- Forum
- L'école moderne
- La réforme permanente
- Les pédagogies "nouvelles"
- François Taddei, le CRI et les "enfants chercheurs"
François Taddei, le CRI et les "enfants chercheurs"
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Dans "Le Monde" du 16/07/10 : "Pouvons-nous devenir plus intelligents, individuellement comme collectivement ?"
A lire sur "Educavox" du 13/02/13 : "La Main à la Pâte ou "comment révéler le chercheur qui sommeille en tout élève ?"
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Toujours ce mythe : tous les enfant ont du talent et il faut juste leur permettre d'exprimer. Voilà qui me rappelle les publicités Acadomia avec des élèves demi-Einstein.La Main à la Pâte ou "comment révéler le chercheur qui sommeille en tout élève ? "
Démarche intéressante et intelligente, qui n'est pas sans rappeler Rousseau et L’Émile. Mais précisément c'était un enseignement du préceptorat, et non de la classe. Faut-il rappeler de plus que nous avons un des taux d'encadrement les plus faibles de l'OCDE ?La quasi "disparition de l’enseignement scientifique à l’école primaire" conduit en 1997, trois académiciens, Georges Charpak, prix Nobel de physique, Pierre Léna astrophysicien et Yves Quéré, physicien des particules, à créer avec le concours de l’Académie des Sciences, l’opération "La main à la pâte"qui se donne pour objectif de " rénover l’enseignement des sciences et de la technologie à l’école primaire en favorisant un enseignement fondé sur une démarche d’investigation scientifique".
Et l'écrivain, aussi ?De l’association à la Fondation de coopération scientifique "La main à la pâte" : Comment révéler le chercheur qui sommeille en tout élève ?
C'est déjà beaucoup plus difficile à généraliser sous cette forme.Cette transposition en France du programme « Hands On » conduit dans les quartiers défavorisés de Chicago par Léon Léderman co-lauréat américain du prix Nobel de physique pour ses travaux sur les neutrinos, met l’accent sur une pédagogie de l’investigation plutôt que sur la transmission de savoirs théoriques.
Ainsi, les enseignants, avec l’aide d’un accompagnateur scientifique, généralement étudiant en école scientifique, amènent leurs élèves par le questionnement, l’exploration, le raisonnement, à réaliser des expériences pensées par eux, et à en comprendre toute la dimension par la discussion.
Effectivement."Chaque enfant doit pouvoir ainsi approfondir sa compréhension des objets et des phénomènes qui l’entourent et développer sa curiosité, sa créativité et son esprit critique."
Une "réussite" de l'opération. Mais dans le domaine des résultats, qu'en est-il ?Dès 2006 on étend en direction du Collège les principes de cette " pédagogie renouvelée par l’expérimentation sur des objets réels".
La réussite de cette démarche innovante tant en France qu’à l’étranger et le partenariat des plus grandes écoles d’ingénieurs, de grandes entreprises et des pouvoirs publics ont amené à la création en 2011 de la Fondation de coopération scientifique "La main à la pâte".
Clisthène est un collège très particulier...Il s’agit maintenant parmi les objectifs de la Fondation de produire et de diffuser des ressources pédagogiques, de favoriser l’égalité des chances par les sciences, de contribuer au développement professionnel des professeurs. Dans cette optique, la création à la rentrée dernière de quatre " Maisons pour la Science " au service des professeurs qui les mettent "en relation intensive avec la science et la technique vivante " a été permise grâce aux Investissements d’Avenir.
Le premier prix "Science et langue française au collège" de la Fondation La main à la pâte à CLISTHENE
Quel acronyme fantastique !Afin de susciter et de faire connaître des projets scientifiques particulièrement démonstratifs de la démarche d’investigation qu’elle préconise, La main à la pâte, attribue chaque année sous l’égide de l’Académie des Sciences le prix "écoles primaires" qui distingue des classes qui ont mené à l’école, au cours de l’année scolaire écoulée, des activités scientifiques expérimentales répondant à ces objectifs.
Trois autres catégories de prix, " Master enseignement et formation ", " Que faire dans le monde ?…un métier" et "Sciences et langue française au collège", qui complètent aujourd’hui cette initiative, récompensent et valorisent la mise en œuvre d’un enseignement rénové des sciences à l’école et au collège, ainsi que dans les instances de formation.
Cette année, le premier Prix "Science et langue française au collège" a été décerné par le jury présidé par Michel Serres, membre de l’Académie des sciences, au Collège Clisthène de Bordeaux, le Collège Lycée Innovant et Socialisant à Taille Humaine dans l’Éducation Nationale et Expérimental .

Michel Serres, le promoteur des néo-pédagogies et le fossoyeur de la transmission scolaire ?

Celle qui promeut un usage "nocturne" et "précoce" des écrans ?Ce Prix placé sous l’égide de l’Académie des sciences...

Un peu d'interdisciplinarité innovante....et de l’Académie française, distingue un travail mené dans une classe de sixième ou de cinquième par un professeur de lettres et un professeur de science et/ou de technologie.
La classe de 6e accompagnée par quatre enseignants du collège Clisthène, Anne Hiribarren ( lettres), Cédric Pignel et Nicolas Janaud (sciences ), Nadine Coussy-Clavaud (Arts plastiques ) a travaillé durant 6 séances de 2h sur un projet interdisciplinaire autour de l’arbre. Il s’agissait, à partir d’un arbre choisi par les élèves dans le parc municipal proche de l’établissement, de travailler à la fois sur l’aspect artistique, littéraire et scientifique.
Comme c'est intéressant.Scientifique en recherchant, par une démarche d’investigation, le nom de l’arbre et aborder ainsi la notion d’espèce et de diversité du monde vivant.
Littéraire en utilisant du vocabulaire spécifique, littéraire et scientifique, pour élaborer une description de l’arbre et l’intégrer dans un conte.
Artistique enfin en expérimentant la ressemblance (le dessin d’après nature) par la peinture, l’empreinte, le dessin.
Avec les nouvelles pédagogies qui ont fait la preuve de leur échec ?Pierre LENA, dans l’interview qu’il donne à l’An@é pour Educavox, décrit sans fard une école en difficulté et donne quelques éléments de réflexion pour construire l’école de demain.
Il faut d’abord redonner de l’espérance à l’école.
Car "une école sans espérance est le signe d’une société qui n’a plus confiance dans son avenir au point qu’elle ne juge plus nécessaire de mettre les meilleurs de ses fils et de ses filles face à la génération suivante pour lui transmettre le passé et pour la préparer à l’avenir."

Encore une bonne couche de culpabilisation des enseignants et de néo-pédagogies !Son livre, "enseigner, c’est espérer " publié en 2012 se veut comme un "plaidoyer pour l’école de demain" .
Le projet de loi sur la refondation de l’école apporte-il quelques réponses à la désespérance de nombre d’enseignants ?
Si l’accent mis sur la formation des professeurs, lui semble une urgence utile autant que nécessaire, il ajoute : Il faudra toutefois " des transformations beaucoup plus profondes des capacités des enseignants à travailler en équipe, de leur pratique de l’interdisciplinarité "... projets de longue haleine !
Enfin, à la destruction de la culture littéraire en l'occurrence.Construire le temps de la formation, étape par étape
Culture littéraire, culture scientifique sont intimement imbriquées, pourtant l’hyper-spécialisation du monde moderne a conduit à la caricature d’une distinction abusive et très française entre littéraire et scientifique.
Il n'y a pourtant jamais eu autant de bacheliers scientifiques...Alors, comment concilier l’acquisition d’une véritable culture générale des jeunes et la formation de futurs chercheurs dans un champ scientifique nécessairement très pointu ?
La construction se fait étape par étape
A l’école primaire on doit " passionner les jeunes pour la science et répondre à la curiosité de tous ". Au collège il faut " affiner cette curiosité par l’introduction de méthodes scientifiques en évitant le cloisonnement disciplinaire excessif " Cette sciences pour tous est le vivier pour le lycée où se préparent des orientations ultérieures en spécialisant davantage
Mais le bilan aujourd’hui, c’est un double échec ! Sur la culture du vivier et sur le nombre de bacheliers scientifiques qui choisissent ultérieurement cette voie.
Encore faudrait-il définir ce qu'elle est.La science informatique doit entrer progressivement dans l’école.
On peut aussi faire sans les écrans.Devant l’importance des enjeux économiques, Pierre Léna pose une question récurrente :
« Notre pays doit il rester un utilisateur d’écrans et de logiciels fabriqués ailleurs ?
Très bien mais c'est quoi, "ce qu’il y a derrière les écrans" ?Et y répond simplement :
« Le projet de loi veut faire de l’école un lieu qui prépare à la culture numérique, c’est bien. Encore faut il se préoccuper autant des écrans eux mêmes et de leur utilisation que de ce qu’il y a derrière les écrans. » et introduire dans l’école « la capacité de produire demain des machines et des logiciels » d’avenir
Quelle pensée fulgurante. La seule chose importante : s'agit-il d'un progrès ?Révolution anthropologique avec le numérique ?
"Celle là est une étape nouvelle mais elle n’est pas la seule. Nous vivons dans un monde en révolution, en changement majeur "
La communication n'est qu'une partie secondaire de la vie intellectuelle...…. "La communication transformée par l’informatique est un élément de ce changement. "
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- gauvain31
- Hors Ligne
- Candide
-
- Messages : 2
Si une telle étude a été faite; qu'on me cite le nom du chercheur et le nom de la publication
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
- François Taddei, "chercheur interdiscipliné" ("Le Monde" du 27/03/13)
- Ange Ansour : http://www.cafepedagogique.net/lexpress ... 33964.aspx
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Rien de bien nouveau. C'est le même discours qu'on entend depuis trente ans et l'émergence de nos merveilleuses sciences de l'éducation, avec les résultats fabuleux que l'on constate aujourd'hui. Deux cas d'école récents et catastrophiques : les TPE ou l'AP au lycée.Louise Tourret dit: Cette semaine il y avait #eduinov, les rencontres de l'innovation, organisée par le Ministère [...] j'ai pu assister à des échanges très intéressants ou à des ateliers où on comprend que l'innovation, ça peut être aussi de faire rentrer les parents à l'école, organiser des parcours individuels d'enseignement dès le collège en organisant différemment les heures de cours, repenser parfois l'espace d'une classe maternelle avec les élèves...
Il faudrait proposer d'autres formes d'innovations, sur lesquelles j'ai quelques idées mais qui ne sont jamais proposées, allez savoir pourquoi...
On se demande bien au nom de quel postulat la démarche scientifique pourrait s'appliquer à toutes les disciplines scolaires : l'orthographe, la lecture devraient devenir des champs d'expérimentation ?Louise Tourret dit: la recherche scientifique comme modèle d'apprentissage ?

