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Bien-être (et bienveillance) à l'école
- Loys
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C'est sûr que ce n'est pas comme si on avait mis l' "élève au centre du système" depuis 1989 , avec les brillants résultats que l'on constate aujourd'hui. Quand on va dans le mur, il faut accélérer...Et si on sollicitait enfin l’avis des élèves ?
Car ce n'est jamais le cas bien sûr.« C’est l’intérêt des élèves, de tous les élèves, qui doit être au cœur des réflexions et des réformes du système éducatif.
Et même en tant qu'adultes citoyens, osons-le...Cela implique de prendre en compte leurs besoins, leurs droits et leurs devoirs non seulement comme élèves, mais également en tant qu’enfants, pré-adolescents ou adolescents. »
Dommage pour les prolégomènes.Cette phrase est extraite du site du rapport sur la refondation de l’école, sous le titre de « Les élèves au cœur de la refondation ». Elle semble ne laisser aucun doute sur la haute importance que cette démarche estivale semblait accorder à éclairer la réflexion de tous les chantiers à l’aune des attendus de ces prolégomènes. Et pourtant…
Et pourtant les enfants ont beaucoup à nous apprendre en terme d'enseignement et de réflexion pédagogique, car leur préoccupation quotidienne est non seulement leur réussite éducative propre mais la réussite éducative de tous.Oui, et pourtant… À l’exception de la consultation formelle des syndicats étudiants, de la trilogie des syndicats lycéens, de quelques bien rares consultations des lycéens çà et là, élus sortants dans les CAVL¹ ou élus CVL², les élèves n’ont pas globalement été, à titre individuel ou de manière collective, concernés ni consultés sur la refondation de l’école qui s’adresse pourtant bien à eux, si l’on en croit les lignes supra, de manière prioritaire.
Répondre présent ne nous dit pas grand chose sur la nature de leurs idées.Et pourtant, disais-je, pour avoir travaillé pendant plusieurs années en appui du CNVL³, je peux témoigner que ce ne sont pas les idées qui leur manquent, aux lycéens ! Ils en auraient presque même trop, m’ont parfois dit les cadres du ministère qu’ils consultaient ou entendaient porter le dossier qu’ils avaient en charge. On pouvait leur demander leur avis sur l’orientation, sur les programmes, sur les rythmes scolaires, sur le numérique, sur la réussite, sur le handicap, sur la valorisation de l’enseignement professionnel, sur le baccalauréat, sur les discriminations, sur la valeur de l’engagement… ils répondaient et répondent toujours présents !
Et ça, ça vaut tout le reste. Pour M. Guillou, peu importe que quelque chose soit idiot pourvu que ce soit innovant.Oh ! Bien sûr, les idées présentées, voire les projets élaborés sur les chantiers ci-dessus, n’étaient pas toujours ni très raisonnables ni très aisément réalisables — ils restaient à discuter et à négocier, à adapter aux réalités aussi — mais ils avaient au moins le mérite de la rupture et de l’innovation.
Qui a subi vague de réforme sur vague de réformes.Une manière de rompre avec un certain dogme ronronnant, avec le coconnage très tendance mais bien réel de « la grande maison ».
Heu oui...Pourquoi les lycéens n’ont-ils pas été massivement consultés ? C’est vrai que la dernière grande consultation des lycéens sur la réforme du lycée, en novembre 2008, à l’initiative de Xavier Darcos, alors ministre, avait été un échec notoire, se terminant dans la fureur et l’agitation à l’École polytechnique à Palaiseau.
Était-ce une raison pour ne pas recommencer ?
Comme c'est noble, beau et généreux !Les lycéens des organes de la vie lycéenne, à tous niveaux, sont tous résolument engagés, de manière personnelle parfois, ou collective aussi dans des syndicats ou des partis politiques, mais leur engagement, concernant le moment qu’ils vivent dans l’école, est toujours au profit de l’innovation — j’insiste ! —, de la réussite de tous, de l’égalité, de la solidarité, dans une perspective d’accès pour tous à plus d’autonomie et de responsabilité enfin.
Un lycéen engagé est, le plus souvent, un lycéen responsable.
