Résultats de recherche (Recherche de : guillou)
M. Guillou n'étant pas enseignant depuis longtemps (s'il l'a jamais été), il sait naturellement ce qui est prioritaire dans l'éducation nationale aujourd'hui : le numérique, qu'il promet sans ménagement.Un chantier prioritaire : former au numérique
"bannis et honnis du monde de l'école" et en même temps "une grande ambition pour le numérique" ministérielle : M. Guillou n'a pas peur de la contradiction....Ainsi commence le juste constat fait, sur le site du ministère consacré à la refondation à venir, qui engage à donner à l’école « une grande ambition pour le numérique ». Force est d’observer pourtant que, si les tablettes tactiles commencent maintenant à trouver peu à peu place dans les salles de classe, plus rarement dans les cartables, si de rares élèves ont pu utiliser Twitter en classe, de ci, de là, dans le cadre de certaines activités ou de certains apprentissages fondamentaux, si encore certains professeurs documentalistes ont pu, parfois, accompagner certains élèves à utiliser Wikipédia, encore plus rarement à y contribuer, les autres outils, massivement utilisées par les élèves, sont généralement honnis et bannis — une bonne censure technique permet d’éviter d’y réfléchir — pour de bon du monde de l’école.
Allez, un petit film pour observer à quel point le numérique est banni et honni du monde de l'école :
www.dailymotion.com/video/xtlzyo_marronniers-numeriques_tech
Quant à l'entrée du numérique ) l'école et à ses implications non désirées, a-t-on bien pris le temps d'y réfléchir ?
Pourtant - de tout temps - l'école s'est adapté aux usages personnels des jeunes. Souvenez-vous de l'époque où les programmes tournaient autour des billes, des chansons des 2B3 ou des collections de cartes Panini.L’école, les enseignements, les apprentissages, les programmes, les disciplines, les professeurs sont déjà largement à la traîne de la société, à la remorque aussi des usages personnels des jeunes.
Cette mission numérique n'est écrite nulle part.L’école est pourtant, c’est sa mission, censée préparer, ce qui nécessite une anticipation, ses élèves à trouver leur place dans une société résolument engagée dans le numérique.
Toute critique ne peut procéder que de l'incompréhension, pas d'une réflexion ou d'une expérience.De toute façon, le temps que les élèves y soient préparés et cette société numérique aura déjà changé plusieurs fois.
Comment faire ? Les enjeux sont considérables, à cause du temps perdu, certes, mais aussi à cause du décalage et de l’incompréhension qui ne cessent de grandir.
Le slogan est beau mais le problème est que personne ne sait à quoi quoi ressemblera la société dans laquelle les jeunes vont vivre.Vincent Peillon déclarait à Ludovia, fin août dernier :
[Il faut] « préparer les jeunes, travailleurs de demain, citoyens de demain, hommes et femmes complets de demain, à la société dans laquelle ils vont vivre, qui est considérablement modifiée et qui peut être considérablement améliorée, du point de vue même des valeurs républicaines, par le numérique et par l’internet »
A titre d'exemple, il y a quatre ans, presque aucun jeune n'était inscrit sur des réseaux sociaux.
M. Guillou a tellement envie de tout casser qu'il insulte même ceux qui lui portent la contradiction.Il est donc nécessaire, je l’ai déjà dit, de changer — j’ai utilisé le mot « casser » dans un autre billet, mot qui m’a été reproché mais me paraissait plus adéquat — un grand nombre de choses : l’architecture et le mobilier, les temps d’enseignement, les modalités de ce dernier, les programmes, les champs interdisciplinaires et transdisciplinaires, l’évaluation, les examens, les postures…
Ce serait dommage de s'attarder en effet sur un véritable problème. L'absence de ressources a été reconnue même par le Ministre lui-même le 13/12/12. Je cite : ""Il manque en France une production pédagogique de logiciels numériques".Quand il s’agit de s’interroger sur l’échec patent du numérique et les retards accumulés, on avance souvent trois raisons :
l’absence de matériel ;
l’absence de ressources ;
l’absence de formation.
Je ne vais pas m’attarder aujourd’hui à expliquer ici pourquoi les deux premiers points sont faux pour l’essentiel, différemment l’un de l’autre d’ailleurs.
Parce qu'ils en voient moyennement l'utilité ?Mais l’enjeu majeur est, sans aucun doute, de réussir la formation au numérique.
Les professeurs sont, selon l’enquête Profetic, 97 % à penser que le numérique est un facteur d’amélioration de leur enseignement. Pourquoi n’utilisent-ils pas alors plus souvent les outils ou démarches numériques en classe ?
Heu...La formation des professeurs est-elle insuffisante ?
Ces derniers constituent un des groupes socio-professionnels les plus outillés, à domicile, en matériel numérique et les plus avertis sur leurs usages. Leurs pratiques personnelles sont variées et souvent excellentes. Ils sont très nombreux à préparer leurs cours en utilisant des outils numériques et Internet. Ils savent se servir des sites professionnels d’échange et d’entraide et utilisent les moteurs de recherche et Wikipédia plus et mieux que leurs élèves.
Elle a pourtant bien changé et impose une certification C2i2e.La formation initiale qui a été fournie, depuis des années, aux jeunes professeurs est très insuffisante de ce point de vue.
Des contraintes futiles et sans intérêt...Il suffit de demander à ceux d’entre eux qui entraient dans le métier pour en être convaincus. Pressés par les programmes et les contingences pédagogiques générales, coincés dans les carcans disciplinaires...
Si Michel Guillou reconnaît lui-même que cette validation est d'un ridicule achevé, à l'image du B2i pour les élèves... Un bon exemple du décalage entre l’Éducation Nationale et les pratiques des jeunes qui les font bien rire....les formateurs universitaires n’ont que très rarement abordé l’intégration du numérique en classe, reproduisant en cela la formation qu’il avaient eux-mêmes subie quelques années auparavant. Pire, ils ont validé à la volée de supposées compétences acquises à travers la délivrance complaisante d’un C2i bâclé !
C'est vrai que compte tenu des problèmes actuels de l'école ces formations doivent être prioritaires.La formation académique continue qui leur a été proposée ensuite a manqué, ces dernières années, à la fois de bras et de moyens financiers et d’adéquation aux besoins. Si la situation est très différente d’une académie à l’autre du point de vue des moyens engagés pour accompagner l’effort des collectivités à déployer du matériel, il est possible pourtant d’observer des constantes :
une formation transversale à l’usage des outils trop technique et pas assez pédagogique (il est vrai que la tâche n’est guère aisée quand il s’agit de transversal) ;
une formation disciplinaire dépassée par les enjeux, conduite par des formateurs exclusivement technophiles (j’avais déjà évoqué le clientélisme de ces stages et la fascination pour la technique dans ce billet) ;
La formation en ligne, nouveau modèle, qu'il faudrait d'ailleurs appliquer aux élèves.une absence quasi généralisée de massification de la formation en ligne, pourtant la seule à même de répondre à la demande (les raisons sont très nombreuses qui vont de la rigidité de la tutelle d’encadrement à l’absence d’expérience de certains formateurs académiques).
Parce qu'il ne sert pas à grand chose.Je reviens donc à ma question initiale : pourquoi ces professeurs, si mal et peu formés mais pourtant si bien avertis, n’intègrent-ils pas plus le numérique dans leur enseignement ?
Ce n'est plus la même question...Qui peut les y inciter ?
Quel rapport avec l'utilité de l'intégration du numérique dans l'enseignement ?Sans doute, les premiers à le faire sont leurs propres élèves qui les incitent à utiliser les téléphones, à écrire en ligne, à utiliser Wikipédia, à publier… Il n’est pas un projet de conseil de la vie lycéenne, par exemple, qui n’intègre un volet numérique. Les collègues peuvent être aussi un fort levier d’encouragement aux usages numériques dans le cadre de projets collaboratifs ou simplement collectifs. Les parents, parfois, peuvent être aussi porteurs d’innovation numérique partagée.
A vrai dire ils le constatent et moi avec. J'ai beaucoup d'exemples à donner à ce sujet.De manière assez générale, les chefs d’établissement ont eux, par rapport au numérique, une attitude plutôt neutre. Plongés dans les contingences d’une informatique administrative sclérosante, ils sont nombreux à penser que le numérique pose plus de problèmes qu’il n’en résout.
C'est exactement ça : le "facteur valorisant", la vitrine... Il est plus facile de montrer un classe avec des tablettes qu'un bon cours.Mais, conscients du facteur innovant et valorisant du numérique pédagogique, ils se laissent aller parfois à accompagner voir favoriser l’émergence des projets.
Mais en général l'équipement numérique ne procède pas d'une demande des enseignants : il est imposé par le haut, la direction ou le Conseil général ou régional, sans lien aucun avec les besoins des enseignants. Un magnifique gâchis dont les collectivités locales commencent à prendre conscience.
Bref, ce qui fait l'échec de l'intégration du numérique à l'école, son imposition aux enseignants, M. Guillou veut le voir renforcé. Le numérique doit devenir obligatoire.Où sont alors les freins ?
Là encore, je ne fais que répéter et préciser des observations déjà faites par d’autres et des arguments avancés dans certains de mes billets ici-même. Les principales causes de l’échec du numérique pédagogique sont, à mon avis, à chercher du côté de l’encadrement, non seulement frileux et désengagé mais aussi souvent franchement hostile ou réfractaire. Sans impulsion de la hiérarchie, sans incitation ou encouragement à avancer, pourquoi se risquer ?
Il faut récompenser les professeurs innovants qui créent des projets extraordinaires comme acheter des tablettes ou ouvrir des comptes Twitter pour leur classe.Tant que faire une leçon avec des tablettes numériques ou un tableau interactif sera mal vu en inspection, on ne risque pas d’avancer.
Pourtant le Ministre ne s'est-il pas invité au Forum des enseignants innovants l'an passé ?Je tiens à la disposition de ceux qui croient que j’exagère ou caricature les témoignages de collègues à qui c’est arrivé.
Il faut virer tous ces rétrogrades !Les exemples sont foison d’inspecteurs du second degré qui freinent des quatre fers pour intégrer la compétence 4, la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication, comme d’autres compétences transversales d’ailleurs, aux enseignements disciplinaires du collège, qui tardent aussi à mettre en place les dispositifs de formation en ligne des nouveaux et jeunes professeurs, leur préférant des réunions en grands groupes inutiles et ennuyeuses, qui s’avèrent incapables enfin d’animer en ligne un groupe d’enseignants comme une réflexion sur le sujet du numérique.
Ah... la "stratégie numérique globale" de Vincent Peillon, ce n'est pas une "politique numérique institutionnelle volontariste" ?À la décharge des corps d’inspection, il est vrai qu’ils n’ont jamais reçu eux-mêmes des injonctions à mettre en œuvre une quelconque politique numérique institutionnelle volontariste.
Pour être formé par un Michel Guillou, non merci...De même, ils n’ont que rarement, et encore cela concernait-il peu d’entre eux, pu être conviés à des moments de formation initiale ou continue sur le thème du numérique, à l’ESEN ou en académie.
