"La réforme du collège : toujours en chantier" (Bernard Hugonnier)

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05 Mar 2016 22:14 #16068 par Loys
Dans "The Conversation" du 2/03/16 : "La réforme du collège : toujours en chantier" par Bernard Hugonnier, "co directeur du séminaire de recherche Ecole et république du Collège des Bernardins ; maître de conférences à Sciences po, Sciences Po".

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05 Mar 2016 22:40 - 06 Mar 2016 12:57 #16069 par Loys
Rarement lu autant d'inepties et d'incohérences dans un seul article. Détaillons.

Après la réforme du lycée au début de cette décennie, puis la réforme du primaire engagée sous la Loi de Refondation de l’école, voici la réforme du collège.

La "réforme du primaire", à part celle des rythmes scolaires, de quoi s'agit-il ? :shock:
En tout cas, l'auteur souligne ingénument la continuité politique entre la réforme du lycée et celle du collège. :devil:

Cette réforme était depuis longtemps attendue par les spécialistes de l’éducation. Ni primaire supérieur, ni petit lycée, le collège n’a jamais vraiment trouvé sa place.

Une phrase rituelle du progressisme et qui ne veut rien dire, si ce n'est qu'elle prépare à une remise en cause du collège unique...

Et pourtant il a un rôle primordial : assumer l’éducation des jeunes à l’âge le plus difficile, celui de la puberté ; et éviter que les choses ne s’aggravent, puisqu’à la sortie de l’école plus de 15 % des élèves ne maîtrisent pas les fondamentaux. Or, d’après PISA ils sont plus de 22 % à l’âge de 15 ans.

Bernard Hugonnier semble réciter au mot près l'argumentaire ministériel. Avec la même contradiction qui pointe le problème et cherche ailleurs la solution. :santa:

Ceci signifie que le collège ne résout pas les difficultés ; au contraire il les aggrave.

Il n'est pourtant jamais trop tard pour apprendre à lire, par exemple ! :santa:

D’où l’extrême importance de réussir la réforme du collège pour permettre une réussite d’un plus grand nombre et partant une meilleure insertion sociale.

M. Hugonnier ne semble pas connaître bien la question : jamais les élèves n'ont autant "réussi" à la sortie du collège : 8% d'une génération n'obtient pas le brevet en 2012 , un record ! :santa:

La question des pédagogies
On ne reviendra pas sur la question des langues, du latin et du grec, ni sur les classes bilingues qui ont fait couler beaucoup d’encre, mais qui sont l’arbre qui cache la forêt.

Oui, le mieux, c'est de ne pas en parler.

La réforme du collège présente en réalité une mesure principale : elle porte sur les pédagogies.

Et l'atteinte à la liberté pédagogique.

Il y a un renforcement de l’accompagnement personnalisé...

Non... On prélève sur les horaires disciplinaires des heures où l'accompagnement sera dit "personnalisé".

...de l’enseignement par petits groupes...

En demi-classe, à hauteur - au mieux - de 2,75h par semaine en 2016. Ces demi-classe serviront en priorité aux sciences ou aux langues. Pour l'accompagnement personnalisé, il faudra accompagner de façon personnalisée en classe entière.

...et par projets et de l’interdisciplinarité grâce aux espaces pratiques interdisciplinaires (EPI).

Sur des thèmes, avec une méthodologie, avec des équipes, un horaire, une durée imposés. :santa:

Ce sont des avancées importantes depuis l’abandon des itinéraires de découvertes (IDD), qui prévoyaient aussi le développement de projets interdisciplinaires et le travail en petits groupes.

Dont l'échec a été patent. :santa:

Mais la mise en œuvre de ces avancées sera difficile. Les inspecteurs et les chefs d’établissement peinent à trouver des solutions et les enseignants aussi. On peut d’ailleurs s’interroger sur l’option choisie par le ministère : développer l’interdisciplinarité à travers la coopération entre les enseignants. Dans d’autres pays, on l’atteint grâce à des enseignants qui sont bi ou même trivalents, une approche peut-être plus efficace.

Comme pour les professeurs de lettres classiques, dont on fait disparaître l'enseignement ? :santa:

Par ailleurs, en matière de pédagogie, on ne s’est pas interrogé sur le fait que, dans PISA où la France a une performance tout juste moyenne, si les élèves français répondent bien aux questions qui relèvent du cours en mathématiques et en sciences (ils ont donc la tête bien pleine)...