Je suis d'accord : il faut cesser de faire semblant, il faut cesser tout court de jouer à la démocratie. L'école n'est pas un lieu démocratique, où la parole de l'enfant vaut celle de l'adulte.Au-delà des promesses de l’engagement individuel, c’est toute l’école, au sens large, qui tire profit de la vie lycéenne. Il est d’ailleurs bien temps, en 2012, de cesser de considérer les élèves comme de seuls acteurs subsidiaires dont on prend l’avis de temps en temps, pour faire semblant de jouer à la démocratie.
Autoriser les téléphones portables en classe par exemple ?Les missions assignées aux différents niveaux de la représentation lycéenne, délégués de classe, maisons des lycéens, élus CVL, CAVL et CNVL, doivent être notablement et profondément renforcées et élargies. Les élèves, et je pense d’abord bien sûr, aux plus grands d’entre eux, doivent être maintenant en situation de pouvoir décider d’un certain nombre de choses qui les concernent au premier chef. Certains éléments du règlement intérieur doivent pouvoir aisément être discutés et négociés avec eux, sans contredire la loi bien sûr, de telle manière à adapter les pratiques citoyennes, dans le lycée, à la réalité de leurs usages personnels.
Que disais-je ?Je pense en particulier aux pratiques sociales et numériques, personnelles ou en classe, qui doivent aussi pouvoir trouver toute leur place dans l’école.
A ce sujet, pour avoir une idée de la responsabilité et de l'engagement citoyen des élèves, je propose un petit tour sur ce topic de LVM : "Une utilisation sympathique des smartphones en classe" .
Comme si la dernière réforme du lycée, obéissant à une telle idée, n'avait pas été de ce point de vue catastrophique, avec les enseignements d'exploration en seconde (choisis et aussi vite abandonnés), la mise en place des TPE et récemment l'accompagnement personnalisé qui n'a de personnalisé que le nom et supprime des heures d'enseignement disciplinaires.Les modalités mêmes d’enseignement, programmes, horaires, rythmes, contenus, lieux doivent pouvoir être aussi discutées, si besoin, pour les rendre plus souples, à l’éclairage de l’avis des lycéens.
Aujourd'hui le fonctionnement du lycée est rendu chaotique par cette multiplication de ces usines à gaz.
L'école n'a pas à s'adapter aux élèves, ce sont les élèves qui doivent s'adapter à l'école et à des règles de vie collective. Voilà le véritable apprentissage de la citoyenneté.Il est temps de sortir des carcans d’un enseignement dont les principaux ressorts sont plus que centenaires pour adapter l’école à la société et aux jeunes tels qu’ils sont.
Quel mépris de la tradition scolaire !
Quel mépris et quel démagogie pour tous les enseignants de la part de M. Guillou , "consultant, expert du numérique éducatif et des médias numériques".Soyons très clairs : il n’y a pas grand chose à attendre d’une consultation de seuls notables et entités conservatrices.
L'innovation est un terme commercial, non éducatif.Il va falloir chercher du côté des jeunes, lycéens et aussi collégiens, l’enthousiasme, l’initiative, l’innovation, la modernité nécessaires à la refondation de l’école.
Place au jeune, place au numérique.Et, pour compléter un propos récent qui me fait passer pour un extrémiste, cette refondation sera pédagogique, numérique et nourrie de l’imagination des élèves ou ne sera pas. Voilà, c’est dit à nouveau.
Même chose hors de l'école : les enfants devraient pouvoir assister aux rendez-vous bancaires et aux entretiens professionnels de leurs parents. Il est temps qu'ils aient leur mot à dire. Même chose pour le droit de vote.Mes propositions pour un élargissement conséquent de la démocratie lycéenne, à définir en concertation avec la prochaine mandature d’élus, doivent s’accompagner de propositions identiques pour les plus jeunes des élèves.
Au collège, il doit être possible d’organiser, sur le modèle des aînés, un dispositif de vie collégienne continue qui fasse réellement participer des élus à la vie du collège, décider — pourquoi pas ? — de ce qui les concerne directement ou donner leur avis sur les dispositions qui touchent la collectivité ou les enseignements au-delà de la présence symbolique au Conseil d’administration.
Depuis quand être responsable, c'est décider ?À l’école du premier degré, Célestin Freinet doit se retourner dans sa tombe à observer ce que sont devenues ses théories sur la responsabilisation du jeune écolier dans la coopérative scolaire ou le journal d’école.
