"Le malheur français, c’est quelque chose qu’on emporte avec soi" (Rue89)

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03 Avr 2013 20:01 #4946 par Loys
A lire sur "Rue89" du 3/04/13, cet entretien avec Claudia Senik : « Le malheur français, c’est quelque chose qu’on emporte avec soi » .

Des extraits concernant l'école.


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03 Avr 2013 20:45 #4947 par Loys

Quel rôle joue l’école dans la fabrication de la mélancolie française ?

Avec les données dont je dispose aujourd’hui, je n’ai pas pu identifier les facteurs qui façonnent cette mentalité. On manque de données sur le bien-être des enfants.

Mais ça n'empêche visiblement Mme Senik, économiste de son métier, d'en parler.

Pour mémoire, l'OCDE nous fournit des données catégoriques. :devil:

Je partage les conclusions des frères d’Iribarne, qui ont écrit qu’il y avait une contradiction dans le système français entre élitisme et égalitarisme. On dit à tout le monde : il y a égalité des chances. Mais on a un système super élitiste et unidimensionnel.

Toujours cette même confusion entre égalité des chances à l'entrée ou à la sortie du système scolaire. Comment pourrait-il y avoir égalité des chances à l'issue de la scolarité ? Quel pays du type soviétique propose une telle égalité ?

Claudia Senik a raison sur un point : "On dit à tout le monde : il y a égalité des chances." Le classement des lycées participe de cette fiction .

On demande aux gens d’appartenir aux 5% des meilleurs (mais par définition, tout le monde ne peut pas y être), on les classe, et on considère que seuls le français, les maths et l’histoire comptent....

On ne le demande pas : ils désirent l'être... Qui achète les journaux avec les classements de lycées ? qui veut connaître les notes de ses enfants sur l'ENT du collège ou du lycée ? qui se moque des disciplines autres que français, mathématiques, histoire-géographie ? L'emploi du "on" est ici pervers en ce qu'il se fait accusateur envers une institution qui fait ce qu'elle peut avec ce qu'elle a.

... On se fiche complètement qu’ils excellent en sport, en peinture, en musique, en conduite de projets...

Ah... la conduite de projet, encore une néo-pédagogie. Les classements devraient davantage inclure ces disciplines ? N'est-ce pas contradictoire ? :twisted:

Il y a donc très peu de gens qui ont l’impression d’être vraiment au top. Ils se voient comme étant en échec ou moyens.

Quelle étrange idée, de la part de Mme Senik : on serait "au top" en fonction de sa seule vie scolaire ? La vie s'arrête avec l'école ? :scratch:

A force d’être éduqués avec cette échelle de 0 à 20, beaucoup finissent par se voir au milieu de l’échelle.

S'ils y sont, ça s'appelle la lucidité.

L’école française a plein d’avantages, elle produit des gens très bien formés, mais ce n’est pas l’école du bonheur.

Oh la belle affirmation issue d'on ne sait où.

On connaît un autre extrême : une école où l’on dit sans arrêt aux enfants « c’est bien », « c’est merveilleux », « c’est formidable », « tu es vraiment génial », « great », « wonderful », « gorgeous »...

Quel beau modèle de péda-démagogie : c'est tellement mieux d'entretenir les enfants dans l'illusion narcissique, celle de leur indéniable talent. Valable à partir de l'âge de un an.

Et ça produit quoi ?

Ça produit de l’estime de soi et de la confiance en soi.

Encore un leitmotiv des néo-pédagogues. C'est vrai qu'une confiance en soi et une estime de soi fondées sur un mensonge, c'est une démarche éducative salutaire.

Précisément la base du bonheur.

Pour notre économiste auto-proclamée spécialiste du bonheur, qui serait avisée de relire certains philosophes.

D’un point de vue rationnel, c’est intéressant de former des citoyens qui ont le courage d’affronter le monde, de prendre des risques, de se lancer en se disant qu’ils vont y arriver.

Le courage ou la témérité.

Une des sources importantes du bonheur, c’est l’anticipation, la capacité à se projeter dans le futur, les projets... Il y a une dimension individuelle, mais aussi une dimension collective. S’inscrire dans l’avenir, cela suppose que l’on adhère au monde tel qu’il est.

En leurrant les enfants, on les fait donc adhérer "au monde tel qu'il est". :devil:

Si on est dans un pays qu’on ne se représente pas comme étant très dynamique, on n’a pas l’impression de faire partie d’un projet collectif très identifiant. Et cela déteint sur la perception que l’on a de soi-même.

C'est très convaincant.

J’ai reçu de nombreux messages de lecteurs de mes travaux qui me disent que le malheur français vient du fait que l’anglais se soit imposé comme langue de communication, qu’on a laissé tomber la francophonie... Il me semble que c’est assez significatif.

