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Le redoublement
- Loys
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A lire sur le sujet :
- HCE, "Les apports de la recherche sur l’impact du redoublement comme moyen de traiter les difficultés scolaires au cours de la scolarité obligatoire" par Jean-Jacques PAUL (directeur de l'IREDU) et Thierry TRONCIN (doctorant) (décembre 2004).
- MEN, "Le redoublement au cours de la scolarité obligatoire : nouvelles analyses, mêmes constats" (mai 2005)
- Rapport Eurydice : "Le redoublement dans l'enseignement obligatoire en Europe: réglementations et statistiques" (janvier 2011)
- INSEE, "Le retard scolaire à l’entrée en 6e : plus fréquent dans les territoires les plus défavorisés"
Sur le blog de Michel Delord : michel.delord.free.fr/rcp1.pdf
De Nathalie Bulle :
- skhole.fr/de-la-politisation-de-l%E2%80%...mple-du-redoublement
- skhole.fr/une-erreur-malencontreuse-reta...C3%A9es-soixante-dix
En vrac :
iredu.u-bourgogne.fr/images/stories/Docu...lement_2011-2012.pdf
tel.archives-ouvertes.fr/tel-00140531
www.cea-ace.ca/fr/publication/les-faits-...edoublement-scolaire
pedrocordoba.blog.lemonde.fr/2012/11/06/...ans-les-annees-1960/
pedrocordoba.blog.lemonde.fr/2012/11/12/...emus-sed-calculemus/
Article dans LVM :
- "DEPP Impact - La suppression du redoublement, un vrai miracle éducatif" (nov. 2014)
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- Loys
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Notre analyse :
Comme s'il n'était pas déjà un souvenir dans la pratique. Le taux de retard en France a été divisé par deux, non pas parce que le niveau des élèves a progressé, mais parce qu'il en a été décidé ainsi, dans une logique purement comptable.Le redoublement, bientôt un (mauvais) souvenir ?
L'activisme pédagogiste a payé depuis longtemps.Même si le rapport du Comité de pilotage sur la refondation de l’école n’est pas parfait, il a au moins le mérite de dire nettement certaines vérités, formulées dans le désert depuis bien longtemps, et qu’il est bien agréable de voir enfin écrites noir sur blanc dans un rapport officiel.
Les vérités ne sont donc pas toujours dites "nettement"...Parmi celles-ci, l’affirmation qu’il serait souhaitable de "remplacer progressivement le redoublement coûteux et inefficace par d’autres modes de remédiation".
Si l’on peut se réjouir de voir avoué un tel vœu, il n’en reste pas moins qu’il est avoué à mi-voix et de façon bien timide.
Alors qu'il suffit de faire comme si l'on avait réussi...Il est des aberrations tenaces. Notamment celle qui prétend que si l’on n’a pas réussi, il suffirait de recommencer pour que les choses s’arrangent.
Parce que l'élève est confronté au principe de réalité et voit qu'il n'a pas atteint le niveau attendu ?Pourtant on voit mal en quoi une seconde version de ce qui n’a pas bien fonctionné une première fois serait plus efficace.
Car les élèves qui redoublent recommencent toujours avec les mêmes professeurs : c'est une règle intangible dans l’Éducation nationale. Quant à recommencer "autrement", ce peut être... en travaillant, par exemple ?La logique la plus élémentaire n’oublie pas d’ajouter au moins un adverbe : recommencer, peut-être, mais AUTREMENT !
Ces expressions ("simplette", "vient rarement à l'esprit de ceux qui le décident") trahissent tout le mépris de Mme Charmeux pour les équipes éducatives.Si l’on analyse le redoublement scolaire, on découvre vite que l’adverbe y est parfaitement absent. Même la proposition, pourtant simplette, de faire redoubler au moins dans une classe parallèle pour que ça change un peu, vient rarement à l’esprit de ceux qui le décident.
Avec une autre équipe. D'autres camarades. Et pas "le même tour" s'il en a décidé autrement.En fait, l’enfant repart pour un tour, rigoureusement le même.
Les rares redoublements qui sont aujourd'hui proposés (compte tenu de la politique du chiffre pour diminuer le taux de retard) le sont en fonction de la volonté de l'élève, de sa famille et du bon espoir pour l'équipe éducative que le redoublement sera profitable.
Ceux pour lesquels les redoublements semblent totalement inutiles passent sans difficulté dans le niveau supérieur avec la mention "niveau insuffisant" en bas du bulletin. Dans les collèges les plus difficiles, on appelle même ça un "passage-dégage". Ces passages peuvent concerner plus de la moitié d'une classe.
Car les enseignants aiment à se montrer injustes et malveillants.Et qui plus est, sans pouvoir bénéficier du seul avantage que lui apporterait ce second tour, celui d’être déjà au courant et de pouvoir enfin briller un peu en sachant répondre aux questions. En général, en effet, après avoir posé ses questions, l’enseignant se hâte d’ajouter en direction des "redoublants" : "Vous, vous vous taisez ! Vous laissez parler les autres !". On pourrait appeler cela appliquer la "double peine".
Le redoublement éventuel est déterminé par la seule considération que l'élève a atteint un niveau suffisant pour suivre dans la classe supérieure. Toute interprétation psychologisante (du type "sanction") est insultante pour la communauté éducative.De fait, hormis les cas, où, essentiellement dans les grandes classes, c’est l’élève lui-même qui le souhaite, le redoublement, notamment à l’école primaire, est presque toujours une sanction...
Car l'école est le lieu de la "chance" qu'octroient ou que n'octroient pas les enseignants malveillants....et souvent traité comme telle par l’enseignant qui retrouve l’élève malchanceux.
Il n'existe - dans ce raisonnement sidérant d’Éveline Charmeux - de mauvais élèves que par l'action de méchants maîtres.Force est d’admettre alors que l’effet Pygmalion fonctionne à plein régime : l’étiquette de "mauvais élève" lui colle définitivement sur le front et la seule chance pour lui d’exister en tant que personne est d’y construire son identité et de s’en faire une fierté.