Quel mépris, encore une fois. On voit bien que M. Guillou n'a subi aucune violence scolaire dans un établissement difficile.Il n’en reste plus grand chose, sous la pression des programmes disciplinaires et d’une hiérarchie franchement réactionnaire.
M. Guillou enseigne encore ?Tout est à recommencer (à refonder ?).
Je lis à l’instant, pour clore ce billet, que notre ministre présente son dispositif de lutte contre les violences scolaires.
On apprend l’installation d’une délégation ministérielle et d’un comité scientifique pour « prendre en compte la pluralité des phénomènes de violence et la complexité des réponses à lui apporter ». Gageons que ce dispositif n’aura de vraie légitimité et d’efficacité que s’il comprend en son sein, et autrement que par une représentation symbolique, un nombre suffisamment importants d’élèves, élus ou pas, ayant été confrontés au problème. Je sais, pour avoir mis des contributeurs lycéens à plancher sur ce sujet, qu’ils peuvent être très efficaces et proposer des solutions adaptées et réalistes.
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- Loys
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Il y a dans cette note des choses intéressantes :
On ne constate pas du tout cette corrélation dans PISA 2012 (voir plus loin dans ce fil).Le bien-être des élèves, entendu comme l’appréciation subjective de leur expérience à l’école, revêt des enjeux majeurs en termes de santé publique, mais aussi de réussite éducative. Il est ainsi corrélé à une estime de soi académique plus importante et à de meilleurs résultats scolaires
Le résultat de la Finlande invalide l'affirmation précédente de "France stratégie".La principale enquête internationale portant sur ces thématiques est l’Health Behaviour in School-aged Children (HBSC), qui analyse diverses dimensions de la santé des élèves âgés de 11, 13 et 15 ans dans 41 pays. Selon l’édition 2010 de l’enquête HBSC, 32 % des élèves français déclarent “aimer beaucoup l’école” (figure 1)(10), un chiffre dans la moyenne haute de l’OCDE. Alors que la Turquie est le seul pays où près de la moitié des enfants déclarent aimer beaucoup l’école, en République tchèque,
en Italie, ou en Finlande, moins d’un enfant sur cinq partage cet avis. Si on élargit les résultats aux élèves aimant “un peu” ou “beaucoup” l’école, alors ce sont près des deux tiers des jeunes Français qui répondent positivement.
Ces chiffres confirment le sentiment d'appartenance des élèves français tel qu'il est mesuré par PISA à 15 ans.
En outre, plus des trois quarts des jeunes déclarent ne pas être stressés par leur travail scolaire, les garçons l'étant significativement moins que les filles. Si le fait que les élèves ne ressentent pas un stress excessif est un constat positif, l'absence de stress peut en revanche traduire un certain désintérêt vis-à-vis des études.
Ce qui n'empêche pas "France stratégie" de conclure à "un vécu scolaire marqué par la compétition"...
A noter que la note, partant donc d'un non-constat et pour "favoriser une meilleure adhésion des élèves à leur scolarité", propose de "valoriser les efforts lors de la notation", de "diminuer le redoublement", de "rendre l'orientation moins subie", de "mettre en harmonie les temps éducatifs et les temps de l’enfant" (rythmes scolaires), "développer la coopération entre les élèves", "systématiser la réalisation de travaux collectifs tout au long du cursus scolaire"...
Du moins la note a-t-elle le mérite de s'intéresser au harcèlement et aux brimades dans l'école.
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- Loys
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Personnellement, sur la question du bien-être de l'enfant, je recommande plutôt l'excellent article de Jean-Rémi Girard : "« Rythmes scolaires » : le désintérêt de l'enfant" .
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- Loys
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- Loys
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Une nouvelle version, moins inspirée, de "l'enfant au centre du système".Remettre l’école à qui de droit
Une réflexion qui commence sous les meilleurs auspices...À qui de droit ? À l’enfant, au jeune, bien sûr. Mais au-delà d’une affirmation relativement facile à dire, ce sont des considérations de grande envergure dont il est question dans ce modeste billet. Avant d’élaborer davantage, je voudrais souligner qu’à la base, les gens œuvrant en éducation le font de tout cœur POUR L’AMOUR DES ENFANTS/JEUNES !
