Donnons le pouvoir aux héros de l’école : les innovateurs @FrancoisTaddei @ProfLeluherne @NSadirac
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Les neurosciences au cœur de la classe
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Entre les articles disponibles par tous à n'importe quelles conditions, et les revues qui font payer l'article à publier, et la lecture de l'article, n'y a-t-il pas des revues sérieuses qui font de la sélection, mais qui publie de véritables avancées dans ces milieux scientifiques ?
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- DM
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* les revues veulent publier des résultats sensationnels
* les chercheurs ont la pression de publier beaucoup, donc de présenter des résultats séduisants, tout en restreignant les frais
* les médias grand public veulent reprendre des conclusions sensationnelles et qui parlent à leur lectorat, ce qui exclut toute analyse statistique (les stats, c'est incompréhensible pour une bonne partie de la population, « chiant » etc.).
cf http://david.monniaux.free.fr/dotclear/ ... pe-le-sida
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- archeboc
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DM dit: les stats, c'est incompréhensible pour une bonne partie de la population, « chiant » etc.).
"Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques".
Mark Twain
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- mewtow
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Pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce dont parle Houdé (l(inhibition), on peut aller voir du coté des travaux en neuro-éducation. Quelques exemples sont disponibles à cette adresse (exemples mélangés avec des travaux sur d'autres problématiques) : www.associationneuroeducation.org/articles/ . Comme vous le verrez en lisant ces travaux, cette inhibition joue un rôle dans ce qu'on appelle le changement conceptuel.
En somme, la grille de lecture de ces travaux est une suite des travaux sur les conceptions des apprenants (ça doit vous rappeler quelque chose...) et sur les moyens de les supprimer. Ces travaux ont été effectués dans un cadre très souvent constructiviste....
A mon avis, ces travaux se contentent de donner un vernis neuro-scientifique à des travaux qui existent déjà. Le fait que le changement conceptuel s'effectue avec l'usage d'inhibition ne semble pas vraiment donner de conseils ou recommandations pédagogiques nouvelles. Ceci dit, il se pourrait que je me trompe, je ne connais pas en détail les travaux de Houdé. Mais le fait d'identifier les connaissances antérieures incohérentes avec le nouveau matériel à apprendre ou les buggy algorithms incompatibles avec les problèmes à résoudre n'est pas neuf, pas plus que la recherche des moyens pour les surmonter.
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Sur le site de l'évènement, son intervention (en anglais) : "Brain matters: Innovating in the classroom with neuroscience"
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Le fer de lance du constructivisme scolaire, en somme.Vous êtes partie prenante d’un colloque le 28 mai avec les Cahiers pédagogiques sur « Les neurosciences à l’école » et vous lancez à cette occasion un MOOC (massive open online course) sur ce thème. D’où vient cet intérêt?
Ancienne « instit », je suis, depuis 2013, détachée au CRI où je pilote les Savanturiers – Ecole de la Recherche. Ce dispositif développe trois axes d’action : projets d’éducation par la recherche à l’école élémentaire, au collège et au lycée, la formation des enseignants et la recherche.
Par ailleurs, on se demande ce qui fonde la légitimité de Ange Ansour à former des collègues en primaire et a fortiori dans le secondaire.
Depuis deux ans, nous proposons aux élèves et aux enseignants de mener des projets sur les neurosciences. Il ne s’agit pas d’appliquer en classe des principes ou des scénarios pédagogiques qui en seraient issus, mais découvrir ces sciences sous leurs différents aspects, s’initier à leurs méthodes.

Avec la bénédiction de certains...Les approches sont très variées: elles peuvent porter sur la physiologie du fonctionnement cérébral mais aussi plus largement sur les outils de la psychologie expérimentale et des sciences cognitives. Les neurosciences exercent aujourd’hui un immense attrait sur la communauté enseignante, au risque que certains puissent les voir comme détentrices de vérités sur les pratiques de classe.

Donc des sciences qui ne sont pas "détentrices de vérité" mais qu'il est important de découvrir.Plutôt que de céder aux arguments d’autorité, en pour ou en contre, nous convions les enseignants à découvrir rationnellement de quoi il s’agit : comment sont construites ces connaissances, quels en sont les notions fondamentales, les outils et les méthodes.
Il s'agit donc bien non pas de présenter les neurosciences comme un objet d'étude mais comme un moyen de renouveau pédagogique.En quoi votre démarche d’éducation par la recherche se distingue-telle du programme « La main à la pâte » conduit en milieu scolaire depuis une vingtaine d’années par des membres de l’Académie des sciences ?