Éveline Charmeux aurait pu inspirer Ionesco à bien des titres.Difficile alors, pour ne pas dire impossible, de le sortir de ce cercle qu’on a si bien su rendre vicieux, comme dirait Ionesco.
C'est donc parce qu'il a redoublé qu'il est en échec. Ce n'est pas parce qu'il est en échec qu'il redouble...On a ainsi fait disparaître toute chance de remédiation, ce que confirment les statistiques qui révèlent qu’un élève qui a subi un redoublement — surtout celui du CP — redouble généralement d’autres années ensuite.
Par de courageux pédagogistes à qui l'on doit l'école dans son état actuel. Je renvoie à mes "Copies non conformes" .Doit-on ajouter les erreurs des présupposés théoriques qui sous-tendent cette pratique ? Elles sont en effet bien connues et dénoncées depuis fort longtemps :
Il n'y a plus qu'à organiser les classes et les niveaux selon une démarche spiralaire !1- faire redoubler l’année présuppose que l’apprentissage serait un stockage linéaire, avançant marche par marche, si bien qu’une marche mal abordée empêcherait d’accéder aux suivantes. Depuis des décennies, il est démontré que l’apprentissage ne s’effectue nullement ainsi, que c’est souvent la suite qui permet de comprendre ce qui a précédé, et qu’apprendre ne consiste pas à empiler des savoirs les uns sur les autres, mais bien de mettre en relation des éléments différents, à la fois de façon horizontale et verticale. La démarche d’apprentissage est spiralaire et non linéaire.
Ne plus écrire sur une copie : "Comblez vos lacunes en orthographe" mais "Réajustez vos savoirs".2- faire redoubler l’année présuppose une conception des apprentissages à la fois mécanique et d’une logique purement externe : si des savoirs manquent, il faut reprendre pour combler ces manques. C’est oublier que l’élève est une personne qui a des savoirs et qu’apprendre n’est en rien combler les manques qui apparaîtraient dans ses savoirs : apprendre, c’est transformer, réajuster, reconstruire ses propres savoirs. Il ne peut donc s’agir d’en rajouter une couche pour que la réussite arrive.
Ce qui n'arrive jamais.3- faire redoubler l’année présuppose que l’échec est dû essentiellement à l’élève, qui n’aurait pas bien écouté, et pas suffisamment travaillé à mémoriser ce qu’il a écouté.
Nous voilà bien !Comme on sait, l’élève, pour apprendre, n’a ni à écouter, ni à mémoriser...
Goûtez ce "Comme on sait"...
Cette phrase a-t-elle un sens ?...il a à comprendre et à s’ajouter ce qu’il a compris.
C'est encore une fois la faute de l'enseignant, qui ne sait pas enseigner conformément à la doctrine charmeusienne.Mais comme dans la majorité des cas, ce n’est pas du tout ce qu’on lui a proposé et qu’il n’a eu qu’à écouter et à mémoriser des choses où il ne retrouvait rien de ce qu’il savait auparavant, il n’a pu en tirer parti.
Je ne retiens que cette phrase d'anthologie, délibérément culpabilisatrice mais à bien des titres coupable : "L’échec ne peut donc être le fait de l’élève".Recommencer de la même manière ne peut qu’aggraver les choses. L’échec ne peut donc être le fait de l’élève, mais celui de l’inadaptation du travail d’enseignement, qui, précisément, n’a pas pris en compte les savoirs-déjà-là de l’élève, et n’a pas proposé de situations permettant de construire le savoir nouveau.
Si Éveline Charmeux fréquentait un peu les écoles, elle saurait que la première considération envisagée en cas de redoublement éventuel, c'est l'âge de l'élève et s'il a déjà redoublé. Certains chefs d'établissements interdisent formellement le redoublement pour cette raison.4- faire redoubler l’année présuppose enfin que le prétendu "niveau" de l’élève est plus important que son âge. C’est ainsi que, de redoublements en redoublements un élève peut avoir deux, voire trois ans de plus que les autres élèves de la classe. A l’âge de l’école primaire, cette différence est catastrophique, d’autant plus que le redoublement isole l’élève de ses copains.
Chose qui n'arrive jamais.Il est accablant d’humiliation pour un enfant de onze ans d’être avec des camarades de huit ans, surtout avec un statut d’infériorité.
Mais non : l'élève est toujours de bonne volonté, voyons.Et rien de positif ne peut sortir de cette honte, si ce n’est le fait d’utiliser cette supériorité d’âge pour faire le "mariole" voire bien pire...
Certains élèves ont du retard, d'autres de l'avance. Les enseignants font leur travail aussi bien que possible, compte tenu du caractère collectif de l'école. Dommage qu’Éveline Charmeux ne développe pas plus avant ses théories sur les classes spiralaires.Quand on a décidé de regrouper les enfants par classe d’âge — on pourrait parfaitement faire autrement, mais comme ce n’est pas près d’arriver, essayons au moins de rendre ce type de groupement aussi cohérent et positif que possible — il faut s’y tenir et les laisser avec ceux de leur âge : la notion de "niveau" n’a aucun sens.
Mais chaque enseignant, "comme on sait", veille à ce qu'aucune solidarité ne s'installe.Si la solidarité est installée dans la classe, et si le travail d’équipe solidaire est quotidien, le prétendu retard du redoublant présumé sera vite oublié.
Bref, tout dans l'école républicaine est stupide : les niveaux, la progression des savoirs, l'apprentissage. Pas étonnant que le redoublement soit idiot, puisque l'école est idote.Du reste, et contrairement à ce qu’une logique au ras des pâquerettes laisse supposer, l’ordre d’acquisition des savoirs n’a rien d’impératif : c’est une invention de l’école que rien ne justifie.
C'est aussi simple que cela !A partir du moment où la confiance en soi a été installée et maintenue, tout élève peut entrer dans le savoir par n’importe quelle porte : les prétendue "bases" se déduisent d’elles-mêmes et peuvent toujours être rattrapées par la suite.
Preuve - au passage - que le redoublement est un souvenir depuis longtemps. On constate en effet que mes élèves entrant en sixième aujourd'hui sont bien meilleurs.Lorsque nous avons décidé, dans les années 80 de supprimer le redoublement du CP, nous avons maintes fois constaté la véracité de ce fait.