Partageons l'interpellation de notre "technopédagogue" (sic).Là n’est pas la problématique. Loin de là. Non, au fond, c’est surtout sur la façon de « faire l’école » en cette 2e décennie du 21e siècle et notre défi à dégager une vision et des finalités de formation actualisées au monde d’aujourd’hui (et j’insiste : aujourd’hui, pas seulement ‘de demain’…) qui m’interpellent à écrire ces quelques lignes.
Ah... on est déjà passé à l'éducation 3.0... Du coup la 2.0 m'a quelque peu échappé.Quelques liens interceptés via mon réseau d’apprentissage professionnel m’ont incité à développer davantage sur ce que j’entends par Éducation 3,0, quej’ai déjà relaté brièvement ici.
Au moins c'est clair... Je ne sais pas comment ça se passe au pays de Jacques Cool, mais en France je n'ai pas encore constaté que les enfants étaient détenteurs du savoir à égalité avec les enseignants. Il semblerait même que les études internationales montrent que les petits Français en savent moins qu'avant...D’abord, Yves Morin nous rappelle qu’il est plus que temps de faire le deuil de son pouvoir magistral en tant qu’enseignant et qu’il est impératif de :
« Changer de rôle pour devenir organisateur, personne-ressource, maître de soutien, concepteur de moyens et de séquences didactiques gérés en partie sans l’enseignant, donneur de feed-back, négociateur de contrats, inspirateur d’envies et de projets, médiateur entre les élèves et d’autres sources d’information ou d’encadrement, plutôt que magister seul détenteur du savoir et du pouvoir dans la classe. »
Quelle inspiration ! Je propose encore : soyons créateurs d'avenir, ou bien défricheurs du futur !Cela me rappelle cette belle désignation de Cyrille Simard : soyons « inventeurs de lendemains »
Ça, pour s'aider les uns les autres et collaborer, ils le font. Mais pas forcément de manière très intelligente ...Et puis, l’inspirant Alan November invite les enseignants, au moyen des technologies numériques, à redonner le contrôle aux élèves :
« Schools are drastically underestimating children’s capabilities to invent and own their work and by extension the contributions they can make to the world. (…) Technology has the power to bring the one-room schoolhouse back. Students can help one another, connect and collaborate globally. They can contribute meaningful work that can matter to real-world situations. “The real revolution is information and global communication, not technology.” (…) Getting students to care on that level and to be responsible for one another is exactly the kind of shared exploration in community that education should encourage. »
Eh oui... Plus ça a l'air idiot, plus c'est intelligent en fait.Évidemment, cette visée fondamentalement simple est sous-tendue d’une grande complexité, comme c’est souvent le cas.
J'adore cette manie anglo-saxonne de créer des sigles et des schémas didactiques fumeux.Jeff Tavernier décrit 8 concepts pour une pédagogie ouverte et hybride ; les 8 C dira-t-on :
Éclairant, n'est-ce pas ? Les couleurs sont jolies...8 concepts - Jeff Tavernier
Ah... La version 2.0 n'était pas un vrai changement de paradigme.Pour ma part, je considère que la table est mise pour une réflexion qui poussera encore plus loin cette volonté (plus ou moins mise en action) de refaire l’école, de la transformer pour le monde d’aujourd’hui (oui, oui, et de demain aussi…). Ce Prezi décrit comment 5 caractéristiques de l’éducation sont appelées à évoluer, non pas vers une version 2,0 (car certains y sont déjà) mais plutôt vers une version 3,0, où une réelle transformation et de véritables changements de paradigmes auraient lieu.
Depuis quand l'enseignant a-t-il été une source unique de connaissances ?Une sorte de continuum où les caractéristiques sont :
- Le rôle primordial de l’enseignant, passant de source unique de connaissances à celui d’orchestrateur de créations collaboratives de connaissances ;
Quelle innovation : il ne s'agit plus simplement d'acquérir des connaissances, mais de les créer, tous ensemble bien sûr ! L'élève 3.0 est vraiment très fort !
Notez qu'on parle d'"orchestrateur", pas de "chef d'orchestre", où la notion de chef est encore trop présente.
