L’orthographe à l'école

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21 Nov 2013 01:43 #8518 par Shane_Fenton
Ce texte me rappelle celui de Michel Guillou, déjà commenté ici-même.
Dans l'école où j'enseigne, nous avons une responsable de la reprographie âgée de 22 ans. Elle a remplacé l'ancienne, qui a été promue responsable des Masters spécialisés. Pas parce qu'elle a prouvé qu'elle pouvait être à la hauteur, mais parce que c'est la fille du directeur des systèmes d'information et qu'il fallait bien lui trouver du boulot. Pour le reste, elle est très gentille, elle est pimpante, mais elle est très souvent malade, ce qui fait que le plus souvent, quand j'ai quelque chose à imprimer, je m'en occupe moi-même (sauf pour les photocopies qui dépassent la vingtaine d'exemplaires, que je demande 1 mois à l'avance pour être sûr que ça sera fait).
Et surtout, surtout, c'est une magicienne de l'orthographe. Quand elle nous envoie un mail, on peut parfois compter 5 fôtes sur une seule ligne. Morceaux choisis :
Attention : Spoiler !

Attention : Spoiler !

Attention : Spoiler !

Attention : Spoiler !

J'en passe et des meilleures...
Je précise que le sobriquet "magicienne de l'orthographe" a été trouvé par mon collègue allemand, prof d'informatique comme moi dans l'école. Une autre de mes collègues, vietnamienne, a fini par se demander s'il était normal qu'elle apprenne à sa fille à bien parler français quand elle voit qu'on laisse une responsable de la reprographie, adulte et française "de souche", s'exprimer de la sorte. En fait, ces fautes d'orthographe et de syntaxe à répétition apparaissent comme autant de grossièretés qui sont infligées à ceux qui lisent les mails.

Gabriel Cohn-Bendit écrit: Aujourd'hui les élites préfèrent des textes sans la moindre faute d'orthographe et sans le moindre intérêt à un texte riche de sens mais plein de fautes

Je sais en tout cas que les employeurs préfèrent les textes sans la moindre faute, et qu'une lettre de motivation qui commence par "Chère monsieur" a de fortes chances de passer à la poubelle tout de suite, sans même lire le reste (c'est Michel Desmurget qui m'a raconté en personne l'anecdote).

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21 Nov 2013 07:54 #8519 par Loys

Shane_Fenton écrit: Je sais en tout cas que les employeurs préfèrent les textes sans la moindre faute

En ce cas il faut d'urgence déclarer Gabriel Cohn-Bendit employeur universel. :doc:
Mieux encore : s'il préfère une copie mal orthographiée mais pleine de sens, il peut venir seconder utilement les correcteurs du Bac. Ils lui fourniront les premières, il n'aura a plus qu'à chercher les secondes à l'intérieur. :devil:

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22 Mai 2014 12:22 - 09 Nov 2016 22:37 #10616 par Loys
A lire également, le fil de discussion sur le nouveau barème de la dictée proposée par l'Inspection générale.
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Une journée scientifique à l'ESPE de l'Académie de Rouen : "L’orthographe à l’école : pratiques et représentations" .
Le titre inquiète un peu, ainsi que certains éléments annoncés :

Nos élèves, nos enfants, font-ils finalement «toujours plus de fautes» ?

La notion d’erreur en orthographe grammaticale a-t-elle encore un sens ? D. COGIS (Laboratoire MODYCO)

A lire cet autre fil : www.laviemoderne.net/veille/le-naufrage-...vrose-orthographique
Dernière édition: 09 Nov 2016 22:37 par Loys.

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25 Oct 2014 10:51 #12149 par Loys
A écouter sur "France Culture" du 22/10/14 : "L'orthographe : cause perdue?"

L'orthographe : cause perdue?
Anne-Douaire-Banny, Doyenne de la faculté de lettres de l'ICP (Institut Catholique de Paris)
Daniele Manesse, professeur à la sorbonne nouvelle, UFR DIFLE laboratoire DILTEC, axe 1 Responsable de l'équipe de recherche E2C (écoles de la deuxième chance ) Paris-Seine Saint-Denis
Viviane Youx (en duplex), membre de l'association française des enseignants de français (AFEF)
Le niveau baisse! Concernant l’orthographe c’est tout à fait avéré et toutes les études sur la question concordent. Les enseignants le constatent de l’école primaire au supérieur.... Mais, une fois que l’on a dit cela, que faire ? Nos invitées vont partager leurs pistes de réflexion pour améliorer la production écrite et ce à tous les niveaux d’enseignement. Notre réflexion sera double car nous ne pourrions parler de l’orthographe sans nous interroger sur la place de ces fameuses fautes dans nos représentations scolaires, culturelles et sociales. Bref, aujourd’hui, dans Rue des écoles nous allons tenter de dépasser la déploration attachée à cette véritable passion française qu’est l’orthographe.

