"Forum : Les Tice pour la réussite de tous, oui mais à quelles conditions ?" (Café Pédagogique)

Plus d'informations
15 Oct 2012 10:30 #1598 par Loys
Un énième expresso pro-numérique dans le "Café Pédagogique" du 8/10/12 : "Forum : Les Tice pour la réussite de tous, oui mais à quelles conditions ?"


Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
15 Oct 2012 10:50 #1599 par Loys
Forum : Les Tice pour la réussite de tous, oui mais à quelles conditions ?

Telle la poudre de perlimpinpin dans une formule magique, les Tice sont-elles investies du pouvoir de transformer à elles seules l’enseignement ?

Le discours magique, concernant le numérique, est pourtant celui qu'on entend le plus . Et les voix les plus sceptiques - dont la mienne - sont inaudibles dans l'EN.

L’atelier « les Tice pour la réussite de tous » a rebattu dans ses échanges les cartes du changement, pour en tirer les cartes maitresses, celles qu’il faut redessiner et biseauter.

Titre d'atelier ambigu, qui présuppose que les TICE ou bien peuvent contribuer ou bien peuvent assurer "la réussite de tous". Et qui, en n'évoquant que le numérique institutionnel, oublie - bien entendu, c'est maintenant une habitude - le numérique sauvage, dont les bénéfices sont - eux - plus que douteux.

D’un constat apparemment partagé sur les effets bénéfiques des Tice sur la démocratisation de l’école...

Ces ateliers de la refondation ont donné d'étranges "constats partagés", comme celui sur le socle de compétence... Pour ma part, je considère les TICE comme une des plus entraves à la démocratisation de l'école. :spider:

...naissent des divergences sur les conditions mêmes d’initiation et de diffusion des pratiques. Développer l’usage des Tice nécessite la mise à disposition de matériels. Oui mais comment ? Est-ce uniquement à la collectivité locale de s’en charger ? Doit-elle le faire à partir d’un projet déposé par une équipe, une école ?

Voilà qui s'est rarement vu. L'inverse est plutôt la règle : les collectivités équipent des établissement qui n'en voient pas ou peu l'utilité.

Pour les tablettes ou les portables, est ce sous forme de prêt, d’achat ? Derrière ces questions apparemment triviales, se cachent des préoccupations profondes sur la gouvernance et le financement du développement des Tice.

"Profondes" mais sur la forme uniquement.

Présentée lors de l’atelier, la Ticothèque créée par le conseil général du Morbihan met à disposition à la demande des enseignants des équipements complémentaires, tablettes, tableau interactif, matériel d’EXAO… . Le CRDP de l’Académie de Nice propose un dispositif du même type, un « Learning center » mobile composé nous dit sa directrice. L’un est financé par le Conseil Général, l’autre par l’Etat mais la finalité est la même : mettre à disposition un équipement pour outiller les projets pédagogiques.

Bizarre d'"outiller des projets pédagogique" (ah ! ce novlangue pédagogique me surprendra toujours) sans savoir quels ils sont. En même temps voilà un bon résumé de ce qu'est un "projet pédagogique".

A la question de « qui met à disposition » se greffent deux questions subsidiaires. Tout d’abord, on se demande à qui fournit on les équipements : à l’établissement, à la classe, à l’enseignant, à la famille, à l’élève ? Les pratiques divergent selon les collectivités et induisent ainsi des inégalités territoriales.

C'est inadmissible que Kevin ait un iPad 1 quand Jean-Arnaud a un iPad 3.

Dommage que cette question des "inégalités territoriales" ne porte pas sur les effectifs d'enseignants ou de surveillants. On a les débats qu'on mérite.

Alors, on se demande comment réduire ces inégalités. Doit-on repenser les répartitions d’attribution et faire des CRDP des agences co-pilotées par l’Etat et les collectivités territoriales chargées de l’équipement des établissements ?

Grave problème. Pour lutter contre les inégalités territoriales, il faut donc plus d'étatisme centralisé et donc encore moins (si c'est possible) de consultation des premiers concernés, les enseignants. On fournit l'équipement, trouvez le projet pédagogique qui va avec.

