"L'école, ou le triomphe du corporatisme" (Le Monde)

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23 Jan 2013 19:36 #3431 par Loys
Cet éditorial non signé de la rédaction du "Monde" ce 23/01/13 : "L'école, ou le triomphe du corporatisme" .


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23 Jan 2013 20:03 #3432 par Loys

L'école, ou le triomphe du corporatisme

Si seulement le corps enseignant pouvait ne plus avoir de corps, voilà qui arrangerait bien certains...

Les travailleurs de l'Education Nationale est les seuls dont les revendications pour défendre leurs conditions de travail (et le plus souvent d'ailleurs l'intérêt des élèves) sont systématiquement qualifiées de corporatisme. On cherchera en vain ce mot dans les articles du "Monde" consacré aux ouvriers d'Arcelor-Mittal ou aux employés de Virgin.

Et si on s'intéressait par exemple à la paupérisation continue des enseignants depuis vingt ans, au durcissement des conditions de travail, à la désaffection pour le métier menant à la crise de recrutement actuel ? Non, il faut tirer sur l'ambulance.

Quelle palinodie !

Où est la palinodie ? :x

Les enseignants qui ont voté pour la gauche n'approuvent pas pour autant son programme éducatif. Voilà qui est vrai depuis plus de dix ans. La question des rythmes scolaires n'a été explicitement abordée par le candidat et son futur ministre que quelques jours avant l'élection présidentielle : www.google.fr/search?q=peillon+ ... F2012&tbm=

Depuis trente ans, tout le monde ou presque s'accorde sur le diagnostic. Enseignants, chercheurs, Académie de médecine, chronobiologistes, parents, parlementaires et ministres successifs l'ont répété : nous avons l'organisation du temps scolaire, particulièrement à l'école, la plus absurde et contre-productive qui soit.

C'est curieux de dire que tout le monde est d'accord avec en face une grève massivement suivie dans l'autre sens.

En l'occurrence c'est tout sauf le problème de l'école actuelle.

La journée de six heures d'enseignement – la plus longue des pays de l'OCDE – est unanimement jugée trop lourde pour tenir compte du temps d'attention des enfants. La semaine de quatre jours, instaurée en 2008, est jugée à la fois trop compacte et trop hachée.
Quant à l'année scolaire, la France détient le record mondial de brièveté : 144 jours de classe, contre 180 à 200 dans tous les pays comparables.

Et quand nous étions à 4,5 journées, les résultats scolaires étaient-ils meilleurs ? Voilà la seule question qui importe.

Le bien-être des enfants serait une question prioritaire légitime si l'actuel niveau scolaire n'était pas si catastrophique. On voit bien que cette réforme est un rideau de fumée. Faire croire que l'école ira mieux ainsi est un jeu de dupes.

Les mises en garde ont été incessantes. Ces rythmes scolaires ne sont pas seulement mauvais pour les enfants. Ils ont conduit, en quatre décennies, à ce que l'historien de l'éducation Antoine Prost qualifiait en 2008 de "Munich scolaire" : une réduction spectaculaire de 20 % du temps global de travail des élèves !

Il faudrait savoir : si c'est pour le bien-être et le temps d'attention des élèves, où est le problème ? :twisted:

Le "Munich scolaire" est ailleurs et la gauche y a une grande part de responsabilité. Mais mieux vaut taper sur du prof corporatiste que de l'admettre.

Et que croyez-vous qu'il se passât ? Rien.

Au contraire. Les professeurs commencent à se révolter contre cette gauche dans laquelle ils ne se reconnaissent plus et qui a abandonné en pratique toute ambition républicaine.

Depuis le jour de son entrée en fonctions, le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, a rouvert le dossier avec énergie et engagé une longue concertation avec tous les acteurs concernés.

C'est une hagiographie ? :twisted:

Son objectif ? Rétablir la semaine de quatre jours et demi afin de réduire la journée de classe d'au moins... une demi-heure, en l'accompagnant, jusqu'à 16 h 30, d'activités périscolaires prises en charge par les collectivités locales. Il s'est bien gardé de toucher à la durée de l'année scolaire. Trop explosif ! Et, après arbitrage du président de la République, s'il pose le principe que cette réforme sera appliquée à la rentrée 2013, il admet que des villes puissent la reporter à 2014.

J'ai des enfants et je ne vois que des inconvénients à ce qu'ils aillent à l'école cinq jours de suite au lieu de quatre, pour la même durée de temps de présence à l'école chaque jour.

Et que croyez-vous qu'il se passe, devant cette considérable révolution ?

Cette esbrouffe méprisante pour la profession. La droite proposait de travailler plus pour gagner plus. La gauche de travailler plus pour ne rien gagner de plus.

La grève, annoncée massive, des enseignants des écoles parisiennes, ce 22 janvier, et une journée nationale d'action de leurs syndicats le lendemain.

Elle a été massive. Et la grande majorité des syndicats avait exprimé son désaccord avec cette mesure en janvier : le Ministre ne cherche pas le consensus mais le passage en force, façon Sarkozy.

Il est vrai que le maire de la capitale a annoncé son intention d'appliquer la réforme à la rentrée prochaine. Vrai aussi que les instituteurs parisiens craignent de perdre dans l'affaire un privilège qui remonte à la monarchie de Juillet : ne pas enseigner la musique, les arts plastiques et l'éducation physique, pris en charge, à Paris, par des enseignants "municipaux". Vrai encore qu'il leur est demandé de (re)travailler une demi-journée de plus, sans augmentation de salaire.

Du corporatisme, ça ? :fur

Vrai, enfin, qu'ils tentent d'entraîner les parents dans leur combat.

Et "Le Monde", qui tente-t-il d'entraîner ? Pourquoi cette prise à partie violente d'un corps déjà maltraité ?

Disons-le tout net : ce corporatisme étriqué est lamentable.

Un éditorial indigne, qui s'acharne sur une profession déjà en désarroi profond.

Les performances médiocres de l'école française, attestées par toutes les enquêtes internationales, devraient plutôt inciter tous ses acteurs à se mobiliser, avant tout, dans l'intérêt des enfants.

"Le Monde", dont les articles, presque toujours favorables aux mêmes syndicats dits réformistes, sont souvent analysés dans LVM, a une grande responsabilité dans la faillite de l'école en faisant régulièrement l'apologie insidieuse des mesures les plus destructrices de l'école, et ce depuis très longtemps.

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