Si l'"acte pédagogique traditionnel" (quel mépris pour la tradition scolaire de nos prédécesseurs à l'école) est plus efficace, qui les en blâmerait ?Pourquoi les professeurs feraient-ils des efforts si personne, du haut en bas de la hiérarchie, ne les incite à les faire ? Pourquoi innoveraient-ils quand se conformer à l’acte pédagogique traditionnel est toujours valorisé ?
Le numérique doit rentrer dans l'école à la schlag. Quant à la liberté pédagogique, Michel Guillou s'assoit dessus.Il va de soi que ce que je décris là souffre de nombreuses exceptions. Mais justement, ce sont des exceptions…
La priorité est donc, dans un premier temps, à la formation massive et systématique de l’encadrement, à tous les niveaux, des formateurs des masters universitaires, des chefs d’établissement et des inspecteurs du premier degré à l’inspection générale.
Même s'il n'a rien à apporter à une discipline, à part une dévastation comme en lettres...Le numérique doit être, comme il l’est déjà dans de nombreux pays du nord de l’Europe, une constante de l’acte pédagogique, toutes disciplines confondues.
Des gens prêts à occuper toutes les responsabilités qu'il faudra.Il y a maintenant, en France, dans les académies et les Universités, suffisamment d’experts et de spécialistes de l’enseignement, de la formation, de l’accompagnement et de l’animation d’apprenants en ligne — je peux donner des noms, si besoin — pour prendre en charge la responsabilité partagée d’une plateforme complète, de répondre au cahier des charges de la formation en scénarisant des parcours adaptés, des premiers pas à l’évaluation.
La notion de "connaissances" étant dépassée.Et puis il faut aussi diversifier et élargir l’offre de formation et former de nouveaux tuteurs…
Peut-être convient-il alors d’alterner les moments de formation théorique en ligne et les séances en présence d’un formateur, où il est possible de faire des exercices pratiques. Peut-être convient-il aussi, dans ces parcours, d’encourager les apprenants à la co-production et à la co-construction des savoirs à partager… Mais il convient assurément de travailler davantage au changement des attitudes et des postures qu’à l’acquisition de connaissances.
... que préconise pourtant Michel Guillou, qui n'est pas à une contradiction près.Pour l’encadrement, l’enjeu est de taille : changer complètement les vieilles méthodes de pilotage vertical...
Quel révolutionnaire visionnaire, ce M. Guillou. Le Copernic des TIC....acquérir des compétences d’animateur de communauté en ligne, impulser l’innovation pédagogique, modifier profondément les méthodes d’évaluation.
Ben voyons. La déconnexion de la réalité joue des tours à M. Guillou.Pour tous et pour les enseignants en particulier, il s’agit de même de comprendre que le maître n’est plus le seul possesseur du savoir...
Voire en dessous.... que sa posture frontale a vécu, que sa place est maintenant aux côtés de l’élève...
Un grand progrès social, donc....pendant et hors le temps scolaire
Rare grâce aux écrans... qu'il faudrait donc multiplier à l'école....que l’attention de l’élève est devenue une denrée rare qu’il faut préserver.
M. Guillou regarde trop, de films de science-fiction.Il s’agit aussi de comprendre que la reproduction, génération après génération, des actes et postures d’enseignement traditionnels n’a plus cours...
On peut très bien enseigner sans numérique à l'époque du numérique.... que l’obligation d’innover et le changement sont consubstantiels d’une pédagogie moderne, en adéquation avec son temps.
Voilà le nouveau mérite professionnel, vu par M. Guillou, qui jamais dans sa tribune, n'évoque les difficultés concrètes des élèves, comme le quasi-illettrisme de certains d'entre eux en fin de scolarité obligatoire .Enfin, et ce n’est pas le plus simple, il convient de répondre à ces enjeux formidables en valorisant l’engagement dans la formation, tant pour l’encadrement pédagogique que pour les professeurs, de la manière qui conviendra au ministre.
A la schlag, on vous dit. En parlant de mon expérience, M. Guillou parlait de "saloperie réactionnaire".Mais, là encore, l’incitation doit être très forte. Il n’est pas possible de laisser de côté des personnels de l’administration, des inspecteurs, des professeurs réactionnaires ou simplement peu enthousiastes.
Sans savoir où, mais peu importe.De même — j’ai déjà évoqué cet aspect dans ce billet — il paraît possible de labelliser les écoles, collèges ou lycées vertueux et de modéliser et encourager ainsi les bonnes pratiques.
L’engagement de l’institution scolaire doit ainsi être complet et ne peut souffrir un quelconque retard. Avançons !
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Beau résumé de l'essence du numérique :Éduquer à la maîtrise de l’expression publique
Internet a cette propriété, nouvelle dans l’histoire, de permettre à chaque citoyen de porter sa parole, son opinion, son simple avis à l’autre bout du monde. C’est évidemment une propriété strictement fonctionnelle qui ne garantit nullement que cette parole soit lue ou entendue. Il n’empêche ! Aucun des grands créateurs ou penseurs des siècles passés n’avait pu bénéficier, de manière immédiate, d’une telle possibilité d’audience…
- Le numérique séduit pas sa seule potentialité de publicité.
- Celui qui s'exprime est comparé, en mieux par sa possible publicité, aux "grands créateurs ou penseurs des siècles passé" car tout le monde a du talent.
- L'acte de création ou de pensée est subordonnée à sa publicité
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
À propos de la publication récente, sur Twitter, de messages utilisant des mots-clés ou des contenus supposément racistes ou homophobes, notre ministre des droits des femmes, porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, se laisse aller, dans cet article en ligne, à de curieuses considérations… Elle rappelle que la liberté d’expression est « une de nos valeurs les plus précieuses », qu’elle « ne peut être impunément utilisée pour déverser, aux yeux de tous et sur quelques-uns, une charge haineuse aussi violente qu’inacceptable ». Fort bien ! Le diagnostic est juste. Ce sont les solutions qu’elle propose qui sont alors une atteinte de fait à ce droit.
En effet, à plusieurs reprises, à commencer par ce titre inadmissible « Twitter doit respecter les valeurs de la République », elle exhorte ce média à « prévenir la commission de tels délits » et à « agir pour supprimer les tweets manifestement illicites et, à tout le moins, en rendre l’accès impossible ». C’est juste dommage. C’est de plus attentatoire à la liberté d’expression, en incitant un média étranger à censurer, de sa propre volonté, les contenus supposés illicites qu’il transporte et affiche. Il n’y a qu’une seule et unique solution aux transgressions supposées de ces libertés : la justice. Il existe en France des moyens simples et rapides pour qu’un juge puisse dire le droit et demander si besoin, avant autres éventuelles poursuites, le retrait de ces publications.
On est bien mal défendu.
Michel Guillou, autoproclamé "expert du numérique", ignorerait-il qu'il existe sur Internet, sur les sites d'information, sur les blogs, sur les forums, des formes de modération ?
Un autre billet, en réponse, sur le blog de Luc Bentz : "Éduquer à la maîtrise de l’expression publique (Michel Guillou)" .
Ou comment justifier l'absence de modération sur Twitter par... la lutte contre la dictature dans le monde. On ne s'étonnera pas de cette prise de position sur un blog intitulé "Le Gazouilleur".
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Lyclic se présente comme un "réseau scolaire" (idée curieuse à l'heure des réseaux privés des élèves) et comme une bibliothèques de ressources libres et gratuites pour lycéens, enseignants et parents.
La vidéo :
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
La présentation du site :
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
La dernière phrase est éclairante sur la philosophie de Lyclic, qui n'invite pas à l'esprit critique vis à vis du numérique :"Nous sommes convaincus que l'Ecole a tout à gagner à faire siens les horizons ouverts par le web : plus d'échanges et plus de ressources pour favoriser la créativité, la personnalité, et la réussite de chacun."
Évidemment on ne saura qui compose la "Team Lyclic" et ses fondateurs, mus par un si généreux projet, qu'après une recherche WhoIs : le site a été fondée par Christophe Herlory, membre de Lyclic, qui se présente comme "professeur". Pourtant, d'après LinkedIn , Christophe Herlory n'a enseigné que pendant deux ans à peine, de 2009 à 2011, dans un IUT mais surtout sa formation ne fait mention ne fait mention d'aucun diplôme enseignant (HEC Montréal - gestion, ESCP Europe Grandes écoles). Depuis mars 2011, son activité professionnelle est celle de "président" de Lyclic.
Rien n'indique non plus quel est le modèle de fonctionnement de Lyclic : qu'est-ce qui permet d'assurer sa gratuité par exemple et en même temps l'activité professionnelle de Christophe Herlory ? pourquoi le statut de "société par actions simplifiée" si Lyclic est une association dédiée à la "réussite de chacun" ?
Christophe Herlory n'hésite pas, sur Twitter ou sur Lyclic, à fustiger l'édition traditionnelle et promouvoir le modèle qui est celui de Lyclic, en reproduisant par exemple ce billet de Michel Guillou : "Sans ressources, qu'est-ce qu'il reste du numérique ?" (9/12/2011)
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Et la réaction du SE-UNSA : www.se-unsa.org/spip.php?article5293
C'est sûr que ce n'est pas comme si on avait mis l' "élève au centre du système" depuis 1989 , avec les brillants résultats que l'on constate aujourd'hui. Quand on va dans le mur, il faut accélérer...Et si on sollicitait enfin l’avis des élèves ?
Car ce n'est jamais le cas bien sûr.« C’est l’intérêt des élèves, de tous les élèves, qui doit être au cœur des réflexions et des réformes du système éducatif.
Et même en tant qu'adultes citoyens, osons-le...Cela implique de prendre en compte leurs besoins, leurs droits et leurs devoirs non seulement comme élèves, mais également en tant qu’enfants, pré-adolescents ou adolescents. »
Dommage pour les prolégomènes.Cette phrase est extraite du site du rapport sur la refondation de l’école, sous le titre de « Les élèves au cœur de la refondation ». Elle semble ne laisser aucun doute sur la haute importance que cette démarche estivale semblait accorder à éclairer la réflexion de tous les chantiers à l’aune des attendus de ces prolégomènes. Et pourtant…
Et pourtant les enfants ont beaucoup à nous apprendre en terme d'enseignement et de réflexion pédagogique, car leur préoccupation quotidienne est non seulement leur réussite éducative propre mais la réussite éducative de tous.Oui, et pourtant… À l’exception de la consultation formelle des syndicats étudiants, de la trilogie des syndicats lycéens, de quelques bien rares consultations des lycéens çà et là, élus sortants dans les CAVL¹ ou élus CVL², les élèves n’ont pas globalement été, à titre individuel ou de manière collective, concernés ni consultés sur la refondation de l’école qui s’adresse pourtant bien à eux, si l’on en croit les lignes supra, de manière prioritaire.
Répondre présent ne nous dit pas grand chose sur la nature de leurs idées.Et pourtant, disais-je, pour avoir travaillé pendant plusieurs années en appui du CNVL³, je peux témoigner que ce ne sont pas les idées qui leur manquent, aux lycéens ! Ils en auraient presque même trop, m’ont parfois dit les cadres du ministère qu’ils consultaient ou entendaient porter le dossier qu’ils avaient en charge. On pouvait leur demander leur avis sur l’orientation, sur les programmes, sur les rythmes scolaires, sur le numérique, sur la réussite, sur le handicap, sur la valorisation de l’enseignement professionnel, sur le baccalauréat, sur les discriminations, sur la valeur de l’engagement… ils répondaient et répondent toujours présents !
