Matières littéraires, notes et motivation

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02 Avr 2012 21:52 #525 par Frist
À propos de la séparation littérature / science, l'histoire des sciences nous montre bien que le clivage est loin d'être simple, il y a des conjectures, ie des théorèmes intuitifs et des preuves formelles, un physicien qui appréhende le monde (EInstein) et le mathématicien qui formalise le tout (démonstration de E = mc² ?), des physiciens appliqués comme Georges Charpak qui fait avancer la science, et d'autres physiciens théoriques qui se sont peut être un peu moins fait distingués que le technicien.

Le monde n'est pas d'un côté entièrement équation, et de l'autre entièrement poésie ou prose.

L'école a vite fait de faire apprendre les sciences par l'équation qui dégoute beaucoup d'élèves, de la même façon que la littérature peut dégouter avec ses textes inaccessibles au premier abord.

Le paradoxe dans tout cela, c'est je trouve la formation d'ingénieur, pour qui l'aboutissement est l'encadrement, la direction et non l'ingénierie, le poste technique.


Le scientifique a l'air peut-être un peu plus aisé à maitriser que le littéraire, mais en fin de compte, pas tant que cela.

Je tombe également de haut en lisant que la préparation du bac français tend à minorer le plaisir des textes. La finalité de cette épreuve est à mon sens l'exact opposé. C'est une préparation que j'aime profondément [...]

Certes, sauf que la quantité de texte à aborder aboutit souvent au bachotage, les derniers textes ne peuvent être savourés autant que les premiers. Et puis je trouve tout de même extraordinaire que mes plus fortes expériences littéraires d'adolescents se sont faites hors cours de français. Par exemple, mon meilleur prof de français lisait ou récitait les textes ou les forts passages d'un texte, le littérature était vivante, pas un simple alignement de lettres à analyser. La préparation au bac, c'est comme manger de la grande cuisine en une bouchée, on ne nous apprend pas à déguster :(

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02 Avr 2012 23:34 - 30 Mai 2012 00:17 #533 par Sylvie
A propos de la comparaison/opposition entre sciences et matières littéraires, je crois qu'elle est en partie artificielle, puisque certains de nos grands scientifiques sont en même temps d'ardents défenseurs des matières littéraires ! Jean-Pierre Luminet est un spécialiste des trous noirs ET un poète, et Claude Cohen-Tannoudji est persuadé que le Latin et le Grec ont contribué à former son esprit au moins autant que les maths et la Physique.
Et je remercie Audrey d'avoir si parfaitement saisi les enjeux de cette discussion ! Pour moi, le discours de réception du Nobel prononcé par Saint-John Perse offre une vision stimulante de tout ça. C'est comme s'il avait pressenti que les sciences allaient elles-mêmes pâtir de leur suprématie, en s'enfermant dans des spécialisations qui nuisent au processus de découverte. Un grand texte, que je conseille à tout le monde !

Glyka.
Dernière édition: 30 Mai 2012 00:17 par Sylvie.

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26 Mai 2012 15:42 #706 par nola
Bonjour,
Très modeste contribution de ma part, en tant que professeure de français en collège, n'ayant moi-même appris à apprécier la matière (et à comprendre mes notes) qu'au lycée.
Il me semble effectivement qu'une partie du "mal" vient du caractère aléatoire qu'on attribue à la note en expression écrite. Pour lutter contre cette idée reçue que je considère personnellement comme une erreur, j'essaie d'expliciter très clairement en amont les attentes d'une "rédaction", et je fournis avec la note une grille d'évaluation détaillée, dont la conception m'autorise à mettre des notes allant de 18 à 20, quand le devoir correspond à ce qu'on est en droit d'attendre un élève du niveau de classe concerné avec lequel on a travaillé certaines compétences.
A ce propos, je place beaucoup d'espoir dans cette nouvelle façon de présenter l'enseignement, de toutes les matières, en termes de compétences. Nous ne formons pas de futurs artistes-écrivains, nous apprenons à nos élèves à utiliser les outils stylistiques ou grammaticaux qui leur permettent au mieux de construire et exprimer leur pensée. Pour ce qui est de l'Art, laissons les élèves en effet, une fois constatés avec notre aide la maîtrise technique de tel ou tel grand auteur, les effets qu'il produit et les visées de son oeuvre, user de leur propre subjectivité, éclairée par notre enthousiasme.

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