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Le plan numérique pour l'école
- Loys
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Alors qu'avec Michel Guillou tout serait tellement plus rationnel !Numérique éducatif : Ubu fait école…
"Ubu", "incroyable histoire", "invraisemblable ringardise", "aveuglement de nos élites", "insulte", "priorités illisibles", "inaptitude à comprendre", "politique frileuse et dépassée" : le ton était plus mesuré dans ses précédents billets.Je reviens un instant sur cette incroyable histoire de collèges pilotes pour le numérique dont on sait maintenant qu’il n’y en aura même pas un par académie !
Vous croyiez que j’allais vous laisser tranquilles avec ça, que je n’en avais que trop parlé ? Vous pensiez que j’avais tout dit, dans mes billets précédents, là et là ? Rappelez-vous, j’y dénonçais pêle-mêle, qui l’invraisemblable ringardise du projet, qui le manque de souffle et d’ambition, qui l’aveuglement qui empêche nos élites de comprendre ce qui s’est passé depuis vingt ans, au bas mot, qui l’insulte ainsi faite aux pionniers et autres défricheurs, professeurs ou chefs d’établissement, qui l’incapacité à comprendre l’urgence des enjeux d’aujourd’hui, qui encore l’illisibilité des priorités, qui enfin l’inaptitude à comprendre ce que sont les élèves, au risque d’en faire les premières victimes d’une politique frileuse et dépassée...
On reconnaît là la mesure de Michel Guillou, homme modéré s'il en est, ce grand "pionnier" et "défricheur" qui a - lui - tout compris. Mais à qui peut-il adresser de telles invectives ? Au Ministre lui-même ? Non, c'est inconcevable.
Car Internet n'est plus seulement un outil au service des programmes, mais devient une fin en soi, un programme en lui-même. Et le numérique se limite bien sûr à Internet.Il est une raison supplémentaire qui apparaît au grand jour qui motive aujourd’hui mon nouveau courroux.
Le programme officiel distribué à la presse et en ligne sur le site du ministère nous présente ces vingt collèges connectés pilotes comme des accélérateurs d’innovation et de changement. Bon, à part apprendre qu’ils seront connectés — ou comment dire que beaucoup le sont mal ou ne le sont pas, ce qui revient à travailler sur Internet sans Internet, il faudra que j’écrive un billet là-dessus, tiens, à l’occasion… —
Tous tremblaient mais un héros se dressait parmi eux : Michel Guillou !...c’est quand même une phrase qui ne signifie pas grand chose quand on sait le sort peu enviable qui est généralement fait à l’innovation et la frayeur qu’inspire le changement…
Où est le problème ?Non, c’est dans la note reçue récemment par les recteurs qu’il faut trouver la première et principale raison de cette opération. Tenez-vous bien !
L’objectif de de la mise en place de ces collèges est de démontrer les apports du numérique pour la réussite des élèves, pour les enseignants et les familles.
Sic.
Comment peut-on oser douter ? Avoir un esprit critique ?Malgré les quantités considérables de recherches universitaires, de thèses, de rapports, de travaux de toutes sortes sur le sujet, en provenance de France comme d’ailleurs, il y aurait donc dans nos aréopages politiques, administratifs ou pédagogiques, des gens qui doutent encore, qui s’interrogent, qui ne sont pas certains que le numérique soit utile à quelque chose à l’école.
C'est curieux mais depuis un an et demi que je lis les propos invariables de Michel Guillou ou d'autres promoteurs du numérique à l'école, je n'ai jamais vu de liens vers ces "quantités considérables de recherches universitaires, de thèses, de rapports, de travaux de toutes sortes"...
Prenons un exemple concret : le département des Landes, équipé depuis dix ans, n'a pas particulièrement amélioré ses résultats scolaires... www.laviemoderne.net/veille/les-ecrans/1...able-dans-les-landes
On sent que "ces gens-là", cet "aréopage" de "nos élites", inspirent le plus grand respect à Michel Guillou.Oui, ces gens-là...
...hésitent encore, ne savent pas, tergiversent… Le numérique favorise-t-il les apprentissages ? Peut-il être utile à l’individualisation de l’enseignement et de l’accompagnement pédagogique ? Peut-il remédier aux difficultés des élèves ? Peut-il rapprocher les acteurs de l’école, enseignants, élèves, parents ?
Or l'intelligence, en matière d'éducation, c'est de ne pas s'interroger : voilà un bel aveu de Michel Guillou.En 2013, sachez-le, braves gens, il y a des gens au plus niveau de notre système éducatif qui s’interrogent. Et pas seulement in petto.
