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Inégalités... et discriminations "scolaires"
Le postulat (implicite) de base est une syllogisme digne de "Rhinocéros"
1. Les classes ne sont pas faites au hasard
2. Il y a des différences de niveaux entre les classes
3. Donc les classes sont faites POUR être de niveaux.
Enfin, on voit arriver une notion tout aussi curieuse qui n'apparaissait pas dans l'étude, c'est celle de la diversité "culturelle", différente donc des question de "ségrégation" sociale et scolaire. Les chefs d'établissement devraient donc prendre en compte cette diversité culturelle. Mais qu'est-ce que la diversité culturelle et comment la prend-on en compte ? Je n'ose exprimer les non-dits de cette idée.
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Oui, mais non. Le diaporama met l'accent en conclusion sur des problèmes qui n'était abordés que de manière adventice dans l'étude d'origine :Hervé écrit: Cette conférence (je me suis contenté de lire le power point annexé) se place clairement dans la suite logique de l'étude dont on a parlé plus haut.
Sur le premier point, on aimerait avoir la réponse a priori de la CNESCO, et surtout savoir s'il existe des étude évaluant les effets de l'arbitrage sur la mixité sociale.* La ségrégation intra-établissement peut être vue comme un moyen de lutter contre la ségrégation inter-établissements : comment arbitrer entre deux maux ?
* La simple suppression des options n’est pas une réponse suffisante : la nature compétitive du système scolaire encourage à trouver de nouveaux mécanismes
* La déségrégation doit s’accompagner d’une démarche pédagogique
Le deuxième point est une prise de position finalement intéressante en ces périodes de laminage des options.
Le troisième point ouvre la porte a des surcroits d'absurdité : puisque cela ne fonctionne pas, on augmente la dose.
Mais l'un dans l'autre, par rapport à l'étude papier, ce diaporama pose des questions intéressantes. Évidemment, rien sur l'enseignement privé, mais il ne faut pas désespérer.
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- Loys
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Première mesure à prendre : faire en sorte que tous les élèves d'une école aille dans le même collège. Pour certaines écoles, les enfants sont envoyés sur trois collèges différents. Aujourd'hui, nul besoin du privé pour séparer les enfants qui jouent ensemble : la carte scolaire le fait très bien.Leur objectif : que leurs enfants gardent à l’école les copains avec qui ils jouent dans le quartier où subsiste une certaine mixité sociale.
[..]
Les membres du collectif ont aussi beaucoup parlé autour d’eux pour inviter aux deux réunions, l’une sur le collège Maurice Utrillo, l’autre sur Hector Berlioz, ce samedi de 10 heures à midi.
A noter qu'en dehors de Paris, décentralisation aidant, la carte scolaire du primaire n'est pas gérée par le même échelon que celle du collège.
Des parents d'une école privée auraient pu témoigner que dans la classe de leur enfant, il n'y a pas d'incidents.Plusieurs parents proches du collectif sont venus témoigner qu’au collège Berlioz, leurs enfants se sentent bien et que s’il y a parfois des incidents, ce n’est pas l’enfer.
Et toi, parent inquiet, tu feras comment pour te renseigner un an à l'avance sur ton collège public de rattachement ? Bah, tu pourras pas. Tu visiteras le collège privé, et c'est celui-là que tu choisiras.Najat Vallaud-Belkacem a évoqué la possibilité d’expérimenter des secteurs multi collèges – qui permettraient de répartir plus équitablement les élèves de milieux défavorisés et d’éviter ainsi les collèges-ghettos.
Tu le feras peut-être avec un peu de remord, mais tu te diras en même temps : "mon enfant n'est pas un cobaye".
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Peu importe : cette toute petite élite est bien à l'abri...Le sujet a longtemps fait débat, les études récentes arrivent toutes à la même conclusion : la mixité a des effets positifs ou neutres sur les résultats scolaires de l’immense majorité des élèves. A l’exception d’une toute petite élite, qui réussit un peu moins bien scolairement quand elle se retrouve mélangée à des élèves différents.