Du pur constructivisme. Mais François Taddei, d'une grande audace, va encore plus loin. Il ne s'agit pas simplement d'adopter bêtement une démarche scientifique, mais de faire faire de la recherche aux enfants.François Taddei dit: On a tous besoin d'expérimenter et plus on commence tôt mieux c'est.
Voilà qui est plein d'humilité... Quant à la motivation, je ne crois pas que valoriser faussement le narcissisme des enfants avec de telles prétentions constitue une bonne méthode éducative.François Taddei dit: La recherche se caractérise par le fait de chercher des choses qu'on ne sait pas déjà. Alors que dans une expérimentation du type "Main à la pâte", les enfants reproduisent des résultats dont les adultes connaissent la réponse, là, les enfants sont en train d'essayer de faire des choses que personne n'a fait avant eux et en fait c'est beaucoup plus motivant pour les enfants.
Si l'on suit bien les propos de notre chercheur-pédagogue, les enfants doivent donc non pas redécouvrir par eux-même le monde tel qu'il a été découvert par les Hommes pendant des millénaires - ce qui est déjà en soi consternant -, mais découvrir ce que les hommes n'ont pas encore découvert. De la recherche ex nihilo dès le primaire : même Rousseau, dans son modèle du préceptorat dans L’Émile, n'y avait pas pensé !

Au passage j'aimerais bien savoir comment des enfants peuvent découvrir des choses nouvelles sans savoir ce qui a déjà été découvert. C'est pourtant tout préalable à la recherche scientifique, me semble-t-il...

Comme d'habitude, on en revient à l'égo vexé de nos intervenants-pédagogistes. Ainsi M. Taddei, dont la progéniture est si brillante, a compris en un éclair tout ce qui ne fonctionnait pas à l'école. Son fils ne pouvait évidemment pas avoir un petit problème d'attention ou de prise de parole dans le groupe-classe : c'était nécessairement un enfant précoce, un génie incompris.François Taddei dit: (Pourquoi vous vous intéressez à la pédagogie ?) En fait quand mon fils est arrivé à l'école, sa maîtresse m'a dit : "Il est charmant mais il pose des questions". Et là je me suis un peu questionné sur la pédagogie française...
Notez la transition entre son fils et ses étudiants si inventifs...François Taddei dit: ... et par ailleurs j'avais des étudiants plus ouverts qui voulaient faire des choses qui sortent des cadres universitaires classiques...

Voilà, l'école conçue comme une boîte qui enferme... Un beau modèle de confiance dans l'enseignant.François Taddei dit: ... qui voulaient penser "en dehors de la boîte", pour reprendre une expression classique aux États-Unis...
Quoi par exemple ? Avec les pédagogistes, la réussite éducative est toujours très vague...François Taddei dit: ... et donc on a essayé d'aider ces étudiants et on s'est rendu compte qu'ils pouvaient faire beaucoup plus de choses dès qu'on leur donnait plus de liberté...
On passe aussi du mauvais enseignant en primaire au bon enseignant dans le supérieur.
La réussite du modèle finlandais ne doit évidemment rien à son taux d'encadrement sans commune mesure avec le nôtre, à l'homogénéité de son public scolaire ou à sa sélection drastique à l'entrée à l'université.François Taddei dit: ... je me suis rendu compte que les Finlandais, c'est ce qu'ils faisaient, y compris chez les plus jeunes.
Car évidemment l'éducation à l'université et en primaire, c'est tout à fait la même chose... On note comment une remarque formulée par une enseignante fait de n'importe quel chercheur un expert de l'éducation dans le primaire...François Taddei dit: ... et progressivement l'OCDE m'a demandé d'écrire un rapport sur l'éducation au XXIème siècle....
Nous revoilà en plein dans les nouvelles pédagogies désastreuses dans le contexte de classe.François Taddei dit: ... et l'importance de la créativité et de la co-construction des savoirs....
Quels résultats exactement, à part la "motivation" de découvrir ce que l'homme n'a jamais découvert ?François Taddei dit: ... et donc j'ai été amené à me pencher toujours plus sur ces questions et à rencontrer des enseignants comme Ange - c'est un vrai bonheur parce que sur le terrain on voit qu'on peut expérimenter des choses et on voit que ça marche : ça a des résultats extraordinaires.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
J'ai toujours été affreusement gêné par ces professeurs prétendus "innovants" qui n'hésitent pas à présenter au reste du monde leur travail supposé plus intéressant que celui de leurs collègues, en l'occurrence par son caractère innovant, et à vocation d'être universellement généralisable (voir l'intitulé de l'émission). Personnellement j'ai le sentiment de faire du nouveau quand je crée moi-même - artisanalement - mes commentaires de textes littéraires, dont j'espère humblement que certains intéressent les élèves, mais il ne me viendrait pas à l'idée d'en vanter l'intelligence ou la popularité à la radio...
Et à aucun moment dans l'émission on ne parle des résultats concrets, d'un point de vue pédagogique et scolaire, de ces innovations. Le fait qu'il s'agisse d'innovations se suffit à lui-même.
Sur l'utilisation du numérique (il ne faudrait pas l'oublier sous peine d'être ringard), Ange Ansour explique l'importance des échanges par mail ou Twitter avec trois scientifiques, pour donner aux élèves une "exemplarité intellectuelle" (voilà en effet un dispositif facilement généralisable à toutes les classes de France) et d'autre part "il est important de relier l'école aux lieux de savoirs". Comme si l'école n'était donc pas un lieu de savoir...
Les enfants sont curieux : quel scoop pédagogique ! A ce compte-là on se demande bien qui n'est pas chercheur d'ailleurs.François Taddei dit: Il y a des résultats qui ont été montrés à Berkeley qui montrent que les enfants naissent chercheurs, au sens où la curiosité des enfants, leur volonté de connaître le monde qui les entoure, leurs expérimentations, le fait qu'ils apprennent de leurs erreurs, tout ça c'est des caractéristiques des chercheurs qui sont là dès le plus jeune âge.
En se gargarisant du mot "chercheur", on retrouve la même péda-démagogie qui consiste à dire que tous les enfants ont du talent (Acadomia faisait la même chose dans ses publicités). C'est aussi une façon de rejoindre cette grande révolution psychosociale qui fait des enfants des adultes à part entière.
"des gens qui sont plus ou moins avancés qu'eux dans différentes dimensions"...François Taddei dit: Ccomment est-ce que le système éducatif peut accompagner cette démarche de recherche et permettre aux enfants de s'insérer dans une communauté de savoirs avec des gens qui sont plus ou moins avancés qu'eux dans différentes dimensions...

Nous y voilà. Une bonne vieille néo-pédagogie qui s'applique (sans doute) aux enfants brillants comme le fils de François Taddei... L'élève est l'égal du maître, la présomption de compétence etc.François Taddei dit: ... on peut tous apprendre les uns des autres...
Notez le glissement abrupt et effrayant de la licence à la primaire, présenté le plus naturellement du monde.François Taddei dit: On avait commencé à le faire au niveau des universités, avec des élèves toujours plus jeunes : on l'a fait avec des étudiants de licence et maintenant on est en train de la faire y compris au niveau du primaire...
Est-ce à dire que cette démarche sera assurée par des animateurs sans information et payés 8€ de l'heure (1 animateur pour 18 enfants) et non par le professeur de la classe ? Est-ce à dire qu'un tel temps extra-scolaire a vocation a devenir le "modèle d'apprentissage" du temps scolaire ?François Taddei dit: On est en train d'essayer de la modéliser, en partenariat avec la mairie de Paris qui nous a demandé de le faire dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires.

En toute simplicité.François Taddei dit: On essaie de repenser tout l'écosystème de connaissances...
Voir "comment" uniquement. Voir si c'est applicable ou utile, c'est une perte de temps.François Taddei dit: ...et voir comment on peut transposer ce qui se fait depuis longtemps dans les universités au niveau des plus jeunes et en utilisant les nouvelles technologies pour abaisser les barrières et catalyser les interactions et permettre l'émergence de nouveaux projets...
M. Taddei, avec son jargon techno-pédagogue bien rodé ("abaisser les barrières et catalyser les interactions et permettre l'émergence de nouveaux projets"), a toutes les qualités pour participer aux twitteuses ridicules .

Les élèves de CM1-CM2 consultent donc les thèses de leurs collègues chercheurs en universités.Ange Ansour dit: Il n'est absolument pas question de simplification.
Les questions d'éthique en CM1 et CM2, c'est le bon moment effectivement.François Taddei dit: La démarche scientifique permet de passer du questionnement qui est très important pour tout à une méthode de résolution de problèmes et à une compréhension d'enjeux dans un cadre bien défini qui peuvent permettre ensuite de comprendre beaucoup d'autres choses, à la fois les enjeux scientifiques et techniques, qui bouleversent nos sociétés, et des enjeux de société plus génériques, par exemple des questions d'éthique, les questions de choix de société...
A noter qu'il est assez curieux, et même assez inquiétant à vrai dire, de penser que la réflexion éthique procède d'une démarche scientifique et d'une simple "résolution de problèmes". L'éthique, par essence, est une partie de la philosophie distincte de la connaissance (de la "physique" pour parler en philosophe).
Le fait que l'école assure d'abord la transmission de l'existant ne semble pourtant pas avoir empêché le progrès (technique) ces derniers siècles...François Taddei dit: On est dans un monde qui change tellement vite, on ne peut pas se contenter de reproduire l'existant connu par les générations précédentes.

Encore l'expression d'un certain mépris pour les générations d'enseignants qui nous ont précédé : heureusement que des génies de l'éducation comme François Taddei ont pris en main le destin de l'école et du monde.
Pourquoi un tel besoin ? Le bonheur de l'homme consiste dans l'invention, dans l'innovation, sur le modèle des grands groupes technologiques ?François Taddei dit: On a besoin d'inventer, on a besoin d'une démarche de créativité...
Interrogé sur la transmission, François Taddei fait cette concession du bout des lèvres :
C'est toujours facile de savoir ce qui est "pertinent" pour un monde qu'on ne connaît pas.François Taddei dit: On doit transmettre évidemment les choses les plus pertinentes pour le monde de demain et qui nous viennent d'hier et il y en a beaucoup...