Par définition, il n'y a aucune question de cours dans PISA. Pur préjugé de M. Hugonnier, conforme à sa vision très idéologique de l'école.

...ils ont beaucoup plus de mal avec la résolution de problèmes de la vie courante (ils n’ont donc pas une tête bien faite).

Avec certains types de raisonnement qui sont plus propres aux systèmes éducatifs anglo-saxons. Adaptons donc notre école pour obtenir de meilleurs résultats dans PISA.

Une pédagogie plus inductive, sur le modèle des pays asiatiques qui raflent les premières places dans PISA, et moins hypothéticodéductive, devrait être envisagée pour permettre les succès d’un plus grand nombre.

Le succès... à PISA. :doc:
Évidemment, M. Hugonnier ne s'interroge pas vraiment sur les pays asiatiques qu'il donne en modèles.

Enfin, la question de l’usage du numérique, à travers des programmes enfin disponibles sur tablettes et ordinateurs et non pas sur la technologie du XVe siècle que sont les livres, prend du retard.

M. Hugonnier confond le livre et l'imprimerie. Les livres sont un peu plus anciens...
Provocation numériste qui oublie le plus important : les meilleures performances dans PISA sont obtenues sans la technologie du XXIe siècle. :santa:

Pourtant c’est sûrement avec le numérique que l’on pourra atteindre une école plus efficace et plus équitable.

Sûrement ! :santa:
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Collège unique
Par ailleurs, la réforme évite deux débats que l’on aurait aimé voir ouvrir : le collège unique et l’autonomie des établissements.
Sur la première question, la réponse du ministère est claire : on garde ce système et on le renforce même. Mais on ne dit pas vraiment pourquoi. Le lycée n’est pas unique, pourquoi le collège doit-il l’être ? Parce que l’on ne veut pas faire une orientation vers le technologique et le professionnel avant 15 ans ? Pourquoi pas ? Certains pays (par exemple, Allemagne, Autriche, Suisse) l’opèrent plus tôt et leur taux de chômage des jeunes est beaucoup moins élevé (25 % en France contre 9 % en Allemagne et 8 % en Suisse).

Curieux : il faut refonder le collège... en abandonnant le collège unique. Les voies du progressisme sont parfois impénétrables.
Bon, pas d'EPI en Allemagne...

Certes l’orientation à 11 ans est trop précoce et des passerelles doivent exister entre les trois parcours, mais pourquoi éviter ce débat crucial ? Est-ce parce que l’on veut protéger l’une des icônes de la République, l’école Républicaine symbole de l’équité ? Mais qu’en est-il exactement ?

Suivant les données de l’OCDE, la France est le pays où l’influence du milieu social sur les résultats des élèves (le déterminisme social) est parmi les plus élevés des 65 pays qui ont passé l’enquête PISA, et cet impact s’est accru sur la dernière décennie.

Nulle doute qu'une orientation plus précoce ne participera pas à la reproduction sociale !

En conséquence, les chances d’un jeune issu d’un milieu défavorisé d’arriver au sommet de la société sont minimes.

Qu'est-ce que le "sommet de la société" ? :scratch:

Et ce d’autant qu’il ne possède ni le capital social, ni les codes, ni les attitudes qui pourraient lui permettre d’être « reconnus » par l’élite en place. L’école républicaine et son avatar l’élitisme républicain recouvrent donc une bien faible réalité. Il serait plus judicieux de se fixer comme objectif de donner aux jeunes issus de milieux défavorisés toutes les chances d’acquérir rapidement un emploi.

:shock:

En cela l’école serait plus républicaine qu’à l’heure actuelle.

Bien loin de Condorcet…

L’autonomie des établissements en France est une des plus faibles des pays de l’OCDE.
Certes, la réforme en cours implique plus d’autonomie pédagogique avec 20 % de la dotation horaire globale laissée aux enseignements pour les EPI. Mais c’est là une petite autonomie, car elle ne concerne que l’enseignement.
Il n’y a rien sur l’autonomie en matière de gestion du personnel (recrutement, évaluation, décision de formation permanente des enseignants) ni sur la gestion financière. A nouveau, pourquoi ne pas lancer un véritable débat sur cette question ? Les pays, où l’autonomie est plus importante, ont souvent de meilleures performances de leurs élèves.