Et ça, ça vaut tout le reste. Pour M. Guillou, peu importe que quelque chose soit idiot pourvu que ce soit innovant.Oh ! Bien sûr, les idées présentées, voire les projets élaborés sur les chantiers ci-dessus, n’étaient pas toujours ni très raisonnables ni très aisément réalisables — ils restaient à discuter et à négocier, à adapter aux réalités aussi — mais ils avaient au moins le mérite de la rupture et de l’innovation.
Qui a subi vague de réforme sur vague de réformes.Une manière de rompre avec un certain dogme ronronnant, avec le coconnage très tendance mais bien réel de « la grande maison ».
Heu oui...Pourquoi les lycéens n’ont-ils pas été massivement consultés ? C’est vrai que la dernière grande consultation des lycéens sur la réforme du lycée, en novembre 2008, à l’initiative de Xavier Darcos, alors ministre, avait été un échec notoire, se terminant dans la fureur et l’agitation à l’École polytechnique à Palaiseau.
Était-ce une raison pour ne pas recommencer ?
Comme c'est noble, beau et généreux !Les lycéens des organes de la vie lycéenne, à tous niveaux, sont tous résolument engagés, de manière personnelle parfois, ou collective aussi dans des syndicats ou des partis politiques, mais leur engagement, concernant le moment qu’ils vivent dans l’école, est toujours au profit de l’innovation — j’insiste ! —, de la réussite de tous, de l’égalité, de la solidarité, dans une perspective d’accès pour tous à plus d’autonomie et de responsabilité enfin.
Un lycéen engagé est, le plus souvent, un lycéen responsable.
Je suis d'accord : il faut cesser de faire semblant, il faut cesser tout court de jouer à la démocratie. L'école n'est pas un lieu démocratique, où la parole de l'enfant vaut celle de l'adulte.Au-delà des promesses de l’engagement individuel, c’est toute l’école, au sens large, qui tire profit de la vie lycéenne. Il est d’ailleurs bien temps, en 2012, de cesser de considérer les élèves comme de seuls acteurs subsidiaires dont on prend l’avis de temps en temps, pour faire semblant de jouer à la démocratie.
Autoriser les téléphones portables en classe par exemple ?Les missions assignées aux différents niveaux de la représentation lycéenne, délégués de classe, maisons des lycéens, élus CVL, CAVL et CNVL, doivent être notablement et profondément renforcées et élargies. Les élèves, et je pense d’abord bien sûr, aux plus grands d’entre eux, doivent être maintenant en situation de pouvoir décider d’un certain nombre de choses qui les concernent au premier chef. Certains éléments du règlement intérieur doivent pouvoir aisément être discutés et négociés avec eux, sans contredire la loi bien sûr, de telle manière à adapter les pratiques citoyennes, dans le lycée, à la réalité de leurs usages personnels.
Que disais-je ?Je pense en particulier aux pratiques sociales et numériques, personnelles ou en classe, qui doivent aussi pouvoir trouver toute leur place dans l’école.
A ce sujet, pour avoir une idée de la responsabilité et de l'engagement citoyen des élèves, je propose un petit tour sur ce topic de LVM : "Une utilisation sympathique des smartphones en classe" .
Comme si la dernière réforme du lycée, obéissant à une telle idée, n'avait pas été de ce point de vue catastrophique, avec les enseignements d'exploration en seconde (choisis et aussi vite abandonnés), la mise en place des TPE et récemment l'accompagnement personnalisé qui n'a de personnalisé que le nom et supprime des heures d'enseignement disciplinaires.Les modalités mêmes d’enseignement, programmes, horaires, rythmes, contenus, lieux doivent pouvoir être aussi discutées, si besoin, pour les rendre plus souples, à l’éclairage de l’avis des lycéens.
Aujourd'hui le fonctionnement du lycée est rendu chaotique par cette multiplication de ces usines à gaz.
L'école n'a pas à s'adapter aux élèves, ce sont les élèves qui doivent s'adapter à l'école et à des règles de vie collective. Voilà le véritable apprentissage de la citoyenneté.Il est temps de sortir des carcans d’un enseignement dont les principaux ressorts sont plus que centenaires pour adapter l’école à la société et aux jeunes tels qu’ils sont.
Quel mépris de la tradition scolaire !
Quel mépris et quel démagogie pour tous les enseignants de la part de M. Guillou , "consultant, expert du numérique éducatif et des médias numériques".Soyons très clairs : il n’y a pas grand chose à attendre d’une consultation de seuls notables et entités conservatrices.
L'innovation est un terme commercial, non éducatif.Il va falloir chercher du côté des jeunes, lycéens et aussi collégiens, l’enthousiasme, l’initiative, l’innovation, la modernité nécessaires à la refondation de l’école.
Place au jeune, place au numérique.Et, pour compléter un propos récent qui me fait passer pour un extrémiste, cette refondation sera pédagogique, numérique et nourrie de l’imagination des élèves ou ne sera pas. Voilà, c’est dit à nouveau.
Même chose hors de l'école : les enfants devraient pouvoir assister aux rendez-vous bancaires et aux entretiens professionnels de leurs parents. Il est temps qu'ils aient leur mot à dire. Même chose pour le droit de vote.Mes propositions pour un élargissement conséquent de la démocratie lycéenne, à définir en concertation avec la prochaine mandature d’élus, doivent s’accompagner de propositions identiques pour les plus jeunes des élèves.
Au collège, il doit être possible d’organiser, sur le modèle des aînés, un dispositif de vie collégienne continue qui fasse réellement participer des élus à la vie du collège, décider — pourquoi pas ? — de ce qui les concerne directement ou donner leur avis sur les dispositions qui touchent la collectivité ou les enseignements au-delà de la présence symbolique au Conseil d’administration.
Depuis quand être responsable, c'est décider ?À l’école du premier degré, Célestin Freinet doit se retourner dans sa tombe à observer ce que sont devenues ses théories sur la responsabilisation du jeune écolier dans la coopérative scolaire ou le journal d’école.
Quel mépris, encore une fois. On voit bien que M. Guillou n'a subi aucune violence scolaire dans un établissement difficile.Il n’en reste plus grand chose, sous la pression des programmes disciplinaires et d’une hiérarchie franchement réactionnaire.
M. Guillou enseigne encore ?Tout est à recommencer (à refonder ?).
Je lis à l’instant, pour clore ce billet, que notre ministre présente son dispositif de lutte contre les violences scolaires.
On apprend l’installation d’une délégation ministérielle et d’un comité scientifique pour « prendre en compte la pluralité des phénomènes de violence et la complexité des réponses à lui apporter ». Gageons que ce dispositif n’aura de vraie légitimité et d’efficacité que s’il comprend en son sein, et autrement que par une représentation symbolique, un nombre suffisamment importants d’élèves, élus ou pas, ayant été confrontés au problème. Je sais, pour avoir mis des contributeurs lycéens à plancher sur ce sujet, qu’ils peuvent être très efficaces et proposer des solutions adaptées et réalistes.
Aucune entreprise humaine ne peut échapper au numérique ?Pas plus que toute entreprise humaine, l'école ne peut s'en priver.
Et l'expression "se priver" n'est pas neutre : elle suppose une dimension uniquement positive du numérique.
Nous voilà tout de même rassurés...Entendons-nous bien : de même qu'un musicien pourra toujours se passer d'instruments électriques, de synthétiseurs et de logiciels de traitement du son pour jouer de la musique, un enseignement pourra toujours se faire sans le moindre recours aux technologies numériques. Sans ordinateur, sans wi-fi, sans écran, sans rien de tout cela… Sous réserve que la matière enseignée le permette, un enseignement peut (et selon toute probabilité pourra toujours) être dispensé avec des cahiers, des crayons, des livres, un simple tableau.
Je ne saurais dire mieux.D'une certaine façon, enseigner sans numérique à l'heure de la généralisation du numérique peut même être le vecteur d'un savoir particulier : la conscience des limites et du statut des technologies.
Le plus simple, pour ne pas avoir à les déconnecter, c'est peut-être de ne pas les connecter...On ne déconnectera pas les enfants
C'est vrai que c'est du même ordre qu'une vidéo ou un jeu sur une tablette...Allons encore plus loin : un enseignement, s'il est de qualité, peut se passer de tableau. Une convention, le tableau, pour ne pas dire une facilité !
Bof... à quoi bon puisque je google donc je sais .Un enseignement peut aussi, si l'on y réfléchit, s'effectuer sans prises de notes, ce qui aurait pour effet d'exercer la concentration et la mémoire.
Il existait même des livres.Sans livres, c'est un peu plus difficile, mais il existait bien des enseignements avant l'invention de l'imprimerie, non ?
Exactement. On se demande ce qu'ils attendent dans les pays sous-développés.Bon… Là où je veux en venir, c'est que l'on peut enseigner même sans école.
Où nous conduit ce discours relativiste ?Et que l'école n'est pas un enseignement, ni même une collection d'enseignements, mais une institution résultant du choix historique d'enseigner à travers un grand système public.
Elle me semble tout à fait légitime, au contraire.L'objection selon laquelle puisqu'on peut parfaitement enseigner sans numérique (ce qui, dans l'ensemble, est vrai) il serait illégitime de prôner le numérique à l'école n'est donc absolument pas fondée.
Il s'agit donc bien de numériser massivement l'école. Je ne savais pas que l'école était aux prises avec "toutes les activités présentes dans la société".La question ne porte pas sur la possibilité, ça et là, d'enseigner quelque chose sans recours au numérique. Elle porte sur la ligne de conduite que doit ou ne doit pas adopter cette institution de masse, l'école, aux prises avec toutes les disciplines, tous les pans du savoir, toutes les couches de la population et indirectement avec toutes les activités présentes dans la société.
C'est donc parce qu'on n'a pas le choix qu'il faut céder : en voilà un argument qui ne manque pas de convaincre. On pourrait l'appliquer à de nombreuses autres choses, avec des résultats intéressants.Le refus du numérique serait d'autant plus intenable rationnellement que l'idée d'un barrage protecteur est vaine.
On note au passage que contrôler le numérique est aussi vain que de vouloir le refuser, ce qui ne laisse pas d'inquiéter. Et on oublie au passage qu'il y en a qui refusent non pas le numérique mais les aspects problématiques du numérique.
Le numérique ne se résume pas à la connexion à Internet, loin de là. Quant à "déconnecter", c'est la même caricature qui accusent les anti-nucléaires de vouloir revenir à la bougie.Personne ne pourra « déconnecter l'école », comme le souhaite Alain Finkielkraut (mais le croit-il possible, ou est-ce une posture destinée à sacraliser un savoir transcendant les époques?).
Il y a une grande partie de la société qui n'est pas connectée et s'en porte très bien.Et surtout personne (sauf un grand bug mondial) ne pourra déconnecter la société.
Un instinct que l'école doit impérativement entretenir.Pas plus qu'on ne pourra, au sein de celle-ci, déconnecter les enfants, dont le premier et le plus vital réflexe est de se jeter sur ce qu'il y a de plus neuf.
