Carte scolaire et mixité
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Avec l'orientation choisie, les demandes de dérogation n'auront plus lieu d'être.Depuis 2007, il y a eu près de 630 000 demandes de dérogations déposées et près de 440 000 accordées, précise le ministère, soit en moyenne 73 000 dérogations obtenues chaque année pour 105 000 demandes.

C'est finalement assez peu. Mais à la vérité, les dérogations peuvent s'obtenir avec des moyens beaucoup moins officiels. Le plus simple - pour ceux qui le peuvent - étant encore de se domicilier là où l'on veut que ses enfants soient scolarisés.Ces chiffres concernent "pour un peu moins de deux tiers l'entrée en sixième et pour un gros tiers l'entrée en seconde". Les dérogations accordées représentent environ 7,5 % des élèves scolarisés. Parmi les demandes de dérogation, moins de 2 % concernent un handicap, les bourses sociales "n'ont jamais dépassé 10 %", tandis que les "parcours particuliers", officiellement fondés sur des considérations pédagogiques, "représentent à la rentrée 2011 près de 19 % des demandes", indique la Rue de Grenelle.
C'était prévisible, mais la vérité, c'est que les ghettos n'ont pas attendu cet assouplissement, malheureusement.Le ministre de l'Éducation nationale Vincent Peillon, qui prône la mixité sociale et scolaire, souhaite revenir sur l'assouplissement de la carte scolaire, sous une forme qui reste à définir. Une mission devra rendre ses conclusions "prochainement". Un rapport du Sénat publié en juin a qualifié d'"échec" l'assouplissement de la carte scolaire intervenu en 2007, car il a "ghettoïsé" des établissements défavorisés.
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- archeboc
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Loys dit: C'est finalement assez peu. Mais à la vérité, les dérogations peuvent s'obtenir avec des moyens beaucoup moins officiels. Le plus simple - pour ceux qui le peuvent - étant encore de se domicilier là où l'on veut que ses enfants soient scolarisés.
A-t-on des statistiques sur ce phénomène ? Il y a évidemment les gens qui choisissent leur domicile en fonction d'une stratégie scolaire, mais je pense surtout aux gens qui se font domicilier chez un ami, un cousin, ou à l'adresse d'un local inhabitable pour entrer dans la carte d'un bon établissement. Sait-on combien de passage en 6e sont touchés par ce phénomène ?
Sinon, il y a tout simplement le passage dans le privé.
S'il est difficile d'évaluer l'importance de chaque tactique, on peut en revanche très facilement mesurer leur importance globale : à partir de la carte scolaire et des effectifs des écoles primaires, les rectorat savent, pour chaque collège, combien d'enfants devraient entrer en 6e. Ils connaissent aussi les effectifs réels. Dans l'est parisien, on voit trouve facilement des collèges pour lesquels le rapport est de 3/4 : sur 4 élèves, 3 seulement restent dans le collège du secteur, 25% des effectifs du primaire disparaissant d'une façon ou d'une autre.
Naturellement, ces chiffres sont secrets. Les proviseurs, en particulier, détestent les voir sortir.
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J'avais lu des chiffres impressionnants il y a quelques années sur toutes les stratégies d'évitement, mais je ne sais pas quel crédit leur accorder. Il faudrait que je remette la main dessus.archeboc dit: A-t-on des statistiques sur ce phénomène ? Il y a évidemment les gens qui choisissent leur domicile en fonction d'une stratégie scolaire, mais je pense surtout aux gens qui se font domicilier chez un ami, un cousin, ou à l'adresse d'un local inhabitable pour entrer dans la carte d'un bon établissement.
Sinon, la méthodologie consistant à étudier combien d'enfants d'un secteur sont finalement affectés dans le collège qui correspond pourrait effectivement être instructive, mais elle néglige les adresse fictives ou les déménagements en vue d'un contournement.
