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L'intelligence artificielle et l'école
- Loys
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Notre équipe opère au sein de Nantes Université et est basée à la Halle 6 Ouest, ce qui nous permet d’être au centre des projets en lien avec l’innovation. Nous travaillons également avec d’autres universités, des partenaires institutionnels tels que le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, la Direction du numérique pour l’Éducation, des partenaires européens dans le cadre de projets Erasmus+, mais également des entreprises et des associations comme Class’Code.
Nous intervenons dans les champs de la recherche, la médiation, la valorisation, la production et formation et ce, au travers de projets portant sur l’éducation et l’intelligence artificielle.
À propos de la Chaire
Qu’est-ce qu’une Chaire ?
En quelques mots, qu’est-ce que la Chaire RELIA ?
Notre équipe opère au sein de Nantes Université et est basée à la Halle 6 Ouest, ce qui nous permet d’être au centre des projets en lien avec l’innovation. Nous travaillons également avec d’autres universités, des partenaires institutionnels tels que le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, la Direction du numérique pour l’Éducation, des partenaires européens dans le cadre de projets Erasmus+, mais également des entreprises et des associations comme Class’Code.
Nous intervenons dans les champs de la recherche, la médiation, la valorisation, la production et formation et ce, au travers de projets portant sur l’éducation et l’intelligence artificielle.
Le titulaire
Colin de la Higuera est enseignant-chercheur en informatique à Nantes Université et au Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes (LS2N). Ses travaux de recherche concernent l’apprentissage automatique (ou Machine Learning), domaine de l’Intelligence Artificielle dans lequel il collabore avec des chercheur.es du monde entier. Il est l’auteur de deux livres et de nombreux articles de recherche.
Il a été président de la Société Informatique de France (SIF), puis a contribué à créer et lancer Class’Code, dont l’objectif est de former enseignant.es et éducateur.rices à la transmission de la pensée informatique.
La spécificité du projet (formation par ressources éducatives libres et réseau social) a convaincu l’UNESCO de soutenir et labelliser, en 2017, une chaire intitulée « Technologies pour la formation des enseignants par les ressources éducatives libres », à Nantes Université.
En 2021, l’UNESCO a accordé une nouvelle Chaire en Ressources Éducatives Libres et Intelligence Artificielle.
Colin de la Higuera est également trustee de la Knowledge for All Foundation, Chief Equality Advocate à IRCAI et travaille actuellement dans le cadre d’un projet européen sur l’indexation, la navigation et la recommandation des ressources éducatives libres.
L’équipe de la Chaire
Mélanie Pauly Harquevaux
Solenn Gillouard
Bastien Masse
Jotsna Iyer
Andréane Roques
Lucie Grasset
Et Victor Connes, qui a également participé activement aux projets de la Chaire, durant son doctorat co-encadré par Colin.
En 2022, quelques mois avant la folie ChatGPT qui le rend quelque peu "obsolète" en effet, Colin de la Higuera rend disponible en ligne son ouvrage : IA pour les enseignants: un manuel ouvert .
On se souvient qu'en 2014 M. de la Higuera, président de la SIF et promoteur de l'enseignement du code à l'école (voir notre longue analyse "In coda venenum" ), affirmait que le code informatique serait la langue du XXIe siècle et voulait en faire une discipline obligatoire à l'école.
Dix ans plus tard, les injonctions sont les mêmes mais l'objet a changé : il ne s'agit plus du code mais de l'IA. L'auteur revendique une position mesurée entre enthousiastes et catastrophistes. Reste qu'il s'agit bien de faire entrer l'IA dans l'école et qu'il n'y a pas de choix :
Quelque part à mi-chemin entre ces différents positionnements, on retrouve les chercheurs, les pédagogues, les responsables politiques qui ont pris conscience d’un certain nombre de choses, à savoir que l’IA ne va pas disparaître et qu’elle aura sa place à l’école, si ce n’est pas déjà le cas. Et aucun ministre – et encore moins un enseignant – ne sera en mesure d’y mettre un frein. A partir de cette constatation, comment l’enseignant peut-il maîtriser la bête et exploiter au mieux l’intelligence artificielle ? Comment l’enseignant peut-il faire en sorte que l’IA soit au service des élèves et non pas l’inverse ?