J'aimerais bien avoir des exemples de ce qui l'est et de ce qui ne l'est pas. L'observation du tri sélectif, sur un mode utilitariste, des champs disciplinaires par François Taddei serait intéressante.
Les enfants doivent donc être capables de "comprendre et critiquer" une culture qu'ils n'acquièrent pas ?François Taddei dit: ... mais il faut aussi être capable de comprendre et de critiquer et de réinventer des choses du passé pour voir comment on les adapte aux défis d'aujourd'hui. Et donc il y a cette tension permanente entre qu'est-ce qu'on doit garder du passé et qu'est-ce qu'on doit réinventer pour demain et comment on doit faire ça, à la fois individuellement et collectivement.

Parce que François Taddei pense que les publications scientifiques font partie de ce qu'il faut transmettre à des enfants de primaire ?François Taddei dit: Il y a une croissance exponentielle du nombre de publications scientifiques : il y en a un million de fois plus qu'au début des Lumières et il y en a cent fois plus qu'il y a un siècle. Et clairement on ne peut pas transmettre tout ce qu'on transmettait il y a un siècle, c'est pas possible.

Par la transmission, il s'agit - comme ça a toujours été le cas d'ailleurs, même bien avant les Lumières - de fournir aux enfants une culture générale et une capacité de raisonnement qui puisse leur permettre d'appréhender le monde. Nihil novi sub sole.
Le propos de M. Taddei devient franchement incohérent : selon lui, donc, on ne peut pas transmettre... ce qu'"il faut" pourtant savoir aujourd'hui.François Taddei dit: En plus, même si on faisait ça, ça ne serait que 1% de ce qu'il faut savoir aujourd'hui.

M. Taddei, quand il parle de transmission, n'a pas l'air de bien connaître ce que l'école a la charge de transmettre.
Et un slogan pédagogiste, vieux de plusieurs décennies, un.François Taddei dit: Donc il faut forcément faire des choix. En fait ce qu'il faut c'est apprendre à apprendre...
C'est bien l'aveu, quoiqu'il s'en défende, que l'école n'a plus vocation à rien transmettre.

Un belle vision utilitariste de la culture, réduite aux seules "informations". C'est effrayant.François Taddei dit: Apprendre à rechercher l'information dont on a besoin quand on en a besoin
Et est-ce que les Chantefables et chantefleurs de Robert Desnos, c'est une information utile ?

Ange Ansour, qui a fait écrire des chantefables et chantefleurs à ses élèves, montre que ce travail "pluridisciplinaire" est la suite logique de sa démarche expérimentale en sciences...

Joli lapsus. Il faudrait quand même voir à ne pas confondre plagiat et pastiche.Ange Ansour dit: Le plagiat est très efficace en élémentaire. Nous faisons des pastiches, c'est une manière d'exercer la créativité des élèves...

Le pastiche était effectivement un bon exercice de rhétorique, à vrai dire vieux comme le monde (songeons aux pastiches de Proust) et très formateur pour des élèves disposant d'une solide culture littéraire et capables de style mais difficile de voir en lui le modèle même de l'exercice de la "créativité". Il est même symptomatique d'une certaine pédagogie qui laisse penser aux élèves que la littérature est affaire de recette et qu'un élève peut se hisser sans difficulté au niveau d'un auteur, devenir ainsi chanteur, poète et chercheur !
Quand au rapport avec la démarche scientifique, elle m'échappe toujours.

Voilà un magnifique exemple de vraie-fausse séquence didactique interdisciplinaire totalement factice et artificielle.
François Taddei insiste ensuite sur l'importance de communiquer : des communications scientifiques via des tweets, c'est sûr que ça garantit une démarche rigoureuse.
Ah... moi qui croyais naïvement que les sciences étaient nées dans l'antiquité grecque.François Taddei dit: La science est née après que l'imprimerie ait permis (sic) aux chercheurs de se lire les uns les autres.

C'est vrai que les CDI et les bibliothèques publiques empêchaient dans le monde ancien les élèves d’accéder non seulement à l'information mais à la culture. La révolution numérique a démocratisé d'autres accès mais encore une fois François Taddei - comme d'autres - succombent au numérisme en pensant que l'accès à l'information vaut information : "Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre ? Voilà, c’est fait." (Michel Serres, dans ses meilleurs moments)François Taddei dit: Aujourd'hui la révolution du numérique a démocratisé l'accès à non seulement la réception de l'information mais aussi la production et l'échange d'information.
Eh bien malheureusement pas du tout.

Les élèves aussi avaient accès à leur manuel ou à leur grammaire : les connaissances, pourtant triées, simplifiées et adaptées à leur niveau, étaient-elles acquises pour autant ?

L'OCDE enfonce des portes ouvertes.François Taddei dit: L'OCDE montre que ceux qui le sont plus capables de faire le tri sont ceux qui ont le plus de livres à la maison, le plus de bagage culturel et que aujourd'hui les écarts se creusent...
M. Taddei se contredit gravement : il prône le "apprendre à apprendre" au lieu de donner au plus d'élèves possible ce "bagage culturel" qu'il reconnaît nécessaire !François Taddei dit: Il faut que l'école s'empare de ces question et accompagne les enfants dans ce type de démarche. Il est essentiel que les enfants sachent faire le tri, qu'ils développent leur esprit critique...

Ange Ansour insiste à juste titre sur l'importance de lire et écrire avec ses élèves de ZEP.
Oh la la mais c'est drôlement fortiche, ça.François Taddei dit: Ce qu'on voudrait faire, c'est créer des sites web où les enfants pourraient poser des questions...
M. Taddei ne va pas assez loin dans le constructivisme : il faut que les enfants fabriquent eux-même cette encyclopédie, voire qu'ils apprennent eux-mêmes à créer des serveurs...François Taddei dit: Avoir un Wikipédia pour enfants. Il y a Vikidia qui existe aujourd'hui mais ça ne suffit pas : je pense qu'il faut aller plus loin, il faut aider les enfants à produire des contenus avec des adultes, des contenus de qualité, pertinents et accessibles aux enfants...

Prendre Wikipédia comme modèle de la transmission scientifique : il fallait oser et François Taddei l'a fait !

J'ai hâte de voir fonctionner une telle "encyclopédie".
Ben voyons, ce n'est pas par facilité... A noter que les contributeurs eux-mêmes ne comprennent pas eux-mêmes toujours ce qu'ils écrivent ou ce qu'ils éditent.François Taddei dit: L'une des raison pour lesquelles il y a beaucoup de plagiat [sur WP] et qu'ils font simplement du copier-cioller, c'est parce qu'ils ne comprennent pas ce qu'ils trouvent...
Si on relit ce qu'il a déclaré en début d'émission, M. Taddei demande aux élèves d'être eux-mêmes des géants...François Taddei dit: Depuis Newton, on sait que la science progresse en gravissant les épaules des géants pour voir plus loin.
Voilà qui est très clair.François Taddei dit: Il faut inventer de nouvelles échelles pour que les enfants puissent gravir les épaules de géants. Ces échelles, il ne faut pas que les marches soient trop hautes. Il faut inventer un processus dans lequel chaque marche vous invite à aller vers la marche suivante et vous donne envie de continuer.

Whaa... François Taddei redécouvre le principe de la progressivité pédagogique, auquel personne n'avait songé avant lui.François Taddei dit: dans les jeux par exemple, les environnement numériques ont été pensé pour qu'on progresse de niveau en niveau...

On note au passage que son modèle éducatif est puisé dans les jeux d'arcane.

Quel lyrisme et quel optimisme bien à propos dans l'état de l'école actuel.François Taddei dit: Est-ce qu'on peut arriver à faire des choses équivalentes pour inviter les enfants à aller toujours plus loin, jusqu'aux frontières du savoir ?
Allez, une petite couche encore de néo-pédagogie avec l'individualisation, chose toujours facile à réaliser dans le cadre d'un enseignement collectif, dans un pays où le taux d'encadrement est particulièrement bas (contrairement à la Finlande).François Taddei dit: Si on normalise, si on impose à chacun de passer sous les mêmes fourches caudines, c'est très difficile.
A noter l'expression "fourches caudines" qui assimile l'éducation actuelle à une défaite militaire et à une humiliation, et les enseignants à des ennemis des enfants. C'est toujours sympathique.
Ça y est, le mot "talent" est lâché.François Taddei dit: Aujourd'hui le monde est très divers et on a besoin d'une grande diversité de talents...
Je vois mal en quoi le monde d'aujourd'hui est plus divers que celui d'hier... Par bien des aspects, avec la mondialisation et la société de consommation, il s'est même normalisé et uniformisé.
Les étudiants d'aujourd'hui apprécieront.François Taddei dit: On n'a pas besoin juste d'un type de bête à concours que le système produit massivement aujourd'hui.
C'est vrai qu'en primaire on se focalise déjà sur les concours. M. Taddei a des difficultés conceptuelles pour distinguer élève et étudiant.
Encore une fois un propos bien confus et contradictoire : M. Taddei veut généraliser l'enseignement du codage (= le numérique ?) dans les écoles mais en même temps M. Taddei réclame des "personnalités qui sont capables d'intégrer y compris des savoirs qui n'existent pas à l'école"...François Taddei dit: On a besoin de tout un tas d'autres personnalités qui sont capables d'intégrer y compris des savoirs qui n'existent pas à l'école et qui existent seulement en dehors, par exemple les savoirs liés au numérique : savoir coder aujourd'hui, ça s'apprend trop peu dans les écoles.

Je connais quelques élèves codeurs de très bon niveau, et "comprendre un jeu" n'a jamais été leur motivation...François Taddei dit: par contre, il y a tout un tas d'enfants qui apprennent ça parce que, pour mieux comprendre un jeu, ils ont besoin d'apprendre à coder.

On se demande bien si M. Taddei, qui donne tant de leçons de pédagogie, connaît des élèves du primaire ou du secondaire.
Le but de l'école est donc économique : voilà qui m'avait quelque peu échappé.François Taddei dit: On a besoin, dans l'économie du XXIème siècle, de créer des innovateurs...
François Taddei répond ensuite sur les moocs (voir "Gober les moocs" ) dans le secondaire et le primaire, qui lui semblent utiles pour l'orientation au lycée.
M. Taddei aime beaucoup le mot "catalyseur", très à la mode pédagogique. Les enfants, après tout, c'est comme des solutions chimiques.François Taddei dit: Si on avait des moocs qui soient des moocs d'initiation à la médecine, au droit, à la psychologie ou à l'informatique, ça permettrait d'aider ces élèves et ils pourraient être orientés dans leur discussion avec leurs enseignants qui pourraient jouer un rôle essentiel de catalyseurs d'accompagnement pour qu'ils puissent se définir et qu'ils puissent définir leur orientation.
Les enseignants se passeront des bons conseils du docteur Taddei.François Taddei dit: Les moocs peuvent permettre à des enseignants d'apprendre de nouvelles pratiques pédagogiques.
On nage en plein délire. C'est le summum du "apprendre à apprendre" : les élèves peuvent apprendre à enseigner eux-mêmes !François Taddei dit: Si on fait un mooc sur "apprendre par la recherche", on peut avoir des parents ou des enseignants qui peuvent le suivre et qui peuvent apprendre comment accompagner des enfants et ensuite les enfants eux-mêmes peuvent suivre ce genre de formations accompagnés par leurs enseignants...

