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Affelnet et mixité
De même, lorsqu'il s'agit de parler de dotation horaire, le rectorat est prêt à mettre les documents sur la table, sauf évidemment pour les dotations du privé.
Enfin, l'argumentaire préféré des cadres du rectorat, c'est qu'ils ont fait carrière dans toute la France, et qu'arrivant à Paris, ils s'étonnent des exceptions que les parents d'élèves savent y entretenir. Etrange souci d'uniformité territoriale quand on voit l'aberration que constitue Affelnet-Paris, quand on le compare aux procédures d'affectation ailleurs en France. Parents parisiens, vous bénéficiriez d'un système dérogatoire qu'il faudrait faire cesser. Mais où donc, ailleurs qu'à Paris, sur 100 collégiens de chaque cité scolaire, moins de trente ont le droit d'accéder au lycée qui, dans la même cité scolaire, accueillent plus de 200 lycéens venus d'ailleurs ?
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- Loys
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Pour le reste : "sur le plan de l'évolution sociologique du privé, [Julien Grenet] n'a pas de données."
Dans "Le" Figaro" du 8/02/22 cette tribune : "HENRI-IV et LOUIS-LE-GRAND ne doivent pas renoncer au modèle républicain de l’excellence"
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Dans "Le Parisien" (abonnés) du 9/02/22 : "Paris : au collège, avoir de bonnes notes vous assure-t-il vraiment un lycée prestigieux ?"
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- Loys
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Cette longue tribune mérite bien des commentaires.
On constate d'abord qu'elle se focalise - et c'est dans son intérêt - sur deux établissements publics hors normes, avec ces curieuses expressions : "Rentreront-ils dans le rang ?", "mettre fin au régime d’exception", "régime dérogatoire", "se soustraire à la règle commune". Ces lycées ont :
Aveu amusant que ce "régime dérogatoire" et ce "mode de recrutement" ne choque les auteurs que pour le petit nombre d'élèves scolarisés dans ces deux lycées publics ("à peine 3 % des élèves"), mais pas pour les 40% des lycées privés. Les "raisons politiques" n'ont donc pas à être convoquées ici. Les auteurs se penchent ensuite longuement sur l'étude extraordinairement précise et détaillée des publics de ces 2 lycées (l'essentiel de la tribune, avec même des "simulations") pour justifier leur intégration à Affelenet, sans jamais renseigner par ailleurs le moins du monde sur les chiffres les plus élémentaires concernant les 56 lycées privés de la capitale.pour des raisons essentiellement politiques, conservé le droit de recruter leurs élèves en dehors de cette procédure. Ce régime dérogatoire leur a permis de continuer à mettre en œuvre un mode de recrutement très similaire à celui qui prévaut dans les établissements d’enseignement privé, et d’échapper de facto aux objectifs d’ouverture sociale qui ont été assignés aux autres établissements publics de la capitale.
Pour le dire autrement, cette focalisation sur une iniquité marginale vise essentiellement à occulter une iniquité massive, par ailleurs évoquée plus loin pour mieux être évacuée.
Revenant sur la mise en place d'Affelnet depuis 2008 (sans mentionner l'exception du privé : 40% des lycéens aujourd'hui), les auteurs se félicitent des objectifs atteints de mixité dans les lycées publics parisiens : à vrai dire, rien d'étonnant puisque c'est l'application mécanique d'une affectation pilotée. Les auteurs ne s'interrogent évidemment pas sur les effets beaucoup plus larges que peut produire cette mixité.
Les auteurs se désolent du "poids important des notes de troisième dans le barème d’affectation" qui "explique que la ségrégation scolaire des lycées parisiens" (enfin des lycées publics : l'absence de cette précision est récurrente dans la tribune et - à vrai dire - révélatrice). Au demeurant, Julien Grenet n'apporte aucune réponse sur les objections concernant l'iniquité ou l'artificialité même du niveau scolaire pris en compte dans "Affelnet".