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- archeboc
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Loys dit: J'avais lu des chiffres impressionnants il y a quelques années sur toutes les stratégies d'évitement, mais je ne sais pas quel crédit leur accorder. Il faudrait que je remette la main dessus.
Je suis intéressé.
Loys dit: Sinon, la méthodologie consistant à étudier combien d'enfants d'un secteur sont finalement affectés dans le collège qui correspond pourrait effectivement être instructive, mais elle néglige les adresse fictives ou les déménagements en vue d'un contournement.
Si le déménagement a lieu dans l'année qui précède le passage en 6e, il est compté dans la statistique : l'élève de CM2 va manquer en 6e. De même pour la domiciliation fictive : on passe en domiciliation fictive quelques mois avant le passage en 6e.
Le seul problème de la méthode, c'est qu'elle compte comme "évitement scolaire" toutes les causes de déménagements (par exemple pour cause d'agrandissement de la famille) lorsqu'ils ont lieu juste avant le passage en 6e. Mais le biais doit être facile à compenser.
Loys dit: [..] pourrait effectivement être instructive,
Le conditionnel est de trop : cette méthode est utilisé par les rectorats pour faire leurs prévisions de flux d'élèves entrant en 6e dans chaque collège. C'est à partir de ces prévisions que les cartes scolaires sont redécoupées. Tout ce qui manque, c'est que les rectorats publient les chiffres.
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Dans "Le Figaro" du 15/04/13 : "La course au contournement de la carte scolaire bat son plein à Paris ".
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cache.media.education.gouv.fr/file/2013/..._scolaire_263153.pdf
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C'était prévisible (p. 39) :
Objectif de lutte contre les inégalités sociales atteint !Les familles indifférentes au choix sont parfois celles qui sont peu investies dans le parcours scolaire de leurs enfants, mais elles représentent une faible minorité des familles d’enfants entrant en sixième. La méconnaissance du choix pose en revanche le problème du niveau d’information dont disposent les familles à la fois sur la procédure de dérogations et sur leur capacité à entrer dans cette procédure, avec ce qu’elle requiert, fût-ce a minima, d’intérêt, de connaissances de l’institution ou de gestion d’une demande. Il y a fort à craindre que certaines familles de milieux défavorisés, à cause par exemple d’une maîtrise mal assurée de la langue française, n’aient ni eu accès à l’information, ni pu concevoir qu’elles seraient capables de gérer un dossier

p. 40
Un exemple en Gironde, avec l'effet de domino (p. 41)si la mission a pu constater quelques situations, comme celle d’un collège de Concarneau, où l’évitement a pu déclencher
le ressaisissement d’un collège qui a décidé de réagir, elle a constaté que, dans la plupart des cas, les transferts d’élèves autorisés par les dérogations ont plus souvent renforcé des déséquilibres préexistants ou en ont créé de nouveaux.
p. 46On s’aperçoit que, quantitativement, le collège public le plus évité perd plus de 26 % d’élèves potentiels au profit des autres collèges publics (à bonne réputation), dont deux perdent respectivement 37 % et 56 % de leur potentiel d’élèves au profit des établissements privés proches. Tout se passe comme si les dérogations entrantes accordées à ces deux collèges compensaient (partiellement) leurs pertes d’élèves en direction du privé. Le système local de fait ainsi créé renforce l’évitement dont fait l’objet le collège A. Camus.
p. 50-51L’effet de la concurrence sur les établissements évités En dehors de ces effets de répartition différentielle de la population scolaire dans toutes ses composantes, les flux dérogatoires ont aussi des effets sur la vie pédagogique des établissements ou sur l’efficacité du parcours des élèves. On citera notamment l’effet de démoralisation des équipes dans certains collèges évités, alors même que leur travail assure des réussites objectives pour les élèves. Ces équipes expriment un double sentiment,
d’abandon par les pouvoirs publics et d’impuissance devant l’évitement de leurs collèges, sans compter l’image négative que cela leur renvoie de leur action d’une façon ressentie comme injuste. D’abandon, parce qu’ils n’ont pas (à tort ou à raison) l’impression que leurs établissements reçoivent un accompagnement à la hauteur des enjeux, mais aussi parce que pour eux, l’assouplissement de la carte scolaire, en donnant priorité aux logiques individuelles au détriment des enjeux collectifs de l’école, est un renoncement du service public. D’impuissance, parce qu’ils ont l’impression que leur action n’a pas de prise sur leur réalité.