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- Loys
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Anthony Hié est directeur de la transformation digitale du groupe d’enseignement supérieur Excelia.
Comme d'habitude, le progrès s'accompagne d'un argumentaire comminatoire.
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- Loys
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Toute ressemblance avec l'atterrante expérience D'Col ...Tous les élèves entrant au lycée seront désormais accompagnés, à la maison, d’un outil d'IA de remédiation ou d’approfondissement en français et en mathématiques. Ce logiciel souverain, construit avec des chercheurs et des enseignants, propriété du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, sera mis gratuitement à disposition de 200 000 élèves de 2nde dès les prochains mois, avant d’être généralisé à l’ensemble des élèves de 2nde à partir de septembre prochain. La France sera ainsi le premier pays au monde à généraliser à l’ensemble d’une classe d’âge un outil d’élévation du niveau fondé sur l’intelligence artificielle.
Voir ici le fil consacré à "Mia" par "EvidenceB" .
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- Loys
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Dans un monde éducatif qui évolue, comprendre le fonctionnement des IA génératives est essentiel. Savoir agir et interagir avec les élèves à ce sujet s’apprend. Réseau Canopé organise des formations pour appréhender l’environnement des IA.
En éducation, les intelligences artificielles génératives sont bel et bien un sujet d’actualité. Aujourd’hui accessibles au grand public, elles ouvrent de nouvelles opportunités aux enseignants mais également aux élèves. Dès lors, comment s’approprier ces technologies ? Comment exploiter pleinement leur potentiel pédagogique dans le respect des normes légales ? Et, enfin, comment accompagner les élèves à leur utilisation éclairée et éthique ? Afin de dépasser les discours et avis discordants, les représentations fausses qui se développent depuis des mois, Réseau Canopé organise régulièrement des webinaires, des conférences, et met à votre disposition des ressources pour que vous puissiez comprendre ce qui se joue et agir, à votre tour, en classe.
Comprendre
Puisque pour agir il faut d’abord comprendre, dans ses webinaires ou dans ses ressources en ligne, Réseau Canopé décrypte le fonctionnement des intelligences artificielles génératives. Sans oublier les pratiques d’apprentissage novatrices qu’elles apportent. Alors, les intelligences artificielles génératives, qu’est-ce que c’est ? Ce sont des technologies qui simulent les productions humaines – textes et images – en donnant l’illusion du vrai. Citons à cet égard ChatGPT, Midjourney ou encore Bing. Très bien, mais d’où viennent les réponses générées par l’IA ? Elles font suite à des « prompts ». Qu’est-ce qu’un prompt ? Une commande utilisée pour « interagir avec les logiciels et orienter les IA ou applications de générations de contenus vers un sujet spécifique et vers un résultat attendu comme la production d’une image ou d’un texte ». Sur quels modèles reposent les IA ? « Sur des modèles statistiques capables de modéliser la distribution des mots et des symboles dans une langue naturelle. » En d’autres termes, les IA génératives « effectuent des calculs mais ne possèdent pas de représentation du monde ». « Elles nous assistent mais ne comprennent pas. » Ce sera donc à vous de les choisir et de les personnaliser en fonction de vos objectifs pédagogiques. Ce condensé d’informations est tiré de la vidéo Les intelligences artificielles génératives, accessible librement sur CanoTech.
Une vidéo à voir et à revoir. Car, indéniablement, mieux comprendre et connaître les intelligences artificielles, c’est se donner l’opportunité d’en tirer pleinement profit pour offrir à vos élèves une expérience d’apprentissage plus dynamique et individualisée.
Oui, mais alors comment les intégrer de manière pertinente dans votre enseignement ? Soyons pragmatique : en tant qu’enseignant, vous pouvez les utiliser pour préparer vos séquences pédagogiques, produire des supports, des corrigés de dissertation, ou encore différencier vos séances de cours. Par exemple, un enseignant de français peut utiliser une IA générative pour concevoir des textes à trous, des quiz interactifs ou des exercices contextualisés. Ou un enseignant en lycée professionnel un sujet de synthèse.
