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L'orientation choisie
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Maryline Baumard mélange tout : le problème de l'orientation (voie générale ou professionnelle, décision du conseil de classe) et le problème de l'affectation (des places limitées dans les différentes filières professionnelles et attribuées le plus souvent informatiquement). Patricia veut aller en lycée professionnel et pas en série générale.Patricia Minka adore la couture. Quand elle n'a pas une aiguille entre les doigts, elle conçoit des vêtements : « Devenir styliste est mon horizon. Je ferai tout pour m'orienter dans cette voie. » Elève en 3e, la jeune fille n'imagine pas d'autre futur. Si son projet est mûr, ce n'est pas le cas pour tous ses camarades. Le spectre d'une orientation en lycée professionnel dans une filière non choisie plane sur les têtes de ceux que le conseil de classe du 3e trimestre estimera trop « justes » pour préparer un baccalauréat général.
Présenter cette dernière voie comme un "spectre" en dit long sur le mépris de Maryline Baumard pour la voie professionnelle et pour la couture qu'adore pourtant Patricia.
Enfin présenter systématiquement les élèves comme "trop justes", c'est vouloir faire oublier tous ceux qui ne sont pas du tout prêts à entrer en seconde générale.
L'école n'a pas vocation à réaliser les "rêves".Et ce, quel que soit le rêve de leur vie.
Curieuse vision de l'éducation au passage. Si le "rêve", c'est d'exercer un métier exigeant de passer par la voie générale, il faut se donner les moyens de pourvoir y entrer. Ce n'est pas parce qu'on rêve de quelque chose qu'on doit pouvoir l'obtenir...
Ce qu'oublie opportunément de préciser Maryline Baumard, c'est qu'en réalité, soit parce que le chef d'établissement s’assoit sur la décision du conseil de classe, soit parce qu'une commission d'appel revient dessus, soit parce qu'on anticipe une telle décision de la commission d'appel, le conseil de classe a déjà un caractère plus ou moins consultatif.Cela commence à changer. Le décret autorisant, à titre expérimental et pour trois ans, à laisser le dernier mot aux familles est paru le 9 janvier.
Ce qui est proposé ici, c'est donc une orientation fondée sur le "rêve". Il fallait y penser !Le collège Janusz-Korczak de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), où étudie Patricia Minka, teste cette mesure.
La plupart du temps, l'orientation est mathématique : « La probabilité de rejoindre la voie générale et technologique dépasse 90 % pour les élèves ayant plus de 11/20 de moyenne générale, mais est quasi nulle au-dessous de 9/20 », a mesuré l'Ecole d'économie de Paris.
Pas du tout. Le conseil de classe ne décide (et encore c'est très théorique comme on l'a vu) que de la voie, selon par exemple que l'élève a le niveau, la capacité d'abstraction et de travail nécessaire pour réussir dans la voie générale. Un élève en grande difficulté en français en fin de scolarité obligatoire a peu de chance de réussir en lettres au lycée. A cela s'ajoute les dispositions pour poursuivre un scolarité menant vers des études longues.« COMMENT MOTIVER LES ÉLÈVES POUR QU'ILS TRAVAILLENT? »
La France obéissante a intégré que le choix d'un parcours est une prérogative de l'éducation nationale.
Les "stratégies" sont assez peu nombreuses à vrai dire puisqu'il faut simplement avoir le niveau nécessaire.La France informée connaît les stratégies pour éviter de se le faire imposer.
Cette reproduction sociale n'est pas due à l'orientation, qui n'en est que le symptôme. C'est bien en amont qu'il faut traiter le problème de la reproductions sociale.Avec 35,5 % d'enfants d'ouvriers en voie professionnelle contre 7 % d'enfants de cadres, les familles « les plus éloignées de l'école » faisaient les frais en silence de cette orientation non choisie...
A noter encore une fois que pour Maryline Baumard, aller en voie professionnelle, c'est "faire les frais" et que cela ne peut être en aucun cas un choix...
"Quelles que soient les notes"...... jusqu'à la mise en place de l'expérimentation dans 117 collèges de 12 académies. Quelles que soient les notes d'un élève, ses parents pourront décider qu'il va en 2de générale…
C'est bien l'objectif : l'entrée de tous les élèves en seconde générale et - après le collège unique - le lycée unique.