Doit-on mettre en place un système de péréquation avec une régulation au niveau nationale. L’acte III de la décentralisation clarifiera sans doute les choses, il restera à définir le cadre technique d’une politique d’équipement gommant les inégalités entre les territoires. On n’apprend pas pareil à Roubaix ou à Mont de Marsan, à Quillan ou à Vannes, cette différence ne pourra être totalement gommée mais pour une véritable école démocratique, elle devra s’estomper.

Des tablettes pour tous !

Respecter les différences nées du contexte et des pratiques locales tout en garantissant un accès au savoir identique pour tous, la conjugaison de la refondation et de l’acte III de la décentralisation ne sera pas de trop pour définir les moyens d’atteindre cet objectif.

Ou comment ménager la chèvre et le chou au moins dans une jolie phrase.

Lorsque l’école, la classe ou les élèves bénéficient de l’équipement, comment faire pour développer les usages ?

Voilà qui trahit bien la philosophie générale : l'équipement d'abord, les usages ensuite.

Un certain consensus se dégage autour d’un accompagnement de proximité en fonction des projets et des besoins plutôt qu’une formation ponctuelle, un accompagnement par les usages que Bertrand Formet met en œuvre dans le Jura en tant que conseiller Tice. Il va même plus loin dans les propositions qu’il émet lors de l’atelier : il suggère que cet accompagnement de proximité s’enrichisse des apports de chercheurs. Pourquoi ne pas mettre en place aussi une équipe de scientifiques au niveau de l’Académie pour accompagner les enseignants ? Développer les usages pédagogiques avec les Tice amène des interrogations sur les pratiques, l’accès aux contenus, les méthodes d’apprentissage, des interrogations qui débordent la technique et nécessitent un autre éclairage, une prise de recul mobilisant différentes disciplines scientifiques.

Vive l'expérimentation pédagogique !

La classe est équipée, l’enseignant accompagné, maintenant se pose la question des outils et des usages. Peut on utiliser des outils « commerciaux » doit-on former en s’appuyant sur des réseaux sociaux ou des moteurs de recherche développés par des sociétés loin d’être philanthropiques.

Je suis ravi que la question soit posée !

Certains disent non de crainte que les données et images créées, mises en ligne en classe deviennent propriété de ces sociétés. Et bien si justement disent d’autres, l’usage de ces outils encadré par un enseignant permet une éducation à l’image, vectrice de bonnes pratiques.

De bonnes pratiques pour "ces sociétés" ? :mrgreen:

Les élèves utilisent les réseaux sociaux chez eux, parfois sans prendre les précautions de base, il vaut mieux leur apprendre pour les préserver des dangers et utiliser à bon escient les potentialités de ces outils.

Et à devenir de bons petits consommateurs et citoyens narcissiques.

Une troisième voie se dégage de l’atelier : pourquoi pas des usages en classe mais ce n’est pas à l’institution, à l’Etat de prescrire l’utilisation d’outils commerciaux dans la classe. Autrement dit, une éducation aux médias est nécessaire mais le choix des outils doit rester dans la sphère de la liberté pédagogique de l’enseignant.

L'atelier est trop bon ! :fur

Bref, chacun fait ce qui lui plaît. Voilà une réflexion de fond sur les usages du numérique.

Plus largement, utiliser les Tice, éduquer au média suppose un bon niveau de connaissances du cadre juridique. Une formation s’impose là aussi.

Savoir que Facebook est interdit avant treize ans, par exemple.

Egalité d’accès aux équipements, un accompagnement aux usages de proximité, liberté pédagogique dans les limites du cadre légal, les trois éléments débattus lors de l’atelier ont montré les divergences d’appréciation sur la répartition des rôles et les différents outils utilisables. « Avec ce sujet, on tombe facilement dans le manichéisme » nous disait un participant. « Ringards » contre « Inconscients », nous aurions pu craindre une pluie d’invective, un tombereau de paroles définitives.

Je me classe volontiers dans les "ringards". C'est vrai quoi, enseigner la littérature et faire lire les élèves, c'est d'un obsolète.

Et non, je me permets de contredire ce participant en constatant la diversité des arguments proposés, opposés mais qui dessine toutefois des pistes. Utiliser les Tice pour la réussite de tous nécessite une régulation nationale sur les moyens, un accompagnement de proximité et une sphère de liberté pour construire projets d’établissement et de classe.

Toutes choses qui sont donc contradictoires et prometteuses d'une belle gabegie numérique, déjà constatée par les acteurs locaux . :scratch:

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Propulsé par Kunena