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"Chez la fille de Pierre Rabhi, une école où l’adulte s’adapte à l’enfant" (Rue89)
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L'insistance sur Pierre Rabhi est curieuse : cette femme n'existe-t-elle pas par elle-même ?Chez la fille de Pierre Rabhi, une école où l’adulte s’adapte à l’enfant
L'originalité en soi n'est pas une vertu.Au cœur d’un écovillage auto-construit, une école et un collège proposent un projet éducatif original inspiré de Montessori et d’autres méthodes alternatives.
On comprend mieux l'insistance de "Rue89" sur Pierre Rahbi.L’histoire de l’établissement sonne comme un conte pour petits et grands. Le projet de Sophie Rabhi, fille du spécialiste mondial d’agronomie biologique et pionnier de l’écologie humaniste Pierre Rabhi, prend forme en 1999.
Rue89 est partenaire du documentaire « Pierre Rabhi, au nom de la terre », de Marie-Dominique Dhelsing, sorti ce mercredi 27 mars. Vous pouvez gagner des places pour une projection en envoyant un e-mail.
Donc forcément il fallait une école et un collège, dans cet idéal autarcique. Ce n'est pas une réflexion sur la pédagogie et l'enseignement qui explique ce projet à son origine.La maternité et ses convictions écologiques l’amènent à créer la Ferme des enfants, une école maternelle et primaire, d’abord à Montchamp (Ardèche) chez ses parents. En 2008, elle est transférée au Hameau des buis, un écovillage pédagogique et intergénérationnel, fondé dès 2002 avec son compagnon Laurent Bouquet et construit de toutes pièces par ses habitants et des bénévoles sur un plateau de l’Ardèche méridionale.
Quant au nom : "La Ferme des enfants"...
Autant dire un effectif minuscule et difficilement représentatif de quoi que ce soit...En contrebas, la rivière Chassezac, ses gorges et ses campings, où les touristes s’ébrouent l’été. En haut, et en pleine nature, l’école, entourée d’une cour de récréation, de balançoires, d’un jardin et d’une ferme pédagogique. Aujourd’hui, les deux classes de maternelle et de primaire accueillent cinquante élèves, tandis que le collège – ouvert en 2011 – reçoit 16 adolescents.
Oui enfin surtout à construire un "écovillage".L’influence de Montessori, Freinet, Steiner, Krishnamurti, Alice Miller et Dolto
L’originalité du projet éducatif de la Ferme des enfants tient en une idée : changer le comportement des adultes face aux enfants.
10 enseignants pour 66 élèves, soit un enseignant pour 6 élèves. On est loin du taux d'encadrement moyen en France...Pour y parvenir, l’équipe d’enseignants (10 personnes) est influencée par la pédagogie Montessori, mais aussi par Freinet, Steiner, Krishnamurti, Alice Miller ou encore par l’école de Neuville (Dolto).
Ben voyons, l'école publique ne respecte pas l'enfant. Voilà qui commence bien.Sophie Rabhi explique :
« On ne respecte pas vraiment l’enfant car on ne respecte pas ses besoins.
Alors que l'école publique ne produit que des moitiés d'homme.En y arrivant, on favorise l’émergence d’un être humain accompli.
Voilà qui est d'une grande clarté. La résonance, encore fallait-il y penser...Montessori a trouvé un certain nombre d’activités qui sont en résonance avec l’enfant, période après période, pour répondre à ses besoins naturels.
Quelle intuition géniale !On n’agit pas sur lui, on agit sur son environnement. D’où l’idée de le mettre dans la ferme et la nature. »
Un paradis pour une certaine fédération de parents d'élèves.Le système classique de notes et de compétitivité sur l’apprentissage est abandonné.
Effectivement...Le petit nombre d’élèves permet un suivi personnalisé.
Quelle jolie opposition. C'est vrai qu'apprendre à lire ou à écrire, c'est un acte très "intellectuel".Les activités manuelles (ferme aux animaux, jardinage…) sont aussi importantes que les apprentissages « intellectuels ».
C'est vrai que les enseignants de l'école publique s'efforcent plutôt d'être malveillants. Et c'est plus facile d'être bienveillant quand on choisit son public scolaire et qu'on lui demande de payer 2600€ par an.Le rôle des adultes est bien défini. Sophie Rabhi raconte :
« Le plus important, c’est l’attitude des adultes : comment est-ce qu’on règle les problèmes ? Comment éviter les situations de domination ? Comment abandonner les situations de récompense, de punition ? La bienveillance est centrale, c’est elle qui apporte la liberté et la fluidité. »
Mais attention : l'écologisme, ce n'est pas du tout du formatage.Lutter contre le « formatage émotionnel »
L’adulte qui s’adapte à l’enfant. Stéphane Villoud, ex-chef d’entreprise, et sa femme ont quitté la ville (Grenoble) pour changer de vie et d’offrir une éducation à leurs enfants plus conforme à leurs souhaits. Stéphane pointe :
« L’école publique inflige des douces violences à nos enfants. Il y a un formatage émotionnel réel, une pression des adultes et des valeurs de performance qui ne nous conviennent pas.
Un peu comme dans n'importe quelle école, en fait...Notre démarche est de critiquer notre éducation en gardant le positif. On ne veut pas de rupture. On apprend tous les jours, mais on se questionne aussi beaucoup ».
Le choix concerté de l’école et de changement de mode vie avec ses enfants est assumé par toute la famille, mais n’est pas sans créer des ajustements :
« C’est un lieu où les enfants expérimentent l’indépendance. La difficulté pour nous, parents, réside dans le décalage avec nos règles familiales. »
Il faut dire que la notion de programme implique d'emblée un "formatage émotionnel".Les programmes de l’Education nationale pas toujours suivis
Une paille : pour une famille de deux enfants, ce n'est jamais que l'équivalent de quatre smics.Las, cette école n’est pas accessible à toutes les bourses. Les frais scolaires s’élèvent à 2 600 euros par an et par élève.
Le socle, à la campagne, ça peut toujours servir.L’inspection académique a donné le feu vert à la rentrée 2011 pour que l’école primaire de La Ferme des enfants passe sous contrat.
L’école et le collège sont soumis à l’obligation scolaire du socle de compétence, mais les programmes de l’Education nationale ne sont pas forcément suivis.
Donc un enseignement pour chaque enfant, je suppose.L’objectif est d’offrir un enseignement au plus près des envies de l’enfant.
Ah oui, quand même : c'est-à-dire que le Brevet est considéré comme "intellectuel".Rodolphe Herino, coresponsable du collège, explique :
« On a rencontré les parents et les ados pour connaître leurs projets à la rentrée. Pour ceux qui veulent passer le brevet, on va coller au programme de l’Education nationale. Pour ceux qui veulent une insertion professionnelle rapide, on va cibler le socle commun et les apports de base, etc. »
D'où cet article bien opportun.Que deviennent les enfants qui retournent dans le public ? Rodolphe Herino et sa femme Claire, qui dirigent le collège depuis son ouverture, admettent qu’ « on manque de recul »...
Un bon programme, bien facile à cerner....mais ont une certitude :
« On fait le pari qu’un ado ayant les connaissances de base, qui est bien dans ses baskets, qui sait s’exprimer et dire ses émotions, aura les ressources pour se préparer et faire face à ces situations. »
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