Dans le "Café" du 5/12/16 :
"La chronique de Véronique Soulé : Marie et Marlène, le twittroman et le bonheur d'être profs"
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Quelques commentaires.
La chronique de Véronique Soulé : Marie et Marlène, le twittroman et le bonheur d'être profs
Bonne nouvelle : on peut éprouver le "bonheur d'être prof" sans "twittroman" et même sans "EPI" !
Marie Especel et Marlène Partyka sont des profs comme on les aime : joyeuses, dynamiques, aimant les élèves et passionnées par leur métier.
Les "profs comme on les aime" pas sont tristes, attentistes, détestant les élèves et leur métier. Comprendre évidemment qu'aimer son métier, c'est aimer les EPI et les projets de "twittroman".
- " L'avantage est que je sais que certains concepts évoqués dans le roman ont déjà été abordés ", complète Marie Especel, 38 ans, sa collègue de lettres. Le livre en question, " Eldorado " de Laurent Gaudé, met en scène un jeune migrant soudanais et un garde-côte italien.
- " Nous avons travaillé sur la distinction migrant économique-migrant politique, sur les dessins de presse et sur la photo du petit Aylan, et encore sur la différence entre information et opinion ", reprend Marlène.
On se demande en quoi ces notions ou distinctions sont utiles pour l'appréhension littéraire de l'oeuvre ou l'enseignement du français.
- " C'est enrichissant pour toutes les deux, les élèves trouvent davantage de sens à ce qu'ils lisent ", ajoute Marie.
C'est vrai que "trouver du sens" à une oeuvre littéraire par elle seule paraît impossible.
Migrations
Marlène Partyka et Marie Especel étaient venues à Paris exposer le projet qu'elles ont mené ensemble l'an dernier avec la classe de quatrième option Media. Son titre : " Des migrations et des (dés)informations ". Et son sous-titre : " Regard croisé sur un sujet controversé : les migrations internationales ".
Dans le cadre de l'Education aux medias et à l'information (EMI), l'idée était de mener un travail approfondi sur un sujet d'actualité, tragique, voire traumatisant, qui a bousculé les élèves. Or, démunis, ils ont bien du mal à prendre de la distance et ils risquent de tomber dans l'amalgame.
Toujours rien sur le français...
Twittroman
Marlène et Marie, qui ont l'habitude de collaborer, ont décidé de travailler en interdisciplinarité, c'est-à-dire en abordant le thème à travers trois disciplines - le français, le géographie et l'Education aux medias.
L'éducation aux médias, une "discipline" ?
Leur projet est ce que l'on appelle dans le jardon de l'éducation nationale un EPI, pour Enseignement pratique interdisciplinaire, ces EPI que la réforme du collège entend généraliser.
Quelle chance que cette réforme soit illustrée par deux enseignants innovants au Forum des enseignants innovants (et joyeux, et dynamiques, et aimant leurs élèves etc.) !
Après avoir lu le roman avec Marie, étudié les aspects migratoires et géographiques avec Marlène, les élèves en ont inventé la suite sur Twitter. Ils ont créé 5 comptes pour les 5 personnages. Puis à l'aide de dialogues de 140 signes, ils ont écrit la suite du voyage de Soleiman, le jeune migrant soudanais. A la fin du livre, après avoir traversé la Libye, il était en Algérie. Il parviendra jusqu'en France après moults péripéties.
Un roman écrit avec des tweets de 140 caractères, voilà qui semble étonnant !
Pourquoi écrire la suite ? Pourquoi sur Twitter ? On ne le saura pas. Le travail de français semble se concentrer ici.
Marlène et Marie n'imaginent pas revenir en arrirè, au bon vieux cours que chacune dispenserait dans son coin, avec les éléves zappant d'un cours à l'autre, sans voir le lien entre ce qu'ils apprennent.
Le "bon vieux cours [...] dans son coin" : quelle horreur !
D'autant que les professeurs sont évidemment incapables de souligner les liens entre les disciplines...
Compétences
Marlène enseigne depuis 6 ans et Marie depuis 8 ans au collège Prévert de Bourg en Gironde. Il fut le premier du département à travailler par compétences.
L'innovation tous azimuts !
Les élèves n'ont pas de notes-couperet qui récompensent ou qui sanctionnent. Ils sont évalués sur ce qu'ils ont acquis, en connaissances mais aussi en savoir-faire.
On voit mal en quoi une évaluation par notes "récompense" ou "sanctionne" puisqu'elle évalue un niveau scolaire au même titre que l'évaluation par compétences.
Les collégiens découvrent les notes en troisième, année du brevet où il faut bien faire des moyennes. "Une découverte souvent douloureuse, commente Marie, un douze pour un élève dyslexiques illustre un vrai progrès alors que pour un élève excellent, c'est médiocre ." Marlène appprouve.
Si on pouvait supprimer les notes aux examens, ou même les examens...
"Dans un établissement où l'on évalue par compétences, enchaîne-t-elle, on est obligé de s'interroger sur sa pratique prédagogique. " Sur les cinquante professeurs de Jacques Prévert, Marie et Marlène estiment que dix à quinze font des projets et innovent. Un proportion significative.
Et "innover" en faisant tweeter les élèves, c'est mériter d'être reconnu...