Résultats de recherche (Recherche de : guillou)

21 Aoû 2013 09:17
21 Aoû 2013 09:17 - 22 Aoû 2013 15:55
Avec son iconoclasme salvateur, cette nouvelle tribune de Michel Guillou sur son blog : "Saisir, dicter, publier, traduire, de nouveaux repères pour apprendre ?" et sur "EducaVox" du 22/08/13.

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19 Juil 2013 00:14

Numérique : et si l’école en prenait encore pour 20 ans à attendre ?

C'est le crédo de Michel Guillou : l'urgence ! :doc:

Désolé, je crois que ce billet sera un tantinet pessimiste…
Au milieu de l’obscurité, on va essayer de retrouver du courage, de l’inspiration et un peu de lucidité dans les rais qui s’essaient à la traverser.

Michel Guillou est sans doute un de ces rais.

Reprenons depuis le début. Rappelez-vous, après le récent rapport d’étape du 10 juin dernier sur l’école numérique, je faisais le triste constat que la fracture numérique est au ministère même, tant paraît infranchissable la distance qui sépare les déclarations enflammées mais visionnaires du ministre de celles de sa propre administration ou de l’inspection générale.

Longue vie au roi mais à bas ses conseillers !
Il est vrai que la grande stratégie du numérique a sans doute été élaborée par le Ministre sans l'aide de personne :doc:

Nous verrons dans ce billet — soyez patients ! — qu’une autre fracture numérique est encore béante et ne se résoudra pas, semble-t-il, de sitôt.
Ce jour-là, se tenait en ouverture une curieuse table ronde, où comme d’habitude personne n’échange avec personne et où chacun assène son propre discours, issu des troubles réflexions de ses services de communication respectifs. Parmi les membres éminents de ce distingué aréopage, on notait la présence de Mme Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la CNIL
Cela ne laisse pas d’étonner de voir la CNIL se préoccuper d’éducation — on cherche en vain ce dernier mot dans les missions que le législateur lui a confiées — tant ses dernières initiatives à ce sujet paraissent anti-éducatives, le pseudo droit à l’oubli par exemple, ou inadéquates, des fiches pour les jeunes très directives.

La Cnil ne semble pas obtenir les bonnes grâces de Michel Guillou. Il est vrai que ses préoccupations ("informatique et libertés") sont d'un autre âge.

Qu’est venue dire ce jour-là la présidente de la CNIL ? Annoncer la décision de cette dernière de coordonner les réflexions d’un collectif pour faire de l’éducation au numérique une grande cause nationale en 2014. Donnons cette fois crédit à la CNIL de l’initiative qu’elle a prise, tant il paraît en effet important et surtout urgent de réfléchir ensemble à ces enjeux éducatifs et sociétaux et de soutenir le chantier de l’école numérique.
La CNIL nous explique tout ça sur son site dans un article récent en listant les 28 organisations ou associations invitées. Curieux mélange ! On y trouve de tout, le meilleur bien sûr, mais aussi des associations qui ont déjà fait montre sur ce sujet de dramatiques et rétrogrades positions anxiogènes ou obscurantistes. J’ai déjà évoqué ces histoires dans des billets précédents et n’y reviens pas.

S'agirait-il de ce manifeste sur "EducaVox" ?

On peut remarquer aussi que la CNIL a fait le choix de travailler sur l’éducation au numérique, chantier qui court le risque d’être dilué et donc dissous. Concernant le seul système éducatif, compte tenu de l’urgence, j’ai déjà rappelé qu’il était préférable d’enseigner le numérique, voir mon dernier article à ce sujet.

Sans qu'on comprenne très bien ce que Michel Guillou entend par là... :mrgreen:

Un autre chantier important de la refondation de l’école est celui de la nouvelle orientation et du souffle nouveau donnés à la formation initiale, par le moyen notamment de la création des ESPE, les écoles supérieures du professorat et de l’éducation.
Les missions de ces ESPE sont définies et rappelées dans un certain nombre de documents dont celui-ci, une FAQ destinée à « tout comprendre des ESPE ». Dans ce très long document, concernant l’accréditation des établissements d’enseignement supérieur, l’un des critères retenus est la place faite au numérique, sans autre précision.

La précipitation, sans doute. :mrgreen:

Concernant la formation de tous les enseignants, de la maternelle au supérieur, un entrefilet rappelle qu’elle s’appuie sur les ressources numériques. Sic ! Le rédacteur est, à n’en pas douter, un visionnaire.

Heureusement que Michel Guillou est là ! :doc:

Une magnifique infographie détaille par ailleurs le parcours type au sein des ESPE. Ne cherchez pas : il n’y a pas un mot du numérique !
Enfin, il faut fouiller pour trouver dans un très long PDF de vingt-huit pages, tout récent (début juillet), l’essentiel de ce qu’il faut savoir des grands axes de la réforme. Je tire de ce document les phrases suivantes :
« Car on exige beaucoup de l’enseignant du XXIe siècle. Il doit non seulement exceller dans sa ou ses discipline(s) et dans ses pratiques pédagogiques, mais également savoir utiliser les technologies numériques… »
« Les ESPE seront en outre particulièrement engagées dans la formation des enseignants à l’usage du numérique »
« Les ESPE auront pour mission de former les enseignants à l’usage du numérique. Le numérique contribue en effet à améliorer l’efficacité des enseignements. Il constitue un pilier de la refondation pédagogique »

Phrase bien vague : de quel usage précisément s'agit-il ? Du professeur chez lui, en classe, des élèves en classe, chez eux ?
Et d'où vient cette affirmation gratuite, typique du numérisme qui règne partout : "Le numérique contribue en effet à améliorer l’efficacité des enseignements." ?

Vous noterez que les missions confiées à ces nouvelles écoles de formation des maîtres, ancrées dans leur temps, celui du début de ce troisième millénaire, sont des missions essentiellement utilitaires. C’est dans l’air du temps, tout le monde fait dans l’utilitaire. D’aucuns, fort aventureux, semblent avoir compris que le numérique était incontournable, à leur corps défendant, mais lui refusent toute fonction paradigmatique pour le résoudre à son seul usage. On se sert de l’« outil numérique » comme d’un crayon ou d’une clé de douze et donc on n’a rien compris.

Si seulement ils avaient compris la "fonction paradigmatique" du numérique, c'est pourtant simple ! :doc:

Ces lettres de mission aux ESPE sont donc vides de tout sens, au fond, à l’exception fort notable mais anecdotique de la mention rare de la reconnaissance que « Le numérique contribue en effet à améliorer l’efficacité des enseignements. ». C’est à noter.

:mrgreen:

Pour qui connaît un peu, comme moi, les ex-IUFM, leurs enseignants et leurs enseignements, les jeunes professeurs qui en sont sortis et se sont confiés à leurs aînés à ce sujet, c’est un euphémisme de dire que le numérique constituait déjà la dernière roue de la charrette.

Des formateurs si talentueux et si méprisés malgré leur conception visionnaire de l'enseignement : quelle honte !
J'ai effectivement des souvenirs assez amusants de ma formation informatique à l'IUFM. Il faudra que j'en reparle un jour.

À l’exception encore de quelques lieux et formations professionnelles, comme celles des professeurs documentalistes, par exemple, l’essentiel du paysage de la formation initiale réduisait le numérique à la seule dimension utilitaire (déjà !) et strictement technologique des Tice.

Quelle idée de rechercher l'utilité dans l'enseignement aussi !

Et encore, ça, c’est quand on avait le temps et ça passait toujours après la didactique de la discipline, didactique résolument dépourvue de toute culture numérique.

Un scandale ! A mort les disciplines,vive le numérique qui est... eh bien..; on ne sait pas trop ce que c'est, en fait, à part un mot qui sonne encore bien.

Je le sais, je l’ai vu, j’ai entendu les jeunes professeurs en parler : de manière générale, le numérique, en tant que culture et modèle pour une nouvelle pédagogie rénovée, était exclu de la formation initiale. Délibérément, et presque méthodiquement.

Avec le C2i par exemple. Avec le succès qui était le sien. :mrgreen:

Les seuls moments où les apprentis professeurs pouvaient s’immerger un tant soit peu dans le numérique (les Tice, pardon !) étaient ceux, fort rares, réservés à la réussite des items de cet exercice parodique, dont beaucoup sont d’ailleurs dispensés, que constituait et constitue toujours le C2i.

:mrgreen:

Rien n’a donc changé et rien ne changera. Ce ne sont pas les quelques lignes ci-dessus qui vont émouvoir les universitaires émoulus et sûrs d’eux en charge de cette formation initiale.

Quelques comptes à régler, visiblement.

Ce sont les mêmes, et ce n’est pas parce que les IUFM vont s’appeler des ESPE qu’ils vont changer d’un iota leur enseignement !
Et l’école en prend encore pour vingt ans, au bas mot, le temps peut-être de changer de génération. Je vous avais prévenus qu’il n’y avait pas de quoi se réjouir !

Si seulement on avait confié les programmes des Espé ou mieux la refondation de l'école à Michel Guillou...
16 Juil 2013 15:24
A lire sur "EducaVox" du 16/07/13, où Michel Guillou se pose cette grave question : "Numérique : et si l’école en prenait encore pour 20 ans à attendre ?"

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08 Juil 2013 10:06 - 08 Juil 2013 14:56
OVEI est une association dont le nom condescendant n'est pas la moindre des curiosités.

Les rencontres OVEI sont des événements dédiés à l’échange entre les personnalités politiques et les habitants d’internet. Le but de l’opération étant d’expliquer le fonctionnement d’internet et de créer du lien pour faire en sorte que les débats politiques à propos d’internet se fondent autant que faire se peut sur les réalités techniques et sociétales.
Pédagogie et dialogue sont les maîtres mots de nos actions.

On fait difficilement plus vague, comme raison d'être...

Partis du constat que les habituelles tables rondes réunissant les personnalités politiques et les gens des réseaux ne suffisent pas à appréhender l’ensemble de ce qu’est internet, un projet fou a été lancé à partir d’une blague à propos du pâté de Chartres entre Laure de la Raudière et Bruno Spiquel sur twitter : réunir tout ce beau monde autour d’une bouffe pour parler dans un cadre moins strict que d’habitude.
Il s’agit donc d’organiser des rencontres sous diverses formes permettant des discussions, débats et prises de contacts conviviaux.

Bref, par souci d'efficacité, on remplace des "tables rondes" par des "rencontres" une fois par an. :scratch:
Mais le plus intéressant est à venir :

Qui n’a jamais pesté contre un article de journal ou une émission de télévision « qui raconte n’importe quoi » ?
Dans la droite ligne de ses actions dans les milieux politiques, OVEI souhaite également éclairer les médias quant aux réalités des réseaux et propose donc, de la manière la plus systématique possible, de répondre, de façon argumentée, à tout média dont les publications contiennent des erreurs à propos d’internet.

Avoir un regard critique sur Internet, c'est donc "raconter n'importe quoi". Et pourquoi cette farouche défense d'Internet contre toutes les "erreurs" commises à son encontre ? De quel type d'erreurs s'agit-il ? Et quel rapport entre cette association évènementielle organisant des rencontres et la formation des enseignants à une nouvelle discipline ?
Comme dit Michel Guillou, il ne s'agit pas de "porter la bonne parole"... :devil:
On apprend au passage que Laure de la Raudière, députée et l'une des initiatrices du projet, a travaillé pendant douze ans à la direction de France Télécom, qu'elle est associée dans une startup et gérante de deux sociétés de conseil en réseaux et télécommunications auprès des grandes entreprises.
Quant à Bruno Spiquel, il n'est pas vraiment concerné par les enjeux de l'enseignement : labs.hadopi.fr/expert/bruno-spiquel
08 Juil 2013 09:52 - 08 Juil 2013 09:54

L’association OVEI « On vous explique Internet » vient de faire récemment une proposition originale et nouvelle pour l’enseignement de la culture numérique. Je vais être honnête avec vous, comme co-administrateur de cette association, j’ai soufflé quelques-unes de ces bonnes idées à OVEI.

Les propositions "originales et nouvelles" sont donc de Michel Guillou ! :cheers:

OVEI propose la création, dès la rentrée prochaine à titre expérimental en attendant une généralisation, d’un enseignement de la culture numérique, donc transversal et imprégné de tous les champs disciplinaires, à l’image de ce qui se fait déjà pour l’histoire de l’art.

Quelle bonne idée ! Demander aux enseignants d'enseigner une discipline qu'ils ne connaissent pas était déjà une invention originale. Maintenant il s'agit d'enseigner quelque chose qui ressemble à tout sauf à une "discipline"... :cheers:

Son horaire hebdomadaire pourrait être fixé à 1 h à l’école et au collège, à 1 h 30 au lycée, horaire qui devrait être pris sur le volume global, donc sans augmentation de ce dernier pour ne pas alourdir les enseignements.

Pour le dire autrement : en prenant sur les horaires des autres diciplines. Lesquels, M. Guillou ?

Il serait confié, propose OVEI, à des professeurs volontaires et engagés, dont éventuellement des documentalistes, qui se verraient offrir une formation accélérée et un accompagnement personnalisé.

L'accompagnement est toujours "personnalisé" de nos jours. Et la formation est forcément "accélérée", dans l'intérêt des élèves, à cause de l'urgence du numérique. Et qui effectuera cette formation accélérée et personnalisée de dizaines de milliers de professeurs ? Michel Guillou ne le dit pas...
Quels seront précisément les objets d'enseignement de cette nouvelle "discipline" ? Pas un mot de Michel Guillou à ce sujet : il faut dire que cette question est un brin problématique.
Et qu'adviendra-t-il s'il n'y a pas de volontaires ? Où aura lieu cet enseignement ? Des détails, des détails que tout ceci...

Ce que ne dit pas OVEI de manière explicite mais qui est sous-entendu, c’est qu’il s’agirait d’une mesure transitoire pour aboutir peut-être, dans quelques longues années, à la deuxième hypothèse décrite ci-dessus d’une irrigation numérique lente mais inéluctable des champs disciplinaires existants.

Pour y avoir "irrigation", il y a "irrigation" mais pas nécessairement volontaire ni fertile. Parlons plutôt d'inondations ou de catastrophe naturelle.

Car l’Internet et le numérique concernent bien l’école et les enseignants n’est-ce pas ?
À dire vrai, on peut douter parfois d’une telle assertion, tant les réflexes de l’école, mus parfois par des chefs d’établissement peu scrupuleux, les infirmiers ou médecins scolaires, ont été jusqu’ici d’appliquer grosso modo à l’Internet les mêmes recettes qu’au Sida ou aux maladies vénériennes ! Lamentable !

