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25 Mai 2025 18:46
Dans le "Café" du 01/10/21 :
"Laurent Siccard : Ludifier le cours d’histoire"
Attention : Spoiler !
Laurent Siccard : Ludifier le cours d’histoire
1 octobre 2021
« Cela donne une dynamique de cours intéressante ». Laurent Siccard, professeur d’histoire-géographie au collège de Bricquebec (Cotentin) a introduit un principe ludique dans le bon vieux cours sur la seigneurie médiévale. Trois fois rien qui suffisent à pousser les élèves à veiller à la qualité de leur travail et à ne pas hésiter à le refaire.
Ludifier un cours
« Plus qu’un jeu c’est un principe de ludification ». L’idée est venue d’un stage avec Denis Sestier, professeur, formateur et animateur du réseau Ludus qui milite pour le jeu en éducation. « Le jeu quand c’est réfléchi en amont devient un outil puissant pour faire passer des connaissances », nous dit Laurent Siccard.
Son idée est simple. Les élèves étudient des documents sur la seigneurie médiévale. Mais en fonction de la qualité de leur travail ils obtiennent des images qui leur permettent petit à petit de monter leur seigneurie. « Les activités sont classiques. Mais à chaque fois les élèves gagnent une image de bâtiment en fonction du degré de réussite. Par exemple ils peuvent avoir une chapelle, une église ou une cathédrale ». Et ça marche. « Les élèves refont leurs activités volontiers alors que d’habitude ce n’est pas évident. Ils fixent ensuite sur un plan leurs batiments pour avoir la plus belle des seigneuries ».
Inconvénient de ce jeu : il prend du temps. « Pour en regagner j’introduis dans la seigneurie un marché et des artisans et je traite en même temps les fonctions urbaines et la ville médiévale ». Avec ce stratagème l’horaire passe à 3 ou 4 heures de jeu en salle informatique et 8 à 9 pour la séquence au total, soit à peu près le temps prévu.
L’univers des collégiens n’est pas étranger à l’école
Comment passer du jeu à la trace écrite ? « Dans la phase d’affermissement on regroupe les savoirs dans un moment collectif où une carte mentale est complétée », explique L Siccard. « On reformalise en utilisant les informations qu’ils ont retenu des activités ».
A quoi sert tout ce travail de préparation pédagogique ? « Ca sert à susciter la réactivité des gosses », dit L Siccard. « Ils sont en demande et du coup cela crée une dynamique de cours intéressante. Cela m’amène aussi à décentrer mon raisonnement : je pense au comment faire passer le savoir davantage qu’au savoir lui même. J’entre dans leur univers et je leur montre qu’il n’est pas étranger à l’école ».
Propos recueillis par François Jarraud
1 octobre 2021
« Cela donne une dynamique de cours intéressante ». Laurent Siccard, professeur d’histoire-géographie au collège de Bricquebec (Cotentin) a introduit un principe ludique dans le bon vieux cours sur la seigneurie médiévale. Trois fois rien qui suffisent à pousser les élèves à veiller à la qualité de leur travail et à ne pas hésiter à le refaire.
Ludifier un cours
« Plus qu’un jeu c’est un principe de ludification ». L’idée est venue d’un stage avec Denis Sestier, professeur, formateur et animateur du réseau Ludus qui milite pour le jeu en éducation. « Le jeu quand c’est réfléchi en amont devient un outil puissant pour faire passer des connaissances », nous dit Laurent Siccard.
Son idée est simple. Les élèves étudient des documents sur la seigneurie médiévale. Mais en fonction de la qualité de leur travail ils obtiennent des images qui leur permettent petit à petit de monter leur seigneurie. « Les activités sont classiques. Mais à chaque fois les élèves gagnent une image de bâtiment en fonction du degré de réussite. Par exemple ils peuvent avoir une chapelle, une église ou une cathédrale ». Et ça marche. « Les élèves refont leurs activités volontiers alors que d’habitude ce n’est pas évident. Ils fixent ensuite sur un plan leurs batiments pour avoir la plus belle des seigneuries ».
Inconvénient de ce jeu : il prend du temps. « Pour en regagner j’introduis dans la seigneurie un marché et des artisans et je traite en même temps les fonctions urbaines et la ville médiévale ». Avec ce stratagème l’horaire passe à 3 ou 4 heures de jeu en salle informatique et 8 à 9 pour la séquence au total, soit à peu près le temps prévu.
L’univers des collégiens n’est pas étranger à l’école
Comment passer du jeu à la trace écrite ? « Dans la phase d’affermissement on regroupe les savoirs dans un moment collectif où une carte mentale est complétée », explique L Siccard. « On reformalise en utilisant les informations qu’ils ont retenu des activités ».
A quoi sert tout ce travail de préparation pédagogique ? « Ca sert à susciter la réactivité des gosses », dit L Siccard. « Ils sont en demande et du coup cela crée une dynamique de cours intéressante. Cela m’amène aussi à décentrer mon raisonnement : je pense au comment faire passer le savoir davantage qu’au savoir lui même. J’entre dans leur univers et je leur montre qu’il n’est pas étranger à l’école ».
Propos recueillis par François Jarraud
25 Mai 2025 18:49
Dans le "Café" du 11/02/22 :
"Aurélia Glowacki-Labrette : La Révolution ludifiée"
Attention : Spoiler !
Aurélia Glowacki-Labrette : La Révolution ludifiée
11 février 2022
C’est la période la plus complexe à enseigner tant il y a à la fois de nombreux événements et une crise globale à expliquer aux élèves. Aurélia Glowacki-Labrette, professeure d’histoire-géographie au collège Rep P Vaillant-Couturier de Champigny-sur-Marne, a choisi de traiter le début de la Révolution à travers un escape game en 4ème. Un pari réussi grâce à une conception plutôt futée du jeu. Elle explique comment elle fait passer toute la complexité de cette période.
Le début de la Révolution est une période complexe à enseigner. Comment en êtes vous arrivée à concevoir ce jeu ?
A vrai dire j’ai réalisé ce jeu pendant le premier confinement. J’ai reculé le plus possible le moment de traiter ce chapitre car je voulais le faire en présentiel. Mais j’ai du travailler avec les élèves en distanciel. Avec un groupe de collègues on s’est motivés à créer des escape games et j’ai décidé de créer celui là. Sans le confinement je ne l’aurais pas fait ! Mais je ne regrette pas de l’avoir fait. Passer par un jeu permet de faire mieux accepter la complexité car on ludifie le chapitre. Par exemple, mes élèves sot souvent de petits lecteurs. Par le biais du jeu je peux leur faire lire des textes complexes et longs. Je peux leur faire prendre des notes. Toutes choses plus difficiles dans un cours ordinaire.
