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Résumé : Les multinationales américaines sont capables d'offrir un service uniforme sur toute la planète. Pourquoi la France ne peut-elle pas offrir une école de qualité uniforme pour tous ? Que l’Éducation Nationale s'inspire des recettes de Starburcks, et pour commencer, qu'elle donne aux proviseurs le droit d'embaucher qui ils veulent.
Réfutation :
- Non, les multinationales n'offrent pas un service uniforme sur toute la planète. Si vous habitez à Lyon, Lausane ou Paris, vous avez un Starbucks à moins d'une demi-heure. Si vous êtes à Oyonnax, à Saint Jacut ou à Pontarlier, à Grenoble, Brest ou Limoges, vous devrez vous passer de votre breuvage standardisé. Plus de la moitié de la population française n'a pas son Starbucks à côté de chez lui.
- Non, sous la IIIe République, l'éducation n'était pas uniforme. Il y avait une école pour les pauvres, avec une forte sélection, et le lycée pour les bourgeois et quelques boursiers.
- Non, Starbucks n'offre pas la même expérience à tous ses clients : le client qui n'a pas de quoi payer n'aura droit qu'à un sourire poli, et celui qui se tient mal aura droit à un coup de pied dans le derrière pour l'accompagner vers la sortie. Pendant ce temps-là, l'école publique est gratuite, et scolarise vraiment tout le monde.
- Non, tous les enseignants ne sont pas recrutés nationalement : environ la moitié d'entre eux, les enseignants de primaire, sont recrutés au niveau départemental. Curieusement, c'est là que l'on a le plus de mal à assurer un service égal pour tous. Curieusement, c'est en primaire qu'il y a les plus gros déséquilibres entre les banlieues riches et les banlieues pauvres. On a fait par exemple un concours spécial dans le 93 pour donner une deuxième chance aux recalés des concours de toute la France.
Bref, ce papier nous renseigne moins sur l'état de l'éducation en France que sur la caste des chroniqueurs, sur ses préjugés et sa suffisance, ses tropismes consommateurs urbanisés et son éloignement des réalités que vivent la plupart des français.
La question de l'uberisation de l'éducation méritait mieux.
M. Aberkane est un habitué de ce genre de provocation : il a déjà fait bien pire... Précisément, le même qui considère la notation à l'école comme un vestige anachronique du passé donne donc en exemple un modèle libéral...archeboc écrit: Bref, ce papier nous renseigne moins sur l'état de l'éducation en France que sur la caste des chroniqueurs, sur ses préjugés et sa suffisance, ses tropismes consommateurs urbanisés et son éloignement des réalités que vivent la plupart des français.
C'est vrai que la question paraît bien posée...Pourquoi Starbucks est-elle meilleure que l'Éducation nationale ?
Évidemment "meilleur", seul point commun entre une système commercial et un système éducatif, n'est pas défini : il suffira de se fier au succès commercial de Starbucks pour appréhender la réussite de l'entreprise.
Mais pourquoi ne pas comparer l'école française avec TOBAM (gestionnaires d'actifs), SOLIA (packaging pour la restauration) ou SILAB (actifs végétaux pour cosmétiques), les trois entreprises françaises les plus rentables en 2014 ?
C'est très logique, effectivement.Bien sûr que ce titre est une provocation. Le but n'est pas d'entamer une bataille rangée...
Servir des cafe latte ou enseigner à de jeunes êtres humains sont donc des "expérience" tout à fait comparables......mais d'étudier la capacité à délivrer la même expérience partout dans le monde. Une capacité dénoncée aujourd'hui comme un sombre avatar de la mondialisation, mais qui était considérée comme une vertu par l'Éducation nationale de la IIIe république, donc bien avant l'arrivée des multinationales.
Dans le raisonnement de M. Aberkane, la standardisation commerciale d'une firme américaine vendant du café suit le même principe que de vouloir donner à tous les élèves une langue et une culture commune.
Précisément on est moins dans l'esprit de l'école de la République que de celui de la colonisation à la Jules Ferry.Nos ancêtres les Gaulois était enseigné à Fort-de-France, Pondichéry, Dakar, Alger, comme à Brive-la-Gaillarde.
Et M. Aberkane, avec beaucoup de rigueur, confond ici unité des programmes et conditions d'enseignement...
Précisément, il y a deux Starbucks Boulevard Saint-Michel et... aucun à Villejuif.D'où la question : pourquoi l'Éducation nationale ne délivre-t-elle pas aujourd'hui la même expérience éducative au collège Henri-IV à Paris et au collège Karl-Marx de Villejuif, alors que Starbucks, le géant américain du café, propose à ses clients de vivre la même chose (ou quasiment) à Gangnam, Odéon, Shibuya, Tenderloin ou au Bronx ?
Par ailleurs, servir du café est une chose facile à standardiser : la commande est même automatisée sur des robots. Enseigner est, disons, un brin plus complexe. Quant à savoir pourquoi les conditions d'enseignement, pour parler plus précisément, peuvent être différentes, espérons que M. Aberkane en analysera pertinemment les raisons.
L'article tourne à la discussion de café du commerce. Notons que la fille du confrère de M. Aberkane a de curieuses habitudes...L'idée de délivrer la même expérience en tout lieu est contestable, même si elle fait le succès d'Apple, de Starbucks, d'Hermès ou de Burberry. Un confrère m'a confié un jour vouloir décorer la chambre de sa fille avec le design Starbucks, parce qu'elle s'y sentait à l'aise pour faire ses devoirs… Comment le géant du café qui vend des biens matériels réussit-il mieux qu'une entité qui délivre des biens immatériels ?
Rires...Starbucks : un accès ouvert à tous
Il n'y a pas chez Starbucks d'expérience premium. L'accès est démocratique, aucune place n'est réservée aux gros clients.
On peut par exemple regarder la carte des Starbucks à Paris...
Très concrètement, en quoi ce "confort physique et intellectuel" réside-t-il ? Les lycées LLG et H4 sont des exemples très particuliers d'établissements d'enseignement public avec un recrutement imitant celui du privé. Il serait plus judicieux d'évoquer le privé (un collège sur quatre en France)...Peut-on en dire autant de notre Éducation nationale ? Un établissement comme Louis-le-Grand offre un confort physique et intellectuel éminemment supérieur à celui d'un lycée de Mantes-la-Jolie.
Pour le reste, les inégalités que l'on constate ne sont pas le fait de l’Éducation nationale...
C'est surtout de plus en plus le cas ? Alors, quelles sont les raisons de cette aggravation de la reproduction sociale ?L'Education nationale
Un parcours scolaire peut donc se faire en première, deuxième ou troisième classe. Sur quoi l'accès à telle ou telle de ces catégories est-il fondé ? Essentiellement sur le milieu social, très rarement sur le mérite.
