"Les secrets de la réussite en maths des élèves canadiens, entre pragmatisme, stabilité et non-élitisme" (Le Monde)

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10 Jan 2024 07:57 - 10 Jan 2024 23:29 #24911 par Loys
Dans "Le Monde" du 9/01/24 : "Les secrets de la réussite en maths des élèves canadiens, entre pragmatisme, stabilité et non-élitisme"

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Commençons par rappeler que les classements n'ont guère d'intérêt. Comme la France, le Canada a vu ses résultats diminuer depuis 2000 : de 533 pts à 497 pts, soit une perte de 36 pts, presque l'équivalent d'une année scolaire (il est vrai que sur la même période la France est passée de 517 à 474 pts).

Quelques observations sur les aspects pédagogiques vertueux censés expliquer le succès de l'école canadienne.

Quand les écoliers français commencent par apprendre le b.a.-ba des maths avant de découvrir ce qu’ils pourraient en faire, c’est en cherchant à résoudre un problème, le plus possible en lien avec la vie réelle, que les jeunes Québécois acquièrent les contenus mathématiques.

Ce n'est donc pas "l'approche par compétences" (qui pourrait aussi bien s'appliquer au b.a-ba) mais une approche utilitaire.

Bonne nouvelle pour le système canadien, c'est typiquement cette approche libérale et utilitaire, au fondement de la démarche d'évaluation des systèmes éducatifs de l'OCDE, qui est promue et évaluée par les questionnaires de PISA : la "littératie" en mathématiques "pour participer pleinement à la vie en société".

Comme le disait Michel Delord : "La « culture mathématique » testée par PISA n'a pas grand-chose à voir avec les mathématiques puisque en sont absents de l'évaluation « algèbre, calcul littéral, raisonnement déductif, trigonométrie (angles) et objets géométriques »". Conséquence paradoxale : on peut être très bon mathématiques en mauvais dans PISA et réciproquement...

Démocratisation maximale

Mais la différence d’approche philosophique sur la visée fondamentale du système éducatif est peut-être le facteur fondamental pour comprendre les écarts de résultats entre les deux pays. « Au Canada, notre objectif est d’amener tous les enfants à s’intéresser aux mathématiques et aux sciences, par tous les moyens possibles, quand la France, qui dispose d’excellents professeurs, semble figée dans le vœu élitiste de former de futurs grands mathématiciens »

Comme le collège est unique en France jusqu'à 14-15 ans et que les élèves testés dans PISA ont 15 ans, cette affirmation est dépourvue de sens.

Au reste, les meilleures performances en culture mathématiques dans PISA se rencontrent dans des systèmes véritablement élitistes : Corée (527 pts en 2022), Japon (536 pts) etc.

A défaut d’être un modèle absolu, l’approche canadienne n’est pas sans intérêt au vu de ses performances. D’autant qu’il est un domaine non évalué par l’enquête PISA, mais qui semble faire l’unanimité chez les parents d’enfants qui ont goûté successivement aux systèmes français puis canadien : la pression mise sur les écoliers pour « réussir » à tout prix est infiniment moindre au Canada. Ils assurent même que leurs enfants y sont « heureux » à l’école.

L'article se termine par une affirmation qui n'est donc fondée sur aucune évaluation.

En réalité un questionnaire PISA demande précisément aux élèves s'ils se sentent heureux à l'école (voir par exemple PISA 2012, Vol. III, pp. 43sq) : les résultats canadiens sont strictement identiques aux résultats français...

Bref, bonheur, pragmatisme et non-élitisme compte sans doute moins dans "les secrets de la réussite en maths" que l'adaptation aux tests, les taux d'encadrement (des orthopédagogues dans les écoles pour accompagner les élèves en difficulté ?!), la rémunération des enseignants.

On peut même se demander pourquoi l'écart est finalement si peu prononcé...
Dernière édition: 10 Jan 2024 23:29 par Loys.

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