On notera que l'expérimentation ne vise pas à donner le choix de l'affectation dans la voix professionnelle qui est le vrai problème parce que les places sont coûteuses et limitées.
Au contraire : les élèves sachant que plus rien ne s'opposent à leurs rêves, nul doute qu'ils travailleront d'arrache-pied par reconnaissance envers l'école !Le 15 novembre 2013, la ministre déléguée à la réussite éducative, George Pau-Langevin, est allée à Janusz-Korczak discuter de cette initiative qui concerne six collèges du Val-de-Marne. Car c'est une petite révolution ! Autour de la table, ce matin-là, les réticences s'expriment. « Comment motiver les élèves pour qu'ils travaillent en 3e alors qu'en fin d'année ils feront ce qu'ils veulent ? », s'interroge une responsable académique, relayant l'inquiétude du terrain.
"ingurgiter une dose minimale de savoirs" : Maryline Baumard aime beaucoup employer ces expressions qui sont des insultes au métier d'enseigner et caricaturent à dessein l'exigence scolaire.Les questions montrent comment notre école manie la sanction de l'orientation pour forcer l'élève à ingurgiter une dose minimale de savoirs.
Pour comprendre ce qu'est le profil d'un élève en difficulté en fin de 3e, rien de mieux que d'aller consulter de vraies copies qui montrent plus sûrement ce qui fait défaut à ces élèves : www.laviemoderne.net/mirabilia/10-copies-non-conformes
Effectivement... On notera que Mme Baumard ne donne aucune réponse à ces questions très légitimes.« Qu'est-ce qu'on répondra quand un adolescent nous dira “de toute façon j'irai en 2de” ?… A 14 ans est-ce qu'on est apte à choisir ? », se demande un enseignant.
L'emploi du mot "pouvoir" est encore inapproprié : c'est une compétence, une expertise professionnelle.Pas facile pour l'école de lâcher ce bout de pouvoir aux familles.
Le terme "interdire" comme précédemment le terme "pouvoir" renvoient à une vision coercitive et répressive de l'école. Ce n'est pas l’État qui impose quoi que ce soit...« Oui ou non, l'Etat a-t-il le droit d'imposer à chaque enfant une orientation scolaire, de lui interdire toute étude autre que celle qu'il lui a assignée ?
La décision est fondée autant que faire se peut sur l'aspiration des élèves et sur leur niveau scolaire. Le raisonnement d'Antoine Prost, appliqué à un examen ou à un concours, montre toute son absurdité : est-ce qu'on "interdit" à un élève d'avoir son baccalauréat en ne lui donnant pas ?
A ce compte on pourrait aussi bien parler du niveau scolaire choisi...
En ajoutant que le mérite scolaire ne peut se mesurer que si l'égalité des chances a été respectée depuis le départ.Si l'on veut que le mérite scolaire décide des places sociales, il faut répondre oui.
Antoine Prost qui a quelque chose à voir avec ce que le système est devenu...Or, cette réponse n'a jamais été assumée politiquement (…). Le résultat fut donc un compromis honteux. Le système public fonctionne comme s'il avait ce droit, et il en use largement envers les humbles », s'insurgeait l'historien Antoine Prost en 2004, dans le tome IV d'Histoire générale de l'enseignement et de l'éducation (Librairie académique Perrin).
A quoi sert ce dialogue ?« POUR NOUS C'EST UNE RESPONSABILITÉ LOURDE »
Professeur principal de 3e à Janus-Korczak, Adrien Pellicioli est favorable à cette mutation : « L'expérimentation dure trois ans. Observons. Il est plus sain que nous soyons des conseillers capables de mettre en place un dialogue avec les parents, plutôt que des décideurs. »
A noter qu'Adrien Pellicioli posait aussi cette question dans "Le Parisien" du 18/11/13 : "Qu’adviendra-t-il des élèves qui se plantent en filière générale?"