La personnalisation, façon standardisation industrielle : un beau modèle !Tout en unifiant son expérience, Starbucks personnalise ses boissons, bien plus que l'Éducation nationale ne le fait de ses enseignements.
Il s'agit bien de transformer l'apprentissage en expérience de la consommation à la demande. Un beau progrès...
Par ailleurs cherchez la logique : M. Aberkane souhaitait plus haut que l'école délivre partout la " la même expérience éducative"...
La comparaison est pleine de sens !Et si l'on va quotidiennement y prendre une consommation toutes les heures, cela coûte 40 euros - 8 000 euros par an et par personne -, ce qui est encore inférieur au coût d'un élève dans l'Éducation nationale.
Espérons au moins qu'un an de fréquentation de l'enseigne n'offre pas les mêmes débouchés qu'une année scolaire dans un lycée de banlieue.
Rappelons à tout hasard que Starbucks pratique une optimisation fiscale qui force l'admiration.
M. Aberkane confond tout : la personnalisation de l'enseignement n'a rien strictement rien à voir avec le caractère national du recrutement des enseignants.À quand une ubérisation de l'Éducation ?
Le paradoxe est que la multinationale recrute localement. Alors que les hussards noirs de la République sont recrutés sur concours national, donc susceptibles d'être formés à Paris pour enseigner à Cayenne, la chaîne de Seattle ne forme pas ses employés à New York pour leur faire diriger un café à Londres.
Par ailleurs, le recrutement en primaire est académique... Quant à savoir quelles seraient les vertus d'un recrutement "local", on peut s'interroger. On enseignerait mieux à un élève de Bobigny en étant né à Bobigny ?
Par ailleurs que sait M. Aberkane de la "formation" chez Starbucks ? Existe-t-elle ? Si oui, est-elle différente dans chaque Starbucks ?
Les confusions continuent : un recrutement local permettrait seul un enseignement personnalisé...Évidemment, le rêve serait que l'Éducation nationale fasse beaucoup mieux que Starbucks, et qu'elle commence par donner aux proviseurs la responsabilité du recrutement.
Evidemment M. Aberkane ne s'interroge pas sur les vertus d'un recrutement national : le système libéral qu'il propose ne pourra que créer davantage d'inégalités entre les établissements... ce que précisément il dénonce. C'est que son diagnostic est particulièrement stupide : il suppose que les inégalités entre les établissements sont le fait d'un recrutement national des enseignants.
Il n'y a strictement aucun rapport entre les modèles commerciaux de Uber et de Starbucks. Uber ne "recrute" pas, par exemple.Uber ne s'est pas implantée dans les villes où les services de taxis sont excellents.
Uber, modèle de régression sociale...Une Uber de l'Éducation ne s'installerait pas plus dans les pays dont l'école est une référence d'égalité, de simplicité, de succès et de personnalisation. On n'a pas encore uberisé l'éducation, mais quand on considère la très grande inégalité en qualité et en fiabilité du service actuellement rendu par l'Éducation nationale, on peut se poser la question…
On a donc cherché en vain le moindre début de raisonnement logique dans cet article consternant de M. Aberkane. Seule point fixe : l'obsession, chez M. Aberkane, du problème des enseignants.
Hasard amusant de l'actualité : il y a, dans "Le Monde diplomatique" du mois d'août, un article intéressant sur le fonctionnement de Starbucks, ce beau modèle de réussite américain avec des salariés rémunérés au minimum, mobiles, polyvalents et interchangeables et si possible non syndiqués. Extraits :
Les clients ne sont pas notés, mais les employés le sont. La logique de M. Aberkane, qui veut supprimer la notation à l'école, est ébouriffante !Les emplacements des succursales correspondent à la clientèle ciblée par l'enseigne, mais aussi à l'image qu'elle souhaite donner. [...] La chaîne parvient ainsi à drainer une clientèle mondialement uniformisée : des étudiants aisés, des actifs cosmopolites, des touristes, des expatriés qui y trouvent un refuge familier et un lieu de distinction où l'on peut satisfaire son bon goût. [...] ses salariés ressemblent à ceux des autres enseignes de fast-food. Tels les "sandwich artists" de Subway, les "baristas" de Starbucks sont bons à tout faire : prendre les commandes, encourager le client à consommer, préparer les boissons, tenir la caisse, mais aussi laver les tables, sortir les poubelles, faire la plonge, récurer les toilettes. Le tout avec le sourire et pour un revenu qui excède à peine le salaire minimum, pourboires inclus. Aux yeux de l'entreprise, les salariés sont interchangeables : "s'il y a une personne qui manque dans une boutique ou s'il y a trop de monde sur le planning de ta boutique, le "store manager" peut très bien te demander d'aller filer un coup de main ailleurs, raconte Arnaud, barista parisien. Dans nos contrats il y a également une clause de mobilité : on peut te demander de changer de boutique pour de bon, et les salariés à temps complet n'ont pas le droit de refuser." Pour surveiller ses "partenaires" - mais de manière éthique - la compagnie a mis au point un dispositif Customer Voice (Voix du client)" [...] La pression est grande pour empêcher les salariés de s'exprimer sur leurs conditions de travail.
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C'est d'ailleurs curieux car la ségrégation sociale est de plus en plus marquée, avec une école privée qui prospère et recrute des élèves de plus en plus favorisés.
Ce qui est "nébuleux", c'est de savoir qui est visé par cette tribune et ce qu'elle entend défendre. Derrière la critique salutaire de l'extrême-droite ou des visées libérales sur l'école, la critique de l'anti-pédagogisme et du "déclinisme" au sens large laisse plus que perplexe.« Une nébuleuse nostalgique d'un ordre scolaire ancien étend son influence sans qu'on s'en alarme »
Les parallèles historiques (type la restauration de l'ordre moral) ont leurs limites. Le problème de l'autorité en classe, compte tenu du climat disciplinaire particulièrement mauvais en France , est un vrai problème, qu'il ne convient pas de laisser à l'extrême-droite. Pas besoin de brandir le drapeau, l'uniforme ou la férule mais juste d'un peu de volontarisme, d'une politique judicieuse pour recruter des chefs d'établissement courageux, allant au contact des élèves et ayant plus à cœur de donner aux enseignants de leur établissement des conditions de travail sereines que de ne pas faire de vagues, des CPE et des surveillants nombreux et enfin l'application des règles et sanctions qui existent déjà.A la veille de la présidentielle, l'offensive du retour à l'ordre...
Reste à savoir si tous "ceux qui sont sur le terrain" sont bien d'accord....dans l'école est telle que ceux qui sont sur le terrain ne peuvent plus réagir que par un haussement d'épaule, déplorent les professeurs Laurence de Cock et Grégory Chambat.