Le risque est alors grand que ces équipes ne finissent par s’épuiser, avec comme conséquences des demandes de mutations hors de ces établissements, induisant un turn-over important de la population enseignante, dont toutes les études montrent qu’il est préjudiciable à l’efficacité pédagogique. Les collèges évités ont d’ailleurs souvent des enseignants en service partagé, qui de fait sont moins disponibles pour un travail suivi dans ce type d’établissement.
Préconisations :À ce stade, un bilan au niveau national portant sur les collèges RAR fait apparaître que l’évitement de ces collèges, qui était antérieur dans la plupart des cas à l’assouplissement, a continué de 2008 à 2011 en s’accentuant légèrement. Pour les plus évités d’entre eux, comme ceux que la mission a pu étudier, cet état de fait était déjà acquisdès 2007. Divers auteurs ont souligné ce fait, comme Oberti et al. (2011), qui ont montré dans la région parisienne que les collèges concentrant des CSP défavorisées ou des étrangers ont vu leur homogénéité sociale se renforcer depuis 2007, ce qui indique qu’ils ont perdu encore plus d’élèves de classe moyenne, situation que l’on retrouve pour certains collèges RAR. Reste qu’un sentiment de relégation dans ces collèges peut se renforcer pour les familles qui n’ont pu bénéficier de cet assouplissement, compliquant de fait la vie de ces établissements. De plus, la perte d’élèves finit par poser de réels problèmes d’organisation pédagogique interne à ces établissements : un collège des Yvelines a résolument fait le choix de regrouper les quelques élèves issus des CSP moyennes ou favorisées dans une seule classe par niveau, faute de quoi il s’exposait à des demandes de dérogation. Les parents d’élèves rencontrés ont confirmé l’importance déterminante que cet argument de constitution des classes avait eue dans leur choix de ne pas demander de dérogation. On peut du reste être dubitatif sur l’intérêt pédagogique qu’il y aurait à répartir ces quelques élèves à raison d’un ou deux par classe, tant l’isolement ainsi provoqué pourrait être préjudiciable à leur intégration sociale et à leur engagement scolaire. Cela donne aussi les limites d’un certain volontarisme en termes de constitution de classes hétérogènes, avec des collèges qui n’offrent plus l’équilibre social minimal pour que ce type de pratique soit efficace.
p. 54
Fût-il souhaitable, le retour au statu quo ante n’est plus possible, car il apparaîtrait pour beaucoup de familles, qu’elles se soient ou non saisies de la « liberté » nouvelle qui leur était annoncée, comme une régression inexplicable. En outre, de l’avis de la mission, le retour pur et simple à une application stricte de la carte scolaire ne contribuerait en rien à l’amélioration de la situation des collèges en difficulté ni à un meilleur équilibre social des établissements. La mission souhaite en tout état de cause s’écarter d’une réponse en noir ou blanc à la question de savoir s’il faut retourner à un régime strict de carte scolaire ou s’il faut poursuivre
son assouplissement en vue de son effacement.
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- Euler
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- la présence des écoles privées qui annihile de fait toute tentative d'un retour à une vraie mixité. Les familles que l'on contraindrait à rejoindre des collèges pourris, fussent-elles issues de dix générations de radicaux de gauche bouffe-curés et enclines à verser des larmes le poing sur la poitrine dès qu'elles lisent "liberté égalité fraternité", se jetteraient dans les bras de l'enseignement catholique. Ou déménageraient, quitte à d'endetter au-delà du raisonnable, dans un quartier moins populaire.