Comment la complexité de la crise de la fin de l’Ancien Régime est traitée dans le jeu ?
La trame narrative du jeu c’est que le joueur doit retrouver le cahier de doléances du baillage. Pour cela les élèves vont dans différents lieux. Ils vont au siège du baillage où ils découvrent ce qu’est une société d’ordres et ce que sont les cahiers de doléances. Puis ils rencontrent un député laboureur et cela permet de découvrir la crise sociale. Ils échangent avec deux députés bourgeois et là c’est le mécontentement de la bourgeoisie qui est évoque. La crise financière et les réticences des privilégiés sont traitées à travers la rencontre avec deux députés de la noblesse et du clergé. Au bout de ces rencontres ils n’ont pas retrouvé le cahier et ils doivent donc écrire leur propre cahier de doléances qui synthétise tout ce qu’ils ont vu.
Les élèves font quoi dans le jeu ?
Dans chaque pièce il y a des indices et des énigmes réalisées avec Learning App. Elles permettent de vérifier qu’ils ont bien compris. Ils répondent à des questions, font des mots croisé, une frise chronologique etc.
Comment passez vous du jeu à la trace écrite ?
Pendant le jeu ils ont une feuille pour prendre des notes. En fin de partie on fait une restitution en commun en remplissant un organigramme.
Quels avantages voyez vous à ce jeu ?
On contourne les difficultés en motivant les élèves.
Et les limites ?
La forme informatique est refusée par certains élèves. Et c’est chronophage : il faut deux heures pour faire le jeu. Mais c’est un jeu créé pendant le confinement.
Qu’avez vous appris avec ce jeu ?
Ca me confirme dans mon idée positive de la ludification à condition de ne pas l’utiliser tout le temps. J’observe que les élèves travaillent vraiment en classe. Or c’est important en Rep car ce sont des élèves qui travaillent peu à la maison. Donc si on fait en classe des choses qui les marque c’est vraiment bien.
Propos recueillis par François Jarraud
11 février 2022
C’est la période la plus complexe à enseigner tant il y a à la fois de nombreux événements et une crise globale à expliquer aux élèves. Aurélia Glowacki-Labrette, professeure d’histoire-géographie au collège Rep P Vaillant-Couturier de Champigny-sur-Marne, a choisi de traiter le début de la Révolution à travers un escape game en 4ème. Un pari réussi grâce à une conception plutôt futée du jeu. Elle explique comment elle fait passer toute la complexité de cette période.
Le début de la Révolution est une période complexe à enseigner. Comment en êtes vous arrivée à concevoir ce jeu ?
A vrai dire j’ai réalisé ce jeu pendant le premier confinement. J’ai reculé le plus possible le moment de traiter ce chapitre car je voulais le faire en présentiel. Mais j’ai du travailler avec les élèves en distanciel. Avec un groupe de collègues on s’est motivés à créer des escape games et j’ai décidé de créer celui là. Sans le confinement je ne l’aurais pas fait ! Mais je ne regrette pas de l’avoir fait. Passer par un jeu permet de faire mieux accepter la complexité car on ludifie le chapitre. Par exemple, mes élèves sot souvent de petits lecteurs. Par le biais du jeu je peux leur faire lire des textes complexes et longs. Je peux leur faire prendre des notes. Toutes choses plus difficiles dans un cours ordinaire.
Comment la complexité de la crise de la fin de l’Ancien Régime est traitée dans le jeu ?
La trame narrative du jeu c’est que le joueur doit retrouver le cahier de doléances du baillage. Pour cela les élèves vont dans différents lieux. Ils vont au siège du baillage où ils découvrent ce qu’est une société d’ordres et ce que sont les cahiers de doléances. Puis ils rencontrent un député laboureur et cela permet de découvrir la crise sociale. Ils échangent avec deux députés bourgeois et là c’est le mécontentement de la bourgeoisie qui est évoque. La crise financière et les réticences des privilégiés sont traitées à travers la rencontre avec deux députés de la noblesse et du clergé. Au bout de ces rencontres ils n’ont pas retrouvé le cahier et ils doivent donc écrire leur propre cahier de doléances qui synthétise tout ce qu’ils ont vu.
Les élèves font quoi dans le jeu ?
Dans chaque pièce il y a des indices et des énigmes réalisées avec Learning App. Elles permettent de vérifier qu’ils ont bien compris. Ils répondent à des questions, font des mots croisé, une frise chronologique etc.
Comment passez vous du jeu à la trace écrite ?
Pendant le jeu ils ont une feuille pour prendre des notes. En fin de partie on fait une restitution en commun en remplissant un organigramme.
Quels avantages voyez vous à ce jeu ?
On contourne les difficultés en motivant les élèves.
Et les limites ?
La forme informatique est refusée par certains élèves. Et c’est chronophage : il faut deux heures pour faire le jeu. Mais c’est un jeu créé pendant le confinement.
Qu’avez vous appris avec ce jeu ?
Ca me confirme dans mon idée positive de la ludification à condition de ne pas l’utiliser tout le temps. J’observe que les élèves travaillent vraiment en classe. Or c’est important en Rep car ce sont des élèves qui travaillent peu à la maison. Donc si on fait en classe des choses qui les marque c’est vraiment bien.
Propos recueillis par François Jarraud
25 Mai 2025 18:51
"Faut-il ludifier l’enseignement du français pour le revitaliser ?" (Café pédagogique) a été créé par Loys
Dans le "Café" du 18/12/23 :
"Jeux et joies du français en collège"
Attention : Spoiler !
Jeux et joies du français en collège
18 décembre 2023
Faut-il ludifier l’enseignement du français pour le revitaliser ? Enseignantes dans les académies de Lille, Dijon et Besançon, Vanessa Christophe, Julie Dozinel et Céline Retrouvey partagent dans leurs classes et en ligne le même esprit créatif. Elles diffusent aussi leurs idées dans un ouvrage qui présente des activités clés en main susceptibles d’insuffler la joie de lire, d’écrire, de travailler : boîte à lecture, lapbook, valise de personnage, exposé explosif, trésor de guerre, calendrier des personnages, dés d’écriture, leçons à manipuler, sketchnotes, porte-clés de révision, cadavres exquis circonstanciels … Elles ont même réalisé une mallette de 4 jeux pédagogiques qui peuvent permettre aux élèves de se regrouper et s’amuser en îlots autour de la langue. D’un support à l’autre, le plaisir d’enseigner et le plaisir d’apprendre sont réunis pour que le français se fasse (enfin ?) jubilatoire.
Vous êtes 3 enseignantes de lettres travaillant dans des académies éloignées les unes des autres : comment vous êtes-vous trouvées ?