Oui, des positions réactionnaires assez caricaturales en effet.En cette rentrée, le débat sur l'éducation est plus que jamais enkysté par les appels au retour à l'ordre moral, à l'autorité et à « l'identité nationale ». Mesures simplistes (port de l'uniforme ou salut au drapeau) et offensives idéologiques (sur le « roman national » ou contre l'enseignement des questions de genre) sont relayées en « une » des magazines ou dans des pamphlets hargneux livrant les prétendus « pédagogistes » à la vindicte populaire.
Mais la critique du pédagogisme n'est pas propre à l'extrême-droite, heureusement : on peut difficilement accuser Mme Barjon ("Nouvel Obs") ou M. Joffrin ("Libé") de prêter le flanc à ces accusations. La tribune récuse le terme même de pédagogisme, qui mériterait pourtant une réflexion : la tendance, en l'abstraction de toute autre considération, à vouloir faire porter sur la pédagogie (ou plus exactement certaines pédagogies jugées trop traditionnelles) la responsabilité de l'échec de l'école et à proposer à la place une pédagogie sous plusieurs variantes (dont la dernière est le numérisme scolaire) : le progressisme constructiviste.
Celle-ci, de plus en plus imposée dans l'école, ne mérite-t-elle pas de faire l'objet d'une critique légitime ?
Si on oublie le terme "pédagogiste" ou le procédé qui consiste à désigner des coupables, n'y a-t-il rien à reprocher à ceux qui sont ainsi mis en cause ? On comprend par exemple que Philippe Meirieu ait apprécié cette tribune, qui prend sa défense sans le dire :
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Les compétences en fin de primaire se sont effondrées entre 1987 et 2007 : même le très progressiste Antoine Prost a sonné l'alarme. Dès lors, peut-on sérieusement accuser les gens qui s'inquiètent d'une école qui ne fonctionne plus de "nostalgie" et de "viser en réalité l'égalité et la démocratie" ?Sous des aspects plus ou moins folkloriques, c'est la nostalgie d'une école de la ségrégation sociale, du chacun à sa place et de l'entre-soi qui avance masquée. Car ces discours sur le « bon vieux temps » participent d'une offensive réactionnaire qui vise en réalité l'égalité et la démocratie, à l'école et au-delà.
Se faisant - de façon assez amusante quand on connaît son passif à l'égard des enseignants - le défenseur de l'école républicaine (comme celui de la laïcité, avec les mêmes arrière-pensées bien peu laïques), le FN tente de récupérer, parmi les professeurs, les déçus de la droite et de la gauche car ils sont nombreux.La perspective de la présidentielle alimente cette course à la surenchère « décliniste ». La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, ne s'y est pas trompée, consacrant sa première « convention présidentielle » à la question scolaire pour « capitaliser » sur les discours « antipédagogistes » et tenir sa revanche sur « l'esprit de 68 ».
La vraie question est de savoir pourquoi tant de professeurs sont désespérés par la politique éducative d'un ministère de l'éducation socialiste..
Au passage, le pédagogisme n'a pas attendu mai 68 : avec Alain Peyrefitte, le discours pédagogiste s'est imposé même dans le gouvernement de de Gaulle. Car c'est une constante du pédagogisme : il n'est ni de droite ni de gauche, tout comme l'anti-pédagogisme.
Le collège unique a quarante ans : ceux qui déplorent la baisse du niveau "depuis trente ans" ne veulent pas revenir cinquante ans en arrière...Depuis trente ans, les déplorations sur le naufrage de l'école, annonciateur de l'effondrement de la « civilisation »...
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Combattons les dérives constructivistes d'une part et ceux qui sont vraiment réactionnaires d'autre part plutôt que d'amalgamer tous ceux qui le font à la pire réaction ("une nébuleuse nostalgique d'un ordre scolaire ancien")...sont à la fois le socle de la stratégie de reconquête de l'hégémonie culturelle par les droites extrêmes et l'assise idéologique d'un courant national-républicain.
Le terme "réac-publicain" qu'utilisent les auteurs de la tribune est en revanche admis pour désigner ceux qui ne pensent pas comme eux.Nouvelle chasse aux sorcières
« Ayatollahs de la pédagogie », « Khmers rouges », « nouveaux Mao », « barbares », « assassins de l'école », « pédagogiches » ou « pédabobos » : la « guerre civile des mots » des « antipédagogistes » ne semble plus souffrir de limites.
Et c'est oublier que le constructivisme utilise une rhétorique aussi brutale : David Precht ( "notre école est un crime" ), Vincent Cespedes (" L'école dévitalise les enfants" ), Idriss Aberkane ( "Éducation : c'est Einstein qu'on assassine !" ) ; Ken Robinson ( "L'école tue la créativité" ou "la vallée de la mort de l'éducation" ). Récemment, dans la "Lettre de l'éducation", l'école est "un lieu de tourment" .
La rhétorique "progressiste" peut être plus subtile : l'appel à une école "bienveillante" laissant supposer qu'elle serait actuellement malveillante , ne provoquant pas l'ennui des élèves (voilà comment était justifiée la réforme du collège ) et les rendant actifs (parce qu'ils seraient aujourd'hui passifs).
La tribune évite soigneusement de définir ce qui est communément entendu par "pédagogisme", faisant comme s'il n'existait pas un corps de doctrine constructiviste dont les excès ou les dérives apparaissent chaque jour ou presque.Du complot des « forces obscures » de Jean-Claude Milner l'inventeur du fumeux concept de « pédagogisme » (De l'école, Seuil, 1984)...
Par ailleurs, les expressions "nébuleuse", "étend son influence", "confusionnisme", "matrice néodroitière" employées par les auteurs de la tribune évoquent au moins autant une forme de complotisme.
On n'est pas obligé de confondre le livre et sa promotion (en effet très malheureuse, à l'image de son titre outrancier) : on voit que la critique de l'ouvrage est expéditive et absolument pas argumentée.....à la campagne de promotion du livre de Carole Barjon (Mais qui sont les assassins de l'école ? , Robert Laffont, 234 p., 18 euros) inspirée des avis de recherche de criminels, il y a une permanence dans le confusionnisme. Désormais, quiconque veut écrire sur l'école peut se passer de toute rigueur d'analyse ou d'enquête de terrain.
Très malheureuse formulation : est-ce à dire que seuls ceux qui sont désignés comme pédagogistes par Mme Barjon "ne se satisfont pas de l'école telle qu'elle est trop inégalitaire, ségrégative" : et les autres ?Cette nouvelle chasse aux sorcières concerne toutes celles et tous ceux qui, par leurs pratiques au quotidien et par leurs engagements, ne se satisfont pas de l'école telle qu'elle est trop inégalitaire, ségrégative et conservatrice.
Et par ailleurs, la ségrégation est surtout subie par l'école et n'a pas grand chose à voir avec l'espace de la classe...