Oui mais l'engagement des familles dès le début de la scolarité. Pas seulement au moment de la décision d'orientation, c'est-à-dire trop tard. C'est ici le message le plus contreproductif pour la réussite scolaire qui est adressé aux familles.L'engagement des familles est essentiel pour la réussite des élèves.
Un "pari" ? Les élèves seront ravis d'apprendre qu'ils sont donc considérés comme des cobayes.« Nous prenons le pari que laisser le dernier mot aux familles peut augmenter le succès des élèves. Nous allons évaluer, et nous déciderons ensuite si nous généralisons ou si nous arrêtons », expose Mme Pau-Langevin.
Peu importe : il s'agit simplement de choisir la voie et il n'y en a qu'une de bonne, a dit Maryline Baumard.Les parents semblent écrasés par cette responsabilité nouvelle : celle de faire le bon choix. La principale a bien précisé que le dialogue avec les familles allait commencer dès la 4e, rien n'y a fait. « Pour nous c'est une responsabilité lourde », avance Najia Bouanane, mère d'élève. « Dans la plupart des cas, cela ne changera rien, se veut rassurant Jean-Claude Laroche, lui aussi parent. Globalement, cela peut obliger les familles à s'investir plus dans la scolarité des enfants. Mais ce qui m'inquiète, ce sont les quelques parents qui n'ont pas assez d'informations sur les lycées et les métiers. Sur quels critères choisiront-ils ? », s'interroge-t-il.
Il s'agit même de céder toute la place, ici...« L'institution scolaire doit se poser la question de la place qu'elle veut bien concéder aux parents », ajoute Elisabeth Laporte.
Quelle belle langue de bois ! "nouvelle pratique", "impact positif", "climat scolaire", "responsabiliser", "gestion de parcours". Tout y est !Quels que soient les ajustements nécessaires, la directrice départementale des services de l'éducation nationale estime que cette nouvelle pratique peut avoir un impact positif sur le climat scolaire en responsabilisant aussi les élèves sur la gestion de leur parcours.
On notera que l'objectif n'est plus la réussite, mais le climat scolaire. On est bien - à travers cette fiction d'école - dans la seule recherche de la paix sociale.
Les proviseurs de lycées professionnels, surtout, avec trop d'élèves et des affectations contraires aux vœux des élèves.Les plus sereins de l'assemblée, ce jour-là, sont les proviseurs de lycées voisins, satisfaits qu'on leur envoie des jeunes qui ont réellement choisi leur voie.
C'est vrai : il fallait y penser !« L'orientation est trop pensée comme une gestion de flux plutôt qu'un chemin vers la réussite », confie l'un d'eux...
En même temps s'il fallait planifier les postes à pourvoir, les formations des enseignants, les sections à ouvrir ou à fermer chaque année en juin pour septembre selon les seules "envies" des élèves......qui s'étonne que, chaque année, 36,8 % des sortants du collège aillent en 2de professionnelle et 56,6 % en 2de générale. Comme si, tous les ans, les ados avaient les mêmes envies.
Et Maryline Baumard a-t-elle réfléchi à ce qui explique ces places limitées ?Mais tant que les places disponibles n'augmenteront pas dans les formations les plus prisées, il y aura des déçus.
On va bien s'amuser. Ajoutons que dans certaines familles le choix effectif de l'orientation ne sera pas le fait des parents mais de l'élève lui-même et de ses "rêves".Des questions restent sans réponse : qui tranchera lorsque l'enfant et la famille ne seront pas d'accord ? Lorsque le père et la mère s'opposeront ?
Bien sûr. Un rêve peut changer à n'importe quel moment. Il ne faut pas s'opposer à des "envies" changeantes.Une famille peut-elle revenir sur la décision prise en juin ?
Mettons en place dans l'urgence : on réfléchira après. Après tout il ne s'agit que de l'orientation des élèves.Le processus s'écrira en marchant. C'est l'intérêt d'expérimenter.
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- Cette expérimentation a plus de chances de réussir que sa généralisation. Avec moins d'une dizaine de collèges par académie, il est possible en effet de donner satisfaction à une petite fraction de parents refusant la décision du conseil de classe en l'état des structures existantes. Généralisée à des milliers de collèges, c'est toute l'économie du second cycle du secondaire qui devra être revue. Nul doute qu'il faudra alors ouvrir des sections générales et technologiques dans les lycées professionnels ou plus simplement rééquilibrer les lycées polyvalents au profit de la voie générale.