Julie : Nous nous sommes “trouvées” naturellement sur Instagram. Bien conscientes que nous avions de nombreux points communs, c’est naturellement que nous avons commencé à communiquer et à nous rapprocher. Très vite, l’envie de passer du virtuel au réel est venue. L’évidence.
Vanessa : La passion pour notre métier nous a en effet permis de nous trouver ; et nos discussions quotidiennes ont fait le reste!
Céline : Lecture, littérature jeunesse, pédagogie, métier … nous ne manquions en effet pas de sujets de conversation !
Dans votre inspirant ouvrage, vous présentez 40 activités de classe variées autour de la lecture, de l’écriture, du travail : quels vous semblent leurs points communs, dans leurs dispositifs et/ou leurs objectifs ?
Julie : Nous avons voulu mettre en avant des activités concrètes, testées et approuvées en classe. Bon nombre de manuels sont très abstraits dans leurs propositions et nous voulions vraiment proposer des activités à mener qui puissent également être adaptées. Elles ont pour principal objectif de montrer le plaisir d‘apprendre et de faire apprendre.
Céline : La créativité et le plaisir sont effectivement les deux pierres angulaires de ce guide enseignant. Dans cet ouvrage, nous avons souhaité mettre à la portée de nos collègues, des projets enthousiasmants et rigoureux qui fonctionnent dans nos classes depuis plusieurs années. Pour nous, le plaisir d’apprendre en passe indubitablement par celui d’enseigner, la salle de classe est un espace de travail, mais c’est peut-être avant tout un cadre de vie dans lequel professeurs et élèves peuvent s’épanouir et prendre plaisir à travailler ensemble.
Vanessa : Nous avons pensé cet ouvrage à notre image. Des fiches succinctes tout en étant détaillées, dans lesquelles nous partageons notre expérience afin de permettre à toutes et tous de se lancer en montrant qu’il n’est pas difficile de sortir des sentiers battus et d’innover, quel que soit notre expérience. Ce sont des activités clé en main mais c’est surtout une manière de crier: lancez-vous! Les meilleurs retours que nous avons d’ailleurs eu jusqu’à présent sont celles qui nous écrivent afin de nous dire que notre guide leur a permis de trouver un nouveau souffle dans leur métier. C’est exactement le message que nous voulions délivrer.
Chacune d’entre vous pourrait-elle présenter ici une activité qu’elle a expérimentée et qui lui tient particulièrement à cœur ?
Julie : J‘aime beaucoup la photo de mariage. Il s‘agit d‘un sujet d‘écriture dans lequel je demande à des élèves de quatrième et de troisième de raconter l‘histoire de la rencontre entre des personnes présentes sur une authentique photographie de mariage du XXème siècle. J‘ai souvent un pincement au cœur lorsque de trouve en brocante de vieilles photographies de mariage esseulées. En faisant travailler les élèves sur ces documents authentiques oubliés, c‘est pour moi la possibilité de faire perdurer ces supports et d‘associer écriture et souvenirs.
Vanessa : Le grimoire de sorcière est sans conteste mon activité préférée. En 6e, lorsque vient l’heure de partir à la rencontre des sorcières, chacun construit alors son grimoire dans lequel il réalise chaque semaine un exercice d’écriture en lien direct avec ce qui est étudié en classe. Cerise sur le gâteau, mes collègues ont depuis rejoint le mouvement et proposent eux aussi des exercices liés à leur discipline dans le grimoire. Cette année se mêleront aussi au français les maths, l’histoire et l’anglais. J’ai hâte!
Céline : J’ai un attachement particulier pour le projet Trésor de guerre, cette boîte à souvenirs de Poilu de la première guerre que je fais réaliser et garnir par mes élèves de troisième. Aux écrits que je demande, les élèves ajoutent des objets (véritables ou confectionnés) qui auraient appartenu à ce soldat imaginaire. Chaque année, je reçois des boîtes qui dégagent une grande émotion, de véritables objets d’époque et de famille qui ont nourri des discussions à la maison, permis parfois à mes élèves de se saisir d’une partie de leur histoire familiale. Les élèves témoignent à chaque fois d‘un bel investissement. C’est un honneur et un vrai privilège que de recevoir de tels travaux et les corrections sont toujours pour moi de grands moments d’émotion.
Une image contenant Dessin d’enfant, dessin humoristique, collection Description générée automatiquement
Vous avez aussi réalisé une mallette de jeux pour le français : quel en est le contenu ?
Julie : Le coffret contient quatre jeux qui peuvent être utilisés simultanément par toute une classe. Le but est de dédramatiser et de rendre ludique l‘apprentissage de la grammaire. Des triomots permettent de travailler natures et fonctions grammaticales, une roue et des cartes “radical“ permettent de travailler la formation des mots et un jeu de l‘oie vient compléter le quatuor et permet de balayer le programme du collège en grammaire.
Comment peut-on concrètement utiliser en classe cette mallette de jeux ?
Céline : Les élèves peuvent se répartir en quatre îlots et on peut imaginer un système d‘ateliers tournants pour proposer les quatre jeux à l‘ensemble de la classe. Un livret pédagogique qui inclut des variantes, des corrigés ou des cartes autocorrectives pour le jeu de l‘oie permettent aux élèves de jouer en autonomie. L‘idéal est bien sûr de partager une partie avec eux, les moments de doute ou d‘hésitation sont alors l‘occasion de revenir sur un point de langue, une notion. C‘est une remédiation d‘égal à égal, la posture de l‘enseignant change : il joue comme les autres. Pensé pour le cours de français, j’avoue que je rêve de voir ce coffret de jeux pousser quelques murs : salle d‘étude, CDI, foyer, devoirs faits … il trouve aussi toute sa place en dehors de la salle de classe.
Quel vous semble l’intérêt d’une telle ludification de l’apprentissage du français ?
Julie : Pour intéresser les élèves d‘aujourd‘hui, il faut les rendre actrices et acteurs de leurs apprentissages. Avec le jeu, c‘est l‘assurance de faire comprendre les notions tout en maintenant les exigences. Jouer n‘est pas bâcler.
Vanessa : Tout à fait d‘accord avec Julie! On peut très bien défendre une pédagogie innovante et ludique tout en étant intransigeante sur les notions indispensables à acquérir. À travers ce coffret de jeux, notre ambition est de faire travailler les élèves de la 6ème à la 3ème et leur permettre ainsi d’acquérir des automatismes.
Céline : En classe, les jeux deviennent pour l‘enseignant des outils pédagogiques rigoureux, des vecteurs de savoirs et savoir-faire ou même des modes d’évaluation. Pour les élèves, c’est engageant et très stimulant. L‘exercice ou la tâche ne sont plus des freins ou des barrières, ce sont des énigmes, des missions, des défis à relever ! Chacun se sent capable, tente, ose, il n’y plus d’échec, car le tour suivant me donne la possibilité de réussir ! La donne change et c’est très important quand on connaît la valeur de l’essai et la difficulté parfois pour nos élèves de s’engager dans le travail. Confiance en soi, motivation sont des facteurs qui jouent un rôle important dans la réussite de nos élèves.