Michel Guillou a trouvé un moyen subtile pour invectiver le Ministre sans s'en prendre directement à lui. C'est la faute des gens "très proches du sommet du pouvoir" !J’ai déjà eu l’occasion de vous narrer, pour en avoir été témoin, l’attitude grinçante du doyen de l’inspection générale à Lyon, d’une part, l’attitude incertaine et non concernée du directeur général de l’enseignement scolaire, d’autre part, à Paris, lors du récent rapport d’étape. Il y aurait d’autres exemples encore… Ces gens-là, très proches du sommet du pouvoir, disent tout haut ce que les hiérarchies pensent tout bas : le numérique, c’est cher, ça bouscule les traditions, ça nivelle les hiérarchies et on ne sait même pas si c’est vraiment utile aux apprentissages ! Pourquoi l’enseigner ? Pourquoi l’intégrer aux enseignements ?
Notez encore une fois le glissement subtile : il ne s'agit pas seulement d'intégrer le numérique aux enseignements, il s'agit de l'ensiegner lui-même !
Voilà un autre argument de poids, qui revient en général avec un autre argument, celui de l'urgence..Parlons plus sérieusement : à supposer qu’il persiste le moindre doute à ce dernier sujet, l’utilité du numérique pour la réussite de nos élèves, l’école n’a tout simplement pas le choix.
Et tout ce qui est passé au numérique a connu le Progrès ! Les ENT en sont la preuve à l'école.Et ce pour deux raisons que je ne cesse de répéter :
tout a déjà changé, l’administration, l’entreprise, les services, les médias, toute la société est numérique et personne de sensé ne songerait à revenir en arrière ;
On peut penser aux délocalisations de services en ligne grâce à la connexion mondialisée ou à la dématérialisation : les salariés des opérateurs téléphoniques, ou de Virgin ou des grandes enseignes souffrant du commerce en ligne peuvent en témoigner ! Progrès, on vous dit.les enjeux sont considérables, économiques bien sûr, tant en compétitivité des entreprises qu’en créations d’emplois, mais aussi sociétaux et citoyens ;
...homophobes et racistes sur Twitter par exemple...la jeunesse a été la première de toutes les tranches d’âge de la population à se jeter à corps perdu dans l’aventure que la société lui offre, à bâtir avec le numérique de nouvelles relations...
Et c'est par esprit d'entreprise, non par suivisme ou conditionnement commercial que les jeunes utilisent les réseaux commersociaux !
...hébergée sur des serveurs américains....de nouvelles interactions, à co-construire une nouvelle citoyenneté...
Très bien : en ce cas, tout éducation est inutile....à acquérir de manière imparfaite, en l’absence de toute éducation, autonomie et responsabilité.
Ce volontarisme force l'admiration !L’école n’a pas le choix : la jeunesse, ce sont ses élèves… Elle doit faire avec… Elle doit faire pour eux.
Mais non ! Des établissements pilotes ne manqueront pas de faire la preuve éclatante de la supériorité du modèle numérique !Et laisser tomber ce triste projet, qui anéantirait les premières avancées et, je le répète, l’éloignerait définitivement de sa jeunesse.
Comme les "partenaires" d'"Educavox" où publié régulièrement Michel Guillou, notre consultant du numérique ?Et mettre en œuvre sans tarder, en partenariat avec les collectivités, la Caisse des dépôts et des partenaires privés, s’il le faut...
Quelle magnanime concession. Michel Guillou à ce que l'équipement de douze millions d'élèves ne se fasse pas d'un seul coup....une politique cohérente et concertée d’équipement massive, progressive s’il le faut...
La "gouvernance", c'est-à-dire la fin de la liberté des acteurs de l'enseignement ?...des écoles, collèges et lycées de ce pays, et de raccordement au très haut débit. Et mettre en œuvre sans tarder, dans la continuité de ce qui est déjà commencé, la gouvernance et l’accompagnement, dans toutes ses dimensions, qui conviennent, en direction de tous les acteurs…
Aveu involontaire d'un beau gaspillage, donc...Et si on cherche de l’argent pour faire tout ça, on pourra toujours économiser sur les sommes considérables affectées à concevoir ou faire concevoir ces fameuses ressources numériques qui n’ont jamais vraiment manqué car tout le monde s’est jusqu’ici organisé pour les fabriquer soi-même et les partager ou se les approprier dans le flux…
Voilà qui est posé avec une grandiloquence visionnaire.C’est ça qui constituerait une politique ambitieuse de refondation de l’école qui, je le répète, sera numérique ou ne sera pas.