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25 Oct 2014 11:52 - 25 Oct 2014 20:10 #12151 par Loys
1987-2005 : on a perdu deux ans.

Danièle Manesse écrit: En vingt ans les résultats des élèves de3e par exemple étaient ceux de 5e vingt ans auparavant, les résultats des élèves de 5e étaient ceux en gros des élèves de CM2.

Des chiffres moyens : la réalité est bien pire dans les établissements ZEP.

Danièle Manesse écrit: Les résultats des élèves de ZEP : eux ont perdu quatre ans [...] Les résultats des élèves de [3e en] ZEP de 2005 étaient ceux de CM2 de 1987.

Et ce n'est qu'une moyenne en ZEP ! Pour s'en convaincre il suffit de consulter des copies de ZEP en 2006 que j'ai mises en ligne.
Comment un système à ce point réformé peut-il produire des résultats aussi calamiteux ?
La baisse s'observe dès le CM2 :

Danièle Manesse écrit: A l'issue du CM2 en 2005 on était très loin des CM2 vingt avant.

Danièle Manesse estime - à juste titre - qu'il s'agit d'une rupture dans l'école entre "ceux qui n'ont que l'école pour apprendre le français" et les autres et s'indigne pour les "20% d'enfants démunis" car "l'orthographe, c'est bien plus que l'orthographe".
Viviane Youx "bien obligée" de reconnaître "une baisse dans les résultats" mais "c'est un peu plus complexe que cela" mais critiquant le constat : "le temps scolaire consacré au français a énormément diminué". C'est un élément d'explication mais ça ne change rien au constat. Au passage Viviane Youx oublie de rappeler qu'elle invitait à repenser "les objectifs et le programme en fonction du volume horaire" . :fur
Ajoutons qu'il y a d'autres éléments d'explication : la proportion de temps consacrée à l'orthographe elle-même a diminué en français.
Anne-Douaire-Banny accuse l'université de ne pas prendre en compte les difficultés orthographiques des étudiants...
Sébastien Sihr (SNUIPP) noie le poisson en concédant que "le niveau s'effrite" (sic) en raison d'une baisse des horaires mais assure que "dans le même temps [les élèves] ont plus de compétences dans des domaines plus variés tels que le numérique, tels que les langues vivantes". Tout va bien donc. Tous les savoirs se valent. Un partout : la balle au centre. Bon Sébastien Sihr reconnaît que l'orthographe, c'est "important" : mais c'est plus une clause de style qu'autre chose puisque tout est important..
En réalité les compétences numériques et linguistiques censément nouvelles des élèves sont loin d'être avérés. Sébastien Sihr fait ensuite une sorte de caricature de l'enseignement à l'ancienne, avec lequel il faut trouver cependant trouver un "équilibre". Il critique à juste titre des programmes contradictoires et termine - comme de bien entendu - par un appel à une meilleure formation des enseignants.
Danièle Manesse, très justement, fait le lien entre savoir écrire et savoir lire, entre l'orthographe et la bonne intelligence de la langue.

Danièle Manesse écrit: Il faut des moment spécifiques d'orthographe, des moments-repères, où on a un cahier, un carnet, un petit dictionnaire qu'on construit. [...] Il ne se trompe pas, le bon sens populaire : il y a une très forte corrélation entre réussite scolaire et niveau orthographique.

On peut donc analyser le décloisonnement tel qu'il est pratiqué depuis une vingtaine d'années à l'école comme un non-sens pédagogique.
Curieusement Anne-Douaire-Banny explique que la remédiation proposée à l'université consiste à "individualiser" l'enseignement de l'orthographe car "on n'apprend plus de la même façon aujourd'hui qu'il y a vingt ans, qu'il y a cinquante ans". :scratch:
Dernière édition: 25 Oct 2014 20:10 par Loys.

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03 Nov 2014 20:00 #12269 par Loys
Dans "VousNousIls" du 3/11/14 : "Certificat d’orthographe obligatoire pour devenir ingénieur"

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29 Déc 2014 21:55 - 29 Déc 2014 23:18 #12761 par Loys
Dans "Le Figaro" du 26/12/14 :
- "L’orthographe préoccupe les universités"

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- Danièle Manesse : "«On a discrédité les méthodes traditionnelles de l’enseignement de l’orthographe»"

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- "À l’école, l’orthographe est passée au second plan"

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- "Orthographe : à Dijon, Quentin, Bastien et Marilyn en cours de rattrapage"

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Dernière édition: 29 Déc 2014 23:18 par Loys.

