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Autorité et discipline à l'école
- Loys
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Les incidents progressent significativement en primaire et au collège.
Dans les collèges, le taux d'accidents graves est de 15,8 incidents pour 1 000 élèves [13,5 en 2021-22 soit +17%]
Dans les collèges et les lycées, 69 % des incidents graves commis par un élève ou un groupe d’élèves font l’objet d’une exclusion temporaire et 39 % d’un conseil de discipline ou d’une commission éducative.
Réaction d'un cadre de l'Education nationale ? Les professeurs doivent changer leur façon d'enseigner.
Dans une autre note n°24.03 : www.education.gouv.fr/bien-etre-au-trava...ables-en-2023-380559
Note moyenne des enseignants du second degré quand on leur demande
- s'ils ont le sentiment d'avoir le soutien de leur hiérarchie : 6/10
- s'ils ont le sentiment d'être respectés par les élèves : 7/10.
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La vie scolaire est un des piliers du fonctionnement des établissements du second degré. Le Conseiller Principal d’Éducation est souvent le lien entre élèves, familles et enseignant·es. Aujourd’hui, Nicolas Grannec* évoque un incident entre un élève et un enseignant et le rôle qu’il a eu à y jouer.
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Description générée automatiquementIl y a quelques jours, je me suis violemment accroché avec un collègue enseignant. Je me trouvai alors dans mon bureau et je m’apprêtai à me rendre à un rendez-vous extérieur. Comme cela arrive régulièrement avec les collègues qui estiment que nous devons être à leur service, même si nous sommes occupés à une tâche, il commence à me parler d’une élève de quatrième qu’il n’avait pas voulu accepter dans son cours à la suite d’un précédent incident. Je lui précise immédiatement ne pas avoir le temps d’en parler avec lui. Il insiste et j’ai vraiment le sentiment que je dois me mettre à sa disposition pour qu’il puisse déverser sa colère. Il enchaîne en me montrant la lettre d’excuse remise par un élève de cinquième qui lui avait fortement manqué de respect quelques jours auparavant. Celui-ci avait, d’ailleurs, été sévèrement sanctionné pour cet incident. Le professeur me dit ne pas être satisfait des excuses formulées et qu’il ne les accepte pas.
Cette lettre m’avait été remise par l’élève qui avait pris le soin de la mettre sous enveloppe au nom de l’enseignant. C’est son père qui l’a aidé à la rédiger. Je l’ai su par son éducatrice. Ce jeune, comme beaucoup d’élèves qui fréquentent le collège, connaît un parcours de vie compliqué. Il est suivi par l’aide sociale à l’enfance et a souvent été balloté entre son papa et sa maman, avec quelques passages dans des foyers. Il relève de l’ITEP (Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique). Un dossier est en train d’être constitué. Ce jeune ne parvient pas à maîtriser ses émotions. Lorsque la colère le saisit, il se laisse envahir et il déverse une logorrhée très fleurie sur la personne qui lui fait face. Il adopte déjà des attitudes, des postures corporelles et un langage issu de la « culture des rues » comme beaucoup d’adolescents de son âge. Cette fascination pour ces codes issus des quartiers défavorisés n’est pas un phénomène nouveau. Dans son livre Microcosme juvénile. Sociabilité adolescente, Pierre Escofet explique : « Par l’opération d’une mimèsis, ces corps empruntent l’essentiel de leurs patrons expressifs et les atours symboliques – le plus souvent agonistiques- qui s’y rattachent aux sociabilités elles-mêmes stylisées des jeunes issus des quartiers défavorisés de l’hexagone ou ceux des ghettos des grandes villes de « l’inner city » américaines. Ces deux références, comme cas particulier du possible de la culture des rues, jouissent d’un tel prestige qu’elles se cristallisent jusque dans les usages juvéniles des corps » (Infolio, 2011, p. 58).
