Le plan numérique pour l'école

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21 Mai 2013 23:14 - 08 Jui 2013 16:56 #5862 par Loys

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05 Jui 2013 12:00 #6220 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
A lire dans le "Café Pédagogique" du 05/06/13 ce long entretien avec Bruno Devauchelle : "Stratégie numérique : Devauchelle : Le moment du basculement est venu" .


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08 Jui 2013 16:53 - 08 Jui 2013 17:02 #6279 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Et bientôt :

A suivre avec le hashtag : twitter.com/search?q=%23ecolenumerique&src=typd

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10 Jui 2013 13:37 #6296 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Source : www.education.gouv.fr/cid72254/faire-ent...e-scolaire-2013.html

Faire entrer l'École dans l'ère du numérique : premier point d'étape de la stratégie déployée et annonce des nouveaux services numériques pour la rentrée scolaire 2013 - lundi 10 juin 2013, 14h30
Invitation à la presse - Vincent Peillon - 06/06/2013
Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale, et Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l’innovation et de l’économie numérique, se rendront lundi 10 juin, au lycée Diderot à Paris (19ème). Ils présenteront les nouveaux services disponibles dès la prochaine rentrée scolaire à destination des élèves, des enseignants et des familles.
Cet événement sera aussi l’occasion d’exposer les nouvelles actions d’éducation à l’information et aux médias, de valoriser la dynamique collective lancée dans les académies et les établissements scolaires et d’illustrer les usages du numérique en classe par le biais de démonstrations in situ.
Déroulé de la journée :
14h40 : visite de classes faisant usage du numérique
15h : point presse
15h15: intervention de Fleur Pellerin, Ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l’Économie numérique, dans l’amphithéâtre du lycée
15h40 : table ronde sur l’éducation à l’information et aux médias avec Olivier Schrameck, Président du CSA, Isabelle Falque-Pierrotin, Présidente de la Cnil, Marie Derain, Défenseure des enfants, Catherine Bizot, Inspectrice générale de l’éducation nationale et Jean-Paul Delahaye, Directeur général de l’enseignement scolaire
16h30 : intervention de Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale
17h : démonstrations des services pédagogiques numériques suivies de la signature du protocole "collèges connectés" en présence de Présidents de conseils généraux

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10 Jui 2013 21:19 - 10 Jui 2013 21:30 #6305 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
L'intervention du ministre ce 10 juin 2013 :

L'Internet et le numérique c'est aussi une façon de travailler de façon coopérative, de décloisonner et de vivre, comme le dit Michel Serres, de changer même la notion d'espace.

La page du MEN consacré à ce "point d'étape" : http://www.education.gouv.fr/cid72307/point-d-etape-de-l-entree-de-l-ecole-dans-l-ere-du-numerique.html
Document à consulter : http://cache.media.education.gouv.fr/file/06_Juin/36/6/Point-etape-juin2013-strategie_numerique_Dossier_255366.pdf

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11 Jui 2013 11:58 - 11 Jui 2013 11:59 #6310 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Bilan le lendemain. L'intervention du Ministre n'a pas suscité beaucoup de réactions dans les médias...
Un article dans "Challenges", quelques compte-rendus sur des sites comme "Numerama" ou "01.Net". C'est maigre.

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11 Jui 2013 15:19 #6311 par Loys

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11 Jui 2013 21:20 - 11 Jui 2013 21:23 #6318 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Compte-rendu dans le "Café Pédagogique" : "Peillon lance la "mobilisation numérique" " (11/06/13)


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11 Jui 2013 21:22 #6319 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Et cette interview d'Eric Bruillard : "Numérique : Éric Bruillard : Quelle Ecole veut-on pour les TICE ?" (11/0613)


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12 Jui 2013 20:38 - 13 Jui 2013 18:07 #6344 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école

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12 Jui 2013 20:39 - 13 Jui 2013 18:49 #6345 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école

"On ne fera pas entrer les élèves dans l'ère du numérique avec une heure en salle informatique par semaine"

L'objectif, ce n'est donc pas de refonder l'école, mais de "faire entrer les élèves dans l'ère du numérique"...

Vincent Peillon veut faire entrer l'école dans l'ère du numérique. Si l'intention est louable, pour Stéphanie de Vanssay, professeur des écoles depuis 20 ans, au quotidien, les professeurs sont confrontés à de nombreux freins, notamment matériels.

Eh oui, c'est bien sûr la seule réticence qu'ils peuvent avoir.

Jamais un ministre de l'Education nationale n'avait autant mis en avant l'école numérique, jusqu'à en faire un thème à part entière de la Refondation. Effort et intention louables, il était grand temps!

Le numérique, improbable bouée de secours pour permettre à l'école d'échapper au naufrage.

Cependant, au delà de la volonté de faire avancer les choses et de la question des moyens, se pose cruellement celle de la compréhension de ce que cela change profondément de "faire entrer l'école dans l'ère du numérique".

Dit autrement : le Ministre aurait-il des difficultés de compréhension ?

Le discours de Vincent Peillon fait plaisir à entendre, une volonté politique est affirmée, il n'est plus temps de se demander si le numérique est utile ou de faire des essais (alors pourquoi 20 collèges pilotes?), le Net est là, il n'est plus temps de tergiverser, il faut aller chercher les jeunes là où ils sont!

Mais je croyais qu'il fallait "les faire entrer dans l'ère du numérique" ? :scratch:
De toute façon les essais n'ont rien donné, alors autant passer outre. :devil:

La révolution du numérique se fera par la pédagogie et la mise en synergie de tous les acteurs. On ne peut qu'applaudir... Mais il y a loin du discours à la réalité.

Attention : discours plaintif en vue.

Galères en série pour les enseignants innovants
Parlons un peu du vécu quotidien de ces profs de primaire et du secondaire qui intègrent déjà le numérique dans leur enseignement. Alors que l'on devrait s'appuyer sur eux, leur faciliter la tâche et solliciter leur expertise, c'est rarement le cas et bien des tracasseries petites ou plus graves émaillent leurs journées.

On passe des "galères"... aux "tracasseries". :mrgreen:

D'abord il faut accéder à une connexion: on aurait aimé voir annoncé le principe simple d'une connexion a minima dans chaque salle de classe/cours. Certes cela dépend des collectivités locales, mais on est loin du compte, notamment dans les écoles primaires. Ce n'est pas avec une heure en salle informatique par semaine que l'on va faire entrer les élèves dans l'ère du numérique!

Comment refonder l'école sans prise RJ45 : c'est une vraie question ! :doc:

Parfois, comme dans cette classe de maternelle parisienne qui travaille avec des iPads, la prise existe dans la salle mais l'enseignante ne peut y brancher son ordinateur personnel (accès au réseau interdit) et cela fait plus d'un an qu'elle attend l'ordinateur "Ville de Paris" qui lui éviterait d'avoir à transporter chaque soir les iPads chez elle pour les synchroniser.

La refondation de l'école tient à peu de choses finalement.

Parlons aussi de ces professeurs qui s'équipent à leurs frais de clés 3G pour pouvoir utiliser dans leurs cours Youtube ou les réseaux sociaux qui sont filtrés par le réseau de l'établissement.

Une vraie galère, effectivement.

Là encore rien sur l'ouverture des réseaux, la confiance nécessaire envers les enseignants et les élèves! Comment éduquer et accompagner les élèves quand dans l'école les usages sont interdits alors qu'ils sont de fait disponibles via leur téléphone et à domicile?

La solution est toute trouvée pour Stéphanie de Vanssay : utilisons les téléphones des élèves ! :cheers:
Chez les techno-pédagogues, c'est ce qu'on appelle le BYOD.

Que penser aussi de la situation de cet enseignant de CLIS (Classe d'Intégration Scolaire pour des élèves handicapés) qui va présenter au forum des enseignants innovants un projet tablettes mené dans le cadre de l'éducation nationale et qui subit une retenue sur salaire pour son absence pourtant autorisée.