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut
L’ouvrage
La mallette de jeux
Le site « Crochetons-nous dans les bois » de Vanessa Christophe
Le site « La boîte de Pandore » de Julie Donizel
Le site « La Bande à Baudelaire » de Céline Retrouvey
Céline Retrouvey dans Le Café pédagogique
18 décembre 2023
Faut-il ludifier l’enseignement du français pour le revitaliser ? Enseignantes dans les académies de Lille, Dijon et Besançon, Vanessa Christophe, Julie Dozinel et Céline Retrouvey partagent dans leurs classes et en ligne le même esprit créatif. Elles diffusent aussi leurs idées dans un ouvrage qui présente des activités clés en main susceptibles d’insuffler la joie de lire, d’écrire, de travailler : boîte à lecture, lapbook, valise de personnage, exposé explosif, trésor de guerre, calendrier des personnages, dés d’écriture, leçons à manipuler, sketchnotes, porte-clés de révision, cadavres exquis circonstanciels … Elles ont même réalisé une mallette de 4 jeux pédagogiques qui peuvent permettre aux élèves de se regrouper et s’amuser en îlots autour de la langue. D’un support à l’autre, le plaisir d’enseigner et le plaisir d’apprendre sont réunis pour que le français se fasse (enfin ?) jubilatoire.
Vous êtes 3 enseignantes de lettres travaillant dans des académies éloignées les unes des autres : comment vous êtes-vous trouvées ?
Julie : Nous nous sommes “trouvées” naturellement sur Instagram. Bien conscientes que nous avions de nombreux points communs, c’est naturellement que nous avons commencé à communiquer et à nous rapprocher. Très vite, l’envie de passer du virtuel au réel est venue. L’évidence.
Vanessa : La passion pour notre métier nous a en effet permis de nous trouver ; et nos discussions quotidiennes ont fait le reste!
Céline : Lecture, littérature jeunesse, pédagogie, métier … nous ne manquions en effet pas de sujets de conversation !
Dans votre inspirant ouvrage, vous présentez 40 activités de classe variées autour de la lecture, de l’écriture, du travail : quels vous semblent leurs points communs, dans leurs dispositifs et/ou leurs objectifs ?
Julie : Nous avons voulu mettre en avant des activités concrètes, testées et approuvées en classe. Bon nombre de manuels sont très abstraits dans leurs propositions et nous voulions vraiment proposer des activités à mener qui puissent également être adaptées. Elles ont pour principal objectif de montrer le plaisir d‘apprendre et de faire apprendre.
Céline : La créativité et le plaisir sont effectivement les deux pierres angulaires de ce guide enseignant. Dans cet ouvrage, nous avons souhaité mettre à la portée de nos collègues, des projets enthousiasmants et rigoureux qui fonctionnent dans nos classes depuis plusieurs années. Pour nous, le plaisir d’apprendre en passe indubitablement par celui d’enseigner, la salle de classe est un espace de travail, mais c’est peut-être avant tout un cadre de vie dans lequel professeurs et élèves peuvent s’épanouir et prendre plaisir à travailler ensemble.
Vanessa : Nous avons pensé cet ouvrage à notre image. Des fiches succinctes tout en étant détaillées, dans lesquelles nous partageons notre expérience afin de permettre à toutes et tous de se lancer en montrant qu’il n’est pas difficile de sortir des sentiers battus et d’innover, quel que soit notre expérience. Ce sont des activités clé en main mais c’est surtout une manière de crier: lancez-vous! Les meilleurs retours que nous avons d’ailleurs eu jusqu’à présent sont celles qui nous écrivent afin de nous dire que notre guide leur a permis de trouver un nouveau souffle dans leur métier. C’est exactement le message que nous voulions délivrer.
Chacune d’entre vous pourrait-elle présenter ici une activité qu’elle a expérimentée et qui lui tient particulièrement à cœur ?
Julie : J‘aime beaucoup la photo de mariage. Il s‘agit d‘un sujet d‘écriture dans lequel je demande à des élèves de quatrième et de troisième de raconter l‘histoire de la rencontre entre des personnes présentes sur une authentique photographie de mariage du XXème siècle. J‘ai souvent un pincement au cœur lorsque de trouve en brocante de vieilles photographies de mariage esseulées. En faisant travailler les élèves sur ces documents authentiques oubliés, c‘est pour moi la possibilité de faire perdurer ces supports et d‘associer écriture et souvenirs.
Vanessa : Le grimoire de sorcière est sans conteste mon activité préférée. En 6e, lorsque vient l’heure de partir à la rencontre des sorcières, chacun construit alors son grimoire dans lequel il réalise chaque semaine un exercice d’écriture en lien direct avec ce qui est étudié en classe. Cerise sur le gâteau, mes collègues ont depuis rejoint le mouvement et proposent eux aussi des exercices liés à leur discipline dans le grimoire. Cette année se mêleront aussi au français les maths, l’histoire et l’anglais. J’ai hâte!
Céline : J’ai un attachement particulier pour le projet Trésor de guerre, cette boîte à souvenirs de Poilu de la première guerre que je fais réaliser et garnir par mes élèves de troisième. Aux écrits que je demande, les élèves ajoutent des objets (véritables ou confectionnés) qui auraient appartenu à ce soldat imaginaire. Chaque année, je reçois des boîtes qui dégagent une grande émotion, de véritables objets d’époque et de famille qui ont nourri des discussions à la maison, permis parfois à mes élèves de se saisir d’une partie de leur histoire familiale. Les élèves témoignent à chaque fois d‘un bel investissement. C’est un honneur et un vrai privilège que de recevoir de tels travaux et les corrections sont toujours pour moi de grands moments d’émotion.
Une image contenant Dessin d’enfant, dessin humoristique, collection Description générée automatiquement
Vous avez aussi réalisé une mallette de jeux pour le français : quel en est le contenu ?
Julie : Le coffret contient quatre jeux qui peuvent être utilisés simultanément par toute une classe. Le but est de dédramatiser et de rendre ludique l‘apprentissage de la grammaire. Des triomots permettent de travailler natures et fonctions grammaticales, une roue et des cartes “radical“ permettent de travailler la formation des mots et un jeu de l‘oie vient compléter le quatuor et permet de balayer le programme du collège en grammaire.
Comment peut-on concrètement utiliser en classe cette mallette de jeux ?