Il y a malheureusement des sociologues (de Marie Duru-Bellat à François Dubet), des pédagogues (aux "Cahiers pédagogiques") et des historiens (d'Antoine Prost à Claude Lelièvre) dont "l'engagement" aussi institutionnel que médiatique a produit des effets désastreux ou s'évertue à les occulter ou à les relativiserSociologues, pédagogues, historiens sont les empêcheurs de « régresser en paix », de réformer à reculons de l'histoire, du social, de la justice, de l'égalité.
Tous les sociologues (de Nathalie Bulle à Pierre Merle), tous les historiens, tous les pédagogues ne pensent heureusement pas nécessairement comme eux.
Est-ce que, pour Mme de Cock ou M. Chambat, les sociologues ou les historiens qui promeuvent la réforme du collège sont des progressistes ? La réforme du collège est-elle un progrès ou une régression ? Il est vrai que sur ce point, le collectif "Questions de classe" a une position très nébuleuse.
L'influence étendue n'existe que par la force de l'amalgame.N'hésitant plus à convoquer les « éléments de langage » forgés par la matrice néodroitière, cette nébuleuse, nostalgique d'un ordre scolaire et social ancien, étend son influence sans qu'on s'en alarme.
Grand bien leur fasse, mais quel rapport avec tous les autres ?Assauts répétés
Car c'est autour de l'école que se nouent ces alliances : par un meeting commun en septembre 2015 pour le député (Debout la France) de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan et l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, applaudis par le représentant de SOS Education et l'entrepreneur Charles Beigbeder ; lorsque Jean-Paul Brighelli, l'auteur de La Fabrique du crétin (Folio, 2006), salue le programme éducatif du FN (septembre 2015) d'abord, et accepte d'intervenir à l'université d'été du parti frontiste ensuite (septembre 2016).
Grand bien lui fasse, mais les authentiques défenseurs de l'école publique se battent contre cette fondation (et ses liens avec l'iFRAP par exemple )...Tout récemment, c'est Alain Finkielkraut qui se met à faire l'éloge des écoles privées hors contrat, avant de se reprendre in extremis (« Répliques », du 8 octobre), sachant que ces dernières sont aujourd'hui pour beaucoup chapeautées par la Fondation pour l'école, proche des traditionalistes et de La Manif pour tous.
On observe inversement de nombreux progressistes qui justifient les expérimentations dans le hors contrat en accusant le public de conservatisme, comme fait Philippe Watrelot : "On peut crier à la « marchandisation » en se réfugiant dans une défense conservatrice de l’École publique telle qu’elle est. Mais on peut aussi voir ce qui se développe aux marges de l’école comme le symptôme d’une réelle difficulté de notre institution à se réformer et à évoluer."
En toute rigueur, "fossoyeurs" ne vaut guère mieux qu'"assassin". Mais surtout on peut se demander dans quelle mesure ces groupuscules extrémistes auraient la moindre influence sur les réformes, les programmes puisque c'est ce dont il est question.Pour son retour dans la rue, le mouvement contre le mariage homosexuel élargit d'ailleurs son combat aux questions éducatives. On en vient à se demander qui sont alors les dangereux fossoyeurs de l'école publique.
Céline Alvarez, "réac-publicaine" ? On peut lui faire de nombreux reproches , mais celui-ci semble étrange.On nous rétorquera que non, le récent succès de librairie de Céline Alvarez, Les Lois naturelles de l'enfant (Les Arènes, 464 p., 22 euros), prônant la rencontre des neurosciences et de la méthode Montessori, prouve la résistance de la pédagogie à ces assauts répétés.
D'une manière générale d'ailleurs, quel sens a d'appeler "réac-publicains" ceux qui ne défendent pas l'école républicaine ? L'expression - déjà outrancière - devient de plus en plus vide de sens...
Bien d'accord, mais quel rapport entre la pédagogie Montessori et "une nébuleuse nostalgique d'un ordre scolaire ancien" ?Nébuleuse « réac-publicaine »
S'il n'est nullement question de comparer cette expérience aux plumitifs confortablement isolés du terrain qu'ils fustigent, il n'en reste pas moins que ce livre est aussi une attaque en règle de l'école publique et de ses enseignants, comme en témoigne sa promotion sur le dos du travail ordinaire et invisible de milliers de professeurs des écoles.
Nouvel amalgame : la critique du pédagogisme comme refus de la pédagogie. Jean-Claude Milner le disait : "La Corporation ne prétend pas seulement détenir la science pédagogique ; elle prétend aussi en avoir le monopole".La démarche est donc faussement généreuse et porte en creux le même anathème que les hérauts de l'« antipédagogisme » : ringardiser le service public, le travail enseignant et la perspective de justice sociale portée par la pédagogie.
Si l'on voulait être de mauvais esprit, on dirait pourtant que le constructivisme n'est par définition pas une péd-agogie.
Si l'on voulait être d'encore plus mauvais esprit, on pourrait dire qu'une partie de ce qui est reproché à Céline Alvarez pourrait l'être... à Célestin Freinet : ringardiser l'école publique, le travail enseignant...
Par définition ceux qui se réclament de la République et de son école ne peuvent avoir "des supplétifs libéraux" et vouloir "ringardiser le service public" : il faut leur trouver un autre nom.Trop longtemps, les militantes et les militants pour une autre école se sont contentés de hausser les épaules et de ne pas répondre à ces éructations délirantes. Résultat, petit à petit, cette nébuleuse « réac-publicaine » et ses supplétifs néolibéraux s'arrogent le monopole de la contestation de l'institution scolaire et renvoient leurs adversaires à la seule posture « défensive » de l'institution.
Inversement, comme le signale le collectif Attac , on observe de curieuses convergences de pensée entre les "progressistes" entre guillemets (mieux que les pédagogistes) et tous les tenants de la libéralisation de l'école : l'institut Montaigne, l'enseignement catholique ou l'OCDE approuvant la réforme du collège 2016 , par exemple. Convergences qui ne sont nullement mentionnées dans cette tribune.
Attaquer ceux qui attaquent Philippe Meirieu, François Dubet etc., c'est-à-dire les défendre ?Pour nous, au contraire, l'heure est à l'offensive, non seulement contre les tentations et les tentatives réactionnaires...
Problème : les pédagogistes ne voient de problème et de solution que dans l'école....mais aussi contre les injustices sociales du système et ses impasses. La crédibilité de nos luttes et de nos pratiques pédagogiques est à ce prix.
A ce stade, il faudrait clarifier la position de M. Chambat :Pour une « pédagogie critique »
Parce que, à la différence des éditocrates et des pamphlétaires de l'« antipédagogisme », nous vivons au jour le jour la réalité des établissements scolaires ; parce que nous nous battons, avec nos syndicats, nos collectifs, pour des conditions de travail et d'enseignement à la hauteur des enjeux...
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Cette tribune n'évoque guère la réforme du collège, d'ailleurs : serait-elle salutaire puisque décriée par les réactionnaires ?