On apprend en fin d'émission qu'Ange Ansour, après huit ans dans l'enseignement depuis 2005, travaillera au CRI en tant qu'assistante de recherche avec François Taddei "à l'intention d'autres classes, et pas dans [sa] classe". Cette "enseignante innovante" pour le "Café pédagogique" en 2011 dans une école de quartier difficile à Bagneux abandonne donc le métier au bout de huit ans de carrière pour devenir enseignante-chercheuse chargée de mission au CRI (Centre de Recherches Interdisciplinaires). Elle écrit également dans les "Cahiers pédagogiques" ou le "Café pédagogique".
Évidemment puisque ses élèves ont appris à apprendre : ils n'ont plus besoin d'enseignant.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Voilà un subtil jeu de mot qui fait écho à cette vieille néo-pédagogie dont les ravages dans l'école n'ont cessé de se faire sentir : l'interdisciplinarité.François Taddei, chercheur interdiscipliné
Un joyeux chaos, créateur sans doute.La visite, éclectique, commence sur les chapeaux de roue. "Ici, ce sont les paillasses de biologie", annonce François Taddei, l'hôte de ces lieux, dont le bureau possède un modeste canapé. "Là c'est le Fabelier, sorte de hackerspace", dit-il dans une pièce où l'on remarque des ordinateurs, une imprimante 3D et une espèce d'hélicoptère téléguidé. Dans le couloir, les murs sont tapissés d'affichettes présentant les étudiants qui parlent de génétique, vieillissement, tri de cellules, bactéries... Mais en même temps d'escalade, musique, jonglage, cinéma... Le tout en anglais.
Le chaos a ses limites.Un petit portrait de Liliane Bettencourt souligne le financement du centre par sa fondation.

On a pu le constater avec joie concernant l'éducation."Ici, la cafétéria", où l'on peut enfin se poser pour recueillir le torrent d'idées que ce chercheur atypique a toujours en stock.
Ah cette jubilation, ce frisson d'être à la marge de l'école et des conventions sclérosantes... tout en y gardant un pied quand même, on ne sait jamais.Et le comprendre, lui et son laboratoire.
"Le Centre de recherche interdisciplinaire [CRI] n'a pas vraiment d'existence légale", commence François Taddei dans un sourire. Nous ne sommes pourtant pas dans un lieu clandestin de la recherche, mais dans un bâtiment de l'université Paris-Descartes, en face de l'Institut Cochin. Près de 80 étudiants y préparent des licences, des masters ou des doctorats. Mais aussi s'activent pour un club de journalisme scientifique ou un concours international de biologie de synthèse. Ici, on forme par la recherche en laissant beaucoup d'initiative aux étudiants.
Curriculum amusant pour quelqu'un qui insulte l'école... On retrouve un peu de notre Michel Serres ."LA LIBERTÉ ET LE LUDIQUE"
Le responsable de ce drôle de chaos a pourtant un CV des plus respectables. François Taddei, bientôt 47 ans, est polytechnicien, directeur de recherche à l'Inserm, Prix Inserm 2003 de recherche fondamentale la même année que son directeur de thèse, Miroslav Radman, Prix européen du jeune chercheur en 2005...
Comme dit M. Taddei, "responsable de ce drôle de chaos", il faut laisser de la liberté aux étudiants. Et aux élèves de primaire.
Ce qui aurait été innovant, c'est d'ouvrir ce magnifique institut ailleurs que dans un des quartiers les plus chers de la capitale... Pour l'investissement, on remarque que l'institut n'est pas non plus très innovant puisqu'il dépend de nos institutions pourtant si sclérosantes (voir le portail des Investissements d'avenir )."En huit ans d'existence, le CRI a doublé tous les dix-huit mois ses effectifs. Et nous allons bientôt déménager dans le quartier du Marais, à Paris, pour occuper 6 000 m2 et devenir un institut innovant pour la formation par la recherche, grâce aux Investissements d'avenir", s'enthousiasme François Taddei... .
Comme c'est malin et bien dans l'air (festif) du temps. De son côté, la Ministre du Supérieur prépare la FUN (France Université Numérique)....qui rappelle, facétieux, qu'il aurait préféré le baptiser "Fiesta", pour "Faculté pour l'innovation, l'éducation, la science, la technologie et les arts"
Deux objectifs très éloignés l'un de l'autre. M. Taddei est assurément un grand professionnel de la communication."François pousse loin la liberté et le ludique", estime Pierre Sonigo, ancien biologiste de l'Inserm, qui avait invité au début des années 2000 son confrère à participer à plusieurs formations assez originales sur l'île de Berder, en Bretagne. Le microcosme rassemblé là était très interdisciplinaire et essayait d'inventer une autre manière de réfléchir à la science ou de la diffuser.
Ce n'est pas l'impression qu'il a donné dans "Rue des écoles" en défendant sa démarche novatrice, pourtant appuyée sur aucun résultat concret."Comme moi, François voulait monter des enseignements originaux pour les étudiants. Par exemple en favorisant l'observation des choses", se souvient Stéphane Douady, physicien aujourd'hui à l'université Paris-VII et intervenant dans des modules du CRI après son passage à Berder. "François est très énergique et très convaincant. On a discuté plus d'une heure en bas de chez moi avant que j'accepte sa proposition !", ajoute-t-il. "C'est un moulin à idées. Il est sans cesse en train de s'interroger.
Je croyais que c'était une remarque formulée au sujet de son fils.Il joue avec les idées, les siennes comme celles des autres", complète Ariel Lindner, qui a rejoint le CRI après une discussion mémorable d'une journée entière avec François Taddei et Miroslav Radman à parler biologie, éducation, recherche...
"LES QUESTIONS D'ÉDUCATION"
On l'aura compris, François Taddei est toujours un chercheur, mais plus vraiment en biologie. "Mes travaux sur les bactéries et leur évolution m'ont convaincu que ce que je voulais faire dans l'éducation avait quelque fondement", explique-t-il.

Voilà un bon modèle pour l'école : la "coopération des bactéries" !Il a ainsi étudié la coopération entre bactéries, les effets collectifs, les phénomènes de coévolutions.

Car, c'est logique, ce qui est nécessaire dans la recherche l'est aussi dans l'éducation ou dans le chauffage central.L'interdisciplinarité était souvent nécessaire pour aborder ces questions. Exactement ce qu'il défend pour des enseignements rénovés.
C'est vrai quoi, l'éthique, c'est pas la fiesta."Quand j'ai eu à me frotter, à l'Inserm, aux questions éthiques posées par mes travaux ou ceux de mes collègues, j'ai pris conscience que la recherche, que j'avais toujours considérée comme un jeu, ne l'était plus vraiment. J'ai alors préféré travailler sur les questions d'éducation."
Autant de motivations pertinentes expliquent son génie de la pédagogie, effectivement.Un père député, les attentats du 11 septembre 2001 et les interrogations de collègues étrangers au moment des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises l'ont aussi conduit à cette bifurcation et à cette volonté, en quelque sorte, de changer le monde, en travaillant à la formation des jeunes de tous âges.
Trop fort, ces enseignants innovants !Au sein du CRI, l'innovation est donc partout. François Taddei a des liens avec des enseignants qui tweetent avec leur classe de primaire.
C'est beau comme du Lyssenko.Il a contribué au lancement de Paris-Montagne, une association qui permet l'accueil de lycéens dans les laboratoires de recherche. Il promeut sans cesse la science citoyenne...
Si une mère américaine a pu devenir chercheuse, c'est effectivement que n'importe quel enfant de primaire peut le devenir. La logique est imparable......et aime à citer cette mère américaine devenue chercheuse professionnelle (avec des dizaines d'articles à son actif) à la suite de la maladie de son enfant. "Tout peut devenir objet de science", assène-t-il.