L'âge moyen du premier portable en France est de onze ans. C'est la volonté des parents qui fixe cet âge : mais y a-t-il encore une quelconque autorité parentale qui s'exerce ? Là est la vraie question.
Oui, s'il vous plaît !Respecter les réticences
C'est l'un des degrés les plus dégradés de ce que l'on peut comprendre par "numérique"...« Le » numérique ne se réduit pas aux réseaux sociaux, même si ce concept de réseau social tend à contaminer tous nos usages informatiques (bientôt : « salut Luc, c’est ton marché Franprix, elles étaient bonnes, hein, les madeleines bio ? »).
Ce ne sont pas les dangers extrêmes qui inquiètent, c'est le réseau par lui-même et ses effets sur l'individu.Mais l'attitude consistant, au nom des risques de toutes sortes inhérents aux réseaux sociaux, à vouloir empêcher les enfants (ou les enfants en tant qu'élèves) d'y accéder est absurde.
En quoi ?Elle est, en fait, génératrice de risques supérieurs.
Cette comparaison inepte revient sans cesse dans les discours des numérolâtres...Métaphore urbaine : si traverser une rue est dangereux et si en interdire l'accès est impossible, alors la seule solution est d'apprendre les bonnes méthodes pour traverser. Paradoxalement, refuser de dispenser ce genre d'apprentissage équivaut à exposer les intéressés aux plus grands risques.
En tant que parent je ne peux que m'inscrire en faux : mes jeunes enfants ont interdiction de traverses une rue seuls et je ne crois pas que cette interdiction les expose à de plus grands risques, bien au contraire. Ils traverseront quand ils auront la maturité pour traverser seuls.
Et de ne pas en oublier en route, M. Cédelle.Il convient donc d'apprendre la technique pour la dominer. Ou bien, ce qui ne revient pas exactement au même, apprendre à dominer la technique. Cela suppose, à rebours de toute « technolâtrie », que soit prise en compte la réalité des risques qu'elle charrie et l'existence de ses aspects négatifs.
Un propos qui ne peut susciter que l'approbation. Sauf que M. Cédelle considère quand même tout refus du numérique comme "irrationnel"...Il est possible de vouloir l'entrée de l'école dans l'ère numérique sans pour autant tomber dans une niaise béatitude vis-à-vis des offres technologiques et commerciales dont nous sommes bombardés.
M. Cédelle a dû fréquenter Twitter...Et contrairement à une attitude en vogue consistant à se payer la tête des has been plus moins arriérés qui ne sont pas encore au top de la connexion non-stop, il importe de se garder de l'arrogance avant-gardiste, de se méfier des injonctions modernistes, souvent trop pesantes pour être honnêtes, et de respecter les réticences.
Ce qui est amusant, c'est que ceux qui s'estiment au top ne le sont pas toujours, loin de là. Un exemple pour s'en convaincre : celui de Mme Kochert qui fait la promotion active de Twitter en classe mais ne sait pas s'en servir elle-même...
Merci pour eux.Répétons-le autant de fois que nécessaire : les expériences positives et même ultra positives des enseignants « connectés » ne disqualifient en rien ceux qui continuent de pratiquer des modes d'enseignement traditionnels.
Et on les attend toujours, les résultats. M. Devauchelle a d'ailleurs annoncé la couleur : "D'un échec scolaire à une réussite éducative, il n'y a qu'un pas à faire, à condition de ne pas limiter la réussite scolaire à la réussite aux évaluations scolaires...."Seul les résultats comptent (les résultats au sens le plus large, pas au sens tableau de bord pour bureaucrate borné).
Des comparaisons assez éclairantes...Comme Freinet l'imprimerie scolaire
Dire que le numérique devient la « ressource des ressources », c'est bien sûr une projection. C'est se référer à une dynamique en cours, qui n'aboutira jamais à un monopole absolu. Aussi sûrement que le théâtre ou les commerces de proximité existent encore malgré la télévision et la grande distribution...
Et pour lire ?...il restera, pour ne prendre que l'exemple des accès documentaires, des démarches non-numériques pour se documenter.
C'est vrai que c'est la seule chose importante pour évaluer son efficacité.D'autre part, ce processus en est encore à ses débuts. Sur le plan strictement technique, l'école française est actuellement plutôt sous-connectée que sur-connectée.
Et si l'innovation et la modernité, c'était de mettre à distance la modernité qu'on nous impose comme modèle dominant ? Célestin Freinet aurait-il cautionné un tel renoncement à l'apprentissage ?Sur le plan des façons d'enseigner, le recours aux technologies numériques est encore largement minoritaire. Il est le fait soit d'enseignants « innovants » qui usent du numérique comme Célestin Freinet usait en son temps de l'imprimerie scolaire (la « rupture anthropologique » en moins, c'est la limite de cette image)...
On ne cesse de le dire ici. Il faudrait peut-être qu'on l'entende davantage....soit de décisions hiérarchiques ou politiques, comme celles qui a consisté, dans le département des Landes, à équiper il y a quelques années chaque collégien d'un ordinateur portable. Décision tapageuse dont le bilan n'a jamais été tapageusement tiré et pour cause : l'opération n'a en rien influé sur les résultats scolaires de la population d'élèves concernée.
Par définition.La réalité est donc que l'environnement de l'école devient de plus en plus « connecté », plus vite que l'école elle-même.
Curieux comme le numérique est réduit à la seule connexion.Comme l'ensemble de la population, mais peut-être un peu plus du fait de leur niveau culturel, les enseignants sont connectés (le terme devant ici être compris dans son sens maximal : internet + smart phone + réseaux sociaux), même s'ils n'en usent pas directement dans leur enseignement.
De fait.Leurs élèves aussi le sont, même dans les quartiers populaires.
La « fracture » s'est déplacée
Mais non voyons. Il n'y a aucun doute que les élèves seront responsables grâce à une formation adéquate à Twitter. Si Twitter, cet effet de mode, existe encore dans dix ans.A la table ronde des Cahiers pédagogiques je me suis fait reprendre (sur Twitter) pour une supposée erreur sociologique lorsque j'ai soutenu que la généralisation des smart phones remettait en cause les analyses des années passées sur la « fracture numérique ». Je maintiens : là encore, il faut considérer le processus. Tous, loin de là, n'ont pas, dans les « quartiers », un smart phone dernier cri. Mais pour savoir que, comme les coups de vent dans la météo marine, c'est « en cours ou imminent », une enquête sociologique n'est pas nécessaire. Le temps de la mener, et tout le monde sera équipé de son terminal universel.
La « fracture » se reconstitue sur une autre ligne : celle des usages. Twitter, par exemple peut aussi bien véhiculer les délicates notations poétiques d'un écrivain que des lol ou des MDRRRRR !!! à perte de vue sur la dernière émission de téléréalité.
Alleluia !L'école française n'est donc pas super-connectée. Est-ce à dire qu'elle est « en retard » ? Cette notion de retard, si avantageuse pour les fournisseurs et qu'on nous sert depuis l'origine d'Internet, est sérieusement à questionner.
Eh oui... En matière technologique, le retard est ontologique.Que signifie être « en retard » dans un domaine où la technologie change de six mois en six mois ?
Les bergers vont nous damer le pion ! Enfin... quand l'Afrique centrale et occidentale sera dotée d'infrastructures numériques et entrera en voie de développement.Le possesseur d'un Iphone 4 est-il « en retard » s'il ne s'est pas précipité sur le Iphone 5 dès que la quasi injonction lui en a été faite par des médias complaisants ? On pourrait tout aussi bien juger que le plus a priori « en retard », tel le berger peul (aujourd'hui équipé) par rapport au paysan breton, a la possibilité de se caler directement sur le dernier état de la technologie et d'être ainsi provisoirement « en avance ».
La réponse m'intéresse.La notion de retard technologique est donc d'autant plus relative que le seul moyen de ne pas être retardataire serait de se livrer à corps perdu dans la course au dernier modèle, à la dernière version... Pour quoi faire ?
Et le savoir scolaire a toujours besoin d'une mise à jour récente, comme on le sait. La langue, l'histoire, la littérature évoluent aussi vite qu'Android et iOS.Pour quel usage ? Pour répondre à quel besoin ? C'est seulement dans les réponses à ces questions que l'on peut sérieusement considérer être éventuellement « en retard ». En ce qui concerne l'enseignement, ces questions renvoient au fond, c'est-à-dire au rôle du professeur, à la médiation pédagogique, à ce qu'il veut ou à ce qu'il doit « faire passer ».
C'est pourtant ce marketing agressif qui dirige la réflexion sur le numérique à l'école : www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=43&t=274Des entourloupes proliférantes
A lui, à l'enseignant (ou à l'équipe dont il fait partie), et non au service marketing d'une multinationale d'en décider.
Et à l'école d'arrêter une position à ce sujet. Parce que seul est aujourd'hui valorisé l'enseignant innovant et son cortège d'usages numériques à la mode.A lui d'être convaincu - ou non - par l'intelligence des exemples et des dispositifs popularisés par la mouvance des innovateurs férus de numérique. A lui d'apprécier si les avantages surpassent les inconvénients et si ces derniers peuvent être subvertis par un usage éclairé.
L'école doit elle faire entrer Facebook dans ses murs ? Voilà la question que je pose. Des professeurs créent des comptes avec des élèves qui n'ont pas encore l'âge autorisé pour se joindre à ce réseau, d'autres deviennent "amis" avec leurs élèves...Les inconvénients ? J'en ai déjà cité trois dans le précédent billet : dépendance, dévoration du temps et emprise sur l'individu. Ils n'annulent pas la formidable ressource évoquée au début, mais sont quand même dignes d'être pris en considération, non ? On peut y ajouter une forte tendance à la manipulation qui imprègne les réseaux sociaux où les données personnelles sont stockées et exploitées sans vergogne. Selon l'aphorisme trouvé par un internaute anonyme à propos de Facebook et de son apparente gratuité : « si vous ne voyez pas où est le produit, c'est que vous êtes le produit » (voir ici à ce propos, et ici aussi)
Eh oui... Les réseaux ne servent pas à grand chose.Exemple type : « on » m'annonce que mon « activité musicale est suivie par Machinette ». Heureusement, celle-ci a toute ma sympathie. Mais je n'ai rien demandé ! Et si mon vice du moment consiste à chanter vingt fois de suite avec Michel Sardou « ne m'appelez plus jamais France » ou à m'enivrer des Chœurs de l'Armée rouge, je n'ai pas besoin que cela soit proclamé urbi et orbi.
Et d'éviter...Et encore s'agit-il là d'une manipulation bénigne, dans un univers d'entourloupes proliférantes, qu'il faut être capable de repérer et de déjouer.
Cette vieille chose inutile ?Le mépris souverain de la langue
Autre point très négatif, particulièrement dans une problématique d'enseignement : le mépris souverain de la langue.
L'univers numérique, côté fournisseurs de matériels et d'applications, est littéralement hanté par des criminels linguistiques. Des spécialistes de l'injonction aussi pressante qu'incompréhensible, de la recommandation cryptée en martien, de la phrase au sens incertain et à la syntaxe malmenée. Cela peut parfois atteindre au sublime involontaire, la plupart du temps c'est juste bloquant et désespérant.
