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"L'e-learning est-il l'avenir de l'éducation ?" (RSLN)
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Chez "RSLN", on aime beaucoup les fausses questions ingénues : c'est presque une spécialité maison.L'e-learning est-il l'avenir de l'éducation ?
C'est très répandu, en effet.Suivre et apprendre un cours en ligne, une expérience que vous avez peut-être déjà tentée.
Les livres ont permis pendant longtemps d'apprendre à distance également.En l'espace de quelques années, Internet a multiplié les possibilités d'apprendre à distance.
L'e-learning doit donc concerner toute l'école, de la primaire à l'université.À l'heure où le gouvernement veut refonder l'école, l'enseignement en ligne s'impose comme un nouvel usage à prendre en considération.
Voilà un jugement bien balancé : sur quelle base cet apprentissage serait-il meilleur ? La perception suffit ?Souvent perçu comme un outil permettant un meilleur apprentissage...
Quinze "experts" de l'enseignement dont les rares qui enseignent le font à l'université....l'e-learning fait désormais partie de la palette pédagogique, mais certains craignent de voir les professeurs remplacés par des écrans. L'e-learning est-t-il donc l'avenir de l'éducation ?
Pour répondre à cette question, nous avons contacté quinze experts dont vous pouvez retrouver les contributions ici avant de découvrir notre synthèse ci-dessous.
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Pas de défaut, j'espère.> Les vertus de l'e-learning
Laisser un élève face à un écran, c'est personnaliser l'enseignement. A retenir.Finis la classe, les cahiers et les tableaux, l’e-learning offre de nouvelles possibilités : outre le suivi personnalisé de l'enseignement et donc l’adaptation à chaque élève...
Quant à "adapter", j'aimerais bien avoir quelques exemples concrets. Un professeur qui doit s'adresser à une classe entière par la vertu numérique ne peut pas consacrer plus de temps à chaque élève par la grâce du numérique. Si adaptation il y a, elle est nécessairement automatisée... C'est un joli mensonge que de faire croire le contraire.
Philosophiquement, c'est plutôt à l'élève de s'adapter aux exigences de l'école et de la vie commune. La lecture est un bon exemple.
Un cours est interactif : il nécessite une effort d'attention et de compréhension. L'interaction proposée ici est avec une machine....et à chaque situation, l’e-learning permettrait donc de développer de nouvelles méthodes interactives et ludiques, souvent plus attractives pour les plus jeunes.
Pour comprendre ce à quoi peuvent ressembler la personnalisation et l'interaction numériques, il suffit de penser aux boîtes vocales qui remplacent aujourd'hui les accueils téléphoniques.
Un professeur répète en adaptant aux élèves et en variant ses explication. Une machine ne peut prendre en compte son "interlocuteur" que de manière très factice.Il permet aussi de répéter une leçon autant de fois que nécessaire jusqu'à ce que celle-ci devienne un automatisme.
Le travail personnel n'est plus une vertu.Tout en travaillant éventuellement de manière collaborative.
Ben voyons ! Oodoc affirmait la même chose l'an passé.L'e-learning est donc potentiellement un facteur d'égalité comme l'explique Yves Rome, Sénateur et président du Conseil général de l'Oise :
Je cite plus haut : "répéter une leçon autant de fois que nécessaire jusqu'à ce que celle-ci devienne un automatisme."« Comme ailleurs, l'informatique a fait sortir l'enseignement du taylorisme...
...a libéré les enseignants de la nécessité de répéter chaque année les mêmes choses
Lesquelles ? technicien de maintenance, professeur en ligne de garde le week-end ?et leur a permis d'accéder à des fonctions plus intéressantes. »
Mais les changements concernent également le corps enseignant dont la fonction tend à se modifier. Si les connaissances sont déjà en ligne comme l'explique Gilles Dowek, chercheur à l'INRIA, le professeur peut désormais se libérer de tâches répétitives ]
Pourquoi apprendre quand on peut consulter. Vive la culture on-demand.
Et d'autres, moins souhaitables, qui ne sont pas évoqués ici : il est de ces pudeurs...« Déjà source d’information de tous les instants, l’outil numérique est riche de potentiels, notamment pédagogiques.