D'autres exemples d'apothicaire ? On pourrait aussi parler de tous ceux qui jouissent d'une décharge partielle ou totale de service pour promouvoir les TICE... :devil:

Pire, comme il met en oeuvre une pédagogie atypique, intégrant le numérique, son rapport d'inspection est mauvais car son travail n'est pas compris, ne "rentre pas dans les cases"...

Parce que le numérique n'est pas dans les programmes, le B2i, la stratégie ministérielle, sur Eduscol, sur le site du CNDP etc. ? :shock:
Voir cet index : www.laviemoderne.net/forum/vers-l-ecole-...e-petit-index-du-web
C'est amusant cette volonté systématique de présenter les enseignants innovants comme des martyrs de la modernité. :rirej

Et pourtant, ses élèves progressent énormément!

Il suffit de l'affirmer, n'est-ce pas ! :doc:

Faire confiance, une révolution devenue possible?
Parlons formation. Un des dispositifs présentés lors de ce point d'étape nommé M@gistère a pour fonction d'accompagner la formation continue des professeurs des écoles. À partir de la rentrée prochaine, tous les professeurs des écoles bénéficieront de 9 heures de formation continue à distance, une excellente nouvelle car, quoi de mieux que d'expérimenter pour soi ce que peuvent apporter ces outils numériques, pour se lancer ensuite avec ses élèves?

Car ce que les outils numériques apportent aux adultes en formation est la même chose qu'aux élèves. :doc:
De plus, l'enseignement à distance a bien d'autres avantages. :devil:

La présentation de M@gistère insiste beaucoup sur la personnalisation des parcours mais ne fait aucune mention d'échanges en ligne entre professeurs ni de travail collaboratif. Espérons que cela sera prévu et qu'il sera aussi permis de se former hors plateforme.

Les professeurs n'ont pas attendu la mise en place d'une plate-forme institutionnelle pour échanger en ligne... :roll:
Un vrai combat fondamental, donc.

Avec les nombreuses ressources déjà en ligne et les initiatives qui fleurissent comme les live-sessions de François Lamoureux auxquelles on peut participer en direct (ou visionner plus tard sur son blog) ou ce cours de l'IUFM de Lyon en creative commons intitulé "culture numérique de l'enseignant droits et obligations" gratuit et ouvert à tous, on peut faire de la co-formation de qualité sans que cela coûte un centime à l'institution.

Et ça, c'est très important parce qu'il y a plein de gens malintentionnés qui soulignent le coût disproportionné des investissements numériques. :doc:

Il suffira de faire confiance aux professeurs sur la foi d'un compte-rendu de ce qu'ils auront appris et mis en oeuvre... Faire confiance, une révolution devenue possible?

:santa:

Si cette formation continue en ligne n'est pas de qualité, ouverte aux initiatives et résolument interactive, elle confortera les plus numérico-sceptiques et génèrera plus de dégâts que de bienfaits. Gageons au vu des intentions annoncées que tout cela a été prévu.

Ou comment prévenir un échec annoncé. :rirej

Revenons-en aux élèves... Dans le dossier de presse, il est prévu une relance de l'éducation aux médias, y compris numériques, pour "former les cybercitoyens actifs, éclairés et responsables de demain", ce qui tranche étrangement avec les dispositifs présentés où l'élève n'apparait jamais comme contributeur, producteur, créateur de contenu mais seulement comme consommateur de ressources (de qualité !). Il manque de vraies incitations à s'emparer de Wikipedia et autres projets collaboratifs, à investir les espaces de discussions du Web (forums, réseaux sociaux), à publier, à créer du contenu artistique... mais cela est probablement à l'ordre du jour du prochain point d'étape...

La création de "contenus", nouveau Graal éducatif.
Quant à l'incitation "à s'emparer de Wikipédia", quelle bonne idée quand certains élèves savent à peine écrire au collège... Tout un sens des priorités ! :doc:

Tout l'intérêt du numérique réside dans les nouveaux champs qu'il ouvre: un accès ouvert aux savoirs, la collaboration, la contribution, l'intelligence collective...

:santa:

S'ils ne sont pas présents alors nous serons passés à côté de l'essentiel! L'école se doit de préparer les élèves à tirer tout le profit possible du numérique, reste à relever le défi.

Pour tirer tout le profit du numérique, le mieux est de former l'esprit des élèves, pas de les plonger prématurément dedans.

Stéphanie de Vanssay est professeur des écoles depuis 20 ans, en ZEP dont 8 ans en RASED (Réseau d'Aides Spécialisées Aux Elèves en Difficulté) et conseillère technique au syndicat SE-Unsa notamment sur les questions du numérique à l'école.

Professeur dans quelle école, précisément ?

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13 Jui 2013 17:37 - 13 Jui 2013 17:37 #6359 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Encore un insatisfait : décidément ! :mrgreen:
A lire sur "EducaVox" du 13/06/13 : "Quand un ministre et un philosophe tournent autour du pot ou de la tablette…" de Pierre Frackowiak.


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13 Jui 2013 17:49 #6363 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Autre compte-rendu, celui de "LudoMag" du 13/06/13 : www.ludovia.com/2013/06/faire-entrer-lec...detape-du-ministere/

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14 Jui 2013 09:22 #6369 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Après le SE-UNSA, le SGEN non plus n'est pas satisfait : www.cfdt.fr/jcms/prod_150974

Numérique : un pilotage vertical est il encore efficace ?
publié le 13/06/2013 à 13H42 par attaché de presse
Communiqué de Presse n° 78 du 13 juin 2013.
Le ministre a présenté un point d'étape sur la stratégie pour développer le numérique. Les annonces de décembre ont été mises en chantier (mise à disposition de ressources, service d'accompagnement en ligne pour les élèves en difficulté, e-formation des enseignants du premier degré…). Ces dispositifs sont susceptibles d'engager enfin la dynamique attendue depuis longtemps, mais encore une fois, la question du pilotage et de l'accompagnement reste posée.
La création d'une direction de l'administration centrale entièrement consacrée au numérique, déclinée dans chaque académie, se veut une réponse aux besoins de pilotage suscitée par le numérique. Mais, une fois de plus, la méthode utilisée reste conforme aux stratégies verticales décidées rue de Grenelle. Pour le Sgen-CFDT, le déshabillage des services au profit d'une nouvelle structure consacrée au numérique illustre jusqu'à la caricature une gestion des ressources humaines d'un autre siècle.
D'autant que les instances qui doivent être mises en place dans les académies et les départements oublient les enseignants qui n'auront toujours pas de lieu de dialogue avec les collectivités territoriales pour que matériels et services correspondent à leurs besoins et à ceux des élèves .
Pour le Sgen-CFDT, il est urgent que l'on abandonne l'idée d'une stratégie verticale, incompatible avec le numérique, et que les gouvernances académiques fassent enfin une place aux personnels. Pour que le numérique intègre enfin les pratiques pédagogiques quotidiennes, les personnels ont surtout besoin d'autonomie, de confiance et d'accès à un réseau ouvert. Cela suppose que l'ingeniérie numérique pédagogique soit organisée avec et au plus près de ses acteurs.

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15 Jui 2013 09:04 #6378 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Michel Guillou est lui aussi déçu, comme on pouvait s'en douter : "La fracture numérique est au ministère !" (EducaVox du 14/06/13)


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17 Jui 2013 22:53 #6420 par Loys

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22 Jui 2013 23:10 #6515 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Sur son blog, nouveau tir à boulets rouges de Michel Guillou sur la grande stratégie pour le numérique de Vincent Peillon : "Numérique éducatif : Ubu fait école…" (22/06/13)


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22 Jui 2013 23:45 - 22 Jui 2013 23:46 #6516 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école

Numérique éducatif : Ubu fait école…

Alors qu'avec Michel Guillou tout serait tellement plus rationnel ! :santa:

Je reviens un instant sur cette incroyable histoire de collèges pilotes pour le numérique dont on sait maintenant qu’il n’y en aura même pas un par académie !
Vous croyiez que j’allais vous laisser tranquilles avec ça, que je n’en avais que trop parlé ? Vous pensiez que j’avais tout dit, dans mes billets précédents, là et là ? Rappelez-vous, j’y dénonçais pêle-mêle, qui l’invraisemblable ringardise du projet, qui le manque de souffle et d’ambition, qui l’aveuglement qui empêche nos élites de comprendre ce qui s’est passé depuis vingt ans, au bas mot, qui l’insulte ainsi faite aux pionniers et autres défricheurs, professeurs ou chefs d’établissement, qui l’incapacité à comprendre l’urgence des enjeux d’aujourd’hui, qui encore l’illisibilité des priorités, qui enfin l’inaptitude à comprendre ce que sont les élèves, au risque d’en faire les premières victimes d’une politique frileuse et dépassée...