Ce jeune a trouvé une place au sein d’une petite bande qui s’amuse à défier l’autorité des adultes et à créer du désordre, notamment au moment des récréations. L’appartenance à cette bande lui offre tout ce qu’il lui manque dans son existence de collégien : une reconnaissance, de l’estime de soi, du pouvoir et une réputation. C’est d’ailleurs souvent au moment du collège que les bandes se forment, comme le rappelle Thomas Sauvadet : « Les bandes se forment dans la rue mais aussi dans les établissements scolaires, notamment dans les collèges comme l’a montré l’enquête de Benjamin Moignard, période durant laquelle le tri scolaire dévoile sa logique de classe. Difficultés et échecs scolaires rassemblent les (futurs) membres des « noyaux durs » dans les « mauvaises classes » et les unissent dans une culture antisolaire, anti-institutionnelle, anti-intellectuelle, dans la détestation du bon élève, du “bouffon”, du “bolos” » (Voyoucratie et travail social. Enquêtes dans les quartiers, Editions du Croquant, 2023, p. 33). C’est justement avec sa petite bande que l’incident a eu lieu. Le professeur a surpris un groupe de quelques élèves à courir dans les couloirs et une violente altercation s’en est suivie.
À la suite du rapport de l’enseignant, le chef d’établissement et moi-même avons reçu ce jeune accompagné de son père et de son éducatrice. Le père ne remet pas en cause le rapport de l’enseignant, mais signale avec ses mots que son fils est stigmatisé par certains de ses professeurs et qu’il se sent donc rejeté. Il souligne aussi les difficultés scolaires de son fils qui n’arrive pas à suivre les cours. Il précise qu’il vient de le récupérer, et qu’il essaie tant bien que mal de le cadrer, mais nous demande du temps pour que cela puisse avoir un effet. L’éducatrice présente lors de l’entretien me signalera, par la suite, qu’effectivement, ce papa, malgré ses difficultés, sait trouver les bons mots pour faire réfléchir son fils. Outre la sanction lourde prononcée, il est décidé lors de cet entretien que ce jeune devra rédiger une lettre d’excuse pour l’enseignant victime de ses paroles blessantes. Le papa s’y engage.
Lorsque je vois le professeur me tendre cette lettre avec mépris, je ressens une profonde injustice, car je sais que le papa a aidé son fils à l’écrire et que ce mépris ne touche pas seulement ce jeune, elle touche aussi ce père. J’y vois là une violence institutionnelle qui me heurte au plus haut point. Le discours de l’enseignant est particulièrement violent et il nie complètement les difficultés sociales et comportementales de ce jeune. Il me précise, d’ailleurs, qu’il n’a pas à accepter en classe un élève qui relève d’une structure particulière comme un ITEP. Il y a une réelle volonté chez lui de rejeter ce jeune du collège, car il n’y aurait pas sa place et exercerait, en plus, une très mauvaise influence sur le reste de sa classe.
De mon côté, je lui déclare qu’à mon sens, il s’agit bien d’une lettre d’excuse, même si celle-ci ne correspond pas à ses attentes. J’ajoute que refuser et dénigrer cette lettre revient aussi à disqualifier ce père dans son rôle d’éducateur. La discussion se termine par des généralisations de sa part sur le manque d’autorité et le désordre qui seraient permanents au sein de cet établissement scolaire. Si je peux comprendre le ras-le-bol de certains professeurs quant à leurs conditions de travail, je m’inquiète de la prégnance de ce type de discours, proche de celui de l’extrême droite, comme le montre très bien Grégory Chambat dans son essai, quand l’extrême droite rêve de faire école. Une bataille culturelle et sociale. Il démontre parfaitement la manière dont l’extrême droite a réussi à construire et à diffuser un discours critique sur le système éducatif repris régulièrement dans l’opinion publique et par certains professeurs. On y retrouve l’idée d’un manque d’autorité et d’une jeunesse qu’il faudrait mettre au pas. La jeunesse populaire est particulièrement ciblée : « Le programme éducatif des extrêmes droites repose d’abord et avant tout sur une politique d’exclusion et de stigmatisation de la jeunesse populaire, qualifiée de “crétine” dans un pamphlet à succès signé Jean-Paul Brighelli (…). C’est aussi l’acharnement contre les familles forcément qualifiées de “démissionnaires” qu’il convient de rééduquer et de sanctionner (…). Il s’agit d’établir une saine sélection et de remettre chacun et chacune à sa “juste” place » (Quand l’extrême droite rêve de faire école. Une bataille culturelle et sociale, Editions du Croquant, 2023, p. 69). Dans le discours de cet enseignant, transparaît bien cette idée d’une jeunesse populaire qui n’aurait pas sa place dans le système scolaire. De manière insidieuse se cache ici le recours à un tri social qui devrait se faire plus précocement pour ne pas gêner les élèves qui méritent de réussir. Si je ne nie pas les difficultés que pose ce jeune, je ne peux me résoudre à cette idée qu’il faudrait l’exclure du système, dans la mesure où il constituerait une menace pour l’ordre établi. Notre rôle n’est-il pas de l’aider à s’accrocher à son parcours scolaire pour lui permettre de construire un futur ? Au lieu de l’exclure scolairement et socialement, ne faudrait-il pas réfléchir collectivement à des solutions pour le maintenir ? Sanctionner et exclure prennent beaucoup moins de temps et d’énergie que de se poser et de réfléchir à un type de pédagogie adaptée à cet enfant qui a le droit, comme tous les autres, à une éducation.
