"Gober les moocs"
1. Des étrangers, typiquement des américains, introduisent ou popularisent une innovation (p.ex. le Web, les moteurs de recherche, les cours via Internet, les encyclopédies en lignes participatives).
2. Au moment où nous nous rendons compte de l'existence de ladite innovation, nous nous en moquons en disant que c'est nul, que nos institutions font mieux, etc.
3. Une fois que le business en question est de taille mondiale, nous nous plaignons du monopole américain sur le sujet et demandons des subventions pour lancer des concurrents ou des mesures pour taxer le produit à succès.
4. Nous nous plaignons que notre économie moribonde ne nous permette pas de financer correctement les institutions citées plus haut.
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« D'ores et déjà l'école n'est plus pensée comme un service public mais comme un marché ultra-concurrentiel »
C'est le cas pour le recrutement de doctorants de haut niveau, dans les domaines où l'on en a besoin mais on a du mal à en trouver. Comme les français ne veulent pas faire de thèse dans ces domaines, on nous pousse à recruter à l'étranger (Europe de l'Est, indiens, chinois, etc.). C'est cependant difficile, car indiens et chinois veulent généralement obtenir des diplômes d'universités mondialement réputées (c'est mieux pour ensuite faire un début de carrière brillant), et que la plupart de nos universités sont inconnues (exemple vécu : « en Europe, nous ne connaissons que l'INRIA et l'EPFL »).
Évidemment, ces problèmes sont complètement déconnectés du problème de l'enseignement à ceux qui ont péniblement eu le baccalauréat.
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- Loys
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Nous ne sommes pas que des suivistes : le français Archos a lancé des tablettes Internet avant Apple, mais sa puissance de frappe commerciale et publicitaire est difficilement comparable. Et il a dû abandonner certaines de ses spécificités pour se conformer aux exigences de l'Android de Google.DM écrit: Permettez toutefois une remarque. En France, nos adorons le schéma suivant :
1. Des étrangers, typiquement des américains, introduisent ou popularisent une innovation (p.ex. le Web, les moteurs de recherche, les cours via Internet, les encyclopédies en lignes participatives).
2. Au moment où nous nous rendons compte de l'existence de ladite innovation, nous nous en moquons en disant que c'est nul, que nos institutions font mieux, etc.
3. Une fois que le business en question est de taille mondiale, nous nous plaignons du monopole américain sur le sujet et demandons des subventions pour lancer des concurrents ou des mesures pour taxer le produit à succès.
4. Nous nous plaignons que notre économie moribonde ne nous permette pas de financer correctement les institutions citées plus haut.
Le problème est surtout que le "succès" de certaines* de ces innovations au détriment des institutions ne se justifie pas en terme de progrès apportés.
A titre d'exemple, Google Maps offre des cartes d'une grande médiocrité par rapport à celle de l'IGN, mais la gratuité (apparente) du modèle de Google et ses fonctionnalités accessoires font qu'il va s'imposer à moyen terme. D'accord avec vous pour dire qu'il aurait fallu que l'IGN, disposant d'un patrimoine de plus grande qualité, propose mieux que Google.
*Je ne crois pas que qui que ce soit ait moqué le web ou les moteurs de recherche.
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Il y a quelques années, tous les systèmes de cartographie en ligne, à l'exception du Géoportail IGN, permettaient de faire un lien avec simplement latitude, longitude et échelle. Cela permettait à Wikipédia, à partir de la simple localisation géographique d'un lieu, d'un monument, de donner une liste de liens vers divers sites, à charge pour l'utilisateur de prendre celui qui convient le mieux à ses besoins.
Nous avons demandé à l'IGN s'ils pouvaient mettre en place cette fonctionnalité, qui ne posait aucun problème technique. Refus, cela ne faisait pas partie de leur politique. (Ils avaient sans doute peur que des sites externes n'utilisent leur cartographie gratuitement.)
Des années plus tard, ils ont rajouté cette fonctionnalité, une fois que tout le monde avait pris l'habitude de Google Maps.
Je pense que c'est bien résumé : on commence par se moquer de la soi-disant mauvaise qualité de l'offre leader américaine, on introduit un produit subventionné franco-français, mais on châtre celui-ci des fonctionnalités qui font le succès du leader, et on se plaint.
Même remarque à propos de Google Books et Gallica. Certes, Gallica a des notices bibliographiques plus précises... mais son moteur de recherche interne est mauvais, notamment de part sa mauvaise prioritarisation des réponses (alors que Google, assez souvent, donne les réponses les plus pertinentes en première page). Qui plus est, les premières versions de Gallica avaient une ergonomie très mauvaise.
Il faut bien réfléchir à ceci : si des dizaines de millions de français utilisent Google, Wikipédia etc. malgré leurs défauts, cela peut certes être par habitude, mais aussi parce que ces sites répondent mieux à leurs besoins que d'autres offres prétendument de meilleure qualité. Une solution de facilité est de dire que ce sont des imbéciles, mais cela ferait tout de même beaucoup d'imbéciles en France...
