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La (nouvelle) réforme du lycée général et technologique
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S'agissant du Sgen-CFDT, poser la question, c'est déjà y répondre."Que faire du baccalauréat ?"
par Albert Ritzenthaler, Chantal Demonque et Jean-Luc Evrard
C'est vrai que le baccalauréat à l'époque de Marc Bloch a beaucoup à voir avec le baccalauréat aujourd'hui : l'un obtenu par une minuscule fraction de la population, l'autre par les trois-quarts d'entre elle.« Nous demandons une très souple liberté d'option dans les matières d'enseignement : liberté désormais d'autant plus aisée que la suppression du carcan des examens doit permettre une grande variété d'initiatives. Se rend-on bien compte que, par la faute du baccalauréat, la France est actuellement un des rares pays où toute l'expérimentation pédagogique, toute nouveauté qui ne s'élève pas immédiatement à l'universel, se trouve particulièrement interdite ? »
Marc Bloch. Note rédigée pour les Cahiers politiques, 1944
Non, car il a déjà été vidé de sa substance et n'existe plus que par l'inertie du système scolaire.PEUT-ON PARLER DU BACCALAURÉAT ?
Ne risque-t-on pas, à s'interroger sur ses missions, ses enjeux et son fonctionnement, de desceller la clé de voute du système éducatif ?
Taxer ainsi le bac d'exclusion, c'est oublier que ce pourcentage n'a jamais été aussi faible dans l'histoire de la République. C'est aussi présupposer que les autres diplômes n'ont pas de valeur.Peut-on remettre en question un des derniers rites de la République, même si quatorze jeunes sur cent en sont exclus en 2013 ?
Quelles belles intentions ! Avec le Sgen-CFDT, c'est gagné !Contemporain du Code civil, n'est-ce pas un monument vénérable qui mériterait qu'on l'entretienne avec respect, voire qu'on lui redonne son lustre d'antan ? Le Sgen-CFDT entend poser les termes du débat et apporter des propositions pour remettre le baccalauréat à sa juste place dans le système éducatif.
C'est en effet ce qui le définit.UN EXAMEN POUR L'ÉLITE ?
Le baccalauréat est conçu dès 1808 comme premier diplôme universitaire. À ce titre, il donne accès à l'enseigne- ment supérieur.
Ces "bacs" n'ont de bacs que le nom puisqu'ils n'ont pas vocation à permettre d'accéder à l'université. Mais l'illusion démocratique doit fonctionner à plein puisqu'on a décidé de faire accéder tous les élèves au bac ou presque.La part de bacheliers dans une génération qui atteint 5 % dans les années 1950, va suivre une courbe exponentielle avec l'arrivée du baccalauréat technologique en 1968 et le baccalauréat professionnel en 1985.
Démonstration que la voie professionnelle a permis d'obtenir une réussite accrue mais artificielle, le tout à moindre coût puisque le parcours a été réduite de quatre à trois ans.L'objectif des 80% d'une classe d'âge lancé dans les années 1980 ne sera cependant pas atteint puisqu'à partir de 1995 et jusqu'à l'arrivée du baccalauréat professionnel en trois ans en 2010, le taux stagnera autour de 63 %. Il est de 73 % aujourd'hui.
Erreur factuelle au passage : il s'agissait de porter 80% d'une génération au niveau bac. Objectif atteint puisque nous sommes à 85%.
C'est totalement faux. Cette proportion a franchi 20% en 1986, 30% en 1991 et atteint 37,8% en 2012.Il faut cependant observer que la part de bacheliers généraux s'est stabilisée depuis les années 1995 autour de 35 %, et que la part du baccalauréat scientifique, toujours considéré comme la voie royale, oscille entre 25 et 27 % depuis cette date. On observe donc, derrière l'augmentation sensible du nombre de bacheliers, une proportion identique depuis plusieurs décennies de bacheliers généraux.
Bel aveu que les bacs technologiques et professionnels ne sont pas "démocratiques" aux yeux du Sgen-CFDT. Le vernis du progressisme craque quelque peu pour laisser transparaître un certain mépris de classe.La démocratisation du baccalauréat est donc relative car elle n'a pas modifié les taux d'accès aux baccalauréats les plus prestigieux.
Mais peu importe : ces "bacs" qui n'en sont pas auront permis d'accoutumer l'opinion à l'idée de la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans et du lycée pour tous, grande originalité du sytème éducatif français. Il ne reste plus qu'à franchir le pas du lycée unique, avec la voie générale pour tous : l'orientation choisie est déjà en route.