Néanmoins, pour échanger efficacement avec une IA conversationnelle, il faut suivre certains principes, détaillés dans la vidéo L’intelligence artificielle conversationnelle comme assistant du pédagogue. En effet, en amont, le travail de la consigne, ou plutôt du prompt, est à essentiel pour concevoir une requête claire. Car, souvenez-vous : les intelligences artificielles ne raisonnent pas. C’est donc à vous de le faire.
Participez à nos prochains webinaires, c’est :
1/ bénéficier d’une immersion dans l’univers de l’intelligence artificielle, disposer de premiers éléments de connaissance tant au niveau historique, scientifique que technique et réfléchir aux grands enjeux de l’IA dans le domaine de l’éducation (L’intelligence artificielle en éducation : des bases pour mieux comprendre, le lundi 26 février à 14 heures) ;
2/ tester des outils, choisir des applications pédagogiques pour la classe en évaluant les avantages et les limites de chacune et apprendre à créer des contenus pédagogiques grâce à l’IA (De l’intelligence artificielle à la salle de classe, le mercredi 28 février à 14 heures).
Agir
Si les intelligences artificielles permettent de diversifier les approches didactiques et d’adapter l’enseignement aux besoins individuels des élèves, elles sont aussi à portée de leur main. Or, comme nous l’avons vu, les IA simulent la pensée et la production humaine. Elles donnent – grâce à leurs puissants calculs – l’illusion d’un discours authentique. Il est donc nécessaire d’inciter vos élèves à faire preuve d’un esprit critique et de les accompagner.
Pour éviter les dérives et, au contraire, se concentrer sur des pratiques fonctionnelles, il est ainsi crucial de comprendre les biais potentiels des machines.
Pour les élèves, collégiens, lycéens, cela passe par des discussions et des débats en classe. Il est également important d’interagir en classe avec les IA et donc de les utiliser. L’idée étant que vos élèves perçoivent les IA non pas comme un substitut au travail mais comme des outils d’aide, d’enrichissement. Ils doivent savoir ce qu’elles permettent de faire, ce qu’elles ouvrent comme potentiels, pour mieux les maîtriser.
Professeurs-documentalistes, c’est pour vous !
Les intelligences artificielles génératives dans le domaine de l’information et de la documentation
Et si, finalement, vous utilisiez déjà les IA sans vous en rendre compte ? Les intelligences artificielles génératives sont de plus en plus présentes, en particulier dans les solutions des EdTechs mises à disposition par le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. Sans même que vous le sachiez. Dans les prochains mois, tout le défi pour les enseignants va donc être de les comprendre, de les utiliser à bon escient et dans le respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et « d’acculturer » leurs élèves. C’est pour cela que Réseau Canopé développe une offre de formation sur le sujet.
En complément
Les intelligences artificielles en éducation. Découvrez le potentiel des IA pour retrouver au sein d’un seul et même espace l’essentiel de notre offre et de nos formations.
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Dans "Le Monde" (abonnés) du 25/03/24 : "Intelligence artificielle : le bilan carbone de la génération d’images, de textes ou de sous-titres"
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Bastien Masse est Délégué Général de l’Association Class’Code (un collectif de plus de 50 structures partenaires issues de l’éducation et du numérique).
Il est également chef de projet au sein de la Chaire UNESCO RELIA pour les Ressources Éducatives Libres et Intelligence Artificielle à Nantes Université. L’objectif de cette chaire est de développer l’IA au service de l’Éducation à travers la recherche et des projets européens, ainsi que l’Éducation à l’IA par la formation des enseignants et la création d’actions de médiation scientifique auprès du grand public.
Que ce soit dans le champ de l’éducation populaire, de l’enseignement scolaire et supérieur, les pédagogues se posent des questions sur l’intelligence artificielle.
Quels sont les enjeux sociétaux de l’IA ?
Comment fonctionne-t-elle ?
Quelle éducation à l’IA ?
Où trouver les ressources ?
"L'IA est un outil", peut-on lire dans la présentation de Bastien Masse (qui n'est pas enseignant). Mais en regardant attentivement sa présentation, des doutes peuvent surgir :
Bastien Masse concède ensuite que "la démocratisation de l'IA Gen en éducation" comporte des risques et mentionne la triche. Mais, proposant d'accompagner les élèves, il pose ensuite la question : n'y a-t-il pas d'autres compétences à apprendre et d'autres approches pédagogiques à privilégier pour l'évaluation ? Par exemple : la logique projet, la méthodologie, la production collaborative, l'appropriation des connaissances, la mise en pratique, l’évaluation orale.