Car c'est le travail par équipe des professeurs et le travail en groupe des élèves qui va sauver l'école.Certes cela implique que l’on aide les collègues à quitter leurs habitudes frontales pour apprendre à utiliser les pairs dans l’aide aux difficultés qui apparaissent, et pratiquer le travail de groupe.
Curieux, car jamais les enseignants n'ont été autant formés que depuis la création des IUFM en 1989 et l'avènement des sciences de l'éducation dont Mme Charmeux est la digne représentante. Avec les résultats mirifiques que l'on constate vingt ans après.Une fois de plus, on se rend comte que c’est l’enseignant qu’il faut aider et soutenir, pas l’élève ! Et nous voilà de nouveau face aux problèmes de formation...
C’est aussi pour cela qu’il faut abolir le redoublement : sa disparition va créer des besoins de formation, qui n’apparaîtront peut-être pas sans cela.
"Abolition" ? Comme l'esclavage, en quelque sorte.Il est des abolitions qu’on n’effectue pas progressivement : celle-là en est une. Elle n’est pas la seule.
On a hâte de lire la prochaine proposition de Mme Charmeux !
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- Loys
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Pour le primaire, ce rapport se réfère à des études étrangères (1990 pour la plus récente) ou françaises (2004 pour la plus récente, par l'IREDU). Les études précédentes datent des années 1980, voire 1970. Difficile de comparer les effets du redoublement à une époque où il était pratiqué massivement et à une époque où il devient plus résiduel.
Intéressons-nous à la recherche de l'IREDU.
Problème méthodologique : comment peut-on être certain que les "promus faibles" ont le même profil que les "redoublants" ? Il ne s'agit en effet pas d'élèves choisis par les responsables de l'étude, mais par les enseignants. Or on peut facilement imaginer qu'à niveau niveau scolaire proche les enseignants peuvent distinguer des profils différents d'élèves, certains étant plus susceptibles de profiter de la promotion en CE1 que d'autres. Auquel cas, la réussite des "promus faibles" démontre davantage la perspicacité des enseignants que l'inefficacité du redoublement.Une recherche en cours d’achèvement à l’IREDU, conduite par Thierry TRONCIN, vient confirmer les résultats précédents de Claude SEIBEL et Jacqueline LEVASSEUR. A été constitué en septembre 2002 un échantillon de 3932 élèves de Côte-d’Or, répartis entre 274 classes et 220 écoles. Cet échantillon de départ est ainsi constitué d’environ 80% des effectifs de la population mère pour chacune des trois strates considérées (écoles, classes et élèves). Les élèves ont été soumis à quatre ensembles de tests en septembre 2002 au début de CP, en juin 2003 en fin de CP, en septembre 2003 en début de CE1 ou en début de second CP pour les redoublants, puis en juin 2004 en fin de CE1 ou en fin du second CP.
Autre problème méthodologique : cette étude évalue l'efficacité individuelle du redoublement, mais pas son efficacité collective : le redoublement indique en effet à l'ensemble des élèves le niveau exigé à la fin de l'année. Sa suppression vaut renoncement à cette exigence (d'où la logique des cycles mis en place parallèlement).
Faisons néanmoins fi de ces deux graves questions méthodologiques et fions-nous à l'étude de l'IREDU.
Premier constat : "qu’un seul des cent trois redoublants de CP ne progresse pas". On ne peut donc pas dire, avec "une augmentation de la réussite moyenne de 25 points sur cent", que le redoublement est inefficace : "les progrès sont en moyenne bien réels". Reste à savoir s'il est moins efficace que le passage. C'est bien ce que constate l'étude : "pour chacun des exercices constituant la base comparative, la moyenne du groupe des redoublants est significativement inférieure (au seuil de 5%) à celle du groupe des promus." Mais il faut ici nuancer : "En considérant l’ensemble des quatorze exercices communs, l’indice de réussite moyenne du groupe des redoublants est surpassé par 66 % des élèves faibles promus." Ce qui signifie que pour un tiers des élèves faibles promus, les résultats sont égaux ou inférieurs" (sans que soit précisée la proportion de résultats inférieurs, ce qui serait pourtant très intéressant). Pour le dire autrement, le redoublement serait moins efficace dans le cas d'un tiers des élèves : mais quid des autres ?
D'ailleurs, second constat : l'étude n'indique pas dans quelle mesure ces résultats sont meilleurs. De fait, les résultats des promus faibles sont toujours bien inférieurs à ceux des autres élèves, sans que l'étude précise si l'écart s'est aggravé mais ce qu'on peut néanmoins supposer pour la moitié d'entre eux au moins : "les progrès de ces derniers sont relatifs et insuffisants pour leur permettre de ne pas se démarquer de nouveau par la faiblesse de leurs acquisitions finales. Dans un cas sur deux, ils seront sanctionnés à leur tour par une décision de redoublement".
On voit bien que la promotion automatique ne peut apparaître comme une solution : c'est pourtant ce que pratique désormais massivement l'école française.
Dans le secondaire
Les études françaises citées sont anciennes (1985, 1993).
La première étude de Duru/Mingat (1985) est problématique dans sa méthode pour simuler la réussite des élèves doublants en 5e s'ils étaient passés en 4e : en effet, dans les années 1980, la 6e et la 5e d'une part, la 4e et la 3e d'autre part formaient deux cycles. Le taux de redoublement en fin de 5e était le double de celui en fin de 4e. D'ailleurs ces taux se sont mécaniquement inversés quand la 5e et la 4e ont formé le "cycle central" dans les années 1990 (cf graphique infra)
La seconde étude de Grisay (1993) rencontre le même problème méthodologique qu'en primaire pour comparer "promus" et "doublants". Elle concède que "d'autres recherches dévoilent des bénéfices liés au redoublement lorsqu'il affecte un autre niveau d'enseignement que la 6e" (Ernst/Radica 1994) mais leur reproche de ne pas comparer "promus" et "doublants".