Un exemple de sublime involontaire, ce message récurrent de Firefox après chaque mise à jour: La Banque de mots de passe a détecté que Firefox a été désinstallé de cet ordinateur. Confirmez la demande de promotion suivante pour supprimer l'assistance de la Banque de mots de passe orpheline.
A chacun de savoir ce qu'il veut, nous pour nos élèves, eux pour leurs clients.D'où cela vient-il ? Peut-être d'un mélange fatal entre la légendaire incapacité à communiquer des informaticiens, l'ignorance ou le désintérêt envers les enjeux linguistiques, venant des techniciens qui élaborent les offres, et une ordinaire vulgarité commerciale. Cette désinvolture et cette vulgarité rencontrent le déclin du statut de l'orthographe et celui du niveau en français des diplômés, pour aboutir à un je-m'en-foutisme intégral en matière d'interfaces de communication, assez choquant de la part d'entreprises de taille mondiale.
Heu... sur Twitter ?Dernier (mais il ne serait pas très difficile d'en trouver d'autres) inconvénient, qui n'est pas le moindre : l'effet de nivellement. On nous avait prédit l'horizontalité des réseaux d'échanges entre pairs, au détriment de la verticalité hiérarchique des bureaucraties. Cette promesse-là s'est réalisée.
Voilà qui rappelle notre réflexion sur Wikipédia .L'information circule, les affinités s'établissent, les propositions se cristallisent et les hiérarchies rigides sont régulièrement malmenées par ces phénomènes sur lesquels elles ne parviennent quasiment jamais à reprendre le contrôle.
Le démagogue, le fanatique et le faussaire
Mais la contrepartie est là : sur Internet et sur les réseaux sociaux, la parole du démagogue, du fanatique ou du faussaire (trois catégories qui se complètent assez bien) vaut celle du sage ou du savant.
S'il était concurrent dans le bon sens du terme, nous n'aurions que des raisons de nous en réjouir.Zéro hiérarchisation, c’est la rançon de l’horizontalité. Là encore, devant cet effet de nivellement, il est légitime d'éprouver des réticences. On peut même comprendre que, dans l'esprit de nombreux enseignants, l'univers numérique soit perçu comme un vaste magma hostile à l'école et au savoir, concurrent et contradictoire avec leur propre enseignement.
Quelle idée, voyons.On peut comprendre qu'ils soient tentés de faire la part du feu, c'est-à-dire de s'accommoder à reculons de certains usages inévitables mais de refuser de faire entrer « le loup dans la bergerie » ou, s'ils sont d'une certaine gauche, le « cheval de Troie du néolibéralisme » dans l'école.
Voilà qui me rappelle quelque chose, avec une certaine Anne de Beaunais .Quitte à agacer, je reviens à Alain Finkielkraut, que j'avais interrogé sur ce thème en avril 2011 pour le supplément éducation du Monde et dont, sans adhérer à son propos, certains arguments m'avaient touché. Lorsqu'on demande un exposé à un élève, « il vous ressort ce qu'Internet lui a offert », disait-il.
Que dire de plus ?[question dans l'interview] Mais n'est-ce pas, en modèle réduit, la démarche que suit tout intellectuel ?
« Non, répondait-il. Il fut une époque où on allait en bibliothèque, on cherchait ainsi des choses qui ne vous étaient pas livrées à domicile toutes mâchées. On en arrive à réduire le monde de l'écrit à la documentation et l'information immédiatement disponibles. Et le problème qui se posera de plus en plus à notre école branchée est celui du plagiat. » (...)
Merci M. Finkielkraut.« Il n'est plus, soulignait-il aussi, aucun milieu social où la transmission du goût de lire ne soit devenue très difficile car l'enfant ou l'adolescent est tenté de passer toutes ses heures de loisir à l'écran avec ses copains. Or c'est seulement dans la solitude que peut s'épanouir la lecture. Et c'est précisément cela que l'Internet fait perdre.
Il faut que je note tout ça quelque part.[question] Ne peut-on reconstituer une solitude de réflexion tout en restant connecté ?
Sans doute, mais si l'on s'en tient au cas de l'élève, il lui faut, à un moment donné, s'abstraire du monde environnant, de son agitation, de son brouhaha, de sa fébrilité, pour se confronter à l'objet de culture silencieux et transcendant qu'il lui est proposé de comprendre. Ceux qu'on appelle les digital natives me semblent en très mauvaise posture. Parce qu'ils lisent, certes, mais plus de la même façon. Ils surfent, ils naviguent et, dans leur grande impatience, ils ont tendance à remplacer le savoir par l'accès au savoir. »
J'en parle longuement dans "Je google donc je sais" .Le sceau du doute
Voilà : « remplacer le savoir par l'accès au savoir » est évidemment une immense erreur à ne pas commettre.
Moi aussi mais elle ne peut être augmentée que par un usage critique et raisonné (et donc raisonnable) des outils numériques.Une ressource documentaire, et même un univers infini de ressources documentaires ne font pas un enseignement. Comme les profs « innovants », comme ces enseignants pionniers, exigeants, qui se lancent dans les usages pédagogiques d'internet, au-delà comme beaucoup de ceux qui voudraient voir l'école au sommet du prestige social, je tire de ces remarques justes des conclusions inverses à celle de Finkielkraut. Là où, comme d'autres, il entrevoit une école altérée, on peut imaginer au contraire une école «augmentée».
Sauf qu'une connexion peut-elle être maîtrisée ? Voir plus haut cette phrase : "l'idée d'un barrage protecteur est vaine"...Je crois que l'école doit être le lieu de la connexion maîtrisée et lucide (par opposition à la connexion compulsive et crédule).
Avec ou sans numérique. On peut très bien parler régulièrement du numérique avec ses élèves sans l'utiliser.Cette maîtrise et cette lucidité ne relèvent pas d'une génération spontanée, mais ne peuvent que découler d'un enseignement.
Confier nos élèves à "une nouveauté enveloppante et brumeuse, souvent déroutante" est quand même problématique. Pourquoi cette urgence et ce refus du temps et de la réflexion pour éventuellement transformer l'école ?Ce bon usage, cet usage éclairé passent aussi, sans doute, par un jeu d'alternance entre des temps de connexion et des temps de déconnexion (cette opposition entre deux modalités a donné lieu à un petit débat sur le blog de Michel Guillou).
Evidemment, tout ce qui précède est frappé du sceau du doute. Le « doute enthousiaste » avais-je dit lors de la table ronde des Cahiers pédagogiques. Avec la distance je doute aussi de cet oxymore. Comme tout le monde, j'essaie juste de réfléchir sur une nouveauté enveloppante et brumeuse, souvent déroutante.
A suivre donc. Je ne sais pas si le numérique peut casser des briques, mais à coup sûr il peut casser l'école.Et quand même enthousiasmante. Si j’ai proféré des bêtises, n’hésitez pas à me reprendre, je reste méchamment connecté.
Un titre étonnant et qui suscite la curiosité.Pédagogie : le numérique peut-il casser des briques ?
Sans oublier les NOE, les Nouveaux Outils Éducatifs...Qu'en est-il du numérique « pédagogique »? Les NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication), les TIC (idem, mais sans l'adjectif « nouvelles ») ou TICE (idem, mais avec le E de Enseignement) sont des acronymes plutôt casse-pieds – car découlant plus du vice des acronymes que d'une réelle nécessité.
Sauf que le numérique ne se résume pas à sa dimension éducative...C'est pourquoi je m'en tiendrai au « numérique », d'autant que les acronymes en question n'ont pratiquement pas été employés lors de l'événement récent qui m'inspire ce billet.
Mais non, c'est un très bon acronyme.Il s'agit de la célébration par les Cahiers pédagogiques (et par l'association éditrice, qui persiste, encore un problème d'acronyme, à s'appeler très déraisonnablement CRAP) du 500ème numéro de cette revue, parue pour la première fois en 1945.
Laissez-moi deviner...Signe important en matière de politique éducative, Vincent Peillon est venu prononcer un discours amical en ouverture de cette manifestation, qui s'est tenue le mardi 30 octobre à Paris dans les locaux de la MGEN à Montparnasse. Un compte rendu en a été fait sur le site des Cahiers.
Tâtonnement expérimental
Lors de cette journée, deux « tables rondes » (façon de parler) ont été consacrées à une réflexion sur l'information en matière d'éducation. J'ai participé à la seconde, sur le thème : les réseaux sociaux sont-ils un moyen efficace de diffuser, propager, étendre les réflexions et pratiques pédagogiques?
Nous connaissons bien Michel Guillou et Stéphanie de Vanssay .J'y étais en compagnie de Serge Pouts-Lajus, Stéphanie de Vanssay, Patrice Bride et le débat était animé par Christine Vallin. On me pardonnera (peut-être) de ne pas en donner ici une relation d'ensemble. J'arrive bien trop tard pour cela et d'autres comme Michel Guillou sur son blog se sont livrés à cet exercice très rapidement après l'événement.
Mais non, le numérique, c'est facile et intuitif. Il suffit de savoir tweeter.Etant facilement sujet au complexe d'imposture, je me suis évidemment demandé, avant cette réunion, ce que je pouvais bien avoir à dire, n'ayant pas lu les quinze livres indispensables en préalable à un tel débat et me trouvant encore, dans la pratique des outils numériques, au stade de ce que les enseignants Freinet appellent le tâtonnement expérimental. Comme la plupart de mes interlocuteurs ou collègues, j'aurais même le besoin, impossible à combler, d'être suivi pas à pas par un « conseiller numérique » personnel.
Aveu intéressant. Il faut former les élèves au numérique, mais personne n'en est capable "hormis quelques ultra-performants".En fait, je crois nécessaire, justement, d'affirmer et d'assumer cet état d'insuffisance ontologique où, hormis quelques ultra-performants, nous laissent les technologies numériques.
L'évolution technologique effrénée fait qu'on n'est jamais à la hauteur au mieux qu'à un instant donné.Assumer est le premier pas pour ne pas se laisser terroriser par le sentiment de ne pas être à la hauteur.
Rien de plus simple à mettre en place.Un coach numérique pour tous?
Eh oui, le numérique, à part dans ses formes dégradées de consommation, demande des connaissances exigeantes.Sentiment infiniment plus répandu qu'on ne le croit. Ayant toujours été plutôt en pointe, dans mon travail journalistique, sur l'engagement vers cette « nouvelle frontière » du multimédia, j'ai maintes fois vécu cette anecdote : ne sachant comment effectuer une opération précise (exemple au hasard : placer un « son » dans un billet de blog), je pose la question à un collègue, puis à des collègues que je croyais plus calés... pour m'apercevoir qu'ils ne sont pas plus avancés et finissent par m'avouer avec réticence qu'ils dépendent de l'intervention d'un spécialiste.
C'est bien vrai, pour le coup. Les groupes technologiques n'ont pas intérêt à former des esprits indépendants et critiques, mais à créer l'accoutumance et la dépendance à leurs produits.L'idée du coach ou du « conseiller numérique » ne relève donc pas de la pure boutade. Et l'univers numérique me semble souffrir depuis quasiment son origine d'un gigantesque défaut : celui de sa propre pédagogie. Défaut très paradoxal, puisqu'il atteint, dans un contexte hyper commercial, un stade où les producteurs eux-mêmes, par leur attitude, entravent le plein développement de leur propre marché en suscitant chez une grande partie des utilisateurs des réflexes de renoncement et de conservation.
