- Messages : 18196
"Les apocalyptiques d’internet sont de retour" (Zeboute' blog)
- Loys
- Auteur du sujet
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18196
L'article va faire preuve d'une grande mesure, comme en témoigne le titre très pondéré.Les apocalyptiques d’internet sont de retour
Avoir un regard critique sur le numérique, c'est donc penser comme Jacques Séguéla ou Frédéric Beigbeder.Frédéric Beigbeder, dans Sud-Ouest, le 24 août 2012:
«Le numérique me fait peur, Facebook, c’est le nouvel opium du peuple (…) Internet, c’est l’empire de la méchanceté, de la bêtise; n’importe quel abruti a droit au chapitre.»
Elizabeth Tchoungui sur AuFéminin.com, le 17 juin 2011:
«En plus d’être inutile, Twitter est un réseau infréquentable. On y croise au choix: des pros de la drague lourdingue (…), des e-terroristes (..), des as du canular pas drôle. (…) n’en déplaise aux geeks qui me lisent, oui, Tweeter n’est que littérature de concierge, le style en moins: en 140 signes maximum, difficile de faire des miracles. »
Jacques Séguéla : « Le Net est la plus grande saloperie qu’aient jamais inventée les hommes ! « , dans On n’est pas couchés sur France 2, le 17 octobre 2009:
Ah... Séguéla, Beigbeder, Tchnoungui, ce sont nos élites, et ils écrivent dans AuFeminin.com... Car les élites gouvernementales font plutôt la promotion du numérique, à l'école ou ailleurs. Il y a même un ministre à cet effet .Mais que se passe-t-il chez nos élites des médias et de la communication ?
Et le hashtag #UnBonJuif , il n'est pas violent ?Analyse. Retour arrière !
Les mots sont durs.
Et une violence verbale, puisque ces mots sont une violence pour les millions d’usagers de ces réseaux sociaux au quotidien.
On ne saurait mieux dire.La violence est là, quand on ne sait pas user de son intelligence.
Est-ce à dire que tout ce qui est "né de l’intelligence humaine" est admirable ?Pourquoi tant de propos haineux envers un monde numérique, né de l’intelligence humaine ?
Avec l'anonymat en plus.Internet et ses réseaux ne sont que des usages humains. Au miroir de notre société et de notre monde. Avec ses forces et travers !
Relire le livre II de La République et le mythe de Gygès.
Heureusement qu'il y a des voix courageuses pour défendre l'Internet grandement menacé.Les discours apocalyptiques sont récurrents.
Et un discours critique, c'est anti ou pro ?En 1964, Umberto Eco, dans « Apocalípticos e integrados » définit déjà la rupture entre les « pro » et les « anti » technologie, et par conséquence les « anti » et « pro » internet. [ Eco, Umberto, Apocalípticos e integrados, Barcelona, Lumen, 1968 [édition italienne, 1965] ].
Et quel jugement formule Umberto Eco ?Umberto Eco transpose cette opposition, en 1964, sous la forme d’une lutte des «apocalyptiques» contre les «intégrés»
Les premiers dénoncent la faillite de la culture et sa réduction à l’état de marchandise, les seconds, plus complaisants, font de la culture de masse le garant de la démocratie à l’ère de la massification.
Je n'ai pas bien compris en quoi Beigbeder, Séguéla ou Tchoungui prédisent l'apocalypse.Les apocalyptiques sont nés avec la technologie, cela n’est pas nouveau…
Si, il existe. On peut le voir au 79 rue de Varenne, dans 7e arrondissement de Paris.Le penseur de Rodin n’existe pas, nu.
Alors qu'elle n'apporte que des progrès à l'humanité, comme en témoigne le riant XXe siècle.La technologie est décriée, depuis sa naissance. Pourtant elle est ancrée dans notre histoire de l’Humanité.
Qui parle de refuser Internet ?Et refuser internet, c’est un peu refuser l’imprimerie. Ou le téléphone.
C'est tellement plus simple et confortable de caricaturer le débat...
Alors que c'est tout le contraire !Toutes les technologies ont eu leurs opposants. A la télévision qui rend imbécile. Aux jeux vidéos qui rendent violents.