Curieux argument utilitariste de la mixité qui, au lieu de défendre l'intérêt collectif, défend l'intérêt individuel. Soyons pragmatiques : si la scolarité sans mixité constituait un "handicap social" dans la vie professionnelle, la mixité serait recherchée depuis longtemps...Mais je ne parle là que de l’impact sur les résultats scolaires. Si l’on regarde les effets de la mixité en termes de cohésion sociale, là, tous les élèves sans exception y gagnent. Même le haut de l’échelle ! La petite élite a tout intérêt à être entourée d’élèves ne venant pas du même milieu, au risque, sinon, de porter un handicap social les pénalisant dans leur vie professionnelle future.
On pourrait voir une forme de cynisme dans ce raisonnement : la ségrégation la plus grave est heureusement celle qui se voit le moins pour les élèves...Par mixité, vous entendez hétérogénéité dans les classes ou au sein des établissements ?
Les deux ! Il faut être très vigilant à lier les deux. Le risque serait de ne mener qu’une politique de mixité entre les établissements, en renforçant dans le même temps la ségrégation à l’intérieur, avec des classes de niveau. Or, les effets de l’absence de mixité dans les classes sont encore plus dévastateurs psychologiquement que la ségrégation entre établissements.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que la ségrégation saute encore plus aux yeux des élèves.
"L'absence de mixité dans les classes" (sic) n'existe de toute façon pas au collège.
De la sociologie de haut vol. Dans les collèges les plus faibles, il n'y a pas d'"enfants de bobos".Les enfants qui sont dans des classes de moins bon niveau se perçoivent comme cantonnés dans des «classes poubelles», avec le sentiment que tous les enfants des bobos sont ensemble.
Collèges tous publics...A-t-on une idée précise du nombre d’établissements ségrégués ?
Quand le Cnesco a été créé, en 2013, nous avons décidé de nous attaquer d’emblée à ce chantier. Notre enquête révèle que 10 % des élèves de troisième sont dans un collège ghetto, avec plus de 60 % d’enfants d’ouvriers, au chômage ou inactifs.
Il est totalement faux de laisser croire que les bons élèves sont tous regroupés dans la même classe au collège : la ségrégation scolaire est "faible au collège", a relevé le CNESCO. La ségrégation scolaire "active" n’atteint au maximum que 9% en 3e et ne concerne donc au pire... que quelques élèves.Et quand bien même le collège serait mixte, un principal sur deux pratique les classes de niveau en regroupant les élèves qui ont les meilleurs résultats.
C'est surtout que les établissements "mixtes" sont bien peu nombreux. L'alternative est : favorisé ou défavorisé.Si les bienfaits de la mixité sont si certains, pourquoi y a-t-il tant de résistances ?
D’abord, parce que les parents ne savent pas. Ces études scientifiques sont très peu connues du grand public. Dans le doute, les parents se disent que leurs enfants s’en sortiront mieux dans un établissement plus favorisé.
On sait d'ailleurs que là où la mixité sociale pourrait exister, l'enseignement privé l'empêche .
La "petite élite" est bien à l'abri, encore une fois, soit grâce à la ségrégation résidentielle, soit grâce à l'enseignement privé (un collégien sur cinq) : elle n'a rien "à perdre"...Ensuite, la petite élite, qui a la sensation de perdre avec la mixité, pèse sur le politique. Sous-estimer le poids de ce lobby serait une erreur.
Bien sûr, c'est un problème de formation uniquement : pas de taux d'encadrement ou de taille des classes. La formation a bon dos...Enfin, je pense que les professeurs ne sont pas suffisamment formés pour enseigner dans des classes mixtes, avec des différences de niveau entre les élèves. Cela nécessite des compétences pédagogiques adaptées.
Curieux puisque, selon Nathalie Mons, "un principal sur deux pratique les classes de niveau en regroupant les élèves qui ont les meilleurs résultats".C’est d’ailleurs l’un des points ressortis de notre étude menée auprès des principaux de collège : 80 % sont favorables à la mixité, mais seulement la moitié pensent que les enseignants sont efficaces devant une classe hétérogène.
