui d'addiction dans sa tribune . La question d'un éventuel symptôme d'addiction au jeu vidéo est également posée par l'OMS.

Autant de voix contradictoires qui ne trouvent aucun écho dans cet article équilibré.

Les écrans sont une question d’éducation, non un poison violent que l'on doit interdire. Les enfants, eux, perçoivent très bien la différence: quand quelque chose est véritablement dangereux –l’eau de Javel, le feu ou le vide, l'alerte est formulée sans ambiguïté par les adultes et les petits comprennent bien qu’ils n’ont pas le droit de s’en approcher.

Les écrans nous placent dans une autre logique. Au lieu de les comparer à des drogues dures qui rendent autistes, il faudrait plutôt se demander comment aider les parents à en cadrer l’usage.

Visiblement pas en demandant d'en encadrer strictement l'usage (cf supra) !

Rester calme, un apprentissage à désassocier des écrans

Une professeure des écoles enseignant en maternelle dans un quartier populaire d’une grande ville de province me racontait qu'il était si difficile pour des parents de priver leur enfant de 4 ans de la tablette qu’il utilisait toute la journée que, croyant suivre les conseils de la maîtresse qui leur recommandait de lever sérieusement le pied, la mère avait raconté à l’enfant que la tablette était cassée. Pour la professeure, ce n’est pas tant l’écran qui est problématique que cette incapacité à dire non, à encadrer, à se confronter à la frustration de son enfant. Avouons-le, nous avons tous cette difficulté.

Curieux comme l'exemple donné montre surtout qu'il y a bien un problème ressemblant à une forme de dépendance ne supportant pas "la frustration"...

Mais le point de vue de l'auteur n'est au fond pas motivé par la réflexion générale sur de graves troubles de certains enfants et leurs conséquences scolaires mais par des considération plus personnelles : "nous avons tous cette difficulté".

En termes de prévention, mieux vaudrait expliquer que les écrans ne doivent pas servir à calmer les enfants plutôt que d'insister sur leur interdiction. Un enfant peut apprendre à rester calme par lui-même –comme un adulte peut apprendre qu’un enfant, parce que c’est un enfant, n’est pas tout le temps calme. Et que l'on arrête de trouver normal qu'un enfant soit suspendu à un écran dès que l'on a besoin qu’il se tienne tranquille, comme dans cette vidéo:

Curieux qu'une journaliste s'autorise à définir une politique de prévention : il est vrai que le travail journalistique est très critiquable dans cet article.

Pour Véronique Decker, directrice d’école élémentaire à Bobigny, «les enfants ont l’air sages, mais ils sont hypnotisés. Les parents regardent leur smartphone, les enfants jouent avec leur tablette; chacun regarde sa propre télé, et les gens vivent côte à côte au lieu de vivre ensemble. Le plus inquiétant, c’est que le temps d’interaction avec les humains se réduit».

"hypnotisés" : ne serait-ce pas "faire peur" ?

Deuxième témoignage de terrain de la part de professeurs des écoles et deuxième cause d'inquiétude, donc.

L’école peut être l'un des lieux d’échange autour de cette grande question éducative, via le dialogue avec les enseignants ou des affiches de prévention. Mais Véronique Decker constate qu’il est difficile de sensibiliser les parents: «Les élèves accèdent trop jeunes à des ressources, sans aucun contrôle ni accompagnement de leurs parents. Aujourd’hui, avec les tablettes et les smartphones, ils sont confrontés très jeunes à des images violentes ou pornographiques. L'écran est une porte ouverte sur une société dont ils ne maîtrisent pas les règles. Nous avons mis dans les cahiers des élèves un message sur les règles à respecter à 3/6/9/12 ans, sauf que peu de gens les lisent et ont la disponibilité pour s’en préoccuper.»

