L'anglais à l'université
En revanche, en ce qui concerne la langue française, il me semble que l'on prend le problème à l'envers. On se met sur la défensive et l'on considère qu'il s'agit d'une langue à sauver, en édictant diverses prohibitions, dont certaines gênent d'autres activités. Ce qui est naturellement attractif n'a pas besoin d'être défendu ; les gens y viennent naturellement.
Vous avez sans doute lu sur mon blog la façon dont on traite les étrangers qui viennent étudier ou être chercheurs en France, et encore ils sont privilégiés par rapport à d'autres corps de métier. Croyez-vous que cela fasse une bonne publicité pour notre pays et sa culture? Nous avons dans le monde une image de pays bureaucratique, hostile aux étrangers, et arc-bouté sur des problématiques délirantes (cf les articles inappliqués, car inapplicables, de la loi Toubon sur les colloques).
Vous voulez que plus de gens apprennent le français et viennent étudier en français en France? La meilleure façon n'est pas d'interdire les thèses en anglais, car un étranger qui apprend le français en plus de faire une thèse de sciences n'a pas forcément le niveau pour écrire un document de 100, 200, 300 pages dans cette langue. La meilleure façon est d'avoir un système lisible et compréhensible, des services administratifs courtois (et qui parlent un minimum anglais, car, encore une fois, parler un peu français ne vous prépare pas à régler des problèmes compliqués), et des procédures simples et compréhensibles.
Ça, c'est aller de l'avant, par opposition à mener un combat d'arrière-garde. Je ne cède pas au défaitisme, au contraire : je propose une sortie par le haut.
Quant à la place du français... vous lisez la grande presse américaine, moi j'ai travaillé aux États-Unis et j'y passe régulièrement. Je connais en tout et pour tout 3 chercheurs américains capables de soutenir une conversation en français; et convenez que l'on prend là la portion la plus éduquée et ouverte au monde de la population. Quant au Royaume-Uni, j'y connais en tout et pour tout 1 chercheur capable de soutenir une conversation en français. Bien plus nombreux sont ceux qui ont étudié le français à l'école et n'en ont rien retiré.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
Vous pourriez aussi mentionner le rayonnement considérable de la langue (et de la culture) d'Oc au Moyen-Age (appelée "Limousin" à l'époque) qui était connue/parlée dans toutes les cours d'Europe y-compris en Angleterre à une époque où l'anglais n'existait pas encore. Il y a probablement eu une composante économique à l'origine de cet essor mais absolument pas militaire (au contraire du français au 19ème siècle), cela a été une influence purement culturelle qui a façonné notre vision de la société jusqu'à aujourd'hui. Les humanistes ont puisé massivement dans cette langue pour "latiniser" le français, et Dante rêvait de donner à sa langue le même prestige (il y a quelques strophes en Occitan dans son "Enfer").Loys écrit: Mais on peut quand même retenir un élément historique : si le latin s'est imposé du fait de l'impérialisme romain, une immense partie de l'empire a continué à parler couramment pendant des siècles la langue d'un monde politiquement disparu, le monde grec.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18196
Bien sûr, mais vous ne me ferez pas croire que vous ferez venir au français des chercheurs étrangers si toutes nos publications sont en anglais.DM écrit: En revanche, en ce qui concerne la langue française, il me semble que l'on prend le problème à l'envers. On se met sur la défensive et l'on considère qu'il s'agit d'une langue à sauver, en édictant diverses prohibitions, dont certaines gênent d'autres activités. Ce qui est naturellement attractif n'a pas besoin d'être défendu ; les gens y viennent naturellement.
Pour que quelque chose soit attractif, encore faut-il qu'il existe.
Qu'un chercheur étranger en France publie en anglais n'est pas choquant, même si on pourrait souhaiter une double publication. C'est quand un chercheur français publie exclusivement en anglais et que ses collègues français doivent consulter en anglais le compte-rendu de ses recherches qu'on peut s'inquiéter.Vous avez sans doute lu sur mon blog la façon dont on traite les étrangers qui viennent étudier ou être chercheurs en France, et encore ils sont privilégiés par rapport à d'autres corps de métier. Croyez-vous que cela fasse une bonne publicité pour notre pays et sa culture? Nous avons dans le monde une image de pays bureaucratique, hostile aux étrangers, et arc-bouté sur des problématiques délirantes (cf les articles inappliqués, car inapplicables, de la loi Toubon sur les colloques).
Vous voulez que plus de gens apprennent le français et viennent étudier en français en France? La meilleure façon n'est pas d'interdire les thèses en anglais, car un étranger qui apprend le français en plus de faire une thèse de sciences n'a pas forcément le niveau pour écrire un document de 100, 200, 300 pages dans cette langue. La meilleure façon est d'avoir un système lisible et compréhensible, des services administratifs courtois (et qui parlent un minimum anglais, car, encore une fois, parler un peu français ne vous prépare pas à régler des problèmes compliqués), et des procédures simples et compréhensibles.