Nicolas Grannec
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- Loys
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Exemples de réponses :J’ai de plus en plus d’élèves qui, dès la 6eme me répondent « oui mais … » quand je leur fais une remarque. C’est insupportable. Où est l’éducation ? On ne répond pas à un professeur, point barre non ? Je suis vieux jeu ?
Il est essentiel de rappeler aux enfants qu'il n'y a pas de mauvaise question, c'est le fondement du bon management. De plus, lorsqu'un enfant s'interroge sur des explications ou des formules, cela devrait attirer votre attention. Cela montre qu'ils sont vifs d'esprit et cherchent simplement à être stimulés ou convaincus. C'est votre rôle de les accompagner dans leur démarche. [...] Je ne suis ni une IA ni une extraterrestre, mais une mère éduquant deux enfants, veillant à ce que leurs questions trouvent des réponses sans qu'ils soient étiquetés comme perturbateurs ou impertinents. Et nous traversons tous des difficultés dans nos carrières, y compris dans le domaine de l'enseignement. La soumission n'est pas la solution; nous pouvons tous nous entraider et vous soutenir dans vos luttes si vous êtes prêts à écouter des points de vue différents !
Mathias Peyre (@LESTUDIOMATHIAS)
Sauf quand il s’agit d’une situation injuste, l’élève peut ainsi dire « oui mais… » pour sa défenses, et ainsi on doit l’écouter. C’est sa seule façon de se défendre. Beaucoup trop de prof créer des situations injustes envers des élèves et ceux-là ne les écoutent pas pour leurs défenses. Ainsi ils sont punis injustement. Je sais ce que je dis, ayant travaillé et ayant été élève aussi, j’ai vu et vécu ces situations là. Et bien sûr personne n’en parle de ces enseignants qui adorent discriminer certains élèves. Soit parce qu’ils ne les aiment pas ou bien qu’ils ont un handicap, que ce soit visible ou invisible comme la dyslexie. Donc oui pour moi un élève peut se permettre de se défendre envers un enseignant dans une situation injuste, sauf quand il est en tort. Tout le monde a le droit de se défendre, y compris un élève. [...] Réveillez vous, on est plus dans l’ancienne époque. Les élèves ont plus de droits de nos jours, même s’ils doivent respecter la charte des règles de vie de l’école. Laissez un élève sans se défendre face à un enseignant qui le rabaisse dans une situation injuste, oui l’élève doit en parler à ses parents mais peut très clairement et il en a le droit (liberté d’expression) de se défendre et de dire son désaccord à cette situation.
Zgulp (@zgulp)
L’école est censée développer l’esprit critique d’un enfant et l’accompagner dans son émancipation. Le « oui mais » est plutôt intéressant est provoque un débat, je n’ai pas le contexte, j’en conviens, mais je ne partage pas cette vision autoritaire de l’école. @Oyoj_ C'est normal... Ça s'interroge. Vous voulez inculquer, certain veulent comprendre. Répondez au prof, posez des milliers de questions pour avoir les réponses à vos interrogations! Ne soyez pas toujours d'accord. Amenez dans l'équation vos dernières apprentissage que vos profs ne connaissent peut-être pas encore. Bref ça fait avancer.
