"Ecole : un "Tableau noir" pour apprendre à penser de travers" (Le Nouvel Obs)

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22 Sep 2014 17:18 - 22 Sep 2014 17:19 #11778 par Loys
Dans le "Nouvel Obs" du 22/09/14 : "Ecole : un "Tableau noir" pour apprendre à penser de travers" par Par Caroline Brizard.

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Dernière édition: 22 Sep 2014 17:19 par Loys.

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22 Sep 2014 17:36 - 22 Sep 2014 18:45 #11779 par Loys

"Tableau noir" est le livre d’un esprit teigneux qui traite à force de formules brillantes et de propos souvent insultants...

Voilà une critique qui commence de manière constructive...

...ses thèmes de prédilection : la baisse du niveau des élèves, la nullité des " pédagogues ", la montée des communautarismes, la défense des classes préparatoires…

Un avis sur la question ou sont-ce des postulats sans aucune réalité ?

Son credo : pour sauver l’école où rien ne va plus, il faut revenir au tableau noir et aux cours magistraux. La démonstration n’est pas neuve. Il y a neuf ans déjà, Jean-Paul Brighelli avait publié "La Fabrique du crétin", un pamphlet plombé par un mépris pour tout ce qui est humain, respirant, poétique.

Ou animé par l'amour de l'école républicaine, c'est selon... A noter qu'avoir raison avant tout le monde constitue du radotage neuf ans après.

Un mélange d’observations justes et de conclusions tordues. "La Fabrique..." avait trouvé son public, rassemblé sous la bannière des "Républicains", et donné au Front national un prêt-à-penser en forme de triptyque : autorité, discipline, travail. Et pas de pitié pour les faibles.

Et voilà : républicain => FN ! Merci Caroline Brizard, dont on peut dire que la ligne éditoriale explique la facilité avec laquelle le FN a récupéré un électorat en principe acquis à la gauche.

Vrai scandale
Rebelote, donc. L’auteur est aujourd’hui professeur de lettres dans un bon lycée de Marseille. Il connaît bien le système éducatif, pour l’avoir pratiqué, du collège à l’université. Pour autant, rien dans son livre ne suggère qu’il s’intéresse à la personne de ses élèves.

Une critique ad hominem, fondée sur un procès d'intention. Sympathique.

Il prétend parler au nom des 17% d'enfants que l’école primaire échoue à former correctement. La cause est juste. Ce ratage est la honte de notre système éducatif, et y mettre fin est la priorité des priorités.

Ah... Finalement la baisse du niveau ne serait pas qu'un "thème"...

Mais dans le livre de Jean-Paul Brighelli, ces exclus sont curieusement désincarnés, réduits à des silhouettes, juste bons, semble-t-il, à alimenter sa charge contre ce qu’il exècre.

On continue dans le procès d'intention. C'est vraie qu'une journaliste comme Caroline Brizard a nécessairement une vision plus concrète des élèves qu'un professeur qui a fait carrière dans l’Éducation nationale...

La haine de tous
Car il déteste tout le monde, à commencer par les ministres. De Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur, il ne retient que sa loi pour autoriser des cours en anglais à la fac : "Fioraso, c’est Pécresse moins l’intellect", écrit-il, faisant allusion à celle qui l’a précédée.

Un avis sur la loi en question ? Non, on ne va quand même pas parler du fond...

Il réduit le travail de Vincent Peillon à la réforme des rythmes scolaires...

Alors qu'il y a aussi la stratégie globale pour le numérique ! :doc:

"Ce qui manque aux enfants, aujourd’hui, ce n’est pas une initiation, sur le temps périscolaires, à la bourrée auvergnate ou au chapeau rond des Bretons, ton, ton (…) mais une vraie maîtrise du français, des maths, de l’histoire, des sciences", fustige-t-il. Sa verve vindicative le fait déraper. Car en dépit de son brio, l'analyse est fausse : la réforme des rythmes, qui impose aux enfants d’aller en classe 5 matinées au lieu de 4, est justement pensée pour leur permettre de mieux acquérir les fondamentaux.