Ils n'ont rien modifié : ils n'auraient jamais dû s'appeler des "bacs".UN BAC DES BACS
L'arrivée du baccalauréat technologique en 1968 puis celle du baccalauréat professionnel en 1985 ont modifié la fonction du baccalauréat sans lever l’ambigüité du titre du diplôme. En effet, ces diplômes, à vingt années d'intervalle, ont été organisés et présentés comme des diplômes d'insertion professionnelle, qui ne préparent pas aux études supérieures, à l'exception de structures réservées que furent les BTS et dans une moindre mesure les IUT.
C'est surtout que les élèves de la voie professionnelle n'avaient pas vocation à tous devenir "bacheliers" jusqu'à la suppression récente du BEP.Ces structures étaient sélectives car réservées, dans une société de quasi-plein emploi, aux meilleurs bacheliers, les autres s'insérant dans la vie active.
Ce qui - sauf exception - constitue une aberration pour les bacheliers professionnels.Le chômage de masse qui perdure a provoqué un renversement de tendance maintenant les filières sélectives mais laissant la possibilité pour tout bachelier d'intégrer une université.
Et pour cause. Dans la voie pro, quatorze heures de l'emploi du temps hebdomadaire sont consacrées à l'enseignement professionnel...Au nom du principe sous-tendu par le diplôme du baccalauréat, des cohortes de jeunes se cassent les dents dans un parcours de licence auquel ils n'ont aucunement été préparés.
Pour le dire autrement plus de 95% des bacheliers professionnels échouent.Mais le taux de réussite global en licence interroge plus généralement la préparation des élèves, quel que soit leur bac d'origine. Le taux de réussite en quatre ans est de 39 %, allant de 48 % pour les bacheliers scientifiques à 4,6 % pour les bacheliers professionnels.
Le problème n'est pas du tout celui de la voie professionnelle qui ne prépare pas à des études universitaires, bien sûr, ou du renoncement de toute exigence au bac en général. Non, c'est évidemment la faute du baccalauréat lui-même, qui oblige les élèves à bachoter au lieu d'accéder à l'autonomie.Si l'université s'est engagée dans un dispositif d'accompagnement des lycéens dans le parcours licence, leurs difficultés sont d'abord directement liées à la préparation au baccalauréat, qui n'est pas une préparation à l'université.
Résumons : parce que les élèves du bac pro ne sont pas destinés aux études universitaires, il faut supprimer le bac en général.
Avec le succès que l'on constate ensuite à l'université, suivez la logique...DES ÉPREUVES AU STADE TERMINAL
Mis à part au lycée professionnel où le contrôle en cours de formation domine (cf. article page ...
Alors qu'on est mieux préparé pour les études universitaires si l'on pas accompli le programme.... les baccalauréats technologiques et généraux restent organisés par une série d'épreuves terminales « coefficientées » selon la coloration du diplôme. L'objectif de chaque enseignant de terminale est donc de s'engager dans la course au programme, considérant que sa mission sera accomplie s'il y parvient ou s'en rapproche le plus possible.
Même avec la réforme du lycée, la mise en place de l'accompagnement personnalisé et des TPE ? Il faut dire que la suppression des cours ne permet guère "d'approfondir telle partie du programme"...Les règles du jeu sont en général connues, les épreuves codifiées, mais la densité des programmes n'aura pas permis d'accompagner les rythmes d'acquisition des élèves ni d'approfondir telle partie du programme, encore moins de favoriser l'autonomie ou le travail collaboratif.
Pas du tout puisqu'il s'agit d'un examen, et non d'un concours.La logique est celle de la compétition...
Part d'aléatoire très limitée puisque les taux de réussite atteignent des sommets. Des sujets à la correction, tout est prévu au contraire pour éviter toute surprise....où tout se joue en une seule fois, avec la part d'aléatoire liée (en particulier mais pas seulement) à la correction.
On voit mal ce que fait cet argumentaire contre le baccalauréat dans une réflexion sur l'entrée à l'université.
Le bachotage en philosophie est bien peu efficace.Le bachotage en est un des rituels, avec le stress et la couverture médiatique autour de l'épreuve de philosophie.
Et relisons la définition du bachotage donnée par Marc Bloch : "Bachotage. Autrement dit : hantise de l'examen et du classement." Pas sûr que les candidats éprouvent aujourd'hui cette hantise. Pour s'en convaincre, ce sondage de l'an passé qui montraient que les candidats pensaient avoir le bac à 98% d'entre eux ou bien ce petit tour sur les réseaux sociaux : "La Bac attitude"
Argument habituel. Mais puisqu'on parle du coût, celui du bac semble dérisoire par rapport à celui de l'échec en licence, notamment des bacheliers professionnels (à 8.000€ par an environ). De nombreux pays, comme la Finlande, ont fait le choix d'une sélection drastique à l'entrée à l'université.À 85 euros en moyenne par élève, le baccalauréat coute 50 millions d'euros, beaucoup plus si l'on considère les heures d'enseignement non données en juin et le taux d'échec dans le supérieur qu'il provoque.