@Eve_Piper
Le but de l'éducation est de développer l'esprit critique pas de créer des paillassons dociles
@ChaykaHackso
Oui mais ça peut être bienvenue aussi, non? Qu'un enfant interroge par exemple le pourquoi d'une consigne, d'une information, interpelle son enseignant pour échanger là dessus, car cela n'est peut-être pas si évident, peut être sujet à développer. @lilidalbanie Prof d’anglais, changez de metier si vous ne savez pas le sens et le besoin du oui mais chez les enfants et les ados! Cela ne date pas d’aujourd’hui donc vous n’avez aucune excuse a votre ignorance du développement des enfants qui ont le malheur de vous avoir comme prof!
@Ginkotlet
Ben pourquoi on répond pas à un professeur ? Vraie question parce que ça a pas trop de sens de pas répondre à qqn qui s'adresse à nous, d'autant + si c'est pour justifier un truc qui nous semble injuste ? Sinon ça relève + de la soumission que de la bonne éducation non ?
@nicofrom972
Si vous partez du principe que vous avez toujours raison oui, vous êtes vieux jeu. Je préfère des gosses qui se rebellent un peu et quand il faut que des esprits faibles qui ne font que ce qu'on leur dit. Ceux là ne donnent jamais rien de bon.
@soirsbleusdete
Je peux comprendre que ce soit agaçant quand c’est perpétuel, surtout si c’est de mauvaise foi, mais je trouve que le ‘on ne répond pas à un professeur’ est complètement dépassé. En vertu de quoi ne pourrait-on pas apporter de la contradiction/nuance/se justifier face à un prof ?
@AminaW121247
Le système doit évoluer, faut arrêter de mettre le professeur en place centrale avec tout les droits et où l'on pense que ce qu'il dit est forcément vérité. Quel mal y a t-il pour un élève de se poser des questions sur ce qu'on lui dit, d'engager un dialogue, débat.. @BibiLaDiva1 Ben désolé, mais les profs aussi peuvent se tromper. Et c'est difficile de leur apprendre l'esprit critique en leur demandant de fermer leur bouche devant "l'autorité". Faudra pas se plaindre qu'ils gobent tout ce qu'ils lisent sur le net après @mado1406 Et on se demande pourquoi le niveau de nos enfant dégringole ! C'est par la liberté d'expression qu'on développe l'esprit critique et non pas en muselant
@Steeve_off
Donc si je comprend bien avec toi les élèves doivent se la fermer et écouter... sympa tes cours dit donc. Alors oui ils doivent respecter l'adulte mais on le droit à la parole et l'écoute quand même! Ça va dans les 2 sens. Et l'échange est constructif pour meilleure compréhension
ad lib.
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- Loys
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Le 12/04/24 "M6" a publié sur Twitter (avant de le dépublier) un extrait (3'30) de sa série de reportages "Au coeur du collège" diffusés à partir du 21/04/24.
La scène, qui se passe dans un collège de l'éducation prioritaire, est révélatrice d'une certaine conception de l'autorité et de la gestion de classe (même s'il ne faut jamais oublier la difficulté à enseigner dans les établissements difficiles, même dans une classe à effectifs réduits).
Après la classe, la professeur théorise sa (non) gestion de classe, et même devant la classe en s'adressant ainsi à l'élève harcelée : "Il est nécessaire que tu comprennes que ce n'est pas nécessaire de réagir". L'élève, face en effet à l'absence de réaction de sa professeur, fait preuve de bon sens : "Bah si je dois réagir".
Le professeur répète ensuite les éléments serinés en formation (voir tout au long de ce fil ouvert il y a des années) :
Dans des situations de harcèlement ouvert, le "dialogue" n'est pas une option (et a fortiori le seul dialogue avec la victime de harcèlement devant la classe).Quand il y a des problèmes de comportement, bien sûr je sévis s'il est nécessaire de sévir. Mais j'ai toujours mis en place un dialogue avec les élèves. C'est très important, la communication, tout le temps, toujours.
Et à l'évidence notre collègue ne sévit ici que contre la victime du harcèlement : quand l'élève harceleur répète des invectives ("dog dog", "doug doug", "chien chien", "tu es cringe", "dog dog", "allez viens mon dog dog", "aigri", aigri") ou éclate de rire, rien. Quand l'élève harcelée désigne son harceleur, la professeur lui demande le silence ("hep, hep, hep") et, quand l'élève harcelée doit monter le ton pour être entendue ("ta gueule"), c'est elle qui est exclue.