Céline : Les élèves peuvent se répartir en quatre îlots et on peut imaginer un système d‘ateliers tournants pour proposer les quatre jeux à l‘ensemble de la classe. Un livret pédagogique qui inclut des variantes, des corrigés ou des cartes autocorrectives pour le jeu de l‘oie permettent aux élèves de jouer en autonomie. L‘idéal est bien sûr de partager une partie avec eux, les moments de doute ou d‘hésitation sont alors l‘occasion de revenir sur un point de langue, une notion. C‘est une remédiation d‘égal à égal, la posture de l‘enseignant change : il joue comme les autres. Pensé pour le cours de français, j’avoue que je rêve de voir ce coffret de jeux pousser quelques murs : salle d‘étude, CDI, foyer, devoirs faits … il trouve aussi toute sa place en dehors de la salle de classe.
Quel vous semble l’intérêt d’une telle ludification de l’apprentissage du français ?
Julie : Pour intéresser les élèves d‘aujourd‘hui, il faut les rendre actrices et acteurs de leurs apprentissages. Avec le jeu, c‘est l‘assurance de faire comprendre les notions tout en maintenant les exigences. Jouer n‘est pas bâcler.
Vanessa : Tout à fait d‘accord avec Julie! On peut très bien défendre une pédagogie innovante et ludique tout en étant intransigeante sur les notions indispensables à acquérir. À travers ce coffret de jeux, notre ambition est de faire travailler les élèves de la 6ème à la 3ème et leur permettre ainsi d’acquérir des automatismes.
Céline : En classe, les jeux deviennent pour l‘enseignant des outils pédagogiques rigoureux, des vecteurs de savoirs et savoir-faire ou même des modes d’évaluation. Pour les élèves, c’est engageant et très stimulant. L‘exercice ou la tâche ne sont plus des freins ou des barrières, ce sont des énigmes, des missions, des défis à relever ! Chacun se sent capable, tente, ose, il n’y plus d’échec, car le tour suivant me donne la possibilité de réussir ! La donne change et c’est très important quand on connaît la valeur de l’essai et la difficulté parfois pour nos élèves de s’engager dans le travail. Confiance en soi, motivation sont des facteurs qui jouent un rôle important dans la réussite de nos élèves.
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut
L’ouvrage
La mallette de jeux
Le site « Crochetons-nous dans les bois » de Vanessa Christophe
Le site « La boîte de Pandore » de Julie Donizel
Le site « La Bande à Baudelaire » de Céline Retrouvey
Céline Retrouvey dans Le Café pédagogique
25 Mai 2025 19:03 - 25 Mai 2025 19:03
"Denis Sestier : En histoire-géographie, le jeu pour inclure" (Café pédagogique) a été créé par Loys
Dans le "Café" du 19/08/22 :
"Denis Sestier : En histoire-géographie, le jeu pour inclure"
Attention : Spoiler !
Denis Sestier : En histoire-géographie, le jeu pour inclure
19 août 2022
Denis Sestier : En histoire-géographie, le jeu pour inclure
Co-fondateur du réseau Ludus qui aide les enseignants à jouer en classe, professeur d’histoire-géographie et formateur, Denis Sestier revient sur l’intérêt de jouer en classe. Si le jeu est « l’outil pédagogique qui exclut le moins » c’est aussi un levier pour que l’enseignant dégage du plaisir en classe. Pour les élèves mais aussi pour lui…
Depuis 1999 vous animez le réseau Ludus, un réseau de professeurs d’histoire-géographie intéressés par le jeu pédagogique. Pour vous le jeu est-il efficace pour que les élèves apprennent ?
C’est la question que se posent enseignants et chercheurs. Il n’y a pas jusqu’à maintenant d’étude probante pour indiquer que le jeu soit efficace en tous temps. Mais le quotidien de la classe montre que à quel point le jeu, à certaines conditions, est efficace pour motiver les élèves et intégrer les moins scolaires.
Le jeu peut exclure ?
Il est peut-être l’outil pédagogique qui exclut le moins. Il exclut moins que les travaux académiques. Il inclut les élèves qui peuvent être en difficulté face à une situation traditionnelle. Ces élèves sont davantage à l’aise dans une situation où ils n’ont pas vécu d’échec.
Mais le jeu n’est pas destiné qu’à ces élèves. C’est un outil qui permet de mettre en activité des élèves différents, en réussite ou pas. Il met en mouvement les élèves qui subissent le quotidien de la classe. Cela me semble important. Le jeu ne règle pas les difficultés scolaires. Mais il permet de se sentir partie prenante d’une activité de la classe. Et ça c’est positif.
Préparer une séance de jeu en classe prend du temps. Quel est l’intérêt pour l’enseignant ?
Souvent c’est le cas même si cela dépend du jeu. De nombreuses activités pédagogiques demandent aussi du temps. L’intérêt pour le professeur c’est d’abord de trouver une modalité pédagogique mobilisant les élèves pour les aider à progresser. C’est aussi un moment de créativité intéressant.
On peut aussi limiter le temps en mutualisant. C’est ce qu’on fait dans le réseau Ludus. On met à disposition des collègues des propositions, pas forcément applicables sans adaptation, qui sont une bonne base de départ. Quand on a créé le réseau on a eu cette conviction que faire entrer le plaisir dans la classe est aussi une façon de transformer l’école et le vécu des élèves. C’est une dimension que l’on garde dans notre enseignement. Le jeu, avec le plaisir, est un outil d’inclusion pour les élèves qui ne trouvent pas d’eux mêmes les clés de l’école.
Il y a des types de jeu plus répandus en histoire géo ?
Il y a de tout. Mais les escape games dominent en ce moment comme les jeux vidéos il y a quelques années.
Peut-on dire qu’il y a un marché du jeu scolaire alimenté par les écoles ?
Je ne crois pas. Les jeux utilisés en classe relèvent de l’artisanat. Les tentatives d’utilisation des jeux vidéos n’ont pas eu un grand succès. La plupart des collègues utilisent des jeux qu’ils ont fabriqué ou récupéré auprès de collègues.
J’ai l’impression que les jeux documentaires, comme l’inoubliable « J’ai vécu au 18ème siècle » ont disparu ?
Les propositions de jeux évoluent. C’était un type de jeu qui demandait beaucoup de temps en classe.Et la pratique montre que pour qu’un jeu soit utilisable en classe il faut qu’il soit jouable dans les conditions scolaires. S’il n’est pas jouable en une ou deux heures de cours et avec 35 élèves il a du mal à entrer dans la classe.
Les simulations ont-elles trouvé une place ?
Il y en a . Mais on a du mal à trouver des simulations qui fonctionnent bien sur le matériel dont on dispose en classe. Il y a des simulations simples comme « Des territoires, une voie » qui sont utilisables. Ce qui décline ce sont les propositions lourdes qui sont difficiles à utiliser en classe. Le jeu pédagogique se pratique dans un cadre très contraint. C’est différent du jeu de loisir. Par exemple je n’ai plus de demi groupe. Il m’est impossible d’aller en salle informatique.