"Ubu", "incroyable histoire", "invraisemblable ringardise", "aveuglement de nos élites", "insulte", "priorités illisibles", "inaptitude à comprendre", "politique frileuse et dépassée" : le ton était plus mesuré dans ses précédents billets. :mrgreen:
On reconnaît là la mesure de Michel Guillou, homme modéré s'il en est, ce grand "pionnier" et "défricheur" qui a - lui - tout compris. Mais à qui peut-il adresser de telles invectives ? Au Ministre lui-même ? Non, c'est inconcevable.

Il est une raison supplémentaire qui apparaît au grand jour qui motive aujourd’hui mon nouveau courroux.
Le programme officiel distribué à la presse et en ligne sur le site du ministère nous présente ces vingt collèges connectés pilotes comme des accélérateurs d’innovation et de changement. Bon, à part apprendre qu’ils seront connectés — ou comment dire que beaucoup le sont mal ou ne le sont pas, ce qui revient à travailler sur Internet sans Internet, il faudra que j’écrive un billet là-dessus, tiens, à l’occasion… —

Car Internet n'est plus seulement un outil au service des programmes, mais devient une fin en soi, un programme en lui-même. Et le numérique se limite bien sûr à Internet. :doc:

...c’est quand même une phrase qui ne signifie pas grand chose quand on sait le sort peu enviable qui est généralement fait à l’innovation et la frayeur qu’inspire le changement…

Tous tremblaient mais un héros se dressait parmi eux : Michel Guillou !

Non, c’est dans la note reçue récemment par les recteurs qu’il faut trouver la première et principale raison de cette opération. Tenez-vous bien !
L’objectif de de la mise en place de ces collèges est de démontrer les apports du numérique pour la réussite des élèves, pour les enseignants et les familles.
Sic.

Où est le problème ?

Malgré les quantités considérables de recherches universitaires, de thèses, de rapports, de travaux de toutes sortes sur le sujet, en provenance de France comme d’ailleurs, il y aurait donc dans nos aréopages politiques, administratifs ou pédagogiques, des gens qui doutent encore, qui s’interrogent, qui ne sont pas certains que le numérique soit utile à quelque chose à l’école.

Comment peut-on oser douter ? Avoir un esprit critique ?
C'est curieux mais depuis un an et demi que je lis les propos invariables de Michel Guillou ou d'autres promoteurs du numérique à l'école, je n'ai jamais vu de liens vers ces "quantités considérables de recherches universitaires, de thèses, de rapports, de travaux de toutes sortes"... :scratch:
Prenons un exemple concret : le département des Landes, équipé depuis dix ans, n'a pas particulièrement amélioré ses résultats scolaires... www.laviemoderne.net/forum/les-ecrans/16...able-dans-les-landes

Oui, ces gens-là...

On sent que "ces gens-là", cet "aréopage" de "nos élites", inspirent le plus grand respect à Michel Guillou.

...hésitent encore, ne savent pas, tergiversent… Le numérique favorise-t-il les apprentissages ? Peut-il être utile à l’individualisation de l’enseignement et de l’accompagnement pédagogique ? Peut-il remédier aux difficultés des élèves ? Peut-il rapprocher les acteurs de l’école, enseignants, élèves, parents ?

:santa:

En 2013, sachez-le, braves gens, il y a des gens au plus niveau de notre système éducatif qui s’interrogent. Et pas seulement in petto.

Or l'intelligence, en matière d'éducation, c'est de ne pas s'interroger : voilà un bel aveu de Michel Guillou. :twisted:

J’ai déjà eu l’occasion de vous narrer, pour en avoir été témoin, l’attitude grinçante du doyen de l’inspection générale à Lyon, d’une part, l’attitude incertaine et non concernée du directeur général de l’enseignement scolaire, d’autre part, à Paris, lors du récent rapport d’étape. Il y aurait d’autres exemples encore… Ces gens-là, très proches du sommet du pouvoir, disent tout haut ce que les hiérarchies pensent tout bas : le numérique, c’est cher, ça bouscule les traditions, ça nivelle les hiérarchies et on ne sait même pas si c’est vraiment utile aux apprentissages ! Pourquoi l’enseigner ? Pourquoi l’intégrer aux enseignements ?

Michel Guillou a trouvé un moyen subtile pour invectiver le Ministre sans s'en prendre directement à lui. C'est la faute des gens "très proches du sommet du pouvoir" ! :lol:
Notez encore une fois le glissement subtile : il ne s'agit pas seulement d'intégrer le numérique aux enseignements, il s'agit de l'ensiegner lui-même ! :doc:

Parlons plus sérieusement : à supposer qu’il persiste le moindre doute à ce dernier sujet, l’utilité du numérique pour la réussite de nos élèves, l’école n’a tout simplement pas le choix.

Voilà un autre argument de poids, qui revient en général avec un autre argument, celui de l'urgence..

Et ce pour deux raisons que je ne cesse de répéter :
tout a déjà changé, l’administration, l’entreprise, les services, les médias, toute la société est numérique et personne de sensé ne songerait à revenir en arrière ;

Et tout ce qui est passé au numérique a connu le Progrès ! Les ENT en sont la preuve à l'école. :doc:

les enjeux sont considérables, économiques bien sûr, tant en compétitivité des entreprises qu’en créations d’emplois, mais aussi sociétaux et citoyens ;

On peut penser aux délocalisations de services en ligne grâce à la connexion mondialisée ou à la dématérialisation : les salariés des opérateurs téléphoniques, ou de Virgin ou des grandes enseignes souffrant du commerce en ligne peuvent en témoigner ! Progrès, on vous dit.

la jeunesse a été la première de toutes les tranches d’âge de la population à se jeter à corps perdu dans l’aventure que la société lui offre, à bâtir avec le numérique de nouvelles relations...

...homophobes et racistes sur Twitter par exemple... :spider:
Et c'est par esprit d'entreprise, non par suivisme ou conditionnement commercial que les jeunes utilisent les réseaux commersociaux ! :doc:

...de nouvelles interactions, à co-construire une nouvelle citoyenneté...

...hébergée sur des serveurs américains.

...à acquérir de manière imparfaite, en l’absence de toute éducation, autonomie et responsabilité.

Très bien : en ce cas, tout éducation est inutile. :santa:

L’école n’a pas le choix : la jeunesse, ce sont ses élèves… Elle doit faire avec… Elle doit faire pour eux.

Ce volontarisme force l'admiration !

Et laisser tomber ce triste projet, qui anéantirait les premières avancées et, je le répète, l’éloignerait définitivement de sa jeunesse.

Mais non ! Des établissements pilotes ne manqueront pas de faire la preuve éclatante de la supériorité du modèle numérique !

Et mettre en œuvre sans tarder, en partenariat avec les collectivités, la Caisse des dépôts et des partenaires privés, s’il le faut...

Comme les "partenaires" d'"Educavox" où publié régulièrement Michel Guillou, notre consultant du numérique ? :devil:

...une politique cohérente et concertée d’équipement massive, progressive s’il le faut...

Quelle magnanime concession. Michel Guillou à ce que l'équipement de douze millions d'élèves ne se fasse pas d'un seul coup.

...des écoles, collèges et lycées de ce pays, et de raccordement au très haut débit. Et mettre en œuvre sans tarder, dans la continuité de ce qui est déjà commencé, la gouvernance et l’accompagnement, dans toutes ses dimensions, qui conviennent, en direction de tous les acteurs…

La "gouvernance", c'est-à-dire la fin de la liberté des acteurs de l'enseignement ?

