Dossier AFEF : "Le français, trait d’union entre les disciplines"

Plus d'informations
18 Jan 2016 18:10 - 18 Jan 2016 18:13 #15695 par Loys
Tombant à pic pour la réforme du collège 2016, ce dossier de l'AFEF (l'Association française "des" (sic) enseignants de français) vantant les qualités interdisciplinaires du français : "Ambitieux en Français n°2 - Le français, trait d’union entre les disciplines - Les langages, vecteurs d'interdisciplinarité" .
En même temps Jean-Michel Zakhartchouk a participé à la rédaction des programmes...

Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Dernière édition: 18 Jan 2016 18:13 par Loys.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
18 Jan 2016 19:08 - 18 Jan 2016 20:30 #15697 par Loys

L’école est-elle vraiment en train changer ? Et si changement il y a, comment agir, en tant que professionnels, pour que ce soit pour le meilleur, pour le tissage des savoirs, la construction d’une culture à la fois commune et plurielle, l’outillage d’une citoyenneté effective où chacun est doté des outils pour prendre en main son destin ?

Quelle virtuosité dans la maîtrise des compétences langagières d'une nouvelle professionnalité proactive et innovante ! :santa:

Le français n’est pas seulement en effet le trait d’union entre les disciplines, il est dans la classe le vecteur de tous les apprentissages scolaires, sociaux, civiques, il est l’instrument principal du développement de la pensée autonome, singulière, critique que l’école cherche à promouvoir, il est l’instrument premier de la construction identitaire et de son corollaire indispensable le sentiment d’appartenance, l’intégration sociale et d’abord scolaire. Voilà finalement les questions dont ce dossier traite de façon très diverse, on le verra. Ce sont des questions difficiles qui demandent des ruptures dans les représentations du travail de l’enseignant, avant et pendant la classe, dans les conceptions du langage, les représentations des causes de l’échec scolaire.

C'est vrai qu'il est bon de s'intéresser à ces causes dans le secondaire. :santa:
On notera que l'enseignant est ignare, victime de "représentations erronées" : heureusement qu'il est représenté dignement par l'AFEF !

La question de la place du français dans l’interdisciplinarité revient certes dans les articles de manière centrale (actualité du débat sur les EPI oblige). Elle n’occulte pas d’autres réflexions sur la manière d’enseigner autrement, mieux, de façon plus efficiente pour tous, le français dans la classe de français.

Il est en effet bon de rappeler que "autrement", ce n'est pas forcément "mieux".

On pourra lire au travers des articles des tentatives de réponse à différents types de problèmes que pose notamment l’interdisciplinarité :
- La complémentarité des objets d’enseignements : lecture-écriture-langue, et celle des tâches, proposés dans deux ou trois disciplines autour souvent d’un projet commun : comment connecter (tisser) ces apprentissages pour faciliter appropriation et transfert d’un domaine scolaire à l’autre ?

On a vu les effets merveilleux du décloisonnement dans la séquence didactique, notamment sur les élèves les plus faibles.

- Un questionnement renouvelé sur les finalités sociales et civiques des contenus d’enseignement au regard de la formation d’un individu autonome, un individu capable d’une lecture, compréhension, interprétation critique du monde actuel.

La lecture des textes serait déjà un bon début.

- Un questionnement renouvelé sur la langue et ses facéties, sa capacité à signifier différemment.

:scratch:

- Une réflexion sur les élèves notamment les plus en difficulté et les conditions d’appropriation des apprentissages : situations complexes, longues, résolution de problèmes multiples, rencontres culturelles, demandant des postures d’apprentissage différentes, des usages différents de la langue dans des contextes scolaires et sociaux, sur des terrains, espaces et disciplines associées.

Voilà qui est d'une grande limpidité ! :santa:

- La quête de gestes didactiques et procédures précises permettant aux élèves de développer leur autonomie critique en matière de lecture, d’écriture et de lecture.

Après que l'École moderne a soigneusement effacé toute tradition d'enseignement, voici qu'elle entre dans la "quête" de ce qu'il conviendrait de faire pour remplir la première de ses missions. Voilà qui est rassurant !

- Une autre manière de concevoir le métier enseignant, ses responsabilités, ses tâches centrales : l’invention de dispositifs complexes, longs, cohérents, adaptés à la classe, pour donner du sens et du lien aux apprentissages multiples, et l’accompagnement pas à pas des élèves dans leur mise en œuvre. La patience et la persévérance nécessaires face aux résistances et aux difficultés institutionnelles.

Difficile de faire plus nébuleux !
Quant à l'accompagnement personnalisé en classe entière, c'est effectivement une grande (et mystérieuse) conquête de l'École moderne ! :santa:

- Le positionnement de la communauté professionnelle des enseignants par rapport à ces questions : pourquoi des enthousiasmes, pourquoi tant d’inquiétudes ?

C'est vrai "pourquoi des enthousiasmes" ? :rirej

Toutes ces questions traversent les différents articles que nous avons reçus.

En toute spontanéité !