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- Loys
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Notre analyse :
Quel noble combat que celui contre cette "injustice nationale" plus grave que les autres à l'école ! Et un combat bien dans le sens du vent...Le redoublement, spécialité française, injustice nationale
C'est bien ce que je disais...Le chef de l'Etat veut diminuer le recours à cette pratique.
On se demande bien pourquoi, dans ces conditions, il a pu un jour exister.En plus d'être inefficace, le redoublement est injuste pour les élèves.
Un élève qui sait qu'il passera dans le niveau supérieur sans avoir travaillé participe et s'intègre toujours beaucoup mieux, c'est une évidence.Sa suppression serait une véritable révolution de la scolarité française, favorisant la participation et l’intégration des élèves décrocheurs
Comme si ce nombre n'était pas déjà limité par le système...Le redoublement, une des particularités du système scolaire français, aurait du plomb dans l’aile. François Hollande veut en limiter le nombre.
Une mesure bien aléatoire, en somme.Perspective évasive, dans dix ans on appréciera ce qu’il en est.
L'alliance objective des libéraux et des pédagogistes.Depuis quelques années, l’Education nationale aussi recommande d’éviter cette décision. Les raisons de ce sursaut sont diverses, mais au fond qui veut vraiment supprimer le redoublement?
Ces "malheureux", victimes innocentes d'une institution cruelle (cf notre article sur la souffrance scolaire ). Et que dire de ceux qui ont volontairement redoublé pour des raisons extérieures à l'école (situation familiale, maladie etc.).Combien sont-ils ces malheureux, recensés comme autant de brebis qui n’ont pas suivi le troupeau scolaire défini par leur année de naissance?
On note au passage la métaphore animalière, faisant des élèves des moutons. Perspective sympathique qui rend hommage à la mission de l'école. En faisant des redoublants des brebis égarés, on oublie qu'elles sont intégrées dans le troupeau de l'année suivante...
Pas du tout. Que les élèves soient dans le niveau qui leur convient, telle est plutôt la volonté sensée des enseignants, qui font aussi sauter des classes à certains élèves en maternelle ou en primaire.Une des bizarreries des statistiques de la rue de Grenelle, c’est de comptabiliser et d’ausculter à l’envi ces élèves «qui ne sont pas à l’heure» dans leur cursus scolaire. Etre dans la norme d’âge est une obsession française, surtout si vous êtes en retard.
Il faut être non seulement à l'heure, mais en avance!
Ils sont dans le niveau qui leur convient.En effet, les autres, les happy few qui sont en avance, suscitent peu de réflexions: ils doivent aller merveilleusement bien.
Un élève qui a du retard est un élève qui a redoublé, ce qui signifie qu'il a connu dans sa scolarité des difficultés. Pas étonnant dans ces conditions qu'il ait moins de chance de réussir... Un élève en avance est plutôt mis dans une classe de niveau inférieur à son propre niveau, pour des raisons de maturité et de taille.Pour preuve, les élèves qui arrivent au bac à moins de 18 ans connaissent un meilleur taux de réussite à l’examen que ceux simplement à l’heure ou en retard !
Obtenir son bac ne donne plus guère de potentialités aujourd'hui...Autrement dit: vous êtes en avance et vous êtes potentiellement «un haut potentiel» de la société.
L'obsession pour l'âge est en réalité une obsession de l'auteur de l'article : c'est d'ailleurs une des raisons qui justifient la suppression du redoublement... Peu importe qu'on obtienne le bac à 17, 18 ou 19 ans : l'essentiel est de l'obtenir.En 2011, le taux d’élèves en retard à l’entrée de la 6e est de 12, 1% —sans surprise, cette fatalité touche davantage les enfants d’ouvriers (15% pour les filles et 18% pour les garçons), que les enfants de cadres (2,5% pour les filles et 4,3% pour les garçons). Le taux de redoublement en seconde générale est de 9,5%. Au total, 61,2% des élèves d’une classe d’âge atteignent la terminale à l’âge de 18 ans ou moins dans l’année.
Nos résultats scolaires ont-ils progressé d'autant ?Très massif avant les années 1995, le redoublement, sans toutefois disparaître, est devenu progressivement moins fréquent, et à connu une diminution après 2005 –cette année-là le taux d’élèves en retard à l’entrée de la 6e était encore de 17,2%.
L'échec scolaire en France ?L’annonce de François Hollande ne fait donc que confirmer une tendance déjà bien engagée.
Cet article ne serait-il pas un plagiat de l'article du "Monde" du même jour ?!!5 arguments contre le redoublement
Encore une belle expression journalistique, comme s'il pouvait y avoir un amour ou un désamour du redoublement...Pourquoi ce désamour pour le redoublement?
Cet argument est ridicule dans le secondaire puisque le redoublement est proposé par l'équipe éducative, soit une dizaine de professeurs.Les statisticiens, panoplie de chiffres à l’appui, ont mis en évidence son caractère injuste et inefficace.
Cinq arguments démolissent la pertinence du redoublement (1):
1. il paraît inéquitable: les mauvaises notations qui aboutissent à la décision de redoublement comportent une part d’arbitraire, car chaque enseignant construit une dispersion de notes en fonction de la perception qu’il se fait de sa classe.
Dans les établissements les plus faibles, le redoublement n'est plus possible tant il pourrait concerner d'élèves. A suivre le raisonnement de l'auteur, il faudrait généraliser cet abandon.Lorsqu’on passe à un classement plus standardisé, certains élèves jugés comme «faibles» dans un établissement donné seront jugés simplement comme moyens dans un autre établissement où ils n’auraient aucune raison de redoubler. Ironie des classements: redoubler au lycée Montaigne à Paris n’a pas du tout la même signification que de redoubler au lycée de Gennevilliers (par exemple).
La justice consisterait donc à les faire passer tous les deux, même s'ils n'ont pas atteint le niveau qu'ont atteint les autres élèves de la classe ?Parallèlement, les conseils de classe cherchent à éviter d’aggraver le cas des élèves déjà redoublants: pour un carnet de notes identique, un élève ayant déjà redoublé aura donc moins de chance de redoubler qu’un élève «à l’heure».
