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Inégalités... et discrimination
- Loys
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Oui mais la confusion est celle de François Jarraud. Pour ma part, je distingue, suivant la méthodologie du CNESCO, ségrégation sociale et ségrégation scolaire (ie par le niveau scolaire) au début de l'article.archeboc écrit: Attention, "ségrégation scolaire" a deux sens : ici, il faut le comprendre comme la ségrégation entre les catégories sociales au sein de l'école.
Pour la scorie du CSP+ dans l'étude du CNESCO, je l'avais notée également. Précipitation ? A noter que cette étude est parue plus tôt qu'elle ne devait, en pleine polémique sur le collège. Va savoir pourquoi...
Pourtant, pour autant que je me souvienne, les deux ségrégations, sociale et scolaire, sont bien additionnées dans l'étude et jamais celle-ci n'étudie la relation qui unit l'une à l'autre. Or la scolarité ne commence pas au collège.archeboc écrit: Jamais ils ne disent que les deux "ségrégations" sont indépendantes. Comme dit plus haut, ce sont deux mesures d'un même phénomène. Ce qui est indépendant et qui s'additionne, c'est la ségrégation inter-établissement avec la ségrégation intra-établissement.
J'ai voulu attirer l'attention sur le choix de l'expression "les bons élèves"... qui exclut, par sa méthodologie (20% des élèves obtenant les meilleures notes), des élèves pourtant jugés bons au regard des résultats du brevet. L'étude ne devrait utiliser que l'expression "les meilleurs élèves".archeboc écrit:
Je ne comprends pas ta critique.Loys écrit: 3)[..] L’étude définit les « bons élèves » (appelés aussi « meilleurs élèves ») à partir des meilleurs résultats au brevet[6]. La conséquence de ce choix est que le niveau des élèves ainsi évalué est relatif, et non absolu : un élève n’est bon que s’il est meilleur.
Façon voilée surtout de critiquer la contradiction à utiliser le brevet comme indicateur de niveau... sans totalement lui faire confiance. Il faudrait que je reformule ce passage.
Je n'ai pas dit que ce n'était pas un bon indicateur, mais qu'il n'était pas suffisant. S'agissant de mixité, on ne considérerait pas identiques un établissement avec une forte proportion d'élèves en difficultés et un établissement avec une faible proportion d'élèves en difficultés. On ne réussit pas de la même manière dans une classe tirée vers le haut par de nombreux bons élèves... ou tirée vers le bas par de nombreux élèves en difficultés.archeboc écrit: Je commence par les CSP+ : ils sont généralement utilisés comme un bon indicateur de la mixité sociale : ce sont eux qui partent en premier. C'est un peu comme les canaries que les mineurs emportaient avec eux dans des cages pour détecter les gaz dangereux au fond de la mine. Par corrélation, je pense que les auteurs te répondraient que les "meilleurs élèves" sont eux-aussi un bon indicateur. Peut-être ont-ils fait une étude de sensibilité, accessible dans une publi scientifique. En tout cas, sur toute cette partie, je ne suis pas d'accord avec ta critique.
En tout cas, l'omission de toute considération sur la ségrégation sociale ou scolaire occasionnée par l'enseignement privé est une grave lacune, que rien ne peut excuser d'un point de vue scientifique.archeboc écrit: ]Cette étude est une "note préliminaire". Il y aura sûrement plus à manger plus tard, sans compter les articles scientifiques.
Les données sur l'enseignement privé (proportion de CSP+ ou de "meilleurs élèves") à tout le moins... Mais on pourrait ajouter bien d'autres choses, comme je le déplore dans l'article.archeboc écrit: En revanche, on pleurera sans doute longtemps pour avoir les données sur les CSP des parents d'élèves de chaque établissement, sur lesquelles travaillent Li & Riegert.
S'agissant de l'étude anglaise, que j'ai rapidement parcourue :
Je dis bien dans l'article que cette acception du terme "ségrégation" est sociologique (avec la définition). Et que ce terme est problématique puisque source de confusion lorsqu'il est utilisé hors du champ de la recherche.archeboc écrit: Modulo l'usage du terme ségrégation qui me gêne autant qu'il te gêne, mais dont l'usage est établi dans le monde de la recherche, la ségrégation scolaire est plus forte que la ségrégation résidentielle : c'est un résultat désormais établi par de nombreuses statistiques et plusieurs publications importantes.
Pour le reste, quel sens donnes-tu à "ségrégation scolaire" ici ? Peux-tu reformuler très explicitement ce que tu veux dire par "la ségrégation scolaire est plus forte que la ségrégation résidentielle" ?
Nous sommes d'accord que la ségrégation résidentielle est la première cause de ségrégation sociale (la seconde étant vraisemblablement l'enseignement privé) ? Et donc scolaire (au sens du niveau scolaire), indirectement ? Mon propos soulignait surtout la responsabilité limitée des établissements dans l'ensemble de la ségrégation (inter et intra-établissements).
Oui tu as raison de poser la question : il faudra que je le précise sur la graphique.archeboc écrit: Enfin, sur le diagramme en barre des 66 collèges de l'arrondissement de Nanterre, peux-tu me dire sur quel critère les collèges privés sont plutôt à droite et les collèges publics plutôt à gauche du schéma ? Ce point n'est pas clair.
Pour l'étude de cas, c'est de l'artisanal. Avec un simple tableur et un logiciel de graphisme : j'y ai passé du temps.archeboc écrit: Je rappelle, après toutes ces critiques, que je trouve ton article excellent. Comment as-tu fait l'étude de cas sur l'arrondissement de Nanterre ? Avec quel logiciels ? Quels données ?