Les Savanturiers s’inscrivent dans le droit fil de cette action qui a été salutaire pour sauver les sciences à l’école élémentaire et y consolider la démarche expérimentale.
Où le caractère "salutaire" de cette action est-il documenté ?
Donc il ne s'agit plus de limiter la démarche d'investigation scientifique ("l’éducation par la recherche") aux sciences - ce qui mériterait en soi d'être interrogé - mais de l'étendre à toutes les disciplines scolaires.La main à la pâte effectue un considérable travail de didactique des sciences et propose aux enseignants des séances clés en main, des formations à la démarche expérimentale, une mise à jour de leurs connaissances scientifiques... Toutefois, la mise en œuvre d’un projet Savanturiers dans la classe va au-delà de la seule démarche d’investigation scientifique. L’un des objectifs prioritaires de l’éducation par la recherche est l’initiation des enseignants et des élèves aux enjeux, méthodes et notions de la recherche scientifique, en sciences exactes et humaines.

"des apprentissages efficients, collaboratifs et productifs" : voilà des sciences qui, si elles ne sont pas "détentrices de vérités", n'en restent pas moins très catégoriques.La scénarisation pédagogique, la conduite de projet en classe et l’introduction des supports et instruments numériques sont mis en avant pour construire des apprentissages efficients, collaboratifs et productifs.
"hasardeux"…. mais déjà préconisé.Et pourquoi mettre l’accent sur les neurosciences ?
Nous avons fait ce choix en raison de leur montée en puissance dans le monde éducatif. Un enseignant ne peut se permettre d’obéir aveuglément à des « prescriptions » issues de « travaux de laboratoire ». Nous autres enseignants devons être outillés pour comprendre, argumenter et opérer des choix éclairés. Pour développer l’esprit critique de l’ensemble de la profession, comprenons d’où parlent les neuroscientifiques, comment sont produits les résultats et quelle est leur validité dans leur champ avant d’opérer un hasardeux transfert en classe.

Au dessus de la polémique, mais partie prenante de celle-ci...Certains enseignants voient dans les neurosciences, ou en espèrent, une source de choix rationnels dans leurs pratiques professionnelles, voire dans la conception même de l’enseignement. Mais d’autres sont plutôt inquiets à la perspective d’une « neuroéducation » qui prétendrait tout régenter...
Nous essayons justement de ne pas nous situer par rapport à une polémique et d’en rester aux fondamentaux d’une approche scientifique.
Traduisons : il y a des résultats, même s'il n'y a pas de preuves.En amont des controverses actuelles sur les neurosciences, se sont développées celles qui portent plus largement sur l’evidence based research. Cette recherche fondée sur la preuve, en s’inspirant de la médecine, préconise des protocoles expérimentaux pour apporter la scientificité qui manquerait – j’utilise le conditionnel –aux sciences humaines et sociales. Des réserves s’expriment à ce sujet, notamment en ce qui concerne la valeur de la preuve et la possibilité de transposer des conclusions de laboratoire à une réalité aussi complexe qu’une situation de classe.
Le terme de "science" n'est plus si gênant. En plus, elles sont nombreuses !Les neurosciences...
Ce qui n'empêche bien sûr pas la prescription....ont accompli d’immenses progrès dans l’explication et la description du fonctionnement cérébral. Toutefois, il n’existe pas de passage direct entre la description de ces phénomènes et la prescription faite aux enseignants de ce qu’ils devraient faire dans leur classe.

En somme il y a la bonne science et la mauvaise science !Ce qui a longtemps été présenté comme scientifique – l’opposition entre cerveau droit et cerveau gauche, l’utilisation présumée de seulement 10 % du potentiel cérébral, etc. - est aujourd’hui remis en cause et considéré comme des « neuromythes ». Comment faire confiance, face à des données aussi changeantes ?
En fait, ces neuromythes n’ont jamais été scientifiquement validés. Il importe de distinguer entre les articles scientifiques et la « littérature grise », toujours aussi foisonnante.
Par exemple en faisant la promotion scientifique de la réforme du collège !On peut se préserver des mythes par une éthique de la vulgarisation qui doit être en partie endossée par la communauté scientifique elle-même, en collaboration avec les journalistes scientifiques, les musées et les acteurs associatifs .