Proposer des stages de français intensif aux chercheurs étrangers et inciter à la publication dans les deux langues, voilà, avec vos propositions, qui me paraît de nature à inverser la tendance.
Bien sûr : quel intérêt d'apprendre une langue étrangère quand le reste du monde parle la vôtre ? L'étude de "Slate" citée plus haut montre que les petits Anglais sont encore plus mauvais en français que nous ne le sommes en anglais. Mais - effectivement - ça n'inquiète personne...Quant à la place du français... vous lisez la grande presse américaine, moi j'ai travaillé aux États-Unis et j'y passe régulièrement. Je connais en tout et pour tout 3 chercheurs américains capables de soutenir une conversation en français; et convenez que l'on prend là la portion la plus éduquée et ouverte au monde de la population. Quant au Royaume-Uni, j'y connais en tout et pour tout 1 chercheur capable de soutenir une conversation en français. Bien plus nombreux sont ceux qui ont étudié le français à l'école et n'en ont rien retiré.
Inversement, la maîtrise de l'anglais est une évidence économique dans les pays linguistiquement isolés, comme la Finlande ou la Suède : faut-il s'étonner des bons résultats de ces pays dans les comparaisons internationales ?
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Anonymous
Wikibuster écrit: Et ne croyez-vous pas que votre requête sur l'omni-présence de Wikipédia devrait plutôt être adressée à Google ?
À ma connaissance, ce n'est pas Google qui pollue les discussions de ce forum en faisant une fixette sur Wikipédia et en faisant du hors-sujet. Dernière intervention de ma part concernant ceci.
On peut aussi prendre le problème dans l'autre sens et dire qu'un français n'a pas forcement le niveau pour écrire un document d'une telle longueur en anglais.DM écrit: La meilleure façon n'est pas d'interdire les thèses en anglais, car un étranger qui apprend le français en plus de faire une thèse de sciences n'a pas forcément le niveau pour écrire un document de 100, 200, 300 pages dans cette langue.
Imposer le français d'office n'est certes pas la meilleure solution, mais je ne pense pas qu'il soit normal qu'un étranger passe plusieurs années en France pour y faire des recherches et qu'il ne soit toujours pas capable à terme de maîtriser la langue. Un peu comme si les étudiants qui faisaient leurs études à l'étranger revenaient sans maîtriser la langue du pays dans lequel ils ont vécu pendant plusieurs années.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
Si je recherche cryptographie et que Google m'envoie sur un article merdique de Wikipédia c'est normal que je le signale.Juraastro écrit: À ma connaissance, ce n'est pas Google qui pollue les discussions de ce forum en faisant une fixette sur Wikipédia et en faisant du hors-sujet. Dernière intervention de ma part concernant ceci.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Anonymous
Non, le sujet de cette discussion n'est pas la cryptographie et encore moins Wikipédia. Merci de cesser d'utiliser les sujets de ce forum pour faire votre croisade anti-Wikipédia, votre blog est il me semble le lieu tout à fait approprié pour ça. Vos interventions à propos de Wikipédia sur ce sujet sont malvenues et inutiles, vous ne faîtes pas avancer la discussion.Wikibuster écrit: Si je recherche cryptographie et que Google m'envoie sur un article merdique de Wikipédia c'est normal que je le signale.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18196
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Anonymous
Le souci actuel est qu'il y a le mythe que les grands scientifiques capables d'évaluer les autres se trouvent aux US (ce qui n'est partiellement vrai quand on voit que les grandes revues scientifiques comme Nature ou Science sont américaines), donc il faut être compris par les américains pour obtenir la consécration et être évalué. En tant que langue internationale, l'anglais a une dominance quasi-absolue dans les sciences, car il peut être lu par n'importe qui. Il serait intéressant de voir si des finnois ou des polonais publient leurs articles scientifiques en anglais et dans dans leur langue maternelle ou juste en anglais.Loys écrit: Qu'un chercheur étranger en France publie en anglais n'est pas choquant, même si on pourrait souhaiter une double publication. C'est quand un chercheur français publie exclusivement en anglais et que ses collègues français doivent consulter en anglais le compte-rendu de ses recherches qu'on peut s'inquiéter.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
Il y a pourtant un lien évident dans l'attitude de certains vis à vis de l'anglais et... d'autres sujets : il faut accompagner le mouvement, il ne faut pas être passéiste, il faut être positif, il faut dépasser les frontières anciennes et accepter les pratiques émergentes, il faut "partager", et à quoi bon les lois quand il est si simple de faire confiance au progrès...Loys écrit: Revenons effectivement à la question de l'anglais.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
Je crois que certains n'ont pas réalisé que le français n'est pas une langue populaire, c'est une langue politique, liée à l'Etat français monarchique puis relayé récemment par la République. Le jour ou l'Etat n'impose plus le français autoritairement comme depuis 1 siècle, cette langue est finie. Moi si ça donne la moindre chance aux langue régionales de survivre je vote pour !Juraastro écrit: Il serait intéressant de voir si des finnois ou des polonais publient leurs articles scientifiques en anglais et dans dans leur langue maternelle ou juste en anglais.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.