Bref : le grand retour - comme c'est étonnant - du constructivisme scolaire !
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- Loys
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Avec ce rapport thématique n°3 : "IA et éducation" (30 octobre 2024).
La rhétorique est la même que celle de l'école numérique depuis plus d'une décennie.
Christian Bruyen et Bernard Fialaire, rapporteurs
- Si le numérique a depuis longtemps fait son entrée à l’école et dans les apprentissages, le rôle croissant joué par l’intelligence artificielle (IA) vient bouleverser les approches de l’éducation en ouvrant considérablement le champ des possibles, notamment depuis le lancement de ChatGPT par Open AI en 2022 et le développement fulgurant des systèmes d’IA générative.
- La question n’est en effet plus de décider s’il faut faire une place à l’IA dans l’éducation – elle y a déjà fait irruption – mais de savoir comment accompagner les développements en cours et répondre aux enjeux de l’éducation par et à l’IA.
- Enseignement adaptatif, suivi des apprentissages en temps réel, aide à l’évaluation, ingénierie pédagogique : nombreux sont les cas d’usage dans lesquels l’IA pourrait apporter une contribution majeure aux pratiques d’enseignement, avec des perspectives pleines de promesses pour une école plus inclusive.
- Cependant, malgré les efforts réalisés pour intégrer l’IA dans l’éducation, l’appropriation des outils par les acteurs du système éducatif – enseignants, élèves, établissements –, loin d’être systématique, apparaît encore très inégale. Utilisée massivement par les plus jeunes générations, l’IA générative reste encore peu employée dans le reste de la communauté éducative. Les inquiétudes exprimées mettent en évidence la nécessité d’accompagner les enseignants par la définition de lignes directrices claires et stratégiques et de bâtir un cadre de confiance fondé sur une approche équilibrée.
- Pour l’avenir, trois axes principaux se dégagent : mieux accompagner les acteurs de l’enseignement par la définition d’un cadre d’usage et un accès facilité aux outils disponibles ; former plus massivement et favoriser l’émergence d’une culture citoyenne de l’IA, à l’école et en dehors de celle-ci ; évaluer les outils, approfondir la recherche et expérimenter.
- Il s’agit d’assurer les enseignants de leur place toujours centrale dans le processus éducatif, de démythifier l’IA, mais aussi de faire la démonstration scientifique de la capacité de l’IA, en particulier l’IA générative, à favoriser la montée en compétences des apprenants et de transformer efficacement les façons d’enseigner.
Résumons de façon (presque pas) parodique : "La place de l'IA dans l'école n'est pas à discuter mais si les élèves ont bien compris son intérêt, les enseignants pas encore : un coup de pied au cul technologique est nécessaire. Ah, aussi, dans un dernier temps, il faudra songer à prouver scientifiquement l'intérêt pédagogique de l'IA."
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- Loys
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Évidemment, l'utilisation de l'IA par les élèves est au centre de ces "nouvelles compétences" des élèves (sic), ici présentées positivement et sans aucun regard critique. Faut-il s'en étonner ? Cette conférence sur l'enseignement est présidée par Anne Cordier, laquelle n'a jamais été enseigné en primaire ou dans le secondaire...
Changement climatique, révolution numérique, importance grandissante des compétences psychosociales dans le milieu professionnel… Ces mutations sociétales majeures représentent des défis pour l’école. Dans un monde en évolution permanente, l’acquisition de savoirs et de compétences par les jeunes pour une meilleure insertion sociale et professionnelle, mais aussi pour la construction d’une société équitable et innovatrice est fondamentale. La façon dont l’école appréhende ces enjeux l’est donc tout autant.
Mais ces changements ne touchent pas seulement l’école, ils impactent aussi la vie quotidienne des jeunes qui développent en dehors de l’école de nouvelles pratiques, comme s’informer en ligne ou utiliser l’intelligence artificielle. Cela interroge la manière dont l’école peut ou doit prendre en compte les pratiques informelles des jeunes, en particulier lorsque celles-ci reflètent ou renforcent des inégalités sociales.
