L’orthographe à l'école

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09 Nov 2016 19:58 - 12 Nov 2016 18:54 #17679 par Loys
On se souvient que, en 2015, Najat Vallaud-Belkacem expliquait que les nouveaux programmes comportait une dictée quotidienne. Ce coup médiatique, contredit par nos soins , trouve donc encore des échos dans la presse un an après :

La Croix écrit: Des dictées quotidiennes ?
La ministre Najat Vallaud-Belkacem avait insisté l’an dernier sur la nécessité de prévoir, sous diverses formes, des dictées quotidiennes en primaire.

Le Monde écrit: « Grâce à la recherche scientifique, ces nouveaux programmes ont été pensés pour être plus cohérents, plus progressifs, et surtout mettre véritablement l’accent sur l’apprentissage et la consolidation du français », fait valoir Najat Vallaud-Belkacem, rappelant, entre autres, « l’instauration d’un exercice désormais quotidien de dictée ».

:santa:
De la même façon, les explications convaincantes d'un professeur en psychologie cognitive (qui du moins souligne la baisse générale des horaires en français depuis des décennies même si ceux-ci ont augmenté... en 2008) dans "L'Express" du 12/11/16 :

Michel Fayol écrit: Nous avons des +marques+, telles que le +ent+ à la fin du verbe à la 3e personne du pluriel ou le +s+ des noms et adjectifs au pluriel, qui ne s'entendent pas, contrairement à la plupart des autres langues. Il n'y a aucun autre système comme le nôtre.

Cette difficulté naturelle du français explique, bien évidemment, la baisse des résultats. :santa:
Bien sûr, ce genre de considération n'empêche pas qu'on enseigne une seconde langue autrement plus difficile dès le primaire : en anglais, seuls 50% des mots s'écrivent de façon régulière. :santa:
Pour un professeur de français dans un lycée de la banlieue est de Paris et formatrice auprès d'enseignants stagiaires dans l'académie de Créteil, un "bagage commun" doit suffire :

Karine Risselin écrit: Cela fait longtemps que l'école s'est donné d'autres missions que de former de petits grammairiens. On demande aux enfants d'aujourd'hui des compétences qu'on ne demandait pas à ceux d'il y a 50 ans : réaliser des synthèses à partir de plusieurs documents, développer son esprit critique...

C'est vrai que l'école avait vocation à "former de petits grammairiens"... :santa:
Dernière édition: 12 Nov 2016 18:54 par Loys.

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09 Nov 2016 20:54 - 13 Nov 2016 23:23 #17680 par Loys
Dans le "Café" du 9/11/16, on dégaine la grosse artillerie :
- Orthographe : La nouvelle chute des résultats interroge le statut de l'orthographe
- "Orthographe : Oser une vraie réforme ?"

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09 Nov 2016 21:08 - 09 Nov 2016 21:51 #17681 par Loys

Orthographe : La nouvelle chute des résultats interroge le statut de l'orthographe

Oui : c'est mieux que d'interroger la chute.

La France ton orthographe fout le camp.

La question traitée donc avec la désinvolture des anti-déclinistes. Quelle blague, la question de l'orthographe !

C'est ce que montre une nouvelle étude de la Depp (division des études du ministère). Sur la même dictée d'une dizaine de lignes (67 mots) donnée depuis 1987 et évaluée en Cm2, le nombre d'erreurs a encore progressé. Le pourcentage d'élèves faisant moins de 6 fautes est passé de 31 % en 1987 à 16% en 2007 et 8% en 2015. L'erreur orthographique, longtemps discriminante socialement, est maintenant socialement très partagée. C'est bien le statut de l'orthographe classique dans la société qui est interrogé.

Mais surtout pas dans l'école. :santa:
Par "orthographe classique", il faut donc comprendre par exemple l'accord de "tombait" avec "le soir".

Ce qui est nouveau c'est que les écarts sociaux sont toujours présents mais n'évoluent pas. En 2015 un enfant de retraité ou d'ouvrier fait entre 19 et 20 fautes quand un enfant de cadre en fait 13. Mais ce qui a changé depuis 1987 c'est que le nombre de fautes a doublé chez les enfants de cadre alors qu'il n'a fait qu'augmenter de 3 points chez les retraités.

Quelle bonne nouvelle ! :cheers:

L'enquête Depp montre même que l'éducation prioritaire réduit l'écart avec le non prioritaire. : 19 fautes contre 13 en non prioritaire en 2007, 21 contre 17 en 2015.

Si la réduction des écarts prime sur la dégradation généralisée...

Le déclin des compétences orthographiques est continu et avéré. En 2007 déjà c'était l'orthographe grammaticale qui avait décliné par rapport à 1987. Ni la "refondation" de l'orthographe lancée par Luc Chatel en 2012, ni les programmes de 2008, qui pourtant insistent sur l'orthographe, n'ont changé les choses. Rappelons que les élèves de Cm2 évalués en 2015 n'ont connu que ces programmes de 2008.