La question est donc celle de l'accès - de plus en plus précoce - à ces "ressources" (et donc de la possession d'un objet numérique connecté). La transition - en toute logique - avec la suite de l'article (le "BYOD") laisse dès lors pantois. :shock:

BYOD à l'école et activités pédagogiques

Il existe malgré tout une attente des familles sur cette question, celle de réussir à limiter l'usage des écrans. C’est tout le sens du message que Jean-Michel Blanquer a envoyé aux parents en assurant que les téléphones portables seraient interdits à l’école –ce qui est déjà le cas dans de nombreux établissements, même si l’interdiction est difficile à faire respecter en l'absence d'autorisation des adultes à fouiller les sacs des élèves. Ce type de déclaration très rassurante plaît au public, car il répond au fond à une véritable difficulté éducative des parents.

Pourquoi cette "difficulté" particulière puisque les écrans n'ont rien de particulier ?

À la question de l'éducation à la retenue se superpose celle de l’éducation au numérique. Le ministre de l'Éducation nationale n'est pas opposé à l'utilisation des écrans à des fins éducatives: il nuance souvent le propos de l’interdiction totale en précisant que des écrans peuvent être utilisés pour des activités pédagogiques.

Ce qui explique qu’un guide du BYOD ait récemment été publié par le ministère. Le BYOD, soit «Bring Your Own Device», consiste à apporter son smartphone en classe. On est très tenté d’être ironique en se demandant comment interdire un objet que l’école demande aux élèves d’apporter, mais la démarche peut se justifier.

On parle donc - sans transition - des collégiens. Les témoignages précédents étaient ceux de professeurs des écoles...

Le BYOD, c'est un appel de l'institution scolaire aux parents pour qu'ils équipent leurs enfants avec des smartphones qu'il est donc impossible d'encadrer, puisque sans limites de temps, d'espace, de contenus.

Comme expliqué dans le guide, «dans ce cas, le choix du BYOD est principalement envisagé comme une solution permettant de simplifier les modalités d’utilisation numérique en classe grâce à la connaissance que l’élève a de son propre équipement, ce qui favorise une prise en main plus rapide. Cela permet également de capitaliser sur les pratiques existantes hors cadre scolaire (activités périscolaires, en compagnie des parents…) pour outiller les démarches pédagogiques et les projets éducatifs. Il s’agit également de sensibiliser plus largement les élèves à une utilisation autonome, responsable et éthique du numérique. Cela devrait être d’autant plus efficace quand les élèves utilisent leurs propres équipements».

"une utilisation autonome, responsable et éthique du numérique" parce que les élèves auront utilisé leur smartphone en classe ?

Le 1er février, lors d’une conférence sur le rôle de l’expérimentation dans le domaine éducatif, Stanislas Dehaene, le président du Conseil scientifique de l’Éducation nationale mis en place par Jean-Michel Blanquer, proposait une démonstration d’un jeu sur tablettes destiné à s’exercer à la lecture en classe. D’autres spécialistes de la pédagogie proposent des logiciels, comme Anagraph –créé par le chercheur Roland Goigoux– pour la lecture.

La lecture assistée par tablette, rêve des pédagogues : qu'en pense Véronique Decker ?

Si ces applications éducatives pensées pour les classes sont utiles –le numérique permet une adaptation au niveau de chacun et introduit les nouvelles activités en fonction des compétences des élèves, elles supposent du matériel.

Où est-il prouvé que ces applications sont "utiles" ?

Pour le "matériel", on comprend donc qu'il faut que l'école ou les parents le fournissent : et le plus tôt possible, puisque c'est pour écrire !

Des devoirs au jeu en un clic

Les équipements des écoles ne dépendent pas du ministère de l’Éducation nationale, mais des communes, départements et régions. Au fil des plans numériques, certaines écoles ont doté leurs élèves d’ordinateurs ou de tablettes, avec des résultats contrastés.

Il faudrait savoir...

"contrastés" ? Selon le rapport 2015 de lOCDE : "lorsque [les TIC] sont utilisées en classe, leur incidence sur la performance des élèves est mitigée, dans le meilleur des cas. En effet, selon les résultats de l’enquête PISA, les pays qui ont consenti d’importants investissements dans les TIC dans le domaine de l’éducation n’ont enregistré aucune amélioration notable des résultats de leurs élèves"...