Alors que faire tweeter les élèves ne peut- être que profitable, par exemple : www.laviemoderne.net/mirabilia/50-doit-faire-cest-preuve

Ou de payer à grands frais les interventions calamiteuses d’officines douteuses de mercantis anxiogènes…

Et c'est un "consultant du numérique" qui vous le dit. :doc:

Un médiateur numérique s’adressait il y a peu en ces termes aux professeurs qui faisaient appel à lui pour parler « des dangers d’Internet » : « Le danger, c’est vous. Vous qui vivez terrés dans la peur d’une cyber-menace indéfinie. »

Euh... non, très concrète grâce par exemple à Wikipédia ou Oodoc, Oboulo etc.
Les autres dangers (cyberharcèlement, pornographie etc.) sont effectivement anecdotiques vis à vis de cette menace plus sourde pour l'enseignement.

Faut-il répéter que la valorisation des réussites et la résolution des éventuels problèmes liés à l’utilisation d’Internet et du numérique....

Notez la modalisation amusante : les "éventuels problèmes liés à l’utilisation d’Internet et du numérique"... :transpi:
Au fait. M. Guillou n'a jamais consacré d'article sur son site à ces "éventuels problèmes". Il est vrai qu'il n'enseigne pas et n'a aucune idée de ce qu'ils peuvent être.

...sont des préoccupations hautement éducatives qui concernent au premier chef l’école et les enseignants, en étroite collaboration bien sûr avec les parents ?
Faut-il répéter que l’une des premières missions de l’école est de former de jeunes citoyens autonomes et responsables, dans la société d’aujourd’hui ?

En supprimant des enseignements fondamentaux, comme le propose M. Guillou.

OVEI l’a bien compris, qui ne propose pas comme d’autres associations militantes, d’apporter la supposée bonne parole aux élèves...

Moraliser les usages du numérique, quelle vanité ! :doc:

....mais rappelle qu’enseigner est un métier et accepte de participer, à la mesure de ce qu’elle peut faire, à la formation des enseignants, tous les enseignants, tous degrés confondus, en charge d’enseigner le numérique ou pas.

On se demandait plus haut qui assurerait cet enseignement... :devil:

On voit encore une fois qu'il ne s'agit plus d'utiliser les outils numériques en vue d'autres apprentissages, mais de faire du "numérique" (?) un apprentissage lui-même. Mais que signifie la formule "enseigner le numérique" ? Si Michel Guillou, futur formateur, pouvait être un peu plus spécifique... :devil:
08 Juil 2013 09:22 - 08 Juil 2013 09:54
Je n'aurais pas su mieux dire. :topla:
Mais au fond M. Guillou, même s'il fait semblant de croire que les enseignants ne sont pas suffisamment "formés au numérique", le sait très bien et c'est d'ailleurs pour cette raison que sa réaction a été si violente l'an passé , quand j'ai osé montrer les limites de l'Internet pour se livrer à un exercice de réflexion. C'est tout son fonds de commerce de consultant du numérique pour l'école qui est en jeu.
08 Juil 2013 00:06
A lire sur "EducaVox" du 07/07/13 : "Enseigner le numérique #oupas" par Michel Guillou.

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28 Jui 2013 19:42 - 20 Nov 2014 13:41
Réponse de Loys sur le sujet Enseigner l'informatique à l'école
A lire sur "EducaVox" du 27/06/13 : "Éducation au numérique : gare aux obscurantismes !" de Michel Guillou.

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A voir aussi ce diaporama de l'INRIA : prepas.org/2013/Info/Luminy/AntoinePetit...oiEnseignerLInfo.pdf
25 Jui 2013 16:12
Petite dédicace à M. Guillou et à ses semblables :
Attention : Spoiler !
23 Jui 2013 02:52 - 23 Jui 2013 02:55
Quelques précisions "vu de l'intérieur"
Je suis des cours (sciences biologique et astronomie) sur coursera et edx depuis un an environ.
J'ai validé totalement 7 cours / 8 sur coursera (le 8eme s'adressait en fait à des médecins, et m'aurait réclamé un temps bien trop conséquent pour y participer activement) et celui que j'ai suivi sur edx. D'ici un an, j'ai prévu de suivre en tout 35 cours, que je compte bien tous valider... pour le fun :mrgreen: (et pour relever quelques défis personnels :doc: )
Le niveau des cours varie du "facile" (elearning.... tiens tiens, les sciences de l'éducation) au "pas si facile" (neurosciences, Biologie du MIT) et au "pas facile du tout" (génétique, astrophysique) en passant par le "franchement chiant" (physiologie animale).
Dans tous les cas, on a environ 9 % de reçus, et 50% des "inscrits" environ qui se présentent sur le site pour le premier cours. Les exos vont, le plus souvent, bien plus loin que de mini quizz.
Le public des cours n'a souvent rien à voir avec des "jeunes étudiants": la plupart de ceux qui se présentent dans les forums sont déjà diplômés de second et troisième cycle universitaire. Ils viennent plus diversifier leurs connaissances, explorer de nouvelles disciplines ou de nouveaux développements qu'apprendre du nouveau. On y trouve aussi des retraités, et d'anciennes étudiantes devenues mère au foyer et retrouvant leur jeunesse en suivant les cours. Les nationalités sont (très) variées, mais je dois reconnaitre que les français y sont excessivement rares (du genre moins d'une dizaine sur 30000 ...)
La pédagogie employée a de quoi faire frémir nos modernes pédagogues: frontale et transmissive, matinée de collaboration sur les forums. Les cours d'une heure sont fractionnés en morceaux de 15 à 20 min. Il y a entre 2 et 4 h de cours / semaine.
Au point de vue pédagogie des profs (c'est aussi pour cela que j'y vais, en plus de mon désir ardent de perfectionner mon anglais en situation), on trouve de tout:
- des cours monstrueusement soporifiques, à coté desquels un épisode de "Derrick" prendrait les accents d'une épopée homérique
- des merveilles de compétences et d'équilibre, avec des cours construits comme une série à rebondissements, et extrêmement efficaces, réalisés et présentés par des "pontes" charismatiques (E Lander en biologie au MIT, par exemple, a marqué tous ceux qui ont suivi son cours EDX)
- des cours où un travail immense a été réalisé au niveau du travail demandé: je citerai un cours d'astronomie ou les notions les plus actuelles et les plus complexes ont été, a force de travail de présentation et de construction des exos, rendu accessibles au moyen des mathématiques connues d'un élève de troisième. Je ne l'aurait pas cru possible, si je ne l'avais vu moi même.
- des cours qui ressemblent plus a des conférences hâtivement bricolées sur un coin de table, avec des "rappels" condensant en 5 min des siècles de découvertes et désorientant les novices.
A la fin des certains cours, des universités nous demandent de répondre a des enquêtes. Dernièrement, l'une d'elle (université de Pennsylvanie, Upen pour les intimes) a posé une question qui jette un nuage noir sur l'avenir des MOOC: "accepteriez vous de payer 5 $ pour les prochains cours de l'UPen"... Cela veux tout dire!
Au niveau efficacité, je renverrai à une étude-bilan que l'on peut gratuitement télécharger sur le site de la national academy press ( www.nap.edu ) intitulé "evaluation of evidence based practices in online learning. Elle fait le bilan de plus d'une centaine d'études dans ce domaine. Ses conclusions ne sont pas de nature a réjouir le Guillou:
"students in online learning conditions performed modestly better than those receiving face-to-face instruction", soit " les étudiants en formation online réussissent un petit peu mieux que ceux recevant un enseignement présentiel". De plus, le rapport précise honnêtement qu'il existe très peu d'études rigoureuses concernant les collégiens et lycéens, et donc "qu'il faut être prudent en généralisant les résultats obtenus pour la plupart sur d'autres publics à cette tranche d'âge"....
22 Jui 2013 23:45 - 22 Jui 2013 23:46
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école

Numérique éducatif : Ubu fait école…

Alors qu'avec Michel Guillou tout serait tellement plus rationnel ! :santa:

Je reviens un instant sur cette incroyable histoire de collèges pilotes pour le numérique dont on sait maintenant qu’il n’y en aura même pas un par académie !
Vous croyiez que j’allais vous laisser tranquilles avec ça, que je n’en avais que trop parlé ? Vous pensiez que j’avais tout dit, dans mes billets précédents, là et là ? Rappelez-vous, j’y dénonçais pêle-mêle, qui l’invraisemblable ringardise du projet, qui le manque de souffle et d’ambition, qui l’aveuglement qui empêche nos élites de comprendre ce qui s’est passé depuis vingt ans, au bas mot, qui l’insulte ainsi faite aux pionniers et autres défricheurs, professeurs ou chefs d’établissement, qui l’incapacité à comprendre l’urgence des enjeux d’aujourd’hui, qui encore l’illisibilité des priorités, qui enfin l’inaptitude à comprendre ce que sont les élèves, au risque d’en faire les premières victimes d’une politique frileuse et dépassée...

"Ubu", "incroyable histoire", "invraisemblable ringardise", "aveuglement de nos élites", "insulte", "priorités illisibles", "inaptitude à comprendre", "politique frileuse et dépassée" : le ton était plus mesuré dans ses précédents billets. :mrgreen:
On reconnaît là la mesure de Michel Guillou, homme modéré s'il en est, ce grand "pionnier" et "défricheur" qui a - lui - tout compris. Mais à qui peut-il adresser de telles invectives ? Au Ministre lui-même ? Non, c'est inconcevable.

Il est une raison supplémentaire qui apparaît au grand jour qui motive aujourd’hui mon nouveau courroux.
Le programme officiel distribué à la presse et en ligne sur le site du ministère nous présente ces vingt collèges connectés pilotes comme des accélérateurs d’innovation et de changement. Bon, à part apprendre qu’ils seront connectés — ou comment dire que beaucoup le sont mal ou ne le sont pas, ce qui revient à travailler sur Internet sans Internet, il faudra que j’écrive un billet là-dessus, tiens, à l’occasion… —

Car Internet n'est plus seulement un outil au service des programmes, mais devient une fin en soi, un programme en lui-même. Et le numérique se limite bien sûr à Internet. :doc:

...c’est quand même une phrase qui ne signifie pas grand chose quand on sait le sort peu enviable qui est généralement fait à l’innovation et la frayeur qu’inspire le changement…

Tous tremblaient mais un héros se dressait parmi eux : Michel Guillou !

Non, c’est dans la note reçue récemment par les recteurs qu’il faut trouver la première et principale raison de cette opération. Tenez-vous bien !
L’objectif de de la mise en place de ces collèges est de démontrer les apports du numérique pour la réussite des élèves, pour les enseignants et les familles.
Sic.

Où est le problème ?

Malgré les quantités considérables de recherches universitaires, de thèses, de rapports, de travaux de toutes sortes sur le sujet, en provenance de France comme d’ailleurs, il y aurait donc dans nos aréopages politiques, administratifs ou pédagogiques, des gens qui doutent encore, qui s’interrogent, qui ne sont pas certains que le numérique soit utile à quelque chose à l’école.

Comment peut-on oser douter ? Avoir un esprit critique ?
C'est curieux mais depuis un an et demi que je lis les propos invariables de Michel Guillou ou d'autres promoteurs du numérique à l'école, je n'ai jamais vu de liens vers ces "quantités considérables de recherches universitaires, de thèses, de rapports, de travaux de toutes sortes"... :scratch:
Prenons un exemple concret : le département des Landes, équipé depuis dix ans, n'a pas particulièrement amélioré ses résultats scolaires... www.laviemoderne.net/veille/les-ecrans/1...able-dans-les-landes

Oui, ces gens-là...

On sent que "ces gens-là", cet "aréopage" de "nos élites", inspirent le plus grand respect à Michel Guillou.

...hésitent encore, ne savent pas, tergiversent… Le numérique favorise-t-il les apprentissages ? Peut-il être utile à l’individualisation de l’enseignement et de l’accompagnement pédagogique ? Peut-il remédier aux difficultés des élèves ? Peut-il rapprocher les acteurs de l’école, enseignants, élèves, parents ?

:santa:

En 2013, sachez-le, braves gens, il y a des gens au plus niveau de notre système éducatif qui s’interrogent. Et pas seulement in petto.

Or l'intelligence, en matière d'éducation, c'est de ne pas s'interroger : voilà un bel aveu de Michel Guillou. :twisted:

J’ai déjà eu l’occasion de vous narrer, pour en avoir été témoin, l’attitude grinçante du doyen de l’inspection générale à Lyon, d’une part, l’attitude incertaine et non concernée du directeur général de l’enseignement scolaire, d’autre part, à Paris, lors du récent rapport d’étape. Il y aurait d’autres exemples encore… Ces gens-là, très proches du sommet du pouvoir, disent tout haut ce que les hiérarchies pensent tout bas : le numérique, c’est cher, ça bouscule les traditions, ça nivelle les hiérarchies et on ne sait même pas si c’est vraiment utile aux apprentissages ! Pourquoi l’enseigner ? Pourquoi l’intégrer aux enseignements ?

Michel Guillou a trouvé un moyen subtile pour invectiver le Ministre sans s'en prendre directement à lui. C'est la faute des gens "très proches du sommet du pouvoir" ! :lol:
Notez encore une fois le glissement subtile : il ne s'agit pas seulement d'intégrer le numérique aux enseignements, il s'agit de l'ensiegner lui-même ! :doc:

Parlons plus sérieusement : à supposer qu’il persiste le moindre doute à ce dernier sujet, l’utilité du numérique pour la réussite de nos élèves, l’école n’a tout simplement pas le choix.

Voilà un autre argument de poids, qui revient en général avec un autre argument, celui de l'urgence..

Et ce pour deux raisons que je ne cesse de répéter :
tout a déjà changé, l’administration, l’entreprise, les services, les médias, toute la société est numérique et personne de sensé ne songerait à revenir en arrière ;

Et tout ce qui est passé au numérique a connu le Progrès ! Les ENT en sont la preuve à l'école. :doc:

les enjeux sont considérables, économiques bien sûr, tant en compétitivité des entreprises qu’en créations d’emplois, mais aussi sociétaux et citoyens ;

On peut penser aux délocalisations de services en ligne grâce à la connexion mondialisée ou à la dématérialisation : les salariés des opérateurs téléphoniques, ou de Virgin ou des grandes enseignes souffrant du commerce en ligne peuvent en témoigner ! Progrès, on vous dit.

la jeunesse a été la première de toutes les tranches d’âge de la population à se jeter à corps perdu dans l’aventure que la société lui offre, à bâtir avec le numérique de nouvelles relations...

...homophobes et racistes sur Twitter par exemple... :spider:
Et c'est par esprit d'entreprise, non par suivisme ou conditionnement commercial que les jeunes utilisent les réseaux commersociaux ! :doc:

...de nouvelles interactions, à co-construire une nouvelle citoyenneté...

...hébergée sur des serveurs américains.

...à acquérir de manière imparfaite, en l’absence de toute éducation, autonomie et responsabilité.

Très bien : en ce cas, tout éducation est inutile. :santa:

L’école n’a pas le choix : la jeunesse, ce sont ses élèves… Elle doit faire avec… Elle doit faire pour eux.