Sympathique et riante perspective. On est déjà sur la bonne voie, l'orthographe des élèves devenant de plus en plus créative.- Les activités d’apprentissage, passant des devoirs traditionnels (beurkk !) aux activités ouvertes et flexibles, axées sur la créativité et le réseautage social ;
Écouter, réfléchir, mémoriser, s'exercer : c'est vrai que tout ceci est trop passif.- Le comportement de l’élève, de passif (« powered down » comme le dit Marc Prensky) à autonome et créatif, conscient de son identité numérique et du « savoir-publier » ;
Trop fort !- Le mode d’évaluation, trop longtemps axé sur une approche sommative mais appelée à devenir ‘appropriative’, c’est-à-dire l’évaluation en tant qu’apprentissage ;
Concrètement ?- L’état de l’institution d’enseignement, passant de châteaux-forts d’édifices physiques bien emmurés à des milieux d’apprentissage en affiliations avec d’autres et avec leur communauté.
Je suis sûr que ce sera mieux que de favoriser les activités non-créatives, insignifiantes, approximatives et fermées.Là où le design est transformé pour favoriser les activités d’apprentissage créatives, signifiantes, rigoureuses (intellectuellement) et ouvertes.
Et qu'est-ce qui les rend si nécessaires ? Aura-t-on un début de justification scientifique ?Les TIC y seront omniprésentes, invisibles mais nécessaires.
Des exemples concrets ? Des études ?Elles seront au centre de l’activité d’apprentissage. Mais dès qu’on écrit cela, certains perçoivent une affirmation comme quoi les TIC sont une finalité. Il n’est est rien. Elles sont là. Tout simplement. Comme le souligne Lucie Pearson, citant Depover (2008) :
« L‘outil technologique peut offrir de grandes possibilités d‘apprentissage de haut niveau cognitif, impossibles à imaginer auparavant, pour le formateur qui sait bien l‘exploiter. »
On tourne un peu un rond, dans cette ode aux nouvelles pédagogies et au numérique.Les TIC amplifient tout, notamment les possibilités de réseautage et d’expressions de créativité en formats multiples et ouverts. Ainsi, au lieu de parler de technopédagogie et de citoyenneté numérique, on arrivera, je l’espère, à parler de pédagogie et de citoyenneté tout court ! Nous sommes en 2013 !
Ah... Les moyens doivent aussi conduire à changer les finalités ?On aura sans doute saisi que cette vision de l’éducation implique d’autres caractéristiques en périphérie (l’enfant et le jeune étant au centre) : quelles sont les finalités de formation ?
Que de "comment ?" : on sait où on va !Comment les prescrit-on, les communique-t-on ? Comment, au niveau d’une école, exploite-t-on la ressource commune qu’est le temps ; la journée scolaire, les parcours, les liens évidents et naturels entre les champs disciplinaires trop longtemps bien segmentés et isolés entre eux ? Comment la communauté et les partenaires deviennent des joueurs-clés dans cet environnement d’apprentissage ? Comment assurer l’équité d’accès ?
Euh... fou à lier, plutôt. Les technopédagogues ne sont jamais très inspirés pour faire des images.Quels sont les impacts de tout ceci sur les conventions collectives en vigueur ? Et la formation, elle ? Initiale ou continue, formelle et informelle, voire sociale…
Ce n’est pas une affaire simple, vous en conviendrez. Il faut de l’innovation et du courage, beaucoup de courage. Changer des moteurs d’avion, quand celui-ci est en plein vol, oui, il faut être courageux.
Ah... l'amour des enfants...Mais le voyage et la destination en valent le coup, pour l’amour des enfants ! Bon vol !
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Merci pour les commentaires toujours drôles et bien ciblés, cher Maître, du beau boulot encore une fois !
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- Loys
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Une précision : Gilbert Longhi est un ancien proviseur du lycée autogéré Jean-Lurçat à Paris. Il est chargé de cours et chercheur associé en sciences de l’éducation à l’université de Paris X et préside l’observatoire déontologique de l’enseignement, qu'il cite au début de l'article.
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- Loys
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C'est vrai, ça : tous ces droits qu'ont les adultes et qui devraient être aussi ceux des enfants...Le déficit de considération au détriment des élèves résulte souvent d’une kyrielle d’usages ne paraissant pas prêter à conséquence. Voici des exemples extraits des travaux de l’Observatoire déontologique de l’enseignement (1).