En 2016, dans le cadre du plan numérique d'un milliard d'euros déployé sous François Hollande, la France a équipé un quart des élèves de cinquième de tablettes; à la rentrée prochaine, ce devrait être le cas de la totalité.

Marie* n’avait ni télé, ni console de jeux, simplement un ordinateur personnel. Ses deux enfants, de grands lecteurs, ont toujours été protégés des écrans. Le collège privé sous contrat où est scolarisé en cinquième son aîné lui a fourni une tablette.

Elle n’arrive plus à avoir le contrôle de l’objet, ne comprend pas l’intérêt éducatif à devenir dépendant d’une tablette, et ne sait pas quand son enfant joue ou travaille. Elle a l’impression que l’école «déséduque» son fils!

Témoignage pour "faire peur", certainement. :mrgreen:

En réalité, l’école a totalement sous-estimé le problème de mettre des enfants de 12 ans dans des situations de travail sur tablettes, alors que tout le reste des activités ludiques possibles sont à portée de clic. Si nous avons le même problème adultes, comment est-il possible de penser que les enfants n’y soient pas confrontés?

Ce n'est pas comme si certains avertissaient depuis des années...

Est-ce que le BYOD et l'utilisation éthique et raisonnée des smartphones ne constitue pas une solution à ce problème ? :rirej

Accompagner plutôt que paniquer

Bruno Devauchelle, spécialiste du numérique dans l’éducation, souligne à longueur de chroniques que le numérique n’est ni le bien, ni le mal...

La fameuse neutralité des objets techniques. Ce n'est pas comme si ces objets et ces applications étaient conçus pour produire des effets négatifs...

L'injonction à l'accompagnement, s'agissant d'objets nomades échappant par définition à la supervision adulte, est particulièrement absurde.

...mais qu'il pose une grande question éducative, à laquelle l’école ne répond pas. «Les textes prescriptifs sont toujours à la marge de l'activité d'enseignement: tantôt facultatifs, tantôt incitatifs, mais jamais réellement formulés de manière forte, c'est-à-dire affirmant une responsabilité mise en actes.»

Voilà qui est très concret et très éclairant. :rirej

Rappelons quand même que Bruno Devauchelle milite pour "le numérique dans l'éducation" depuis... toujours ou presque. Il le fait d'ailleurs dans un média très pro-numérique scolaire, le "Café pédagogique" dont le partenaire a été jusque très récemment Microsoft.

Il existe pourtant bien des activités pédagogiques à développer. Certaines écoles ont par exemple mis en place des projets éducatifs autour de l’attention, à l'image du projet Atole, créé par le chercheur de l’Inserm Jean-Philippe Lachaud. Ce programme est disponible sur l’ensemble du territoire national, «en fonction de l’intérêt des enseignants et des académies».

Ces "activités" permettraient donc de résoudre les problèmes posés par les écrans ? :scratch:

L'éducation numérique soulève des interrogations chez les parents comme chez les enseignants; au lieu de paniquer, les adultes devraient s’attacher à y répondre collectivement. Bien entendu, la responsabilité de l'école est énorme, compte tenu des fortes inégalités entre familles pour encadrer l’usage du numérique et bien guider les enfants.

Une conclusion tout aussi limpide que celle de Bruno Devauchelle : de grands mots vagues ("éducation numérique", "responsabilité", "encadrer", "bien guider")... et c'est tout.

A noter que tout regard critique est assimilé à une forme de "panique" irrationnelle. Les exemples donnés par l'article montrent pourtant que cette critique est bien fondée et relève de la raison, et non de la passion.

Une perspective que l’Académie de médecine appelait de ses vœux dans un rapport intitulé «L’enfant et les écrans», paru en 2013 mais dont la sagesse ne semble pas avoir été entendue.