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- Loys
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Maps est très convenable et propose des fonctionnalités intéressantes (et d'autres beaucoup plus futiles, voire intrusives). Mais vous conviendrez avec moi que le succès de Google Maps est aussi lié à celui de Google Android sur les terminaux mobiles, en lien toutes les autres applications et services proposés par Google et dépassant largement les compétences de l'IGN. Son monopole de fait et sa gratuité : voilà les vraies raisons de l'utilisation de Maps. Pourtant les cartes Maps restent très inférieures en qualité à celles de l'IGN.
Au fond c'est le même débat qu'avec Wikipédia. Difficile de croire que sur tous les sujets Wikipédia apporte la meilleure réponse et pourtant Wikipédia est systématiquement classée en première page des résultats Google, voire en premier résultat.
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La cartographie Google Maps est, il me semble, axée « recherche d'itinéraires » : au rebours des cartes IGN, elle a les rues des villes, avec des règles de circulation telles que les sens interdits (l'IGN a une base semblable qui s'affiche aux plus hauts degrés de grossissement). Ce type de cartographie est donc supérieur pour ce type d'applications, ou tout simplement pour se repérer en ville (Google Street View etc.).
Autrement dit, cette notion de supériorité est relative à certains besoins. Par ailleurs, la cartographie IGN n'est pas exempte de problèmes : ainsi, récemment encore, la carte IGN topographique affichée pour Monestier de Clermont omettait... une autoroute (l'A51, achevée en 2007) ; dans certains endroits, elle affiche des chemins inexistants (qui existaient peut-être certes il y a 50 ans).
Encore une fois, il faut bien distinguer les usages. Si vous comparez Gallica et Google Books, il est indéniable que la première a des notices bibliographiques mieux faites que le second, mais que le second a une reconnaissance de caractères et un moteur de recherche supérieurs.
De la même façon, je pense qu'il faut distinguer le cas du jeune encore immature qui devrait suivre un cursus structuré, et de la personne plus mûre qui voudrait suivre un cours sur un sujet précis.
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- Loys
- Auteur du sujet
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Malgré tout son génie Google n'a pas réinventé en dix ans toute la tradition topographique française. Pour une utilisation scolaire par exemple, même dans le secondaire, une carte Maps n'a pas grand chose à voir avec une carte IGN.
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Les besoins des professeurs de géographie de l'enseignement secondaire français ne les intéresse pas. S'ils avaient réellement intérêt, ils pourraient sans doute obtenir très vite des résultats convenant à vos besoins (ils ont les moyens de se payer les meilleurs ingénieurs et meilleurs spécialistes...), mais vous n'êtes pas leur cible de marché. C'est compréhensible : dans l'immense majorité des cas, quand je consulte une carte, je ne cherche pas la tradition topographique française mais à aller à un endroit, la plus proche pompe à essence, etc.
Au sujet de Gallica : exemple de résultat surprenant. Si je cherche les « comptes-rendus de l'académie des sciences », Gallica me propose toutes sortes d'académies (sciences morales et politiques, académie des belles-lettres, sciences et arts de La Rochelle, de Toulouse etc.). Il est finalement assez difficile de lui faire cracher ce qui paraît pourtant le plus évident, à savoir ceux de l'Académie des sciences (à l'époque, royale), de Paris.
Je parie qu'un élève sans culture pourra vaillamment expliquer que l'Académie, en 1830, n'était pas à Paris mais à La Rochelle.
Je pense donc, comme vous, qu'il ne faut pas confondre les besoins de lycéens moyennement cultivés avec ceux d'adultes.
(Dans un autre registre, il fut un temps où un des premiers résultats du catalogue BNF pour "affaire Dreyfus" était le précis de Dutrait-Crozon, faux historique avéré... sans aucun avertissement de ce fait.)
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- Messages : 733
DM écrit: Nous avons demandé à l'IGN s'ils pouvaient mettre en place cette fonctionnalité, qui ne posait aucun problème technique. Refus, cela ne faisait pas partie de leur politique. (Ils avaient sans doute peur que des sites externes n'utilisent leur cartographie gratuitement.)
Des années plus tard, ils ont rajouté cette fonctionnalité, une fois que tout le monde avait pris l'habitude de Google Maps.
Je pense que c'est bien résumé : on commence par se moquer de la soi-disant mauvaise qualité de l'offre leader américaine, on introduit un produit subventionné franco-français, mais on châtre celui-ci des fonctionnalités qui font le succès du leader, et on se plaint.
Je ne sais pas exactement comment s'est passé cette affaire du côté du Géoportail, mais il faut voir que l'équipe du Géoportail est toute petite comparée à celles de Google. Si on lui demande une nouvelle fonction et qu'elle répond "ce n'est pas ma politique", cela signifie aussi qu'ils ont un gros paquet de travail sur d'autres fonctions plus prioritaires.
Enfin, Geoportail est un outil au service des gestionnaires du territoire. Exemple : un plan d'exposition au bruit
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Peut-être avaient-ils peur d'une surcharge de leur service? Dans ce cas, pourquoi ne pas s'expliquer franchement? Nous sommes entre gens de bonne compagnie!
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