Comme Grégory Chambat le dit lui-même, depuis longtemps existe "une partie du corps des professeurs très réac", via livres, syndicats, manifs : c'est normal et logique mais il existe "une autre culture pédagogique". On comprend qu'échappent au qualificatif "réactionnaires" seulement ceux qui partagent la culture pédagogique de Grégory Chambat.
Malheureusement, les professeurs du secondaire sont à une majorité écrasante contre la réforme du collège...
Relisons Philippe Watrelot la même semaine dans les "Cahiers pédagogiques" : "« Changer la société pour ne pas changer l’école » peut être une nouvelle version de « tout change pour que rien ne change »..."...parce que nous sommes les témoins des effets destructeurs de la crise économique et sociale sur les élèves et leurs familles, nous savons que la question éducative est d'abord et avant tout une question sociale.
Le "dressage" : un terme qui rappelle la promotion du constructivisme.Nous savons qu'une école émancipatrice ne se construit pas sur le repli identitaire, sur la légitimation des inégalités ni sur le dressage ou le câblage des corps, des cerveaux et des esprits.
A transmettre à Philippe Meirieu et à tous ceux qui soutiennent la réforme du collège...Mais nous savons aussi, après cinq années de refondation de l'école, sans perspective sociale et égalitaire, que ce n'est pas « d'en haut » que viendront les transformations de l'école.
D'une certaine pédagogie (celle que les auteurs refusent d'appeler "pédagogisme". Et avec le consentement de ceux qui la promeuvent, ce dont la tribune ne se fait pas l'écho en accusant un seul camp.A l'instrumentalisation de la pédagogie par les gestionnaires du système au service du libéralisme triomphant...
Difficile de faire plus vague....nous répondons par une « pédagogie critique » qui s'efforce, au jour le jour, de construire les outils dont pourront se saisir nos élèves pour s'émanciper individuellement et collectivement.
Ces trois fondamentaux ne concernent aujourd'hui, comme à l'époque de Jules Ferry, que l'école primaire. Personne ne peut souhaiter que l'instruction obligatoire se limite à eux... En revanche, on peut s'inquiéter quand l'école ne parvient pas à s'en acquitter en primaire, voire au collège, ce que les auteurs, trop occupés à fustiger les "déclinistes", ne font pas dans leur tribune, même s'ils se défendent de pratiquer le déni.A la différence des nostalgiques de l'école d'hier, nous ne réduisons pas nos ambitions éducatives au « b.a.ba » de l'instruction minimale, comme au temps de Jules Ferry. Lire, écrire, compter, oui ; mais aussi penser, s'exprimer, créer
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Ils veulent bien reconnaître des inégalités dans l'école, mais pas une dégradation : il ne s'agirait pas de devenir décliniste.
Le problème, c'est que d'une certaine manière, cet idéal a été accompli avec la réussite artificielle du baccalauréat par exemple : et il est bien décevant...« Révolutionner » l'enseignement
Le niveau de démocratie d'un système ne se mesure pas au nombre de dominés à qui l'on accorde le privilège de rejoindre le camp des dominants. Une école démocratique et émancipatrice doit se fixer comme horizon la capacité de permettre à chacun et chacune de transformer le monde pour le rendre plus juste et plus vivable.
Se revendiquer de Freinet, ne serait-ce pas un peu "nostalgique" ?Il y a tout juste cinquante ans disparaissait Célestin Freinet, en butte à la haine des réactionnaires et de l'extrême droite d'alors.
Bon, la référence finale à Freinet résume bien la tribune : une pédagogie (en grande partie constructiviste) et une seule, et sa critique digne du fascisme des années 30. Il faut pourtant rappeler que la pédagogie Freinet a fait l'objet de nombreuses critiques venant... des communistes eux-mêmes.
Drôle de façon de défendre l'école...Nous nous revendiquons toujours de son héritage, celui d'un engagement militant, dans et hors de la classe, contre « l'école, fille et servante du capitalisme ».
L'école ainsi désignée ainsi par Freinet en son temps n'a de toute façon plus grand chose à voir avec notre école moderne.
Autre sujet d'amusement, Freinet aurait-il soutenu la réforme du collège ?
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"Révolutionner l'enseignement", mais sans dire comment. Voilà qui est aussi ambitieux que vague. Céline Alvarez emploie la même expression. Mettons cet envol sur le compte de la péroraison de fin d'article.Son projet éducatif et politique est aussi le nôtre non plus « développer, améliorer, réformer l'enseignement, [mais] le révolutionner ». Il reste toujours en chantier et met plus que jamais en rage les tenants de l'ordre établi. C'est bon signe, continuons !
Et concluons pour nous-mêmes : entre ceux qui ne voient pas de mal et ceux qui ne voient pas de remèdes, il y a les vrais défenseurs de l'école publique.
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Vous pouvez commenter ici le billet "Idriss Aberkane : les neurosciences sans confiance - Postures/impostures contre l'école" du 27/10/16 (billet réintitulé le 6/11/17).
Version abrégée sur "Marianne" : www.marianne.net/luttedesclasses/idriss-...ecole-100247504.html
Dans le "Café pédagogique" :
03/2008 www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclas...nIdrissAberkane.aspx
Par François Jarraud
Et si le principal apport du jeu vidéo c'était ce qu'il nous apprend sur le fonctionnement du cerveau ? Idriss Aberkane enseigne les maths en s'appuyant sur des jeux populaires. Il nous explique pourquoi le jeu vidéo peut être un bon support d'enseignement.
Starcraft, Final Fantasy sont des jeux vidéo bien connus des jeunes. Vous avez réussi à en faire des outils d'enseignement des maths. Pour vous les jeux vidéo peuvent faciliter l'enseignement des maths. Pourtant les maths c'est très sérieux, très organisé…
Utiliser un jeu vidéo est aussi une tâche complexe. Le jeu peut mobiliser et développer d’importantes compétences attentionnelles[1]. Il faut voir, aussi, comment les joueurs professionnels se préparent… La notion même de joueur professionnel marque cette transition psychologique remarquable entre jeux et travail, plaisir et devoir. Ma thèse c'est que le jeu – dans un cadre précis - peut permettre une approche des maths différente, affective, cognitive, et notamment kinesthésique.
David Hilbert a dit « les mathématiques sont un jeu qu’on exerce selon des règles simples, en manipulant des symboles et des concepts », et justement ce jeu est un jeu de pensée, d’intuition, de paris… Je veux aller au-delà de l’ancienne conception constructiviste, pour qui l’activité mathématique n’est qu’un langage manipulant des symboles. Cette conception a été éprouvée par des travaux récents comme ceux d’Elizabeth Spelke (Harvard) et Stanislas Dehaene (Collège de France) qui démontrent qu'il existe un sens du nombre chez le petit enfant qui ne maîtrise pas encore le langage. Mieux : ce sens existe chez l’animal. Le langage n’est qu’une fenêtre, certes remarquable, sur le cerveau. Mais tout n’entre et ne sort pas seulement par elle.