Ce volontarisme force l'admiration !

Et laisser tomber ce triste projet, qui anéantirait les premières avancées et, je le répète, l’éloignerait définitivement de sa jeunesse.

Mais non ! Des établissements pilotes ne manqueront pas de faire la preuve éclatante de la supériorité du modèle numérique !

Et mettre en œuvre sans tarder, en partenariat avec les collectivités, la Caisse des dépôts et des partenaires privés, s’il le faut...

Comme les "partenaires" d'"Educavox" où publié régulièrement Michel Guillou, notre consultant du numérique ? :devil:

...une politique cohérente et concertée d’équipement massive, progressive s’il le faut...

Quelle magnanime concession. Michel Guillou à ce que l'équipement de douze millions d'élèves ne se fasse pas d'un seul coup.

...des écoles, collèges et lycées de ce pays, et de raccordement au très haut débit. Et mettre en œuvre sans tarder, dans la continuité de ce qui est déjà commencé, la gouvernance et l’accompagnement, dans toutes ses dimensions, qui conviennent, en direction de tous les acteurs…

La "gouvernance", c'est-à-dire la fin de la liberté des acteurs de l'enseignement ?

Et si on cherche de l’argent pour faire tout ça, on pourra toujours économiser sur les sommes considérables affectées à concevoir ou faire concevoir ces fameuses ressources numériques qui n’ont jamais vraiment manqué car tout le monde s’est jusqu’ici organisé pour les fabriquer soi-même et les partager ou se les approprier dans le flux…

Aveu involontaire d'un beau gaspillage, donc...

C’est ça qui constituerait une politique ambitieuse de refondation de l’école qui, je le répète, sera numérique ou ne sera pas.

Voilà qui est posé avec une grandiloquence visionnaire.

P. S. On me souffle à l’oreille que tout ça ne vaut pas tripette, que c’est de juste de la communication pour faire briller les collectivités et le projet sur la refondation de l’école ! Oh, je n’ose y croire ! La pédagogie au service de la communication ? Ça se saurait si c’était vrai…

Parce que l'école numérique, ce n'est jamais de la communication ?
www.laviemoderne.net/detox/24-marronniers-numeriques
22 Jui 2013 23:10
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Sur son blog, nouveau tir à boulets rouges de Michel Guillou sur la grande stratégie pour le numérique de Vincent Peillon : "Numérique éducatif : Ubu fait école…" (22/06/13)

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21 Jui 2013 12:58 - 21 Jui 2013 13:02
Réponse de Loys sur le sujet Internet au bac

Une exigence : modifier radicalement le baccalauréat

Les deux termes sont quelque peu antinomiques : une "modification" ne peut pas être "radicale"... :mrgreen:

Les critiques pleuvent de toutes parts à propos du baccalauréat sur les épreuves duquel planchent encore aujourd’hui nos grands lycéens de première et de terminale. La plupart sont justifiées, bien sûr : les épreuves seraient trop difficiles ou trop faciles, en tout cas inadaptées au programme et au travail fait en classe. Nombre de professeurs déconcertés s’en plaignent, ne sachant comment préparer au mieux leurs élèves.

Le problème en ce cas n'est pas le Baccalauréat par lui-même, mais le choix des sujets.

D’autres critiques émanent comme d’habitude de syndicats conservateurs — c’est un euphémisme — qui hurlent à la baisse du niveau ! On pourrait en rire… quoiqu’on ait souvent mieux à faire.

M. Guillou se consacre tellement au Bien et au progrès de l'école qu'il n'a pas le temps d'enseigner.
Il est vrai que la démocratisation scolaire s'est soldée par une réussite éclatante de tous les élèves, comme on peut le constater ici : www.laviemoderne.net/mirabilia/10-copies-non-conformes

Mais je n’ai vu ou lu jusqu’ici aucune critique fondamentale sur l’inadéquation totale de l’examen, celui-ci, le baccalauréat, comme d’autres, à l’état et l’avancée de la société...

Ah... un examen scolaire doit être "en adéquation" avec le reste de la société. Curieux postulat qui suppose que l'élève ne doit jamais être confronté à l'altérité : il ne doit trouver dans l'école que le Même.

...et ce que sont devenus, profondément, viscéralement, joyeusement, les ados d’aujourd’hui. Personne ne s’est-il aperçu qu’ils avaient changé ?

C'est donc l'enfant qui doit modeler l'école, laquelle n'a plus vocation à élever l'élève mais à s'adapter à lui.

Dans ce dernier billet ci-dessus en référence, je posais un certain nombre de questions qui restent d’actualité :

Les questions de Michel Guillou sont toujours d'une éternelle actualité, il est d'ailleurs là pour le rappeler. :doc:

Peut-on continuer à interdire les outils numériques personnels des élèves quand chacun d’eux est un terminal ouvert sur le monde ?

La littérature offre une ouverture sur le monde d'une autre profondeur que le surf sur le web à la recherche du Même.
Vision naïve et touchante d'Internet-outil rendant tout apprentissage inutile, si ce n'est de lui-même. Pas la peine d'apprendre la syntaxe du grec ancien, je dois apprendre à trouver une page où se trouve la syntaxe du grec ancien et je deviendrais plus vite et plus facilement savant en grec ancien qu'avec n'importe quelle grammaire grecque à ma disposition ! :cheers:

On a vu le ridicule de cette institution qui, telle l’autruche, ne veut rien savoir des usages numériques des jeunes et installe (ou fait semblant d’installer, ce qui est pire !) dans les salles d’examen des détecteurs de téléphones portables, préférant résoudre par les seuls moyens techniques un problème hautement éducatif (la triche supposée).

Il n'est pas venu à l'idée de M. Guillou, qui n'enseigne pas, que "l'autruche", en classe chaque jour face aux élèves, a peut-être quelques idées précises sur la question et que les usages numériques des élèves ne leur sont peut-être pas profitables ?
Un exemple au hasard : www.laviemoderne.net/malices/9-comment-j-ai-pourri-le-web :mrgreen:
Il est vraie que cette expérience amusante m'avait valu d'être qualifiée de "blaireau", d'"imposteur cynique", de "gros con" auteur d'une "saloperie réactionnaire, méprisante et cynique" sur les réseaux dits "sociaux" par le même M. Guillou. Quel ardent défenseur du Bien !

Comment concilier le travail collaboratif et coopératif avec l’évaluation traditionnellement individuelle ?

Nous y voilà ! La fraude entre élèves n'existe pas dans le monde merveilleux du numérique, seulement du "travail collaboratif et coopératif" ! :cheers:

Comment faire évoluer les examens pour permettre l’évaluation des capacités à se saisir des connaissances disponibles en ligne et à se les approprier ?

Bref comment faire pour que l'école renonce enfin à être l'école ! :cheers:

Aujourd’hui, j’ajouterais :

Qui se préoccupe de comment évaluer les nouvelles compétences sociales des élèves qui leur permettent d’accéder à une certaine forme de culture numérique et de publier et de s’exprimer massivement, comme jamais un élève n’avait eu, jusqu’ici, l’opportunité de le faire ?

J'irais même plus loin : qui pourrait les évaluer puisque les élèves en sont les meilleurs juges ? :santa:
A noter quand même les expressions nébuleuses de "forme de culture numérique" ou de "nouvelles compétences sociales" : que M. Guillou ne donne -t-il pas des exemples concrets et précis !

Tout se passe comme si on demandait à ces élèves, à l’occasion de cet examen, de tout quitter, de tout laisser à l’entrée de la salle...

Car ce qu'ils connaissent, ce qu'ils savent faire avec leur propre intelligence ne compte évidemment pas. Ils sont comme des handicapés que l'on priverait ide leurs béquilles numériques : voilà le glorieux horizon numérique qu'appelle de ses vœux notre consultant préféré !

...les compétences sociales et citoyennes qu’ils ont acquises,

De quelles compétences sociales et citoyennes s'agit-il ? Les insultes homophobes ou racistes sur Twitter ?

...les dispositifs techniques qui leur permettent de les mettre en œuvre et d’accéder à l’essentiel des connaissances disponibles,

Le Bac évalue bien autre chose que des connaissances ponctuelles. résoudre un problème de physique n'a rien d'une recherche documentaire. M. Guilou fait partie de ceux qui croient que le Bac ressemble à "Question pour un champion"...

...de renier ce qu’ils sont profondément, des internautes digiborigènes aguerris comme dit Yann Leroux...

:transpi:

... « Le baccalauréat est-il est frein au développement du numérique ? » demande opportunément Claude Tran dans Educavox, la réponse est oui, bien sûr.

Et n'oublions que l'école a maintenant pour vocation de développer le numérique. L'outil (ou réputé tel) devient la fin. :doc:

À la différence qu’un frein empêche partiellement une progression alors que l’absence totale — je répète : totale — de réflexion ou d’idées de nos élites sur le sujet du baccalauréat ou des autres examens du second degré dans les propositions avancées pour construire l’école numérique condamne définitivement ces dernières. Définitivement.

Alors qu'on voit que la réflexion de M. Guillou est beaucoup plus avancée : renonçons à la pensée complexe et numérifions les examens de demain. :mrgreen:

C’est humain et tout naturel : pourquoi les pratiques en classe changeraient-elles quand tout ou presque est construit, de la maternelle à la terminale, pour préparer les élèves à réussir ce sacro-saint baccalauréat, tel qu’il est, guère différent de ce qu’il était au milieu du siècle dernier...

Heureusement qu'il y a des visionnaires et des prophètes pour comprendre quels seront les lendemains qui chantent ! :doc:

... aujourd’hui déconnecté de la société et des pratiques des élèves, demain déconnecté des possibles et heureuses évolutions numériques en classe ?

On aurait pu tenir le même discours au moment de l'apparition de l'électricité ou de la télévision...
On verra quand on les verra, ces "heureuses évolutions numériques en classes" : pour l'instant, à part quelques utilisations ponctuelles dans certaines disciplines par le professeur lui-même, c'est assez peu concluant.

Si rien ne change dans ses modalités, radicalement, rien non plus ne changera au quotidien, dans la classe.

Numérifions le Bac pour mieux numérifier l'école !

C’est par là qu’il faut commencer, procéder dès 2014, à un changement radical des modalités d’évaluation des compétences scolaires des élèves...

Que les instances scolaires les plus hautes se le tiennent pour dit ! Michel Guillou a parlé. :doc:

...sans oublier les autres, acquises hors de l’école...

On ne saura toujours pas lesquelles.

...sans oublier non plus de vérifier que ces apprentis étudiants savent, comme on le fait maintenant de plus en plus à l’Université, s’approprier et réutiliser de nouvelles connaissances plutôt que de réciter celles qu’ils ont apprises par cœur.

On ne dit plus copier-coller ou plagier, mais "s'approprier et réutiliser" : voilà qui intéressera Jea-Noël Darde du site "Archéologie du copier-coller" et spécialiste du plagiat universitaire.

C’est possible même en gardant les mêmes programmes et les mêmes contenus d’enseignement.

Quelle grandeur d'âme !

Le Danemark et d’autres pays après lui, au nord de l’Europe, ont déjà fait évoluer ces examens de fin de cycle, apparemment sans problème majeur, en permettant aux bacheliers d’utiliser pendant les épreuves des terminaux d’accès à l’Internet.

Mais en interdisant toute communication, ce qui est totalement contraire à l'esprit "collaboratif et coopératif". :devil:
A noter que l'expression "sans problème majeur" vaut progrès pédagogique. :rirej
Mais taisons-nous : si le Danemark l'a fait, nous devons le faire. Le raisonnement est puissant.

Introduisons, pour éviter le stupide bachotage actuel, une dose d’évaluation continue, en première et en terminale, mais s’il s’agit, pour garantir l’égalité républlcaine, de conserver l’examen terminal du lycée...

Quelle bonté d'âme encore ! Dans sa générosité toute numérique M. Guillou est prêt à des concessions.

...comme barrière à franchir pour accéder à des études universitaires, modifions le radicalement en prenant exemple des réussites nordiques...

Ah... ça devient finalement des "réussites" : où sont donc les études qui en attestent ?

...en adaptant les exigences de l’école à celle de la société et aux compétences réelles des élèves.

Quel beau mouvement républicain : adapter l'école à ce que l'élève sait faire ! :santa:

C’est un défi pour tout de suite, il ne faut pas attendre.

Il manquait cet argument imparable : ne réfléchissons surtout pas et fonçons tête baissée, il en s'agit après tout que de l'éducation de nos enfants.
20 Jui 2013 17:56 - 20 Jui 2013 17:56
Réponse de Loys sur le sujet Internet au bac
Et évidemment un article de Michel Guillou sur "EducaVox" du 20/06/13 : "Une exigence : modifier radicalement le baccalauréat"

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15 Jui 2013 09:04
Réponse de Loys sur le sujet Le plan numérique pour l'école
Michel Guillou est lui aussi déçu, comme on pouvait s'en douter : "La fracture numérique est au ministère !" (EducaVox du 14/06/13)

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04 Jui 2013 00:23
Michel Guillou nous manquait : "Le retour des pionniers du numérique éducatif, saison 3" ("EducaVox" du 3/06/13)

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30 Mai 2013 20:19
Réponse de Loys sur le sujet La fraude au bac

L’usage massif que font les jeunes de ces « smartphones » fait apparaître un problème hautement éducatif : ils s’en servent. Ils s’en servent pour échanger, oralement bien sûr, mais le plus souvent par le truchement du texte des textos ou des réseaux sociaux. Ils s’en servent pour leurs loisirs, bien sûr aussi...

Tout est dans le "aussi"... :lol:

...(c’est futile, disait récemment un proviseur à Lyon), ce qui a l’immense avantage de renforcer leur socialisation...

C'est important de se socialiser le jour du Bac. :doc:

... mais ils s’en servent aussi pour travailler. Oui, travailler.

Mais bien sûr, Michel Guillou.

C’est ce que leur propose par exemple, pour préparer l’épreuve de philosophie, FranceTVéducation qui ouvre un MOOC Philo, accessible, bien sûr, avec un ordiphone. C’est ce que leur proposent aussi un certain nombre d’éditeurs publics et privés dont certains sont rappelés par Ouest-France sur cette page.

Personne ne leur interdit de "travailler" la philosophie sur leur smartphone avant les épreuves, que je sache. :devil:

Ainsi nos élèves travaillent sur leurs ordiphones...

Il suffit de l'affirmer pour que ça devienne vrai. :doc:

...et les applications éducatives qu’on met à leur disposition...

Le plus souvent qu'on leur vend éhontément...