Et si on cherche de l’argent pour faire tout ça, on pourra toujours économiser sur les sommes considérables affectées à concevoir ou faire concevoir ces fameuses ressources numériques qui n’ont jamais vraiment manqué car tout le monde s’est jusqu’ici organisé pour les fabriquer soi-même et les partager ou se les approprier dans le flux…

Aveu involontaire d'un beau gaspillage, donc...

C’est ça qui constituerait une politique ambitieuse de refondation de l’école qui, je le répète, sera numérique ou ne sera pas.

Voilà qui est posé avec une grandiloquence visionnaire.

P. S. On me souffle à l’oreille que tout ça ne vaut pas tripette, que c’est de juste de la communication pour faire briller les collectivités et le projet sur la refondation de l’école ! Oh, je n’ose y croire ! La pédagogie au service de la communication ? Ça se saurait si c’était vrai…

Parce que l'école numérique, ce n'est jamais de la communication ?
www.laviemoderne.net/detox/24-marronniers-numeriques

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25 Jui 2013 16:12 #6537 par Shane_Fenton
Réponse de Shane_Fenton sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Petite dédicace à M. Guillou et à ses semblables :
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29 Aoû 2013 10:53 - 29 Aoû 2013 14:59 #7241 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Merci Shane_Fenton : je suis admiratif de ce texte ! :P

A lire sur "VousNousIls" du 29/08/13 : "Un portail de ressources pédagogiques pour enseignants lancé par le ministère en octobre"


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29 Aoû 2013 10:54 #7242 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école

Alain Thillay dit: Le prin­cipe d'Edutech est [...] de pro­po­ser des grains libé­rés de droits

:scratch:

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13 Sep 2013 19:03 - 13 Sep 2013 19:05 #7540 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école

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13 Sep 2013 19:08 #7541 par Loys

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25 Sep 2013 09:37 #7661 par Loys

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20 Nov 2013 15:31 - 23 Nov 2013 12:46 #8489 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
A Issy-les-Moulineaux, dans les locaux de Microsoft, on a appris du nouveau sur la stratégie globale pour le numérique à l'école. A lire dans le "Café pédagogique" du 20/11/13 : "Numérique : Quelles missions pour la direction du numérique éducatif ?"


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30 Nov 2013 11:50 - 06 Déc 2013 07:31 #8614 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
A lire sur "EducaVox" du 30/11/13 : "Enseigner le numérique : j’ai changé d’avis" par Michel Guillou.



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30 Nov 2013 12:10 #8615 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école

Enseigner le numérique : j’ai changé d’avis

Un peu moins de numérisme ? :santa:

C’est vrai, il est encore possible de ne pas échapper au discours sur le sujet de quelques personnages plus médiatisés que médiatiques. C’est vrai aussi que les énormes bourdes qu’ils profèrent ont le mérite d’être rigolotes, de faire le buzz, comme on dit, de passer donc aisément à la postérité via les réseaux sociaux, contribuant ainsi à rendre ces détestables réactionnaires encore plus ridicules qu’ils ne l’étaient.

A qui et à quel discours Michel Guillou pense-t-il ? Autant ne pas le dire, c'est plus simple à réfuter.

C’est vrai encore que sur le sujet du numérique comme sur celui, plus étroit, du numérique éducatif, il est possible d’observer aujourd’hui d’étranges retournements de vestes…

Même chose : on restera dans l'allusion sibylline.

Comme quoi il reste un peu d’espoir.
La question d’enseigner avec le numérique ne se pose donc plus, car la question d’enseigner ne se pose pas.

Voilà qui est d'une limpidité limpidifiante.
Pourtant avec M. Guillou la question d'enseigner se pose parfois . :devil:

Notez qu’il n’est pas question pour l’école, à mon avis, d’intégrer le numérique, comme certains discours ou écrits officiels nous le serinent. Je n’aime pas ce mot d’intégration qui ne correspond pas à ce qui doit se passer. Non, il est juste question de mettre l’école en adéquation avec son temps et la société telle qu’elle est. Et donc l’enseignement et les manières d’enseigner. Et donc les contenus et les programmes.

Il est temps que l'enseignement, ses contenus, ses programmes se soumettent au tout-numérique ! :cheers:
Transposons le même discours avec l'invention de l'électricité ou de la télévision... :P

Je reviens sur ce point des programmes un peu plus loin dans ce billet car il est crucial, fondamental.
Si la question d’enseigner avec le numérique ne se pose plus...

Euh...

...celle d’enseigner le numérique continue de se poser et nombreux sont ceux qui apportent sur le sujet des réponses différentes. Que convient-il de faire exactement ?

Le numérique n'est plus un outil au service de l'enseignement mais devient lui-même un objet d'enseignement devant remplacer d'autres objets.

Certains, comme l’EPI et l’Académie des sciences et, à leur traîne, sans réfléchir une seconde, le Conseil national du numérique et certaines associations du libre, n’hésitent pas à proposer la création d’une nouvelle discipline scientifique informatique qui serait enseignée du premier degré à l’Université.

Car l'informatique est une science. :doc:

J’ai déjà dit combien cette démarche, en tentant de cloisonner mieux encore les champs disciplinaires quand tout aujourd’hui, avec le numérique justement, tend à les rapprocher...

L'idée même de champs disciplinaires est obsolète. Tout est dans tout.

...me semblait ressortir d’un néo-obscurantisme moderne. Il convient donc de la combattre. Ce ne sera pas trop compliqué tant elle est navrante.

A transmettre à qui de droit. :mrgreen:

J’ai, pour ma part, longtemps pensé — je crois même l’avoir écrit sur ce blogue — que l’urgence commandait de proposer, à côté des disciplines traditionnelles, un nouvel enseignement du numérique.

Michel Guillou aurait été un "néo-obscurantiste" convaincue d'une idée "navrante" ? On ne peut y croire. :mrgreen:

J’ai même imaginé, je crois bien, que cet enseignement soit pris en charge, dans leur emploi du temps, par des professeurs volontaires et compétents, à commencer par les professeurs documentalistes dont nombreux sont déjà formés à cet effet. Je crois avoir lu que certains m’appuyaient dans cette démarche. J’ai même proposé de réfléchir, l’été dernier, pour appuyer le travail d’OVEI, à un référentiel complet sur ce sujet de l’enseignement du numérique, intégrant l’éducation aux médias, l’éducation informationnelle, les littératies numériques et médiatiques, des éléments d’algorithmique, de programmation, des éléments juridiques, philosophiques, civiques, économiques… Et puis j’ai réfléchi.

Dommage que Michel Guillou n'ait pas réfléchi avant...

Et j’ai changé d’avis.
Si l’école doit réussir sa mutation et se mettre à l’heure numérique, il ne faut pas créer de nouvelle discipline. C’est inutile. En revanche, chaque discipline existante doit s’éclairer, s’enrichir, s’augmenter dirait-on aujourd’hui, de la dimension du numérique. C’est devenu nécessaire.

Cette dernière formule ("c'est nécessaire") suffira comme argumentaire. Le numérique ne peut qu'augmenter l'enseignement. Jamais lui porter préjudice de quelque façon que ce soit. Bonne définition du numérisme.

C’est tout l’enjeu de cette mission si importante de la refondation que Vincent Peillon a confiée à Alain Boissinot, le 10 octobre dernier. Ce dernier, nommé donc à la présidence du Conseil national des programmes, a déjà commencé, avec ses collègues et les experts qu’il a choisis, le travail de réécriture des programmes de l’école du socle, de la maternelle au collège.

Certains venaient à peine d'entrer en vigueur...

C’est là un chantier fondamental.

... et traité donc dans la précipitation.

J’ai pu rencontrer Alain Boissinot récemment. J’ai pu lui poser quelques questions et tout ça fait l’objet d’un reportage vidéo qui sera projeté bientôt sur l’événement des « Boussoles du numérique » à Cenon, près de Bordeaux, le 12 décembre prochain.
Attention, aguichage : vous verrez et lirez tout cela bientôt !