Ne nous interrogeons pas sur les programmes précédents (2002 et 1995)...

Cela n'empêchera probablement pas les adeptes du traditionalisme de se manifester bruyamment...

Les mêmes déclinistes qui s'inquiétaient "bruyamment" du niveau quand les anti-déclinistes s'en amusaient.

La ministre réunit le 9 novembre une grande conférence sur l'apprentissage du français, réunissant de nombreux spécialistes, parmi lesquels de véritables spécialistes de l'apprentissage de l'orthographe, comme Catherine Brissaud et Michel Fayol.

C'est intéressant puisque les programmes viennent d'être mis en application. :santa:

V Youx : Faire un choix de société
Pour Viviane Youx, présidente de l'Association française des professeurs de français (AFEF), interrogée par le Café pédagogique...

On ne sait puisque l'AFEF ne représente qu'elle-même...

...cette baisse des performances orthographiques tient à "un système orthographique très complexe...

Bien sûr : les terminaisons de l'imparfait sont très complexes.

...qui gagnerait à être simplifié

De quelle façon simplifier l'imparfait ou les règles d'accord ? :scratch:

...et en parallèle une société française dans laquelle la vigilance orthographique baisse alors que l'exigence orthographique reste très forte.

Visiblement, pour Vivianne Youx, l'accord de l'imparfait reste une "exigence orthographique […] très forte". A noter qu'on ne parle pas de "la société" ici, mais du niveau orthographique à la sortie du primaire.
Un bel effort de relativisme, très contant chez l'AFEF.

L'orthographe est encore largement enseignée par des règles à appliquer alors qu'il faudrait l'enseigner comme un système qui ait du sens pour les élèves.

Car les règles n'ont pas de sens : un verbe ou un adjectif qui s'accorde, ça n'a évidemment pas de sens.

Les nouveaux programmes vont dans ce sens".

Tout va bien, alors ! Mais pourquoi réunir une conférence avec des spécialistes aujourd'hui ? :santa:
En réalité, ce point mériterait à lui seul un long examen.

Mais V Youx interroge aussi la société. "Si on considère que la question de l'orthographe est essentielle (et elle l'est, non en soi comme le respect d'une norme, mais comme élément de compréhension de l'écrit et comme moyen de communication,...

La tournure "Si on considère que la question de l'orthographe est essentielle (et elle l'est)" est rassurante pour l'enseignement du français.

...les carences orthographiques sont pénalisantes) alors, il faut y consacrer des moyens forts au détriment d'autre chose. Si la société ne veut pas faire ce choix, la situation a peu de chances de se renverser".

Mais, mais... et les nouveaux programmes ?

Orthographe : Oser une vraie réforme ?
Avec la publication de la récente évaluation de l'orthographe des écoliers de Cm2, le moment est-il venu d'une vraie réforme orthographique ? C'ets à dire pas seulement des améliorations marginales de l'écriture des mots mais une refonte des méthodes d'apprentissage de l'orthographe et une nouvelle définition des règles adaptées à la communication de masse. Car qui aujourd'hui a encore le temps de vérifier l'orthographe exacte des innombrables textes qu'il publie quotidiennement sous des formes variées (Sms, mails, notes, lettres, listes, articles etc.).

Pas qu'une affaire de règles
La question de l'apprentissage de l'orthographe, est clairement posée depuis 2007. Elle a suscité des travaux poussés qu'il n'est pas inutile de rappeler pour comprendre la crise orthographique.
Danièle Cogis et Catherine Brissaud, co-auteures avec JP Jaffré, C Pellat et M Fayol de "Comment enseigner l'orthographe aujourd'hui", expliquaient que l'apprentissage de l'orthographe n'est pas qu'une simple affaire d'apprentissage des règles. " C’est un point important : l’idée qu’il ne suffit pas d’avoir des connaissances mais qu’il faut savoir les utiliser dans le feu de l’écriture, quand on a plein d’autres choses à gérer, a fait son chemin", disaient-elles. "Les enseignants avec lesquels nous travaillons nous interrogent souvent : leurs élèves savent les règles, ils ont des connaissances mais tout se passe comme s’ils les oubliaient quand ils écrivent un texte. L’école doit apprendre aux élèves à mobiliser leurs connaissances dans des tâches d’écriture variées de plus en plus longues, à utiliser les outils que les adultes (nous en tout cas !) utilisent quotidiennement (correcteur, dictionnaire, grammaire, etc.).

:santa:

Mais ces compétences de haut niveau ne peuvent s’exercer que si préalablement des connaissances existent. Les connaissances de base sont celles, précisément, que nous avons ciblées dans notre ouvrage : l’accord dans le groupe nominal, l’accord sujet-verbe, les formes en /E/, la distinction de certains homophones. C’est un programme déjà conséquent !

Il faut simplifier la langue, a dit Vivianne Youx !