Le réseau Ludus a plus de 20 ans. Comment se porte-il ?
Il existe par son site qui est toujours alimenté par des collègues. Au départ c’était un groupe académique sur Caen. Aujourd’hui c’est un réseau numérique qui publie de 10 à 20 propositions de jeu par an. On pense qu’il est utile. Depuis sa création on a dépassé le million de visiteurs uniques.
Propos recueillis par François Jarraud
Le site du réseau Ludus
19 août 2022
Denis Sestier : En histoire-géographie, le jeu pour inclure
Co-fondateur du réseau Ludus qui aide les enseignants à jouer en classe, professeur d’histoire-géographie et formateur, Denis Sestier revient sur l’intérêt de jouer en classe. Si le jeu est « l’outil pédagogique qui exclut le moins » c’est aussi un levier pour que l’enseignant dégage du plaisir en classe. Pour les élèves mais aussi pour lui…
Depuis 1999 vous animez le réseau Ludus, un réseau de professeurs d’histoire-géographie intéressés par le jeu pédagogique. Pour vous le jeu est-il efficace pour que les élèves apprennent ?
C’est la question que se posent enseignants et chercheurs. Il n’y a pas jusqu’à maintenant d’étude probante pour indiquer que le jeu soit efficace en tous temps. Mais le quotidien de la classe montre que à quel point le jeu, à certaines conditions, est efficace pour motiver les élèves et intégrer les moins scolaires.
Le jeu peut exclure ?
Il est peut-être l’outil pédagogique qui exclut le moins. Il exclut moins que les travaux académiques. Il inclut les élèves qui peuvent être en difficulté face à une situation traditionnelle. Ces élèves sont davantage à l’aise dans une situation où ils n’ont pas vécu d’échec.
Mais le jeu n’est pas destiné qu’à ces élèves. C’est un outil qui permet de mettre en activité des élèves différents, en réussite ou pas. Il met en mouvement les élèves qui subissent le quotidien de la classe. Cela me semble important. Le jeu ne règle pas les difficultés scolaires. Mais il permet de se sentir partie prenante d’une activité de la classe. Et ça c’est positif.
Préparer une séance de jeu en classe prend du temps. Quel est l’intérêt pour l’enseignant ?
Souvent c’est le cas même si cela dépend du jeu. De nombreuses activités pédagogiques demandent aussi du temps. L’intérêt pour le professeur c’est d’abord de trouver une modalité pédagogique mobilisant les élèves pour les aider à progresser. C’est aussi un moment de créativité intéressant.
On peut aussi limiter le temps en mutualisant. C’est ce qu’on fait dans le réseau Ludus. On met à disposition des collègues des propositions, pas forcément applicables sans adaptation, qui sont une bonne base de départ. Quand on a créé le réseau on a eu cette conviction que faire entrer le plaisir dans la classe est aussi une façon de transformer l’école et le vécu des élèves. C’est une dimension que l’on garde dans notre enseignement. Le jeu, avec le plaisir, est un outil d’inclusion pour les élèves qui ne trouvent pas d’eux mêmes les clés de l’école.
Il y a des types de jeu plus répandus en histoire géo ?
Il y a de tout. Mais les escape games dominent en ce moment comme les jeux vidéos il y a quelques années.
Peut-on dire qu’il y a un marché du jeu scolaire alimenté par les écoles ?
Je ne crois pas. Les jeux utilisés en classe relèvent de l’artisanat. Les tentatives d’utilisation des jeux vidéos n’ont pas eu un grand succès. La plupart des collègues utilisent des jeux qu’ils ont fabriqué ou récupéré auprès de collègues.
J’ai l’impression que les jeux documentaires, comme l’inoubliable « J’ai vécu au 18ème siècle » ont disparu ?
Les propositions de jeux évoluent. C’était un type de jeu qui demandait beaucoup de temps en classe.Et la pratique montre que pour qu’un jeu soit utilisable en classe il faut qu’il soit jouable dans les conditions scolaires. S’il n’est pas jouable en une ou deux heures de cours et avec 35 élèves il a du mal à entrer dans la classe.
Les simulations ont-elles trouvé une place ?
Il y en a . Mais on a du mal à trouver des simulations qui fonctionnent bien sur le matériel dont on dispose en classe. Il y a des simulations simples comme « Des territoires, une voie » qui sont utilisables. Ce qui décline ce sont les propositions lourdes qui sont difficiles à utiliser en classe. Le jeu pédagogique se pratique dans un cadre très contraint. C’est différent du jeu de loisir. Par exemple je n’ai plus de demi groupe. Il m’est impossible d’aller en salle informatique.
Le réseau Ludus a plus de 20 ans. Comment se porte-il ?
Il existe par son site qui est toujours alimenté par des collègues. Au départ c’était un groupe académique sur Caen. Aujourd’hui c’est un réseau numérique qui publie de 10 à 20 propositions de jeu par an. On pense qu’il est utile. Depuis sa création on a dépassé le million de visiteurs uniques.
Propos recueillis par François Jarraud
Le site du réseau Ludus
25 Mai 2025 19:08 - 25 Mai 2025 19:09
Dans le "Café" du 7 décembre 2020 :
"Quand les élèves fabriquent des jeux pédagogiques"
Voir aussi le 20/01/20 : "Transformer le cours de français en jeu radio"
Attention : Spoiler !
Quand les élèves fabriquent des jeux pédagogiques
7 décembre 2020
Au collège Vauguyon au Mans, Jean-François Gaulon amène ses classes à fabriquer chaque trimestre un jeu sur un point précis de grammaire, de conjugaison ou de littérature. Après que la classe a choisi un thème, les élèves créent 9 cartes au brouillon. Chacun reçoit une planche de cartes « vierges », à remplir avec les questions et les réponses prévues. S’ensuit l’étape technique : exportation au format PDF, conception graphique, découpage et plastification pour chaque élève de ses 9 cartes, puis travail à 3 pour fabriquer un gabarit selon la technique choisie (type de carton, épaisseur…). Il reste à rédiger les règles du jeu en groupe-classe, puis à en insérer une dans chaque paquet de cartes. Le jeu lui-même consiste en un duel de 3 minutes, avec arbitre, dans le cadre d’un tournoi de classe, avec repêchage. Cette manipulation des savoirs, ludique et coopérative, est amenée à d’autres prolongements : jeu de société de plateau et jeu radiophonique.