Marc Bloch, qui reconnaissait la nécessité d'une sélection pour l'entrée dans le secondaire, serait très étonné par cette récupération de sa pensée :
www.marcbloch.fr/notes.htmlMarc Bloch écrit: Nous demandons un enseignement secondaire très largement ouvert. Son rôle est de former des élites, sans acception d'origine ou de fortune. Du moment donc qu'il doit cesser d'être (ou de redevenir) un enseignement de classe, une sélection s'imposera. Un examen d'entrée demeurera probablement nécessaire ; il le faudra très simple et adapté à l'enfance : un test d'intelligence plutôt qu'une épreuve de connaissances… ou de perroquetage. Des examens de passage subsisteront.
C'est donc officiel pour la voie professionnelle ?POUR UN CYCLE TERMINAL QUI PRÉPARE AU SUPÉRIEUR
Parce que la préparation au supérieur doit être l'objectif de la terminale...
Mince ! On y avait pas pensé jusque là !... il est urgent de préparer les élèves à l'autonomie, à la maitrise de compétences et de connaissances qu'ils pourront réinvestir.
Pour "maîtriser des compétences et des connaissances", rien de tel que de supprimer des cours !
Mais c'est ce qu'on fait déjà dans la voie professionnelle, avec un grand succès.L'évaluation en cours de formation, qui valide ce qui est acquis au fil de l'an doit donc remplacer l'épreuve terminale couperet.
Et avec 85% de réussite (90% dans la voie générale) le "couperet" est bien émoussé : le Sgen-CFDT serait-il resté bloqué dans les années 40 ?
D'autant que la procédure d'admission post-bac a lieu avant l'obtention ou non du bac : celui-ci n'est plus qu'une formalité administrative. Quel "couperet" !
Une grande réussite...Elle pourrait s'accompagner d'une épreuve de synthèse s'inspirant des travaux personnels encadrés...
Car c'est bien connu : à l'université les étudiants travaillent en groupes. Mais pourquoi les préparer à "l'autonomie" en ce cas ?... en intégrant une part de travail collaboratif, comme préparation aux démarches de l'enseignement supérieur.
Des "niveaux d'exigence" sans programmes, c'est un concept original. Quant à considérer les programmes comme des "catalogues de connaissances", c'est évidemment une caricature de l'enseignement. Il suffit de considérer les programmes de lettres qui - en imposant seulement quatre objets d'études très vastes - laissent toute liberté au professeur.Cela suppose de remplacer les catalogues de connaissances que sont les programmes par des référentiels qui définissent les niveaux d'exigences attendus et les modalités d'évaluation.
Sacrée "équité" qu'une équité qui renonce à un examen national, identique pour tous. Avec le Sgen-CFDT, vive le renouveau de la double pensée orwellienne.Pour garantir l'équité et la cohérence pédagogique, les évaluations doivent relever de la réflexion du conseil pédagogique et du travail d'équipe.
Il s'agit bien - cyniquement - de ne garder du baccalauréat que la "façade" en le vidant encore un peu plus de sa substance.Pour le Sgen-CFDT, si l'on peut garder la façade, il est temps de reconstruire tout le bâtiment, à la hauteur des enjeux d'aujourd'hui.
Pour la reconstruction de l'école, on peut encore attendre. Mais avec le Sgen-CFDT, la phase de démolition est déjà bien avancée.
Certains instituts privés, comme "Ipesup" , préparent d'ailleurs très bien au post-bac et prospèrent sur ses débris.
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Fil à suivre sur Neoprofs : www.neoprofs.org/t69226p40-ccf-et-epreuv...-de-vue-du-sgen-cfdt
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Claude Lelièvre a pourtant montré que le bac dans sa forme actuelle n'a pas grand chose avec le bac des origines...Cher, lourd et fossilisé, le bac revient !
Et on ne peut pas demander d'un examen passé par les trois quarts d'une génération qu'il coûte moins cher et qu'il soit moins lourd que quand il était passé par un quart seulement d'une génération en 1980. Il faudrait que la démocratisation ne coûte rien.