... qui a toqué à la bonne porte.L'INTELLIGENCE COLLECTIVE
Des rapports lui ont été commandés sur les questions d'éducation par l'Organisation de coopération et de développement économiques ou des parlementaires.
Il faudrait organiser des compétitions IreadFrench dès le primaire.Son confrère Ariel Lindner veut répliquer dans d'autres domaines le succès du jeu Fold-it, qui a permis de trouver des formes de protéines grâce à l'intelligence collective. Il a lancé pour cela la compétition Igam4er, dont la finale se tiendra à Paris en décembre.
Bon courage pour réformer Wikipédia. Il y a au passage d'autres choses plus importantes à réformer dans cette encyclopédie, me semble-t-il.Un autre veut améliorer Wikipédia en proposant automatiquement des pages "vertes", "bleues" ou "rouges", plus ou moins faciles à comprendre, comme il y a des pistes de ces couleurs au ski.
Avec François Taddei, la science est toujours très politiquement correcte.Un autre encore développe une application qui permet de faire des sciences du genre en recensant le nombre de femmes et d'hommes dans une assemblée. Ses jeunes troupes ont été primées aux Etats-Unis, en biologie de synthèse. D'autres, par l'Union européenne, pour un film promouvant la place des femmes dans les sciences...
Voilà qui s'applique à merveille à l'école !"Je ne travaille qu'avec des gens qui ont envie"...
Portunus était plutôt le dieu des ports... Il s'agit sans doute d'une confusion avec Janus. C'est ça, le génie créateur dans ce "drôle de chaos" !...précise ce formidable catalyseur en rappelant que son dieu favori est Portunus, le dieu des clés et des portes. Et il compte bien continuer à en ouvrir.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Johan
- Hors Ligne
- Candide
-
- Messages : 1
Lol, mdr, ptdr.
Sourire, éclat de rire, allongé parterre.
Difficile et un peu tard de rebondir sur tous les rebonds déjà proposés.
Je me permets de copier une réaction qui a suivi le passage de cette même personne, drôlement médiatique dans Ce soir ou jamais, il y a maintenant quelques temps ]"Le café du commerce a toujours eu de très bonnes idées : happy hours, habitué ristourné, autosatisfaction par autopropagande, etc.
Si seulement il ne parlait pas de ses enfants (rappelons-le enfants de polytechnicien) pour illustrer le système scolaire (quoique finalement j'en doute que ce soit ses enfants car il sort les mêmes anecdotes d'années en années, on dirait un humoriste de Ruquier). NB : le coup du gosse qui pose des questions ou de la gamine qui va chercher des livres sur les baleines et détecte les erreurs de wikipédia, ça tient deux minutes dans une conversation avec des personnes célibataires ou stériles (après leur avoir dit qu'ils ne pouvaient pas comprendre qu'on arrive en retard parce qu'ils n'avaient pas d'enfants, eux) mais 8 ans de psychanalyse.
Ceci dit, il a tout à fait raison de critiquer l'élitisme français dans une conférence avec TED (non, pas Ted M qui n'a pas réussi donc qui est prof mais TED qui mélange les génies pour en ressortir des idées ... de génies) et en faisant une association qui promeut bien mieux les sciences que tous ces paumés de prof très souvent même pas agrégés.
Replaçons aussi le contexte de soutien national à cette association par le "casse toi des sciences pov con" et "finit avec une gourmette et une p*** à frange" (dixit Proust, Gaspard et pas Marcel) très à la mode, plus communément appelé désertion des sciences au profit des filières rémunératrices.
Pour conclure, au moins, il fait quelque chose ; ce qui n'est pas trop mon cas ces temps-ci donc je critique ! En même temps c'est tout à fait ce qu'il défend, le sens critique sans légitimité, n'est-ce pas ?
Evidemment, toute société avec uniquement des gens comme lui, ça serait super ! Je préférerais des un peu plus bêtes (comme moi quoi !).
Société et humanité monomaniaque, quel pied. Mais monomaniaque meilleur car plus intelligent et avec plus de sens critique. Bref, le discours des moralisateurs du café du commerce peut vite être dangereux, notamment sans sens critique."[/quote]
Ceci dit, il est tout de même polytechnicien donc, naturellement, il a toute légitimité sur tous les sujets. N'est-ce pas ainsi que nous présentons le concept des études supérieures françaises si uniques ?
Quoiqu'il en soit, un grand merci de mettre en perspective les propos unidirectionnels avancés dans cette émission.
Le gouffre avec, par exemple et entre autres, Les Nouveaux chemins de la connaissance et la magnifique voix d'Adèle V R que j'ai pu trouver conteste l'opinion que j'avais de mon sens critique.
Au moins, grâce à Rue des Ecoles, j'ai pu découvrir votre site que je vais désormais arpenter, petit à petit.
Au sujet de la recherche scientifique, cependant, je n'aimerais pas qu'on l'ôte si rapidement d'une réflexion sur l'école primaire. Naturellement, il est, en amont, nécessaire d'accompagner les professeures et professeurs des écoles (limite de l'autocensure, accompagnement humain, matériel). Prêt à développer, ici ou là, un jour ou l'autre.
Johan
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Pour prolonger, un autre portrait sur le mode hagiographique de François Taddei ce 01/04/13 dans le NYT : "French Scientist Invites Public Into Research Realm" .
Et à propos de cette expérimentation avec les fourmis en CM1-CM2 :
Dr. Taddei says that while he hopes the students’ observations will lead to publishable research, getting them involved in the process is just as important.
Sinon, on retrouve la fameuse épiphanie :
It was his experience as a parent that turned Dr. Taddei into an education reformer.
“When my son was 6 his teacher told me ‘He’s a very nice kid. But he’s asking questions.”’ he said. “Ever since that day I’ve been questioning the education system. For instance, I know that errors can help evolution. I know that cooperation can foster adaptation. I know that information exchange can do all this much better. This is what’s happening today with the Web.”
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Surtout que PISA est une enquête auprès des jeunes de 15 ans..."Les Moocs démocratisent l'accès au savoir, alors que la dernière enquête Pisa de l'OCDE a montré que le système universitaire français est le plus inégalitaire du monde développé", souligne François Taddei.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Slogan néo-pédagogiste du constructivisme.Comment apprendre à apprendre ?
Ce qui lui donne toute compétence pour réfléchir à l'école.François Taddéi (Wikipédia, @francoistaddei) est biologiste de formation.

Au même titre que Michel Serres.Il est le cofondateur du Centre de recherche interdisciplinaire (CRI). Sur la scène des Entretiens du Nouveau Monde industriel, ce promoteur de l’interdisciplinarité...

Un sujet qu'il connaît bien car il n'a jamais enseigné à des élèves du primaire ou du secondaire....est venu évoquer son obsession : comment innover dans l’éducation, comment apprendre à apprendre…
Voilà l'imaginaire numériste dans lequel a grandi François Taddéi depuis presque vingt ans : la victoire définitive de la machine sur l'homme dans les années 90. François Taddei oublie opportunément de rappeler que Deep Blue a d'abord été vaincu une première fois et que pour vaincre la seconde fois Deep Blue, en plus d'une puissance de calcul, avait mémorisé une bibliothèque de parties, dont toutes celles de Garry Kasparov. La seconde partie n'a d'ailleurs pas été une victoire éclatante pour Deep Blue, celui-ci montrant régulièrement une absence de stratégie et ne l'emportant que d'une partie sur six.Quand Garry Kasparov a perdu contre Deep Blue, The Economist titrait “si votre métier ressemble aux échecs, il faut vous préparer à changer de métier”.
C'est dire la profondeur de sa pensée.L’évolution du jeu d’échec est devenue une métaphore du futur, estime François Taddéi.

Quel intérêt de faire jouer l'homme puisque la machine est supposée supérieure ?Après avoir perdu contre Deep Blue, Kasparov s’est lancé dans le jeu d’échec avancé, c’est à dire une modalité où homme et machine jouent ensemble et pour Kasparov, les sessions de jeu sont devenues beaucoup plus intéressantes.

En l'occurrence non, puisqu'il a gagné.Son plus célèbre adversaire, Karpov a également tenté une partie seul contre le reste du monde, qu’il a largement dominé. Mais dans une version améliorée de cette partie, où des éditeurs humains sélectionnaient parmi tous les coups que proposaient des centaines de joueurs d’échecs le meilleur coup, Kasparov a gagné mais a été impressionné. Pour lui, c’était là la plus intéressante partie qu’il ait jamais jouée, preuve qu’un collectif d’humain, organisé par une machine pouvait largement mettre en défaut l’expert…

C'est même un bon exemple d'absence de pensée collective (d'intelligence des foules, pour reprendre la terminologie de Wikipédia) puisqu'une stratégie ne peut s'élaborer par des coups successifs, de même qu' un article de Wikipédia n'est un travail de co-rédaction que par un abus de langage : il s'agit en réalité d'un empilement mouvant de modifications asynchrones et successives, souvent les unes contre les autres, sans la pensée ni la réflexion collective que l'on peut attendre d'une équipe éditoriale. D'où l'absence d'unité de pensée ou de style dans un article, comme l'absence de stratégie dans une partie d'échec.
On cherchera en vain le lien logique entre l'intelligence de la machine et l'intelligence collective.
C'est une caricature ridicule, bien commode pour François Taddéi.“Aujourd’hui, notre système éducatif sélectionne ses éléments sur leur capacité à mémoriser des leçons.

Quand on y réfléchit bien, c'est au contraire la machine qui fonctionne par mémorisation (comme dans le cas de Deep Blue) pour atteindre le niveau de réflexion de l'homme, par mimétisme. Un autre exemple, facile à comprendre, est la traduction automatique : on ne suppose pas qu'une machine sait traduire un texte parce qu'elle est capable de le reconnaître.
Nous y voilà. Ce que ne précise pas François Taddéi, c'est en quoi les ordinateurs sont "plus doués" : capacité de mémorisation et vitesse de calcul. C'est fascinant mais l'un et l'autre ne constituent pas pour autant du raisonnement, de la sensibilité, de la créativité ou d'une manière générale de l'intelligence au sens large.Pas sûr que ce soit une bonne méthode, puisque n’importe quel ordinateur est plus doué que nous…”, rappelle François Taddéi sur la scène des Entretiens du Nouveau Monde industriel.
Et pourtant je mets au défi François Taddéi d'aller sur la lune avec son smartphone.La technologie transforme chaque jour un peu plus le monde en laboratoire. La Nasa est allée sur la lune avec un ordinateur qui était moins puissant que n’importe lequel de nos smartphones.

Du Michel Serres dans le texte... Voir notre article : "L'acculture en Serres" .Désormais, l’intelligence est dans chacune de nos mains...
Et un microscope est "intelligent" !...une simple lentille qui coûte seulement quelques euros peut transformer n’importe quelle caméra de ces appareils en un microscope plus puissant que ceux dont on se sert en cours.

Un exemple de tâche ne nécessitant pas d'intelligence collective, mais collaborative (par division et répartition des tâches) : le numérique ne fait que faciliter, optimiser et accélérer le travail scientifique dans ce cas précis. C'est effectivement le rôle que l'on assigne à la technique en général.Du fait de la collaboration mondiale permise par les outils numériques, le coût de séquençage du génome a décru plus vite que la loi de Moore, tant et si bien qu’on peut déjà dire qu’il ne coûtera plus rien du tout demain…
On est tout chamboulé de cette découverte !Et François Taddéi de donner ainsi nombre d’exemples pour montrer que la technologie change tout, mais qu’on ne s’y prépare pas. Comme l’explique Michael Nielsen (@michael_nielsen) dans Reinventing Discovery, la science n’a cessé de progresser.
Mais ça n'empêche pas de faire des enfants des "chercheurs" !Le nombre de publications scientifiques double désormais tous les 15 ans, tant et si bien qu’il devient impossible d’être microspécialiste…

En toute logique. Quand on n'est plus capable de maîtriser un micro-domaine, maîtrisons plusieurs domaines !“Cela signifie que nous allons avoir besoin, plus que jamais, d’interdisciplinarité.

Ah... le collectif ne vaut donc que s'il est interdisciplinaire. Voilà qui relativise beaucoup ce qu'a affirmé précédemment François Taddéi sur l'intelligence collective.Nous allons avoir besoin partout de collectifs toujours plus importants pour apprendre, travailler, découvrir, innover…”
Euh... la salle de classe au Moyen-âge ?Or, force est de constater que la pédagogie, elle n’a pas progressé aussi vite que la science. “Rien ne ressemble plus à une salle de classe d’aujourd’hui qu’une salle de classe du Moyen-Âge.