7 décembre 2020
Au collège Vauguyon au Mans, Jean-François Gaulon amène ses classes à fabriquer chaque trimestre un jeu sur un point précis de grammaire, de conjugaison ou de littérature. Après que la classe a choisi un thème, les élèves créent 9 cartes au brouillon. Chacun reçoit une planche de cartes « vierges », à remplir avec les questions et les réponses prévues. S’ensuit l’étape technique : exportation au format PDF, conception graphique, découpage et plastification pour chaque élève de ses 9 cartes, puis travail à 3 pour fabriquer un gabarit selon la technique choisie (type de carton, épaisseur…). Il reste à rédiger les règles du jeu en groupe-classe, puis à en insérer une dans chaque paquet de cartes. Le jeu lui-même consiste en un duel de 3 minutes, avec arbitre, dans le cadre d’un tournoi de classe, avec repêchage. Cette manipulation des savoirs, ludique et coopérative, est amenée à d’autres prolongements : jeu de société de plateau et jeu radiophonique.
Voir aussi le 20/01/20 : "Transformer le cours de français en jeu radio"
Attention : Spoiler !
Transformer le cours de français en jeu radio
Les révisions peuvent-elles devenir plaisantes? Au collège Vauguyon au Mans, Jean-François Gaulon a transformé son dernier cours de l’année 2019 en jeu radiophonique. Des 4èmes sont intervenus en 6ème pour animer l’activité. Dispositif : 1 présentatrice, 2 candidats à chaque fois, qui répondent à 5 questions et éventuellement 1 question bonus ; 2 élèves à la régie qui font défiler le diaporama sur lequel sont inscrites les questions, vérifient les réponses, envoient le son, positif ou négatif. L’émission est diffusée sur la webradio « IntenséMans ». Les questions portent sur des éléments vus depuis le début de l'année, en grammaire et lexique. Bilan « très positif » : « Je pense qu'il serait même intéressant de systématiser ce travail sur un quart d'heure par exemple chaque semaine à heure fixe, pour également favoriser la réécoute des élèves de leurs propres travaux, y compris sur le mode ludique ! »
Les révisions peuvent-elles devenir plaisantes? Au collège Vauguyon au Mans, Jean-François Gaulon a transformé son dernier cours de l’année 2019 en jeu radiophonique. Des 4èmes sont intervenus en 6ème pour animer l’activité. Dispositif : 1 présentatrice, 2 candidats à chaque fois, qui répondent à 5 questions et éventuellement 1 question bonus ; 2 élèves à la régie qui font défiler le diaporama sur lequel sont inscrites les questions, vérifient les réponses, envoient le son, positif ou négatif. L’émission est diffusée sur la webradio « IntenséMans ». Les questions portent sur des éléments vus depuis le début de l'année, en grammaire et lexique. Bilan « très positif » : « Je pense qu'il serait même intéressant de systématiser ce travail sur un quart d'heure par exemple chaque semaine à heure fixe, pour également favoriser la réécoute des élèves de leurs propres travaux, y compris sur le mode ludique ! »
25 Mai 2025 19:11
Dans le "Café" du 21/11/24 :
"EMC : un jeu pédagogique pour comprendre la laïcité"
Attention : Spoiler !
EMC : un jeu pédagogique pour comprendre la laïcité
21 novembre 2024
Après l’assassinat de Samuel Paty en 2020, Daniel Fischer, formateur à l’INSPE de Lorraine, a ressenti l’urgence de renouveler les approches pédagogiques autour de la laïcité. Il a alors conçu À l’école de la laïcité, un jeu éducatif destiné aux élèves de CM1, CM2 et 6ème. Dans cet entretien, il évoque la genèse de ce projet, ses objectifs pédagogiques, et sa vision de l’enseignement de la laïcité aujourd’hui en France.
Un déclic face à l’urgence d’agir
Interrogé sur l’origine de À l’école de la laïcité, Daniel Fischer revient sur l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020. Ce drame a provoqué un véritable séisme dans la communauté éducative. Formateur à l’INSPE, il se souvient : « Nous étions tous sidérés. Il fallait accompagner nos étudiants, souvent professeurs stagiaires, qui allaient devoir expliquer ce qu’est la laïcité à leurs élèves. »
Historien moderniste, Daniel Fischer s’est alors rappelé le “Jeu de la Révolution française” qui, inspiré du célèbre jeu de l’oie, initiait les citoyens aux nouvelles valeurs républicaines à la fin du XVIIIe siècle. Ce modèle lui a inspiré l’idée d’un jeu de société dédié à la compréhension de la laïcité. Avec ses étudiants, il décide donc de se lancer dans un projet collaboratif pour créer un outil pédagogique qui permettrait de réexplorer la charte de la laïcité de manière ludique, interactive et accessible.
L’intérêt de la ludicisation pour aborder un sujet sensible
Pour Daniel Fischer, choisir le jeu comme support pédagogique n’est pas anodin. Aborder la laïcité de façon ludique permet de contourner une approche théorique descendante, souvent mal perçue par les élèves. Il explique : « Tant qu’on reste magistral et purement théorique, on n’arrive pas à engager nos élèves sur ce sujet. Avec le jeu, on peut stimuler leur intérêt tout en les aidant à se forger une compréhension active des principes de la laïcité. »
Le jeu repose sur un plateau inspiré du jeu de l’oie. Les élèves avancent sur le parcours en répondant à des questions, chacune associée à un des 15 articles de la charte de la laïcité. L’objectif : reconstituer collectivement la charte en obtenant des réponses correctes : « Cette approche favorise l’adhésion, car les élèves choisissent de répondre et participent activement à leur apprentissage. ». L’aspect collaboratif du jeu est également central : il évite une logique compétitive tout en renforçant la compréhension collective des valeurs de la laïcité.
Deux principales modalités d’utilisation en classe
La mise en œuvre pédagogique de À l’école de la laïcité peut s’adapter à différents contextes et contraintes. Daniel Fischer explique que deux approches principales émergent souvent dans les classes.
La première consiste à faire jouer les élèves en petits groupes. Chaque équipe, composée de quatre à six élèves, dispose de sa propre boîte de jeu. Cette configuration permet aux élèves de progresser de manière autonome, tout en laissant à l’enseignant la possibilité d’intervenir ponctuellement pour clarifier certaines questions complexes. Ce format s’inscrit idéalement dans une séance de 40 à 50 minutes, correspondant à une heure de cours habituelle.
La seconde modalité propose une expérience collective. Dans ce cas, l’ensemble de la classe participe à une partie unique, avec le plateau de jeu projeté au tableau à l’aide d’un visualiseur. L’enseignant joue alors un rôle de maître du jeu, déplaçant les pions et animant les échanges. Les élèves sont répartis en équipes qui collaborent pour répondre aux questions et avancer sur le plateau, favorisant une dynamique de classe interactive et engageante. Cette méthode, tout en conservant une approche structurée, permet à l’enseignant de stimuler des discussions plus larges autour des principes de la laïcité.
