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L'anti-"déclinisme" : Chroniques d'hier et d'aujourd'hui
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Dans le même temps, les taux d'obtention et de mentions au brevet et au baccalauréat atteignent des records...Oui il y a une baisse de niveau, il faut la regarder sans fard, il faut le dire et surtout y répondre.
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Oui, cette focalisation sur le niveau scolaire est d'un pénible : l'école, c'est bien plus que ça !Décrochage, diplômes du supérieur, jeunes enfants scolarisés… Selon une note de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance publiée mardi 7 mai, la France a dépassé plusieurs des buts fixés par l’Union européenne pour 2030 pour le système éducatif. Elle reste toutefois, comme presque tous ses voisins, en retard sur le volet concernant les compétences des élèves.
Ce sont des indicateurs qui esquissent une image du système éducatif français bien moins pessimiste que ceux qui retiennent habituellement l’attention médiatique et politique dans les comparaisons internationales. Qui rappellent, aussi, la multiplicité des enjeux et des visées de l’éducation, au-delà du seul « niveau » des élèves, souvent au cœur du débat public.
De façon amusante, les "indicateurs" positifs sont des indicateurs pilotés administrativement. La scolarisation précoce ou le décrochage, par exemple, comme on a pu l'étudier longuement sur cette veille . On aurait pu en prendre d'autres : la diminution spectaculaire des taux de redoublement, la progression spectaculaire des taux de réussite et de mentions au brevet et au bac (et par conséquent d'accès au supérieur) malgré les problèmes... de niveau scolaire.
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www.laviemoderne.net/veille/le-naufrage-...ves-de-de-2024#25154Fidèle au discours décliniste qui sous-tend son programme éducatif depuis la création du Front national, en 1972, le programme mis en ligne par le RN dénonce « les gouvernements successifs [qui] ont déconstruit l’école, entraînant un effondrement de son niveau », et promet de « restaurer l’excellence de l’école française ».
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L'INSEE renchérit :"Non, les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas nuls par rapport aux générations d'avant. C'est le contraire ! La génération de mes parents, 1 sur 10 était illettré. Aujourd'hui c'est 10 fois moins. Le niveau moyen des jeunes a augmenté ! C'est celui des élites qui a baissé."
Débat très intéressant, s'il porte bien sur le système scolaire et son efficacité.En 2022, en France, 10 % des personnes âgées de 18 à 64 ans éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit. Parmi les adultes qui ont débuté leur scolarité en France, 4 % sont en situation d’illettrisme.
www.insee.fr/fr/statistiques/8177068#
Commençons par récuser des hyperboles comme "nuls", qui ne servent évidemment pas un débat serein.
Observons ensuite que que l'INSEE n'apporte pas les informations permettant de clore le débat : l'INSEE compare des générations sans préciser leur parcours scolaire. Comme le montrent pourtant les données fournies, 29% des personnes de langue maternelle française qui ont été scolarisées hors de France et 52% des personnes de langue maternelle non française qui ont été scolarisées hors de France éprouvent de fortes difficultés à l'écrit, contre 4% des élèves scolarisés en France dès le début de leur scolarité.
S'agissant de l'illettrisme précisément, on ne sait pas, parmi ces personnes qui n'ont pas été scolarisées en France, quelle est la part d'illettrées pour les générations 18-24 ans ou 55-64 ans. On ne peut donc pas affirmer, comme le fait M. Guénolé, que les illettrés seraient dix fois moins nombreux aujourd'hui.
Si l'on se fonde sur les difficultés fortes à l'écrit, on voit que les 18-24 ans sont deux fois moins nombreux (5%) que les 55-64 ans (11%) mais quelle part s'explique par une scolarité hors de France ?
Mais, au delà des lacunes dans les données, il y a plus problématique.
Thomas Guénolé évalue le niveau scolaire de l'ensemble d'une génération à la part d'illettrés : pour les élèves scolarisés en France, les dix ans d'instruction obligatoire en France (depuis 1959 !) laissent peu de place à la possibilité de l'illettrisme, sauf cas très exceptionnel. Pour le dire autrement, après dix ans d'école, les élèves français savent lire et c'est encore heureux ! Étudier les évolutions de niveau scolaire à partir de la part d'illettrés n'est en réalité pertinent que pour les pays... dans lesquels la scolarité n'était pas obligatoire.