Toujours la même confusion volontaire (ou pas...) : amphithéâtre = salle de classe et étudiant = élève.
La pédagogie, cette vieille chose de l'humanité, doit passer en mode 2.0 comme le reste.Même si désormais 150 000 personnes peuvent suivre le même cours sur un Mooc, la pédagogie, elle n’a pas vraiment changé. Si les possibilités d’accès au savoir se sont élargies, l’échange, lui, est resté largement unilatéral.
Et surtout pourquoi ?Comment changer cela ? Comment réinventer la connaissance ? Comment innover ?

En sachant par ailleurs que les universités et l'école, c'est bien la même chose.Combien de nos barrières mentales sont tombées ? Combien en avons-nous encore devant nous ?” Humboldt proposait déjà de passer à la liberté d’apprendre, d’enseigner et de recherche… Mais ce n’est pas vraiment ce que l’on retrouve aujourd’hui dans les universités, estime le spécialiste de l’éducation. “Le professeur, ne devrait pas tant délivrer le savoir, que servir de mentor, accompagner les étudiants dans leurs projets personnels…”

Une référence de la pédagogie, donc.Les 3 niveaux d’intelligence
Pour François Taddéi, nous avons besoin de créer les conditions de développement de toutes les formes d’intelligence. Geoff Mulgan (Wikipédia), le fondateur du think tank Demos, ancien conseiller de Tony Blair, devenu directeur du Nesta...
C'est bien nébuleux. Quelle est la différence entre "apprendre à résoudre de nouveaux problèmes" et "apprendre à définir et résoudre de nouveaux problèmes" ?...estimait qu’il y avait 3 niveaux d’intelligence : un niveau individuel, collectif et global. Il résumait cela par trois formes de défis : apprendre à résoudre des problèmes existants, apprendre à résoudre de nouveaux problèmes et enfin apprendre à définir et résoudre de nouveaux problèmes.

Un nouveau problème n'est donc pas un problème existant ?

Et quel rapport avec les "niveaux d'intelligence" ?

L'université, c'est l'"intelligence individuelle" ?L’université sait résoudre les problèmes existants (niveau 1).

C'est vrai : de tous les temps les nouveaux problèmes qui se sont posés aux chercheurs des universités n'ont pu être résolus par eux. Ils n'ont pu résoudre que des problèmes déjà résolus.Pour résoudre de nouveaux problèmes (niveau 2), il faut être capable de créer de nouveaux départements interdisciplinaires… estime le chercheur.

Quel genre de "problèmes" ? Pas d'exemples ?Mais l’université ne sait pas résoudre les problèmes de niveau 3. Dans le monde des entreprises, le Mechanical Turk d’Amazon est également un outil qui permet de résoudre des problèmes existants.
Il faut dire que tels qu'ils sont expliqués par François Taddéi, on a du mal à comprendre en quoi ils consistent.Innocentive ou Kaggle permettent de résoudre des problèmes de niveau 2 (voir : “la démocratisation de l’analyse de données”). Mais là encore, nul ne sait résoudre des problèmes de niveau 3.

Ah... Il s'agit donc de se créer de nouveaux problèmes. il fallait y penser, effectivement !Comment créer des outils pour nous aider à définir et résoudre de nouveaux problèmes ?

On ne s'en étonnera pas.La question reste entièrement ouverte, estime le chercheur.

Finalement, un chercheur, c'est un gros bébé.Pourtant, nous sommes tous nés chercheurs comme le dit Alison Gopnik dans Comment pensent les bébés ?. L’enfant observe, forme des hypothèses, fait des expériences, analyse des données, les rapporte et invite les autres à reproduire ses propres résultats…

Les élèves du primaire ou du secondaire doivent raisonner comme un titulaire de la médaille Fields !Nous pouvons tous contribuer à la science, explique avec enthousiasme François Taddéi, en donnant là encore une longue liste d’exemple. Tim Gowers, médaille Fields de mathématique a un jour posté sur son blog un problème qu’il ne parvenait pas à résoudre et les contributions des gens qui lui ont apporté des idées, d’autres manières de voir le problème, lui ont permis de le résoudre (ce qui a donné naissance au projet Polymath, Wikipédia).

Je ne vois pas trop ce que cet exemple est supposé démontrer sur l'intelligence collective.Quand on donne de la liberté aux étudiants, ils savent inventer des choses, comme l’a montré iGEM, la compétition internationale de biologie synthétique. Sebastian Alegria, un adolescent chilien de 14 ans, pris dans un tremblement de terre, a fabriqué un détecteur de secousses sismiques qui envoie des messages 5 à 30 secondes avant que le tremblement de terre ne soit perceptible (cf. The Next Web)…
Ce n'est pas de l'intelligence collective, mais de la distribution de tâches. Au passage, encore un exemple des limites de la machine, incapable de faire ce travail.Les patients et leurs parents tendent aussi à devenir chercheur, comme le montre les contributions des patients du site PatientsLikeMe. Le médecin et chercheur Stephen Friend expliquait dans, dans un portrait de lui publié par Science qu’il faudrait des centaines d’années pour trouver les traitements adaptés à certaines pathologies comme le diabète ou le cancer simplement en cherchant les protéines et les gènes mis en cause. C’est pour cela qu’il a lancé Sage Bionetworks, un réseau pour partager de l’information biomédicale génomique de manière ouverte.
Avec François Taddéi, c'est facile de devenir "chercheur" ou "scientifique". Si vous avez joué à déplié une molécule et que vous y êtes parvenu, c'est que vous êtes devenu "scientifique".Même les joueurs deviennent des scientifiques comme le montre Foldit, le jeu où l’on plie des protéines (cf. “Le succès de Fold-it), créé par le Centre des jeux scientifiques de l’université de Washington, ou la compétition étudiante pour la création de jeux dédiés à l’éducation et la recherche iGam4er, qui se tenait récemment à Paris.

Au passage, encore un exemple des limites de la machine, incapable de faire ce travail. Décidément...
Quel rapport avec une réflexion sur l'intelligence de la machine ou l'intelligence collective. Il ne s'agit ici que de collecter et transmettre des données. Le propos de François Taddéi est de plus en plus brumeux.Autre exemple avec un des projets sur lesquels travaillent le CRI, comme le dog project, un capteur arduino intégré aux colliers de nos animaux domestiques pour recueillir des données sur eux et les partager avec des chercheurs vétérinaires, ou permettre à des enfants d’observer le comportement de leurs animaux familiers d’une manière scientifique.

Apprendre à apprendre : c’est offrir des défis et de la liberté

Ce que ces projets montrent, c’est qu’il est important de fournir des cadres qui à la fois offrent des défis et de la liberté.

Alors que dans l'école, les niveaux pas progressifs, on n'apprend pas de ses erreurs et ce qu'on apprend est beaucoup moins intelligent que ce qu'on apprend dans les "jeux".“Dans le jeu, les niveaux sont progressifs et vous permettent d’apprendre de vos erreurs.

Alors que dans un jeu, si la réussite est trop difficile, vous vous motivez. Et si elle trop facile, vous vous amusez.Dans le système éducatif, si l’apprentissage est trop difficile, vous vous démotivez, s’il est trop facile, vous vous ennuyez.

Sans doute pas, mais s'il est inégalitaire, c'est en grande partie à cause de la pénétration du constructivisme et du socio-constructivisme dans l'école depuis un quart de siècle, le même que continue de prôner François Taddéi sous des atours numériques.Le système scolaire français est l’un des plus inégalitaires qui soit...
Ce que ne font jamais les autres professeurs. Trop aimable, M. Taddéi !...mais on se rend compte qu’il peut être corrigé quand les enseignants eux-mêmes se transforment en chercheurs, quand, plutôt que de rejeter un élève en difficulté ils cherchent à l’aider, à se mettre en position d’interroger leurs propres manières de faire pour les améliorer.”
Ange Ansour (voir le début de ce fil de discussion) a trouvé la bonne façon d'aider les élèves en difficulté : elle n'enseigne plus.
Des "des visions alternatives au savoir" : qu'est-ce que c'est, au juste ?Nous devons également développer des visions alternatives au savoir, favoriser le pluralisme des idées, estime François Taddéi.
“Une encyclopédie aussi réussie que Wikipédia...

Pour réfléchir à tous les problèmes que pose Wikipédia, voir notre grande autopsie : "Wkipédia, l'important c'est de participer" .
Quel peut bien être le sens de cette phrase ?...force au consensus plutôt qu’à la richesse du dissensus.

Tiens, comme c'est étonnant !Or, si on regarde la page consacrée à Napoléon en Anglais, en Allemand ou en Français, ce n’est pas la même page.

Quelle innovation révolutionnaire !Nous avons besoin de points de vue différents sur une même réalité pour mieux la comprendre dans sa diversité, suggère le chercheur.
Propos toujours aussi confus. Il ne s'agit donc pas d'un point de vue différent, mais d'une version adaptée d'un certain point de vue.Wikipédia devrait autoriser le fork à la manière de ce que propose GitHub, cette plateforme d’innovation logicielle collaborative qui autorise la coopération sans coordination en permettant de démultiplier les versions d’un même programme. Wikipédia devrait favoriser la variété, la diversité des pages sur un même sujet, ce qui permettrait d’ailleurs de créer aussi différents niveaux d’accès, de lecture, comme une version pour les plus jeunes.
Derrière cette proposition il y a bien l'aveu que Wikipédia n'est pas adapté à nos "enfants-chercheurs".

Au lieu d'un vulgaire manuel scolaire, avec des connaissances choisies, organisées et adaptées pour être accessibles à des élèves d'un âge précis, et suffisamment nombreuses pour offrir du travail à toute une année scolaire, vive la profusion d'Internet et son joyeux capharnaüm de millions de pages non triées, non adaptées de connaissances, de non-connaissances ou de connaissances fautives ou approximatives !Pour François Taddéi, nous avons besoin d’écosystèmes de connaissance toujours plus riches pour en tirer du sens.
Et tant qu'ils n'ont pas ces "cartes", comment font les élèves ?Nous avons besoin de cartes de connaissances, à l’image des cartes de localisation, permettant de savoir où je suis, qui est autour de moi, comment aborder ce qui n’est pas cartographié…
Un accès rationnel. Internet est moins pédagogique qu'un manuel à cette fin.On a besoin d’avoir accès aux connaissances...
Wikipédia permet précisément de se dispenser d'avoir "accès aux livres"......mais également aux gens qui sont derrière les connaissances, comme si Amazon ou Wikipédia pouvaient nous donner accès aux auteurs et pas seulement à leurs livres

Car un auteur a tout à fait le temps de réseauter avec des dizaines de milliers de lecteurs....comme s’ils pouvaient permettre de créer un réseau social de gens ayant les mêmes envies d’explorer les connaissances.