Il y a rarement des élèves "analogues" dans une même classe. Le niveau atteint n'est pas le seul paramètre à prendre en compte.2. Le redoublement ne favorise pas, en moyenne, les acquisitions de l’élève qui progresse moins que son analogue faible mais passé dans la classe supérieure.
Comme c'est étonnant ! il y avait vraiment besoin de statistique pour le comprendre !3. le redoublement amplifie les écarts entre les enfants: en effet, les élèves en retard sont peu nombreux à dépasser le niveau moyen de leurs camarades.
Quelle belle expression : "la promotion automatique" ! On devrait l'appliquer aux concours de médecine, par exemple.4. Les classements internationaux montrent que les pays adeptes de la promotion automatique d’une année sur l’autre, comme le Royaume-Uni et les pays scandinaves, arrivent en tête des palmarès et la dispersion de leurs résultats n’est pas plus accentuée qu’ailleurs.
Les résultats du Royaume-Uni sont loin d'être bons. Et quand il le seraient, il serait aberrant d'attribuer cette réussite à un élément parmi des dizaines d'autres. On pourrait reformuler ainsi : le Royaume-Uni réalise de substantielles économies avec la promotion automatique.
L'absence de redoublement et la promotion automatique sont surtout un facteur de démotivation pour tous ceux qui travaillent.5. Le redoublement est un facteur de démotivation de l’élève et de stigmatisation à son encontre.
C'est vrai, ça ! Il faudrait peut-être venir dans une classe pour le comprendre...Qui décide du redoublement?
Ouf! Sans conteste, les avis convergent: «le redoublement n’est pas une seconde chance pour les élèves», comme l'écrivent Christian Forestier et Claude Thélot dans Que vaut l’enseignement en France? Pourquoi muni d’un tel plaidoyer fait-on encore redoubler des élèves?
Quels spécialistes ?Cette pratique est ancrée dans «la mentalité éducative française», disent les spécialistes.
"hautement ritualisé"...Qui décide du redoublement? C’est le conseil de classe (réuni suite à un conseil des professeurs) qui le propose après une cérémonie hautement ritualisée —examen des notes, prise de parole de l’enseignant responsable de classe, échanges contradictoires avec les délégués des élèves et éventuellement ceux des parents d’élèves.
Parents et chefs d'établissement ont de toute façon le même objectif : faire passer.Cette proposition est parfois associée à une proposition de changement d’orientation —sortir de la voie générale, par exemple pour prendre une voie professionnelle. In fine, c’est le chef d’établissement qui tranche, après avoir reçu la famille de l’élève si la proposition du conseil de classe ne correspond pas aux vœux de l’élève ou de sa famille. Cette autorité du chef d’établissement connaît pourtant une exception: à la fin de la cinquième, le redoublement intervient seulement avec l’accord des parents.
Ils peuvent d'ailleurs faire appel sans aucune raison valable et sans se présenter devant la commission.Laisser le dernier mot aux parents: une fausse bonne idée?
Les parents toutefois disposent d’une procédure d’appel, examinée par une commission présidée par l’inspecteur d’académie, commission dans laquelle figurent les délégués des parents d’élèves ainsi que des enseignants; l’élève peut aussi venir plaider son cas devant elle.
Si le dernier mot est laissé aux familles, il l'est aussi bien aux familles favorisées qu'aux familles défavorisées...Dans les travaux sur la Refondation, il est envisagé d’expérimenter la possibilité de laisser aux parents «le dernier mot» en matière d’orientation en fin de seconde et sur le redoublement à tous les niveaux de la scolarité. Une piste qui a de fortes chances d’amplifier une tendance bien installée: la capacité des familles privilégiées par le niveau social et éducatif à mobiliser toutes les ressources, et il y en a plein, pour éviter le redoublement à leur chérubin.
C'est vrai, quoi. Le niveau des élèves, c'est secondaire. On l'on retrouve l'alliance des libéraux (qui veulent désengager l’État de l'école) et des pédagogistes qui veulent continuer de révolutionner l'enseignement.Autre argument pour réduire voire supprimer les redoublements: la charge financière qu’ils représentent pour la collectivité, puisqu’il aboutissent à maintenir dans le système scolaire plus d’élèves que la simple addition des effectifs des classes d’âge. En 2005, le Sgen-CFDT (adepte de la suppression du redoublement) évalue son coût à 2, 2 milliards, signalant que ces finances pourraient être employées à autre chose.
Heu non... L'obligation de résultat global, c'est le redoublement, précisément.L'occasion de repenser la scolarité dans le sens d'une obligation de résultat global
Avec l'un des plus faibles taux d'encadrement de l'OCDE ?La promotion automatique des élèves d’une année sur l’autre constituerait une véritable révolution de l’école française. Elle dégagerait des marges de financement et pourrait avoir de multiples conséquences en matière d’organisation de la scolarité puisqu’elle supposerait une sorte d’obligation de résultat global du système.
Elle impliquerait le développement accru de l’aide individualisée...
On note que l'auteur n'en parle jamais, quand il compare les pays de l'OCDE...
Le redoublement n'est ni une sanction ni a fortiori une éviction....amoindrirait la logique classement/sanctions/évictions...
il suffit de le dire. Le "taux de retard" a bien diminué en France, mais les résultats sont plus en retard que jamais......et orienterait sans doute vers des voies pédagogiques favorisant la participation et l’intégration des élèves.
Ce sont trois choses bien différentes qui sont ici amalgamées.Elle induirait aussi un effort d’envergure envers les élèves «décrocheurs» ou en tout cas très absents et complètement démotivés —pour lesquels aujourd’hui on propose seulement de redoubler, de changer d’orientation, ou de quitter l’école (après 16 ans).
Personne, et pourtant trois articles le même jour dans la presse (dont certains copiés les uns sur les autres...), et la volonté du Président...Qui est prêt à lancer l’éradication du redoublement? Pour le moment, personne: le «retard» des uns organise «l’avance» des autres.
