"Les apocalyptiques d’internet sont de retour" (Zeboute' blog)

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20 Oct 2012 10:39 #1643 par Loys
A lire sur le "Zeboute'blog", cet article du 9/10/12 : "Les apocalyptiques d’internet sont de retour" . Guimaume Boute se présente comme "Consultant en sciences de l’information et de la communication".


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20 Oct 2012 11:29 #1644 par Loys

Les apocalyptiques d’internet sont de retour

L'article va faire preuve d'une grande mesure, comme en témoigne le titre très pondéré. :roll:

Frédéric Beigbeder, dans Sud-Ouest, le 24 août 2012:

«Le numérique me fait peur, Facebook, c’est le nouvel opium du peuple (…) Internet, c’est l’empire de la méchanceté, de la bêtise; n’importe quel abruti a droit au chapitre.»

Elizabeth Tchoungui sur AuFéminin.com, le 17 juin 2011:
«En plus d’être inutile, Twitter est un réseau infréquentable. On y croise au choix: des pros de la drague lourdingue (…), des e-terroristes (..), des as du canular pas drôle. (…) n’en déplaise aux geeks qui me lisent, oui, Tweeter n’est que littérature de concierge, le style en moins: en 140 signes maximum, difficile de faire des miracles. »

Jacques Séguéla : « Le Net est la plus grande saloperie qu’aient jamais inventée les hommes ! « , dans On n’est pas couchés sur France 2, le 17 octobre 2009:

Avoir un regard critique sur le numérique, c'est donc penser comme Jacques Séguéla ou Frédéric Beigbeder.

Mais que se passe-t-il chez nos élites des médias et de la communication ?

Ah... Séguéla, Beigbeder, Tchnoungui, ce sont nos élites, et ils écrivent dans AuFeminin.com... Car les élites gouvernementales font plutôt la promotion du numérique, à l'école ou ailleurs. Il y a même un ministre à cet effet .

Analyse. Retour arrière !

Les mots sont durs.

Et une violence verbale, puisque ces mots sont une violence pour les millions d’usagers de ces réseaux sociaux au quotidien.

Et le hashtag #UnBonJuif , il n'est pas violent ?

La violence est là, quand on ne sait pas user de son intelligence.

On ne saurait mieux dire.

Pourquoi tant de propos haineux envers un monde numérique, né de l’intelligence humaine ?

Est-ce à dire que tout ce qui est "né de l’intelligence humaine" est admirable ? :scratch:

Internet et ses réseaux ne sont que des usages humains. Au miroir de notre société et de notre monde. Avec ses forces et travers !

Avec l'anonymat en plus. :mrgreen:

Relire le livre II de La République et le mythe de Gygès.

Les discours apocalyptiques sont récurrents.

Heureusement qu'il y a des voix courageuses pour défendre l'Internet grandement menacé.

En 1964, Umberto Eco, dans « Apocalípticos e integrados » définit déjà la rupture entre les « pro » et les « anti » technologie, et par conséquence les « anti » et « pro » internet. [ Eco, Umberto, Apocalípticos e integrados, Barcelona, Lumen, 1968 [édition italienne, 1965] ].

Et un discours critique, c'est anti ou pro ? :mrgreen:

Umberto Eco transpose cette opposition, en 1964, sous la forme d’une lutte des «apocalyptiques» contre les «intégrés»
Les premiers dénoncent la faillite de la culture et sa réduction à l’état de marchandise, les seconds, plus complaisants, font de la culture de masse le garant de la démocratie à l’ère de la massification.

Et quel jugement formule Umberto Eco ?

Les apocalyptiques sont nés avec la technologie, cela n’est pas nouveau…

Je n'ai pas bien compris en quoi Beigbeder, Séguéla ou Tchoungui prédisent l'apocalypse. :scratch:

Le penseur de Rodin n’existe pas, nu.

Si, il existe. On peut le voir au 79 rue de Varenne, dans 7e arrondissement de Paris. :mrgreen:

La technologie est décriée, depuis sa naissance. Pourtant elle est ancrée dans notre histoire de l’Humanité.

Alors qu'elle n'apporte que des progrès à l'humanité, comme en témoigne le riant XXe siècle.

Et refuser internet, c’est un peu refuser l’imprimerie. Ou le téléphone.

Qui parle de refuser Internet ? :scratch:

C'est tellement plus simple et confortable de caricaturer le débat...

Toutes les technologies ont eu leurs opposants. A la télévision qui rend imbécile. Aux jeux vidéos qui rendent violents.