La concentration, la mémorisation, les rituels : la pédagogie de projet va bien dans ce sens !Les neurosciences nous présentent souvent comme des nouveautés scientifiques des lieux communs immémoriaux comme la nécessité de se concentrer pour apprendre, de répéter pour mémoriser, d’associer des apprentissages à des perceptions sensorielles, des rituels ou des émotions… Alors, « tout ça pour ça » ?
Commencer l'anglais en CP ne suffit pas (avec les résultats que l'on constate d'ailleurs)...C’est aussi une façon de sortir des polémiques stériles en fondant scientifiquement les intuitions de nombreux praticiens. Les acquis de l’expérience, les gestes professionnels éprouvés, qu’ils soient contestés ou fassent l’objet d’un consensus, relèvent des savoirs empiriques qui se juxtaposent. Les sciences valident des savoirs qui deviennent des acquis à partir desquels on peut construire et aller encore plus loin. A titre d’exemple, les travaux sur la plasticité neuronale et les périodes critiques pourraient convaincre les pouvoirs publics d’introduire de manière précoce l’apprentissage oral des langues étrangères dès le plus jeune âge.
Et si on profitait de la "plasticité neuronale" pour apprendre le français ?
Pourtant l'anglais devrait être une prioritaire républicaine !Mais la « compétition » qui règne sur le temps de l’enfant, disputé entre différents apprentissages ou activités, de même que les arbitrages budgétaires, ne plaident pas toujours en ce sens.
Les effets bénéfiques du "bain linguistique" est bien connu des écoles bilingues fortunées. Seul problème : ce bain suppose une forte exposition, des locuteurs natifs et des pédagogues chevronnés.Heureusement, les travaux en didactique des langues montrent le renforcement positif du « bain linguistique », a minima dans le cadre de l’école, ce qui illustre l’impact de l’environnement sur le cerveau même après la puberté.
L'enseignement de l'anglais sans formation, sans compétence et avec un horaire hebdomadaire ridicule non seulement relève de l'imposture mais participe de la dégradation générale.
Encore des "sciences" qui ont besoin d'un pluriel pour s'affirmer...La science progresse et tout porte à croire que, dans l’univers pluridisciplinaire des sciences de l’éducation...
...les neurosciences deviendront une discipline contributrice supplémentaire au même titre que l’histoire, la sociologie ou la didactique.
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- Loys
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Où l'on apprend, avec Olivier Houdé (qui évoque son expérience d'enseignant dans des classes Freinet), que "l’éducation est comme la médecine", un art et une science qui doit s'adosser aux progrès de la technologie. Que "l'enfant" a besoin pour apprendre de "retours continus d'information sur son travail" :
Vers 22'30, Olivier Houdé rappelle les injustes critiques subies par l'avis de l'Académie des Sciences et présente des applications éducatives pour l'âge préscolaire.Olivier Houdé dit: On peut considérer que, pour ce retour continu qui éveille la curiosité et le défi de l'enfant, les jeux numériques éducatifs et même les robots - pourquoi pas ? - peuvent être adaptés, en parallèle du professeur au rythme de chaque élève en classe, que ces technologies peuvent y aider.
Vers 32'40, les promesses des sciences cognitives deviennent mirifiques :
Il ne suffit pas que l'école ait appris, répété voire automatisé les algorithmes exacts pour qu'ils soient utilisés. Ce qui peut expliquer que même quelqu'un de très éduqué, par exemple, cède à une heuristique égocentrée, ou une croyance ou une émotion et commette au final un acte terroriste. Ça étonne mais ça n'a rien d'étonnant du point de vue du fonctionnement du cerveau. L'erreur, l’irrationalité, le barbarisme (sic) est toujours possible parce que les heuristiques court-circuitent de façon dominante les algorithmes et qu'on n'a pas finalement éduqué avec cette connaissance du cerveau à l'inhibition de nos heuristiques [...]

Curieusement, juste auparavant, M. Houdé concède que "la vitesse [du monde numérique] renforce le système heuristique" au détriment des algorithmes exacts ("la prise de recul peut être plus rare") : mais précisément, pour M. Houdé, il faut s'adapter et à éduquer à cette vitesse !
A 37'50, M. Houdé enrôle Montaigne qui "préconisait une éducation au contrôle de l'esprit chez les enfants pour lutter contre les idéologies du temps qui étaient en France les guerres de Religion".

Pour M. Houdé la programmation de jeux éducatifs peut se substituer, par "l'industrie du jeu", au préceptorat. Il n'envisage les écrans qu'à travers ces jeux éducatifs.
Pour M. Houdé, aucun doute que les "sciences cognitives" puissent permettre une "révolution" dans l'éducation.