Il y a aussi et surtout la manière de se mobiliser sur ces compétences et c’est pour nous très important. Si l’on admet qu’apprendre à faire l’accord sujet-verbe dans des contextes variés prend plusieurs années (nos propres travaux l’ont montré, tout comme ceux de la psychologie cognitive), on peut travailler progressivement en sériant les problèmes".
Elles posent ainsi la question de l'investissement du système éducatif dans ce travail orthographique. Or dès 2007, Danièle Manesse, co-auteure avec D Cogis de "Orthographe à qui la faute", montrait que la rupture entre école et collège nuit à un apprentissage de l'orthographe.

Oui, enfin l'effondrement est constaté en fin de primaire par la DEPP...

Une question de statut
Mais c'est aussi le statut de l'orthographe qui est interrogé. Jean-Pierre Jaffré nous disait : "Le statut social de l'orthographe n'est plus aujourd'hui comparable à ce qu'il fut naguère, les demandes faites désormais à l'école ne sont plus du même ordre et le profil des enfants auxquels l'école à affaire n'est plus le même non plus. Pour relativiser cette notion de baisse de niveau, il convient par conséquent de ne pas se laisser enfermer par la relative objectivité des chiffres mais d'accepter l'idée d'une société en mouvement qui, sans renoncer à certaines options traditionnelles, accentue leurs limites."
C'est que pendant longtemps la production écrite , et donc l'orthographe, a été une affaire de corps spécialisés (clercs, imprimeurs, correcteurs etc.). Or la société de communication fait exploser le statut de l'écrit. Jamais il n'a eu l'importance qu'il a aujourd'hui.

Le reste de la société ne se préoccupait pas de l'orthographe avant la "société de communication". :santa:

Une mutation orthographique nécessaire
Pour lui, " les sociétés futures vont devoir apprendre à ne plus raisonner en termes de monographie, avec une orthographe officielle valant pour toutes les situations.

En supprimant ce qui fait la difficulté, on supprime la difficulté : il fallait y penser !

Ce faisant, l'écrit exploite un potentiel qui l'apparente aux divers registres de l'oralité : la forme d'un message peut varier avec les situations. Plus que d'un déclin orthographique, finalement très relatif, nous avons plutôt affaire à une mutation orthographique qui retrouve les vertus de la variation, sinon dans un même texte, comme ce fut le cas jadis, du moins dans des textes dont le but et le statut social sont distincts...

Finalement, un effondrement vertueux, en somme !

L'iconoclasme relativisme dans tous ses ravages...
Je ne trouve personnellement pas aberrant de considérer que toute époque doit disposer des outils les mieux adaptés à ses modes de vie et plus généralement aux besoins qui sont les siens. Or l'orthographe du français, sous la forme que lui ont donné les grammairiens, les imprimeurs, les Académiciens, etc., n'est pas adaptée aux besoins d'une communication de masse".

Car la "masse" est capable de "variations", mais pas d'une orthographe commune.

Par ces mots, JP Joffré interroge aussi l'apparente permanence de l'orthographe à travers les siècles. Voilà l'Ecole mise devant des choix et à travers elle toute la société. Devant l'étendue croissante des connaissances à transmettre, quelle place doit être donnée à l'orthographe et comment l'ajuster à cette place ?

Visiblement, une toute petite place.

C'est ce débat là que la société française n'a pas réussi à mener depuis 30 ans.

Au contraire, de grands "progrès" ont été menés dans ce sens : jamais les "variations" vertueuses n'ont été aussi nombreuses dans l'école moderne, comme en témoigne cette étude de la DEPP. La "sensation de pluriel", par exemple, a été valorisée dans les formations de collège 2016.

Le fait que la crise orthographique touche maintenant tous les jeunes , y compris ceux des milieux les plus privilégiés, nous donne peut-être l'opportunité de poser la question ?

Quelle belle opportunité !
Dernière édition: 09 Nov 2016 21:51 par Loys.

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14 Nov 2016 13:42 #17709 par Loys

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14 Nov 2016 13:43 #17710 par Loys
Encore Michel Fayol dans "Libé" du 13/11/16 : "C'est un choix de société: que voulons-nous faire de notre orthographe?"

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15 Nov 2016 23:52 - 16 Nov 2016 00:18 #17722 par Loys
Et M. Jaffré, encore et toujours dans "L'Express" du 15/11/16 : "Toujours plus de fautes: "L'orthographe a perdu son statut de trésor national""

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Dernière édition: 16 Nov 2016 00:18 par Loys.

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15 Nov 2016 23:59 #17723 par Loys

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16 Nov 2016 00:02 - 16 Nov 2016 00:17 #17724 par Loys
Dans le "Café" du 15/11/16 : "Meirieu : De la conquête de l'orthographe"

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Article non daté (dans Google 10/11/16) : www.meirieu.com/ARTICLES/ENTREE_ECRIT.pdf

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Dernière édition: 16 Nov 2016 00:17 par Loys.

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16 Nov 2016 14:09 - 17 Nov 2016 11:59 #17729 par Loys
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Dernière édition: 17 Nov 2016 11:59 par Loys.

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