Ils témoignent de l’engagement des enseignants à les résoudre dans l’invention dans l’action, dans la concertation avec leurs collègues, dans la réflexion, l’analyse et la recherche. Ils montrent aussi des différences de culture professionnelle entre des enseignants dont le statut est d’être polyvalent pour les enseignants de maternelle, du primaire et des lycées professionnels, ou monovalent pour ceux du collège et du lycée.

Les collègues de langues anciennes sont polyvalents, mais leur polyvalence coûte trop cher... :xx:

Mais au cœur de toutes ces tentatives, pistes nouvelles un problème professionnel demeure central : qu’est-ce qu’on évalue au final : les savoirs enseignés, les compétences travaillées ? La culture appropriée ? La motivation ? Les capacités à transférer ce qu’on apprend ? La capacité à s’ajuster aux divers modes de pensée des différentes disciplines ? Une pensée singulière, créative ? La capacité à penser en collectif ? La capacité à comprendre ses propres procédures de lecture, et d’écriture et à les contrôler mieux ?

:scratch: :rirej
Quant à la "motivation", la "créativité", la "capacité à penser en collectif", on se demande bien par quels moyens ahurissants elles pourraient être "évaluées".

Carole BOULAOUINAT, Alexandra MAHJOUBI, Pierre LE REUN, Liliane TUR : Un Enseignement Pratique Interdisciplinaire (EPI) « information, communication, citoyenneté » : construire un lecteur critique et autonome

C'est mieux qu'un lecteur crédule et dépendant, effectivement. :doc:

Le deuxième billet du groupe « Fristoire » présente une expérimentation en cours pour mettre en œuvre, à travers un EPI la construction d’une posture de lecteurs autonomes faisant preuve d’esprit critique.

Grâce à la "Fristoire", construisons des postures !

Dans l’œuvre de Guy de Maupassant, le système des personnages trouve l’une de ses cohérences dans la représentation des relations homme-femme et le dialogisme à l’œuvre entre les cultures de genre correspondantes. Une vie et Bel-Ami ayant été publiés respectivement en 1883 et 1885, leur proximité temporelle renforce l’intérêt de cette hypothèse de lecture. L’étude comparée des excipits de ces deux romans permet de résumer certaines caractéristiques à cet égard.
Dans un deuxième temps, cette problématique sera étudiée dans le cadre du cours d’enseignement moral et civique (EMC) : quelles impressions et réactions ont été celles des élèves à l’égard des personnages représentés et de leurs parcours respectifs ? La perspective étant celle d’une réflexion sur l’évolution des conditions de genre à travers l’histoire sociale et littéraire, et in fine d’une esquisse de méthodologie à caractère anthropologique.

Car la littérature par elle-même ne peut pas "faire sens"pour les élèves : heureusement l'EMC permet de tirer Maupassant de sa vacuité !

Jean-Michel LE BAUT, Lire-écrire en ligne - Cliquer pour lire et télécharger
Et si, jusqu’en cours de français, on allait lire et écrire depuis le lieu où désormais le monde nous traverse ? C’est le pari du projet pédagogique i-voix mené par des lycéens brestois et livournais depuis plusieurs années : sur un blog à la dynamique étonnante, ils travaillent leurs compétences de lecture et d’écriture, leurs capacités à créer, collaborer et communiquer, leur maitrise de la translittératie. Le numérique alors cesse d’être regardé comme l’ennemi du livre : il libère de nouvelles modalités de travail, élargit nos horizons, nous invite à écrire entre autant qu’à écrire sur.

Quand la didactique devient poésie...
Quelle chance : le projet est mené par les élèves eux-mêmes, et pas par le professeur !

Bernard CORVAISIER, Une simulation globale pour travailler l'interdisciplinarité dans une classe de 5ème : Meurtre à l'Abbaye de Tournus en 1200
Quand des professeurs d’histoire, de français, de musique s’associent pour faire écrire, lire, dire…

Les "simulations globales", vieille lune pédagogique.

5. La quête de gestes didactiques et procédures précises permettant aux élèves de développer leur autonomie critique en matière de lecture, d’écriture et de lecture.
Marlène LEBRUN, lire à haute voix, ça s’apprend - Cliquer pour lire et télécharger
Quels que soient l’âge des élèves et leur niveau d’avancement dans l’acculturation écrite, il importe de mettre la barre haut et de confronter les élèves à des tâches complexes qui leur permettent de construire activement les apprentissages tout en leur donnant du sens. Dès les années 1990, Philippe Meirieu insistait sur l’importance de confronter les élèves à des textes complexes comme les textes littéraires et non pas des écrits sociaux et fonctionnels comme les indicateurs d’horaires de trains.

Ce ne serait pas plutôt exactement l'inverse ? :shock:

Dans la perspective de l’ambition pour tous, au sens de Comenius, ce billet présente une piste qui permet de travailler l’oral dont l’importance est affirmée dans les nouveaux programmes.

La survalorisation de l'oral est précisément le contraire de "l'ambition pour tous".