S'il y avait élitisme, l'éviction serait plus utile que le redoublement. Qui n'est de toute façon presque plus appliqué quand il le devrait. Voir mes "Copies non conformes" en fin de troisième, dans un collège où le redoublement n'est plus appliqué qu'à la marge.Le redoublement est une matrice, parmi d’autres mécanismes, au service de l’élitisme républicain...
Le redoublement n'est pas un outil de sélection, bien au contraire !La sélection précoce et souvent «pour la vie» des meilleurs. Beaucoup d’arguments militent pour supprimer le redoublement, en revanche les conséquences à en tirer pour l’organisation de l’école sont loin d’avoir été étayées, et loin, sans doute, de faire l’unanimité.
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et michel.delord.free.fr/redoub-nbulle.pdf
Les motivations profondes des contempteurs du redoublement sont-elles vraiment d'ordre pédagogique ?
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- Loys
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Tout le monde se donne le mot en ce moment...
A lire sur ce blog du "Monde" : "Le redoublement n’améliore pas la performance des élèves, en général" (24/10/12)
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Analyse :
A vrai dire on s'en doutait. Le redoublement n'a pas vocation à "améliorer la performance" mais à tenter de pallier des lacunes.Le redoublement n’améliore pas la performance des élèves, en général
Si le redoublement est conçu comme une chance offerte aux élèves de repartir sur des bases solides, ces chiffres montrent au contraire que la nation peut consentir un effort financier important pour les enfants issus de milieux défavorisés. Pour ma part, mon expérience personnelle dans plusieurs zones d'éducation prioritaire en France me conduit plutôt à constater à quel point le redoublement n'est presque jamais quand il serait nécessaire pratiqué. Je renvoie à ma tribune dans "Libération" le 2/07/ 2004 : "A Sarcelles, redoubler est une fatalité" . Le seuls élèves qui redoublent (en dehors des ultimes paliers de CM2 et de 3ème, qu'il est question de supprimer) sont ceux dont les familles consentent au redoublement et dont les équipes estiment très raisonnables les chances de progresser. Pour les autres, les plus faibles, la réalité crue est celle du "passage-dégage".Après un premier article sur les inégalités du système d’éducation français et un deuxième sur les rythmes scolaires au primaire, il me semblait important d’aborder le sujet du redoublement. Ce thème est en effet étroitement lié aux deux précédents : les élèves qui redoublent sont ainsi bien souvent ceux dont les parents sont issus de milieux défavorisés et les rythmes scolaires trop condensés ne permettent pas vraiment de faire face à la difficulté scolaire.
Personne ne pense que le redoublement est une solution toujours efficace. C'est en revanche une solution souvent nécessaire dans l'état actuel du système, quand le niveau atteint par l'élève devient insuffisant pour suivre dans la classe supérieure.À cela s’ajoute que le redoublement est considéré en France, mais aussi dans un certain nombre de pays européens, comme la pratique la plus à même de remédier aux problèmes scolaires.
La France est donc le pays "champion" de l'OCDE pour les efforts consentis à l'égard des élèves en difficulté.La France : championne des pays de l’OCDE pour le redoublement
La France est connue pour ses taux élevés de redoublement, mais comment se situe-t-elle par rapport à ses voisins ? La statistique que je vous présente dans cet article est extraite de l’enquête PISA 2009 (pour plus de précisions, consulter le Volume IV du rapport, Chapitre 3). Dans cette enquête, il était demandé aux élèves de 15 ans d’indiquer s’ils avaient déjà redoublé au primaire, au collège ou au lycée. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 13 % des élèves de 15 ans ont répondu qu’ils avaient déjà redoublé au moins une fois. En France, plus d’un élève sur trois affirmait être dans ce cas (38 % pour être exact).
Sur la base du seul taux de retard, le Royaume-Uni par exemple, avec ses 2%, serait donc un eldorado scolaire...
C'est vrai que l'écart avec les autres pays est considérable, mais par lui-même cet écart ne signifie rien : ce n'est pas parce que peu de pays pratiquent le redoublement qu'il faut cesser de le pratiquer. C'est pourtant l'argument sous-tendu par l'article, comme le montre la phrase suivante :
Si l'on considère que le redoublement est une mauvaise chose.Il s’agit d’un record absolu, comme le montre le graphique ci-dessous, sans compter que ce chiffre serait encore bien plus élevé si on mesurait les taux de redoublement à 18 ans (c’est-à-dire en couvrant l’ensemble du lycée).
La décomposition par niveau d’enseignement se fait comme suit : 17.8 % des élèves de 15 ans ont redoublé au moins une fois une classe du primaire en France (contre 7 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE), tandis que 23.5 % des élèves interrogés ont connu la même mésaventure au collège (contre 6 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE). On obtient un total supérieur à 38 % car certains élèves de 15 ans ont pu redoubler à la fois au primaire et au collège.
Ces chiffres sont alarmants...
Le redoublement a diminué, certes. Reste à savoir s'il s'agit véritablement d'un "progrès" scolaire.... et pourtant, des progrès ont été réalisés.
Nous retrouvons donc notre habituel taux de retard. Ce taux, pointé du doigt systématiquement, ferait presque oublier que l'important dans un cursus scolaire, ce n'est pas le retard, mais le nombre d'élèves atteignant le niveau voulu en fin de scolarité. Avec du retard ou pas, peu importe.Dans les années 60, près de la moitié des élèves étaient en retard dès le CM2. Dans les années 90, cette proportion était descendue à 25 % (voir la note de 2004 du Haut conseil de l’Évaluation de l’École), pour s’établir, comme on l’a vu, à « seulement » 18 % en 2009.
De fait. Mais les écarts de résultat scolaires - le plus important - sont loin d'être si importants.Des écarts significatifs existent entre les pays en matière de redoublement. À titre de comparaison, il est inexistant en Corée, au Japon et en Norvège, et inférieur à 5 % dans 8 autres pays de l’OCDE. À l’inverse, à l’instar des élèves français, plus de 25 % des élèves de 15 ans en Belgique, en Espagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas et au Portugal indiquent avoir déjà redoublé au moins une fois.
Si le redoublement améliorait les résultats, on ferait redoubler tous les élèves...Le redoublement : un mal pour un bien ?