On demandait « autrefois » (à l'ère numérique: synonyme d'avant-hier) : qui connaît et utilise toutes les potentialités de son ordinateur personnel ? On peut sans risque de se tromper dupliquer la question aujourd'hui à propos du smartphone, des tablettes et tout autre outil susceptible d'apparaître du jour au lendemain. Juxtaposer, avec une part aléatoire, les habiletés partielles n'est pas maîtriser l'outil.
Sujet souvent discuté ici même. Combien de ces natifs du numérique savent coder en simple programmation web ?Le clivage convenu et quelque peu trompeur entre digital natives et « vieux » contribue à dissimuler ce défaut de pédagogie. Les natives sont souvent bluffants, par leurs capacités à jongler intuitivement, mais restent majoritairement incapables d'expliquer pourquoi une chose a ou n'a pas marché.
Mais qui les domine et les rend dépendants.En cela, ils sont ultra dépendants d'une technologie qu'ils ne dominent pas.
Les "digital natives" aussi. Tout dépend de la volonté de suivre ou pas.Les « vieux » sont évidemment conscients que le numérique n'est pas une donnée naturelle comme l'air qu'on respire, mais se sentent facilement largués à chaque franchissement d'un nouveau cran technologique.
Que l'école, qui est lente par nature, ne peut en aucun cas suivre. On ne peut former qu'à ce qu'on a assimilé. Heureusement, la bonne nouvelle, c'est qu'une bonne culture générale permet d'entrer dans le numérique avec confiance.Et les crans technologiques se franchissent désormais à un rythme accéléré.
Il y a aussi beaucoup de personnes âgées qui s'y sont mises. Les professeurs les plus anciens saisissent leurs notes sur ordinateur et n'utilisent plus le stencil.Un désert explicatif
Pourtant, et c'est une autre critique du clivage générationnel dont beaucoup de commentateurs abusent, seules les « personnes âgées », voire très âgées, ont grandi dans un univers non numérique. Tous les autres ont été progressivement informatisés, d'abord dans leur vie strictement professionnelle, à partir des années 1980, puis dans leur vie sociale et privée.
Maîtriser un outil ne se limite pas à mes yeux à en maîtriser l'usage, mais à en comprendre la mécanique.Leur perte de maîtrise est liée à l'emballement de ces technologies et au désert explicatif que leurs fournisseurs, à chaque étape, ont cru bon de laisser s'installer (message implicite : « maintenant que tu n'as plus le choix, tu achètes et tu nous fiches la paix ») sous couvert de manuels ou modes d'emploi oulipiens en 15 langues et de hot lines au coût prohibitif.
Elle doit remplacer tous les modes d'emplois de tous les smartphones et autres tablettes ?Ce désert explicatif, probablement involontaire, place l'école face à une responsabilité nouvelle qui ne lui serait peut-être pas échue autrement : elle devient la seule force susceptible d'éclairer la masse des élèves sur les ressorts internes comme sur les enjeux de société des technologies numériques.
Et pour les éclairer, faut-il en promouvoir l'usage à l'école ? Le glissement me semble hasardeux.
J'en doute personnellement.Aucun automobiliste, fût-il le moins « mécano » dans l'âme, n'a jamais ignoré le principe du moteur à explosion.
Le parallélisme n'est pas recevable quand les enjeux sont ceux d'une culture. L'histoire est plus importante que la mécanique pour éclairer le futur citoyen.Peut-on en dire autant aujourd'hui du principe du codage numérique ?
Non il y a aussi les véhéments réactionnaires comme moi.Ou, sur un autre plan, du principe de la responsabilité éditoriale ? A ma connaissance, c'est exclusivement chez les pédagogues expérimentateurs que ce type de sujets est jusqu'à présent abordé.
Et auquel l'école insupportablement résiste.Aujourd'hui, particulièrement avec l'instauration récente du smartphone comme talisman et bâton magique multifonctions, le changement a pris une autre envergure. Le numérique ne concerne plus un secteur de notre vie sociale, ni même la juxtaposition d'une série de secteurs séparés (l'informatique professionnelle, l'informatique personnelle, celles de la Sécurité sociale, de la banque, du fisc, des voyagistes, etc). Il est devenu un état de fait sur toutes les facettes, désormais interconnectées, de la vie tout court.
Nous avons dit quelques mots de ce talent : www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=3&t=268Banalités décomplexées
Lieu commun absolu, certes. Mais comment faire autrement ? Se confronter à cette réalité, vouloir y réfléchir, tenter d'avoir (ou d'imaginer) un peu de recul, c'est aussi accepter d'en passer par certains lieux communs. Il arrive même que des propos de prime abord éblouissants sur ce sujet se transforment vite en banalités, comme les fameux « Poucet » et « Poucette » de Michel Serres, dans son brillant discours sur les jeunes générations. Une façon talentueuse, et dans ce cas précis optimiste, d'illustrer l'idée d'une « rupture anthropologique », autrement dit d'un changement dont « on » - ce pronom incluant les grands penseurs - est bien en peine de mesurer les effets et les implications.
Le bon sens serait donc "lieu commun", "erreur", "flou" et "préjugé". La critique ne risque guère d'être virulente dans ces conditions et ce discours commence à tourner à l'apologie déguisée.Réfléchir sur le couple pédagogie / numérique, c'est donc aussi prendre pour point de départ les lieux communs généralistes, au risque de l'erreur, du flou, du préjugé, peut-être même du ridicule en cas d'erreur manifeste. Mais il faut bien partir de quelque chose. Alors, allons-y : déclinons sans complexes notre collection de banalités de premier rang et d'arrière-plan.
Si on suppose qu'une ressource, c'est ce qui est utile, pas seulement et loin de là.Dépendance et dévoration
Banalité number one : « le » numérique – comprendre toutes les possibilités qui nous sont offertes par la généralisation de ces technologies - est donc d'abord, dans l'enseignement comme dans les autres pans de l'activité humaine, une formidable ressource.
Des cas de violence scolaire apparaissent désormais, liés à des confiscation de téléphone portable. mais c'est sans doute un préjugé. N'importe quel parent responsable devrait consulter attentivement les heures auxquels les enfants envoient des SMS ou se connectent à Internet avec leur smartphones à partir des factures détaillées, et les comparer avec les horaires des cours...Mais en même temps qu'une multitude d'effets positifs, il déclenche trois phénomènes conjoints et préoccupants :
1) Un phénomène de dépendance qui s'accentue. Le stress lié aujourd'hui à la perte d'un téléphone portable ou à l'absence soudaine de connexion internet est sans commune mesure avec ce qu'il était il y a dix ans.
Exact. En moyenne 2500 SMS par mois et plus de 80 SMS par jour et par enfant d'après cette étude : www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=3&t=2192) Un phénomène de « dévoration » (quantitative) et de déstructuration (qualitative) du temps par sollicitation permanente. Quel tweeteur impénitent ose seulement mesurer le temps qu'il passe entre les gazouillis qu'il scrute sur sa Time Line et ceux auxquels il réagit ?
Les réseaux ne sont pas sociaux mais commersociaux.3) Un phénomène de prise de contrôle des individus par des forces extérieures. Pas de théorie du complot dans cette remarque : ce type d'emprise existait de longue date, son expression caricaturale étant la ménagère et le feuilleton télé. Mais le feuilleton est désormais infini, la « télé » tient dans une main et les « cerveaux disponibles » appartiennent à toutes les classes sociales et les milieux professionnels.
Surtout que quand M. Cédelle pense "individu" (en référence à lui-même sans doute), je pense "enfant".Entre « infobésité » et décantation
Il en résulte, au niveau de chaque individu, une tension, ou une série de tensions constantes entre des pôles opposés.
Même chose.Entre l'investissement personnel que la jouissance de cette ressource réclame et la capacité à se protéger de l'emprise. Entre l'enthousiasme à s'emparer d'un formidable outil et la résistance à en devenir le jouet.
Temps de déconnexion qui est à l'origine de la nouvelle fracture du numérique entre les parents qui veillent à une utilisation raisonnable du Net par leurs enfants et les autres.Entre la saturation d'informations qui en découle (que certains désignent sous le néologisme « infobésité ») et l'exigence intellectuelle d'un espace-temps de décantation, de recul et de méditation. Entre le temps de connexion et le temps de déconnexion.
C'est bien ce que je pensais.Ces tensions se retrouvent dans mon métier, le journalisme...
Vive le numérique partout et tout le temps ! Et surtout bientôt à l'école....sous la forme d'une confrontation (le plus souvent muette, intérieure) entre les perspectives ainsi apportées par les outils nouveaux et le cauchemar du travail sans fin ni pause que leur existence fait se profiler.
N'est-ce pas la fonction de l'école de mettre à distance et de donner ce recul critique et cette sérénité de réflexion ?Un autre exemple de tension est celle qui s'installe entre de passionnantes approches nouvelles dans l'élaboration de l'information (par exemple le « crayon numérique », dont parlait Luc Bentz sur son blog) et l'accentuation de la dictature du live, du temps réel, de l'extrême immédiat au détriment de l'analyse et de la profondeur.
Une problématique qui n'est pas celle des élèves.On voit bien qu'à chaque pas, de formidables gains peuvent être réduits à néant par une mauvaise balance ou par un réglage contraint (par les impératifs de productivité), exigeant du professionnel un type de rendement irrespectueux de son autonomie professionnelle.
C'est très vrai. Le numérique peut offrir l'illusion d'un travail soigné et personnalisé, qui est en réalité totalement standardisé.On voit aussi que, chaque fois que l'on croit avoir trouvé, par le truchement d'une application ou d'un matériel nouveau, un raccourci dans la production d'information, on se trompe : le raccourci n'est qu'apparent. Il réside seulement dans l'alliage d'un procédé de diffusion et d'un certain type d'information, par exemple un tweet composé d'une phrase brève et d'une photo. Mais un « beau travail » numérique (par exemple un docuweb) prend finalement au moins autant de temps qu'un travail classique « anténumérique », et même l'hyper rapidité suppose une soigneuse préparation préalable.
Tout le monde, ou presque, parce que le numérique s'impose par la force d'un certain terrorisme intellectuel.Motifs de prudence
Ces tensions, ou des déclinaisons spécifiques de ces tensions se retrouvent évidemment dans le domaine de la pédagogie. Faut-il, selon un principe présenté partout comme l'évidence « faire entrer l'éducation dans l'ère numérique » ? Presque tout le monde, l'auteur de ces lignes compris, répond positivement.
Certains en appellent malgré tout à une réflexion nécessaire et critique dans le bon sens du terme.
Effectivement, ce peut être avisé...Il existe, cependant, différentes façons de répondre positivement. Et il peut être avisé de prendre en considération des motifs légitimes de prudence, de vigilance et de réserve.
Quelle injonction consternante : l'école doit entrer dans le numérique pour éviter la "ringardise" !Mais commençons par le positif.
Oui, l'école doit entrer de plain-pied dans l'ère numérique car elle ne gagnerait rien à se positionner aux yeux des élèves comme une instance définitivement ringarde et coupée de la vie.