Lycée Emile Flamand …Les demi-pensionnaires patientent pour entrer au réfectoire tandis que les profs empruntent un raccourci qui les dispense de la longue file d’attente dans le froid, le vent et la pluie. Parfois lorsqu’un des enseignants passe devant tous les élèves quelques uns goguenards manifestent leur désapprobation. À la queue, à la queue ! Aujourd’hui un lycéen de seconde s'est fait épingler : un professeur indigné l’a prié de décliner son matricule afin de le coller. Et le professeur explique que l’on doit accepter que les enseignants passent devant tout le monde parce qu’il y des raisons à cela ...
Un vrai drame, effectivement. Des traumatismes pour la vie.École maternelle du Faubourg Saint-Jean… Par grand beau temps, les huit platanes de la cour de récré font une ombre centenaire réservée aux voitures des dames de service et des enseignantes… Les élèves passent leur récréation entre les véhicules avec interdiction de circuler en patinettes ou même de courir car ils risqueraient de rayer les carrosseries…
Les toilettes des élèves sont sûrement bouchées exprès par les professeurs.Collège Antoine de Saint-Exupéry… Emma a trouvé une astuce pour utiliser des toilettes toujours impeccables ; elle va au premier dans des WC réservés au personnel. Le nettoyage est fait deux fois par jour et ça sent le propre alors que les toilettes des élèves sont puantes, bouchées, sans papier hygiénique et avec des portes qui ne ferment pas.
Voilà qui me fait penser aux toilettes toutes neuves dans mon lycée et qui ont été dégradées par les élèves deux jours après leur mise en service...
Ce genre de conversations devant les élèves est permanent à l'école...Les enseignants discutent entre eux (2) et à voix haute pendant la récréation : "Éric m'a encore complètement raté son contrôle de maths. Sa collègue : Oh ! Tu sais, sa sœur, ce n'est pas mieux, elle n'a pas su compter une seule opération… Cette famille, il n'y a rien à en tirer..."
La consultation du document sourcé montre surtout que les jeunes français ne sont pas "les champions du désamour de l'école" puisqu'il y a de nombreux pays qui font pire, dont... la Finlande, aux résultats scolaires enviés du monde entier ! A voir aussi notre article : "La souffrance scolaire, mythe utile" .Les jeunes français sont les champions du désamour de l’école. Lors de l'enquête menée par l'Organisation mondiale de la santé au printemps 2004, dans une quarantaine de pays, les enfants de onze à quinze ans, pouvaient choisir entre deux items : J'aime beaucoup l'école et Je n'aime pas du tout l'école. En France, 87% des garçons et 79% des filles, âgés de treize à quinze ans, n'aiment pas l'école (3) .
Curieux également : le résultat "J'aime l'école" n'est pas présenté par le document d'origine (p. 41) ... Car conclure de quelqu'un qui n'aime pas "beaucoup" l'école ne signifie pas qu'il n'aime pas l'école... Bref, difficile de conclure au "désamour" sans raccourci abusif.
Quel sympathique néologisme, plein de bienveillance à l'égard de tous les personnels de l’Éducation nationale ! On a vraiment envie d'écouter des "conseils de bienveillance scolaire" globale après une telle insulte.L'école, un univers pédophobe
À quelques exceptions près (4) l’établissement scolaire est un univers pédophobe (5).
On peut même parler de prison, de mauvais traitements et de sévices.Peu d’éléments, dans sa marche quotidienne (horaires, aménagement de l’espace, règle de vie…) y sont pensés à l’aune de l’enfance ou de l’adolescence, considérées comme des périodes spécifiques du développent de l’être humain.
On fait tout pour procurer de l'inconfort et de l'adversité aux élèves. L'imagination du Mal est sans limite.Les tenants d’une pédagogie de la confiance dénoncent les aspects les plus incohérents de l’organisation des établissements ; leurs adversaires considèrent que l’école doit apprendre l’inconfort et l’adversité aux élèves pour les préparer à la vraie vie.
"déficitaire en humanité" : quelle jolie formule...Dans le même ordre d’idée, Jacques Pain (6) s’intéresse à une maltraitance scolaire structurelle en notant que les établissements ignorent la parole des élèves tout en développant une vie interne déficitaire en relation et en humanité.
... qui est pire qu'"extrême" !Cette tendance prégnante faite d’agissements aussi bien que de refus d’agir et de négligences se manifeste de deux manières. D’une part, sous une forme extrêmisée...