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- Loys
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Attention scientisme de haut niveau dans cet éditorial de Laurent Alexandre dans "Le Point" du 06/09/17 : "Blanquer contre Torquemada"
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"libérer", "innovateurs" : voilà un lexique qui fleure bon la disruption libérale.L'Education doit libérer ses innovateurs
Heureusement l'intelligence naturelle de Laurent Alexandre, penseur averti et sérieux de l'école*, pallie cette grave faillite. L'urgence ("il reste bien peu de temps") constitue - curieusement - une injonction à NE PAS penser.Le système éducatif n'a pas pris une seconde pour penser sérieusement à sa modernisation, alors qu'il reste bien peu de temps avant le déferlement de l'intelligence artificielle (IA).
* Laurent Alexandre vient de publier La Guerre des intelligences (2017) : "comment l'éducation doit faire sa révolution". On comprend mieux pourquoi le transhumanisme occupe moins ses dernières chroniques dans "L'Express" (la dernière fustigeait par exemple le "conservatisme des enseignants [….] archaïque" dont les syndicats étaient comparés à l'inquisition de Torquemada). Il s'agit donc d'une légitime entreprise publicitaire qui n'a évidemment rien de répréhensible dans le cadre d'une honorable activité journalistique.
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Le ton de la chronique devient prophétique, et même apocalyptique ("des hordes de naufragés"). À la menace s'ajoute l'injonction d'égalité et de démocratie (contre une "société injuste") : qui donc pourrait s'y opposer ?Les méthodes d'enseignement doivent faire leur révolution, en laissant une large place aux expérimentations. Sinon, nous aurons une société injuste, avec une aristocratie de l'intelligence qui pilotera l'IA et des hordes de naufragés du numérique.
Reste que le raisonnement, appuyé sur un postulat non démontré (en l'état de l'école, l'intelligence artificielle menacerait l'intelligence humaine) est malheureusement difficile à suivre tant il est vague. Il s'agit en effet de promouvoir des "méthodes d'enseignement" révolutionnaires à l'école (mais lesquelles ?) pour faire naître une nouvelle forme d'intelligence (mais laquelle ?) qui permettra à tous de "piloter l'intelligence artificielle" (mais comment ?). Comme on le voit, le tableau est quelque peu brumeux. On ne sait pas même de quelle école il parle : primaire, secondaire, supérieure ?
En admettant le postulat de Laurent Alexandre sur la menace de l'intelligence artificielle, si l'École retrouvait une certaine efficacité à instruire, qui dit qu'elle n'assurerait pas - au contraire - parfaitement sa mission dans un monde en évolution ?
Mais quel "projet" pour quelle "modernisation" ? Tous ces mots ne veulent pour l'instant rien dire.La modernisation de l'école ne se réglera pas en distribuant quelques iPad au collège : il faut penser le projet avant l'outil.
Curieux car, comme nous le verrons, Laurent Alexandre cite comme "héros de l'école" des personnages qui s'apparentent davantage à des idéologues hors sol qu'à des praticiens pragmatiques.L'ère de l'idéologie de la pédagogie prendra fin, pour laisser place à la preuve statistique du learning analytic.
L'Histoire nous l'enseigne : les pires idéologies aiment, au nom de la science, à se présenter comme des anti-idéologies.
L'objectivité scientifique voudrait que l'on se dispense de tout prospectivisme hasardeux et que l'on observe par exemple que les neurosciences, encore balbutiantes, ont bien peu fait jusqu'à maintenant la démonstration de leur pertinence et a fortiori de leur efficacité.L'apprentissage devient une véritable science fondée sur l'observation objective de la structure du cerveau et de ses modes de réponse. Le système va sortir de l'âge du bricolage pour devenir une technologie.
Il est passionnant de constate que, derrière le mépris évident de Laurent Alexandre pour la tradition scolaire ("l'âge du bricolage"), son scientisme appelle à la transformation d'une simple technique (que certains appellent déjà "sciences de l'éducation") en une "technologie" de l'ère industrielle, avec cette confusion qui suppose que toute technologie, puisqu'elle est issue des progrès de la science et de la technique, est nécessairement un progrès par elle-même. De ce point de vue il est amusant de relire toute la chronique de Laurent Alexandre en remplaçant les termes "éducation", "école" ou "enseignement" par "agriculture" ou "alimentation".