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31 Déc 2014 17:51 #12790 par Loys
Heureusement le relativisme de Claude Lelièvre vient à la rescousse de l'école !
"La question de l'orthographe à l'université, une nouveauté?" (30/12/14)

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31 Déc 2014 18:01 - 02 Jan 2015 18:21 #12791 par Loys

Sans doute dans un autre contexte ( vraisemblablement moins en proie au délitement, et surtout moins ‘’massif’’ : à peine 1% d’une classe d’âge faisait alors des études supérieures ), le ‘’ niveau ‘’en orthographe ( et plus généralement en français ) des étudiants a été depuis très longtemps et régulièrement stigmatisé.
« Nous voudrions simplement rappeler aux candidats que la faculté désirerait ne plus avoir à corriger des fautes d’orthographe aussi nombreuses que stupéfiantes » ( Gaffarel, doyen de la faculté des lettres de Clermont, 1881 ).
« J’estime que les trois quarts des bacheliers ne savent pas l’orthographe » ( Victor Bérard, maître de conférences à la Sorbonne, 1899 ).
« Les élèves des lycées n’ont ni orthographe, ni vocabulaire exact et varié, ni connaissances grammaticales » ( Paul Lemonnier, « La crise de la culture littéraire », 1929 ).

Que de nombreux exemples, mais s'agit-il bien des mêmes exigences orthographiques ? A ce sujet Claude Lelièvre fait semblant de croire que c'est le cas. :santa:
On peut se demander ce que penserait MM. Gaffarel, Bérard, Lemonnier et Duruy de l'orhographe d'aujourd'hui...
Par ailleurs la baisse du niveau d'orthographe a été mesurée en CM2 par la DEPP de 1987 à 2007 au moins. Mais c'est sans doute être un vilain décliniste que de le constater.

« La décadence est réelle, elle n’est pas une chimère : il est banal de trouver vingt fautes d’orthographe dans une même dissertation littéraire de classes terminales. Le désarroi de l’école ne date réellement que de la IV° République » ( Noël Deska, « Un gachis qui défie les réformes : l’enseignement secondaire », 1956 ).

Vingt fautes ? Voilà qui paraît très peu aujourd'hui... Sans parler même de leur gravité.

PS1: Une recommandation: "L'anti-manuel d'orthographe" de Pascal Bouchard (Point-Seuil)

Pourquoi faire puisqu'il n'y a pas de baisse de niveau ? :mrgreen:

PS2 :Quel est l’écolier de onze ans, futur écrivain célèbre qui a écrit le texte n° 1 : " Je suis dévoré d’impatience de voir le meilleur de mes amis celui avec lequel je serait toujours amis nous nous aimerons, ami qui sera toujours dans mon cœur. Oui ami de la naisance jusqua la mort " ? Quel est l’écolier de onze ans, futur écrivain célèbre qui a écrit le texte n°2 : " Mon cher grand-père pardonne moi de mon péché car j’ai moin mangé qu’a l’ordinaire j’ai pleuré pendant un cardeur après cela j’était en senglot " ?

Flaubert et Proust. Des exemples un peu trop brefs pour signifier quoi que ce soit, d'autant que ces deux auteurs n'ont soit pas connu l'école républicaine, soit ses tout débuts. Bizarrement, ce sont les deux extraits déjà cités par Pierre Greilsamer ( voir plus haut ) en 2005... Pierre Greilsamer précisait alors qu'ils avaient été écrits avant dix ans...
Que M. Lelièvre consulte maintenant des copies d'élèves en fin de collège : www.laviemoderne.net/mirabilia/10-copies-non-conformes .
Sans nul doute de futurs Proust et Flaubert.
Une argumentation qui hésite entre absence de baisse du niveau en orthographe et le peu d'importance de l'orthographe. Mais sans faire de faute, bien sûr ! :doc:
Dernière édition: 02 Jan 2015 18:21 par Loys.

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03 Jan 2015 22:11 - 04 Jan 2015 09:48 #12820 par Hervé
Réponse de Hervé sur le sujet La "twictée"
Heureusement qu'il y a des enseignants modernes et imaginatifs.
"Vive la dictée 2.0" dans "Le Monde" du 19/12/14

:roll:
J'aime beaucoup l'idée de la négociation...
Dernière édition: 04 Jan 2015 09:48 par Loys.

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