Ceci constitue donc une apologie des classes de niveau.Il y a un déficit de formation des enseignants. Et des chefs d’établissement également. Peu savent par exemple qu’il faut de la mixité dans les classes mais pas avec des écarts scolaires trop importants. Si vous mettez des très bons élèves avec des très mauvais, cela ne fonctionnera pas. Pour que la mixité soit efficiente, la recherche a montré qu’il faut que les élèves moins bons puissent s’identifier à leurs pairs ayant un niveau scolaire plus élevé mais atteignable.
Bien sûr : le vrai problème, ce sont les (rarissimes) "dérogations"...Ne faut-il pas revenir à une carte scolaire plus stricte, en limitant les possibilités de dérogations pour éviter le collège de secteur ?
Mais au fait, quelle "dérogation" est institutionnelle mais n'est jamais évoquée par cette sociologue ? L'enseignement privé.
Surtout si l'enseignement privé est financé comme l'enseignement public, et que ces "stratégies de contournement" reçoivent la bénédiction de l’État.Malheureusement, c’est une proposition politique qui peut paraître simple mais est peu efficace. Avant l’assouplissement de la carte scolaire en 2007, les phénomènes de ségrégation étaient déjà présents et puissants. Obliger les parents est vain, il y aura toujours des stratégies de contournement.
Il faut croire qu'il existe un autre "lobby"...
J'aimerais bien avoir la source d'une telle affirmation...Le défi de la mixité ne pourra s’atteindre qu’avec la volonté des parents. L’enjeu, c’est de sortir du discours moralisateur «il faut mettre son enfant dans le collège de secteur pour être un bon citoyen». Et convaincre les parents qu’ils ont individuellement un intérêt à mettre leur enfant dans le collège du quartier, pourtant défavorisé. Par exemple, avec un projet pédagogique présentant la mixité comme un plus. Aux Etats-Unis, de plus en plus d’écoles proposent un programme entièrement bilingue anglais-espagnol en disant aux parents blancs favorisés : «Certes, vos enfants vont côtoyer dans l’école des enfants socialement moins favorisés que vous, mais dans la cour de récréation, ils parleront espagnol avec les petits Latinos bilingues.» Beaucoup ont sauté le pas, séduits.
En faisant comme si l'enseignement privé n'existait pas en France, cet article ne fait pas honneur à la sociologie.
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- Loys
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Bien sûr !Loys écrit:
Ceci constitue donc une apologie des classes de niveau.Il y a un déficit de formation des enseignants. Et des chefs d’établissement également. Peu savent par exemple qu’il faut de la mixité dans les classes mais pas avec des écarts scolaires trop importants. Si vous mettez des très bons élèves avec des très mauvais, cela ne fonctionnera pas. Pour que la mixité soit efficiente, la recherche a montré qu’il faut que les élèves moins bons puissent s’identifier à leurs pairs ayant un niveau scolaire plus élevé mais atteignable.
Il faut prendre cet article cum grano salis. Tu n'as pas vu la quantité de peaux de banane que Nathalie Mons a glissé sous les pieds de Florence Robine, ou bien tu les as comprises comme des incohérences.
Je pense exactement le contraire.En faisant comme si l'enseignement privé n'existait pas en France, cet article ne fait pas honneur à la sociologie.
Avec cet interview en apparence inattaquable, Nathalie Mons, directrice du CNESCO, fonctionnaire d'autorité, dit le maximum qu'elle peut dire sans se faire dézinguer. Elle maximise l'efficacité de sa prise de parole. Pour résumer ce que j'ai dit sur néoprof :
- elle vante les bilangues, au moment où la DGESCO a obtenu leur suppression
- elle dit "Le défi de la mixité ne pourra s’atteindre qu’avec la volonté des parents", dans le dossier de Libé qui évoque la décision ministérielle d'un durcissement de la carte scolaire.
- elle fait l'éloge des classes de niveau.
- et en même temps, elle explique pourquoi : la mixité ne fonctionne que s''il y a émulation (elle ne dit pas "émulation", elle évolue dans un milieu où le mot est inconvenant, mais l'idée est parfaitement identifiable).
Je suis sûr qu'en grattant un peu, on trouverait encore, ici et ailleurs, sous sa plume, des prises de positions à contre courant, des petites graines qui pourraient bien germer dans les mois qui viennent.
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- Loys
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