Des atteintes qui proviennent généralement... des élèves eux-mêmes !...avec des atteintes physiques et verbales couvertes par l’indifférence, l’incompétence ou le fatalisme des adultes ;
Il y aura un jour un procès de Nuremberg pour ces pratiques inhumaines et ces atteintes à l'école lieu de vie !... d’autre part, sous une forme insidieuse avec des pratiques inconséquentes et délétères au niveau de l’accueil, de l’écoute des élèves, de la pédagogie et plus généralement de la prise en compte des problèmes de la vie collective.
Joli aussi, le "dérèglement institutionnel polymorphe".En l’occurrence, dans la plupart des établissements, on peut repérer des avatars de la maltraitance institutionnelle, ni une violence actée, ni brusquerie factuelle, mais dérèglement institutionnel polymorphe…
Heu... éventuellement pour les dossiers négatifs.Premier conseil : Instituer un moratoire
Le dossier scolaire sert souvent à transformer passé scolaire d’un élève en passif.
Supprimons les dossiers : nous supprimerons ainsi les problèmes.À période régulière, toute situation scolaire individuelle devrait être amnistiée (concernant le niveau, l’orientation et le comportement...).
A noter qu'en l'état les problèmes de comportement d'une année ne peuvent être évoqués l'année suivante : certains élèves - les plus sympathiques, bien sûr - en profitent bien.
L'affectation forcée est surtout une affectation par défaut. Il y a des nombreux moyens d'éviter cela, parmi lesquels s'intéresser à sa scolarité et à son orientation et la préparer activement.Ainsi, des rajustements deviendraient possibles pour éviter que l’affectation forcée dans une voie (une option) ne se transforme en fiasco (voire en souffrance).
C'est curieux car 84,5% des candidats ont obtenu le bac l'an passé...Deuxième conseil : Neutraliser les archaïsmes de la notation (évaluation)
Selon les travaux d’André Antibi (7), les enseignants se sentent obligés inconsciemment de mettre un certain pourcentage de mauvaises notes.
C'est vrai quoi : il ne peut exister que des "bilans de progrès"... Quant à l'expression "objectifs réalistes propres à chaque élève", elle me semble créer une inégalité artificielle et injuste entre les élèves.Il faut éradiquer cette constante macabre. Par ailleurs, les conseils de classes peuvent cesser d’être des instances rituelles ou des psychodrames pour devenir des bilans de progrès assignant des objectifs réalistes propres à chaque élève.
Quel sens de la formule ! "majorer le rêve" !Troisième conseil : Majorer le rêve sans créer d’illusion.
Il n'y a qu'à faire le contraire !Un élève qui est en difficulté intériorise une dépréciation qui contracte son avenir. Ainsi, les collégiens peu brillants intègrent-ils l’idée qu’ils seront orientés contre leur gré le cas échéant dans des filières sans réputation.
Moins tu réussis et plus je te fais rêver ! Quelle belle idée !Or, une action éducative digne de ce nom devrait faire l’inverse en élargissant les projets et donnant la possibilité d’amplifier les rêves des adolescents notamment pour les moins enclins à nourrir une ambition.
Encore un néologisme, sans rapport avec la question : l'orientation professionnelle n'a pas grand chose d'"entrepreneuriale"...Quatrième conseil : Réduire l’obnubilation entrepreneuriale.
Et à la fin de son cursus heureux avec de la musique, du sport ou du théâtre, que fait l'élève ?Lorsqu’un élève est en difficulté, on lui propose la voie professionnelle ( . Si en plus il paraît allergique aux études on lui conseille un CFA. Or il est possible d’utiliser les avantages de l’alternance sans le risque d’imposer un métier non choisi. Il suffit de mettre en place un va-et-vient ne reposant plus sur une professionnalisation mais sur des activités de création et d’ouverture à autrui : musique, sport, théâtre, action sociale...
Encore un beau néologisme !Cinquième conseil : Modérer l’ethnicisation
En voilà une mesure concrète...
L'abandon de la carte scolaire permettra sans nul doute de lutter contre cette ghettoïsation.La carte scolaire consiste à faire dépendre l’affectation des élèves de leur domicile. Dans certains quartiers, ce procédé induit une ghettoïsation des établissements. Compte tenu de la composition des catégories défavorisées, ce phénomène se double parfois d’une ethnicisation (9) qui génère une forme d’inappétence scolaire spécifique liée à l’impression qu’ont certains adolescents d’être victimes d’une racialisation instituant une corrélation entre leurs origines et des filières ou des établissements dépréciés.