... ils échangent et partagent via les réseaux sociaux, ils collaborent à des projets communs sur ces terminaux numériques ou sur d’autres terminaux, ordinateurs et tablettes, sur lesquels ils peuvent à tout moment accéder à l’expertise de leurs pairs, à la sagesse collective du groupe duquel ils font partie, accéder aussi aux immenses ressources encyclopédiques disponibles partout, y compris sur des sites institutionnels et universitaires, mobiliser et s’approprier ces connaissances pour co-construire…

Bon finalement on parle des "ordiphones" mais aussi des tablettes et des ordinateurs. Mélangeons-tout, joyeusement !

Pendant ce temps, à intervalles réguliers, l’école voudrait les évaluer un par un...

Quelle idée ! L'évaluation du groupe, c'est tellement plus moderne et efficace.

...sur de vieilles tables

Les smartphones ont tendance à vieillir plus vite que les tables, à vrai dire. :D

....devant une copie blanche, munis d’un stylo, pour restituer des connaissances apprises

Ah car rédiger une dissertation, résoudre un problème, traduire ou commenter un texte que l'on ne connaît pas, c'est "restituer des connaissances" ?

...en totale déconnexion du monde avec lequel ils sont habituellement en harmonie.

C'est surtout notre ami consultant du numérique Michel Guillou qui est en totale déconnexion avec les exigences du Bac.

Entendez-moi bien, je ne veux autoriser ou encourager personne à frauder ou à tricher.

Bien sûr... On l'avait déjà constaté.

Je veux surtout montrer que le retard du train de l’école tend à devenir à ce point considérable qu’il est urgent de trouver une solution !

En supprimant les exercices exigeant une pensée complexe et autonome et en autorisant les "ordiphones" au Bac pour que les élèves puissent partager collaborativement avec ceux qui pourront faire le travail à leur place. :doc:

Et je veux répéter aussi — c’est quelque chose que j’ai déjà dit à propos du filtrage scolaire de l’Internet et sur laquelle je reviendrai — qu’il n’existe pas de solution technique à un problème éducatif, qui plus est dans ce cas, sociétal !

Bref, revendiquons notre impuissance pour mieux abdiquer ! :doc:

Et puis, pour finir et pour rire…
Qui paye ces dispositifs fort coûteux ? Cet argent ne serait-il pas mieux employé à des tâches vraiment éducatives ?

On pourrait même offrir des tablettes aux élèves !

Les détecteurs savent-ils repérer toutes les fréquences d’utilisation, de la 2G à la 4G, en passant par Wi-Fi et Bluetooth ? À lire ce qu’on trouve sur le web, c’est loin d’être le cas, de nombreux modèles sachant détecter l’un ou l’autre pas mais tous les modes de transmission de données et pas forcément sur de grandes distances…
Une fois qu’un détecteur a repéré la présence d’un ordiphone connecté, comme le surveillant de salle va-t-il faire pour savoir où il se trouve dans la salle d’examen, en sachant que la fouille est interdite ?
Il suffit d’une recherche toute simple sur le web pour s’apercevoir qu’il existe déjà des dispositifs brouilleurs de détecteurs. Les centres d’examen vont-ils bientôt commander des détecteurs de brouilleurs de détecteurs de téléphones ?
La fraude au baccalauréat, même avec ces détecteurs, reste possible. Nul besoin d’être connecté, il suffit, en utilisant le mode « avion » d’avoir stocké en mémoire, sous forme de son, de texte ou d’image, les données dont on a besoin. L’ordiphone est alors indétectable.

Il y a bien une solution : des détecteurs de métaux, comme à New York, cette ville rétrograde.

Non, finalement, ce n’est pas drôle. L’autruche saura-t-elle relever la tête et affronter vraiment les problèmes que lui pose le numérique plutôt que de continuer à ne pas voir la société avancer et à ne rien comprendre aux jeunes ?

C'est bien Michel Guillou comprenne si bien les jeunes mais il faudrait aussi qu'il comprenne ce qu'est le Bac.
30 Mai 2013 20:05
Réponse de Loys sur le sujet La fraude au bac
Et cette réaction courroucée de Michel Guillou sur "Educavox" du 30/05/13 : "Baccalauréat : la politique de l’autruche".

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27 Mai 2013 18:21
Allez, encore un article ébouriffant de notre consultant Michel Guillou, jamais en panne d'inspiration quand il s'agit de donner son avis sur l'enseignement : "Les services des professeurs ne survivront pas au numérique" ("EduccaVox" du 27/05/13)

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18 Mai 2013 23:43
A lire sur "EducaVox" du 15/03/13 cet article de Michel Guillou : "Numérique : le rêve et l’illusion" .

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02 Mai 2013 14:47 - 25 Mar 2014 20:26
Réponse de Loys sur le sujet L'innovation dans l'éducation

L’innovation. Alibi ?

Voilà que l’on recrée une instance officielle de l’innovation, un haut conseil, une haute autorité, chargée de repérer les « bonnes pratiques » et de les faire connaître. Certes la composition en est parfaite, avec un savant dosage incluant même mon ami Philippe Meirieu qui avait été jusque là, complètement marginalisé, écarté de tous les travaux sur la refondation de l’école.

C'est effectivement une bonne nouvelle... :pendu:
Au fait, Philippe Meirieu faisait bien partie des participants aux ateliers de la refondation : www.education.gouv.fr/archives/2 ... tation.pdf

Certes, j’y compte d’autres amis dont la cooptation me semble être la moindre des choses, comme par exemple, Catherine Chabrun (ICEM Freinet) et Philippe Watrelot (CRAP).

Finalement beaucoup d'amis de Pierre Frackowiak. Mais cela ne lui convient toujours pas ! :devil:

Mais une fois de plus, la culture historique de la pyramide (voir le grain de sel n°2) s’impose, avec ses tuyaux d’orgue pour la descente et ses filtres à chaque étage pour la remontée.

D’abord, la notion de « bonnes pratiques » m’a toujours agacé. Qui décrète ? Sur quels critères ? Je sais, les pilotes vont s’empresser de me dire : « on évalue ». D’accord. Mais, est-ce que l’on évalue ou est-ce que l’on contrôle ? On évalue quoi ? Les résultats des élèves ? Mais le problème n’est pas là, n’est plus là.

Ravi de l'entendre dire. :santa:

Est-on sûr que ces résultats sont la conséquence des « bonnes pratiques » ? Je rappelle que l’on est incapable de mettre aujourd’hui en France, les résultats des élèves en rapport avec les pratiques qui les produisent. On est incapable de repérer la part des acquis extérieurs à l’école, dans la famille, dans les clubs et associations, dans la rue…

Innovons donc et généralisons les pratiques sans rien savoir ! :cheers: Il ne s'agit que de l'éducation des enfants, après tout.

L’école continue de s’attribuer le mérite des résultats sans preuve, mais curieusement, beaucoup plus rarement, celui de ses échecs.

Pas ici, en tout cas.

Ensuite, il convient de rappeler que l’innovation a toujours et elle est toujours suspecte.

Le scepticisme, en matière scolaire, est un principe vertueux.

On le sait bien : un enseignant innovant doit toujours prouver plus qu’un collègue conformiste.

La seule chose qui compte, conformisme ou pas, c'est l'efficacité. Notion qui préoccupe assez peu M. Frackowiak.

La hiérarchie a toujours été, elle est toujours, conservatrice, infiniment plus exigeante avec les novateurs qu’avec les classiques ou les traditionnels.

C'est pour cette raison que le Ministre participe au Forum des enseignants innovants.

Je l’ai dit souvent : dans les inspections ou les épreuves de CAFIPEMF (maîtres formateurs), les personnes qui font du b-a ba n’ont pas à se justifier, celles qui se lancent dans des pratiques nouvelles sont toujours contraintes de faire un cours sur les neurosciences.

Dont on sait si peu de choses, mais si souvent récupérées. Voir le site amusant : neurosciencefictions.org/

Jean Foucambert (AFL) et d’autres pourraient parler longuement des freins institutionnels au progrès, des menaces, des pressions, des sanctions…

Comprendre que pour M. Frackowiak toute innovation est nécessairement un "progrès". :twisted:

Et c’est cette administration, la même, qui va valider ! C’est celle qui a fait de moi un instituteur désobéisseur (cf un texte sur le site de Philippe Meirieu) et qui m’aurait interdit de devenir inspecteur, s’il n’y avait eu, à l’époque, un vrai concours de recrutement, républicain.

Curieux d'en vouloir à ce point à la hiérarchie scolaire et d'avoir voulu néanmoins en faire partie. :scratch:

Enfin, il faut reconnaître que jusqu’alors, les innovations tolérées ont été des alibis ponctuels pour cacher les stagnations générales encouragées, voire imposées, par le système.

Il y a un affreux complot contre Apple et Microsoft dans les sombres couloirs de la rue de Grenelle.

Elles disparaissent et sont oubliées dès que le porteur du projet ou l’un des acteurs, s’éloigne.

Preuve que son efficacité a convaincu... :spider:

Même les forums d’enseignants innovants comme celui du café pédagogique ou ceux des mouvements pédagogiques n’ont jamais fait l’objet de réflexions institutionnelles sur des possibilités de généralisation. Les forces conservatrices veillent toujours.

C'est curieux de vouloir à ce point faire généraliser les innovations par l'institution et - dans le même texte - critiquer le fonctionnement "pyramidal" de l'institution scolaire. On retrouve la même ambivalence libertaire-autoritaire chez les Michel Guillou et Bruno Devauchelle.
28 Avr 2013 18:54
Michel Guillou nous apporte à nouveau ses lumineux éclairages sur l'enseignement moderne : "Le numérique éducatif, entre innovation et contraintes" ("EducaVox" du 28/04/13)


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Et la suite : Le numérique éducatif, entre innovation et contraintes (suite et fin) (2/05/13)


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24 Avr 2013 13:32

Pour faire court, on pouvait légitimement s’attendre, avec ce projet d’un nouvel enseignement de la morale, à ce qu’il s’éclaire naturellement et de manière opportune des potentialités offertes par le numérique, l’usage massif qu’en font les jeunes, les nouvelles formes de socialisation offertes par les réseaux sociaux, les enjeux formidables d’une nouvelle citoyenneté dans laquelle l’engagement prend toute sa valeur, le bienheureux renouveau de valeurs un temps oubliées, le partage, l’échange, le mieux vivre ensemble…

Car les réseaux sociaux sont par essence vertueux, comme on peut le constater... :santa:

Oui, on pouvait s’y attendre. Dans ma grande naïveté, je m’attendais en effet à ce que cet événement soit l’occasion de réconcilier enfin les valeurs supposées traditionnelles, la morale, l’éthique, la laïcité… avec une certaine forme de modernité.

C'est vrai, ça : à quand la morale 2.0 ?

Il n'est évidemment pas venu à l'esprit de Michel Guillou que les questions morales sont des questions intemporelles. Le progrès moral suit à coup sûr le progrès technique.

Dans leur rapport, disponible en ligne, les personnalités qui ont travaillé à le construire proposent des modalités de mise en œuvre de cet enseignement. Ils avancent notamment, dans le second degré, l’idée de s’appuyer, pour construire la nécessaire interdisciplinarité, sur certaines disciplines qui revendiqueraient, elles, leur vocation éducative. Je passe sur le cliché pour m’étonner tout de même qu’on n’attribue qu’aux seules disciplines littéraires la vertu d’avoir « à l’évidence une visée plus large que celle de l’acquisition des connaissances ». Qualifiées de disciplines d’éducation autant que d’instruction, elles se préoccuperaient, elles, « de la formation de la personne et se donneraient pour objectifs la transmission de valeurs, la construction du citoyen, la formation de l’esprit critique et de la raison, mais aussi celle du goût et de la sensibilité ».

Les humanités ne forment qu'à la connaissance informationnelle des œuvres littéraires : ça ne fait aucun doute.

Il s’agit là d’une vision pour le moins caricaturale et si peu avertie des champs disciplinaires et de leurs vertus respectives, à l’éclairage justement des modifications engendrées par la surrection du numérique, notamment dans le domaine de la transmission et de l’acquisition des savoirs.

Voilà qui est tout de suite plus clair. :transpi:

Cette idée de disciplines d’éducation et de disciplines d’instruction est, comment dire ?… étonnamment « vintage ».

C'est vrai que Michel Guillou fait partie des esprits pondérés et réfléchis qui veulent tout casser dans l'école : gingko.neottia.net/post/23341433 ... ur-avancer

Mais le pire est à venir…

Les rapporteurs proposent que chacune des disciplines évoquées, celles qui, dans leur esprit, se préoccupent autant d’éduquer que d’instruire...

Ce qui n'est pas le cas dans l'esprit hautement éclairé de Michel Guillou. :doc:

... « favorise une compréhension des fondements de l’humanisme, et [puisse] en cela amener les élèves à se distancier par rapport à l’envahissement médiatique et numérique et les outiller pour répondre aux questions qu’ils se posent ».

Sic.

C'est plutôt mesuré et sage.

Je veux bien comprendre que l’éducation se préoccupe de proposer des perspectives et des outils aux élèves qui les mettent à distance de leur environnement culturel, pour mieux peut-être exercer leur sens critique. Mais comment comprendre, dans ce cadre, que les médias et le numérique puissent être vus comme des envahisseurs ?

En observant ce que deviennent les élèves en partie grâce à eux ? :santa:

Des envahisseurs ! Par là-même, faut-il comprendre qu’ils sont inopportuns voire incongrus, ennemis de l’école ?

Non, jamais. Mon expérience de l'an passé et ce forum en général en témoigne.

En soixante pages de rapport, il s’agit là de la seule et unique mention du mot « numérique » !

Un crime de lèse-numérique qui méritait bien une tribune dans "EducaVox", la voix de son maître.

Même au lycée, ou un chapitre important est consacré à la vie lycéenne et notamment à l’exercice des droits lycéens, il n’est fait nulle part mention des droits nouveaux offerts de fait par le numérique...

Des "droits nouveaux offerts de fait par le numérique" ? Mais voilà qui est très intéressant (en oubliant les devoirs au passage, bien sûr). C'est donc le numérique qui s'impose sans concertation des acteurs de l'école. Une très bonne définition de ce qu'est un "envahisseur". Merci M. Guillou !

...et des usages que les lycéens en font, en matière de publication ou d’expression, par exemple ! Il n’est pas non plus proposé — ne rêvons pas ! — d’étendre ou de développer ces droits, comme d’en donner à des délégués élus au collège ou au premier degré !

Donner quoi, exactement ? Comme d'habitude, le propos de M. Guillou reste souvent nébuleux lorsqu'il s'agit d'être concret.

Finalement, à y réfléchir, « vintage » était un bien petit mot gentil pour qualifier le décalage entre ce rapport et la réalité vécue par les jeunes, nos enfants, les élèves !

Surtout que le mot "vintage" désigne un millésime en œnologie ou l'attraction moderne pour les produits luxueux ou prestigieux du passé. :spider:
24 Avr 2013 13:13
Un énième article inspiré de Michel Guillou, dont la lecture est assez amusante par son art consommé de l'indignation pour un sujet qui mérite vraiment de l'être : "On connaît les vrais envahisseurs de l’école !" (24/04/13)


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22 Avr 2013 11:54
Et pour ceux qu'il passionne, encore 1h24 de vidéo d'une conférence de M. Guillou...