Christiane RENNESSON, Nadia VOILLEQUIN, Le récit des mythes grecs au service de la compréhension du texte écrit en français et en mathématiques - Cliquer pour lire et télécharger
Comprendre un texte. Écrire un texte cohérent. Comment parvenir à l’acquisition de ces compétences pour des élèves en grande difficulté ? Comment ne pas condamner au silence et à l’ennui tous ceux qui, pour des raisons diverses,ne parviennent pas à donner du sens au texte, entendu, lu ou écrit ? Travailler la lecture et l’écriture conjointement semble une nécessité.

La nécessité, c'est surtout de s'interroger sur les compétences de lecture non acquises à l'entrée en 6e...

Le contact avec la langue écrite, qu’elle soit oralisée ou lue, permet de se confronter aux registres formels de l’écrit et d’appréhender les finalités de la lecture. Un professeur de français et un professeur de mathématiques prennent en charge le même groupe d’élèves pour les aider à entrer dans ces deux pans de la culture littéraciée.

Le rôle de l'interdisciplinarité avec les mathématiques reste assez nébuleux dans cette présentation.

7. Où en est la communauté professionnelle des enseignants par rapport à ces questions : pour quoi des enthousiasmes, pourquoi tant d’inquiétudes ?
Marion FEKETE, La bivalence pour construire des compétences et donner du sens aux apprentissages - Cliquer pour lire et télécharger
Exemples à l’appui, cette enseignante de lettres-histoire en Lycée professionnel analyse ce que la bivalence apporte à sa pratique professionnelle et aux apprentissages de ses élèves « […] la bivalence (voire la trivalence, histoire et géographie étant deux disciplines bien distinctes) a facilité ma prise de conscience du besoin de l’élève de faire des liens entre les différents apprentissages pour construire des compétences. Pour les élèves de baccalauréat professionnel par exemple, les connaissances, capacités et attitudes qui figurent au programme en histoire, en géographie ou en lettres sont au service de leur compréhension du monde ». Elle indique aussi à quelles conditions, selon elle, cette polyvalence est un enrichissement. Cliquer pour lire et télécharger

Curieux de confondre la bivalence, qui signe une compétence dans deux disciplines et correspond bien à deux disciplines distinctes, et l'interdisciplinarité qui mène un professeur à travailler conjointement avec des disciplines qu'il ne maîtrise pas. Ajoutons que la bivalence est recherchée par les candidats au concours des PLP, l'interdisciplinarité artificielles et ses modalités contraintes sont imposées dans les EPI de collège 2016.
En tout cas, la promotion de la bivalence au collège, voilà qui dessine un point commun entre l'AFEF et la Cour des comptes.

Dominique SEGHETCHIAN, La polyvalence vécue de l’intérieur, témoignages et perspectives - Cliquer pour lire et télécharger
A la fin de la dernière année scolaire, des collègues ont accepté de répondre à un questionnaire relayé par l’AFEF, le CRAP-Cahiers pédagogiques, le GFEN et l’association Interlignes des professeurs de lettres-histoire en lycée professionnel de l’académie de Versailles. Bien entendu cet « échantillon » ne saurait être considéré comme représentatif, tout ce qui est analysé ci-dessous doit être lu en conservant cette réserve à l’esprit. Pour autant les réponses apportées par ces collègues ne manquent pas d’intérêt à l’heure où l’école fondamentale unit primaire (maternelle et élémentaire) et collège, où le cycle 3 unit ces deux pans de l’institution et où nous allons tous devoir apprendre à travailler en interdisciplinarité.

C'est bien l'imposition d'une pédagogie en même temps qu'une atteinte à un statut professionnel. On comprend mieux les "inquiétudes". Enfin, pas pour l'AFEF !

Françoise GIROD, L’interdisciplinarité dans la voie professionnelle
Un des aspects qui mobilise les opposants à la réforme du collège est la question de l'interdisciplinarité. Beaucoup de collègues de français ont peur de perdre leur identité. D'autres craignent sincèrement de ne plus être en situation d'apporter aux élèves les connaissances et savoir-faire indispensables, de diluer les contenus disciplinaires dans un objet pédagogique mal identifié, les Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI).

Quelle bêtise ! :santa:

Or il existe déjà des enseignants de français, les professeurs de lettres-histoire de lycée professionnel (PLP) qui, parce qu'ils sont polyvalents, sont plus que d'autres habitués à faire jouer l'interdisciplinarité dans la construction des savoirs, à travailler le français dans un cadre non disciplinaire mais, grâce à leurs compétences disciplinaires et sans doute aussi à leur posture, savent quelles conditions permettent que l'interdisciplinarité soit utile aux apprentissages.

Mais pas grâce au fait qu'ils sont compétents dans deux disciplines ! :mrgreen:
Quelle curieuse confusion, encore une fois...

Comment ces enseignants vivent-ils cette bi-polyvalence ?

Bien puisqu'ils l'ont choisie...

Peut-on garantir qu’elle facilite le travail en interdisciplinarité avec leurs collègues des autres disciplines générales ou professionnelles ? Peut-on affirmer qu’elle renforce les apprentissages disciplinaires ? Si oui à quelles conditions ?

A vrai dire elle facilite surtout la gestion des ressources humaines...
Dernière édition: 18 Jan 2016 20:30 par Loys.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Propulsé par Kunena