Parce que l'école numérique, ce n'est jamais de la communication ?P. S. On me souffle à l’oreille que tout ça ne vaut pas tripette, que c’est de juste de la communication pour faire briller les collectivités et le projet sur la refondation de l’école ! Oh, je n’ose y croire ! La pédagogie au service de la communication ? Ça se saurait si c’était vrai…
www.laviemoderne.net/detox/24-marronniers-numeriques
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Exégèse des nouveaux lieux communs (extrait)
Jacques Ellul, 1966
"Il est de bon ton d'être chagrin (en matière technique)"... "L'attitude courante est de critiquer la technique"... Ce lieu commun est vraiment très commun chez les techniciens, technologues, technolâtres, technophage, technophiles, technocrates, technopans. Ils se plaignent d'être incompris. Ils se plaignent de l'ingratitude de ce peuple pour lequel ils travaillent et dont ils veulent le bonheur. Ils ne suffit pas d'avoir tous les postes dans l'administration et l'Etat; d'avoir tous les crédits. Il ne leur suffit pas d'avoir l'admiration béate et universelle des foules délirantes quand on leur annonce le spoutnik. Il ne leur suffit pas de cristalliser la totalité de l'espérance des masses quand on leur annonce la pénicilline ou l'automation. Il ne leur suffit pas de faire trembler les foules de crainte par les progrès des fusées, fusions, fissions et autres secrets mystérieux. Il ne leur suffit pas d'avoir tous les prestiges, si bien que tout le monde s'arrache à son niveau le titre de technicien. Il ne leur suffit pas de recruter laudateurs et thuriféraires même parmi les moins techniciens des hommes, chez les philosophes et les théologiens. Il ne leur suffit pas d'avoir l'avenir à eux et à eux seuls, que la partie soit gagnée et que le seul avenir prévisible soit "davantage de technique, toujours davantage de technique; davantage de pouvoir aux techniciens, toujours davantage de pouvoir aux techniciens". Il ne leur suffit pas d'être entourés d'honneurs et que ce soit parmi eux qu'on recrute les célèbres "Sages" dont on a tant besoin. Il ne leur suffit pas qu'en tous lieux et en toutes réunions leur parole fasse la loi, parce qu'ils sont ceux qui savent et en même temps agissent. Il ne leur suffit pas d'être par-delà le bien et le mal, parce que la nécessité du progrès n'est pas soumise à de vaines contingences. Il ne leur suffit pas, enfin, d'avoir bonne conscience, de savoir qu'ils sont du bon côté de la barricade, du côté de la Justice et du Bonheur, d'avoir devant eux une route humaine parfaitement claire et tracée, sans doutes, reculs, scrupules, hésitations et remords. Non, tout cela ne leur suffit pas.
Il leur faut encore une chose : la palme du Martyre et la consécration de la Vertu triomphant du dragon tout-puissant et venimeux. Voyons, vous ne le savez pas ? Mais bien sûr, nous en sommes toujours au temps de Philâtre de Rozier et de Fulton. Il y a toujours de vilains artisans capitalistes rétrogrades qui brisent les métiers à tisser emblèmes de la science et du progrès. Il y a toujours d'affreux paysans à peine sortis de la bestialité terrienne qui assoment à coups de fléaux les pauvres et vertueux techniciens qui travailent pour leur bien. Les journaux ne l'ont pas dit ? Mais ça se voit tous les jours, n'est-ce pas ? Il y a toujours des imbéciles de philosophes qui prétendent mettre des bâtons dans les roues du progrès avec des déclamations de sophistes et des arguments aussi vicieux qu'inexacts, en vertu d'une conception de l'homme radicalement périmée. Vous ne le saviez pas ? Et vous ne saviez pas non plus sans doute que ce sont ces méchants philosophes qui forment les conseils du gouvernement, qui réussissent dans l'Université et qui ont les honneurs de L'Express, de Paris-Match, de Réalités et autres formateurs de l'opinion. Vous ne le saviez pas, et vous aviez bien raison, car rien de tout cela n'est vrai. Mais les techniciens, technologues, etc., ont besoin de ce supplément d'honneur et de vertu. Ils ont besoin en plus d'être plaints et aimés. Ils fabriquent cette mythologie pour se présenter comme en proie à l'immense effort d'avoir à convaincre les forces hostiles. Ils sont en outre d'une extrême sensibilité, et le point d'honneur leur est fort délicat. Il suffit du plus léger doute sur la valeur absolue de ce qu'ils font, de la plus circonspecte mise en question de tel résultat, de la question la plus mesurée sur la finalité de leur entreprise pour qu'aussitôt on entende des cris de désespoir, des jugements sévères ou qu'un doigt vengeur se braque pour désigner l'affreux qui a osé attenter à la majesté du progrès. Il suffit que le moindre crédit leur soit enlevé par le gouvernement pour leurs entreprises les plus vaines et les plus folles, pour qu'aussitôt on clame à l'injustice, à la persécution, pour que la presse soit alertée et vienne au secours des victimes et des affligés. "Comment, comment, mais quel gouvernement avons-nous donc ?... Voilà qu'on refuse de l'argent pour des laboratoires." Tout peut attendre, mais pas ça. Ils ont besoin non seulement d'être les héros de la science, mais en plus les martyrs de l'incompréhension et de la réaction. Ils ont besoin, non pas de 98% de l'opinion avec eux, mais de 100% de l'unanimité , car toute réserve est un grief contre eux; la technique est totalitaire.