Nous l'attendons avec impatience. :mrgreen:

J’espère bien trouver le temps de transcrire ses propos, soyez patients. Cela fera l’objet d’un nouveau billet ici et sur le site Éducavox dans les premiers jours de décembre.
Dans l’attente et sans déflorer les propos du président du CSP, ce dernier, qui présentera son plan d’action au Conseil supérieur de l’éducation le 6 décembre prochain, semble décidé à construire les nouveaux programmes de l’école du socle à l’éclairage de la dimension paradigmatique du numérique...

En voilà une nouvelle qu'elle est bonne. Quel cachottier, ce M. Boissinot !

...en toute conscience des conséquences sur la formation des maîtres, les postures, les modalités d’enseignement, les espaces, les temps et surtout l’évaluation.

Tout un programme.

Pas question pour lui donc d’une nouvelle discipline, ce sont bien les disciplines existantes qui doivent partager la prise en compte des littératies numériques et médiatiques.

Qu'est-ce que c'est exactement que les "littératies numériques" ? Et est-ce que la littératie tout court ce ne serait pas plus important ?

Un fort regret pour ma part : les programmes du lycée ne seront modifiés que plus tard. Quand ? Sauf accident tectonique, notre vieux baccalauréat inadapté est donc encore là pour quelques années encore.
C’est bien malheureux.

"Inadapté", mais on ne saura pas pourquoi. Le numérisme ne s'embarrasse pas d'explication : il n'est qu'injonction et célébration. Il est vrai que Michel Guillou, commentant mon expérience, n'a pas même compris ce qui se jouait dans un commentaire de texte au bac de français...

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03 Déc 2013 21:57 #8676 par Shane_Fenton
Réponse de Shane_Fenton sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Quand j'ai lu le titre, j'ai cru qu'il s'agissait de quelqu'un qui avait milité pour l'introduction "du numérique" à l'école avant de comprendre son erreur et de faire machine arrière. Et puis en voyant le nom de l'auteur je me suis dit : non, pas vraiment.

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06 Déc 2013 07:30 - 08 Déc 2013 14:18 #8723 par Loys

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08 Déc 2013 09:25 - 17 Aoû 2014 10:56 #8762 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Quelques commentaires sont nécessaires, passée la première partie très générale de l'entretien.

M. G. : Donc, parallèlement, si j’ai bien compris, seront menées des investigations sur les programmes des collèges…
Alain Boissinot : Tout à fait. Le socle commun couvre l’ensemble de la scolarité obligatoire et, en parallèle et en même temps, parce que l’objectif c’est justement d’articuler la définition du socle commun et les programmes d’enseignement, on va travailler dans les semaines qui viennent sur les programmes de l’école primaire et les programmes du collège.

Le socle commun sert désormais de référence pour la conception des programmes, et non plus l'inverse.

M. G. : Et plus tard viendra le lycée ?
Alain Boissinot : Et dans un deuxième temps, viendra le lycée mais, pour le moment, on a déjà fort à faire…
M. G. : Notre propos aujourd’hui est centré sur le numérique et la place importante qu’il prend maintenant dans la société et les pratiques des jeunes en particulier. L’école ne peut pas y échapper.

Ainsi les choses sont dites, comme avec Michel Serres : "On n'arrête pas le progrès" n'est plus un constat mais une injonction.
Subissons puisque nous ne pouvons que subir : toute une vision de l'éducation.

Puisque la question d’enseigner avec le numérique ne semble plus se poser...

Au moins pour Michel Guillou , qui, rappelons-le, n'est pas un enseignant. :xx:

...comment pensez-vous que les programmes puissent prendre en compte l’enseignement du numérique ? Certains pensent à une nouvelle discipline…

On se demande bien laquelle. :devil:

Alain Boissinot : Alors la question est vaste et il y a plusieurs facettes.
Première remarque : moi, j’ai une conviction, c’est qu’on arrive à un moment où, en effet, les pratiques du numérique se développent dans les classes...

Et malheureusement pas nécessairement pour le meilleur, mais ça, n'en parlons pas. Le numérique est toujours vertueux. :santa:

...et où on est en mesure de franchir un seuil, à condition d’en tirer toutes les conséquences. Et là, c’est la responsabilité de l’institution, c’est-à-dire qu’on ne peut plus laisser simplement les choses se faire empiriquement sur le terrain mais il faut qu’on voie comment on accompagne ce développement.

Subissons, mais en "accompagnant" ! :doc:
L'expression "laisser simplement les choses se faire empiriquement sur le terrain" renvoie uniquement au numérique institutionnel, force d'innovation forcément positive.

Alors ça pose un certain nombre de questions auxquelles la dernière loi de refondation de l’école tente d’apporter des éléments de réponses.
Premièrement, il faut coordonner ce développement du numérique, l’organiser, fournir des outils ou aider à ce que les outils se développent, c’est le rôle du service public du numérique éducatif qui est un enjeu, je crois, important sur lequel travaille mon amie et collègue Catherine Bizot et je crois que ça permettra de mettre en synergie beaucoup de choses qui, de fait, sont en train de se développer sur le terrain.

Vaste programme. J'aimerais bien savoir comment le numérique, anarchique ou commercial et majoritairement étranger (services et produits), pourrait se développer de manière coordonnée au sein de l’Éducation nationale française. :santa:

Mais on franchira un cran de plus et surtout l’institution pourra aider à ce développement.

A noter que ce développement est supposé nécessairement positif. A ce sujet pas le moindre début de commencement de réflexion, sur les retombées sur la lecture par exemple, sur le travail personnel, sur le coût...

Et puis, la deuxième condition essentielle, c’est qu’effectivement il faut qu’on tire toutes les conséquences dans la définition des programmes et là on en vient aux missions du Conseil, des différents outils, des différentes pratiques que permet le numérique.

Le numérique est toujours conçu comme un "outil" et le propos reste très général et très vague.
Un couteau est un outil. Et un couteau a été défini, pensé, pour un usage précis par une personne précise. On ne met pas un couteau dans les mains d'un enfant. Bref, selon qui l'utilise et dans quelles circonstances, non seulement un couteau n'est pas nécessairement utile mais il peut être dangereux.
Ajoutons que l'immense majorité de ce que M. Boissinot appelle confusément "le numérique" n'est absolument pas conçu pour être utile à l'école : c'est même tout le contraire. :spider:

Et je crois qu’il faut insister sur le fait que le nouveau Conseil supérieur des programmes qui débute donc ses travaux a un champ d’activités que le ministre a souhaité large, de ce point de vue, puisque contrairement aux Conseils qui avaient existé dans le passé, son décret de création comme la loi d’ailleurs elle-même de refondation de l’école, prévoient explicitement que le Conseil est légitime pour s’intéresser non seulement aux programmes, au sens le plus traditionnel du terme, c’est-à-dire les contenus d’enseignement, disons, mais aussi aux pratiques pédagogiques mises en œuvre et notamment à tout ce que permettent les nouveaux outils comme le numérique...

L'expression "le numérique", avec tout ce qu'elle suppose d'indéfini (qu'est-ce que "le numérique" ?), est utilisée comme un mantra qui se suffit à lui-même. Elle est supposée moderniser n'importe quel discours. :shock:
Les programmes s'imposent aux enseignants. Mais qu'est-ce à dire ici ? Que les pratiques pédagogiques doivent aussi s'imposer aux enseignants, et notamment les pratiques numériques ? :shock:

...et de la même façon, le Conseil est invité à s’intéresser à l’évaluation, ce qui est point tout à fait essentiel, et à la formation des maîtres. Donc il s’agit de tenter de couvrir toute la chaîne, les contenus d’enseignement, certes, mais aussi la formation des enseignants qui est au moins aussi importante que la définition des programmes et puis les outils qu’ils mettent en œuvre.
Donc on va effectivement se poser le problème du numérique. De ce point de vue et par rapport à votre question, et en essayant d’aller à l’essentiel, il me semble que le sujet n’est pas d’enseigner le numérique en tant que tel ou de créer une nouvelle discipline — bon, on peut en débattre — mais ça n’est pas cela l’essentiel du problème.