Si l'on veut comparer le niveau scolaire de différentes générations, il faut comparer les compétences de l'ensemble de ces générations à un âge donné. Ce qu'a fait la DEPP, qui a montré une grave dégradation des compétences de l'écrit à la fin de l'école primaire entre 1987 et 2021 par exemple.
L'illettrisme n'est donc pas seulement un indicateur trompeur, mais il occulte les vraies évolutions négatives du système scolaire.
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Extraits :
M. Watrelot a raison sur ce point : pour bien des raisons, PISA n'est certainement pas l'étude qui permet de montrer la dégradation des compétences des élèves français, comme nous l'affirmons ici depuis des années . D'autres études (disponible dans cette section de notre veille ) le montrent de façon bien plus convaincante.Pour qu’un narratif de « restauration » puisse fonctionner, il faut qu’il s’appuie sur un récit fondé sur une dramatisation préalable de la situation. C’est sur cette astuce rhétorique que s’est appuyé son mentor Gabriel Attal lorsqu’il était Ministre de l’Éducation. Le 5 décembre 2023, le jour même de la sortie des résultats de PISA 2022, il prend la parole pour annoncer son plan de « choc des savoirs ». Pour cela il s’appuie sur une lecture très catastrophiste de l’étude de l’OCDE.
Lorsque, comme moi et d’autres, on lit le rapport dans le détail et qu’on écoute la présentation qui en est faite par les experts, on ne conclut pas à un tel déclin aussi dramatique.
Reste qu'en 2023, les résultats publiés montrent pour la première fois depuis 2000 (début de l'étude PISA) un recul sensible dans les trois domaines.
De façon amusante, quand les résultats précédents n'attestaient aucune évolution significative, en 2013 ou en 2016, les ministres socialistes précédents tenaient le même discours catastrophiste mais M. Watrelot ne leur a jamais adressé ce reproche de "dramatisation". Luc Peillon en 2013 ("La France décroche totalement [...] ça devient dramatique") avait même fondé sa "refondation de l'école", soutenue par M. Watrelot, sur ces résultats : n'était-ce pas "une narratif de restauration" ?
Nul doute que ces discours sont empreints de démagogie mais reste que la nuance est difficile à saisir chez M. Watrelot : faut-il récuser un discours "décliniste" ou "exagérément décliniste" ? Un déclin pas "aussi dramatique" mais un déclin tout de même ?Il faut dire enfin que ce discours décliniste correspond bien à l’air du temps. L’opinion sur l’école est depuis très longtemps imprégnée du refrain du « c’était mieux avant » qui est à la frontière de la nostalgie et du conservatisme. La paresse des médias et particulièrement des éditorialistes fait le reste. On vous donne à entendre ce que vous voulez, sans nuances. Ce qui est le propre de la démagogie.
Et, très concrètement, l'école n'était-elle pas plus efficace dans les années 1980 que dans les années 2020 ?
Pendant très longtemps, le discours a été simpliste : "le niveau monte" (1989) !Ne succombons pas un discours binaire inverse. Il ne s’agit pas ici, de dire que tout va bien dans notre système éducatif. Mais d’apporter des nuances et de se méfier des discours (et des solutions) simplistes.
D'ailleurs, chassez le naturel (anti-décliniste) chez M. Watrelot et il revient au galop :
Alleluia : le professeur de sociologie commence timidement à constater qu'il y a en France deux écoles mais pour le reste : circulez, il n'y a pas de problème de niveau ! Les deux problèmes sont pourtant intimement liés ...Si l’École va mal, ce n’est pas tant parce qu’il y aurait un problème de niveau que parce que notre système est profondément inégalitaire.
Avec cette caricature raillant tout constat objectif de la grave dégradation des compétences orthographiques des élèves depuis les années 1980 . Pour sa défense, la caricature de Charb date des années 2000 mais, grâce à Philippe Watrelot, l'anti-déclinisme est encore bien vivant en 2024 !
Eh oui : c'était mieux avant, M. Watrelot.
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