Le monde à l'envers en somme.
On entend même un élève formuler l'évidence : "Mais, Madame, elle part vite parce que vous êtes trop gentille avec..." L'élève est interrompu par le regard noir de sa professeur.
Pire : l'élève harceleur peut s'étonner, après l'exclusion, que la professeur ("et au final qui est-ce qui est sanctionné ?") désigne la victime du harcèlement au lieu du harceleur.
Dans cette conception censément progressiste de l'autorité, le harcèlement prospère.
L'élève harceleur, avec d'autres, a parfaitement saisi les enjeux, n'hésitant pas à renverser perversement les rôles ("Cest pas poli de montrer du doigt", "Je m'excuse, elle me dit ta gueule !"), à interrompre la prise de parole du professeur ou à faire suivre ses invectives répétées et ses railleries ouvertes par des excuses non demandées et factices, dont l'élève harcelée n'est pas dupe. Il se montre même insolent après l'exclusion ("Tu n'as pas l'impression que tu l'as bien cherchée, là, quand même ? - Non.").
* * *
Face à cet échec reconnue par l'enseignante elle-même en fin de séquence, il suffisait de reconnaître des erreurs d'appréciation : personne n'est parfait face à une classe.
Mais, sur Twitter , une collègue de lettres, secrétaire générale académique et militante des "Cahiers pédagogiques", défend vivement cette absence de réaction de notre collègue dans le reportage et en fait même un modèle. Une défense d'autant plus intéressante, donc, qu'elle révèle une conception de l'autorité expliquant bien des déshérences dans l'école actuelle, dont cet extrait ne donne qu'un aperçu.
Justification qui mérite quelques commentaires :
L'alternative, selon Véronique Baslé, serait donc exclure la victime du harcèlement ou bien gifler le harceleur. L'absence de réaction juste serait la preuve du "calme" et de la "patience" .Bcp de gens glosent sur son laxisme, le relient avec le harcèlement. Mais que diraient ces mêmes gens si la collègue insultaient ou giflaient ce jeune ?
Ici, c'est surtout la victime de harcèlement qui est calme, mais perd précisément son calme à cause de l'absence de réaction de la professeur qui laisse la situation dégénérer.
Spéculation qui transforme un harceleur de fait en victime possible de harcèlement, justifiant par là-même de laisser faire des actes de harcèlement, et qui oublie au passage que les garçon sont trois à pratiquer le harcèlement groupé ici.Il est horripilant dans cette séquence mais peut-être que cette "tête à claque" est lui-même ou a lui-même subi des moqueries ?
Et voilà précisément ce qui est terrifiant pour un (et donc plusieurs) professionnels de l'enseignement.A-t-elle raison de sortir la jeune fille et pas le garçon ? Je n'en sais fichtre rien
Nouveau confusionnisme de la pensée faussement complexe. Ici le harcèlement est sous les yeux de tous : à plusieurs, et à plusieurs reprises. Il est d'ailleurs reconnu par la professeur elle-même ("je comprends que tu sois embêtée", "Laissez-la tranquille", "R***, arrête de la chercher", "j'aimerais que vous arrêtiez de la chercher").Parfois on sent des trucs qui se passent, un sourire en coin entre deux élèves juste quand on se retourne, c'est fugace, une même parole peut s'interpréter différemment et les champion•nes de la provoc que peuvent être des ados s'y entendent très bien quand il s'agit de nier l'insolence avec une mauvaise foi absolue.
Spéculation de nouveau : l'élève qui réagit "de façon agressive" est envoyée à la vie scolaire "pour redescendre en pression" et le discours tenu à la classe après l'exclusion n'envisage pas de sanction pour le principal harceleur et accuse la seule élève harcelée ("Vous savez comment est D. de caractère, qu'elle part très très vite"). "Et au final qui-est-ce qui est sanctionné ?" demande la professeur, qui apporte la réponse : "surtout D" (l'élève harcelée) même si à la fin les trois élèves harceleurs se voient demander d'"aller voir la CPE".Qui dit que ce n'est pas le garçon qui au final a pris une retenue et la fille juste être sortie de là pour ne plus subir les moqueries ?