Où est la preuve scientifique de cette "progression" ?Il est donc essentiel de permettre aux enseignants et à leurs élèves de se l’approprier pour bénéficier pleinement de tous ses atouts.. »
Mais ce ne sont pas les outils de l'e-learning qui ont fait progresser l'apprentissage, comme le souligne Bernard Blandin. Ce sont les différents parcours qu'il permet :
Où peut-on consulter des études consacrant cet "effet positif" ?« Si les technologies numériques ont parfois un effet positif sur les résultats d’apprentissage, il n’est pas dû aux technologies elles-mêmes, mais à l'enrichissement des modalités d'apprentissage, à l'individualisation des rythmes et des parcours, aux échanges entre pairs qu'elles permettent. »
L'expertise distribuée... Des élèves partageant de l'expertise alors qu'ils savent à peine parler ou écrire dans leur propre langue : on croit rêver. Ces "experts" interrogés par "RSLN" n'ont jamais enseigné, a fortiori dans le secondaire.L'e-learning permet également de créer des communautés d'intérêt essentielles à l'apprentissage de chacun :
« Elle verra croître l’importance de l’expertise distribuée autour de réseaux d’échange en peer to peer et de communautés de makers partageant leurs savoir-faire » explique Nils Aziosmanoff, président du Cube, centre de création numérique.
C'est bien de vouloir appliquer à l'école ce qui encore qu'un objet de recherche...> L'e-learning, sujet de recherche
Et en quoi cette révolution est-elle "cognitive" ? En ce que la cognition n'a plus besoin d'être ?Et ce n’est pas tout, l’e-learning, comme l'explique Hubert Guillaud, rédacteur en chef d'InternetActu et journaliste, nous éclaire sur la manière dont on apprend :
« L'évaluation itérative mesure la manière dont le système permet à l'élève d'apprendre […]. La révolution technologique dans l'éducation n'est ni technologique ni éducative, elle est avant tout cognitive. Et c'est en cela qu'elle bouleverse l'éducation comme on l'a toujours conçue. »
Anlayser ces évolutions est effectivement une bonne idée avant de généraliser la numérisation de l'école.Il est donc nécessaire de former une communauté de chercheurs dans le domaine afin d'analyser ces évolutions, un appel lancé par Bernard Stiegler, philosophe, directeur de l'Institut de recherche et d'innovation (IRI) au sein du centre Georges-Pompidou :
Voilà un aveu intéressant. Mais ce que Bernard Stiegler ne comprend pas, c'est que ces pratiques sont si rapidement évolutives qu'elles échappent par définition à toute analyse pour réflexion et éventuelle exploitation pédagogique.« Enfin, il n’est pas possible d’attendre les résultats de tels programmes pour intégrer dans le monde scolaire les pratiques sociales déjà très implantées.
Mais il faut les accompagner de démarches scientifiques transdisciplinaires en mettant en œuvre des méthodes de recherche action actualisées dans le contexte numérique, ce qui devrait conduire à des programmes de recherche que nous dirons contributifs. »
Coursera est une startup qui compte bien prendre la première place mondiale dans l'économie de l'éducation. Son business model ne repose pas sur la philanthropie.> E-learning & concurrence
Les experts ne s’arrêtent pas là. Dans un contexte de concurrence internationale, l'Europe et la France ne doivent pas se laisser distancer par des pays comme les Etats-Unis, dont les plus grandes universités mettent désormais leurs cours en ligne pour des sommes « abordables », voire même gratuitement à l’image d’edX né du partenariat entre l’université de Stanford et le Massachussetts Institute of Technology (MIT), ou encore Coursera regroupant Princeton, l’Université de Pennsylvanie et l’Université du Michigan :
Et pourquoi ne saisirions-nous pas les opportunités offertes par les MOOC américains ou asiatiques ? Ce qui compte, c'est la diffusion universelle du savoir, non ? Les universités n'existent virtuellement plus : pourquoi vouloir concurrencer ce qui n'existe plus ?« L’Amérique propose. L’Asie suit. L’Europe s’interroge. Le MOOC (Massive Open Online Course) est une opportunité à saisir » précise Sophie Touzé, ingénieure de Recherche e-learning dans l'Enseignement Supérieur, engagée aux côtés du MIT pour l'Open Education, et experte auprès des Ministères.
"Quiconque" commence à quel âge ?L’e-learning offre donc la possibilité à quiconque de se former où il veut.
Les élèves et les étudiants ne sont pas du tout contraints par les mêmes obligations. Ce qui vaut pour les uns n'a pas de sens pour les autres.Une solution prisée des salariés qui peuvent ainsi adapter leurs besoins à leur agenda professionnel.