C'est donc un grand progrès, effectivement. A lire à ce sujet TV Lobotomie de Michel Desmurget.En 1982, Neil Postman dans « Il n’y a plus d’enfance » écrivait : « Regarder la télévision non seulement ne requiert aucun talent mais n’en développe aucun« .
C'est amusant : penser, c'est donc penser sans culture ni lecture ?Ainsi en va de même d’internet.
Comme l’indique Daniel Bougnoux, « le penseur de Rodin, qui prétend nous montrer l’effort de la pensée nue, sans instruments, sans papier ni crayon, loin des laboratoires, bibliothèques et banque de données n’existe pas.
Ah...Contre ce monument idéaliste ou romantique, il faut rappeler que l’homme seul ne pense pas ( mais rêve, ou imagine aux frontières du délire )...
Le penseur de Rodin, c'est donc l'enfant sauvage de Truffaut !... en bref c’est le collectif qui pense, et qu’il y faut des outils ou des médias en général.
Effectivement. Mais il y a des outils qui invitent à l'idiotie plus que d'autres. Cf Nicholas Carr.L’outil « internet » est un outil de médiologie, c’est à dire, de transmission de la pensée humaine.
La pensée humaine est féconde, contradictoire, folle, parfois. Mais c’est la pensée humaine qui peut être idiote. Pas internet.
C'est surtout la méfiance contre ceux qui en font un usage dévoyé. La technique rhétorique et les sophistes, par exemple.La méfiance originelle.
La méfiance actuelle envers nos médias, et outils techniques, ces intermédiaires de la pensée humaine est vieille depuis l’antiquité grecque.
C'est une allégorie platonicienne, mais passons.Souvenons-nous du mythe des cavernes, où les lumières et ombres produites déforment la réalité. Les simulacres.
Ce n'est pas du tout le sens de cette allégorie : elle nous enseigne que nos sens bien faibles nous empêchent d'accéder à la vérité.Se méfier des simulacres, de ces objets ombrageux produits, et qui ne sont pas l’âme, la substance moelle de la pensée.
C'est pour cette raison qu'il a écrit des dialogues platoniciens, quand Socrate n'écrivait rien.Ainsi, Platon se méfie de l’intermédiaire, ( du « média » , par définition ), qui dénature la pensée.
Explications fort convaincantes.Voilà les explications logiques « ancestrales » d’une méfiance vis-à-vis de ce qui tourne autour de la pensée, sur cet objet qu’est internet, le web.
Ce propos, qui assimile l'individu lambda à un esprit crédule, n'est guère démocratique.Ces difficultés d’accepter la modernité technologique peuvent être compréhensibles pour des acteurs, des chanteurs, des « people » ou l’individu Lambda.
Heureusement que d'autres sont perspicaces à leur place.Mais pour des spécialistes de la communication, comme Séguéla, ou les journalistes, on peut s’interroger sur le manque de perspicacité, et la faiblesse de leurs compétences dans leur domaine.
Il semblerait que M. Boute soit néanmoins tombé dans ce dernier travers.Car comme l’indique Eric Maigret, dans son ouvrage « Sociologie de la communication et des médias« , à l’usage des universitaires :
"Il est nécessaire d’étudier en permanence les outils pour éviter de tomber dans les travers de la dénonciation, de la prophétie et de l’utopie".
Et si, après étude, on observe des choses critiquables, il ne faut pas les dénoncer, donc ?Le BaBa d’un professionnel des médias est bien d’étudier. Plutôt que dénoncer.
Ben voyons...Et si les « anciens » acteurs du média sont aussi virulents, c’est qu’ils se sentent menacés, parfois :
Un peu comme les cinq piliers de l'Islam ?La fin de l’élite intermédiaire.
la société de communication qui s’est amplifiée par les usages d’internet se caractérise par 3 fondamentaux : la démocratie, la transparence, l’autonomie.
On lira ces, dans l’article « Les 5 piliers de notre société de communication« .
C'est beau, mais bien naïf. Les réseaux ne sont pas le lieu de la rencontre de l'altérité, mais du même. Un petit tour sur Mektoube pour s'en convaincre.Démocratie : tout individu, pourvu qu’il dispose d’un accès au web ( on n’évoquera pas la fracture numérique ici ) a accès à toute l’information qu’il souhaite.