- d'expérience, je dirais qu'à partir de 6 élèves "en très grande difficulté" dans une classe, il faut renoncer à une grande partie de ses ambitions pédagogiques. Or, la proportion nationales des élèves à problème semble aujourd'hui dépasser le seuil de 20%. Si donc on parvenait (ce que je crois impossible) à homogénéiser la répartition de ces enfants dans toutes les classes (qui comptent 30 élèves et plus), on aboutirait à 100% d'une classe d'âge dans des classes où enseigner est difficile.
La question de la carte scolaire ne peut donc être résolue que si :
- on supprime l'école privée

- et si on parvient à réduire à la fin de l'école primaire le nombre d'élèves
Autrement dit, mission impossible en l'état actuel du fonctionnement du système éducatif français.
Bon, je caricature un peu

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- Loys
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Les décisions de la nation sont souveraines et ce retour en arrière, même vers une situation non satisfaisante, me semblerait de toute façon très "explicable" compte tenu des conclusions effarantes du rapport ... Voilà qui me semble caractéristique d'un certain renoncement de l'institution.Fût-il souhaitable, le retour au statu quo ante n’est plus possible, car il apparaîtrait pour beaucoup de familles, qu’elles se soient ou non saisies de la « liberté » nouvelle qui leur était annoncée, comme une régression inexplicable.
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- archeboc
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* A partir du moment où je profiterais moi-même totalement de toute opportunité que me donnerait le système pour sauver la scolarité de mes enfants (et en tant qu'IG ils disposent de ces opportunités) il est moral (au sens de Kant) de ne pas charger les autres familles d'une contrainte que je me refuse moi-même à porter.Loys dit: Il n'empêche que cette considération de l'IGEN laisse songeur :
Les décisions de la nation sont souveraines et ce retour en arrière, même vers une situation non satisfaisante, me semblerait de toute façon très "explicable" compte tenu des conclusions effarantes du rapport ... Voilà qui me semble caractéristique d'un certain renoncement de l'institution.Fût-il souhaitable, le retour au statu quo ante n’est plus possible, car il apparaîtrait pour beaucoup de familles, qu’elles se soient ou non saisies de la « liberté » nouvelle qui leur était annoncée, comme une régression inexplicable.
* Les conclusions du rapport sont effarantes, mais pas plus effarantes que la situation antérieure. Donc le gain d'un retour à la situation antérieur est nul, pour un coût politique non négligeable.
* La solution, encore et toujours, c'est de faire des classes de niveau.
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Et cet éditorial : "Carte scolaire : L’assouplissement est bien un leurre".
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- mihailovich
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Une question de logique me taraude : comment peut-on viser simultanément l'autonomie et l'égalité entre établissements ?
Et cette autonomie - y compris (ou surtout ?) lorsqu'elle se veut "pédagogique", n'entraîne-t-elle pas de fait une autonomie administrative, à savoir précisément ce que le Ministre prétend écarter ?

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- archeboc
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www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...616551009625182.aspxCarte scolaire : Un comité scientifique est nommé
N Vallaud Belkacem a annoncé le 9 mars la nomination d'un comité scientifique chargé d'accompagner le ministère dans la définition de la nouvelle carte scolaire. Celle ci doit permettre de lutter contre la ségrégation scolaire en proposant de nouveaux secteurs de recrutement pour les collèges. Le comité scientifique comprendra Agnès Van Zanten, Pierre Merle et Eric Maurin.
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Bref, prendre pour cible les options est assez absurde...En réalité, voilà déjà plusieurs années qu’on ne peut plus, dans la majorité des cas, déroger au système au motif d’une initiation au chinois ou de l’étude du russe en langue vivante 3.
Tout à fait annexe dans la ségrégation scolaire.Reste aussi la question des collèges privés.

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Najat Vallaud-Belkacem a promis, « d'ici l'été », une expérimentation pour redécouper « des secteurs communs à plusieurs collèges », avec « des critères d'affectation clairs pour les familles » et la prise en compte de l'enseignement privé. Un sujet encore plus délicat que l'actuelle réforme du collège.