- Quelle sera la politique des lycées privés à l'égard de ces élèves dont les parents n'ont pas suivi l'avis du conseil de classe ?
- Le passage en seconde sans considération de niveau rappelle immanquablement la suppression de l'examen à l'entrée en sixième et la mise en place du collège unique. Nous allons bien vers un lycée unique.
C’est non seulement renoncer à l’effort comme exigence, mais renoncer à l’effort comme idéal.
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Parce qu'ils en étaient "exclus" jusqu'ici ?L’orientation en fin de 3e déléguée aux parents : pourquoi ça ne règlera pas plus le problème que de les en exclure
Emmanuel Davidenkoff : Je pense que les problèmes liés à l'orientation sont plus un symptôme qu'une maladie.
Les voies ont leur vertus. Mais certaines filières ont moins de vertus que les autres : les bac pros tertiaires par exemple.La maladie, c'est l'obsession de hiérarchiser de manière binaire, entre "bonnes" et "mauvaises" filières, tout au long des études, alors que toutes les filières ont leurs vertus dès lors qu'on y réussit, et a fortiori si on y excelle.
La capacité à écouter n'est pas individuelle ? Et comment évalue-t-on concrètement "la capacité à travailler avec les autres, à résoudre des problèmes ensemble" ?La maladie, c'est aussi d'avoir des évaluations strictement individuelles alors qu'une partie pourrait porter sur la capacité à travailler avec les autres, à résoudre des problèmes ensemble, à écouter, toutes compétences qui seront déterminantes dans la vie active.
On ne voit pas pourquoi il y aurait un meilleur dialogue puisque le dialogue n'est plus nécessaire.En tant que telle, cette expérimentation ne résoudra rien. Mais si elle devient le pilier d'un meilleur dialogue avec les familles, alors elle pourra aider les jeunes à mieux bâtir leur projet d'orientation.
Comme quoi la présence des informations sur Internet ne vaut pas connaissance...Malheureusement, je doute qu'une réforme de l'orientation, isolément, change quoi que ce soit. L'information est là, elle est accessible, variée puisque diffusée aussi bien par le service public que par des médias comme l’Étudiant. Évidemment il n'y a pas beaucoup de conseillers d'orientation, sans doute pas assez, mais même en en recrutant plus, vous ne changerez pas les représentations.
Or l'orientation est pour beaucoup une affaire de représentation. Un exemple : savez-vous que deux diplômés de grande école sur trois n'ont pas fait de classe préparatoire mais sont passés par des BTS, des DUT, des études universitaires, ou bien par des écoles de commerce et d'ingénieurs qui recrutent directement après le bac ? Deux sur trois ! Pourtant, dans la tête des gens, l'équation "grande école = classe prépa obligatoire" reste très forte.
Reste à savoir ce qu'Emmanuel Davidenkoff appelle "grande école".
Quelle drôle d'idée en effet.Vous liez orientation et échec scolaire. Et c'est en effet comme cela que raisonnent beaucoup de personnes : elles choisissent leur orientation avant tout en fonction de critères scolaires.
Il faudra que M. Davidenkoff soit moins allusif à ce sujet.Une véritable révolution serait d'apprendre à s'orienter en fonction de ce qu'on est, de ce qu'on voudrait faire, et bien sûr, de ce qu'on peut faire - ce qui recouvre les mérites scolaires mais va bien au-delà.
Voilà qui est dit.Il faut sortir les questions d'orientation du strict cadre scolaire...
Donc non seulement que les familles choisissent, mais qu'elles choisissent en reléguant au second plan le niveau scolaire ? Voilà aussi qui est dit....arrêter de définir les "bonnes" et les "mauvaises" orientations uniquement en fonction de valeurs et de hiérarchies scolaires.
Avec le mépris exprimé pour la voie professionnelle par de nombreux journalistes, c'est comme si c'était fait.La méritocratie élitiste peut et doit rester une voie de réussite. Mais il fait urgemment valoriser les autres voies de réussite, car elles existent.
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