Disons-le tout de suite, il existe une forme de consensus – fait assez rare dans le domaine de l’éducation pour qu’on le souligne – pour suggérer que, de manière générale, le redoublement n’améliore pas les résultats d’éducation.
Et les arguments qui s'y opposent ? Il n'y en a pas, certainement. Et pourtant tous les pays de l'OCDE ont bien un taux de retard, preuve qu'ils pratiquent -même à une échelle modeste - le redoublement.De ce principe de base découlent différents arguments pour justifier sa suppression ou, tout du moins, sa diminution :
Cet argument est irrecevable, à moins de prouver une causalité entre ces deux éléments. On peut sans crainte affirmer que la population scolaire spécifique de chaque pays par exemple ou le taux d'encadrement, ou encore les conditions de recrutement des enseignants sont des éléments davantage susceptibles d'expliquer les inégalités des résultats. Compte tenu de ces handicaps importants, les résultats français sont loin d'être mauvais (en comparaison des autres pays de l'OCDE).-Les pays à forts taux de redoublement affichent de moins bonnes performances. Au niveau international, un taux élevé de redoublement est généralement synonyme de piètres résultats globaux.
Cet argument, qui prend la conséquence pour la cause, est digne de Ionesco. Les élèves qui ont redoublé sont évidemment moins "performants" (quel langage...) que ceux qui n'ont pas redoublé. Statistique que l'on ne peut évidemment plus établir dans les pays ne pratiquant pas le redoublement : c'est bien pratique.Les statistiques nationales confirment ces résultats et montrent des écarts significatifs de performance en faveur des enfants qui n’ont jamais redoublé, par comparaison avec les autres.
La suppression du redoublement présenterait cet avantage politique qu'elle ferait automatiquement baisser le taux de retard en comparaison d'autres pays de l'OCDE. Et qu'il est beaucoup plus facile de légiférer pour améliorer ce taux que d'agir pour améliorer vraiment les résultats scolaires.
Puisqu'il s'agit de prendre une décision aussi radicale (supprimer le redoublement), il s'agirait peut-être bon de se fonder moins sur des "suggestions" que sur des preuves scientifiques.Par ailleurs, dans les pays présentant un taux élevé de redoublement, les écarts de performance imputables au milieu socio-économique tendent à être plus marqués, suggérant que les élèves issus d’un milieu socio-économique défavorisé sont davantage affectés par le redoublement.
C'est en partie vrai pour celui qui redouble, notamment si le redoublement n'est accepté ni par la famille ni par l'élève. Mais pour l'ensemble des élèves, c'est au contraire un facteur de motivation puisque l'indicateur d'un minimum d'exigence auquel doit souscrire l'élève. Le redoublement n'est peut-être pas toujours efficace en tant que tel, mais sa valeur symbolique est très importante. On pourrait parler de la démotivation des élèves qui, après avoir travaillé, voient ceux qui n'ont pas travaillé obtenir le même passage automatique dans la classe supérieure.-La pratique du redoublement est un facteur de démotivation.
Ils ne peuvent en être informés avant que la décision ne soit formellement prise au troisième conseil de classe en fin d'année.En France, les élèves qui redoublent en sont souvent informés bien avant la fin de l’année scolaire.
Le soutien est peu développé (avec cette idée que les équipes éducatives ne font pas les efforts nécessaires) : cette remarque incidente laisse songeur. Car au lieu de stigmatiser le redoublement, il serait peut-être bon de stigmatiser le taux d'encadrement des élèves en France, l'un des plus faibles de l'OCDE. Ne pas s'étonner ensuite que le soutien soit peu développé.Leur motivation s’en voit alors diminuée et leur retard ne fait que s’accumuler, le soutien scolaire étant peu développé au sein des établissements.
Par définition...Pour certains d’entre eux, ils feront face aux mêmes difficultés l’année suivante...
On comprend que le redoublement est inefficace avant même d'être mise en œuvre : on en conclut qu'un élève qui sait qu'il passera dans le niveau supérieur quels que soient son niveau en fin d'année, son travail fourni ou ses efforts est plus motivé. Voilà qui peut faire sourire toute personne qui a enseigné, notamment dans les zones d'éducation prioritaires, où des moitiés de classe entières passent dans le niveau supérieur avec la mention "Niveau insuffisant" sur le bulletin. De véritables "couloirs de la motivation et de la réussite" se créent ainsi dans ces établissements, dont les résultats sont probants en fin de scolarité obligatoire : voir, pour s'en convaincre, l'article "Copies non conformes" ....mais un peu plus tard dans l’année scolaire. En outre, cette perte de motivation peut se traduire par des problèmes de discipline.
Le bruit et l'agitation ne peuvent évidemment pas être induits par la présence dans une classe d'élèves nombreux n'ayant pas atteint le niveau requis. Nul doute que quand le redoublement sera supprimé, le bruit et l'agitation disparaîtront d'eux-mêmes.La perte de motivation
En France, 56 % des élèves de 15 ans évalués dans l’enquête PISA indiquent ainsi « qu’il y a peu de cours, voire aucun, où le bruit et l’agitation n’affectent pas l’enseignement » (contre 68 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE).
-Le redoublement est injuste.
Il faut apprécier à sa juste valeur cette expression : "le redoublement fait généralement suite à une évaluation (formelle ou non) des élèves par les enseignants"...Dans la majorité des pays, le redoublement fait généralement suite à une évaluation (formelle ou non) des élèves par les enseignants ou l’établissement à la fin de l’année scolaire.
Car bien sûr c'est au doigt mouillé que les équipes éducatives se prononcent - après trois trimestres et délibération en conseil - pour le redoublement.
Le niveau à atteindre est défini par les instructions officielles et les examens nationaux.Cependant, les critères utilisés pour décider d’un redoublement ne sont pas normalisés...
En toute logique dans un même établissement, puisque le même chef d'établissement préside aux conseils de classe.... et diffèrent non seulement entre les régions, villes et établissements scolaires, mais aussi parfois entre les classes d’un même établissement.