C'est un "nouveau problème" ou un "problème existant" ?Pour mieux apprendre, nous avons aussi besoin de questions. Expliquer pourquoi l’eau mouille n’est pas si simple. Expliquer pourquoi l’on fait cette réponse est encore moins simple…

Quelle découverte !“Il suffit de quelques pourquoi pour accéder aux frontières de la connaissance”.
Pour l’instant, les publications scientifiques d’enfants sont rares.

Pure coïncidence.Quand elles existent, elles sont d’abord le cas d’enfants de chercheurs, comme le montrait récemment la publication d’un jeune français de 15 ans dans Nature.
Tout un programme !Mais ce n’est pas toujours le cas, comme le souligne le projet des Savanturiers du CRI.
Un blog d'un syndicat "réformiste" adepte des nouvelles pédagogies et qui défend précisément le... "apprendre à apprendre".“On a confié récemment à une classe de ZEP en banlieue parisienne une colonie de fourmis pour observation… Et bien les enfants ont observé quelque chose que les myrmécologues (les spécialistes des fourmis) de Jussieu n’avaient jusqu’à présent jamais observé…” comme le raconte très bien le blog éducation l’école de demain.
Cette classe a-t-elle publié le résultat de ces recherches ?
Il est vrai que la modestie, c'est vraiment ce qui caractérise François Taddéi quand il parle de ses collègues universitaires ou des enseignants du primaire et du secondaire.“Aucun d’entre nous n’est plus intelligent que l’ensemble d’entre nous”, rappelle avec modestie le chercheur.
François Taddéi n'a donné aucun exemple d'une vraie "intelligence collective". Celle-ci est un bel exemple de mythologie moderne.
Certes mais la communication scientifique n'a rien de nouveau...L’essentiel est dans l’ouverture.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Résumé sur le mystère de la muraille
Chronologie :
Pendant les vacances d’hiver, la maîtresse a envoyé un tweet pour dire qu’elle a vu que les fourmis ont fait une muraille.
[...]
Le 3 mai, pendant les vacances, la maîtresse a envoyé un tweet : la muraille est devenue très grosse et les fourmis ne l’utilisent pas pour nettoyer leur nid. La maîtresse a vu une fourmi transporter un cadavre et une saleté de l’air de fourragement (le bac) et les déposer sur la muraille.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
A lire également : "Socialter" du 30 janvier : "spécial éducation : allumer le feu".
Voir aussi : "Science Publique / Pouvons-nous tous devenir chercheurs ?" sur "France Culture" du 23/09/13.À l’heure où un savoir presque infini est désormais disponible sur Internet, les enseignants sont plus que jamais indispensables. Leur mission ? Donner aux élèves les clés nécessaires pour pouvoir s’orienter dans cet extraordinaire labyrinthe d’informations, de mots et d’images. Il leur faut pour cela susciter la créativité, encourager la curiosité, et développer la pensée critique et l’autonomie de chacun. Des compétences nécessaires pour répondre aux défis du monde à venir.
Malgré les pesanteurs de nos systèmes éducatifs, des professeurs et bénévoles inventent chaque jour de nouvelles manières d’enseigner et d’apprendre dans le monde entier. Si nous avons choisi d’aborder le thème de l’éducation, c’est avant tout pour faire connaître ces innovations pédagogiques. Mais c’est également car notre magazine est animé de la même volonté : remettre en cause les cadres de pensée, favoriser l’esprit critique, susciter la créativité et l’action concrète. « L’enfant n’est pas un vase qu’on remplit mais un feu qu’on allume », disait Rabelais. Alors pour réinventer nos modèles et agir sur le monde de demain, il est plus que temps d’allumer le feu.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Rinette
- Hors Ligne
- Novice
-
- Messages : 21
Pour ma part, je me refuse à faire ces cours. Je ne vois pas comment on peut chercher quand on n'a pas idée de ce qu'il y a à trouver. Des collègues demandent ainsi aux étudiants de bâtir leur propre problématique pour s'exercer au recueil de donnėes. Pour leur premier cours de phonétique-phonologie, ils partent avec leur enregistreur à la découverte du système phonologique d'un locuteur sans maîtriser la notion de phonème. Les exercices progressifs de transcription ? Pour quoi faire alors que les interactions verbales rėelles s'offrent à vous dans toute leur complexitė. Autant demander à qqn qui n'a jamais interprėté ni même écouté de musique de composer une symphonie. Je ne récuse que le fait que ces cours interviennent en 1ère année plutôt qu'après avoir acquis au moins les bases (licence)
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Et la suite : www.vousnousils.fr/2014/06/12/operation-...es-chercheurs-553691
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Traductrice de formation et de métier, Ange Ansour est devenue Professeur des écoles en 2006. Elle travaille dans une école « ZEP-ECLAIR » de la banlieue parisienne. Elle a expérimenté dans sa classe de CM1-CM2, un projet qui invite les jeunes élèves à explorer et pratiquer la recherche scientifique avec rigueur. Ce projet, encadré par des chercheurs qui interviennent directement en classe, permet aux plus jeunes de s'inspirer des méthodes et de l'éthique de la recherche pour construire leurs apprentissages.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585

Rappelons qu'Ange Assour collabore aux "Cahiers pédagogiques", promoteurs et même initiateurs de cette réforme. Il ne s'agit donc pas d'un point de vue scientifique neutre, ce que "Pour la science" aurait dû rappeler.
Si tel est le cas, pourquoi les nouveaux programmes ne sont-ils pas conçus de manière interdisciplinaire, par exemple entre la physique et les mathématiques ?Réforme du collège : l'interdisciplinarité est une bonne chose

Dont les "expériences" très scientifiques... des deux auteurs de la tribune ! Il est vrai que sans l’interdisciplinarité, le Centre de recherche interdisciplinaire (CRI) de François Taddei n'aurait pas de raison d'être (relire plus haut dans ce fil).Plusieurs expériences de projets transversaux menés en classe avec l'aide de chercheurs suggèrent que cette démarche favorise l'apprentissage.
Bon, d'emblée dans la tribune, plusieurs problèmes se posent, en dehors de cette curieuse autopromotion, rendant l'argumentation très confuse :
- La tribune confond interdisciplinarité et transversalité, notions pourtant très différentes.
- La tribune associe pédagogie de projet et interdisciplinarité : or rien dans la mise en œuvre de l'interdisciplinarité ne suppose qu'elle soit inhérente d'une telle pratique.
- "menés en classe avec l'aide de chercheurs" : nouvel ajout sans rapport avec l'interdisciplinarité proprement dite. Voilà typiquement le genre de mise en œuvre qui rend la généralisation impossible dans 100.000 classes de cycle 4.
A noter la précaution oratoire : "suggèrent que cette démarche favorise l'apprentissage". C'est donc sur la foi de cette "suggestion" qu'il s'agit de généraliser un dispositif à des millions d'élèves.
En rappelant que les syndicats représentant 80% des enseignants s'y sont opposés...Le 10 avril dernier, le Conseil supérieur de l'éducation a adopté le décret et l'arrêté qui définissent les principes de la réforme du collège en France prévue pour la rentrée 2016.
Opportunément la tribune ne précise pas le point le plus contestable de la réforme : ces trois heures sont retirées aux enseignements disciplinaires.Parmi les réactions que suscite cette réforme, plusieurs critiques portent sur les EPI – les enseignements pratiques interdisciplinaires que suivront les élèves de la 5e à la 3e, à raison de trois heures hebdomadaires maximum.
Même confusion : la pédagogie de projet est à distinguer de l'interdisciplinarité.Ces nouveaux modules ont pour vocation de « construire et d'approfondir des connaissances et des compétences par une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective ».
Comme on le verra, ces deux thèmes ne sont pas retenus par hasard.En d'autres termes, il s'agit de mener à bien des projets croisant plusieurs disciplines. Huit thématiques ont été définies, telles que « corps, santé, bien-être et sécurité » ou « sciences, technologie et société ». À l'issue du cycle, chaque élève doit avoir abordé six des huit thématiques.
On notera qu'aucune réfutation n'est apportée à la plupart des critiques rapportées : François Taddei et Ange Ansour oublient évidemment de rapporter la principale critique que nous avons déjà évoquée.Les critiques de ces EPI sont variées : « Au collège, c'est trop tôt pour ce genre d'enseignement, il faut rester sur les fondamentaux pour qu'ils soient bien acquis ; seuls les meilleurs élèves s'en sortiront ; les disciplines mères seront fragilisées par le temps qu'on leur prend ; les enseignants ne sont pas formés à une telle approche ; les infrastructures sont insuffisantes et les élèves trop nombreux... » Pourtant, divers indices en France et ailleurs suggèrent que, bien mise en œuvre, cette approche est très prometteuse, tant pour favoriser l'apprentissage que pour aider les enfants à devenir des citoyens éclairés.
On voit mal en quoi ces luttes de pouvoir concernent des collégiens : François Taddei, par un biais bien peu scientifique, expose ici ses propres problématiques universitaires.Une discipline est un corpus de concepts, un champ d'investigation ou un ensemble de méthodes propres ; mais c'est aussi une construction sociale – institutionnelle et universitaire –, prise dans des enjeux et luttes de pouvoir.
Nouveau biais de notre chercheur : les disciplines seraient toutes en rapport avec la recherche. A vrai dire surtout dans quelques disciplines... scientifiques. Quant au rapport entre ces mutations permanentes et le niveau d'enseignement attendu au collège... Par exemple, l'enseignement des mathématiques en 4e doit-il être actualisé par l'état de la recherche mathématique en 2015 ?Les disciplines scolaires sont issues des disciplines traditionnelles de l'université. Mais alors que les savoirs de la recherche sont en mutation permanente...
Cette conception de la recherche relève de l'opinion personnelle de François Taddei....faits d'emprunts à d'autres domaines...

...ils ont été, à l'école, fractionnés et inscrits dans des pratiques très éloignées des disciplines génitrices.

