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[LVM] "Petit cimetière des citations apocryphes sur l'éducation"
- Loys
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Avec en référence, cet article de 2004 de Bruno Guigue fustigeant "la dévotion académique" envers Montesquieu et s'efforçant de semer le doute sur son anti-esclavagisme : "Montesquieu ou les paradoxes du relativisme" .
Bruno Guigue cherche d'abord à montrer que Montesquieu, dans le texte "De l'esclavage des nègres", rejetterait l'esclavage aux noms d'arguments mineurs, et non d'un argument majeur (l'égalité naturelle). Or Montesquieu ne fait précisément que montrer les contradictions et les incohérences des arguments esclavagistes. Pour Bruno Guigue, "cette condamnation n’est aucunement radicale : elle n’invoque jamais le principe d’égalité naturelle pour disqualifier le prétendu droit de l’esclavage". Nous verrons bientôt ce qu'il en est.
M. Guigue évoque, ailleurs dans De l'Esprit des lois, la théorie des climats de Montesquieu qui justifierait l'esclavage, avec une sorte d'"exception géographique" : "Il y a des pays où la chaleur énerve le corps, et affaiblit si fort le courage, que les hommes ne sont portés à un devoir pénible que par la crainte du châtiment : l’esclavage y choque donc moins la raison." Comprendre : la raison de ceux qui justifient l'esclavage. Malheureusement M. Guigue oublie de préciser que Montesquieu s'intéresse ici à "une autre origine du droit de l’esclavage, et même de cet esclavage cruel que l’on voit parmi les hommes" : par "origine", il faut donc comprendre qui justifierait l'esclavage par nature, tout comme fait Aristote dans la Politique : mais à cette "origine", Montesquieu oppose immédiatement un principe vibrant : "comme tous les hommes naissent égaux, il faut dire que l’esclavage est contre la nature, quoique, dans certains pays, il soit fondé sur une raison naturelle" (fondé à l'origine... par ceux qui justifient ainsi l'esclavage comme Aristote). Bref, M. Guigue tronque ici volontairement la pensée de Montesquieu. Nous lisons, d'ailleurs, dans cette citation, le principe de l'égalité naturelle ("tous les hommes naissent égaux", "l’esclavage est contre la nature") que M. Guigue reproche à Montesquieu de ne jamais avancer : il suffit pourtant de le lire !
De fait Montesquieu est plus clair encore dans cette phrase importante du chapitre suivant (I, 15, que M. Guigue néglige encore de citer : "Je ne sais si c’est l’esprit ou le cœur qui me dicte cet article-ci. Il n’y a peut-être pas de climat sur la terre où l’on ne pût engager au travail des hommes libres." Dès lors, la conclusion iconoclaste de M. Guigue ("il ne semble réprouver la servitude universelle, en somme, que pour mieux justifier la servitude particulière. Dans L’Esprit des lois, les frontières de la liberté et de la servitude s’ordonnent en fonction de la température.") semble tout simplement aberrante. M. Guigue transforme un constat géographique établi par Montesquieu en justification locale de l'esclavage. A vrai dire, Montesquieu se contredirait dès lors quelque peu dans le texte "De l'esclavage des nègres" puisqu'il évoque bien l'aberration de l'esclavage... précisément sous d'autres climats.
Dernière tentative pour semer le doute sur l'anti-esclavagisme de Montesquieu, dans une forme d'anachronisme sidérant : le jurisconsulte n'appelle pas, en révolutionnaire de 1748, à abolir l'esclavage mais seulement à en ôter les abus et les dangers dans I, 15, 12 ("Suppression de l’esclavage ? Non. Les promesses de l’ironie anti-esclavagiste, ici, sont cruellement déçues"). Ce pragmatisme du premier des philosophes des Lumières à mettre en cause l'esclavage devient pour M. Guigue une évidente "complaisance" à l'égard de l'esclavage (complaisance qu'on a quelque difficulté à retrouver dans l'ironie mordante de "De l'esclavage des nègres"). A ce compte, les philosophes de Lumières qui n'appelaient pas à couper la tête du roi étaient partisans de la monarchie absolue...