Nous y voilà : "s'adapter aux impératifs économiques d'aujourd'hui". C'est le but de l'école, n'est-ce pas ?Comme le rappelle Michel Diaz, Directeur associé de Féfaur , premier cabinet d'études et de conseil e-learning indépendant sur le marché français et l'un des leaders européens, l'e-learning permet aux salariés de développer leurs compétences via des formations mixtes et ainsi, de s'adapter aux impératifs économiques d'aujourd'hui, tout en restant compétitif.
Des chiffres ! Des chiffres !Pour autant, l'e-learning dans le cadre de formation professionnelle n'est pas adapté à tout le monde comme le souligne Jean Frayssinhes, docteur en Sciences de l’Education et chercheur à l'Université de Toulouse le Mirail :
« L'e-learning est un terme générique qui ne dit rien de la pédagogie, des contenus et des modalités d’apprentissage utilisées, ensuite, nous savons que les taux d’échec et d’abandons sont plus élevés en e-learning qu’en présentiel. »
Voilà le genre de limite qui ne remet guère en cause le modèle...> « Ne pas oublier l’humain »
Mais l'e-learning a également d'autres limites : il nécessite entre autres que l'ensemble du territoire soit connecté et bénéficie du haut débit.
Je croyais que le numérique offrait la personnalisation et l'adaptation, au contraire.De plus, les méthodes d'enseignement en ligne ne sont pas adaptées à tous les élèves :
Loin de là... Un logiciel qui corrige une dissertation, voilà qui ne risque pas d'être inventé avant longtemps : mais je raisonne à l'envers. Il faut supprimer ces vieux exercices scolaires qui résistent à la technique. La pensée qui peut être traitée par la technique doit être binaire et se présenter sous forme de QCM.« L’e-learning valorise certaines formes sur d'autres, les élèves les plus autonomes, les enseignements dont les acquis peuvent être validés par des exercices simples et progressifs et ceux qu'on peut le plus facilement mesurer. Ce qui ne représente pas toute la palette éducative. »
Quant à favoriser les élèves les plus autonomes, voilà un autre aveu intéressant. Le numérique n'aide pas contre le décrochage .
Voilà qui n'a rien à voir avec ce que vient de dire Jean Frayssinhes. C'est même tout le contraire : le numérique pour le premier, l'absence de numérique pour le second sont cause d'inégalité.Un avis que partage Jean-Michel Fourgous, ancien député des Yvelines, et auteur du rapport « Apprendre autrement à l'ère numérique : »
« Le risque est d’accentuer les inégalités entre les étudiants et de favoriser ceux issus des milieux les plus favorisés qui possèdent ces « compétences de base. »
Mais moins dans le primaire ou le secondaire...Autre limite majeure de l’’e-learning : il ne peut en aucun cas devenir une alternative au présentiel, notamment dans l'enseignement supérieur...
Mais non puisque le savoir est disponible en ligne ! Tout le monde peut devenir savant....qui nécessite des professeurs de haut niveau et des compétences plus facilement transmissibles lors d’une relation professeur/élève dans une salle de classe :
« L'e-learning est devenu un lieu commun qui fait oublier un élément essentiel : ce que c'est qu'apprendre, en particulier à l'université » explique Bruno Duvauchelle, formateur-chercheur au Centre d'études pédagogiques sur l'expérimentation et le conseil.
Ce à quoi Serge Soudoplatoff, enseignant, chercheur, entrepreneur, responsable de la rubrique politique2.0 à Fondapol, ajoute :
« Rien ne remplace un bon enseignant. La formation de haut niveau nécessite des professeurs de grande qualité et des interactions proches. »
mais cette relation passera mieux par une connexion, c'est bien ça ?L'e-learning doit donc s’appréhender comme un outil dont il est impératif que les méthodes, adaptées à l'apprentissage à distance, se conjugue avec un enseignement en classe, et une relation humaine. Comme l'explique François-Afif Benthanane, fondateur de la Web@cadémie :
« L’éducation reste avant tout une affaire d’échanges interpersonnels. La qualité des relations humaines entre les professeurs et les élèves reste le moteur central de l’apprentissage. »
Tout de suite les grands mots : les réseaux sociaux rapprochent les hommes, voyons ! Vous n'avez pas lu Michel Serres ?Michel Dupuis, professeur des universités à l'Université de Lille Nord partage le même avis :
« Les outils numériques d’enseignement ont l’immense mérite d’abolir les distances physiques, mais ils ne doivent pas creuser un fossé relationnel entre les individus.