Il serait surtout très intéressant de définir ce que signifie "enseigner le numérique". :P

Le problème, il est sur deux points. Il est comment revivifier l’ensemble des enseignements actuels dans les différents domaines disciplinaires par le numérique, puisque le numérique n’est pas simplement un outil....

Le numérique n'est pas seulement un "outil" (sic), c'est plus qu'un outil. :doc:

... et il ne s’agit pas simplement de passer du tableau noir au tableau interactif...

Ce qui constitue un indéniable progrès. :doc:

...ça n’est pas uniquement une modification au niveau de l’instrumentation de l’enseignement, ça met en cause les pratiques, les contenus d’enseignement mêmes, et ça, il faut qu’on s’interroge là-dessus.

Curieux "outil" qui commande aux usages et même aux finalités que l'école se donne. Comme si, pour bêcher la terre, on disposait d'un râteau et que finalement, pour s'adapter à l'outil, on ne faisait que ramasser des feuilles mortes. :santa:

Qu’est-ce que le développement du numérique fait bouger en français, en éducation morale et civique, en économie pour permettre d’une part de mieux enseigner ces différentes disciplines...

Ça, pour "faire bouger", ça fait bouger ! Reste à savoir dans quel sens. :fur
Et une réflexion sur ce que le numérique retire à ces enseignements ? Il n'y en aura pas... Bel exemple de numérisme...

...et d’autre part pour faire en sorte que ces disciplines contribuent à rendre les élèves plus experts,...

On l'a bien vu avec mon expérience : www.laviemoderne.net/malices/9-comment-j-ai-pourri-le-web

... à la fois en réception de tout ce qui relève de la communication par le numérique, mais aussi en matière de création ?

L'enseignement numérique doit donc servir à rendre "expert"... en numérique ! :cheers:

Ma collègue Catherine Bizot y insiste beaucoup et à juste titre : il faut que les apprentissages des élèves aillent dans les deux sens, non seulement des consommateurs de numérique mais aussi, dans un certain nombre de domaines, des créateurs d’informations, des diffuseurs d’informations.

"diffuseur" on peut comprendre mais qu'est-ce qu'un élève "créateur d'informations" ? :shock:

Donc il faut que tous les programmes de toutes les disciplines témoignent de cette réflexion-là et la prennent en compte.
Et puis il y a un deuxième axe : c’est que nous devons nous interroger sur tous les déplacements pédagogiques qu’induit le numérique c’est-à-dire sur le fait qu’il devient à la fois possible et nécessaire, grâce au numérique, d’enseigner autrement.

Ah "enseigner autrement", c'est nécessairement enseigner mieux. On le voit bien depuis que cette démarche s'applique à l'école française, les résultats sont éblouissants.
L'enseignement "grâce au numérique" est donc présenté officiellement comme une nécessité.

Le numérique, ça modifie les conditions d’accès à l’information.

Certainement. Et alors ?
Que le président du tout nouveau Conseil supérieur des programmes confonde lui-même instruction et information ou savoir et connaissances a quelque chose de saisissant. :|

Certains poussent alors assez loin le trait mais peut-être ont-ils raison d’ailleurs, en parlant de pédagogie inversée — je pense aux travaux de Michel Serres, je pense à beaucoup d’autres témoignages en ce sens — qui disent, par exemple, au fond, à l’origine le rôle du maître c’était d’apporter des informations, et puis ensuite les élèves se débrouillaient à partir de ce qu’on appelait le fameux travail personnel de l’élève, à l’école ou à la maison.

Faut-il vraiment répondre à tout cela ? :shock: Je renvoie à mon analyse des "travaux" malveillants à l'égard de l'école de Michel Serres , inspiré par sa grande expérience pédagogique dans une université d'élite américaine..
C'est vrai qu'un professeur de mathématiques ne fait qu'"apporter des informations". La construction du raisonnement déductif en est un bon exemple... De même apprendre à lire ou à rédiger en français, à comprendre une phrase dans une langue vivante etc.. Tout ceci relève uniquement de l'"information". Instruire, c'est informer. :doc:

Eh bien au fond, est-ce qu’on n’est pas en train de vivre par rapport à ça une révolution copernicienne ? L’apport d’information se fait maintenant autrement que par le maître, très largement...

Avant, pour ce qui est de l'information, manuels, dictionnaires, encyclopédies etc. n'existaient pas. :doc:

...et donc le rôle du maître doit se repositionner, aux côtés de l’élève pour l’aider à maîtriser cette masse d’informations, pour l’aider à construire à partir de là des compétences et des connaissances.

A partir de quelles "informations" exactement construit-on une résolution d'équation ?
On retrouve (nouvelles technologies, nouvelles pédagogies) le même constructivisme qui a fait tant de bien à nos écoles, avec par exemple l'observation réfléchie de la langue.

Et ça, ça déplace aussi évidemment les programmes, puisque les programmes traditionnels définissaient d’abord historiquement une somme de compétences qu’on était supposé décerner aux élèves, eh bien là il faut aussi que les programmes tirent aussi les conséquences de cette évolution rendue possible par le numérique...

Une "évolution" forcément positive : pourquoi enseigner à commenter un texte quand des commentaires de textes sont disponibles en ligne ? :santa:

...et définissent sans doute davantage des progressions permettant aux élèves de construire progressivement leurs connaissances et leurs compétences. C’est tout ce champ qui est devant nous, il faut qu’on essaie de tenir à la fois toutes les pièces du puzzle pour, comme je le disais tout à l’heure, au fond, franchir ce point critique auquel nous arrivons actuellement.

Avec un numérique en constante évolution, bon courage ! :P

M. G. : Deux autres points, si vous le voulez bien. Vous avez peut-être entendu parler de François Taddéi, qui est enseignant-chercheur en biologie à Paris-Descartes, qui a créé et dirige depuis 2005 un Centre de recherches interdisciplinaires qui fait se croiser, se rencontrer les disciplines. Ce à quoi il croît, c’est que le numérique, justement, permet des échanges, des passerelles nombreuses entre ces dernières. Comment les programmes, qui seront peut-être définis discipline par discipline, peuvent-ils permettre ces passerelles ? Les champs disciplinaires sont-ils définitivement cloisonnés ou pourra-t-on ouvrir des espaces communs ou de la transversalité ?
Alain Boissinot : Cette question du cloisonnement, des champs disciplinaires est une question qui, au demeurant, se posait avant le numérique. Il y a longtemps que de bons esprits s’interrogent sur les limites du cloisonnement excessif des disciplines et sur le risque de segmentation et de saupoudrage des savoirs.

Les bons esprits qui ont créé les PEGC par exemple. Le décloisonnement a du bon aussi dans la gestion des personnels. :doc:
Le décloisonnement est à l’œuvre à l'école depuis les nouveaux programmes des années 1990 et depuis les élèves n'ont pas du tout l'impression d'un saupoudrage des enseignements, bien sûr ! :twisted:

Il y a des expériences, je pense à l’enseignement intégré des sciences et de la technologie au collège, qui cherchent déjà à remédier à ça.

Un professeur de technologie peut bien enseigner les mathématiques, et inversement. :doc:

Bien évidemment, c’est une des questions qui est devant nous et qui a déjà été rencontrée aussi à propos de la définition du socle commun.

Cette belle réussite démocratique.

Lorsqu’on s’interroge sur les compétences que les élèves doivent acquérir pendant la scolarité obligatoire, on rencontre un certain nombre de compétences transversales, comme on dit, qui relèvent de différents champs disciplinaires et pas simplement d’une matière parmi d’autres. Donc on est amené à se reposer la question de ces acquisitions transversales, de ces relations interdisciplinaires et, sans doute — alors, au niveau de l’école primaire, c’est une idée qui est en général bien acceptée puisqu’elle relève de la polyvalence du maître, au niveau du collège, c’est plus difficile — il faudra sans doute essayer de travailler sur cette notion de transversalité plus grande des apprentissages.