Rires... En allant donc contre les préconisations de l'Académie de médecine .

Il hait aussi les pédagogues -Philippe Meirieu étant pour lui le diable en personne- à savoir ceux qui ont imposé dans les années 80 les méthodes actives à l’école, la lecture globale, l'élève au centre du système… Dans sa rage à vouloir les dénoncer, Jean-Paul Brighelli s’aveugle. Il oublie que beaucoup de choses ont changé depuis. Aujourd’hui, le ministère est revenu à un modèle éducatif moins idéologique.

:santa:

Ce que semble ignorer l'auteur.

Quel idiot !

Une seule institution échappe à ses flèches: le SNES, premier syndicat de l'enseignement secondaire, qu'il évite soigneusement de mettre en cause dans son livre, jusqu'à ne pas le nommer, alors qu'il accuse les autres centrales SGEN et UNSA de co-diriger le ministère.
De fait, les seuls syndicats à défendre la réforme des rythmes (et bien d'autres) contre leurs propres adhérents et en contradiction avec leur soutien en 2008 à la semaine de quatre jours. En revanche des syndicats bien relayés par les médias généralistes comme "Le Nouvel Obs".

Son application à le ménager évoque le tatouage sur l'épaule du costaud : " Tous pourris sauf maman ".

:roll:
Du grand journalisme.

Procès urbi et orbi
Jean-Paul Brighelli taille donc, souvent à tort et à travers. Il pourfend la réforme des voies technologiques au lycée, les tentatives de rapprochement des classes prépas et de l’université, les ABCD de l’éducation, l’informatique à l’école, le collège unique... et mélange les critiques fondées et les extrapolations tendancieuses.

Heureusement que le "Nouvel Obs" est là pour les "critiques fondées"... :P

Remettre en cause, par exemple, le fonctionnement du collège unique à partir d’un faits divers cruel, le suicide d’une adolescente harcelée parce qu’elle était bonne élève, est un procédé abusif. On peut développer chez les élèves le respect de la différence, et chez les professeurs, le souci du climat dans la classe, sans remettre en cause l’institution dans son ensemble.

Rien sur le climat scolaire en France ?

Mais sa bête noire, c’est l’islam. Il consacre, au risque de ratiociner, plusieurs chapitres au port du voile - "une gangrène obscurantiste" - à l’école, à l’université, dans les sorties scolaires. Pas de coexistence possible, voilà son credo. Raide et sans nuance. Au risque d'attiser les extrêmes.

Quelles "nuances" concrètes Caroline Brizard propose-t-elle, elle qui connaît concrètement l'école ?

Une caricature
Rien ne va, selon lui. Il pointe nos médiocres résultats aux évaluations internationales. Mais au lieu de s’interroger sur ce qui fait le succès des autres systèmes éducatifs (le travail, évidemment, mais proposé dans un cadre bienveillant, qui privilégie l’expérimentation et le partage entre pairs)...

Dans les pays asiatiques ? Bien sûr ! :santa:
Bon exemple d'idéologie journalistique qui transforme la réalité selon ses convictions propres.

...il s’arque-boute sur notre vieux modèle centralisateur et caporaliste.

C'est vrai : l'Etat, la République, c'est ringard. Au moins c'est dit.

Il veut ne voir qu’une seule tête. Son idéal, c’est marche… ou crève.

Combien d'élèves crèvent des illusions dont les nourrit le système actuel ? Pas un mot à ce sujet !

L’auteur incarne les travers du système éducatif suranné qu’il appelle de ses vœux. Ou comment un réel talent d’écriture, un sens époustouflant de la formule, peuvent être mis au service d'une idéologie réactionnaire, d'un élitisme républicain étriqué et d'un fort dédain pour tout ce qui n'est pas passé par Normale Sup.

Voilà qui conclut admirablement un règlement de compte personnel.
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