Certaines déclinaisons plus originales ont également vu le jour, comme l’utilisation des questions du jeu sous forme de rituels quotidiens dans les jours précédant le 9 décembre, journée nationale de la laïcité.
Un enseignement de la laïcité encore marqué par de nombreux défis
Daniel Fischer souligne par ailleurs les défis que pose l’enseignement de la laïcité dans le contexte actuel, marqué par des tensions géopolitiques et la montée de l’antisémitisme : « Nos élèves et étudiants préfèrent souvent éviter le sujet, tant il peut être perçu comme complexe ou source de controverses. »
Pour autant, il reste optimiste et insiste sur la nécessité d’aborder ces questions avec rigueur et ouverture. Il rappelle que la laïcité n’est pas une valeur, mais un principe organisateur qui permet de garantir les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Il encourage également à parler davantage des faits religieux pour mieux informer les élèves : « Lorsqu’on évite un sujet, on ouvre la porte aux réinterprétations et aux instrumentalisations. Il est essentiel d’éclairer nos élèves sur ces questions pour renforcer leur compréhension et leur esprit critique. »
Enfin, il insiste sur l’importance d’une approche non dogmatique : « Il faut accueillir la parole des élèves, même quand elle exprime des convictions religieuses, tout en leur rappelant que la religion n’est qu’une composante de leur identité parmi d’autres. Ce dialogue est essentiel pour leur permettre d’adhérer pleinement aux principes de la laïcité. »
Propos recueillis par Mickaël Bertrand
21 novembre 2024
Après l’assassinat de Samuel Paty en 2020, Daniel Fischer, formateur à l’INSPE de Lorraine, a ressenti l’urgence de renouveler les approches pédagogiques autour de la laïcité. Il a alors conçu À l’école de la laïcité, un jeu éducatif destiné aux élèves de CM1, CM2 et 6ème. Dans cet entretien, il évoque la genèse de ce projet, ses objectifs pédagogiques, et sa vision de l’enseignement de la laïcité aujourd’hui en France.
Un déclic face à l’urgence d’agir
Interrogé sur l’origine de À l’école de la laïcité, Daniel Fischer revient sur l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020. Ce drame a provoqué un véritable séisme dans la communauté éducative. Formateur à l’INSPE, il se souvient : « Nous étions tous sidérés. Il fallait accompagner nos étudiants, souvent professeurs stagiaires, qui allaient devoir expliquer ce qu’est la laïcité à leurs élèves. »
Historien moderniste, Daniel Fischer s’est alors rappelé le “Jeu de la Révolution française” qui, inspiré du célèbre jeu de l’oie, initiait les citoyens aux nouvelles valeurs républicaines à la fin du XVIIIe siècle. Ce modèle lui a inspiré l’idée d’un jeu de société dédié à la compréhension de la laïcité. Avec ses étudiants, il décide donc de se lancer dans un projet collaboratif pour créer un outil pédagogique qui permettrait de réexplorer la charte de la laïcité de manière ludique, interactive et accessible.
L’intérêt de la ludicisation pour aborder un sujet sensible
Pour Daniel Fischer, choisir le jeu comme support pédagogique n’est pas anodin. Aborder la laïcité de façon ludique permet de contourner une approche théorique descendante, souvent mal perçue par les élèves. Il explique : « Tant qu’on reste magistral et purement théorique, on n’arrive pas à engager nos élèves sur ce sujet. Avec le jeu, on peut stimuler leur intérêt tout en les aidant à se forger une compréhension active des principes de la laïcité. »
Le jeu repose sur un plateau inspiré du jeu de l’oie. Les élèves avancent sur le parcours en répondant à des questions, chacune associée à un des 15 articles de la charte de la laïcité. L’objectif : reconstituer collectivement la charte en obtenant des réponses correctes : « Cette approche favorise l’adhésion, car les élèves choisissent de répondre et participent activement à leur apprentissage. ». L’aspect collaboratif du jeu est également central : il évite une logique compétitive tout en renforçant la compréhension collective des valeurs de la laïcité.
Deux principales modalités d’utilisation en classe
La mise en œuvre pédagogique de À l’école de la laïcité peut s’adapter à différents contextes et contraintes. Daniel Fischer explique que deux approches principales émergent souvent dans les classes.
La première consiste à faire jouer les élèves en petits groupes. Chaque équipe, composée de quatre à six élèves, dispose de sa propre boîte de jeu. Cette configuration permet aux élèves de progresser de manière autonome, tout en laissant à l’enseignant la possibilité d’intervenir ponctuellement pour clarifier certaines questions complexes. Ce format s’inscrit idéalement dans une séance de 40 à 50 minutes, correspondant à une heure de cours habituelle.
La seconde modalité propose une expérience collective. Dans ce cas, l’ensemble de la classe participe à une partie unique, avec le plateau de jeu projeté au tableau à l’aide d’un visualiseur. L’enseignant joue alors un rôle de maître du jeu, déplaçant les pions et animant les échanges. Les élèves sont répartis en équipes qui collaborent pour répondre aux questions et avancer sur le plateau, favorisant une dynamique de classe interactive et engageante. Cette méthode, tout en conservant une approche structurée, permet à l’enseignant de stimuler des discussions plus larges autour des principes de la laïcité.
Certaines déclinaisons plus originales ont également vu le jour, comme l’utilisation des questions du jeu sous forme de rituels quotidiens dans les jours précédant le 9 décembre, journée nationale de la laïcité.
Un enseignement de la laïcité encore marqué par de nombreux défis
Daniel Fischer souligne par ailleurs les défis que pose l’enseignement de la laïcité dans le contexte actuel, marqué par des tensions géopolitiques et la montée de l’antisémitisme : « Nos élèves et étudiants préfèrent souvent éviter le sujet, tant il peut être perçu comme complexe ou source de controverses. »
Pour autant, il reste optimiste et insiste sur la nécessité d’aborder ces questions avec rigueur et ouverture. Il rappelle que la laïcité n’est pas une valeur, mais un principe organisateur qui permet de garantir les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Il encourage également à parler davantage des faits religieux pour mieux informer les élèves : « Lorsqu’on évite un sujet, on ouvre la porte aux réinterprétations et aux instrumentalisations. Il est essentiel d’éclairer nos élèves sur ces questions pour renforcer leur compréhension et leur esprit critique. »
Enfin, il insiste sur l’importance d’une approche non dogmatique : « Il faut accueillir la parole des élèves, même quand elle exprime des convictions religieuses, tout en leur rappelant que la religion n’est qu’une composante de leur identité parmi d’autres. Ce dialogue est essentiel pour leur permettre d’adhérer pleinement aux principes de la laïcité. »
Propos recueillis par Mickaël Bertrand