Alors que c'est tout le contraire ! :mrgreen:

En 1982, Neil Postman dans « Il n’y a plus d’enfance » écrivait : « Regarder la télévision non seulement ne requiert aucun talent mais n’en développe aucun« .

C'est donc un grand progrès, effectivement. A lire à ce sujet TV Lobotomie de Michel Desmurget.

Ainsi en va de même d’internet.

Comme l’indique Daniel Bougnoux, « le penseur de Rodin, qui prétend nous montrer l’effort de la pensée nue, sans instruments, sans papier ni crayon, loin des laboratoires, bibliothèques et banque de données n’existe pas.

C'est amusant : penser, c'est donc penser sans culture ni lecture ?

Contre ce monument idéaliste ou romantique, il faut rappeler que l’homme seul ne pense pas ( mais rêve, ou imagine aux frontières du délire )...

Ah... :shock:

... en bref c’est le collectif qui pense, et qu’il y faut des outils ou des médias en général.

Le penseur de Rodin, c'est donc l'enfant sauvage de Truffaut ! :mrgreen:

L’outil « internet » est un outil de médiologie, c’est à dire, de transmission de la pensée humaine.

La pensée humaine est féconde, contradictoire, folle, parfois. Mais c’est la pensée humaine qui peut être idiote. Pas internet.

Effectivement. Mais il y a des outils qui invitent à l'idiotie plus que d'autres. Cf Nicholas Carr.

La méfiance originelle.

La méfiance actuelle envers nos médias, et outils techniques, ces intermédiaires de la pensée humaine est vieille depuis l’antiquité grecque.

C'est surtout la méfiance contre ceux qui en font un usage dévoyé. La technique rhétorique et les sophistes, par exemple.

Souvenons-nous du mythe des cavernes, où les lumières et ombres produites déforment la réalité. Les simulacres.

C'est une allégorie platonicienne, mais passons.

Se méfier des simulacres, de ces objets ombrageux produits, et qui ne sont pas l’âme, la substance moelle de la pensée.

Ce n'est pas du tout le sens de cette allégorie : elle nous enseigne que nos sens bien faibles nous empêchent d'accéder à la vérité.

Ainsi, Platon se méfie de l’intermédiaire, ( du « média » , par définition ), qui dénature la pensée.

C'est pour cette raison qu'il a écrit des dialogues platoniciens, quand Socrate n'écrivait rien. :transpi:

Voilà les explications logiques « ancestrales » d’une méfiance vis-à-vis de ce qui tourne autour de la pensée, sur cet objet qu’est internet, le web.

Explications fort convaincantes.

Ces difficultés d’accepter la modernité technologique peuvent être compréhensibles pour des acteurs, des chanteurs, des « people » ou l’individu Lambda.

Ce propos, qui assimile l'individu lambda à un esprit crédule, n'est guère démocratique. :mrgreen:

Mais pour des spécialistes de la communication, comme Séguéla, ou les journalistes, on peut s’interroger sur le manque de perspicacité, et la faiblesse de leurs compétences dans leur domaine.

Heureusement que d'autres sont perspicaces à leur place.

Car comme l’indique Eric Maigret, dans son ouvrage « Sociologie de la communication et des médias« , à l’usage des universitaires :
"Il est nécessaire d’étudier en permanence les outils pour éviter de tomber dans les travers de la dénonciation, de la prophétie et de l’utopie".

Il semblerait que M. Boute soit néanmoins tombé dans ce dernier travers. :doc:

Le BaBa d’un professionnel des médias est bien d’étudier. Plutôt que dénoncer.

Et si, après étude, on observe des choses critiquables, il ne faut pas les dénoncer, donc ? :scratch:

Et si les « anciens » acteurs du média sont aussi virulents, c’est qu’ils se sentent menacés, parfois :

Ben voyons...

La fin de l’élite intermédiaire.

la société de communication qui s’est amplifiée par les usages d’internet se caractérise par 3 fondamentaux : la démocratie, la transparence, l’autonomie.

On lira ces, dans l’article « Les 5 piliers de notre société de communication« .

Un peu comme les cinq piliers de l'Islam ? :mrgreen:

Démocratie : tout individu, pourvu qu’il dispose d’un accès au web ( on n’évoquera pas la fracture numérique ici ) a accès à toute l’information qu’il souhaite.