Pourtant toute une école, par exemple Bentolila, nous explique que c'est le langage, la grammaire qui créent la pensée…
Le langage ne peut plus être considéré comme la seule fonction cognitive dite « supérieure ».
Alain Berthoz (Collège de France), qui est un expert mondial de la physiologie de la perception et de l’action, nous rappelle qu’il existe très concrètement un « sens du mouvement » qui est impliqué de façon critique dans notre compréhension du monde. Il faut voir, comme un peu chez Bergson, l’esprit dans sa dimension préhensive. [2]
Ricardo Nemirovsky (San Diego State University) a développé une application concrète pour l'enseignement des maths, que Domingo Paola (CIEAEM) a utilisé avec un grand succès. Il a montré l'importance de la kinesthésie pour l'enseignement des maths en utilisant des outils simples de tracé de fonctions qui utilisent les déplacements du corps.
Stanislas Dehaene, lui, nous parle d’un « sens du nombre », une vraie intuition du nombre qui précède le langage.
Les sciences cognitives modernes bousculent la philosophie analytique, celle de Wittgenstein qui disait "les limites de mon langage sont les limites de mon monde". L'idée que la pensée est une émanation du langage est maintenant désuète. Toutes les pensées ne sont pas verbalisables. C'est d'ailleurs ce que disait Rivarol : "quelqu’un qui parle est quelqu’un qui pense tout haut". Gide, lui, parlait de « phosphorescences de l’esprit ». Cependant le langage est notre modalité préférée pour transmettre l’information, et c’est pratiquement la seule dans l’enseignement actuel.
Il vaut donc mieux être capable de verbaliser un maximum de ses pensées (non pas pour soi-même mais au fond pour les autres…) et il vrai que la syntaxe est critique pour développer un raisonnement. En fait, il y a une interaction entre pensée et langage, et on sait aussi que la langue a une influence sur la pensée et le « mode de penser »[3], sans les construire toutefois. Le lien entre pensée et langage n’est pas linéaire.
C'est-à-dire que le cerveau peut penser sans langage ?
Les « Pensées » de Pascal sont verbalisées, la philosophie de Bergson aussi. Mais par pensée il faut entendre beaucoup plus que réflexion : il y aussi l’image mentale, par exemple un souvenir visuel, qui n’est pas forcément verbale. J’aime cette intuition (verbalisée d’ailleurs) de Merleau-Ponty : "la vision est une palpation du regard".
Le positivisme logique a pu amener à voir le cerveau comme un ordinateur, c'est-à-dire un système de règles basé sur des axiomes formels. Mais le cerveau semble bien plus analogique que « catalogique », il excelle dans la reconnaissance des formes mais reste très lent en calcul symbolique. Il est très mauvais à restituer verbalement ce qu’il fait, il ne sait pas bien exprimer son propre fonctionnement. D’ailleurs sans ça, les sciences cognitives seraient triviales car tout un chacun saurait détailler son fonctionnement cérébral. C’est bien loin d’être le cas.
Quand Paul Broca a découvert l’aire cérébrale critique dans le langage articulé qui porte maintenant son nom, il a observé un patient aphasique mais pas stupide et surtout pas dénué d’imagination. L’aphasie n’est pas une absence de pensée. Quelqu'un chez qui tous les centres connus du langage sont détruits continue à penser, même si sa pensée n’est pas laissée intacte, et qu’il ne peut plus l'exprimer par le langage.
Ce qu’il faut noter c’est qu'on peut maîtriser un concept sans savoir le verbaliser, ce qui nuance l’idée de Boileau « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement ». On peut compter sans savoir parler. On peut acquérir des savoir-faire qu'on serait bien en peine de verbaliser. Mais l’éducation actuelle ignore beaucoup les capacités non verbales. Cela vient d’une certaine tradition, qui a fait ses preuves par le passé, mais qu’il est temps d’élargir.
Verbal et non verbal sont en synergie, c’est donc rendre un service très appréciable au verbal que d’attirer l’attention sur le non verbal.
Peut-on mettre en évidence dans le jeu vidéo d'autres éléments qui trouvent sens grâce aux sciences cognitives ?
Le jeu sollicite la mémoire à long terme d'une façon remarquable. Par exemple on a pu constater que dix ans après avoir joué à Super Mario 64 les gens se rappellent encore très exactement l'organisation spatiale de ce jeu en 3D. Ce que nous disent les sciences cognitives, par exemple les brillants travaux d’Olivier Houdé (Paris 5), c'est l'importance de la mémoire épisodique, dans l’apprentissage. Le jeu l'utilise, ce que fait rarement l'enseignement. Par exemple, dans le jeu, les informations sont spatialisées. Je pense que l'enseignement gagnerait à l'utiliser aussi, par exemple avec des cartes mentales ou en demandant aux élèves d'organiser leurs connaissances dans des espaces : c'est ce que font, par exemple, les calculateurs prodiges. Ils s'entraînent énormément et disposent des séquences de calcul types dans une pièce. C'est cette mémoire de l'espace qui leur permet de trouver mais aussi d’exprimer rapidement les solutions. Disons pour simplifier que la vision et la kinesthésie permettent de traiter beaucoup plus d'informations, comme une connexion à très haut débit, le langage c'est une connexion très limitée.
Les jeux jouent aussi sur la modularité de l'esprit. Ils demandent de mener de nombreuses taches en parallèle. Ils utilisent ainsi une capacité du cerveau, très étudiée par Dehaene, à utiliser des circuits différents et des fonctions indépendantes de façon à traiter beaucoup d'information sans fatigue. Le même travail fait en linéaire dans la mémoire de travail demande beaucoup trop d'effort et est très démotivant. Le jeu fait coopérer plusieurs voies au lieu d'utiliser la seule bande passante du langage, qui sature rapidement.
Un autre apport des jeux vidéo c'est de faire appel à la motivation, qu’ils stimulent fortement (d’où leurs effets adictogènes). Les jeux ont un fonctionnement qui force l’utilisateur à faire et à tester des hypothèses. C’est un protocole-clé dans l’apprentissage « dopaminergique » (la dopamine est une substance chimique associée au plaisir et à la récompense). Cet apprentissage que l’on appelle « par renforcement » (avec des récompenses et des déceptions) est très sollicité par le jeu vidéo où il forme une véritable spirale de motivation : l’utilisateur a envie d’essayer de nouvelles combinaisons d’actions, de tester de nouvelles hypothèses sur le jeu, c’est ça qui le motive. Je connais beaucoup de gens qui vivent cette même motivation pour les mathématiques.
Le jeu fait aussi appel à l'intuition, qui est porteuse de plaisir et qu’il faut développer.