La tribune affirme que "les" fédérations d'élèves réclamaient la fin des lycées de niveau : il ne s'agit en réalité que d'une fédération, la FCPE Paris, dont les membres sont par ailleurs très divisés sur cette question. De fait, Julien Grenet reconnaît à demi-mots qu'il s'agit avec la réforme de 2021 de réduire, après la ségrégation sociale, la ségrégation scolaire.
Parmi les objectifs de la réforme 2021 : valoriser "les familles qui jouent le jeu de la mixité sociale et scolaire au collège". C'est un paradoxe puisqu'à travers la participation à Affelnet à égalité avec les élèves du public depuis 2017 et la mise en place des 5 lycées de secteurs à parti de 2021, les élèves du privé n'ayant pas joué ce jeu se trouvent également favorisés.
Encore une fois, les auteurs se félicitent de progrès mécaniquement réalisés sans s'interroger sur les effets plus larges de ces "progrès" : effet sur le découragement des familles, des élèves de collège puis de lycée, sur les conditions de travail et la baisse du niveau dans les meilleurs lycées, sur la confiance générale dans l'école publique...
Julien Grenet constate au passage que "les progrès de la mixité sociale et scolaire n’ont pas cependant été uniformes" (euphémisme quand certains lycées du 16e arrondissement ont vu leur ségrégation s'aggraver !), s'étonnant des effets donc des effets extraordinaires de sa propre réforme alors que ces effets étaient faciles à anticiper : les lycées de secteur des élèves du 16e étaient affectés uniquement... dans des lycées du 16e !
A propos d'Henri-IV et Louis-le-Grand, il dénonce une "conception étroite du mérite" qui ne tient pas compte des "déterminants sociaux de la réussite scolaire". Mais curieusement cette dénonciation ne concerne que ces deux établissements.
"faire le jeu du privé" : "L’analyse des données de l’académie de Paris va à l’encontre de ces arguments." Julien Grenet expliquait pourtant ne pas disposer de données sur la mixité sociale ou scolaire dans le privé (cf supra). Rien n'est d'ailleurs publié à ce sujet. En réalité, la tribune développe très peu ce contre-argument pourtant présenté comme massue, et de façon très contestable. Pour réfuter "un cadeau au privé", les auteurs évoquent des "ordres de grandeur [...] tout simplement pas compatibles avec cette hypothèse" en se fondant sur les chiffres passés :
Rappelons, pour notre part, que :Rappelons qu'à Paris, le nombre d’élèves qui s’inscrivent dans un lycée privé après avoir été scolarisés dans un collège public est infime (moins de 300 chaque année, soit à peine 2 % des élèves admis dans la voie générale et technologique)
- ces chiffres ne sont pas datés : s'agit-il des chiffres 2021 post-réforme ? Et en quoi pourraient-ils être prédictifs des chiffres à venir puisque la réforme entre en vigueur maintenant ?
- ces chiffres bruts ne disent rien de la ségrégation sociale et scolaire à laquelle ils peuvent contribuer (...et qui choque les auteurs pour les 2,5% d'élèves à Louis-le-Grand et Henri-IV)
- ces chiffres ne tiennent pas compte du fonctionnement en silo des établissements privés et de l'impossibilité pour ces établissements par ailleurs de suivre les changements soudains avec des ouvertures de classe ni des impossibilités pour les familles de se tourner vers le privé au dernier moment (la réforme est annoncée tardivement dans ce but). Au-delà de ces simples passage, ce sont les demandes des familles qui seraient à prendre compte, avec le taux de pression et la hausse de la ségrégation scolaire qui en résulte mécaniquement, de même que les inscriptions dans le privé hors contrat, qui ont pu avoir lieu de manière exceptionnelle l'an passé.
- ces chiffres ne tiennent pas compte de la fuite vers le privé qui a d'ores et déjà lieu avant le lycée : entre 2006 et 2020, les effectifs du public parisien n'ont pas bougé quand les effectifs du privé parisien ont bondi de 12,6% !