Il proposait une saine réflexion pour échapper à la panique numérique: «La croissance de l’intelligence, de la sensibilité, des capacités de relation de chaque enfant est à la fois robuste et infiniment fragile. Livré seul aux écrans, il dérivera dans la solitude, tandis qu’accompagné, il en fera des usages nouveaux que la génération de ses parents n’imagine pas. Prudence lucide et émerveillement attentif sont, en fin de compte, les meilleurs services que nous puissions rendre à cet enfant du siècle nouveau.»

Il est assez symptomatique que l'Académie de médecin ait été ici confondue avec l'Académie des Sciences !

On se souvient que cet avis (que nous avions longuement analysé ici en 2013 ), absolument pas scientifique, outrageusement pro-écrans (même Serge Tisseron le critique aujourd'hui) était loin d'être celui de "la sagesse" : "émerveillement attentif" certainement, "prudence lucide" aucunement.

Il a d'ailleurs, par son ample réception médiatique, constitué une porte grande ouverte pour le basculement des parents et des enfants dans un monde numérique non pensé...

En plus d'une partialité criante dans ses oublis (volontaires ?) et très parento-centré (l'angle étrange de la culpabilisation des parents), un article relativiste, particulièrement confus dans sa logique interne ou le choix de ses exemples, contradictoire puisqu'il mélange tout (les âges des enfants, les injonctions sanitaires, les usages personnels et les usages scolaires) et débouchant sur des conclusions contradictoires sur le numérique scolaire ou des recommandations particulièrement brouillées.
Dernière édition: 13 Mai 2018 09:52 par Loys.

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17 Mai 2018 20:28 #20976 par Loys
www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...620514388644166.aspx

Numérique : "Présence raisonnée" avant 7 ans

"Il nous faut être attentifs au fait que, selon de plus en plus d’études, l’addiction aux écrans peut être très négative pour les enfants, notamment entre zéro et sept ans. Nous devons délivrer en permanence ce message de santé publique, qui implique non pas l’absence de numérique avant sept ans, mais une présence très raisonnée de ces outils et la primauté de ceux qui, parmi eux, ne comportent pas d’écran", a affirmé le 15 mai JM Blanquer devant l'Assemblée nationale. "Car le numérique, ce ne sont pas seulement des écrans : ce sont aussi des robots et tout un ensemble d’interactions qui ne sont pas néfastes quand elles ne présentent pas ce risque d’addiction aux écrans". Le ministre semble toujours hésiter entre des discours hostiles au numérique et une certaine fascination. "Ces préventions étant rappelées, les technologies numériques comportent évidemment de très grands atouts pour l’acquisition des savoirs fondamentaux. Sur ces questions, je souhaite positionner le ministère de l’éducation nationale à l’avant-garde nationale, et même mondiale. Nous ouvrons d’ailleurs très prochainement un Lab de l’éducation nationale à cette fin".

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20 Jui 2018 21:25 #21103 par Loys
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24 Jui 2018 08:23 #21109 par Loys
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04 Aoû 2018 20:04 - 24 Juil 2022 10:22 #21224 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet "Autisme virtuel" (article Wikipédia)
La page "encyclopédique" sur l'autisme virtuel, créée le 9/06/18, est en ligne sur Wikipédia depuis deux mois : fr.wikipedia.org/wiki/Autisme_virtuel

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Attention : Spoiler !


Elle mérite de notre part quelques commentaires.

1. Un contributeur de bonne foi... ou un militant engagé ?

Attention : Spoiler !

2. Une définition fausse et contradictoire

Attention : Spoiler !

3. Des amalgames et des digressions sans lien avec l'autisme virtuel

Attention : Spoiler !


4. Contradictions internes et omissions

Attention : Spoiler !


5. Partialité et diffamation

Attention : Spoiler !


Conclusion

Attention : Spoiler !