Car tout un chacun a le temps et les compétences d'un journaliste spécialiste dans tous les domaines...Transparence : Les informations sont vérifiables immédiatement ( ce qu’on nomme le « fact-checking » ). Et à l’information immédiate fausse, condamnée par les élites médiatiques, politiques peut être instantanément vérifiée, et rectifiée. L’open-data, qui consiste à publier brut les données des institutions publiques permet de donner à tous le même niveau d’information qu’aux médias traditionnels.
Et sans être lu par personne...Autonomie : le web 2.0 permet à chacun, simplement, de diffuser lui-même de l’information ( blog, forum, réseaux sociaux ). Sans devoir participer à l’industrie traditionnelle de diffusion ( journalisme, édition, diffusion papier, radiophonique ou télévisée .. ).
On retrouve sur le web les mêmes processus commerciaux que dans l'édition traditionnelle. On peut même payer pour mettre en valeur ses posts Facebook ou avoir plus d'abonnés Twitter.
On le voit bien. Tout un chacun a sur Twitter autant de "folllowers" que les personnalités médiatiques.Pour le journaliste, l’expert de la communication, le publicitaire, c’est évidemment perdre de son pouvoir.
Il n'y a aucun journaliste sur Twitter.Et cela explique grandement le rejet d’une nouvelle forme de participation collective à notre monde.
Heu... non. Communiquer n'est pas communier. Ou alors le gouvernement ou Total communie avec le peuple français.On remarquera que la dénonciation des journalistes n’est pas tant une dénonciation de la démocratisation de la connaissance, mais des usages plutôt liés à la communication proprement dite, que l’information :
Communiquer, au sens originel du mot, c’est « communier« . Partager.
Les propos de bars restent dans les bars. Avec Twitter ou Facebook, ils changent de dimension. Pensez à #UnBonJuif.Et peu importe si Elizabeth Tchoungui considère que sur Twitter, on y « croise au choix: des pros de la drague lourdingue (…), des e-terroristes (..), des as du canular pas drôle« .
Elizabeth Tchoungui ne se révolte pas des discours de comptoir, dans les bars. Où les propos ne sont pas toujours à la hauteur d’une pensée humaine d’ »intelligence.
Il ne s’agit pas de donner de l’information. Mais partager un acte de communication.
C'est beau.Twitter n’est peut être pas penser. Mais Twitter est nos lèvres.
Critiquer Internet, c'est donc vouloir fermer Internet ?Et ne cédons pas à la couture des lèvres…
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
C'est extraordinaire comme, à partir du moment où vous êtes spécialiste du domaine, il vous faudrait être d'accord et dire Amen à toute avancée du domaine en question, sinon c'est que vous êtes incompétent. On me fait parfois la remarque en me disant « toi qui bosse dans l'informatique, je ne comprends pas que tu sois aussi réticente à la démocratisation universelle et absolue des tablettes tactiles, des écrans tactiles, des TV connectées... » (je caricature un peu, mais pas beaucoup)Mais pour des spécialistes de la communication, comme Séguéla, ou les journalistes, on peut s’interroger sur le manque de perspicacité, et la faiblesse de leurs compétences dans leur domaine.
Peut-être au contraire que des spécialistes du domaine ont plus de connaissances pour analyser le pour et le contre d'une nouveauté que « l'individu lambda » comme l'appelle cet auteur, qui sera peut-être plus influençable par la communication positive faite autour de ces nouveautés (pour continuer dans l'esprit du Lambda = crédule)
Mais non. Internet dispose de cette « immunité diplomatique » qui fait que tout regard critique et prudent sur certaines des déviances possibles sera aussitôt analysé par la foule de ses adorateurs comme émanant d'un détraqué, d'un adepte de la préhistoire qui se demande encore pourquoi on a inventé l’électricité... Internet, tu l'aimes en entier ou pas du tout !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18196
Jacques Ellul écrit: Il s'agit bien de bluff, parce que dans ce discours l'on multiplie par cent les possibilités effectives des techniques et que l'on voile radicalement les aspects négatifs.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.