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"Deus ordinator"
- Loys
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Michel Serres écrit: Je dois avouer que je n'étais pas présent à cette scène mais j'étais voisin de son déroulement.
Michel Serres parle ici d'une scène au restaurant de l’École normale supérieure avec des "normaliens" : s'agit-il d'étudiants ou de professeurs ? Michel Serres parle de "scientifiques" et d'un "littéraire".
A noter ici pour la première fois la mention d'IBM, qui fait la jonction avec la première version.
Un petit ajout tarasconnais, avec un nouvel indice :
Une thèse sur ce sujet à l'époque où Michel Serres était normalien, ça devrait être facile à retrouver.Michel Serres écrit: "Ah tu nous emmerdes, tu es loin de nous, tu ne comprends rien à rien" etc. et ils continuent à faire l'éloge de la machine en question. Et le littéraire, l'oeil un peu allumé, est intéressé par la discussion des scientifiques et tout d'un coup il les interrompt, il dit : "Ah mais tout ce que vous dites, je le sais déjà, c'est le sujet de ma thèse".
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- Loys
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A lire ici : www.laviemoderne.net/veille/les-moocs/66...alites-michel-serresMichel Serres écrit: Je vais vous raconter une histoire. A la Révolution française, un certain Monge, avec un certain Laplace, avaient eu l'idée de fonder l'Ecole polytechnique. Pour recruter leurs élèves, ils partaient à cheval voir par-ci par-là s'il y avait des jeunes gens de valeur. Un jour, ils sont arrivés dans les Pyrénées et on leur a signalé un berger de 14 ans qui savait de l'algèbre. Ils sont allés le voir. Il est encore possible de lire le rapport : « M. Arago, berger à tel endroit, sait de l'algèbre. Il nous a promis d'apprendre la géométrie et donc nous le recevons à l'Ecole polytechnique. » Il avait tout fait tout seul, M. Arago. Le jeune berger a été reçu à Polytechnique à l'âge de 15 ans et à l'Académie des sciences à 21. Il y a plus de deux cents ans, cela a été un miracle que M. Monge aille voir Arago. Là, avec les nouvelles technologies, la possibilité d'accès au savoir devient infinie. C'est ça, mon espoir.
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- Loys
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D'après ce site coproduit par l'observatoire de Paris et le Ministère de la Recherche, Arago serait né en 1786 et serait entré à Polytechnique en 1803, soit à seize ou dix-sept ans.
En 1805 (à dix-huit ans) Arago est proposé par Laplace au Bureau des longitudes pour le poste de secrétaire-bibliothécaire de l'Observatoire de Paris. Il devient le suppléant de Monge à Polytechnique en 1809.
Il devient membre de l'Académie des sciences en 1809.
Et d'après le "Larousse" :
On est loin du berger autodidacte de quatorze ans au fin fond des Pyrénées... Enfin, pour célébrer l'âge des réseaux sociaux, rien n'est trop beau.Fils aîné d'un petit propriétaire terrien d'Estagel, dans les Pyrénées-Orientales, François Arago fréquente d'abord l'école primaire de ce village, avant de poursuivre ses études à Perpignan, où sa famille s'établit en 1795, après la nomination de son père comme trésorier de la Monnaie. Celui-ci le destine à une carrière juridique ou administrative mais le jeune François, séduit un jour par l'uniforme d'un officier du génie, décide de préparer seul l'École polytechnique : il y est admis à 17 ans, après avoir ébloui son examinateur, le mathématicien Gaspard Monge.
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- Loys
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Michel Serres écrit: L’Ecole normale supérieure, où j’ai obtenu l’agrégation de philosophie, a cette particularité qu’elle mélange depuis deux siècles des littéraires et des scientifiques. Et ça marche ! Je me souviens d’une scène à laquelle j’ai assisté, au début des années 1950, dans le réfectoire de l’ENS. Les scientifiques venaient de recevoir les premiers ordinateurs construits par des Américains. Ils échangeaient sur les mérites de ces machines et se demandaient comment traduire computers en français. Un littéraire, spécialiste du latin et de la théologie médiévale, très éloigné des sciences, s’est invité dans la conversation et a fait le rapprochement avec le deus ordinator, le dieu qui ordonne tout. Le mot ordinateur était né… Tous nos problèmes, aujourd’hui encore, sont interdisciplinaires. Le chômage, par exemple, touche aussi bien l’économie, que la finance, la démographie, la géographie … Dans ce contexte, il est très triste de rencontrer des littéraires qui ne connaissent rien aux sciences et, réciproquement, des scientifiques qui ne savent rien des lettres. Dans les deux cas, ils ignorent tout du monde moderne.
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Faudra trouver moins léger que le souvenir d'un normalien qui (re)tombe en enfantillages pour me convaincre.
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