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- "Le Monde" (abonnés) : "Le gouvernement étudierait une refonte de la carte scolaire pour plus de mixité sociale"
- "L'Express" : "Carte scolaire: des collégiens affectés en fonction de leur catégorie sociale?"
- "Libération" : "Ecole : l’opération mixité est lancée"
- "France Info" : "Mixité au collège : la carte scolaire bientôt redessinée ?"
- "Le Monde" : "Carte scolaire : la marge de manœuvre limitée du gouvernement"
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Libération dit: «Oui, enfin quand vous n’avez aucune mixité sociale sur l’ensemble de la ville, vous faites comment ?» questionne Stéphane Troussel.

Citons le rapport du CNESCO : "Dans 45% des collèges, c’est la ségrégation scolaire qui dépasse cette ségrégation «aléatoire» obtenue par les simulation". Mais le CNESCO montrait surtout que cette ségrégation était très faible au collège...Le Monde dit: Or, dans les faits, la situation des collèges est loin du compte. En mai, le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) indiquait que 45 % des collèges mettaient en œuvre de « manière active » des formes de ségrégation entre les classes.
"avec les collèges "ghettos"" : rien que ça !L'Express dit: Comme L'Express le révélait dès le mois de janvier, la ministre de l'Education nationale s'est mis en tête d'en finir avec les collèges "ghettos", ces établissements parfois difficiles qui accueillent majoritairement des jeunes issus de milieux défavorisés. Des collèges sans aucune mixité sociale, soigneusement contournés par les parents "bien informés" des classes plus favorisées socialement.
S'agissant des établissements difficile, ce mythe des parents "bien informés" ne laisse de surprendre...

Que donneraient de tels secteurs sur une carte comme celle de l'arrondissement de Nanterre ?Selon Libération, le ministère a décidé de passer la seconde sur ce dossier très sensible. La rue de Grenelle s'apprêterait en effet à annoncer début novembre une série d'expérimentations dans une dizaine de départements. Serait testé grandeur nature le principe des secteurs "multi-collèges", déjà évoqué dans la circulaire de janvier. Parmi les départements-tests, la Seine-Saint-Denis.
Les deux seules possibilités, pour ceux qui peuvent se le permettre : déménager ou choisir le privé.Aujourd'hui et depuis 1963, l'affectation en collège se joue sur l'adresse des parents de l'enfant. Difficile de déroger à cette carte scolaire, même "assouplie" en 2007, à moins de choisir le privé, de déménager ou de demander une option "rare" qui n'est pas proposée par le collège du secteur -et encore, cette dernière possibilité reste très encadrée par les rectorats.
Effectivement.En 2007 et les années qui ont suivi, l'assouplissement de la carte scolaire avait logiquement entraîné une accélération du phénomène d'évitement de certains collèges à la mauvaise réputation, qu'elle soit justifiée ou pas. Une étude du ministère de l'Education nationale en 2013 soulignait également une hausse des inscriptions dans le privé. Pas sûr que l'affectation autoritaire d'un enfant dans un collège éventuellement loin de chez lui sur la base de critères sociaux contribuent à endiguer cette "fuite" vers les établissements privés.
Mais si on considérait que le privé fait partie du problème de la mixité ?
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- Loys
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Problème de formulation ("au sein de", "en collège") : il s'agit bien ici de la ségrégation inter-établissements. L'étude du CNESCO ne constituait nullement une "révélation" de ce point de vue.Pour mesurer le degré de mixité entre des enfants de diverses origines sociales au sein d'un même établissement, les collèges disposent des déclarations des familles lors de l'entrée de l'enfant dans le secondaire.
En France, cette ségrégation est "importante" en collège et lycée, bien que l'objectif de mixité sociale soit inscrit dans la loi sur l'école de 2013, révélait en mai une étude de deux chercheurs de l'Ecole d'économie de Paris, Son Thierry Ly et Arnaud Riegert.