Même en supposant que ce soit le cas, des commissions d'appel se réunissent dans chaque bassin...Ce manque d’harmonisation crée une injustice dans le processus de décision de redoublement.
Ah, nous y voilà... Bien sûr que le redoublement a un coût financier important, qui prouve bien l'effort consenti par l’État. Mais les considérations économiques ne peuvent primer sur des considérations éducatives, n'est-ce pas ?-Le redoublement a un coût économique non négligeable.
On est bien loin des considérations éducatives...Le redoublement est une pratique coûteuse dont l’efficacité est contestée. Il a un coût économique : les élèves restent non seulement scolarisés plus longtemps que prévu dans le système d’éducation, mais leur entrée sur le marché du travail s’en trouve également retardée.
Eh bien, ne faut-il pas saluer cet effort ?En 2009, le coût du redoublement a ainsi été chiffré à 2 milliards d’euros par an par le ministère de l’Éducation, une somme conséquente, surtout en période de crise économique. À titre indicatif, une année d’étude supplémentaire représente pour le système d’éducation un coût d’environ 5 500 euros par élève du primaire et 8 000 euros par collégien.
Une "mesure nécessaire", pour l'auteur de l'article, bien sûr. On aurait aimé des arguments contradictoires, pour plus d'objectivité.Quelles alternatives au redoublement ?
La diminution ou la suppression du redoublement, même si c’est une mesure nécessaire, ne permettra pas de résoudre tous les problèmes du système d’éducation français si d’autres initiatives ne sont pas mises en place pour lutter contre l’échec scolaire.
"Adapter son cours au niveau des élèves" ? Mais il s'agit de s'adapter non pas "au niveau des élèves", mais "au niveau de chaque élève". A moins que l'homogénéité scolaire ne règne dans chaque classe de ce petit pays... ce qui expliquerait en grande partie ses résultats.À ce propos, quelques pistes :
-La Finlande et les Pays-Bas figurent tous deux dans le haut du classement de performance. Ces deux pays essaient de limiter le redoublement : en Finlande, par des pratiques pédagogiques où l’enseignant adapte son cours au niveau des élèves et aux Pays-Bas, par du soutien scolaire organisé au sein des établissements.
A noter qu'en Finlande, la sélection est effectuée en fin de parcours , et de manière plus drastique qu'en France puisque l'entrée à l'université, du fait de numerus clausus, s'apparente à un concours avec seulement 26% à 30% des bacheliers admis (selon ce rapport 2012 du Sénat ). Un modèle transposable en France ?
Il faudrait savoir : on ne peut vanter les résultats de la Corée et du Japon, en comparaison des résultats de la France, pour ensuite expliquer qu'il est impossible de prendre exemple sur eux. On ne peut comparer que ce qui est comparable. Si l'objectif en France inclut la disparition des inégalités sociales, on ne peut comparer la France à la Corée ou au Japon.-Les élèves coréens et japonais, quel que soit leur milieu socio-économique, ont tous recours aux cours privés après l’école, pratique qui les aide à combler leur retard et à développer leurs compétences. Il est toutefois difficile d’imaginer ce système en France : il générerait encore davantage d’inégalités sociales car tous les enfants n’auraient certainement pas accès aux cours privés.
Pas un obstacle, un symptôme. Et surtout un symptôme par trop visible.-Au Portugal, le taux élevé de redoublement était considéré comme un obstacle à la réussite des élèves issus d’un milieu défavorisé.
Il faudrait savoir : un système d'évaluation permet donc une forme de "responsabilisation" ? Des enfants peuvent s'en dispenser, en somme, mais pas des adultes.Le gouvernement portugais a donc investi, entre 2005 et 2009, davantage de ressources en triplant le nombre de bénéficiaires de son programme d’action sociale scolaire. En parallèle, les enseignants ont reçu des formations complémentaires et un système d’évaluation (des enseignants et des établissements) a été mis en place afin d’augmenter la responsabilisation...
La baisse du taux de redoublement est chiffrée... mais pas la "progression significative des résultats". Le second est pourtant le seul indicateur important de réussite (si l'on considère que le redoublement est un obstacle, et non un symptôme)....initiatives qui ont permis une progression significative des résultats des élèves de 15 ans portugais en compréhension de l’écrit entre 2000 et 2009. Sur la période 2004-09, le taux de redoublement dans la 9e année d’études a également connu un recul important, passant de 21.5 % à 12.8 %.
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- Loys
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Nota importante : le titre n'est pas de moi, et je considère même qu'il trahit ma pensée.
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A lire sur le sujet du redoublement cette note technique de Michel Delord datée de la même année : michel.delord.free.fr/redoub.pdf
A l'époque il fallait prendre exemple sur le modèle britannique et son "taux de retard quasiment nul". Michel Delord explique pourquoi les résultats du Royaume-Uni à PISA étaient alors contestables.
Avec le recul, même en s'appuyant sur les résultats PISA (dont on peut par ailleurs douter), on ne peut que lui donner raison puisque entre 2000 et 2009, on constate que les résultats du Royaume-Uni à PISA font partie de ceux qui s'effondrent le plus dans le classement PISA. A l'écrit le Royaume-Uni est ainsi passé de 523 points à 494 points (quand la France passe de 505 à 495)...Michel écrit: Dans le Monde du 27/05/04 est mis en avant le caractère exemplaire des systèmes d'éducation nordiques et, en particulier, le cas du " Royaume-Uni [qui]affiche un taux de retard quasiment nul de ses élèves de 14 ans (1 %)"et qui, selon les tests PISA obtiendrait de très bons résultats dus aux réformes des dernières années. Or, ce sont en fait les tests PISA qui sont biaisés3 pour favoriser ce modèle éducatif. Heureusement, ce n'est pas un Français qui le dit mais l'étude de la revue d'Education d'Oxford " Cautions on OECD's Recent Educational Survey"
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- Loys
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Très massif avant les années 1995, le redoublement, sans toutefois disparaître, est devenu progressivement moins fréquent, et à connu une diminution après 2005
...je recommande la lecture de ce billet de Pedro Cordoba sur son blog : "Combien de redoublants dans les années 1960?" (6/11/12)
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