Quant à "être coupée de la vie", elle ne l'est jamais. L'école, c'est la vie continuée, mais autrement. Et heureusement que par bien des aspects elle ne ressemble pas au quotidien des élèves.
On est dans l'image et la représentation, rien de plus.Oui, car le numérique, sa possession, sa mise à disposition sont aussi une question de prestige et que l'école, au sein du système social, a un rang à tenir : son inscription dans le dernier niveau technologique en date y contribue.
Les établissements scolaires sans téléphone, c'était il y a très longtemps, je pense...Aussi sûr qu'un établissement scolaire sans téléphone ou sans matériel de projection cinématographique était inimaginable il y a quelques dizaines d'années, on ne pourrait concevoir aujourd'hui une école a-numérique.
Il le sera ontologiquement toujours, pour des raisons de moyens et de retard technologique. On peut aussi concevoir cet univers comme celui du non-équipement : c'est un choix. Pour enseigner dans ma matière, je n'ai besoin que de ma voix, d'une craie et d'un tableau.Comment un élève pourrait-il admettre que l'univers scolaire soit, par rapport au reste de la société celui du sous-équipement ?
Mais l'apprentissage, est-il changé positivement par le numérique ? C'est la seule question qui importe puisque nous parlons de l'école.Qui plus est, dans les domaines qui le fascinent et changent aujourd'hui tous les aspects de la vie ?
Un jeu vidéo en ligne, un site de vidéos porno, un site de corrigé tout faits, des vidéos débiles, des réseaux sociaux pour échanger des devoirs ou publier des images de professeurs filmés , ce sont des ressources ?Oui, car le numérique – avec mes excuses pour la répétition du lieu commun numéro un - est une ressource.
Je considère pour ma part que c'est l'inverse. Ce sont les ressources scolaires qui donnent accès à Internet.Il est même en passe de devenir, chaque jour de manière de plus en plus marquée, la « ressource des ressources », celle qui donne accès à toutes les autres.
Au nom de sa mission : donner une culture aux élèves.Au nom de quoi l'école devrait-elle s'en priver ?
Ça fait peu pour du positif. D'autant que M. Cédelle semble avoir oublié quelques points négatifs majeurs, en plus d'oublier de considérer les élèves comme différents des adultes.
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Pour le regard critique sur l'école numérique, il y a de l'espoir, même au CRAP !
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Extrait :
Que dire d’autre à propos de cette lamentable affaire qui met à mal l’innovation numérique ? Il reste à espérer que ce cauchemar cesse au plus vite, que la professeure haut-savoyarde en question puisse très vite recommencer à travailler avec Twitter
Pour ceux que, comme moi, s'interrogent sur l'apport pédagogique concret de l’utilisation du numérique, cette phrase édifiante de Michel Guillou :
Le moment n’est plus de s’interroger sur les éventuels bienfaits du numérique sur les apprentissages. Il faut avancer, ensemble et résolument.
Au moins c'est clair.
C'est donc bien l'outil qui doit façonner l'enseignement, et non plus l'inverse.Il reste beaucoup à faire pour banaliser l’usage et intégré du numérique dans les pratiques disciplinaires. Sans doute faut-il faire évoluer les programmes, changer les modes d’évaluation et agir sur la formation.
Les professeurs sont très nombreux à utiliser les outils numériques pour préparer leurs cours ou pour des usages administratifs. En revanche, à peine plus d’1 professeur sur 5 propose à ses élèves, au moins une fois par semaine, des activités en classe où les élèves peuvent manipuler des outils numériques.
Ils sont très rares à proposer des activités numériques qui favorisent le dialogue, le débat, l’échange et le travail collaboratif, avec ou entre les élèves, avec les parents.
Il y a encore loin entre les pratiques personnelles et les pratiques professionnelles. Le chemin est long pour changer les postures magistrales et permettre les échanges.
Peut-être parce qu'un adulte ne fait pas le même usage du numérique qu'un enfant, chose qui est valable pour beaucoup d'autres domaines de la vie d'ailleurs.
Si les jeunes sont massivement pourvus de téléphones mobiles — ils sont 93 % à en posséder un à 15 ans —, ils s’en servent rarement pour téléphoner, préférant l’utiliser pour envoyer des textos ou pour les réseaux sociaux. Plus d’1 téléphone mobile sur 2 est en effet maintenant un ordiphone connecté.
Les jeunes n’ont que très rarement, sur le lieu de leur scolarité, accès, de manière autonome ou encadrée, à des ressources numériques. Il y a encore beaucoup à faire pour ouvrir les murs clos de l’école à l’Internet et aux ressources numériques.
Suis-je le seul à noter une contradiction évidente entre les deux propositions précédentes ?
On apprend au passage qu'un smartphone s'appelle un "ordiphone".
Des chiffres qui montrent qu'il faut absolument coller davantage les élèves devant les écrans à l'école !En revanche, la plupart des enquêtes montrent que ces pratiques numériques sont parfois très gourmandes en temps : si les jeunes de 12 à 17 ans passent en moyenne 5 h par jour en ligne (ordinateur, tablette, smartphone voire télévision connectée), ils sont 1 sur 10 à y passer plus de 10 h par jour. Quand dorment-ils ?
Comme dit Michel Guillou en bonne logique ]Le téléphone est le terminal mobile que l’enfant a sur soi pour augmenter sa vie sociale et accéder à l’information. Pourquoi le bannir de l’école ?[/quote]
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Comme c'est gentil ! Avec le soutien de Free et GDF Suez...Avec les NOE, l’École de la République a aujourd’hui un rendez-vous décisif. Elle est toujours en partie celle de Jules Ferry, ayant connu des décennies de croissance sans que ses structures aient changé en conséquence. Le rapport de notre société au savoir et à son apprentissage s’en trouve remis en question. L’usage massif des NOE, plutôt que leur montée lente et accessoire, est-elle la clef d’une réforme de l’éducation mieux affranchie de contraintes matérielles, aux moyens démultipliés, davantage personnalisée, et redonnant toute leur importance aux missions pédagogiques ? Cette hypothèse est la raison d’être de ce colloque. L’ADN réunit les acteurs du monde éducatif avec les experts qui travaillent à l’élaboration des nouvelles méthodes comme des nouveaux usages.
Parmi les invités, aucun professeur du primaire ou du secondaire en exercice, bien entendu. Entre autres invités : Michel Guillou et Gilles Babinet dont nous avons déjà parlé sur ce forum.Le débat sera animé par Benjamin Chaminade, "expert international franco-australien, spécialisé en innovation sociale et managériale. Il assiste les PME et les grandes organisations françaises et internationales à faire évoluer leurs pratiques de gestion des talents, de management et de marketing liées aux nouveaux paradigmes de l'économie, des technologies et de l'éducation. Créateur du site generationy20. com, il est également l’auteur de 15 ouvrages dont Génération Y – Manuel à l'usage des responsables RH et des managers, Studyrama, 2008.
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Extrait ]4. Le plagiat : utilisation de logiciels de détection…
Je voudrais m’attarder un peu sur ce dernier point qui concerne surtout les professeurs d’université qui lisent et relisent des thèses ou mémoires partiellement voire intégralement plagiés. Je comprends la difficulté de leur mission et leur douleur, bien sûr. Mais n’est-il pas vraiment temps, comme d’ailleurs pour l’ensemble de l’évaluation continue et des examens, de réfléchir sereinement à d’autres formes d’évaluation des productions scolaires ou universitaires qui ne seraient que la reproduction ou la restitution de ce qui a été lu ou entendu ailleurs. Par ailleurs, quand les connaissances sont à ce point disponibles urbi et orbi, comment éviter la redite d’opinions ou d’idées déjà émises ailleurs sous une forme presque identique ? Ce billet n’est, lui-même, qu’un plagiat mal fichu de toutes mes lectures ou de tous mes échanges précédents avec tous ceux que j’ai rencontrés et m’ont tant appris…
Force est de constater que la raison, l’imagination et l’innovation ne sont pas au pouvoir quand l’école ou la société ne sont pas capables, pour répondre à un problème nouveau, d’autre chose que de trouver de misérables réponses techniques et, le plus souvent, exclusivement techniques, à des difficultés réelles.
Il n’y a pas de solution exclusivement technique à un problème sociétal ou citoyen nouveau.
Combien de temps faudra-t-il encore répéter un tel truisme ?
[/quote]
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Échange éloquent avec une future personnelle de direction sur Twitter, Delphine Barbirati, contestant la baisse de niveau et relativisant l'importance de la lecture : "les savoirs ont changé [...] le niveau baisse, c'était le cas quand j'étais élève... Alors ça me fait marrer". Interrogée sur ces savoirs plus importants que lire et comprendre un texte : "ben je peux comprendre sans lire. Deux compétences différentes [...] et je ne vois pas en quoi le faite ne pas lire "de manière fluide" devrait l'empêcher d'accéder à des savoirs."
Extrait :
C’est le système même du type d’épreuves proposé au baccalauréat, comme d’ailleurs dans la très grande partie des évaluations ordinaires, des moments longs de restitution individuelle de connaissances, sur des journées prévues à cet effet, qui est un substrat favorable à l’utilisation de méthodes malhonnêtes et à « la triche ».
Et si on se préoccupait enfin de changer ce baccalauréat qui a bien vieilli ? Déjà, les pays scandinaves se sont penchés, eux, sur la mise en place d’épreuves différentes aux examens où les candidats peuvent accéder à des bases documentaires en ligne, non pour y copier-coller ce qu’on y trouve, mais pour utiliser ces savoirs disponibles à la résolution raisonnée de problèmes. C’est aussi ce qui se fait maintenant chez nous, de manière heureusement plus fréquente, dans bien des examens universitaires ou dans certaines épreuves de recrutement des professeurs, Capes ou agrégations. Peut-être serait-il possible enfin d’évaluer les compétences des candidats à la publication et au travail collectif collaboratif ?
Pourquoi ne pas y réfléchir, dès maintenant, pour ce qui concerne le bac 2013 ?
Le Dgesco a tenu à rappeler, à l’occasion d’une conférence de presse pour lancer le baccalauréat 2012, que la triche était une « faute morale ». Certes. Mais c’est, à mon avis, une bien plus grosse faute morale que de ne pas tenir compte, d’années en années, des évolutions de la société numérique, des modes nouveaux de transmission des connaissances et des savoirs, des pratiques numériques médiatiques des jeunes, tels qu’ils sont, tels que nous les avons faits.
Une faute morale contre la société et sa jeunesse.
Le reste de l'année s'est passé de manière assez complice : et, maintenant qu'ils sont en Terminale, ils en reparlent toujours quand je les croise.
J'aimerais dire à ce monsieur que, pour avoir été obligée d'avoir un ordinateur en cours depuis le collège, j'ai toujours préféré à cet outil l'odeur et le toucher des livres de la bibliothèque, heureusement bien fournie, de mes parents. Aucun logiciel ni aucun forum axé sur la littérature, ni encore moins les articles à propos d'un ouvrage, ne sont nécessaires à la compréhension des textes. Cela peut s'avérer un utile complément parfois, tout comme un danger, si utilisé sans discernement.