Il a évoqué les pratiques numériques médiatiques des jeunes, les enjeux pour l’école et la société, traçant quelques perspectives, imaginant comment l’école serait contrainte à s’adapter et évoluer.


A lire sur "EducaVox" du 22/04/13 : "Pratiques numériques médiatiques des jeunes, enjeux et perspectives" .
20 Avr 2013 23:21
A lire sur "EducaVox" du 19/04/13 : "Environnements numériques et communautés éducatives" .


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17 Avr 2013 14:01

Pour une pédagogie de l’attention

Quelle bonne idée a eu Michel Guillou ! Quand on pense à tous ces enseignants qui perpétuent une pédagogie de l'inattention ! :cheers:

« Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »

Rappelez-vous, c’est ainsi que s’exprimait Patrick Le Lay, alors PDG de TF1, en juillet 2004. Ces propos, qui semblaient polémiques à l’époque — Patrick Le Lay s’en est même excusé quelques jours plus tard — paraissent aujourd’hui bien fades et peu provocateurs. Tout le monde a aujourd’hui intégré peu ou prou la dimension essentiellement divertissante de la télévision, soumise, même sur le service public, à la seule loi de l’Audimat.

Contresens... :roll: La télévision n'a pas une dimension "essentiellement divertissante", mais fondamentalement commerciale, le divertissement n'étant qu'un moyen d'atteindre une fin publicitaire.

Et on voit très bien où veut en venir Michel Guillou. :devil:

Cette télévision vieillit bien mal. Elle n’est plus, chez les jeunes et les jeunes adultes, le premier écran.

Avec 2h16 par jour, en augmentation sur cinq ans (source : Médiamétrie ), elle est visionné autant qu'Internet. Les nouveaux écrans n'ont pas remplacé l'ancien, mais se sont ajoutés à lui. Donc elle ne vieillit pas si mal...

Internet a pris la relève...

Non, il s'est ajouté.

...via les ordinateurs, les tablettes ou les « smartphones », offrant la possibilité de consommer, d’accéder à des services, de jouer et de se divertir aussi, d’exercer sa citoyenneté numérique...

:transpi:

...son droit à l’expression, d’accéder enfin à des savoirs encyclopédiques infobèses.

L'heureux néologisme que voilà.

D’un espace essentiellement limité, borné, clos, sur les médias traditionnels, on est vite passé sur Internet et les réseaux à un espace informationnel illimité et souvent illisible voire indéchiffrable.

C'est vrai que le savoir encyclopédique dans un CDI, c'est vraiment borné.

Les préoccupations mercantiles de Patrick Le Lay, qui visaient à divertir et donc rendre disponible le cerveau du téléspectateur, afin de disposer, au moment des espaces publicitaires, de la complète attention de ce dernier, paraissent aujourd’hui, neuf ans plus tard, bien dépassées.

Ah bon... Le divertissement change de support mais le principe reste le même, me semble-t-il. On pourrait même qu'avec les réseaux sociaux on atteint une forme d'aboutissement commercial.

Le citoyen numérique, par ailleurs fort préoccupé par ses problèmes personnels, familiaux, professionnels, est aujourd’hui pourtant au centre de l’intérêt — la cible ? — des marchands du temple Internet, qui cherchent à obtenir de lui du temps, de l’attention, de la disponibilité.

Voilà...

Vous connaissez la sentence fameuse qui fait de l’internaute le produit quand il ne sait pas exactement quel service on lui offre (voir cet article, par exemple). De fait, et c’est une théorie complète appelée économie de l’attention qui nous l’apprend, c’est moins l’internaute soi-même le produit que l’attention, denrée rare s’il en est — rappelez-vous, ce qui est rare est cher ! —, qu’il peut rendre disponible, en temps comme en concentration, au moment où on le lui demande.

Je ne vois pas la différence : quand on parle de l'internaute, on parle bien évidemment de son attention, pas de sa personne physique. :scratch:

« Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. »

C’est ce qu’ajoutait Patrick Le Lay après les premiers propos cités plus haut.

Et cet enjeu de la nécessité du changement permanent, pour s’adapter à ce monde numérique, est devenu aussi celui de l’école, confrontée comme d’habitude, mais toujours avec un peu de retard, aux mêmes problèmes que les médias.

Quel génie de la pédagogie, ce Michel Guillou : l'école doit suivre les pas de Patrick Le Lay ! :cheers:

« Ne dirait-on pas que les jeunes, nos enfants, les élèves, ne sont plus vraiment les mêmes ? » demandais-je encore récemment, de manière ironique bien sûr.

Tout dans la finesse, avec Michel Guillou. A vrai dire, les jeunes ne sont jamais les mêmes, par définition. Il suffit d'enseigner pour s'en rendre compte, et c'est peut-être ce qui manque à certains techno-pédagogues inspirés et visionnaires.

Même s’il s’agit de préoccupations plus pédagogiques qu’économiques, l’école a aussi nécessité à s’adapter à ces élèves, jeunes citoyens tombés tout petits dans la marmite du numérique.

Notez la comparaison qui fait des élèves des Obélix du numérique, conçu comme une potion magique. Notez aussi que les élèves sont déjà des "citoyens" par la vertu du numérique.

On comprend mal la transition qui semble si évidente entre "préoccupations pédagogiques" et "économiques". L'école se définit pas les buts qu'elle s'assigne : "s'adapter aux élèves" signifie de renoncer à ses buts. Par exemple, la lecture des œuvres littéraires demande une concentration profonde : faut-il renoncer à faire accéder les élèves à notre patrimoine littéraire sous prétexte que les élèves ne sont plus capables de fournir cette concentration ? L'école n'est-elle pas le dernier rempart contre cet effondrement précisément de l'attention ? "Économie de l'attention" est peut-être à comprendre autrement... :devil:

Une nouvelle question pourrait être alors posée : comment adapter la pédagogie à la faible disponibilité et à l’attention réduite et si rare de ces élèves-là, saturés d’information et de connaissances, objets d’une permanente sollicitation sociale, confrontés trop souvent en classe à un ennui profond ?

La question pourrait se poser autrement : plutôt que d'accepter comme un état de fait - qui serait un progrès technologique et humain - une "faible disponibilité" et une "attention réduite" ne faut-il pas questionner la place des écrans dans la vie des enfants ?

D’aucuns prétendront que l’école, du haut de sa magnificence, n’a pas à s’adapter et que les élèves doivent se plier à sa loi.

Les élèves ayant plié devant l'écran, l'école doit à son tour le faire. Radieuse perspective. :santa:

Pourtant, partout, se lèvent des voix intelligentes et concernées, qui pour dénoncer l’inutilité voire la nocivité du cours magistral...

Tous ces enseignants qui enseignent comme des "maîtres" font plus de mal que de bien... Admiez la distribution de bons points par cette personnalité qualifiée qu'est Michel Guillou, consultant du numérique à l'école.

...qui pour promouvoir — enfin ? — une pédagogie de l’éveil, de l’expérience et de l’activité, qui encore pour proposer d’inverser la classe.

Bref, les nouvelles technologies à la rescousse des (pas si) nouvelles pédagogies.

Ne convient-il pas pour l’école et ses maîtres, comme les médias ont trouvé nécessaire de le faire...

Dans un but mercantile recherchant l'absence d'esprit critique et la dépendance...

...de s’accorder sur des références communes, de trouver des repères, de personnaliser et différencier les démarches d’apprentissage ?

Des propos bien vagues : voilà qui manque singulièrement de concret.

Si, dans ce monde numérique, il est possible d’être soi-même média, ne faut-il pas s’interroger sur la possibilité offerte à chacun, maître comme élève, eh oui !, de devenir aussi soi-même médiateur de la connaissance donc enseignant ?

Ben voyons.

Le maître ne doit-il pas alors s’imposer comme le régulateur pertinent d’une désintermédiation débridée et anarchique ?

Rien de plus facile que de réguler les usages numériques des élèves, en effet. :mrgreen:

De traditionnel instructeur et simple transmetteur de savoirs, savoir-faire et savoir-être, et de connaissances, le maître ne doit-il pas aussi évoluer, comme je l’ai déjà proposé dans ce billet, en super-médiateur, en catalyseur, en exhausteur, en augmenteur de savoirs ?

La théorie de l'évolution s'applique aussi à l'enseignant. :doc:

J'aimerais bien savoir quelle est ma différence entre un transmetteur et un médiateur. Et ce qu'entend Michel Guillou par ces néologismes qu'il semble particulièrement affectionner : "exhausteur", "augmenteur de savoirs". :scratch:

« Le temps de cerveau disponible est plus vaste chez les jeunes. Le “multi-tasking” est possible » disait Didier Quillot, président du directoire chez Lagardère en novembre 2007.

On aimerait bien comprendre en quoi les jeunes seraient différents des adultes qui se sont approprié le numérique. Et si le "multi tasking" (quelle élégante expression pour désigner l'activité de l'esprit humain) est si efficace, pourquoi les élèves éprouvent beaucoup plus de difficultés à acquérir des savoirs fondamentaux, comme savoir lire ou s'exprimer à l'écrit.

Faut-il s’en inquiéter ou s’en réjouir ? D’après vous ?

Devinez.

En tout cas je remercie chaleureusement Michel Guillou : jamais je n'aurais cru lire un jour sous la plume d'un pédagogue revendiqué un éloge du cynisme de Patrick Le Lay.
17 Avr 2013 12:00
A lire sur "EducaVox" du 17/04/13 : "Pour une pédagogie de l’attention" de l'inénarrable Michel Guillou


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08 Avr 2013 15:10

Surrection, pilotage et collaboration

Ça, c'est un titre qui parle ! :mrgreen:

L’occasion m’a été donnée d’intervenir, le 6 avril, lors du Forum Educavox, à l’aimable invitation de Michelle Laurissergues, à la Cité des sciences et de l’industrie, sur le sujet suivant : « Les usages montrent un décalage entre les communautés enseignantes et les environnements numériques. Comment combler ce décalage et créer une communauté d’intérêt, de méthode et de pratique ? Quelle peut être la participation de la génération Internet ? ».

Ou pour dire les choses autrement : comment faire entrer dans le crâne de ces attardés d'enseignants que le numérique ne présente aucun inconvénient ?

En cinq minutes d’exposé et trois diapositives, on ne risque pas d’être exhaustif sur le sujet et, a contrario, on a des chances certaines de tomber dans le simplisme et la caricature. Je suis faible et n’y ai pas échappé.

Voilà qui serait étonnant...

L’occasion m’est donnée ici d’expliciter — un peu — et de modérer mon propos, en même temps que d’essayer de le mettre en perspective !

J’avais choisi d’illustrer ma prise de paroles de trois images, vous disais-je, que vous trouverez-ci-dessous.

Il y a soixante-dix millions d’années, la plaque triangulaire de l’Inde, en dérive dans l’océan indien, percutait la plaque eurasienne. Bien des cataclysmes plus tard (séismes, tsunamis…), on assiste à la surrection magnifique de la chaîne himalayenne, dont la construction est d’ailleurs toujours en cours.

Vous l’avez compris, je voulais signifier par analogie qu’on assistait aujourd’hui à une collision du même type entre l’école traditionnelle et le numérique, collision qui risque de s’accompagner d’effets cataclysmiques similaires et de produire, à terme, je l’espère, les mêmes conséquences grandioses et bénéfiques.

Quel sens de la métaphore ! Bon, ceci dit, on voit bien en quoi l'Himalaya est "grandiose", mais "bénéfique" pas du tout. :scratch:

Parmi les effets déjà observés, le premier d’entre eux est sans doute — j’ai déjà eu souvent l’occasion de l’écrire — la modification radicale de la posture magistrale. Pour simplifier, disons que le maître instructeur, de passeur et transmetteur de savoirs, se transforme peu à peu en catalyseur, en éclaireur voire en augmenteur des savoirs et des connaissances.

Le crédo de Michel Guillou. C'est vrai qu'on peut constater, avec les nouvelles générations, à quel point le savoir est déjà transmis. :twisted:

Et cette audace, ce néologisme : "augmenteur des savoirs et des connaissances" (visiblement M. Guillou ne distingue ni les uns ni les autres). C'est extraordinaire : le professeur, dans le monde du futur, crée le savoir !

Mais d’autres effets, parfois générateurs de traumatismes, sont ou seront observés parmi lesquels, sans doute, la modification des lieux, espaces et temps d’apprentissage (sujet traité sur une autre table ronde), la modification des relations entre apprenants (j’y reviens en fin de ce billet), la modification structurelle des fonctions cognitives peut-être.

Un sujet que Michel Guillou maîtrise à la perfection.

En perspective, la société aura encore et plus que jamais, sans doute, à garantir l’égalité républicaine et à renforcer l’accès de tous à la citoyenneté.

Avec des gens qui refuse aux enseignants leur rôle de "passeurs" et de "transmetteurs", c'est gagné. :devil:

Internet est issu, vous le savez, d’une tradition libertaire et de nature essentiellement méritocratique. Les réseaux, le numérique moderne ont naturellement hérité de cet ADN.

Si c'est le cas, il est en train de se modifier à très grande vitesse... Michel Guillou ferait bien d'ouvrir les yeux.

Là encore on perçoit — le mot « décalage » utilisé dans la thématique de la réflexion proposée apparaît alors bien faible — le gouffre qui sépare les pratiques numériques des pionniers d’aujourd’hui de la tradition scolaire.

Heureusement qu'un grand penseur comme Michel Guillou se dresse pour montrer le chemin.

Cette école traditionnelle, dont les fondements sont encore ceux de l’école de France, est ainsi faite : fonctionnelle — sans doute, des fluides parcourent-ils à grande vitesse les tuyaux ci-dessus —, industrieuse, vivante. Mais le paysage est bien vieillot et rouillé.

Même s’il existe des connexions horizontales, ce sont bien les circulations verticales qui prédominent.

Oh la belle métaphore !

Le pilotage est ainsi fait aujourd’hui que l’information (l’injonction, le plus souvent) circule bien de haut en bas mais diffuse peu.

Mais pour quelle raison, au fait ? Ça n'a sans doute rien à voir avec les nouvelles pratiques numériques et la multiplication des écrans... :devil:

Par ailleurs, on l’entend dans tous les discours officiels même si ceux qui les prononcent s’en défendent, la place laissée à l’initiative du terrain est faible, laquelle conserve son caractère très iconoclaste.