On se demande bien, puisqu'il y a analogie entre éducation et NASA, sur quoi elle se fonde. Quel rapport entre un système éducatif et une agence spatiale ?Pour réussir cette mutation, l'Education nationale doit évoluer comme la Nasa : l'agence spatiale américaine considère que son vrai rôle est désormais d'être une plateforme d'aide et de promotion des innovateurs spatiaux.
A vrai dire, les "innovateur spatiaux" prestataires privés de la NASA ne sont que deux : ils permettent à la NASA de réduire certains coûts de développement. Rappelons d'ailleurs que c'est la NASA qui a sauvé "Space X" de la faillite à plusieurs reprises (voir ce billet d'Eric Berger (en anglais) rappelant les échecs de lancement et les multiples déboires financiers de "Space X").Comprenant qu'elle ne peut pas tout faire, elle est devenue un incubateur au service des start-up innovantes. Elle a d'ailleurs massivement soutenu Elon Musk et sa fusée SpaceX.
Précisément, en France, plusieurs millions d'euros publics viennent d'être investis pour permettre à des entreprises et à des startup EdTech d'expérimenter l'intelligence artificielle pour l'apprentissage de la lecture en début de primaire (avec "pré-industrialisation" en 2019). Un investissement sans risque, donc. Sauf pour l'État et les élèves.
Pour gagner de l'argent et envoyer des touristes fortunés dans l'espace comme rêve Elon Musk ?C'est ce modèle que l'école doit choisir : devenir la matrice de tous les innovateurs internes et externes.
On se demande bien comment Laurent Alexandre choisit ses "innovateurs de terrain" : certains n'ont jamais enseigné dans le primaire ou le secondaire (François Taddei, Nicolas Sadirac) ou n'enseignent plus (Nicolas Le Luherne, François Lamoureux) : il faut croire que c'est ce qui fait d'eux des "héros"...Et la France ne manque pas de talents dans cet univers. A côté de François Taddei ou de Nicolas Sadirac, le visionnaire qui dirige l'école 42, il y a une myriade d'innovateurs de terrain comme Nicolas Le Luherne, François Lamoureux, Marie Soulié, Eric Hitier et les membres des collectifs enseignants Inversons la classe.
Rappelons que "le visionnaire qui dirige l'école 42", cette école informatique sans professeur, sans programme, sans cursus et sans diplôme (mais avec une brutale sélection à l'entrée), est aussi celui qui vient de déclarer récemment : "Apprendre ne sert à rien, c’est dangereux et ça rend idiot" . Xavier Niel, qui a fondé et financé cette école avec sa fondation, a également déclaré en 2016 : "l'École 42, c'est un piratage du système. C'est prendre l'éducation et dire : On n'a plus besoin de profs, c'est appliquer l'économie collaborative à l'éducation... On est les premiers à le faire au monde, et c'est une forme de hacking. Parce que l'État n'a plus d'argent, mais, moi, j'en ai, je pense qu'investir dans un truc comme l'École 42, c'est en faire bon usage."
Quant à François Taddei, il est membre d'une organisation américaine, Ashoka, qui aspire à réformer notre école selon une philosophie bien particulière (voir mon analyse sur le documentaire Une Idée folle ).
A noter que les professeurs "de terrain" se sont pour certains (Marie Soulié, Eric Hitier) félicité de la reconnaissance de Laurent Alexandre, même si une responsable du SE-Unsa, Stéphanie de Vanssay, a pu protester qu'ils faisaient l'objet d'une récupération. Reste qu'on a ici, avec ces noms, une idée un peu plus précise des pédagogies révolutionnaires que Laurent Alexandre appelle de ses vœux : le bon vieux constructivisme scolaire, le même d'ailleurs qui est promu par l'institution.
Précaution oratoire : "aucune pédagogie miracle" mais, malgré tout, des méthodes qui doivent "faire leur révolution".Il n'y aura aucune pédagogie miracle parce que les interactions entre instruction, structure et fonctionnement du cerveau sont innombrables et d'une incroyable complexité.
La "complexité" du fonctionnement du cerveau explique en effet la prudence des scientifiques à ce sujet. Mais Laurent Alexandre ne s'embarrasse pas de ces scrupules d'un autre âge puisque, selon lui, l'apprentissage - d'ores et déjà ! - "devient une véritable science".
Quelle chance : le fondateur de "42" est également celui de la "station F", cet incubateur de startup qui vient d'ouvrir à Paris et qui abrite Ashoka !Pour balayer tout le champ des neurosciences appliquées à l'éducation, il va falloir des centaines de start-up. C'est tout un écosystème d'Edtechs (educational technologies) qu'il faut développer autour des « innovateurs enseignants de terrain ».