Pour Julien Grenet, le solde serait donc positif pour l'école publique.et qu’il est aujourd’hui inférieur au nombre d’élèves qui font le mouvement inverse, en s’inscrivant dans un lycée public après avoir été scolarisés dans un collège privé (400 à 500 chaque année).
Outre le fait que ces chiffres doivent être vérifiés, on peut s'étonner que M. Grenet ne mentionne ici que le nombre et non pas la qualité de ces transferts. On peut en douter que les élèves quittant le privé ou y entrant aient le même niveau. D'ailleurs, nombre d'élèves sont poussés dehors en cours de scolarité dans les collèges et les lycées privés les plus élitistes (20% des collégiens de Stanislas, par exemple), pour des raisons de discipline, de niveau scolaire insuffisant, voire seulement moyen dans les meilleurs lycées.
A noter que la même fuite vers le privé (concept mis entre guillemets par les auteurs de la tribune) a pu être niée dans les expérimentations de mixité menées dans quelques collèges parisiens, lors même qu'elle a pu être constatée déjà : par exemple, dans le 18e, depuis 2017, les effectifs de 3e dans le public sont restés stables mais les effectifs de 3e dans le privé... ont bondi de presque 12%.
Sur les 15 dernières années (2006-2020) et en se fondant sur les inscrits au brevet, les effectifs du public dans la capitale n'ont pas évolué, les effectifs du privé ont augmenté de 12% : tous les nouveaux élèves sont absorbés par le privé (et qualitativement difficile d'apprécier la ségrégation scolaire puisque la réussite artificielle s'est généralisée à tous les établissements en un temps record : le taux de mention est ainsi passé de 5% à 43%).
Dans les classements des lycées parisiens, l'élite des lycées publics est déjà déclassée...Quant à l’attractivité des lycées H-IV et LLG et à leur position concurrentielle vis-à-vis du privé, on doute qu’elles soient menacées par une diminution de deux dixièmes de point de leur moyenne au baccalauréat.
On voit que la réfutation de Julien Grenet n'est pas étayée et relève de l'incantation. Reste que Julien Grenet, tout en niant que l'application au seul secteur public de la réforme puisse avoir des conséquences négatives sur le secteur public, mesure en conclusion - c'est un progrès - combien la justification d'une telle application est restreinte :
On peut en effet "s'interroger". Les raisons sont pourtant évidentes. Et Julien Grenet y a a apporté sa caution : d'ailleurs pourquoi s'interroger puisqu'il n'y a pas de fuite vers le privé et que l'élitisme ne semble concerner que le public ?On peut enfin s’interroger sur les raisons pour lesquelles les efforts en faveur de l’ouverture sociale devraient peser exclusivement sur les épaules des établissements d’enseignement public. Dans un pays qui se distingue par des inégalités scolaires parmi les plus élevées au monde, le fait que les établissements privés échappent à toute forme de régulation de leur recrutement, alors qu’ils sont financés à hauteur de 73 % par l’État et les collectivités territoriales, apparaît comme une aberration de plus en plus difficile à justifier.
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- Loys
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Et le 18/02/22 la courageuse tribune de chefs d'établissements pour soutenir une réforme voulue par le rectorat : "Sortons les lycées Henri-IV et Louis-le-Grand de l’entre-soi social et géographique !"
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Dans "Le Monde" du 25/02/22 cette chronique caricaturale : "« On avait mis le compteur de gaz à leur nom pour qu’ils puissent être sectorisés ici » : les parents des élèves d’élites"
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Et dans "Le Monde" (abonnés) du 14/03/22 : "« J’ai compris que j’étais pauvre en arrivant au lycée Henri-IV »"
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fgaume.medium.com/
(Diverses FCPE locales publient ce type de documentation, mais rien d'aussi poussé)
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Dans "Le Figaro" du 24/05/22 tribune de Marion Oury : "Les très bonnes notes ne sont plus décisives pour accéder aux meilleurs lycées parisiens"
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L'illustration donne le ton de l'article : Affelnet, pas de débat à avoir.
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Et : "Réforme d’Affelnet : à Paris, le lycée Condorcet convoité, mais parfois inaccessible"
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