Et enfin le jeu vidéo repose sur l'action. Notre cerveau est conçu pour l'action, c'est une leçon à tirer de la philosophie de Bergson et de la physiologie de Berthoz. Le sens du mouvement est essentiel à l’apprentissage et on peut avoir des performances remarquables quand on l'utilise pour l'enseignement. C'est l'exemple de Ricardo Nemirovsky et Domingo Paola cité plus haut pour l'apprentissage des maths.
Peut-on citer un exemple abouti d'enseignement disciplinaire mené par le jeu ?
Il y a l'expérience de Matthew Peterson du Mind Research Institute en Californie. Il a conçu le logiciel ST Maths qui permet un apprentissage non verbal des mathématiques, par l'intuition, avec ensuite une méthode pour formaliser ce qui est appris. Son logiciel est peut-être un peu plus long que notre apprentissage classique, mais il ne rejette personne, et je crois qu’au final il apporte une vraie méthode pour enseigner l’intuition. On touche évidemment à un choix de société profond. L'enseignement traditionnel suppose qu’il sait exactement ce qu’est une élite, et il ne laisse pas de place à la surprise, à la possibilité de découvrir un mode de pensée imprévu et hors cadre mais fonctionnel parmi ses élèves. Ce que peut permettre un appel raisonné au jeu vidéo, c’est d’associer le créatif au normatif, de faciliter l’apprentissage par tous et d'élever le niveau éducatif de tous. Le veut-on ?
Idriss Aberkane
Master ENS, jeune chercheur associé à Stanford University
Entretien avec François Jarraud
Liens :
Article d'Idriss Aberkane sur le jeu video
math.unipa.it/~grim/cieaem/cieaem57_aberkane_idriss.pdf
Démonstration du logiciel ST Maths:
www.mindresearch.net/video/demo.html
Page personnelle de Domingo Paola
www.matematica.it/paola/index.html
[1] Green CS, Bavelier, D Action video game modifies visual selective attention. Nature. 2003 May 29;423(6939):534-7.
[2] voir aussi: Boroditsky, L. & Ramscar, M, The roles of body and mind in abstract thought. Psychol Sci. 2002 Mar;13(2):185-9
[3] Boroditsky, L. Does language shape thought? Mandarin and English speakers' conceptions of time.
Cognit Psychol. 2001 Aug;43(1):1-22.
07/2008 www.cafepedagogique.net/communautes/Renc...cleCafe/default.aspx
Les trois interventions étaient différentes, complémentaires, se rejoignant dans une certitude : les Tice sont là, incontournables et nécessaires pour ancrer l’école dans la réalité de notre société, dans les besoins d’apprentissage des élèves, les attentes des parents et les collaborations des collectivités territoriales. Du décloisonnement des usages des Tice dans les établissements à la construction des connaissances par l’interactivité, ce n’est pas d’une baguette magique dont nous avons besoin mais de dialogues et d’ouverture.
06/2009 : www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclas...nseeetlelangage.aspx
12/2010 : www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclas...ages/2010/118_1.aspx
11/2011 : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...011_Jeuxserieux.aspx
Enfin nous avons demandé à Idriss Aberkane, un cogniticien, de nous faire bénéficier de son expérience sur les ressorts puissants des jeux sérieux. Comment se fait-il qu'ils soient si addictifs ? Comment font-ils pour amener tous les joueurs à la réussite (une chose que l'Ecole peine à faire) ?
Rendez-vous le mercredi 23 novembre à 9h30 au salon Educatec - Educatice, POrte de Versailles à Paris, en salle 2, pour découvrir les produits et les expériences qui vont peut-être contribuer à changer l'Ecole.
Participants :
Idriss Aberkane, chargé de cours à Centrale Paris et chercheur associé à l'Ecole Polytechnique
11/2011 : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...ourExpEducatice.aspx
Pour terminer cette table ronde Idriss Aberkane, expert en neuroscience cognitive présente Salomon un projet de jeu sérieux sur la philosophie. Des activités « sérieuses » sont proposées aux élèves mais dans un cadre ludique. Les jeunes travaillent et sont évalués en groupes et progressent par étape. Idriss Aberkane milite pour le jeu en éducation : il permet une meilleure acquisition des connaissances et des compétences car il dégage du plaisir or "il ne faut pas avoir honte d’avoir du plaisir à apprendre". Pour lui, le jeu ne doit pas être une béquille pour les élèves en difficulté. C’est l'enseignement qui doit être ludifié. En effet, le jeu mobilise la mémoire épisodique, ce qui explique que les connaissances et compétences acquises au cours d’un jeu sont acquises durablement. Autre point sur lequel Idriss Aberkan a insisté, la connaissance doit être collégiale, il faut faire travailler les élèves en groupes et l’enseignant est le maître du jeu, le médiateur, ce n’est plus celui qui distribue la connaissance.
L'intégration du jeu en éducation lui semble "naturelle" car conforme à ce qu'on sait du cerveau des mammifères. Mais elle passerait par une sorte de révolution pédagogique et culturelle.
Bonus :
Document hébergé : www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Docu...berkane/aberkane.doc
www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Docu...berkane/aberkane.ppt
"Notre école est basée sur le gavage" ; "quand on gave notre foie, on a du foie gras. Quand on gave notre cerveau, on a du cerveau gras." Et le corollaire sur la classe dirigeante, "la plus gavée"...
"On peut être bon dans un domaine sans avoir eu de diplômes ou sans avoir jamais passé d'examen standardisé." ; "Les diplômes sont plus intéressant en France par rapport aux States : c'est tout à fait vrai".
Célébration des jeux vidéo, avec une évaluation qui donne envie de continuer. Célébration du "droit à l'erreur" (qui bien sûr n'existe pas en France)...
menace-theoriste.fr/parle-pour-science-idriss-aberkane/
blog.educpros.fr/guillaume-miquelard-et-...ntifique-mediatique/
menace-theoriste.fr/idriss-aberkane-fact-checking/
hemisphere-gauche.blogs.liberation.fr/20...re-didriss-aberkane/
www.lexpress.fr/actualite/sciences/scien...berkane_1845580.html
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A lire ce billet consterné par Nicolas Gauvrit : www.scilogs.fr/raisonetpsychologie/baratin-a-francaise/
"les moines ont brûlé des imprimeries car imprimer la bible était démoniaque" (Jean-Louis Fréchin)
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A lire ou relire sur Idriss Aberkane.
A suivre pour qui, exactement ?L'école 42 fondée par Xavier Niel vient d'être classée comme la plus performante au monde pour éduquer les programmeurs informatiques. Un exemple à suivre.
Il faut quand même réussir des test psychotechniques, être en bonne forme physique et ne présenter aucune pathologie : on n'entre pas à la Légion par simple inscription. Pour le reste, on ne sélectionne pas les meilleurs dans un domaine précis, contrairement à "42".La Légion étrangère. Tout le monde peut s'y présenter, sans autre qualification que sa ténacité et sa volonté de s'immerger sans jamais abandonner.