Le problème de sa "valeur certificative" n'est pas lié à l'examen lui-même, comme le laisse croire la suite de l'article, mais à l'abandon des exigences qui lui sont liées.A quelques jours du coup d'envoi du bac, le 16 juin, le coût, la lourdeur et la valeur certificative de cet examen national interrogent.
Ben si beaucoup de choses ont changé, ne serait-ce que ces dernières années : bac pro en trois ans, TPE, refonte de la série technologique, épreuves de langues...Les ministres passent mais le bac reste. Chaque année en juin, le ministère de l'Education nationale tient conférence de presse sur le baccalauréat. Et chaque année, il fait la preuve que pour ce "monument historique" comme aiment à le désigner les ministres, rien ne change.
On comprend que le "changement", pour Marie-Caroline Missir, c'est surtout la suppression.
Il faudrait que le bac soit un concours de l'innovation, avec des changements tous les ans ?L'année 2014 ne fait pas exception: nouveau ministre, nouvelle directrice générale de l'enseignement scolaire - Florence Robine ex-rectrice de Créteil - mais peu de surprises ou de nouveautés pour cette session.
Élément qui ne figure pas dans le titre de l'article...Les constantes restent les mêmes: un coût élevé - 80,7 euros en 2013 soit près de 56 millions d'euros, une énorme machinerie - 686 907 candidats répartis entre les trois filières générale (50%), technologique (20%) et professionnel (30%) -, 170000 correcteurs et 4 millions de copies rémunérées à 5 euros pièce. Le rapport annuel de performance 2013, document budgétaire qui évalue l'utilisation des deniers publics, ministère par ministère, précise néanmoins que grâce à "la poursuite des efforts de rationalisation (recours accru à la visioconférence, dématérialisation des copies...) et d'harmonisation des pratiques de gestion, les coûts moyens sont en diminution."
Et qu'est-ce qui pourrait remplacer des épreuves écrites ou orales ? Les QCM ? L'évaluation par les pairs ?Le coût du bac? Pas le "bon angle d'attaque"
Les questions que posent cet examen national, régulièrement objet de rapports en vue d'une bien hypothétique réforme demeurent inchangées: le modèle d'évaluation que propose le bac (mobilisation nationale, épreuves écrites et orales) est-il encore adapté à l'heure du web, des Mooc, et d'une réflexion mondiale sur la certification par les compétences?
La certification est le point le plus faillible des moocs, au point que certains proposent des certifications dans des salles d'examen physiques !
La solution est toute trouvée.Le coût exorbitant du bac est-il justifié alors que l'Etat cherche des économies, et que la valeur certificative du bac est fragilisée?
Et pourquoi serait-elle caduque ?La réforme du lycée, entamée en 2010 n'est-elle pas rendue caduque si le bac, aboutissement du cycle secondaire n'est pas lui aussi réformé?
Merci de le reconnaître. Les lycées ressemblent de plus en plus à des centres d'examens permanents dans lesquels il devient de plus en plus difficile de travailler sur le long terme.Florence Robine a esquissé quelques timides réponses à ces questions. Interrogée sur d'éventuelles économies réalisée cette année, elle assure que cela ne peut "constituer l'unique angle d'attaque des évolutions du bac", mais que la multiplication des épreuves "commence à poser problème en terme d'organisation".
Pourquoi les épreuves de LV (compréhension + oraux), d'options, d'ECE, d'oraux de projet ont-elles lieu si tôt dans l'année ?
Qu'est-ce à dire ?En somme conclut-elle, le bac "ne peut être que le reflet d'une politique globale d'évaluation" dans l'Education nationale. En effet.
En réduisant d'encore une année on peut espérer faire mieux !Reste une bonne nouvelle: la réforme du bac professionnel, ramené à un cycle de trois ans par le ministre Xavier Darcos, commencerait à porter ses fruits, en "modifiant le profil des élèves", plus volontaires, et moins en échec, selon la Dgesco.
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"Bac 2014 : Un monument pour 700 000 familles" (13/06/14)
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Si c'est pas malheureux...On retrouve en général les mêmes disciplines et les mêmes types d'épreuves.
On ne peut que s'en réjouir.Florence Robine met l'accent sur quelques changements. "Il y a de nouveaux types d'épreuves", dit-elle. "Elles évaluent des démarches de recherche et projets" et même des travaux collectifs.
Eh oui : il faudrait généraliser tout ça d'urgence !En dehors des TPE, cela ne concerne que quelques soutenances de projets dans quelques bacs technologiques.
Même dans le "Café"...Un changement nettement plus important a eu lieu en langues vivantes, avec notamment une épreuve orale. Mais ces épreuves sont contestées par des enseignants et il n'en sera pas question.
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