Mais je soupçonne au fond, dans cette attitude geignarde, l'affleurement d'une inquiétude, l'éclair d'un soupçon sur lequel ils accumulent les sacs de ciment et les souffles atomiques pour l'empêcher de brûler. "Après tout, si par hasard, nous nous étions trompés ? Si par hasard, nous conduisions l'humanité à sa fin ?" Je ne parle pas tant de la fin atomique que de la fin de la conscience, la fin de la liberté, la fin de l'individu, la fin de la création, la fin de l'homme simplement humain. Si par hasard ils nous conduisaient vraiment à l'anonymat de cette fourmilière, si souvent à tort annoncée ? Il faut bien prendre ses précautions. Il faut, dans l'ultime sursaut de lucidité, pouvoir dire que c'est tous ensemble que nous avons marché. Tous ensemble en plein accord. Et que l'avant-garde était la moins responsable et la plus exposée. "Plaignez-nous, plaignez-nous, bonnes gens. Nous avons eu bien du mal, et nous n'avions pas voulu cela..."
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A lire sur "VousNousIls" du 29/08/13 : "Un portail de ressources pédagogiques pour enseignants lancé par le ministère en octobre"
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Alain Thillay écrit: Le principe d'Edutech est [...] de proposer des grains libérés de droits
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Un peu moins de numérisme ?Enseigner le numérique : j’ai changé d’avis
A qui et à quel discours Michel Guillou pense-t-il ? Autant ne pas le dire, c'est plus simple à réfuter.C’est vrai, il est encore possible de ne pas échapper au discours sur le sujet de quelques personnages plus médiatisés que médiatiques. C’est vrai aussi que les énormes bourdes qu’ils profèrent ont le mérite d’être rigolotes, de faire le buzz, comme on dit, de passer donc aisément à la postérité via les réseaux sociaux, contribuant ainsi à rendre ces détestables réactionnaires encore plus ridicules qu’ils ne l’étaient.
Même chose : on restera dans l'allusion sibylline.C’est vrai encore que sur le sujet du numérique comme sur celui, plus étroit, du numérique éducatif, il est possible d’observer aujourd’hui d’étranges retournements de vestes…
Voilà qui est d'une limpidité limpidifiante.Comme quoi il reste un peu d’espoir.
La question d’enseigner avec le numérique ne se pose donc plus, car la question d’enseigner ne se pose pas.
Pourtant avec M. Guillou la question d'enseigner se pose parfois .
Il est temps que l'enseignement, ses contenus, ses programmes se soumettent au tout-numérique !Notez qu’il n’est pas question pour l’école, à mon avis, d’intégrer le numérique, comme certains discours ou écrits officiels nous le serinent. Je n’aime pas ce mot d’intégration qui ne correspond pas à ce qui doit se passer. Non, il est juste question de mettre l’école en adéquation avec son temps et la société telle qu’elle est. Et donc l’enseignement et les manières d’enseigner. Et donc les contenus et les programmes.
Transposons le même discours avec l'invention de l'électricité ou de la télévision...
Euh...Je reviens sur ce point des programmes un peu plus loin dans ce billet car il est crucial, fondamental.
Si la question d’enseigner avec le numérique ne se pose plus...
Le numérique n'est plus un outil au service de l'enseignement mais devient lui-même un objet d'enseignement devant remplacer d'autres objets....celle d’enseigner le numérique continue de se poser et nombreux sont ceux qui apportent sur le sujet des réponses différentes. Que convient-il de faire exactement ?
Car l'informatique est une science.Certains, comme l’EPI et l’Académie des sciences et, à leur traîne, sans réfléchir une seconde, le Conseil national du numérique et certaines associations du libre, n’hésitent pas à proposer la création d’une nouvelle discipline scientifique informatique qui serait enseignée du premier degré à l’Université.