Oui, suivons l'exemple suédois...dont le système éducatif a dévissé dans PISA en douze ans (-6%) ! :cheers:

Le temps est venu de passer d’un fort centralisme, où on juge de la qualité d’un chef d’établissement à sa mise en œuvre des instructions ministérielles, à une décentralisation où le chef d’établissement, aidé par des professeurs principaux, dispose de nombre de responsabilités et est évalué sur la qualité des ses initiatives et de leurs résultats.

Tout ceci est bien nébuleux. De quelles "responsabilités" parle-t-on ?

Que conclure, en conséquence, sinon que cette réforme, dont on attendait qu’elle améliore la qualité, l’efficacité et l’équité de l’éducation au collège, se limitera à apporter une petite pierre à l’immense édifice de l’éducation nationale, grâce aux EPI, ce qu’avaient un peu fait les itinéraires de découvertes en leur temps avant d’être abandonnés. La réforme du collège reste donc en chantier.

Restons optimistes, malgré tout : les choses ne peuvent que s'améliorer avec les EPI. :santa:
Dernière édition: 06 Mar 2016 12:57 par Loys.

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09 Mar 2016 01:33 - 09 Mar 2016 01:35 #16086 par JCP
Bernard Hugonnier écrit :

Le lycée n’est pas unique, pourquoi le collège doit-il l’être ? Parce que l’on ne veut pas faire une orientation vers le technologique et le professionnel avant 15 ans ? Pourquoi pas ? Certains pays (par exemple, Allemagne, Autriche, Suisse) l’opèrent plus tôt et leur taux de chômage des jeunes est beaucoup moins élevé (25 % en France contre 9 % en Allemagne et 8 % en Suisse).

Petite remarque sur le chômage des jeunes en Europe : l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse ont des taux de fécondité qui tournent autour de 1,5 enfants/femme depuis les années 1980, alors que la France est à 2 enfants/femme. Bref, le problème de nos voisins de l'est, c'est le vieillissement de leur population et le manque de jeunes. La France n'a pas ce souci, mais un problème de marché de l'emploi fermé et qui ne fait guère de place aux jeunes : plus de 24% de chômage chez les moins de 25 ans.
Pour les taux de fécondité en Europe, voir :
www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/ch...dicateurs-fecondite/
Dernière édition: 09 Mar 2016 01:35 par JCP.

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16 Mar 2016 13:53 - 16 Mar 2016 19:44 #16157 par archeboc

JC écrit: Bernard Hugonnier écrit :

Le lycée n’est pas unique, pourquoi le collège doit-il l’être ? Parce que l’on ne veut pas faire une orientation vers le technologique et le professionnel avant 15 ans ? Pourquoi pas ? Certains pays (par exemple, Allemagne, Autriche, Suisse) l’opèrent plus tôt et leur taux de chômage des jeunes est beaucoup moins élevé (25 % en France contre 9 % en Allemagne et 8 % en Suisse).

Petite remarque sur le chômage des jeunes en Europe : l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse ont des taux de fécondité qui tournent autour de 1,5 enfants/femme depuis les années 1980, alors que la France est à 2 enfants/femme. Bref, le problème de nos voisins de l'est, c'est le vieillissement de leur population et le manque de jeunes. La France n'a pas ce souci, mais un problème de marché de l'emploi fermé et qui ne fait guère de place aux jeunes : plus de 24% de chômage chez les moins de 25 ans.

Ce n'est pas un problème de marché de l'emploi. C'est un problème de compétence. A marché de l'emploi égal, si les jeunes étaient mieux formés, on jetterait les vieux pour prendre des jeunes.

Loys écrit: Bon, pas d'EPI en Allemagne...

En cherchant sur internet, tu trouveras des exemples d'EPI à l'allemande. Pour ce que j'ai pu en voir :
- ils se font sur une semaine entière, banalisée
- pour un volume d'une semaine par an, contre trois semaines par an pour les EPI français
- et souvent posé à la fin de l'année.
Dernière édition: 16 Mar 2016 19:44 par Loys.

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16 Mar 2016 20:22 #16158 par JCP
archeboc, Bernard Hugonnier établit une corrélation, voire un lien de causalité implicite, entre orientation précoce et faible taux de chômage des jeunes en Allemagne, Autriche, Suisse. Or, la démographie et/ou les conditions socio-économiques propres à ces pays interdisent, me semble-t-il, toute comparaison de cet acabit, et le propos qui va avec.
Quant au problème de compétence, c'est autre chose qui peut certes jouer en sus. Mais encore faut-il compter (heureusement d'ailleurs) avec la législation du travail qui régule (encore) le droit au licenciement dans l'hypothèse que tu soumets...

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