Comment les élèves établissent-ils des liens entre les savoirs acquis à l’école et ceux appris hors de l’école (pratiques familiales, loisirs, numérique) ? En quoi l’analyse des pratiques informelles et extra-scolaires des élèves peut-elle contribuer à améliorer les pratiques pédagogiques en classe ? De quelle manière les usages du numérique, notamment les intelligences artificielles (IA) génératives, influencent-ils les apprentissages des élèves à l’école et dans la sphère extra-scolaire ? Comment intégrer les modes d’information et de recherche utilisés par les élèves dans leur vie quotidienne, notamment via les réseaux sociaux et l’IA, dans les enseignements scolaires ? Quels rôles l’école peut-elle jouer dans la formation des élèves aux enjeux climatiques et dans le développement de leur éco-citoyenneté ? Quelles compétences psychosociales les élèves développent-ils aujourd’hui à l’école ? Comment les enseignants peuvent-ils favoriser leur acquisition en classe ? Lesquelles favorisent-elles l’insertion professionnelle des jeunes ?
L'introduction d'Anne Cordier ici : "Nouveaux savoirs et nouvelles compétences des jeunes : Quelle construction dans et hors de l’école ?”
Ces mardi 5 et mercredi 6 novembre se tient à Paris la conférence de consensus 2024 du Centre National d’Études des Systèmes Scolaires (CNESCO). Cette conférence porte sur les “nouveaux savoirs et nouvelles compétences des jeunes : Quelle construction dans et hors de l’école ?”. Durant les deux journées seront tout particulièrement abordés le développement durable et l’éducation à l’environnement, les compétences psycho-sociales ou socio-émotionnelles, ainsi que le numérique et l’intelligence artificielle ; des thématiques qui à l’évidence présentent de nouvelles exigences dans la formation des enfants et adolescent-es aujourd’hui. J’ai l’honneur de présider cette édition 2024 de la conférence de consensus du Cnesco, avec Cédric Fluckiger, professeur des universités en Sciences de l’éducation et de la formation.
Ci-dessous, je vous livre le discours d‘introduction de la conférence de consensus 2024 que j’ai prononcé ce mardi 5 novembre 2024 au sein du lycée Paul Bert à Paris.
****** Introduction à la Conférence de Consensus 2024 ******
« Ça t’intéresse pour de vrai ? Je veux dire, ce que je fais sur le téléphone, avec Youtube, tout ça ? (…) J’aime bien parler avec toi, c’est comme si j’étais quelqu’un d’important ».
C’est par ces mots de Léyana, 10 ans, que je vous invite à entrer dans cette conférence de consensus 2024. Grâce à Léyana, voici posée la première pierre qui a conduit à la mise en place de cette conférence : un profond intérêt porté au sens social des apprentissages scolaires et extra-scolaires, et au-delà un désir ardent : com-prendre. Comprendre les dynamiques du monde dans lequel s’inscrit le système éducatif français. Comprendre les tensions mais aussi les leviers, les ressources, qui s’incarnent à travers des évolutions majeures dans l’environnement des individus, mais aussi dans leurs représentations et leurs pratiques. Comprendre ce qui fait sens et, à travers ce sens, ce qui fait société,pour que enfants et adolescent-es puissent co-construire, au gré de leurs parcours d’apprentissage, des compétences et des savoirs qui favorisent leur insertion sociale dans des conditions positives.
Face à un « moment critique »
Incontestablement, nous faisons face à ce que Eric Fassin nomme un « moment critique ». Autrement dit, un moment propice à une prise de conscience collective pour repenser notre façon d’être-au-monde et nos moyens d’action. Nous devons réfléchir ensemble aux nouveaux rapports au monde et à l’existence, notamment en ce qui concerne les apprentissages dits du XXIe siècle.
Que signifie « apprendre » à l’heure où les institutions classiques comme l’École et la famille ne sont plus les seules sources de savoir et de socialisation ? Comment une société valide-t-elle ce que nous apprenons, et sur quels critères ces validations reposent-elles ? Comment définir les savoirs et les compétences nécessaires à l’épanouissement scolaire et social de chacun ?
Avant même de savoir « quoi » et « comment » apprendre, c’est la cruciale question du « pourquoi » et du « pour… quoi » apprendre à laquelle il convient de répondre.