L'idée même de champs disciplinaires est obsolète. Tout est dans tout.J’ai déjà dit combien cette démarche, en tentant de cloisonner mieux encore les champs disciplinaires quand tout aujourd’hui, avec le numérique justement, tend à les rapprocher...
A transmettre à qui de droit....me semblait ressortir d’un néo-obscurantisme moderne. Il convient donc de la combattre. Ce ne sera pas trop compliqué tant elle est navrante.
Michel Guillou aurait été un "néo-obscurantiste" convaincue d'une idée "navrante" ? On ne peut y croire.J’ai, pour ma part, longtemps pensé — je crois même l’avoir écrit sur ce blogue — que l’urgence commandait de proposer, à côté des disciplines traditionnelles, un nouvel enseignement du numérique.
Dommage que Michel Guillou n'ait pas réfléchi avant...J’ai même imaginé, je crois bien, que cet enseignement soit pris en charge, dans leur emploi du temps, par des professeurs volontaires et compétents, à commencer par les professeurs documentalistes dont nombreux sont déjà formés à cet effet. Je crois avoir lu que certains m’appuyaient dans cette démarche. J’ai même proposé de réfléchir, l’été dernier, pour appuyer le travail d’OVEI, à un référentiel complet sur ce sujet de l’enseignement du numérique, intégrant l’éducation aux médias, l’éducation informationnelle, les littératies numériques et médiatiques, des éléments d’algorithmique, de programmation, des éléments juridiques, philosophiques, civiques, économiques… Et puis j’ai réfléchi.
Cette dernière formule ("c'est nécessaire") suffira comme argumentaire. Le numérique ne peut qu'augmenter l'enseignement. Jamais lui porter préjudice de quelque façon que ce soit. Bonne définition du numérisme.Et j’ai changé d’avis.
Si l’école doit réussir sa mutation et se mettre à l’heure numérique, il ne faut pas créer de nouvelle discipline. C’est inutile. En revanche, chaque discipline existante doit s’éclairer, s’enrichir, s’augmenter dirait-on aujourd’hui, de la dimension du numérique. C’est devenu nécessaire.
Certains venaient à peine d'entrer en vigueur...C’est tout l’enjeu de cette mission si importante de la refondation que Vincent Peillon a confiée à Alain Boissinot, le 10 octobre dernier. Ce dernier, nommé donc à la présidence du Conseil national des programmes, a déjà commencé, avec ses collègues et les experts qu’il a choisis, le travail de réécriture des programmes de l’école du socle, de la maternelle au collège.
... et traité donc dans la précipitation.C’est là un chantier fondamental.
Nous l'attendons avec impatience.J’ai pu rencontrer Alain Boissinot récemment. J’ai pu lui poser quelques questions et tout ça fait l’objet d’un reportage vidéo qui sera projeté bientôt sur l’événement des « Boussoles du numérique » à Cenon, près de Bordeaux, le 12 décembre prochain.
Attention, aguichage : vous verrez et lirez tout cela bientôt !
En voilà une nouvelle qu'elle est bonne. Quel cachottier, ce M. Boissinot !J’espère bien trouver le temps de transcrire ses propos, soyez patients. Cela fera l’objet d’un nouveau billet ici et sur le site Éducavox dans les premiers jours de décembre.
Dans l’attente et sans déflorer les propos du président du CSP, ce dernier, qui présentera son plan d’action au Conseil supérieur de l’éducation le 6 décembre prochain, semble décidé à construire les nouveaux programmes de l’école du socle à l’éclairage de la dimension paradigmatique du numérique...
Tout un programme....en toute conscience des conséquences sur la formation des maîtres, les postures, les modalités d’enseignement, les espaces, les temps et surtout l’évaluation.
Qu'est-ce que c'est exactement que les "littératies numériques" ? Et est-ce que la littératie tout court ce ne serait pas plus important ?Pas question pour lui donc d’une nouvelle discipline, ce sont bien les disciplines existantes qui doivent partager la prise en compte des littératies numériques et médiatiques.
"Inadapté", mais on ne saura pas pourquoi. Le numérisme ne s'embarrasse pas d'explication : il n'est qu'injonction et célébration. Il est vrai que Michel Guillou, commentant mon expérience, n'a pas même compris ce qui se jouait dans un commentaire de texte au bac de français...Un fort regret pour ma part : les programmes du lycée ne seront modifiés que plus tard. Quand ? Sauf accident tectonique, notre vieux baccalauréat inadapté est donc encore là pour quelques années encore.
C’est bien malheureux.
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