Au terme de cette démonstration biaisée et malgré les nombreux textes mettant en cause - pour la première fois - le principe même de l'esclavage (de Montesquieu à Rousseau, en passant par Voltaire ou Jaucourt), M. Guigue conclut de façon fort iconoclaste : "La théorie de l’esclavage s’épanouirait-elle, ainsi, à l’ombre des Lumières ? [...] Montesquieu était-il esclavagiste ou anti-esclavagiste ?" Pour M. Guigue, Montesquieu ne formulerait "aucun jugement de valeur" sur "ce mode de domination" et il refuserait "d’en blâmer catégoriquement le principe", et tant pis si Montesquieu écrit noir sur blanc que "l’esclavage est contre la nature", citation que M. Guigue se garde bien de reproduire, soucieux de construire l'image paradoxale d'un Montesquieu "relativiste" qui légitimerait l'esclavage loin de l'Europe. Relisons "De l'esclavage des nègres" :
Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais : Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres.
Pourquoi tant d'efforts de la part de M. Guigue, polémiste engagé , pour inventer "deux faces de Montesquieu" et tordre, déformer la pensée du philosophe des Lumières et ainsi semer "le doute" ? On peut se poser la question.
En tout cas que ce médiocre contre-feu fourni par le texte de M. Guigue ne peut guère effacer le grave contresens d'"Abdel en vrai", lequel ne formule d'ailleurs aucune excuse ni pour son contresens ni pour sa caricature honteuse de Montesquieu en raciste dogmatique et en Eric Zemmour...
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When I was 5 years old, my mother always told me that happiness was the key to life. When I went to school, they asked me what I wanted to be when I grew up. I wrote down ‘happy’. They told I didn’t understand the assignment, and I told them they didn’t understand life. – John Lennon
Dans cette école Montessori par exemple : www.montessoriparis17.com/
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Sachant qu'il ne s'agit ici que d'arts martiaux. Ce que Bruce Lee essayait d'expliquer, c'était qu'il fallait apprendre les techniques de combat (de préférence les plus efficaces) jusqu'à ce que le corps les ait parfaitement intégrées, qu'elles deviennent des réflexes automatiques, et qu'on finisse par oublier qu'on a dû les apprendre.
Pas sûr que ça marche dans le contexte de l'école, par contre
En tout cas, à propos du rapport de John Lennon à l'école, on peut aller ici pour en savoir plus : www.telegraph.co.uk/culture/music/the-be...is-naughty-side.html
www.theguardian.com/music/2009/dec/13/jo...nnon-childhood-youth
Lennon filled notebooks at Quarry Bank school with drawings of human grotesques and, as his first biographer, Ray Coleman, put it, "developed an instinctive ability to mock the weak, with whom he had no patience". An early girlfriend, Thelma Pickles, who hung out with Lennon at art school, later recalled: "Anyone limping or crippled or hunchbacked, or deformed in any way, John laughed and ran up to them to make horrible faces."
Tout ça pour dire qu'il faudrait faire un peu plus attention aux exemples qu'on nous donne
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Et d’autres d’auteurs ayant été inventés, comme Serge Trigoud ou Pascaline Messager. Le tout sans que soit précisé nulle part que certains textes sont authentiques et d’autres non. On peut donc trouver des extraits d’ouvrages inexistants, comme ici: «Une maison, c’est un miroir, celui de nos âmes, celui de notre passé. Vivre et habiter, en somme, cela revient à remplir la maison d’objets qui nous font exister», Serge Trigoud, Habiter: Toute une histoire, Ellipses, 2020… [...]
Contactée par nos soins, la maison d’édition Ellipses, qui édite ces ouvrages, ne «voit pas le problème», arguant que ces citations «ont une visée pédagogique et méthodologique». Pour l’heure, Pierre Poissant a contacté son inspectrice académique, qui l’a encouragé à faire remonter l’information aux niveaux supérieurs. Les services de l’enseignement supérieur en ont depuis pris connaissance. Aucun des deux auteurs, Laure Belhassen et Anne Ramade, n’a répondu à nos sollicitations.
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