Tellement iconoclaste qu'elle a le soutien du Ministre. :devil:

Les récentes et dernières journées de l’innovation, à l’Unesco, auxquelles j’ai assisté, ont bien montré l’ambiguïté du discours : la hiérarchie de l’éducation nationale, manifestement soucieuse de laisser s’épanouir librement les initiatives innovantes, fort souvent ancrées dans des pratiques numériques, d’ailleurs, continue (malgré elle ?) à vouloir mettre partout de la cohésion et de la régulation, voire du contrôle, à défaut d’impulsion.

A l'école rien ne doit être contrôlé : telle est la conviction forte et puissante de Michel Guillou.

J’ai déjà eu souvent l’occasion de le dire, on retrouve ce comportement régulateur, forcément inhibiteur...

Car à l'évidence l'échec de l'école vient de là...

...viscéralement attaché à toutes les pratiques managériales. Les cadres, chefs d’établissement et surtout corps d’inspection, sont et restent les premiers responsables des freins qui empêchent la valorisation des pratiques numériques innovantes.

Pratiques qui ont pourtant merveilleusement témoigné de leur grande efficacité en plus de leur coût minime.

Bien entendu, cette règle souffre de nombreuses exceptions, à commencer, cela va de soi, par toutes celles et tous ceux qui ont bien voulu se donner la peine de venir, un samedi, participer à la réflexion collective lors du forum Educavox.

Ce sympathique site subventionné par des groupes technologiques.

On perçoit là l’importance de la formation initiale des cadres qui doivent d’urgence être sensibilisés aux enjeux du numérique et doivent, eux aussi, être radicalement incités à changer leur posture trop souvent autoritariste et empêcheuse d’innover en rond.

Qui au juste a été empêché d'innover ? :scratch:

Avec l'onction ministérielle, la présence du Ministre au Forum des Enseignants Innovants, la création du Conseil de l'Innovation, la stratégie globale pour le numérique dans le cadre de la refondation, il serait temps que M. Guillou sorte de la posture du martyr.

Le conseiller du ministre, Gilles Braun, présent pour ouvrir le Forum...

Tiens un conseiller ministériel... :mrgreen:

...a eu l’occasion d’expliquer les avancées numériques du prochain projet de loi sur la refondation. Il a rappelé deux éléments essentiels : l’enseignement du numérique, sans d’ailleurs trop expliquer comment cela va se passer, d’une part, le nouvel et heureux élan donné à l’éducation aux médias, d’autre part. Concernant cette dernière, on a entendu d’abord dans les motivations avancées, preuve qu’il s’agit bien d’un atavisme culturel incurable, la volonté prioritaire du ministère de réguler les usages numériques supposément déviants des jeunes avant de promouvoir les bonnes pratiques. Drôle de pédagogie !

D'après Michel Guillou, il faut aussi promouvoir les mauvaises pratiques, c'est bien ça ? :cheers:

Encore une fois, j’entends Freinet se retourner dans sa tombe…

Un consultant du numérique et qui n'enseigne pas évoquant les Mânes de Freinet, ça vaut son pesant de cacahuètes.

Les ENT ou environnements numériques de travail, dont un des participants à la table ronde, Bernard Benhamou, soulignait à juste titre le caractère profondément anti-ergonomique, ont été proposés (imposés ?) aux établissements dès le début de ce millénaire.

Grâce à des numérolâtres...

Ces décisions autoritaires, technocratiques, technolâtres...

:transpi:

...ont été de fait motivées par la volonté d’encadrer des usages dérégulés et anarchiques, avec la complicité objective des collectivités départementales ou régionales qui ont perçu alors la possibilité pour elles d’ouvrir (de désanctuariser, comme elles disent) l’école et de s’adresser directement aux parents citoyens électeurs. Même si, parfois, là où l’école numérique n’avait aucune réalité, la mise en place des ENT a pu parfois faire naître des usages, d’une manière générale, là où les usages préexistaient à la mise en place des ENT, ils ont été massivement réduits, freinés voir complètement étouffés ou annihilés. Quel gâchis !

Michel Guillou peut-il donner un seul exemple de ce qu'il affirme ? :shock:

Les communautés enseignantes, évoquées dans le sujet de la table ronde à laquelle je participais, ont continué, de leur côté et malgré les freins évoqués, à avancer et à co-construire.

Bien entendu, chacun connaît les réussites de ces communautés que sont les Clionautes, Weblettres, Sesamath, la Fadben… Sans revenir sur l’histoire, ces groupements ou associations disciplinaires ont, en deux mots, contribué largement à faire avancer la réflexion pédagogique, bousculé certains potentats et mondes établis (celui de l’édition, par exemple, puisque Sesamath et Weblettres s’y sont essayés, de manière différente d’ailleurs) mais, par leur influence et le nombre de leurs membres, se sont fortement institutionnalisés, parfois sclérosés, et ont donc connu des débats et des dissensions internes.

D’autres communautés, par forcément nées du numérique, d’ailleurs, mais qui se sont renforcées grâce à lui, comme par exemple les Cahiers pédagogiques, se sont aussi institutionnalisées mais leur réflexion a au moins le mérite de traverser les disciplines.

Mais si, les nouvelles technologies rejoignent les nouvelles pédagogies. :twisted:

La communauté de huit personnes qui ont déjeuné ensemble avec moi à l’occasion de ce Forum, toutes pourvues d’un compte Twitter, a fait l’observation que Twitter constituait, quand il s’agissait de traiter de pédagogie, une vaste et universelle salle des professeurs, à la différence près d’une vraie qu’on n’y dit pas de mal des élèves.

Par contre on peut y insulter des personnes, comme Michel Guillou ne se prive pas de le faire régulièrement..

Les réseaux sociaux en général, et Twitter en particulier, sont ainsi le support de la réflexion collective de communautés informelles et souvent à l’origine d’autres regroupements en d’autres lieux, sur d’autres plateformes collaboratives.

C'est vrai que le réseau commersocial Twitter, c'est du libertaire de chez libertaire... :transpi:

Il en existe de toutes sortes, informelles, éphémères, dérégulées, comme celles qui naissent à l’occasion d’un nouveau MOOC, comme les Twittclasses, d’autres encore.

Les start-ups Coursera ou Udacity, c'est tellement "dérégulé"... :transpi:

C’est de ce foisonnement d’idées que naît l’innovation numérique, celui qui, par les pratiques d’échanges et le partage, ouvre la voie à la coopération d’abord, à la collaboration ensuite.

Et l'innovation numérique, c'est bien tout ce qui compte pour l'école. :doc:

Dans ces espaces virtuels informels, qui restent d’ailleurs rarement virtuels, voir l’image ci-dessus, les experts, les maîtres n’ont plus leur place. Les interactions s’organisent ou se désorganisent pair à pair, « peer to peer » pour le plus grand profit, voire le bonheur de ceux qui y participent et s’y compromettent.

C'est amusant car jamais réseau n'a été aussi dissymétrique que Twitter (abonnés/abonnements) ! :mrgreen:

Le bonheur, c’est les autres, proposais-je dans mon dernier billet.

Mais c'est bien sûr. Encore un malheureux qui a cru ce qu'il a lu dans Petite Poucette.

Utopie, me répondait-on en commentaire sur Educavox.

Peu importe, en fait, mais non, définitivement non. La collaboration, largement rendue possible par le numérique et inévitable corollaire de sa mise en œuvre, n’est pas une utopie, loin de là.

C’est exactement le pari que fait la « génération Internet » pour l’école. Observation, valorisation, équilibre, adaptation sont les maîtres mots de cette inéluctable réussite.

Une fin bien consensuelle et plate... Si elle est "inéluctable", laissons-la donc venir, cette réussite de la "génération internet"... On en voit déjà les premiers résultats et c'est brillant !
08 Avr 2013 14:40
Encore un article inspiré de Michel Guillou sur "EducaVox" : "Surrection, pilotage et collaboration" (8/04/13)


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25 Mar 2013 17:11

Éducation civique et numérique : 10 ans de perdus !

Si seulement on avait écouté les oracles de Michel Guillou !

Il y a dix ans naissaient les « skyblogs », domaine d’une expression parfois débridée investi alors par des millions de jeunes. La France avait alors le record du monde du « blogging » adolescent. Et de loin…

M. Guillou a la mémoire courte : le nombre de skyblogs a atteint son maximum - 32 millions - en 2010 (ce nombre a doublé entre 2008 et 2010). Ce n'était donc pas il y a dix ans.

Les skyblogs, must de l'internet des jeunes il y a encore trois ans, paraissent bien désuets aujourd'hui. Bon exemple de la corruptibilité et de la péremption rapide de tous ces "outils" numériques auxquels il faudrait éduquer les enfants d'aujourd'hui. Dans dix ans, quand les élèves du primaire seront adultes, qu'est-ce qui aura remplacé Facebook (déjà en perte de vitesse) et Twitter ?

Une chance pour l’expression des jeunes mais, en l’absence d’éducation et de régulation, des problèmes en pagaille sont alors apparus, rappelez-vous. Des publications massives de vidéos, de musique, de photographies, d’images au total mépris du droit et, notamment, du droit à l’image… Et puis des textes, et quels textes ! Le meilleur, bien sûr, mais parfois aussi le pire, des insultes, des rumeurs, du harcèlement, de la diffamation…

Je n'ai pas le souvenir du "meilleur"... Michel Guillou a peut-être des liens à indiquer ?

Sont alors tombées, en milieu scolaire, les premières sanctions : des exclusions définitives de collégiens et de collégiennes, souvent les meilleurs de leurs classes...

Bien sûr ! On voit que pour cette affirmation Michel Guillou s'appuie sur des études scientifiques sérieuses, au doigt mouillé.

...au prétexte qu’ils auraient confondu le web avec un espace intime, comme celui de leur chambre, par exemple, et publié des propos peu amènes, parfois insultants sur leurs professeurs !

Quel prétexte futile pour appliquer une autorité arbitraire !

C’était le pire, ça ! Insulter ses camarades n’avait aucune espèce d’importance mais insulter un professeur était alors un crime pire que tout !

Tiens, une demande de régulation de Michel Guillou... :transpi:

Les blogs n'ont aucun lien avec l'école et les relations des enfants ou adolescents entre eux sur ces blogs ne concernent l'école que si des conséquences sont constatées entre élèves dans l'enceinte de l'établissement. En revanche, la relation élèves/professeurs est strictement scolaire.

Rendez-vous compte, un « salope » laissé au coin d’un blog, impossible à trouver, dont tout le monde parle et que personne n’a vu, pouvait alors vous faire bannir de l’école pour de bon. Pas de quartier !

Résumons : pour Michel Guillou, on peut qualifier de "salope" sa professeur sur le web. Il est vrai que Michel Guillou pratique lui-même l'invective et l'insulte sur les réseaux sociaux ( voir ici ), lui qui prétend - mieux que les enseignants, bien sûr - "éduquer aux médias".

Et puis, le pire : photographier son professeur au travail et porter à la face du monde l’intimité de la salle de classe ! Une sorte de drame national !

C'est vrai que ce n'est rien du tout. M. Guillou en sait quelque chose puisqu'il n'enseigne pas.

Et surtout la manifestation éclatante, au tout début de ce nouveau millénaire, que la majorité des professeurs, chefs d’établissement, personnels de santé des collèges et lycées n’y comprenaient strictement rien ! Rien de rien ! Ni à l’existence et aux formidables potentialités de l’Internet et du web, ni surtout aux aspirations et pratiques sociales des jeunes !

Ils ont surtout constaté la réalité des usage, n'en déplaise à M. Guillou. :spider:

C’était il y a dix ans !

Dix ans !

Que s’est-il passé depuis dix ans ?

Pas grand chose, il est vrai. Oh ! il y a bien eu, de ci, de là, des professeurs ouverts et volontaires pour prendre en charge des moments de réflexion avec leurs élèves, en cours d’éducation civique, de technologie, en classe ou au CDI, en animant des ateliers ou des débats sur le sujet, en ECJS par exemple, au lycée.

Voilà le genre de séance utile qui change totalement l'attitude des élèves. :doc:

Et M. Guillou oublie le B2i, dûment validé pour tous les élèves. :doc:

Il y a bien eu, de ci-de là encore, des moments de formation des professeurs en éducation aux médias qui ont permis une prise de conscience collective permettant d’intégrer l’éducation numérique aux enseignements !

Et puis, parfois, on a, avec l’aide des élus de la vie lycéenne ou des délégués de classe en collège, négocié et rédigé des chartes d’usages des outils numériques annexées au règlement intérieur. mais, convenons-en, ces documents sont, dans la très grande majorité des cas imposés aux utilisateurs et aux élèves sans explications ni commentaires.

Ah : l'aveu que les chartes ne servent à rien.

Pire, à l’initiative parfois de personnels de santé mal informés, sous l’impulsion de chefs d’établissement opportunistes et non concernés, certaines officines douteuses mais curieusement labellisées sont venues, dans les établissements scolaires, après les cours, dispenser sur le sujet aux élèves un discours manipulateur, anxiogène, faux, décalé et surtout très anti-éducatif. L’exact contraire de ce qu’il eût fallu faire.

Je m'étonne que M. Guillou n'insulte pas ces irresponsables.

Dans le même temps, on continue à interdire, dans nos collèges et lycées, les téléphones mobiles...

Quel scandale ! "Une sorte de drame national", pour reprendre les termes de M. Guillou.

... à stigmatiser leurs usages, à filtrer et censurer sans précautions tous les réseaux sociaux (Youtube, Facebook, Twitter…). Cachons ces usages que l’on ne saurait voir !

C'est vrai, quoi, pourquoi filtrer ? Je pense à cette petite sixième qui a découvert une photographie pornographique en plein écran en cours de technologie : il faut bien qu'elle découvre les "potentialités" du web.

Dans ce contexte la référence à Tartuffe et au sein de Dorine s'impose pour invectiver les enseignants comme il se doit.


Oh, il y a bien eu, plutôt récemment, cette initiative ministérielle de portail « Internet responsable » rassemblant d’excellents documents malheureusement fort peu utilisés par les professeurs et, surtout, par les parents et les élèves qui en auraient le plus grand besoin.

Tiens, c'est étonnant : un portail qui ne sert à rien ? Pour ma part je ne crois pas à une moralisation du numérique.

Ce portail a eu au moins le mérite de valoriser un certain nombre d’initiatives précédentes, à commencer par les Mémotice versaillais, dont le premier s’était fort justement intéressé à l’expression des jeunes en ligne.

M. Guillou oublie de préciser, dans sa grande modestie, qu'il a appartenu au CLEMI de Versailles qui a produit ce document si pertinent. :mrgreen:

Mais, convenons-en, depuis dix ans, il ne s’est pas passé grand chose.

D’autres espaces sont apparus (Facebook, Twitter…) qui ont fait naître aussi d’autres usages fort intéressants et prometteurs, avec leur lot habituel de dérives potentielles.

Euh... constatées plutôt que "potentielles".

C’est ainsi que, tout récemment, trois jeunes filles de terminale littéraire se sont fait pincer à insulter, sans la nommer, l’une de leurs professeurs sur Twitter, conséquence d’échanges liés à la rumeur d’un contrôle surprise.