C’est à l’aune de cette problématique qu’est construite cette conférence de consensus, plus précisément structurée autour de trois grands axes.
1er axe. Ce qui se construit hors de l’école pour les élèves
De quels apprentissages parle-t-on ? Comment les appréhender, et pourquoi il est important de comprendre ce qui se joue pour les enfants et adolescents en dehors du monde scolaire ?
Comment les élèves établissent-ils des liens entre les savoirs acquis à l’école et ceux appris hors de l’institution scolaire, que l’on pense aux pratiques de loisirs, numériques, ou familiales ?
De quelle manière les usages du numérique, notamment le recours aux intelligences artificielles génératives, influencent-ils les apprentissages dans la sphère extra-scolaire, et à l’école ?
Cette question amène fort logiquement à expliciter le second axe de cette conférence de consensus :
2ème axe. Enseigner et didactiser les enjeux de société
Profondément et résolument inscrite dans la société, notre École ne peut évidemment être sourde aux évolutions de cette dernière. En ce sens, nous nous demanderons
Comment intégrer dans les enseignements scolaires les pratiques d’information et modalités de recherche déployés par les enfants et adolescents dans leur vie quotidienne ?
Mais aussi, à l’heure où le changement climatique et la lutte contre celui-ci constituent une mutation majeure de notre société, et où l’éco-anxiété est forte chez nos enfants et adolescents, comment informer les élèves, et développer leur éco-citoyenneté tout en leur conférant un pouvoir d’agir ?
Parler de pouvoir d’agir, c’est bien promouvoir une conception proactive des apprentissages à l’École. Ce qui explique le troisième axe structurant de cette conférence :
3ème axe. Penser et favoriser « l’après »
Comment, par les savoirs et compétences qu’elle développe, l’École favorise-t-elle l’insertion socio-professionnelle de ses élèves ? Ce en lien avec toutes les thématiques abordées lors de ces deux journées.
Plus précisément, quelles compétences psychosociales les élèves développent-ils aujourd’hui à l’école ? Et dans quelle mesure favoriser leur acquisition en classe peut favorablement influencer leur insertion professionnelle, et plus généralement sociale ?
Faisons « Monde » !
Vous l’aurez compris : tout au long de cette conférence, il s’agit de s’intéresser à la circulation des savoirs dans et hors l’école, en tentant de rassembler de nombreux thèmes qui sont souvent traités séparément.
A l’occasion de cette première journée, nous allons précisément partir à la rencontre de ce « hors l’école » qui a tant à nous apprendre pour aussi comprendre le « dans l’école », et plus encore améliorer l’École, et avec elle la société bien sûr.
a) Face aux mutations contemporaines, et à des apprentissages et pratiques qui se déploient en dehors d’elle mais imprègnent les élèves, comme les enseignants, L’école comme institution de savoir est nécessairement interrogée. Certes, elle a toujours pour mission de socialiser par le savoir et en tant qu’institution doit perpétuer une société en unissant ses membres autour de valeurs communes, et en transmettant une culture collective. Mais elle doit aussi faire face à de nouvelles attentes qu’il nous revient de bien cerner.
b) Si l’école est interrogée en tant qu’institution de savoir, c’est aussi par la composition de son public. Quel est-il ? Qui sont ces enfants et ces adolescents qui composent le public scolaire ? Il est essentiel de saisir comment les élèves construisent leurs relations aux savoirs et leurs stratégies, ainsi que celles de leur famille, pour se constituer en tant qu’individus insérés socialement. Comment vivent-ils l’apprentissage dans l’école, au regard aussi des pratiques qui sont les leurs en dehors des murs de l’institution scolaire ? Comprendre l’expérience scolaire est impératif pour saisir finement les compétences et connaissances en jeu dans la vie d’un enfant et d’un adolescent. Réciproquement, comprendre l’expérience vécue hors l’école dans les activités, par exemple numériques, est riche d’enseignements pour les situations pédagogiques et didactiques. Cette compréhension est aussi riche d’enseignements car elle concourt à considérer l’élève comme un acteur social, engagé pleinement dans ses apprentissages, riche des acquis et des aspirations liés à des univers culturels et sociaux qui échappent bien souvent au regard des adultes.