L'école publique, elle, accueille tout le monde.
Le parallèle avec la Légion vaut surtout pour les conditions spartiates d'hébergement offertes par "42" et son recrutement très masculin.
En sélectionnant les meilleurs en informatique pour ne pas former les autres, quel résultat étonnant !D'éléments disparates, parlant un français approximatif, naît un esprit de corps réputé incassable, de Camerone à Bir Hakeim en passant par Tuyen-Quang. L'excellence par la fraternité en somme. En quoi ce modèle, né chez les janissaires ottomans au XIVe et fondé en France au XIXe, inspire-t-il l'université du XXIe ? C'est qu'il a été adapté par la fameuse et toute récente école 42, ovni universitaire dirigé par le pirate informatique Nicolas Sadirac et fondé par l'entrepreneur Xavier Niel. Or le classement est tombé récemment (1), cette cour des miracles, qui ne délivre pas de diplôme, qui méprise le magistral, où n'existe aucun professeur titulaire et qui est accessible sans le baccalauréat, vient d'être établie comme la plus performante au monde pour éduquer les programmeurs informatiques.
A noter que la population qu'on y rencontre n'est pas d'une si grande mixité sociale...
Polytechnique et CentraleSupélec seraient devenues des écoles spécialisées en informatique ?Devant Polytechnique, devant CentraleSupélec, devant l'École normale supérieure, devant toutes nos grandes écoles et leurs concours en fait, il y a maintenant, dans un secteur absolument stratégique, cette subversive île aux pirates. Comme à la Légion.
Car ce qui vaut pour l'informatique vaut pour le reste.Le « modèle 42 » démontre à quel point notre enseignement supérieur peut être réformé...
Premier point : Idriss Aberkane est donc pour la sélection à l'entrée à l'université.
"Le plus tôt", c'est-à-dire ?...et quelles réserves de performance il est possible d'y libérer. De même que pour apprendre une langue, pour apprendre la programmation informatique il n'y a rien de tel que l'immersion, le plus tôt, le plus longtemps et par la pratique.
Enfin, ici, immersion version "piscine" pendant trois semaines et 15h/jour.
Ailleurs qu'à "42", on continue ce qui ne marche pas, bien sûr !En la matière, il y a autant de différences entre 42 et l'université dominante qu'entre un séjour linguistique et le pathétique « my tailor is rich ». Car l'informatique appliquée, c'est l'épreuve du monde réel, impitoyable avec les dogmes technocratiques. Si ça marche, on garde, si ça ne marche pas, on arrête.
Petit problème : la "piscine" n'a aucune vocation pédagogique : c'est la période de sélection...Le style pédagogique de 42 c'est « la piscine », une immersion de plusieurs semaines, sans bouée, directement dans le code informatique, et uniquement dedans, de sorte que l'on pense, que l'on parle, que l'on dort et que l'on rêve informatique. Excellence assurée.
Donc "l'excellence assurée" en effet en ne retenant que les candidats excellents. Rappelons qu'un tiers seulement des candidats très motivés (et déjà triés par une importante pré-sélection en ligne) sont retenus à l'issue de la piscine.
C'est vrai que l'école n'a pas changé depuis 1900...Il est possible – et urgent – de « pirater » l'éducation
Tout le monde s'en rend compte aujourd'hui : nous sommes entrés dans le XXIe siècle avec un système éducatif du XIXe.
Bêtement, puisque la raison était surtout liée, jusqu'aux années 1930, au manque d'équipement et de personnel qualifié...Sous la IIIe République en effet, l'enseignement officiel de la natation était délivré sur un tabouret. On en rit aujourd'hui...
L'immersion appliquée aux langues : comment décline-t-on ce bel idéal en 6e par exemple ?...mais nos descendants, que diront-ils de notre enseignement des langues ?
Une "méthode" qui repose surtout… sur la sélection.Et de notre enseignement de l'informatique ? Car on ne peut mépriser une méthode qui produit les meilleurs développeurs au monde.
L'école "42" a trois ans : il suffit d'un classement par un site français dédié à la programmation informatique ludique pour conclure à ce jugement définitif : 42 "produit les meilleurs développeurs au monde".
En réalité, ce classement très franco-français (trois écoles françaises au premier rang) s'adressant à des recruteurs français sponsors du site n'a pas manqué de nourrir les suspicions ( cf supra ) : "ses résultats [...] s'appuient sur les données de nombreux utilisateurs français" (espérons qu'aune entreprise de Xavier Niel ne fait partie de ces "sponsors"). Les classements étrangers sont bizarrement moins favorables (ne faisant même aucune mention… de "42" !)
grad-schools.usnews.rankingsandreviews.c...ter-science-rankings
blog.hackerrank.com/which-universities-h...-coders-in-the-word/
On peut donc admirer la démarche très scientifique d'Idriss Aberkane : réformer le système éducatif à partir d'un classement survolé dans la presse.
Tout est code !L'intelligence artificielle ? C'est du code informatique. Le big data ? C'est du code. Le jeu vidéo ? Encore du code. Les villes intelligentes ? Toujours du code.
Et le plan informatique de 1985 ?« Le logiciel, c'est le pétrole des années 1980 et 1990 », avait dit Steve Jobs à François Mitterrand. Pourquoi avons-nous attendu les années 2010 pour inventer les meilleures méthodes de l'enseigner ?
Les modèles éducatifs d'Idriss Aberkane sont toujours de grands entrepreneurs-communicants. Mais il semble ignorer que le développement informatique s'apparente davantage à une tâche d'exécution : ce n'est pas le logiciel qui fait aujourd'hui la valeur en bourse de Facebook, mais son concept : Mark Zuckerberg n'est d'ailleurs pas tout à fait l'auteur du concept...
Céline Alvarez a enseigné à des enfants de maternelle : quel rapport ? Il faut les sélectionner ?Avec notamment les travaux de la révolutionnaire Céline Alvarez, l'année 2017 nous rappelle qu'il existe des lois naturelles de l'apprentissage chez l'humain, et – plus grave – que notre enseignement ne les respecte pas.
Encore une fois, la réflexion d'Idriss Aberkane est toujours aussi brumeuse : réformer le supérieur ou réformer l'école, c'est bien la même chose.Il est possible – et urgent – de « pirater » l'éducation.
Si la Légion, c'est le modèle du futur, en effet...Mais l'obstacle à l'agilité bien sûr, c'est la bureaucratie. Or, on sait que le stade bureaucratique est atteint dans une organisation quand la procédure y est plus importante que le résultat. Nos organisations éducatives d'État vont-elles prendre acte de leurs défaillances et revoir humblement leur copie ? Si elles ne sont pas des bureaucraties, elles le feront. Sinon, le temps les fossilisera. Comme les tabourets de nage.
La pensée de M. Aberkane sur l'école est toujours aussi arrogante qu'erratique.