Les disciplines, comme leur nom l'indique, sont des champs d'apprentissage autour d'un objet propre. L'organisation du savoir en disciplines n'est pas une invention de l'école... mais elle est utile pour présenter un savoir structuré et adapté aux élèves.
Toujours le même biais d'une approche scientifique expérimentale. Vision par conséquent réductrice des disciplines : comprendre (et pas nécessairement "le monde en mutation" mais par exemple le passé ou les structures permanentes de la langue) n'est qu'un aspect de l'enseignement. Il s'agit aussi de mémoriser, de pratiquer, de s'exprimer.Toutefois, la raison d'être originelle des disciplines est leur valeur d'usage, c'est-à-dire leur pertinence pour faciliter la compréhension d'un monde en mutation, où ce qui compte est la capacité explicative des modèles mis en œuvre.
A noter que la plupart des aspects du monde que les élèves doivent comprendre ne sont pas du tout "en mutation" : cette notion d'évolution, de mutation est omniprésente pour justifier une démarche de recherche expérimentale.
Nouvel ajout : l'interdisciplinarité est ici mise en relation avec la recherche scientifique, conçue de manière très subjective.Partant de ce constat, partout dans le monde, divers programmes pédagogiques se sont montés ces dernières années, visant à renouer avec l'héritage de la recherche scientifique et son approche interdisciplinaire.
Très bien mais quel rapport avec l'interdisciplinarité ?Un article paru dans Nature le 16 juillet dernier recense plusieurs initiatives dans ce sens.
Lancé en 2006 en Allemagne, le programme Haus der kleinen Forscher (la maison des petits scientifiques) est installé dans plus de 24 000 structures (crèches, garderies, écoles élémentaires) accueillant les enfants de trois à dix ans. Des enseignants formés à cette approche amènent les enfants à poser des questions sur les phénomènes naturels ou les objets du quotidien et à concevoir des activités pour tester leurs hypothèses.
Même question. Le sujet de la tribune n'est donc pas traité...Le programme a fait des émules jusqu'en Australie, en Thaïlande et au Mexique. D'autres initiatives, telles que l'institut Hwa Chong à Singapour ou l'école Simon-Langton en Grande-Bretagne, visent à donner une chance à des jeunes de faire de la vraie recherche avec des équipements professionnels, dès l'adolescence.
Par ailleurs, où est présenté le bilan de ces programmes ?
Une pédagogie constructiviste donc.En France, l'approche se répand aussi, notamment grâce à des organisations telles que la fondation La main à la pâte qui, depuis 1996, vise à développer à l'école primaire et au collège un enseignement des sciences fondé sur l'investigation...
L'action de la Main à la pâte a débouché sur l'EIST : "L'enseignement intégré de science et technologie (EIST) en sixième et cinquième permet de mettre en œuvre la démarche d'investigation caractéristique des pratiques scientifiques et technologiques". La technologie est par définition en lien avec la science, dont elle est le produit et l'instrument. Bref, une interdisciplinarité à la fois évidente et en définitive très limitée. Et rappelons que l'EIST est le fait d'équipes volontaires et motivées. Ou que les interventions de la Main à la pâte sont très ponctuelles : rien à voir avec l'institutionnalisation horaire prévue.
Et l'EIST préfigure la globalisation des disciplines scientifiques en 6e dans la réforme du collège, une mesure non pas pédagogique mais économique.
Évidemment Pierre Léna de la Main à la pâte défend également la réforme du collège dans les "Cahiers pédagogiques" : www.cahiers-pedagogiques.com/Une-reforme-revolutionnaire
Quel bilan de la Main à la pâte ou de l'EIST, encore une fois ?

Curieux : cet aspect ("former les jeunes") n'est pas inscrit dans la présentation du CRI....et le Centre de recherches interdisciplinaires (CRI), à Paris, né en 2005 de la volonté de chercheurs de former les jeunes à la démarche de projet et de promouvoir l'interdisciplinarité.
Pour quel bilan ?Avec le programme les Savanturiers, lancé en 2012, le CRI forme de jeunes élèves à cette démarche en prenant modèle sur la recherche.
A noter que, dans l'esprit de ce projet des "Savanturiers", l'enseignement devient une "aventure" et les enfants des "savants", rien moins. On peut aussi militer pour plus d'humilité et moins d'aventurisme dans l'école.
Sur des sujets essentiels et qui permettent la "compréhension du monde" comme... un comportement très spécifique de fourmi.Élèves et enseignants sont engagés dans des projets coopératifs où ils observent, questionnent, décrivent, formulent des hypothèses, capitalisent des savoirs, expérimentent, modélisent, échangent des informations, argumentent et valident des résultats.

A noter ce nouvel ajout : non seulement projet, mais projet coopératif.

A noter encore que la démarche "scientifique" des enfants (point intéressant), telle que nous avons pu l'observer (cf supra), est en réalité très discutable...
"Ces activités aident l'apprentissage et dotent les élèves de bases solides" : et là il il faut faire preuve... de croyance.Ces activités aident l'apprentissage et dotent les élèves de bases solides pour aborder avec discernement les enjeux sociétaux de leur temps.

Bon, c'est vrai qu'en étudiant le comportement de certaines fourmis, on comprend mieux les enjeux sociétaux de notre temps.

Encore une fois il faut faire preuve de croyance.C'est un retour aux sources, corroboré par les recherches en sciences cognitives qui établissent que les processus intellectuels à l'œuvre chez l'enfant sont apparentés à ceux mobilisés par les chercheurs.
Tout est dans "l'instigation" du "parent chercheur".En témoignent de nombreuses réalisations sporadiques d'enfants chercheurs, tel cet article de recherche sur le comportement des bourdons publié par une classe d'enfants anglais de 8 ans à l'instigation d'un parent chercheur.
En fait c'est simple : il suffit de mettre à la portée des élèves les "outils et concepts" ! Pourquoi donc l'école n'y a-t-elle jamais pensé ?Notre ambition est de rendre accessible au plus grand nombre l'essence même de ces tentatives.
Le projet Savanturiers met en relation des chercheurs et des classes. Il permet aux élèves d'explorer un phénomène naturel ou culturel (la vie des fourmis, le changement climatique, l'action du sucre sur l'organisme, la construction d'une fusée...) en mettant à leur portée les outils et concepts des différents champs d'investigation scientifique.
Les élèves écrivent, publient et partagent lors de congrès les résultats de leurs recherches.

Quels pionniers !Cette approche pédagogique a donné corps, au collège Beaumarchais à Paris, à un projet exemplaire, voire préfigurateur de ce que pourraient être les EPI voulus par la réforme.
Difficile de faire plus nébuleux...À partir de vers de compost, les élèves de 6e d'une professeure de SVT ont défini diverses problématiques aux frontières entre sciences de la vie, français et technologies de l'information.
Les biologistes de toutes les universités vont bientôt avoir beaucoup de travail !Partant de leurs questions, ils ont défini des protocoles de recherche rigoureux et mené un travail documentaire exhaustif, guidés par un biologiste de l'université Paris-Descartes.

C'est vrai que la compréhension du monde en est changée...Des questions naïves telles que « Est-ce que le ver de compost entend et danse en musique ? » sont devenues une série d'expérimentations et de recherches sur la sensibilité du ver aux vibrations.
Le lien est en effet très évident.En parallèle, avec leur professeure de français, les élèves se sont initiés à l'écrit scientifique et se sont engagés dans des productions littéraires et chorégraphiques sur la perception du mouvement.

Un bel exemple d'interdisciplinarité factice.
Temps consacré à ce travail ?Tout au long de l'année, ils ont alimenté un blog sur leurs explorations, à partir duquel ils ont fait une communication en congrès.
Mais autant présumer des résultats pour généraliser à toute la France dès 2016 !Les Savanturiers ont déjà accompagné 4 500 élèves, du CM1 à la terminale, et leurs enseignants. Une étude précise de l'impact de cette approche sur la réussite des élèves, en cours sur trois ans, livrera ses résultats en 2018.
Par ailleurs cette étude concernera-t-elle la diminution du temps d'enseignement disciplinaire ?
"L'engagement" est mesuré très scientifiquement, comme on peut le voir. Et il devient la nouvelle mission de l'école : non plus instruire, mais engager les élèves.Des entretiens menés auprès des enseignants impliqués révèlent déjà que l'approche favorise l'engagement des élèves dans les apprentissages – même de certains qui, jusqu'alors, avaient des difficultés. En Allemagne, une enquête menée auprès de 3 000 enseignants engagés dans le programme Haus der kleinen Forscher a montré que ces derniers ont gagné en confiance et s'intéressent plus à l'enseignement des sciences. Là aussi, une évaluation de l'impact sur l'apprentissage des enfants est en cours sur trois ans.
C'est vrai : comment un professeur pourrait-il pratiquer l'interdisciplinarité dans sa classe, en faisant le lien avec les autres disciplines ? Mais comment donc font les professeurs de primaire, évoqués plus haut ?Certes, pour que cela fonctionne, plusieurs conditions doivent être réunies. Un enseignant isolé ne peut relever un tel défi.
Nouvel ajout, donc : le travail en équipe. Tout cet argumentaire pour l'interdisciplinarité est bien peu rigoureux d'un point de vue scientifique.
Des équipes désignées sur des thèmes désignés avec un horaire assigné, le tout répondant à des objectifs de gestion des ressources humaines.Seules des équipes engagées collectivement dans la recherche de solutions pédagogiques et didactiques sont à même de porter ce point de la réforme.
Il est donc primordial que l'administration favorise la coopération des enseignants entre eux et avec le monde de la recherche, notamment en facilitant sa mise en place : plages communes de temps libre, horaires de cours compatibles, salles de cours contiguës... Nous faisons confiance aux acteurs de la réforme pour tenir compte des expériences en cours et de leurs enseignements.

Évidemment cette tribune fait totalement abstraction des conditions concrètes de mise en œuvre de l'interdisciplinarité dans la réforme du collège 2016. A relire à ce sujet : "Une réforme qui se moque de l'interdisciplinarité" . La tribune n'évoque pas non plus les précédents interdisciplinaires à l'école (TPE, IDD, PPCP), ce qui est très regrettable...
Quand on veut instrumentaliser la science, il faut le faire plus rigoureusement.
Résumons : l'interdisciplinarité est ici conçue de manière extrêmement confuse (pédagogie de projet, travail collaboratif des élèves, travail en équipe des enseignants, démarche expérimentale, constructivisme, association avec des chercheurs...), sans aucun bilan concret et détaillé et impossible à généraliser sous la forme présentée. Mais n'en doutons pas : "l'interdisciplinarité est une bonne chose".
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585

A noter que le commentaire posté par Roger Raynal à la suite de la tribune sur "Pour la science" a tout simplement disparu.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17585
L'ID du tweet fournit n'est pas valide
A noter que , si Pierre Léna vante l’interdisciplinarité dans la réforme ou les programmes, l'Académie des sciences avait précisément fustigé... l'absence interdisciplinarité dans les nouveaux programmes !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Forum
- L'école moderne
- La réforme permanente
- Les pédagogies "nouvelles"
- François Taddei, le CRI et les "enfants chercheurs"