En voilà une mesure concrète... (bis)Sixième conseil : Générer une quiétude institutionnelle
Le pédagogisme a beaucoup de responsabilité là-dedans...Dans chaque famille, durant une vingtaine d’années, les multiples politiques éducatives ont institué une imprévisibilité quant au cursus personnel d’un enfant. Le système scolaire finit par projeter sur la société plus d’incertitudes que de repères. Les ministres de l’éducation devraient s’astreindre à prendre les seules décisions constituant un avantage pour la sérénité des élèves sans aucune concession.
C'est un peu schizophrène car l'évaluation des lycées comprend des indicateurs sur le niveau des élèves, ce qui est une forme de malveillance.Septième conseil : Établir des procédures de repérage du déficit de bienveillance
Tout projet d’établissement devrait comprendre un axe fixant des objectifs sur la qualité de vie des élèves et permettre aux élèves eux-mêmes d’évaluer le niveau de bienveillance à leur égard. Les conseils d’administration et les conseils d’école devraient pouvoir fixer les marges de progrès que les adultes d’un établissement auraient à combler pour un accroissement de la bienveillance scolaire. Dans le secondaire, l’évaluation (classement) des lycées devrait introduire un quatrième indicateur intégrant la notion de qualité de vie des élèves. (Indicateur identique à créer pour les collèges).
"architectonique" sonne mieux qu'"architecture", même si l'emploi est ici impropre.Huitième conseil : Perfectionner l’architectonique...
... et améliorer les équipements
Un vrai problème d'"architectonique".De multiples locaux scolaires engendrent un inconfort patent et imposent des aberrations ergonomiques. Certains manquent parfois d’hygiène en raison d’un défaut d’entretien et de maintenance.
Un autre.Les équipements pédagogiques sont de temps à autre désuets ou inefficaces.
J'en connais bien peu sur ce modèle, et c'est surtout dans l'intérêt des élèves qui subissent des "atteintes" de la part d'autres élèves.Globalement, les établissements restent panoptiques.
C'est vrai que les adultes sont traités comme des rois dans les établissements scolaires : le privé envie nos salles de professeurs, nos bureaux larges et spacieux, nos toilettes de luxe et nos saunas.L’espace y est distribué moins pour convenir aux élèves qu’aux adultes.
C'est du concret, ça. Quel sens de la formule !Neuvième conseil : Contenir les pratiques discrétionnaires
La neutralité a ses vertus...La plupart des établissements neutralisent l’expression des élèves.
Les délégués de classe sont transformés en Missi Dominici de l’administration et du professeur principal.
C'est vrai, ça : dans les conseils de classe les professeurs ne devraient pas s'exprimer davantage que les élèves.On observe couramment une hypertrophie de la parole des adultes.
Surtout quand cet élève est impliqué...La direction peut instaurer des manipulations (par exemple : obtenir la démission un élève pour éviter un débat contradictoire en conseil de discipline).
"bureaucratique", on ne voit pas bien pourquoi. mais ça sonne bien avec "caste" alors...Les adultes d’un établissement fonctionnent fréquemment en caste bureaucratique opposée aux élèves.
C'est mieux qu'une instruction non authentique, en effet. On aurait dû y penser avant.Dernier conseil : Garantir une instruction authentique
Les enseignements prennent couramment du retard sur les savoirs disponibles.
Quel rapport entre le "photocopillage passif" (sic) et des "méthodes dolosives" (sic) ?Les pédagogies ne font pas toujours appel à l’intelligence des élèves. L’enseignement prodigué est souvent inerte (didactiques obsolètes, méthodes dolosives, cours empruntés, photocopillage passif, bachotage…).
Bref : un article vain, dans tous les sens du terme.
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- Loys
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Source : "L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves", Introduction, 3 (p. 9) (12/05/10)Enfin, les enquêtes menées par l’OCDE montrent que les élèves français sont parmi ceux qui expriment le plus d’anxiété vis-à-vis de l’institution scolaire et éprouvent le moins d’attachement à l’égard de leur établissement.
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