Sans réfléchir...L’e-learning est une chance et offre donc des opportunités considérables pour un meilleur apprentissage. Mais il faut agir vite :
Le monde éducatif fait partie de la société, même s'il est différent de ce qui existe en dehors de l'école. Cette radicale altérité est fondatrice pour l'enseignement : on ne vient pas à l'école pour y trouver ce qu'on peut trouver chez soi.« Le monde éducatif ne peut pas vivre en dehors de la société et subir éternellement la modernité.
Un publiciste qui se moque des grands mots : on aura tout vu. Qu'a fait M. Mons pour l'école ?Des tas de trains sont passés à quai et on se gargarise de grands mots et de plans » raconte Alexis Mons, directeur général d'Emakina.fr.
Histoire de noyer le poisson et de rassurer.L'e-learning ne sera l’avenir de l’éducation que s’il est conjugué avec une formation « présentielle » pour un apprentissage mixte.
Je suis curieux d'être dans dix ou vingt ans pour observer le produit d'une telle refondation, si éloignée de l'esprit républicain.Une sérieuse piste à suivre pour « refonder l'école de la République par le numérique. »
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- Loys
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Commençons par Dominique Sciamma, directeur adjoint du Strate Collège Designers (Ecole Supérieure de Design Industriel) : "Apprendre plutôt qu'enseigner" .
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Apprendre plutôt qu'enseigner
Comme ça toute discussion est impossible.Après l’écriture, l’imprimerie, la scolarisation de masse, l’explosion du nombre d’étudiants dans les universités, le fait d’apprendre va connaître lui aussi sa transmutation numérique, qui est inéluctable.
Ces tartes à la crèmes des analogies historiques visent à instaurer la vision naïve d'un progrès continu. Pourtant la scolarisation de masse - par exemple - n'a pas constitué - telle qu'elle a eu lieu et jusqu'à preuve du contraire - un progrès humain vraiment décisif.
Si c'est "inscrit dans l'Histoire"...Inscrite dans l’Histoire, la numérisation ne devrait pas moins en être une rupture, et même une double rupture.
L'autorité est un concept qui remonte à la plus haute antiquité... Son abandon est loin d'être un progrès pour la connaissance.Institutionnelle d’abord.
Si le XXème siècle a vu s’affirmer et s’institutionnaliser des politiques d’éducation systématique des populations, celles-ci, se sont construites sur des modèles de pouvoirs et un rapport aux savoirs issus d’un XIXème siècle industriel. C’est la figure de l’autorité qui est alors centrale : celle de l’Etat, du patron, du cadre, de l’Université, du professeur, de l’instituteur, du père.
Il suffit de le dire pour le croire...Le numérique et les pratiques en réseau, associées sinon productrices de l’élévation du niveau d’éducation...
M. Sciamma récite son bréviaire serrien par cœur......va remettre en cause cette organisation, et donc la transmission. La figure de l’autorité va donc mourir, et avec elle une certaine idée de la transmission.
Et c'est prévu pour quand ? Parce que l'école numérique, c'est maintenant...Méthodologique ensuite.
Parce que la figure de l’autorité va disparaître, ce sont donc de nouvelles méthodes d’enseignement qui vont devoir être INVENTEES.
Très intéressant : le savoir à la périphérie, comme dans les pédagogies nouvelles à l’œuvre depuis vingt ans.La nature de ce qui est transmis, voire ce qui est enseigné sera moins important que la manière et les conditions dans lesquelles les étudiants et les enseignants travailleront ensemble.
Le grec ancien est disponible en ligne : ça ne le rend pas plus accessible pour autant. Ce qui vaut pour tout ce qui s'enseigne.Avec un savoir accessible de partout...
... commenté, illustré, critiqué comme jamais, le problème n’est plus de transmettre mais d’accéder, d’exploiter, de produire, d’inventer, de créer, ensemble (apprenant, enseignant), les contenus, les pratiques, les projets.
Quelle horreur, ces "anciennes pratiques" ! Du passé faisons table rase !E-Maquillage ?
On aura noté qu’à aucun moment je n’ai évoqué ici de quelconques instanciations du E-Learning (encore un E-Machin de plus…). Car il y a un danger réel à voir les anciennes pratiques se vêtir d’habits nouveaux pour survivre.
C'est lamentable. Mais il n'y en aurait pas d'autres, des "dangers mortels" ?La E-Labelisation est de ce point de vue un danger mortel qui voit des acteurs et des modèles dépassés se remettre en selle en se numérisant en façade, en se contentant de mettre un nouveau nom sur un vieil objet.
Ça, c'est du jeu de mot numérique !E comme « Emplatre » sur une jambe de bois ?
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