Loys, pour être très franche, je ne suis pas sûre d'approuver à 100% votre jolie farce. J'aurais été très tentée de faire la même, mais quelque chose me chiffonne dans le procédé. Il faudra en rediscuter à l'occasion. En revanche, je suis persuadée que si Internet est un réel atout pour enrichir une culture et un épanouissement intellectuel pour peu que ces derniers aient une bonne base solide en dehors de cet outil, il peut devenir un piège redoutable pour qui a un cerveau un poil paresseux.
Euh, j'ai la vague impression de débiter un tas d'évidences, là, non ?
Twitter brouille encore un peu plus les frontières entre vie privée et vie publique. C'est un réseau social public. Tout le monde à ce jour, à commencer par ses abonnés, a accès aux tweets de M. Guillou , au même titre qu'un blog : il ne tient qu'à lui d'assurer la confidentialité de ses tweets dans les paramètres de son profil Twitter : les insultes deviendront alors semi-publiques puisqu'elles ne seront diffusées qu'à ceux qu'il approuve pour les recevoir.archeboc écrit: Je ne comprends pas bien, les tweet de Mr Guillou, ils sont privés et vous vous êtes introduits dans son système ?
Pour l'injure publique, je ne suis pas juriste et je ne suis pas sûr qu'il s'agisse d'un délit dans ce cas précis.
Ou bien ce monsieur pratique l'injure publique ? Et dans ce cas, une plainte de votre part est-elle en cours ?
A.
Je cite cette phrase qui me laisse rêveur :
Michel Guillou écrit: est-il possible en 2012, d’enseigner les lettres, et, par exemple, la pratique de l’oral sans un engagement numérique ? Est-il possible, aujourd’hui, d’enseigner la géométrie sans utiliser les excellents logiciels qui permettent de le faire ? Est-il possible d’enseigner quelque matière que ce soit sans qu’à aucun moment, on ne se préoccupe de ce que le numérique peut apporter à l’enseignement soi-même et à la réussite des apprentissages ? Pour ma part, je ne le crois pas.
L'article est hébergé sur un serveur de Michel Guillou, dont nous avons déjà parlé ici .
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
M. Guillou vient de publier aujourd'hui cet article qui en dit long sur sa pensée de l'école : "Numérique : ce qu’il va falloir casser pour que ça avance…"
Et pour casser, il faut casser : les murs et les meubles, les temps scolaires, les disciplines et les modes d’enseignement, l’évaluation et les examens, les postures et les discours, les missions, les relations avec les élèves, les parents…
Mon expérience est éducative... n'en déplaise à M. Guillou.Éduquer aux médias numériques… Mais qui va s’en occuper ?
Trois invectives dans la première phrase, voilà qui augure d'une réflexion posée et sereine. Mais pourquoi tant de fébrilité ?Le buzz incroyable né de cette lamentable affaire de professeur imposteur cynique...
C'est stupéfiant en effet : des personnes avec un sens critique et une pertinence d'analyse qui ne sont pas d'accord avec M. Guillou. Comment donc est-ce possible ?... — je ne vous mets pas les liens, vous chercherez tout seuls… — a eu au moins une conséquence heureuse, au-delà du très fort et étonnant clivage qui a séparé ceux qui trouvaient ça bien (dont, à ma grande stupéfaction, certains de ceux dont j’avais pris l’habitude d’apprécier le sens critique et la pertinence d’analyse, comme quoi…) et ceux qui, à raison, me semble-t-il, trouvaient ça consternant.
L'enseignement des lettres est une mission déjà bien ardue pour qu'on ne lui ajoute pas des missions superflues : de toute façon, qui sait lire Voltaire, Zola et d'autres auteurs peut sans difficulté affronter les médias numériques avec tout l'esprit critique nécessaire. Il est même curieux d'imaginer une "éducation" à l'esprit critique compartimentée, tournée seulement vers les "médias numériques".En effet, il y a, à l’évidence, comme un frémissement consensuel, d’un côté et de l’autre, pour réclamer que le système éducatif se préoccupe enfin d’éduquer aux médias et, en l’occurrence, car l’enjeu est de taille, aux médias numériques.
Chacun son militantisme. Le mien est tourné vers une culture, le vôtre vers un médium.Je ne m’y attendais pas. Ceux qui, comme moi, sont depuis très longtemps des militants acharnés de l’éducation aux médias numériques en sont fort heureusement surpris.
Vous vous trompez : www.missionfourgous-tice.fr/Il ne faut pas non plus montrer trop d’enthousiasme. En effet
- nous sommes sur ces médias entre nous et la gent politique, toute accaparée par le débat électoral, ne se préoccupe pas plus que ça, voire pas du tout, de ces enjeux-là ;
L'entrée du numérique à l'école en tant que telle n'est jamais questionnée. La seule question qui vaille est : quand le numérique va-t-il enfin prendre toute sa place (toute la place ?) à l'école ?- l’actualité n’effleure que de manière furtive l’interrogation et la réflexion des aréopages du système éducatif, préoccupés par d’autres contingences matérielles ou corporatistes ;
- les parents, avec qui l’on devrait partager ce chantier, ont aussi curieusement d’autres priorités — la suppression des devoirs à la maison est leur nouveau, mais pas très récent, combat ;
- le développement du numérique a pris, en France, un tel retard — se reporter, par exemple, à « Le numérique, ça devrait être obligatoire ! » — que l’éducation aux médias semble passer au second plan des préoccupations des acteurs, dont les élus des collectivités ;
Il y a pourtant quelques penseurs qui interrogent les dangers de la révolution numérique.
Heureusement qu'il y a M. Guillou. Et quand il y a un professeur qui se préoccupe de ces questions et les porte sur la place publique, il devient un "imposteur cynique".- les professeurs eux-mêmes, à de très rares exceptions près, ne se préoccupent que pas ou peu de ces problèmes-là, soit par paresse ou désintérêt, soit parce qu’ils ont décidé que ça ne les concernait pas ou que c’était l’affaire des parents, soit enfin, le plus souvent, parce qu’ils ont « le nez dans le guidon » avec les contingences quotidiennes de l’enseignement de leur discipline…
C'est évidemment une priorité pour l’Éducation nationale. La lecture ou l'écriture ne sont que secondaires (cf Copies non conformes ).Alors, à supposer que l’éducation aux médias numériques apparaisse, par miracle, comme un chantier prioritaire, qui va s’en occuper ?
Ou pour simplifier entre ceux qui savent lire et ceux qui ne savent pas...Il existe, dans le second degré, des professeurs dont c’est justement une des préoccupations, au cœur même de la mission qu’on leur a confiée. La Fédération des enseignants documentalistes de l’Éducation nationale ou FADBEN vient de tenir congrès. Dans une lettre aux candidats à la présidence de la République, ces professeurs réclament que « la mission enseignante des certifiés de documentation [soit] suffisamment définie à l’aune des besoins reconnus [et soit] mise à contribution à la hauteur de leur expertise et de leur ambition » :
« Si des politiques soutenues du développement des réseaux numériques, cette dernière décennie, ont concouru à démocratiser les accès aux ressources et les connexions en réduisant la fracture numérique, elles laissent cependant le fossé continuer à se creuser entre ceux qui savent tirer parti de ces outils et de ces ressources et ceux qui ne possèdent pas les rudiments de cette nouvelle culture de l’information et des médias.
Le concept de "culture informationnelle" est passionnant en soi, puisque, abusivement employé, il ne désigne pas une culture à proprement parler, mais un ensemble de techniques pour appréhender une culture qui est externe à nous.[…] Le développement d’une culture informationnelle à l’école représente donc un défi pour la formation de la jeunesse du XXIe siècle. Connaître le fonctionnement des médias, savoir estimer la valeur de l’information sur l’Internet, avoir une vision claire des intérêts économiques qui animent des ténors du web tels que Google, Facebook ou Amazon, s’intéresser à l’histoire des technologies qui accompagnent aujourd’hui tous nos actes dans les sphères privée, sociale et professionnelle, savoir maîtriser son identité numérique en étant conscient des traces laissées sur le web, pouvoir analyser et comprendre un monde complexe où le numérique a brouillé les repères dans l’usage et l’appréhension de l’environnement socio-technique, tout cela participe à ce que l’on appelle la culture informationnelle, ce qui représente un formidable et nouvel enjeu de société pour le monde de l’Éducation. »
N'oublions pas, pour rendre justice aux professeurs-documentalistes, que l'idée de ma supercherie m'a été soufflée par l'une d'entre elles.
C'est grave, en effet.Je suis pourtant d’avis, une fois ces principes réaffirmés, que l’avenir n’est pas rose. En effet seuls les jeunes professeurs documentalistes ont été formés à la littératie médiatique et à la culture informationnelle.
En faisant davantage de numérique à l'école, pardi !Par ailleurs, à supposer que tous ou presque soient formés, compétents et enthousiastes, le chantier est d’une telle importance qu’il sera nécessaire de partager ce travail en direction des élèves avec les autres enseignants et avec les parents. Comment faire ? Comment organiser les enseignements ?
Car j'ai "dérouté" mes élèves en mettant en doute ce qu'on peut trouver sur le web...Enfin, comment faire pour former les cadres administratifs, les inspecteurs, les chefs d’établissement, les professeurs eux-mêmes ? Comment leur faire acquérir le socle culturel numérique suffisant pour qu’ils puissent aider — et non dérouter — leurs élèves ?
Où l'on retrouve une vieille lune des nouvelles pédagogies, l'interdisciplinarité. Encore une fois ce débat sur le numérique que j'appelle institutionnel est hors sujet, du moins tant qu'il ignore la question du numérique sauvage.La FADBEN pose les bonnes questions aux hommes politiques : « Seriez-vous favorable à l’intégration de l’éducation aux médias, de l’enseignement info-documentaire et de la maîtrise des TIC dans le cadre d’une culture informationnelle globale ? Comment envisagez-vous la place de la culture informationnelle dans l’Éducation ? Seriez-vous favorable à la mise en place de ce nouvel enseignement à la culture de l’information et des médias (culture informationnelle) en interdisciplinarité, s’appuyant sur un curriculum et permettant au professeur documentaliste, dans le cadre d’un enseignement modulaire, de représenter les sciences de l’information communication ?
Allons plus loin : et si une grande partie de l'enseignement n'avait aucunement besoin de cette prétendue "culture informationnelle" ? Mes élèves, pour lire et comprendre un texte, n'avaient pas besoin de médias. Le média, comme son nom l'indique, vient même s'interposer entre l'élève et le texte à étudier. En l’occurrence, c'est le média, qui en se substituant à leur réflexion, les a empêchés de réfléchir et de comprendre le texte.
La littérature, les mathématiques, la philosophie et bien d'autres disciplines passionnantes ne font pas partie du "tout numérique", seul horizon d'attente de M. Guillou. Et c'est tant mieux.Comment pensez-vous maintenir l’accès égalitaire pour tous à la culture et au savoir au regard de nouveaux modèles économiques du tout numérique ? »
J'ai répondu à Yann Houry. Et je remercie M. Guillou pour son amabilité finale.Je vous renvoie pour terminer à cet article tout récemment paru de Yann Houry qui clôt, et de belle manière, le débat à propos du « pourrisseur du web ».
Voilà qui me fait penser à ses tweets sympathiques. C'est pas toujours joli joli le numérique :
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.