c) Cette invisibilité pour le monde adulte est à l’origine de fantasmes développés par ces derniers sur les pratiques juvéniles, mais elle est aussi source de non prise en compte – de fait – par les adultes de la richesse de cet univers de pratiques et d’apprentissages liés. Ainsi, à l’École, les conceptions et contenus d’enseignement-apprentissage sont l’objet de nombreuses interrogations. En effet, le concept de « learning lives » pointe bien l’idée que l’apprentissage se produit tout au long de la vie, se déploie dans une grande variété de situations et d’expériences. Mais alors, que peut et que doit l’École, face à la multiplication d’espaces-temps qui constituent autant de modèles de savoirs culturels en tensions ?
Entendons-nous bien : connaître et re-connaître les usages et pratiques juvéniles hors l’école ne signifie pas obligation, nécessité, ou même besoin, de les intégrer en tant que tels au champ scolaire. Cette distinction est très importante : il s’agir de prendre en considération ce qui se déroule en dehors de l’école : comment ils socialisent, apprennent, construisent leur représentation du monde…, sans pour autant de façon systématique appeler à ‘calquer’ les modalités et pratiques d’apprentissage hors l’école et/ou importer l’ensemble de ces apprentissages dans l’école et la classe. Une fois ces manières de faire et d’apprendre hors l’institution scolaire connues, reste donc à arbitrer : quel rôle a/peut/doit avoir l’École dans la construction des apprentissages des « jeunes » et l’articulation dans/hors l’école ?
Voici venu le temps de nous attacher à répondre à ces nombreuses, et stimulantes, questions. Questions que des expert-es, et nous les remercions encore pour leur présence et apports, vont nous aider à appréhender avec rigueur et finesse. Questions autour desquelles a aussi travaillé le jury de cette conférence, mobilisé depuis plusieurs mois maintenant pour nourrir ces journées avec enthousiasme et désir d’être constructif. Car c’est ensemble que nous allons prendre à bras-le-corps ces questionnements. Faisons monde !
Faisons Monde, par l’action collective, par un sens profond du coopératif. C’est à ce dialogue compréhensif entre différents champs disciplinaires, entre acteurs agissant dans différents espaces – enseignants, parents, médiateurs, personnels de direction et d’encadrement, élèves bien sûr !, c’est à ce partage que fait appel cette conférence de consensus que nous sommes si heureux aujourd’hui de tenir.
Programme de la journée
Sans plus attendre, démarrons donc cette première journée de conférence de consensus.
11 interventions ce jour, qui nous permettront, comme vous pouvez le voir, de mieux saisir ensemble les enjeux de l’évolution des savoirs et compétences à l’école, la circulation des savoirs entre les différentes sphères, avant de focaliser sur les pratiques numériques extra-scolaires pour penser les contenus à l’école, puis sur l’exploitation des acquis hors de l’école pour améliorer les apprentissages scolaires, notamment en encourageant les compétences psychosociales.
Un riche programme, donc, concocté avec soin, et dont j’espère qu’il tiendra à vos yeux toutes ses promesses. Je vous souhaite à toutes et tous une très belle et – disons-le – joyeuse journée de conférence de consensus, et me permets pour conclure de céder virtuellement la parole à Michael, professeur documentaliste en lycée général, technologique et professionnel, que je charge ainsi de vous passer le relais et de donner le ton de la journée :
« Il y a tout un univers à découvrir. Ensemble, car les élèves ont aussi beaucoup à nous apprendre, et c’est passionnant ! C’est passionnant de sortir de notre zone de confort, de chercher à les connaître mieux, parce que finalement à travers ce qu’ils partagent sur leurs pratiques, c’est eux qu’on rencontre. Oui, même si ça bouscule des fois, moi je trouve ça passionnant ! ».
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Eduquer à l'intelligence artificielle : comment préparer les enseignants, les élèves et les étudiants à la généralisation de l'IA
"Le cercle familial ne suffit pas à éduquer à l'IA" Axel Jean (DNE) qui rappelle la nécessité de formations massives dans l'Education nationale.
( source )
Et une tribune de promoteurs de l'IA et de l'école numérique sur ce fil : www.laviemoderne.net/veille/pilotage-eco...place-a-lecole#25300
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