"bousculer l'enseignement" : encore le lexique du management brutal.Il faut par ailleurs des esprits neufs venant d'autres horizons pour bousculer l'enseignement.
Ces esprits neufs sont tout trouvés : il suffit de ne rien connaître à l'école pour en parler : Laurent Alexandre en est le meilleur exemple et avec lui bien d'autres entrepreneurs soucieux de l'avenir de l'école publique. Les "innovateurs" n'étant pas tout à fait "de terrain", ils feront également parfaitement l'affaire.
Sans cette "fibre entrepreneuriale", comment résister en effet ?Devenir une pépinière de start-up innovantes permettra de faire venir des gens d'horizons nouveaux ayant une fibre entrepreneuriale et psychologiquement capables de résister à la bureaucratie.
Curieux pour le reste car François Taddei, Nicolas Le Luherne, Marie Soulié ou les membres de "Inversons la classe" représentent ou ont reçu le soutien public de l'institution.
Ce qui signifie, en termes logiques, que les autres ne doivent pas l'être. On comprend en effet pourquoi cela constitue un "tabou"...Cela permettra aussi de contourner le tabou ultime de l'Education nationale : les innovateurs doivent être payés correctement.
La perspective de mieux rémunérer ceux qui innovent (en n'enseignant plus !) entre bien dans les vues de l'institution scolaire également. Ce discours en apparence iconoclaste n'est pas si loin du discours des majorités successives et la promotion de l'innovation dans l'éducation.
L'urgence et l’absence de choix.Si nous n'agissons pas rapidement, nous sacrifierons l'avenir de nos enfants et nous aurons une instruction made in Californie en 2040.
Curieux car le techno-constructivisme fait précisément le jeu des grands groupes technologiques : "inversons la classe" avec YouTube et en utilisant des produits Microsoft, Google ou Apple.
Heureusement les startup françaises (en cheville avec ces groupes) vont nous en libérer et les "enregistreurs cérébraux non invasifs" seront français.L'émergence d'enregistreurs cérébraux non invasifs très peu coûteux capables de mesurer de nombreuses constantes en permanence va permettre de corréler ces données à nos caractéristiques cognitives pour optimiser l'enseignement. Les géants du numérique, qui ont une connaissance de plus en plus fine des caractéristiques cognitives de nos enfants grâce aux smartphones, qui savent tout de notre cerveau, auront un avantage considérable.
Ce serait si dommage que l'enseignement personnalisé ne soit pas la meilleurs solution, compte tenu de toutes les données personnelles accumulées par Facebook (et d'autres).L'IA des géants du numérique permettra demain de déterminer très précisément les meilleures méthodes pédagogiques pour chaque enfant. Le patron de Facebook a d'ailleurs déclaré : « Nous savons que l'enseignement personnalisé est la meilleure solution. »
Mais voilà qui est étonnant : après nous avoir mis en garde contre une "instruction made in Californie", Laurent Alexandre nous enjoint donc d'en suivre la marche en citant Mark Zuckerberg ou en donnant l'exemple d'Elon Musk.
Il manquait des points d'exclamation à ce ton oraculaire et menaçant. La direction d'ateliers Canopé (après une courte carrière dans l'enseignement), rien de mieux pour rapprocher du "terrain" en effet...L'Education nationale doit encourager ses innovateurs et donner plus d'autonomies à tous les hommes de terrain comme Nicolas Le Luherne et faire pousser des centaines de start-up en son sein. Sinon, elle deviendra la prochaine sidérurgie !
L'éducation est de nouveau comparée à une industrie (et les élèves à des produits industriels ?), ce qui est assez étrange : la sidérurgie a disparu en France non pas pour des raisons de modernisation, mais de rentabilité...
Voilà qui fait réfléchir à la notion de progrès...
"Les syndicalistes de l'Éducation nationale ne veulent pas entendre parler d'IA. Ils font comme si ça n'existait pa… twitter.com/i/web/status/9…
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@mdrechsler @bfmbusiness @criparis @FrancoisTaddei Depuis 2 ans, le @CRIparis organise à @SciencesPo un cours "Disr… twitter.com/i/web/status/9…
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Dans "L'Express" du 6/9/17 : "Éducation et neurosciences: "En matière d'apprentissage, il n'y a pas de fatalité"
4/12/17
www.lalettredeleducation.fr/Edouard-Gent...iser-toutes-les.html
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