Un oubli malencontreux de Michel Guillou : rumeur lancée par leurs sympathiques camarades sur Facebook.

L’alerte ayant été donnée, ces jeunes filles, prenant conscience de la gravité de leur geste, ont présenté des excuses, acceptées par la professeure en question.

Mais la proviseure prend les devants et convoque le conseil de discipline qui prononce l’exclusion définitive de ces trois élèves.

Quel gâchis !

Elles vont juste finir leur année scolaire dans un autre lycée... Ce n'est pas comme si leur vie s'arrêtait.

Sur le site web de l’établissement, on trouve en cherchant bien un lien vers le règlement intérieur du lycée qui, comme d’habitude, censure sans explications l’usage des appareils numériques mobiles personnels...

Suivons le raisonnement : c'est à cause du manque d'explication du règlement intérieur que ces jeunes filles - dans leur ingénuité- ont insulté leur professeur sans penser à mal.

... un autre vers une fiche extraite de la CNIL qui donne quelques conseils aux blogueurs, un autre enfin vers une courte et bien absconse « charte Internet » dont je doute que quiconque au lycée l’ai jamais expliquée aux élèves ni même négociée avec eux.

Et un procès d'intention, un.

Je ne sais pas si on a consacré, dans ce lycée, le temps qu’il convient à la nécessaire éducation aux usages du numérique, disons que j’ai des gros doutes là-dessus.

M. Guillou a beaucoup de temps libre pour vérifier ce genre de choses...

Et si jamais ça a été fait (par qui ?), j’ai de très très gros doutes sur l’efficacité ce travail éducatif.

Comme ça, c'est réglé... Comment faut-il faire, alors, puis ni règlement, ni charte, ni explication ne suffisent ? :devil:

Loin, très loin de moi l’idée d’excuser les propos inadmissibles de ces trois lycéennes...

Mais bien sûr...

...mais, encore une fois, dix après les « skyblogs », cinq ans après les premiers dérapages sur Facebook, l’Éducation nationale a exercé à l’encontre de sa jeunesse une répression implacable...

On est dans le registre sanguinaire.

...sans avoir jamais fourni le travail éducatif nécessaire suffisant pour prévenir ces dérives.

Un travail que M. Guillou peine à définir. :scratch:

Faudra-t-il attendre encore dix ans pour qu’on s’en préoccupe ? Et, avant que de vouloir faire apprendre l’algorithmique et le code informatique à ces élèves, comme on nous le promet, n’est-il pas temps de se préoccuper de leur citoyenneté numérique et de l’éducation civique que l’école leur doit ?

Suivons tous l'exemple de citoyenneté que nous donne M. Guillou !
25 Mar 2013 17:11
A lire sur son blog ce billet de Michel Guillou, l'ami des enseignants : "Éducation civique et numérique : 10 ans de perdus !" (25/03/13)


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24 Mar 2013 21:37

De la transmission à l’augmentation des savoirs ?

C'est sûr que jusqu'ici la transmission se faisait sans aucun progrès. :santa:

Il n’est pas besoin d’être grand devin pour imaginer que la posture de l’enseignant est en train de changer. Radicalement.

Bien évidemment, certains professeurs vont encore mettre des décennies à s’apercevoir que le numérique bouscule bien des choses et que les élèves ne sont plus vraiment les mêmes¹…

Heureusement que Michel Guillou, qui n'enseigne pas, s'en rend mieux compte que nous.

Bien évidemment, les réactionnaires de tout poil vont s’arque-bouter sur leurs privilèges...

On aimerait bien savoir quels sont encore les privilèges des enseignants. M. Guillou devrait en revanche s'arc-bouter davantage sur l'orthographe.

...et leurs missions immémoriales pour refuser d’évoluer.

Si l'évolution n'est pas un progrès, on les comprend.

Bien évidemment, ces gens-là crieront si fort au crime de lèse-majesté...

C'est vrai que la "majesté" enseignante...

...qu’on n’entendra ou ne verra qu’eux dans les médias les plus complaisants…

J'ai le sentiment que les médias sont surtout complaisants envers le numérique, non ?

www.dailymotion.com/video/xtlzyo_marronniers-numeriques_tech

Tant pis, ou tant mieux, on ne parlera plus d’eux bientôt.

Toujours le sens du dialogue : ce cher M. Guillou respire la bienveillance envers le corps enseignant.

Bien évidemment encore, il y aura suffisamment d’acteurs ouverts et lucides de l’enseignement, cadres et professeurs, pour faire évoluer peu à peu la traditionnelle posture frontale du maître....

Regarder les élèves, c'est un vrai tort.

...juché sur son inaccessible estrade...

Quel sens de l'hyperbole : M. Guillou se fait poète.

...en une posture différente, plus volontiers empreinte — attention ! je vais user de vilains mots — d’accompagnement, de tutorat, de proximité, de connivence, d’écoute, de transversalité aussi, toutes sortes de choses qui ne s’opposent en rien à l’enseignement d’une discipline...

L'accompagnement "personnalisé", qui supprime des heures de cours, on en voit les résultats probants dans les lycées. La transversalité, on en voit les résultats depuis les nouveaux programmes des années 1990.

...à la considération qu’on doit au maître et à l’autorité dont ce dernier ne peut se départir.

Mais n'est-ce pas une vision archaïque de l'enseignement ? :mrgreen:

Dans ce cadre, on le voit bien avec l’émergence de dispositifs complémentaires en ligne dans les universités mais aussi dans les lycées et collèges...

Voilà qui va résoudre bien des difficultés ! :santa:

...avec les initiatives heureuses d’enseignement inversé ou de classe inversée...

En quoi sont-elles "heureuses" : M. Guillou se garde bien de le dire.

... le maître n’est plus dans la classe et, au-delà, dans l’environnement éducatif, le seul détenteur ni même le seul transmetteur des savoirs.

Dans les expériences dont parle M. Guillou visiblement sans les connaître, c'est le professeur qui met les cours en ligne. Quant au savoir, le professeur n'a jamais été le seul détenteur du savoir.

L’école doit se résoudre à cela.

Voilà une argumentation propre à convaincre le plus grand nombre.

J’ai déjà eu l’occasion d’observer — c’était d’ailleurs le sujet sous-jacent de tous les colloques que j’ai organisés, ces dernières années, sur l’éducation aux médias numériques, c’était aussi le sujet d’un article récent¹ sur ce blog — que, sur bien des points, les professeurs et les journalistes se retrouvaient sur les mêmes champs de la médiation. De Célestin Freinet à David Assouline, qui souhaite faire de l’école le média des médias, c’est un fait maintenant assez bien compris et acquis.

Quel génie méconnu, ce M. Guillou. Heureusement qu'il se tresse des lauriers lui-même. École et journalisme, même combat !

Les journalistes, le journalisme et les médias ont, eux aussi, été frappés de plein fouet par l’émergence du numérique.

Et d'autres secteurs sans plus de rapport avec l'enseignement non plus.

Nombreux sont ceux qui ont investi ces nouveaux espaces ou se sont adaptés.

Ou ont disparu...

Tout récemment, Erwann Gaucher, journaliste et observateur des évolutions des médias, constate que les médias en général et, plus particulièrement, les journaux de la presse écrite traditionnelle (s)’augmentent de plus en plus.

De quoi s’agit-il ?

On le voit venir...

Ma première expérience de réalité augmentée, puisqu’il s’agit de cela, date d’il y a un moment déjà. Alors que je visitais une exposition d’art contemporain à l’abbaye de Maubuisson, dans le Val-d’Oise, on m’a doté d’un téléphone portable dont la seule fonction était de pouvoir prendre en photo un QR Code dessiné à côté de chacune des œuvres présentées. Du coup, à la façon d’un audio guide qui serait doté de fonctions visuelles, j’ai pu accéder à des informations complémentaires, un « bonus » écrit par l’auteur ou l’exposant. Avec la convergence des médias, ces derniers y sont tous venus, timidement d’abord, puis de plus en plus, apportant au lecteur, à l’auditeur, au spectateur, au consommateur mais aussi au simple touriste, à l’occasion de la visite de tel ou tel lieu remarquable, de tel ou tel monument, des compléments d’information à la réalité observée, une augmentation de cette dernière.

La culture, elle, n'est pas une "augmentation" de la réalité.

Les exemples ne manquent pas sur le web, à commencer par ceux qui sont mentionnés sur la page Wikipedia qui est consacrée à ce sujet.

M. Guillou donne l'exemple d'un journalisme exigeant.

Les lunettes que nous annonce Google ne servent pas à autre chose…

Euh si... Elles servent à Google. :xx:

Pour ma part, loin de moi l’idée d’imaginer tous les élèves d’une classe brandir leur ordiphone face au professeur pour tenter d’augmenter son discours de références en ligne — quoique je ne sois pas persuadé que certains étudiants ou élèves s’en dispensent déjà !

Cette phrase est incorrecte mais qu'importe : quelle belle vision, toute nimbée de motivation et de volonté de savoirs avec ces "outils" de la connaissance que sont les smartphones, dont il est bien connu que les élèves ne font pas d'autres usages. !

Non, c’est du côté du professeur, qui n’est plus, rappelons-le encore, seul possesseur et transmetteur des savoirs, qu’il faut chercher l’augmentation dont ont besoin les élèves. Loin de passer son temps à transmettre...

Une perte de temps, effectivement.

...et à n’être pas forcément entendu ni écouté, chaque professeur pourrait consacrer plus de temps à éclairer tel ou tel point du programme que les élèves ont déjà vu ailleurs, peut-être sur une vidéo en ligne, à apporter le supplément d’âme pédagogique et de médiation — nous y revenons — nécessaire à l’appropriation raisonnée et critique des savoirs et des connaissances par les élèves.

Car les élèves qui n'écoutent pas en classe sont en revanche au meilleur de leur motivation chez eux pour regarder des heures de vidéos éducatives.

Un pari pour la formation des maîtres demain ou, à l’exemple des médias, pour aujourd’hui même ? Quand l’enseignement va-t-il (s)’augmenter ?

Comprendre que pour que l'enseignement "s'augmente" (sic), il faut que l'enseignant fasse le contraire, à l'exemple des moocs. Bref, sans le dire, une vision très libérale de l'enseignement et pleine de promesses pour les élèves les plus en difficulté.
21 Mar 2013 20:48
A lire sur "EducaVox" du 21/03/13, encore un aimable billet de Michel Guillou : "De la transmission à l’augmentation des savoirs ?"


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10 Mar 2013 23:30
Une vieille connaissance qui a pignon sur la pédagogie (et surtout EducaVox).
10 Mar 2013 23:06

1. Après la généralisation de l’accès libre et égal au numérique et aux ressources de l’Internet pendant tous les examens


Et si un routeur tombe en panne, tout le monde recompose ?
Au fait, comment garantir l'accès égal pendant les examens ?

Tout le texte est dans cette veine.

D’ici à cette date, des applications mobiles seront développées pour permettre l’évaluation formative et les interactions via des espaces en ligne, pour stocker, partager les données et collaborer. [..] « Là, hardi ! tâche à faire un effort généreux ! » fait dire Molière à Sganarelle. En la matière, un peu de hardiesse ne nuirait pas non plus aujourd’hui à la politique éducative publique.


Pour mon compte, ce n'est pas à Sganarelle que je pensais en lisant cette prose, mais aux plans de guerre des capitaines de Picrochole. On retrouve dans les deux cas un même crescendo dans l'oubli des réalités, dans la folie des grandeurs, dans la planification absurde.

Or, donc : qui est ce sieur Guillou qui dispense tant d'efforts généreux à donner des leçons à un ministre ? Êtes-vous sûr, Loys, de ne pas être victime d'un canular ?
10 Mar 2013 22:02

Cinq nouvelles idées soumises au ministre pour refonder mieux

Maintenant que la feuille de route gouvernementale est connue, que son volet éducatif, censé appuyer la refondation, est connu, il faut bien convenir qu’on va de déceptions en désillusions.

Michel Guillou est déçu par la "stratégie globale pour le numérique" du ministre ?

J’avais déjà, tout récemment, proposé cinq idées que j’avais soumises à notre ministre dont il ne semble pas — laissons-lui le temps d’y réfléchir encore — qu’elles aient été reprises dans les propositions récentes. Dommage !

Je vous les rappelle pour mémoire :

1. Élaborer une nétiquette éducative
2. Labelliser les écoles et établissements
3. Marier l’innovation et le numérique
4. Résister aux lobbys
5. Oublier les antiennes pour évaluer mieux

Quelles propositions choc ! "Oublier les antiennes pour évaluer mieux", ça, c'est une vraie proposition pour l'éducation ! et une "nétiquette éducative", c'est vraiment la priorité pour refonder l'école.

Pour résister aux lobbys, quoi de mieux que de publier sur EducaVox ! :mrgreen:

Bon, je n’ai pas entendu parler de nouvelles modalités d’évaluation des pratiques récentes innovantes...

Plutôt d'une évaluation concrète du bénéfice pédagogique de ces pratiques, ce qu'on n'observe jamais : allez savoir pourquoi.

...on n’est toujours pas au bout de nos surprises à propos de la nocivité grandissante des lobbys de tout poil, on sait que le numérique n’est pas encore la tasse de thé de l’innovation, le label numérique ne semble pas au programme et, enfin, le Conseil national de la vie lycéenne vient de se terminer sans qu’on sollicite aucun de ses élus sur le sujet d’une netiquette pour l’éducation.

Mais bon, je m’emporte, je m’échauffe, il faut que je sois plus patient. Tout viendra en son temps.

Quel est le problème, alors ? :roll:

J’ai envie de continuer l’exercice. Et puisque le chantier de la refondation semble un peu s’éterniser en s’attardant sur des difficultés conjoncturelles, j’ai envie de rappeler au ministre que la mise en œuvre du numérique est l’occasion rêvée de bousculer un certain nombre de choses l’air de rien, sans crier gare, au nom de l’exigence d’une modernité incontournable et rédemptrice.

"une modernité incontournable et rédemptrice"... :lol:

On voit que l'idéal de M. Guillou n'est pas la concertation ou même la consultation des enseignants (il n'est pas enseignant lui-même) mais d'imposer des réformes numériques en bousculant "l’air de rien, sans crier gare"... Sympathique projet.

Allez, Refondons donc, en 5 propositions à nouveau, en forme de décisions qui pourraient être prises maintenant ou à court terme :

1. Après la généralisation de l’accès libre et égal au numérique et aux ressources de l’Internet pendant tous les examens universitaires dès la rentrée 2013, le baccalauréat 2014 proposera les mêmes dispositifs pour certaines disciplines, par exemple, l’histoire-géographie, les sciences de la vie et de la Terre, les sciences économiques et sociales, en attendant de les généraliser à toutes, En 2015, c’est le diplôme national du brevet qui sera concerné.