Et primariser le collège en rendant les professeurs polyvalents ! :doc:

Et c’est vrai que là, le numérique devrait être un facilitateur dans cette approche, parce que, en mettant à disposition des élèves, d’une part des connaissances très nombreuses et très diverses....

N'importe quel manuel met déjà à disposition des élèves des connaissances trop nombreuses pour être assimilées en un temps donné. Alors le web...
Sans compter qu'un manuel offre des connaissances sélectionnées, validées, triées et organisées, adaptées à un niveau. Tout le contraire du web en somme. Un manuel permet l'élaboration progressive d'une culture personnelle permettant ensuite d'appréhender n'importe quelle ressource numérique et de juger de sa qualité.
Il est amusant de constater que les nouveaux pédagogues célébrant le web renoncent ainsi aux bases les plus élémentaires de la pédagogie.

...et, d’autre part, des outils et des pratiques qui, par définition, sont transversales, qui ne sont pas propres à telle ou telle discipline, le numérique aide à construire des démarches complexes, à mettre l’élève face à un projet global, face à une problématique globale, et à aller chercher des ressources dans tel ou tel domaine disciplinaire.

C'est effectivement très pertinent de proposer aux élèves d'aujourd'hui, qui sont perdus même pour les compétences les plus simples comme lire et écrire, même en fin de scolarité obligatoire , des "démarches complexes".
Pédagogie de projet donc et enseignement par compétence : le numérique est la bouée de secours des nouvelles pédagogies !

Donc, là encore, le travail, de mon point de vue, c’est de tenter de mettre en synergie les perspectives qu’on se donne en matière d’acquisition de connaissances, une démarche […] des savoirs et la mise en œuvre d’outils qui, effectivement, permettent de développer des pratiques nouvelles et, elles-mêmes, moins cloisonnées que les pratiques antérieures.

Décloisonnement et interdisciplinarité vont retrouver un nouveau souffle à l'école : réjouissons-nous.
A noter qu'aucun exemple concret n'est donné de toutes ces merveilleuses possibilités. J'en proposerais un que nous avons commenté ici, pour mettre intelligemment en relation les SVT et la grammaire .

Au fond, tout ça doit relever d’évolutions non pas en parallèle, mais d’une même évolution globale et qui, à certains égards, est un peu un changement de paradigme au sein du système éducatif.

"changement de paradigme", voilà une expression qui impressionne.

C’est une nouvelle logique qui est en train de se développer qui devrait d’ailleurs aussi permettre d’aborder différemment la question du temps scolaire, la différence entre le travail que l’élève fait pendant la classe, le travail qu’il fait dans ce qu’on appelait les CDI et le travail qu’il fait à la maison, cette différence, elle s’estompe par rapport au cadre traditionnel.

Ce qui est bien, c'est qu'avec ce "changement de paradigme", l'élève peut travailler tout le temps.
A noter pour les professeurs-documentalistes que les CDI ne s'appellent officiellement plus les CDI. :doc:

De même, le temps de la classe et le temps que l’élève va passer devant son ordinateur...

Dores et déjà plus que face à ses professeurs.

....et on sait qu’il devient de plus en plus important, ces temps-là, ils vont se rencontrer, ils vont se croiser au moins partiellement.

Toujours pour le meilleur, bien sûr.

Donc les cadres traditionnels de l’enseignement, le temps, l’espace, le cadre de la classe, tout ça est remis en cause à travers ces évolutions...

Précisons : ces évolutions subies, et en dehors de la classe.

... et le problème, c’est de tenter de faire en sorte que ça ne donne pas le sentiment d’une crise des apprentissages traditionnels ou d’une dispersion des élèves mais que ça débouche sur de nouvelles démarches cohérentes.

C'est comme si c'était fait ! Ne craignez pas la moindre crise des apprentissages traditionnels ou la moindre dispersion des élèves : tout ceci n'est qu'un "sentiment".

Et les nouveaux programmes, tels que nous avons, me semble-t-il, à les penser, doivent intégrer toutes ces dimensions-là.

Les programmes vont donc inclure le temps hors-scolaire ?

C’est vraiment cela l’enjeu qui est devant nous.
M. G. : Si vous me permettez un prolongement, M. le président, est-ce que la formation des maîtres n’est pas là un enjeu très important de ce décloisonnement, de cette ouverture-là ? Il y a quand même un certain nombre de barrières historiques, dans ces instituts de formation des maîtres, appelées aujourd’hui ESPE…

Eh oui, des consultants brillants et experts autoproclamés du numérique n'y sont pas reconnus à leur juste valeur, par exemple.

Alain Boissinot : Oui, tous les rapports montrent, et d’une certaine manière, c’est évident, que la formation des maîtres est au moins aussi importante que l’élaboration des programmes à proprement parler. On peut faire les meilleurs programmes que l’on veut, que l’on souhaite, si ils ne sont pas acceptés par des maîtres qu’on a aidés à les mettre en œuvre, ils ne serviront pas à grand-chose. La formation des maîtres est un enjeu essentiel, le Conseil supérieur des programmes, de par son décret de création, est d’ailleurs invité à faire des suggestions en ce sens, et je crois que c’est en effet très important que la réflexion sur les programmes et la réflexion sur la formation des maîtres se rebouclent et ne soient pas menées en parallèle.

Une bonne formation des maître, tout le monde sera d'accord sur ce point. Reste à savoir ce qu'est une bonne formation. :devil:

Donc bien évidemment, il faudra que ces questions-là soient traitées dès la formation des maîtres. Je suis peut-être trop optimiste mais, malgré tout, ceux qui sont actuellement recrutés, les jeunes qui sont recrutés actuellement, pour devenir enseignants sont tous des jeunes de la génération du numérique et ils ont, de ce point de vue-là une culture qui est probablement plus proche de celle des élèves que de la culture de leurs aînés....

C'est vrai que les aînés sont totalement coupés du numérique. Comme ils sont nés à une époque où les ordinateurs n'existaient pas, ils ne savent pas les utiliser. :doc:

... donc on peut penser qu’ils entreront assez volontiers dans ces logiques-là...

Entendre : ils seront suffisamment malléables.

....et il faut qu’on se donne les moyens de les aider en termes de production d’outils et aussi en termes de perspectives pédagogiques, de définition des épreuves d’examens.

Qu'est-ce à dire, la "définition des épreuves d’examens" ? Quel rapport avec la formation ? :scratch:
Faut-il s'attendre à ce que le bac soit enfin connecté ?

Par exemple, à l’heure du numérique...

Une expression qui ne présage jamais une pensée critique. :mrgreen:

...les procédures d’évaluation que l’institution prévoit dans les différents examens doivent, me semble-t-il, évoluer.

Encore une fois l'outil devient la fin. Après les programmes, ce sont les examens qui doivent se conformer à la tyrannie du numérique.

On n’évalue pas l’orthographe de la même manière à l’époque du correcteur d’orthographe...

C'est surtout qu'il devient inutile de l'enseigner, non ? :devil:
Et comment l'évalue-t-on, précisément ?

...on n’évalue pas la géographie de la même manière quand Google permet de repérer tous les sites du monde et de les regarder en relief sur l’écran de l’ordinateur.

Comment l'évalue-t-on alors ? Qu'est-ce qui change si fondamentalement ?

Donc il faut intégrer dans les contenus d’enseignement, dans les pratiques d’enseignement, dans les méthodes d’évaluation…

Visiblement il faut beaucoup plus que l'"intégrer"... :fur

Là encore, ce sont des déplacements professionnels. On a déjà connu ça, d’une certaine manière, quand les mathématiciens ont dû prendre en compte les effets de la présence des calculatrices entre les mains des élèves et dans les salles de classe, ça les a amenés à redéfinir ce qu’était, par exemple, l’évaluation en mathématiques et, évidemment, les épreuves de mathématiques maintenant ne sont plus de même nature que ce qu’elles étaient autrefois.

Effectivement, et il n'a guère de quoi se réjouir. On peut même donner à l'épreuve de mathématiques dans la série scientifique des QCM sans justification.