Pour la ségrégation intra-établissement, selon le CNESCO, "la composition des classes a un effet relativement limité sur la ségrégation sociale, puisqu’elle ne représente que 20% de la ségrégation totale."
Ces "secteurs" ne concerneront pas l'enseignement privé...Une piste évoquée par le ministère est la création de secteurs multi-collèges, accompagnés de critères d'affectation des élèves.
Ne sont "affectés" par définition que les élèves du public.Actuellement, les collégiens sont affectés, par l'académie et le département, dans un établissement donné en fonction de leur adresse.

L'enseignement privé, lui, ne sera pas affecté.
Les sections bilangues et l'option latin ne permettent en rien ces stratégies. Au contraire, elles contribuent à la mixité entre les établissements.Dans les grandes villes principalement --beaucoup moins en milieu rural--, ce critère se traduit par le regroupement d'enfants d'un même milieu au sein d'un établissement. Et le recours par les mieux informés à des stratégies de contournement de la carte scolaire (choix d'une option qui permet d'aller dans le "bon collège"), et surtout un départ dans le privé.
Seules dérogations éventuelles possibles : "les élèves qui doivent suivre un parcours scolaire particulier (dans un collège à recrutement spécifique : une classe à horaire aménagé, une section internationale, une section sportive, un dispositif pour les élèves intellectuellement précoces.) "
Reste à savoir si cette mesure ne sera pas considérée comme "coercitive" : on peut en douter puisqu'à l'imposition d'un établissement s'ajouter son éventuel éloignement.Pas question cependant de demander à des jeunes de fréquenter un collège à des kilomètres de chez eux pour obtenir une mixité des populations. Le ministère pourrait donc s'orienter vers la création de secteurs multi-collèges: plusieurs établissements pour un secteur donné et des critères (sociaux?) pour la ventilation des enfants dans ces écoles.
Pour Julien Grenet, chercheur au CNRS et à l'Ecole d'économie de Paris, les logiques "coercitives" sont souvent vouées à l'échec. Il prône la création de "secteurs multi-établissements avec des choix des familles régulés": les parents émettent des voeux d'affectation au sein des trois ou quatre collèges du secteur, le rectorat distribue les élèves en tenant compte des desiderata et de l'origine sociale des enfants.
Il faut donc supprimer l'enseignement privé, dont la raison d'être est cette absence de mixité...Mais au fait, est-il souhaitable d'avoir plus de mixité sociale à l'école? La ségrégation sociale est nuisible pour les apprentissages des élèves les plus en difficulté, elle renforce les apprentissages des élèves les plus favorisés et elle est neutre pour les autres, selon la sociologue Nathalie Mons. "En revanche, elle nuit à tous les élèves en termes de cohésion sociale, attitude citoyenne et tolérance".
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- Hervé
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Soit il s'agit de mettre les élèves des quartiers défavorisés dans d'autres établissements, et c'est bien difficile : problème de transports, stigmatisation (ils seront les étrangers du nouvel établissement) et discrimination (comment choisira-t-on dans un quartier donné ceux qui resteront dans l'établissement le plus proche et ceux qui seront affecté dans l'établissement plus lointain ?).
Soit il s'agit de faire l'inverse : mettre les élèves des établissements favorisés dans les établissements de quartiers défavorisés. Et la mesure est vouée à l'échec parce que les parents s'y opposeront (dérogation et recours au privé).
En fait il faudrait vraiment faire de ces bahuts "difficiles" des établissements d'excellence, susceptibles de garder les meilleurs élèves "locaux" et d'attirer ceux de l'extérieur de la zone pour arriver à un plus grand mélange. Il faudrait également s'attaquer réellement à la concurrence faussée du privée. Mais ça demanderait volonté et moyens. Mieux vaut faire du bruit...
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- Loys
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Accuser une poignée de professeurs de latin ou d'allemand de "ségrégation", c'est moins de dangereux que de s'attaquer à celle de l'enseignement privé.
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