Réponse ici, avec un argumentaire et pas seulement des incantations : "Bac to the future : les examens de demain" .

2. Le B2i sera supprimé dès la rentrée de septembre 2014, comme la compétence 4 du Socle commun. Les compétences nécessaires seront intégrées naturellement aux enseignements disciplinaires, l’acquisition d’une culture numérique étant un préalable obligatoire à l’acquisition des compétences concernant la maîtrise de la langue française, la pratique d’une langue vivante étrangère ainsi que les principaux éléments de mathématiques et la culture scientifique et technologique.

J'ai bien lu ? :shock: :fur

Quant à la culture humaniste, les compétences sociales et civiques, l’autonomie et l’initiative, elle se nourrissent de la culture numérique et s’entendent mieux à son éclairage.

On se demande bien comment on faisait avant...

3. Le C2I et ses dérivés seront supprimés dès la rentrée de septembre 2014. Il est devenu inutile, l’ensemble des modalités de formation des étudiants, de contrôle continu, d’évaluation se déroulant alors en ligne ou avec des moyens numériques.

Formation+évaluation en ligne... Les moocs, quoi. Réponse ici, avec un argumentaire et pas seulement des incantations : "Gober les moocs" .

4. Une mission sera confiée dès que possible à l’inspection générale pour évaluer la meilleure et la plus rapide et efficace manière de mettre en œuvre l’acquisition, dans les apprentissages fondamentaux, parallèlement à l’écriture cursive, de processus de saisie et d’écriture numériques.

Il faudrait même abandonner la cursive, totalement inutile. Sauf que la saisie vocale rend déjà caduque la saisie par clavier... :xx:

5. Dès la rentrée 2014, les smartphones et autres tablettes sont autorisés en classe, dans le second degré d’abord, dans le respect des normes sanitaires et de l’égalité républicaine pour ceux des élèves qui n’en disposeraient pas encore.

Et si certains ont des Android au lieu d'iPhones, il y a rupture de l'égalité républicaine ? :transpi:

Leur utilisation est soumise au strict respect des consignes données par les professeurs.

Voilà qui va être facile à appliquer. M. Guillou gagnerait à quelques stages dans de vraies classes...

D’ici à cette date, des applications mobiles seront développées pour permettre l’évaluation formative et les interactions via des espaces en ligne, pour stocker, partager les données et collaborer.

Et hop, on déclare le développement d'applications en un an. Ce n'est qu'une question de volonté politique, bien sûr.

« Là, hardi ! tâche à faire un effort généreux ! » fait dire Molière à Sganarelle. En la matière, un peu de hardiesse ne nuirait pas non plus aujourd’hui à la politique éducative publique.

La citation n'est pas complète : "Là, hardi ! tâche à faire un effort généreux En le tuant, tandis qu’il tourne le derrière". :twisted:

S'inspirant de Molière, je renvoie aux "twitteuses ridicules" .
10 Mar 2013 21:37
A lire sur "EducaVox" du 10/03/13 ce nouveau billet de Michel Guillou : "Cinq nouvelles idées soumises au ministre pour refonder mieux" .


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08 Mar 2013 00:05
Commentaires à venir.
08 Mar 2013 00:05
Oui, encore un article de Michel Guillou sur son blog : "Faire du numérique une chance pour la jeunesse ?" (7/3/13)


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01 Mar 2013 00:14

Il y a des indignations qui se perdent…

Et on va vite comprendre pourquoi. :mrgreen:

Comment, en effet, ne pas être indigné par le fait que des officines subventionnées et labellisées continuent à distiller, sur le registre de la peur, dans nos collèges et lycées, un insidieux discours en contradiction complète avec les objectifs assignés à l’éducation aux médias ?

Enfin les objectifs de Michel Guillou, qui n'ont pas grand chose à voir avec l'enseignement.

Comment ne pas être indigné encore par l’incapacité de l’école à prendre en compte, tels qu’ils sont, les élèves du nouveau millénaire...

Une petite couche de millénarisme et de l'enfant Jésus. "Prendre en compte, tels qu'ils sont, les élèves", ce ne serait pas exactement le contraire d'éduquer ? :twisted:

...stigmatisant leurs pratiques sociales et numériques, interdisant ou confisquant leurs outils de socialisation ou d’accès aux savoirs ?

Oh les méchant professeurs qui confisquent les téléphones portables... pardon, les "outils de socialisation ou d’accès aux savoirs". C'est vrai que question "pratiques sociales", Michel Guillou utilise Twitter pour insulter ceux qui ne pensent pas comme lui .

Comment ne pas être indigné par le peu de confiance que l’école accorde à ses élèves, ne leur accordant de responsabilités qu’avec parcimonie, leur refusant la possibilité de décider de quoi que ce soit, même dans les domaines de leur vie collégienne ou lycéenne qui les concernent directement, ne les consultant que rarement pour rédiger les chartes éthiques propres aux nouveaux usages numériques ?

Alors qu'ils n'ont qu'une envie, les jeunes : rédiger des chartes ! :transpi:

Il ne faut plus accorder les responsabilités "avec parcimonie", mais toutes leur confier et faire d'eux des décideurs à part entière. Allons plus loin : indignons-nous contre la république qui leur interdit le droit de vote !

Comment ne pas être indigné par le fait que, de jour en jour plus nombreux, les élèves n’aiment pas l’école et s’y ennuient ?

C'est vrai qu'avec des heures et des heures d'écran en moyenne par jour pour chacun d'eux, comment pourraient-ils survivre sans écran et sans zapping pendant une heure ?

Au fait, pourquoi Michel Guillou n'enseigne-t-il pas pour sauver les élèves de l'ennui que distillent ces professeurs méprisables et méprisés par lui ?

Comment enfin n’être pas indigné par le fait que l’école et ses maîtres semblent s’accommoder de tout cela et ne pas sembler vouloir évoluer et se transformer radicalement ?

La carrière de Michel Guillou, "consultant, expert du numérique éducatif et des médias numériques", a bien évolué en revanche. :twisted:

C’était ma manière à moi de rendre hommage à M. Stéphane Hessel.

Il en aurait sûrement été ravi, le pauvre.

:pendu:
01 Mar 2013 00:04
Attention, c'est du lourd : Michel Guillou a encore frappé, à l'occasion de la mort de Stéphane Hessel !

A lire sur ""Educavox" du 28/02/13 : "Il y a des indignations qui se perdent…"


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21 Fév 2013 10:59

Innovation et numérique : des questions inappropriées

J’ai pris beaucoup de plaisir, l’an dernier, à assister en 2012, à l’Unesco, aux Journées de l’innovation. Cet événement, qui rassemblait des témoins prestigieux, fut aussi l’occasion, renouvelée cette année, de rassembler dans un même lieu tous ceux, moins connus, qui, en France, mettaient au cœur de leur action pédagogique, de manière plus discrète mais si efficace, la dimension si moderne et réjouissante de l’innovation.

Ajoutons : et si commerciale. N'est-ce pas, EducaVox ?

C’est donc aussi l’occasion de rencontres, d’échanges, de partages, d’enrichissements mutuels. Et puis, disons-le tout net, je me réjouis tout particulièrement que cette dimension de l’innovation soit prise en charge de manière officielle et institutionnelle, en toute indépendance des pressions économiques.

Bien entendu.

C’est donc avec grand plaisir que je me rendrai, les 27 et 28 mars prochains, à la Maison de l’Unesco à Paris, aux prochaines Journées, si on veut bien de moi.

Comment pourrait-on se passer de Michel Guillou ?

Tout au long de ces journées, sur le thème « Innover pour refonder » — curieux titre ! comment refonder sans innover ? comment faire l’un sans l’autre, l’un avant l’autre ? —, se succéderont conférences, tables rondes, ateliers.

C'est curieux parce que depuis plus de vingt ans on a beaucoup innové dans l’Éducation. Et c'est vrai que les résultats sont quelque peu décevants. :spider:

Naturellement, un des axes proposés à la réflexion de tous est celui du numérique...

Naturellement.

...sous la proposition suivante : « Faire entrer l’école dans l’ère du numérique : les usages numériques au service des apprentissages de tous les élèves et des personnels de l’éducation ».

Je vous avoue être pour le moins lassé des clichés véhiculés çà et là à propos du numérique mais il en est un qui me lasse plus que d’autres, c’est cette volonté de réduire la dimension paradigmatique et révolutionnaire du numérique à la seule dimension de ses usages.

C'est vrai, quoi, "la dimension paradigmatique et révolutionnaire du numérique" est ailleurs.

Cette question du sens à donner à « numérique » m’a souvent été posée par tous ceux qui, depuis vingt ans, ont été accoutumés à entendre parler d’informatique, de multimédia et de Tice. C’est vrai qu’il n’est pas simple de définir précisément une mutation si complexe et si globale, qui touche tous les pans de la société, de l’économique au citoyen, mais, en tout état de cause, le numérique éducatif ne peut se résumer au simple trépied habituel du matériel, des ressources et des usages. Le changement de modèle est si radical que l’empreinte du numérique dans l’école ne peut se comprendre à la seule observation, si gratifiante soit-elle, d’usages rénovés ou innovants. J’y reviens.

Et puis il y a cette sempiternelle question des apprentissages qui laisse accroire qu’il suffit de former les professeurs pour qu’ils puissent, d’un coup de baguette magique, s’épanouir dans l’innovation numérique. Terrible illusion, bien évidemment !

Mince ! Il y en a qui vont être déçus !

Être innovant, c’est résolument changer de posture ce qui n’est pas sans risque quand il s’agit de numérique, car ce dernier modifie profondément l’accès aux savoirs et les processus de transmission de ces derniers.

On aimerait bien savoir en quoi.

Au passage il serait bon de ne plus confondre savoir et connaissances.

Ce n’est donc pas donné à tout le monde, ça demande certes une solide formation initiale — on est loin du compte ! — mais aussi beaucoup d’humilité pour admettre qu’il sera impossible d’enseigner comme on l’a été soi-même.

J'ai été enseigné, tu as été enseigné, il a été enseigné... :transpi:

Bon, ce n'est pas donné à toute le monde : heureusement Michel Guillou est là pour indiquer la voix à tous ces béotiens qui n'ont rien compris à l'enseignement alors qu'ils enseignent.

Jetons un œil au programme proposé ] www.educavox.fr/local/cache-vignettes/L4..._inlinc417-2eca3.jpg [/img]

Il y a sans doute d’excellents choses à aller voir sur les ateliers où j’aurai plaisir à retrouver et saluer des têtes connues et amies. Il y aura sans doute à aller voir aussi de près ce qu’on peut faire de beau avec « La pédagogie inversée à l’école élémentaire » — quel joli titre !

Joli, c'est le mot.

pourquoi n’a-t-il pas été choisi à la place de ce vilain, racoleur et inadéquat « les tice, ça marche » ?

Il faudra aussi être attentif aux arguments développés sur la table ronde qui pose les bonnes questions : « Le numérique : des outils, des usages… et après ? ». Bon, on pourrait s’étonner, une fois de plus, de cette volonté de réduire sans cesse le numérique à la seule dimension de l’outil et de ce qu’on peut bien en faire, mais le « et après » est prometteur quoique anachronique. Il convient, en effet, d’aller davantage plus loin ou au-delà que de s’interroger sur l’« après ».

Oui, en fin il faudrait déjà faire la preuve que c'est un outil...

Mais comment comprendre l’incroyable question posée à deux experts : « Peut-on vraiment apprendre avec les Tice ? Comment ? ».

C'est vrai quoi : quelle idée de poser cette question !

Passons, une fois de plus, sur la facile synecdoque habituelle qui confond les techniques, les Tice, avec le paradigme du numérique. Mais comment, en 2013, oser poser cette question de la possibilité, de l’incertitude, de la peur, du doute permanent et bloquant ?

L'école doit être le lieu de la foi, de la croyance inconditionnelle.

« Peut-on vraiment apprendre avec le numérique ? », quelle pantalonnade !

Il faut identifier au plus vite la brebis galeuse qui a osé poser cette question hérétique !

J’espère que les deux experts en question ne vont pas répondre à la question dans son sens le plus strict faute de quoi on en sera revenu au niveau zéro de l’innovation !

Avec un peu de chance, ils pousseront la politesse jusqu'à oublier la question.

L’innovation pédagogique doit se nourrir du doute, certes, du questionnement permanent...

Mais d'un doute qui ne doit pas être exprimé... :doc:

...mais elle doit aussi s’éclairer de la confiance, être en empathie avec la société qui avance...

Ou qui recule. Tout dépend du point de vue adopté : évidemment, dans une perspective technologique, après l'ipad 1 vient l'iPad 2 puis l'iPad 3.

... avec ses jeunes qui la poussent, avec la modernité et le progrès.

Car le progrès ne se réduit qu'à la seule dimension technologique, bien sûr.

Et puis, surtout, elle ne peut plus traîner en route…

Faisons taire l'esprit critique !

C’est à cette seule condition de comprendre que numérique rime avec innovation...

Mais qui peut le comprendre ? :)

...que la nécessaire refondation de l’école prendra tout son sens. Avec ce qu’elle implique de modifications en profondeur, des attitudes plus que des compétences, des interactions systémiques et organisationnelles, des modes de pilotage et d’impulsion, de la pédagogie enfin.

Tout ceci reste bien vaseux, comme d'habitude.
21 Fév 2013 10:42
Michel Guillou a encore frappé !

"Innovation et numérique : des questions inappropriées" (21/02/13)


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15 Fév 2013 14:52
A lire sur le blog de Michel Guillou : "Ne dirait-on pas que les jeunes, nos enfants, les élèves, ne sont plus vraiment les mêmes ?" (15/02/13)


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09 Fév 2013 10:00
Très en verve littéraire, décidément : Michel Guillou nous propose un nouveau billet sur "Educavox" : "Numérique : si c’était à refaire…" (8/02/13)


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02 Fév 2013 12:21
Commentaires à venir.
02 Fév 2013 12:21
A lire dans les "Cahiers pédagogiques" cette petite fiction pédagogique de Michel Guillou, qui - rappelons-le - est tout sauf enseignant : "Sortez vos ordiphones !"

Depuis l’an dernier, les Cahiers pédagogiques demandent chaque mois à un blogueur s’il veut bien leur écrire un billet. Mila Saint Anne, Ticeman, Frédéric Davignon, Amériquébécoise, Delphine Regnard, Guillaume Caron, Bernard Desclaux et Michel Guillou ont déjà répondu notre invitation.

Avez-vous lu "Vieilles pies" de la trublionne Mila Saint Anne ? Ou bien "Puisqu’on vous dit qu’il y a pas de recette !" du caustique Ticeman ? Bon, pour avoir les autres ici, il faudra réclamer très fort !

Mais voici déjà celui de Michel Guillou, dans le numéro 502 "Par ici les sorties".



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