Il suffit pourtant d'admettre que l'anglais est la seule langue valable pour communiquer dans le monde et s'inscrire avec joie dans un avenir anglophone.

Est-ce que les Français se complaisent dans ce malheur ?

Je pense qu’ils sont attachés à un idéal qui ne correspond pas au monde tel qu’il est.

Eh bien : un idéal, n'est-ce pas " la capacité à se projeter dans le futur, les projets" ? S'il faut accepter le monde tel qu'il est, où est l'idéal ?

En termes un peu psychanalytiques, il y a un bénéfice à cela. On se berce de l’idée qu’on est le pays de l’universalisme, des Lumières, de la Révolution, un grand pays. Ça nous fait du bien, mais après on le paye, on en souffre, parce que ça ne correspond plus à ce qu’est la France aujourd’hui.

Aujourd'hui c'est Twitter qui fait la loi en France : contact the fact !

Si vos hypothèses sont validées par la communauté scientifique-...

Il suffit de le dire...

...quelles conclusions devraient en tirer les pouvoirs publics ?

Bouleverser l’enseignement des langues.

Des langues... ou de l'anglais ?

L’enseignement des langues à l’école aujourd’hui ne participe pas d’un grand enthousiasme pour le monde tel qu’il est.

Ah bon ? Il participe de quoi ?

Et au Royaume-Uni, où l'enseignement des langues est catastrophique, il en participe ?

On vit dans un monde globalisé, mais les Français, à 18 ans, ne maîtrisent pas l’outil de communication de ce monde : l’anglais. C’est un vrai handicap.

Voilà la cause du "malheur" des Français et du "bonheur" des Anglais. :transpi:

Curieux aussi de célébrer la compétition de ce "monde globalisée" quand on appelle à renoncer à la notation.

Cela nous empêche de nous sentir autant citoyens du monde qu’on le devrait.

Pour être citoyen du monde, il faut parler anglais. Qu'on se le dise.

Du point de vue des anticipations dans le futur, ce n’est pas une bonne chose. On devrait passer beaucoup plus de temps, à l’école, à faire autre chose que des maths et du français.

C'est vrai, quoi, à quoi ça sert le français...

Développer d’autres dimensions de la vie.

L’anglais, l'anglais et l'anglais.

Ceci dit, j’ai adoré l’école, je suis un pur produit de l’école française, j’étais super compétitive, j’adore être au sommet, mais ce n’est pas généralisable.

Être heureux et au sommet, c'est réservé à une femme élite comme Claudia Senik. :transpi:

On ne peut pas exiger de tout le monde de se concentrer, de rester toute la journée assis sur une chaise quand on est un enfant !

Laissez les pauvres s'ébrouer dans la cour et leurrez-les sur leur niveau.

Donner l’impression aux gens...

Attention "l'impression" seulement.

...dès le début de leur vie, que la réussite est multidimensionnelle...

Ceux qui n'ont pas réussi comme Claudia Senik peuvent réussir autrement !

...qu’il y a différentes manières de réussir et qu’elles sont toutes aussi légitimes les unes que les autres serait un grand progrès.

Et le monde sera plus beau. Claudia Senik est prête à échanger sa place ?

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25 Sep 2013 11:07 #7664 par Loys
A lire dans le "Nouvel Obs" du 25/09/13 cette déclinaison : "Pessimisme français : la faute à l’école ?"

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25 Sep 2013 11:11 - 25 Sep 2013 11:20 #7665 par Loys

C'est une interprétation possible. L'école est censée valoriser les compétences les plus diverses : le raisonnement logique, la créativité, la capacité à entreprendre, à travailler en équipe...

Euh... les "valoriser" ou les faire naître et les mettre en œuvre ? :shock:

Or, l'école française sélectionne sur un nombre très restreint de qualités - en gros, le français et les mathématiques. Elle sélectionne par l'échec une élite trop étroite.

On se demande bien comment avec 76,7% d'une génération au Bac en 2012. En Finlande, pays merveilleux de la réussite éducative, la sélection est autrement plus drastique, dès l'entrée au lycée et ensuite à l'université...

Et son système de notation est probablement plus sévère que chez nos voisins. Les petits Français devenus adultes n'ont guère développé l'estime d'eux-mêmes s'ils ont plafonné à 10 ou 12 durant toute leur scolarité...

Alors que quand on a des notes qu'on ne mérite pas, l'estime de soi est nettement renforcée ! :santa:

Quand un enfant échoue à une dictée, il ne faudrait pas se contenter de le sanctionner, mais lui faire refaire l'exercice. Pour qu'il perçoive qu'il peut progresser.

Quelle pensée profonde ! :cheers:
Dernière édition: 25 Sep 2013 11:20 par Loys.

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