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- Loys
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- considérer comme "bons" les 25% qui ont eu les meilleures notes laissent penser que les autres sont "mauvais", même si une grande majorité a obtenu son brevet. C'est en outre faire l'impasse sur un phénomène que bon nombres de collègues de 3e décrivent : les élèves qui ayant obtenu leur brevet par le seul contrôle continu ne se foulent pas pour réussir des épreuves finales qu'ils estiment sans enjeu.
Les meilleures notes au brevet mesurent alors moins un niveau scolaire qu'une stratégie sociale : par exemple la pression des parents qui veulent que leur enfant réussissent au brevet par principe, par émulation, pour montrer de quoi ils sont capables, etc. Dans ce sens, il y aura sans nul doute corrélation avec la répartition par CSP+, ce qui fait que la mesure des ségrégations scolaires et sociales n'est pas indépendante l'une de l'autre.
De ce fait, il aurait été beaucoup plus intéressant d'étudier la répartition des élèves n'ayant pas obtenu leur brevet et voir s'ils se concentrent ou non dans les mêmes établissements et les mêmes classes..
- l'autre point - d'ailleurs soulevé dans l'étude - est de mesurer un parcours (l'étude a suivi la cohorte entrée en 6e en 2007) à partir d'une mesure fixe. Pour être plus clair, il faut bien comprendre (c'est pas forcément évident si on n'y fait pas attention) que la ségrégation dans les classes de 6e a été mesurée par leur réussite au brevet 4 ans plus tard. Cela postule une fixité des niveaux scolaires qui devrait être démontrée et qui surtout, si elle existe, n'est pas non plus indépendante des situations sociales.
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Dans le "Café pédagogique" du 25/08/15 : "Des charters schools à la française ?"
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Le truc a été fait à la va-vite et n'est pas du tout fouillé. On y trouve les poncifs habituels et notamment les attaques récurrentes et insidieuses sur les enseignants eux-mêmes...
"les deux tiers des enfants d'enseignants ou de cadres obtiennent un diplôme supérieur contre seulement 12% d'enfants d'ouvriers non qualifiés" (je reviens plus bas sur ce point).
"à commencer par les enseignants, deux fois plus nombreux à scolariser leurs enfants dans un collège public autre que celui de leur secteur"
""les bonnes raisons" qu'ont les familles de fuir certains établissements, ceux ou pas un enseignant n'imaginerait scolariser son enfant".
J'aimerai bien savoir d'où viennent les chiffres sur la scolarisation des enfants d'enseignant. Je ne conteste pas la réalité de la pratique mais je pense que les raisons sont bien plus équivoques que l'évitement social. Ainsi la volonté de mettre son enfant dans un collège non-sectorisé peut aussi relever de raisons pratiques. Ensuite si des enseignants "fuient" leur collège de secteur, c'est au moins qu'ils vivent dans ce secteur... voire y travaillent.
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Une note de la DEPP (n°25, août 2015) : "Acquis des élèves au collège : les écarts se renforcent entre la sixième et la troisième en fonction de l'origine sociale et culturelle"
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Dans "Le Figaro" : www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/08...ecarts-scolaires.php
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- Loys
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On peut conclure, comme fait le ministère, qu'il faut réformer le collège... ou au contraire que c'est déjà trop tard. Si la réforme n'est pas efficace (comme on peut le craindre) pour les élèves les plus en difficultés, les écarts se creuseront encore davantage....le niveau de l’élève à l’entrée au collège reste un élément décisif, ce qui signifie que l’avenir scolaire de l’enfant est fortement déterminé dès la sixième.
C'est-à-dire qu'il n'y a pas UN collège, mais deux types de collèges : le public et le privé (plus d'un élève sur cinq), qui recrute sur dossier scolaire. Mais curieusement la note n'en parle pas. Pourtant la ségrégation est encore plus marquée au collège qu'en primaire....le collège ne parvient pas à atténuer les inégalités sociales
Rien d'étonnant sur l'importance déterminante des habitudes de lecture : www.laviemoderne.net/veille/les-nouveaux...nesse?start=60#14478
Mais fournir des produits de divertissement comme les tablettes ne produira pas les mêmes résultats.À l’inverse, le temps passé devant la télévision est lié négativement à la réussite, les perfor- mances des élèves déclinant à mesure que la fréquence d’écoute augmente.
Sur la mémoire encyclopédique, cette remarque frappante :
Des écarts faciles à rattraper !Le recouvrement partiel des deux distributions de scores indique que plus d’un quart des élèves de sixième maîtrise déjà le vocabulaire scolaire qu'un tiers des élèves de troisième est seulement en voie d'acquérir.
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www.cnesco.fr/rentree-2015-comment-les-c...les-ete-constituees/84 % des chefs d’établissement jugent que les classes de niveau ne sont pas pertinentes.
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- Dans "L'Humanité" du 27/08/15 : "Les enseignants sont comme écrasés par l'imaginaire d'un âge d'or"
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- Dans "Libération" du 30/08/15 : "François Dubet «Ce sont ceux qui tirent parti des inégalités qui résistent au changement»" (abonnés)
- Sur "France Inter" dans "Le Téléphone sonne" du 31/08/15 : "Doit-on changer l'école ?"
- Dans "Telerama" du 31/08/15 : "Ecole : ma mixité va craquer"
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- Dans "Les Echos" du 1/09/15 par Daniel Fortin : "Mais non, mais non, l'école n'est pas finie"
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- Sur "France Culture" du 6/09/15 : débat "La politique peut-elle changer l'école?"
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