Je crois que, toutes choses égales d’ailleurs, il faudra aider les enseignants à imaginer des pratiques professionnelles, des pratiques d’évaluation qui tiennent compte des nouveaux outils.

Les sites de corrigés en ligne ou les réseaux sociaux permettant les échanges de devoirs doivent être reconnus comme des outils. :doc:

M. G. : Ma dernière question porte, de manière plus pratique, sur les conseils que vous pourriez donner aux enseignants qui sont confrontés aujourd’hui à des difficultés. Les corrections des devoirs sont maintenant disponibles en ligne, sur des sites où l’élève paie un ou deux euros pour y avoir accès, sans d’ailleurs que le maître le sache et sans qu’il puisse vérifier les sources des travaux personnels faits à la maison. Comment faire ?

Ah quand même ! La possibilité que le numérique puisse poser quelques petits problèmes est évoqué. Par contre aucune réponse ne sera apportée à la question posée...

Alain Boissinot : Je ne sais pas si j’ai des conseils à donner mais je peux comme tous les enseignants réfléchir sur les évolutions qui vont se mettre en place.

Et des renoncements surtout.

Je crois qu’il y a des facettes traditionnelles du métier qui vont, effectivement, perdre de leur importance. Il est clair que la notion de contrôle de connaissances n’a plus la même signification lorsque les connaissances sont, à condition de savoir un tout petit peu s'y prendre, aisément disponibles en ligne.

C'est vrai qu'un commentaire de texte ou une résolution d'équation, ce sont finalement de bêtes "contrôles de connaissances". Et effectivement il y a cette restriction amusante, qui s'applique à un élève comme à un adulte : "à condition de savoir un tout petit peu s'y prendre"... :P

C’est ce que raconte quelqu’un comme Michel Serres qui dit « Autrefois, quand je commençais un cours devant mes étudiants, je me demandais : “qu’est-ce qu’ils ne savent pas et que je dois leur apprendre ?” et maintenant je me demande : “mais qu’est-ce qu’ils savent déjà et que je ne dois surtout pas répéter parce que je vais les ennuyer ?” ».

Car les élèves du primaire ou du collège à Gennevilliers, comme les étudiants brillants (et souvent fortunés) de Stanford, savent déjà tout. :doc:

Alors ça, c’est vrai pour tout le monde, c’est-à-dire un enseignement conçu d’abord comme transmission de connaissances puis ensuite comme contrôle de l’acquisition de ces connaissances, il est effectivement remis en cause par les nouveaux outils.

Car des connaissances qui sont en ligne sont des connaissances acquises : "je google donc je sais" . :doc:

Mais je ne crois pas qu’il faille le regretter...

L'avenir le dira bien assez tôt. :devil:

... je crois que ça déblaie le terrain précisément pour des activités professionnelles qui seront d’autant plus intéressantes. L’exemple de l’enseignement du français : on prendra peut-être moins de temps pour vérifier la notice biographique de tel ou tel écrivain, et je ne suis pas sûr qu’il faille le regretter, en revanche on aura davantage de temps, par exemple, pour accompagner les élèves dans des travaux de production de textes, des travaux d’écriture.

L'exemple est bien choisi. :shock:

On peut, grâce au traitement de texte, grâce au numérique, faire des choses extrêmement intéressantes en matière de suivi des corrections d’un texte, d’élaboration progressive d’un texte plus achevé, voilà, de nouvelles pratiques deviennent possibles qui, effectivement, vont occuper un espace, un temps qui sont libérés par rapport aux pratiques anciennes.

Évaluer un texte élaboré est déjà un travail important, alors évaluer son élaboration pour chaque élève... :santa:

Alors tout cela modifiera sans doute les facettes de nos disciplines, je ne crois pas que ça soit du tout un déclin, je crois qu’au contraire, ça leur permet d’aller au cœur de pratiques plus intéressantes et plus riches que les pratiques traditionnelles.

Il suffit de le dire pour s'en convaincre. En tout cas il faut retenir que les nouveaux programmes seront fondés sur cette "croyance" qui correspond bien à ce que j'appelle le numérisme.

En tout cas, c’est notre responsabilité que d’essayer d’imaginer ces nouvelles pratiques d’enseignement.

Imaginons-les, expérimentons-les, évaluons-les et éventuellement ensuite appliquons-les. :evil:

M. G. : Je termine, M. le président. Il y a pourtant, me semble-t-il, une sorte de collision entre les programmes, tels qu’ils sont, et ces nouvelles pratiques qui commencent à se développer. Il y a un vrai hiatus, de vraies difficultés que vivent au jour le jour les professeurs…

C'est vrai que les programmes constituent un poids insupportable pour ces "nouvelles pratiques" (qui encore une fois ne sont guère détaillées).

Alain Boissinot : Alors il y a sans doute en effet un hiatus entre la logique ancienne qui continue à fonctionner y compris, c’est vrai, dans la lettre des programmes, même si ils ont cherché à évoluer, et puis les pratiques qui se développent quotidiennement dans les classes.
Alors je crois qu’à ça il faut répondre de deux manières : d’abord il faut en effet que nous ayons une réflexion pour faire évoluer les programmes et nous allons le faire et c’est bien le sens des missions qui ont été confiées au Conseil supérieur des programmes.

Les professeurs qui font tweeter leurs élèves en classe pour réviser le bac de français , ces pionniers et ces martyrs du numérique à l'école, peuvent d'ores et déjà se réjouir. :cheers:

Mais il y a un autre niveau de réponse. Je crois que, de même que nous sommes sortis d’un certain nombre de pratiques traditionnelles, nous sommes aussi sortis d’une logique où l’institution pouvait prétendre fixer depuis la rue de Grenelle, en ayant consulté quelques experts, si compétents soient-ils, l’ensemble des pratiques pédagogiques que devaient mettre en œuvre tous les enseignants de France.

Voilà qui dit à peu près l'inverse de ce qui a été dit plus haut sur l'accompagnement et la coordination du développement du numérique ou la formation des maîtres. :scratch:

Je crois qu’il faut apprendre à être, certes clairs sur les grands objectifs parce que tout le monde en a besoin, mais en même temps un peu plus modestes sur le détail de leur mise en œuvre, et il faut apprendre, et ça aussi les nouveaux outils y insistent, à faire confiance à un travail plus horizontal comme on dit quelquefois, plus en réseau, à laisser un espace de créativité aux enseignants, un espace d’adaptation par rapport aux objectifs qu’on leur propose et, au fond, permettre au système de s’adapter, de se réguler lui-même davantage au niveau des pratiques professionnelles des équipes pédagogiques.

C'est la partie la plus rassurante finalement : il faut d'urgence ne rien faire. :P

Je crois que c’est aussi un enjeu qui est devant nous. L’époque où le ministre pouvait décider du jour et de l’heure à laquelle tous les élèves de France feraient leur dictée, elle est décidément bien terminée...

C'est surtout la dictée qui est terminée... :santa:

...et c’est là aussi une nouvelle logique sur laquelle nous réfléchissons beaucoup au début de nos travaux, au Conseil supérieur des programmes...

Plus de logique top-down mais bottom-up, comme on dit dans les milieux techno-pédagogues autorisés. Pourquoi un Conseil "supérieur" en ce cas ? :mrgreen:

...comment trouver le bon équilibre entre ce qui doit être défini au niveau national parce que c’est l’expression d’une volonté collective, parce que c’est un facteur d’unité auquel tout le monde est attaché, et ce qui doit être laissé à l’initiative des équipes pour permettre une adaptation suffisamment fluide, suffisamment rapide aux évolutions des mœurs, des idées et des techniques.

Il est caractéristique du numérisme (comme tout technicisme d'ailleurs) de concevoir "l'évolution des mœurs" sur le mode de l'évolution technique : l'homme 2.0 ne peut aller que vers un progrès lumineux et des lendemains qui chantent ! :santa:

M. G. : Je vous remercie, M. le président.

On a connu un Michel Guillou moins affable . :transpi:
Article évidemment republié tel quel dans "LudoMag" : www.ludovia.com/2013/12/il-devient-la-fo...enseigner-autrement/

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