Édition du 6/08/18 : cette analyse a été réfutée d'un tweet par Stéphanie de Vanssay (SE-Unsa) avec une argumentation quelque peu sommaire : "Dites amis Wikipédiens de ma TL c'est normal ça ? Le pourrisseur qui se vante de faire modifier Wikipédia si ça l'arrange avec un débunkage qui n'en est pas un !?" . Curieusement, l'instrumentalisation de Wikipédia pour promouvoir ses propres convictions dérange moins la responsable du SE-Unsa.

Édition du 25/08/18 : un nouvel article a été créé le 11/08/18 par les deux mêmes contributeurs, de facture un peu plus neutre mais où les biais apparaissent de façon assez évidente, avec la mise en valeur de Yann Leroux : "Surexposition aux écrans chez les jeunes" .

Édition du 20/06/20 : les diverses plaintes ont été déboutées en janvier et février 2020 : aucune mention dans l'article en juin 2020. Une étude scientifique importante publiée dans "JAMA Pediatrics" en avril 2020 ( cf infra ) a corroboré la thèse de l'autisme virtuel à partir d'une cohorte de plus de 2000 enfants : aucune mention dans l'article Wikipédia deux mois plus tard.

Édition du 17/07/20 : *Amélie Tsaag Varlen n'est pas "prof' à la Sorbonne nouvelle" (contrairement à sa présentation sur Twitter) et ne mène pas d'activités de recherches scientifiques (contrairement à sa présentation Wikipédia).

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Édition du 14/02/21 : Copper Lebrun demande le retrait du bandeau "Controverse de neutralité".

Édition du 22/07/22 : quatre ans après la création de la page et deux ans après le rejet des plaintes, toujours aucune mention de ce rejet dans cet article "encyclopédique".
Dernière édition: 24 Juil 2022 10:22 par Loys.

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20 Oct 2018 10:30 - 20 Oct 2018 10:50 #21470 par Loys
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risinguparis.com/les-bebes-et-les-ecrans...non-sur-la-tendance/


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Curieux chercheurs animant un petit business de "solutions"...

risinguparis.com/

Nos Solutions
A l’heure des grandes transformations digitales et organisationnelles, nos solutions permettent d’accompagner les entreprises et organisations au déploiement de leur stratégie en s’appuyant sur la démarche et les dernières connaissances issues de la recherche scientifique."

Notre vision
Et si l’apport des sciences auprès des entreprises avait toujours été sous-estimé ?


twitter.com/Risinguparis

Rising Up est une entreprise innovante spécialisée dans l’accompagnement des transformations des grandes organisations. #consulting #training #research


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Voir aussi :
www.liberte.paris/liberte-living-lab

ENGAGÉ POUR UNE INNOVATION TECHNOLOGIQUE CIVIQUE ET SOCIALE, LE LIBERTÉ LIVING-LAB ENCOURAGE LE DÉVELOPPEMENT DE PROJETS ENTREPRENEURIAUX EN FAVEUR D'ENJEUX DE BIEN COMMUN. IL RÉUNIT DANS UN ESPACE DE 2000M2 AU CŒUR DE PARIS UN COLLECTIF DE 200 RÉSIDENTS FRANÇAIS ET INTERNATIONAUX AUX PROFILS PLURIDISCIPLINAIRES : START-UPS TECH D’INTÉRÊT GÉNÉRAL, ÉQUIPES DE GRANDES ENTREPRISES (LABS INNOVATION ET INTRAPRENEURS), CHERCHEURS, DESIGNERS ET MISSIONS DE SERVICE PUBLIC.

TOUS CONJUGUENT ENTREPRENEURIAT, TECH ET DESIGN SUR DE GRANDS ENJEUX DE SOCIÉTÉ : FUTUR DU TRAVAIL, ÉDUCATION, TRANSFORMATION DES TERRITOIRES, TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, SANTÉ, CULTURE OU ENCORE DÉMOCRATIE.

twitter.com/LIBERTE_LL

Liberté Living-lab
We accelerate initiatives that merge tech breakthrough and key societal challenges. We gather startups, designers, researchers, corporations and public actors.

Dernière édition: 20 Oct 2018 10:50 par Loys.

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