C'est beau, mais bien naïf. Les réseaux ne sont pas le lieu de la rencontre de l'altérité, mais du même. Un petit tour sur Mektoube pour s'en convaincre.

Transparence : Les informations sont vérifiables immédiatement ( ce qu’on nomme le « fact-checking » ). Et à l’information immédiate fausse, condamnée par les élites médiatiques, politiques peut être instantanément vérifiée, et rectifiée. L’open-data, qui consiste à publier brut les données des institutions publiques permet de donner à tous le même niveau d’information qu’aux médias traditionnels.

Car tout un chacun a le temps et les compétences d'un journaliste spécialiste dans tous les domaines... :mrgreen:

Autonomie : le web 2.0 permet à chacun, simplement, de diffuser lui-même de l’information ( blog, forum, réseaux sociaux ). Sans devoir participer à l’industrie traditionnelle de diffusion ( journalisme, édition, diffusion papier, radiophonique ou télévisée .. ).

Et sans être lu par personne... :spider:

On retrouve sur le web les mêmes processus commerciaux que dans l'édition traditionnelle. On peut même payer pour mettre en valeur ses posts Facebook ou avoir plus d'abonnés Twitter.

Pour le journaliste, l’expert de la communication, le publicitaire, c’est évidemment perdre de son pouvoir.

On le voit bien. Tout un chacun a sur Twitter autant de "folllowers" que les personnalités médiatiques. :roll:

Et cela explique grandement le rejet d’une nouvelle forme de participation collective à notre monde.

Il n'y a aucun journaliste sur Twitter. :mrgreen:

On remarquera que la dénonciation des journalistes n’est pas tant une dénonciation de la démocratisation de la connaissance, mais des usages plutôt liés à la communication proprement dite, que l’information :

Communiquer, au sens originel du mot, c’est « communier« . Partager.

Heu... non. Communiquer n'est pas communier. Ou alors le gouvernement ou Total communie avec le peuple français. :transpi:

Et peu importe si Elizabeth Tchoungui considère que sur Twitter, on y « croise au choix: des pros de la drague lourdingue (…), des e-terroristes (..), des as du canular pas drôle« .
Elizabeth Tchoungui ne se révolte pas des discours de comptoir, dans les bars. Où les propos ne sont pas toujours à la hauteur d’une pensée humaine d’ »intelligence.

Les propos de bars restent dans les bars. Avec Twitter ou Facebook, ils changent de dimension. Pensez à #UnBonJuif.

Il ne s’agit pas de donner de l’information. Mais partager un acte de communication.

:D

Twitter n’est peut être pas penser. Mais Twitter est nos lèvres.

C'est beau.

Et ne cédons pas à la couture des lèvres…

Critiquer Internet, c'est donc vouloir fermer Internet ? :scratch:

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22 Oct 2012 16:00 #1666 par Bug Neurone

Mais pour des spécialistes de la communication, comme Séguéla, ou les journalistes, on peut s’interroger sur le manque de perspicacité, et la faiblesse de leurs compétences dans leur domaine.

C'est extraordinaire comme, à partir du moment où vous êtes spécialiste du domaine, il vous faudrait être d'accord et dire Amen à toute avancée du domaine en question, sinon c'est que vous êtes incompétent. On me fait parfois la remarque en me disant « toi qui bosse dans l'informatique, je ne comprends pas que tu sois aussi réticente à la démocratisation universelle et absolue des tablettes tactiles, des écrans tactiles, des TV connectées... » (je caricature un peu, mais pas beaucoup)
Peut-être au contraire que des spécialistes du domaine ont plus de connaissances pour analyser le pour et le contre d'une nouveauté que « l'individu lambda » comme l'appelle cet auteur, qui sera peut-être plus influençable par la communication positive faite autour de ces nouveautés (pour continuer dans l'esprit du Lambda = crédule)

Mais non. Internet dispose de cette « immunité diplomatique » qui fait que tout regard critique et prudent sur certaines des déviances possibles sera aussitôt analysé par la foule de ses adorateurs comme émanant d'un détraqué, d'un adepte de la préhistoire qui se demande encore pourquoi on a inventé l’électricité... Internet, tu l'aimes en entier ou pas du tout !

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23 Oct 2012 12:33 #1672 par Loys
Jacques Ellul, dans l'avertissement à son ouvrage, Le Bluff technologique :

Jacques Ellul écrit: Il s'agit bien de bluff, parce que dans ce discours l'on multiplie par cent les possibilités effectives des techniques et que l'on voile radicalement les aspects négatifs.

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