Ce qui est terrifiant, c'est l'aveu qu'il faille sortir un élève de la classe pour qu'il ne subisse plus les moqueries.
Ici est donc justifié le renoncement à exercer l'autorité, avec des arguments qui laissent pantois puisque le harcèlement est répété et public ou qu'une exclusion ne relève pas d'une "confrontation", au nom de la préservation de "l'énergie" ? Au demeurant, dans cette séquence, beaucoup d'énergie pour prendre, à la fin et trop tard, une mauvaise décision.Et si après avoir vertement enguirlandé le garçon, été à la confrontation stérile avec lui (le jeu de la mauvaise foi, j'ai rien dit m'dame, c'est l'autre qui monte dans les tours pourquoi vous vous en prenez toujours à moi etc, qui vous pompe une énergie folle et peut vous faire sortir de vos gonds) le gars s'était vengé de la fille à la récré suivante ?
Pire : le renoncement à l'autorité en classe est justifié par l'effondrement de l'autorité en dehors de la classe (avec une nouvelle spéculation).
Au fond, c'est la peur qui semble justifier l'absence de réaction.
Le renoncement à l'autorité est même théorisé ici.Je signale au passage que la méthode pHARe consiste précisément à faire changer d'attitude le présumé harceleur en ne punissant pas dans un premier temps mais en lui faisant prendre conscience de la gravité de ses actions tout en lui montrant qu'on n'est pas dupe.
Le harceleur devient "le présumé harceleur", et tant pis pour les faits de harcèlement que toute la classe avec la professeur a pu constater.
On se demande où est le "changement d'attitude" à espérer ici...
L'inaction justifiée par "la flemme", il fallait oser. Flemme de faire un plan de classe, flemme de se confronter au harceleur (mais pas à l'élève harcelée). Mme Baslé se revendique "féministe" mais difficile de le croire dans cet exemple.Il est facile de se dire en revoyant les images que le gars ne devrait pas se trouver au fond adossé sur le mur, avec ses copains en ligne de mire mais devant face à la prof - en même temps que celui ou celle qui n'a jamais eu la flemme de faire un plan de classe jette la première pierre
La recherche d'une punition éventuelle, c'est après l'exclusion : la priorité est au bon déroulement du cours et au respect des élèves. Une exclusion sans attendre pour insultes répétées ("dog dog", "doug doug", "chien chien", "tu es cringe", "dog dog", "allez viens mon dog dog", "aigri") ou insolence ("il y a aucune preuve" et éclats de rires) suffisait et permettait à la situation de s'envenimer.facile aussi de dire qu'aurait suffi un bon "machin, ça commence à bien faire" sourcils froncés, silence à l'appui, puis face à l'inévitable "mais m'dame etc" la même phrase répétée en détachant les syllabes (inutile d'en rajouter, on se noie dans des menaces néfastes, quand on menace, c'est comme au poker, si on bluffe trop et qu'on n'a pas de jeu, on court des risques, quand on menace, il faut être prêt à faire ce qu'on dit. Mais là encore micro décision, en forme, face à une classe pas trop agitée, c'est pas le cinquième incident en 10 mn. Et puis si on l'a déjà fait le "ça commence à bien faire" et que malgré tout ça n'a pas pris, il faut cette fois chercher vite une menace de punition réalisable.
Au demeurant, les injonctions non suivies ont bien lieu ici : elles concernent le seul élève harceleur. La prise de carnet n'a aucun effet sur lui et les injonctions polies et répétées ne servent à rien ("je prends le carnet, R***", "Laissez-la tranquille", "***, arrête de la chercher", "***, je vais prendre son carnet aussi", "donc là les garçons, j'aimerais que vous arrêtiez de la chercher et de la provoquer").
Certainement mais ce n'est pas ce dont il est question ici. Les invectives se font ouvertement et à voix haute. A moins que "renoncer à l'idée qu'on peut tout contrôler" devienne renoncer à l'idée de contrôler.L'idée de mettre une caméra cachée au fond d'une salle trotte sans doute dans la tête de bcp de collègues. On n'est jamais sûr•e de ce qui se passe quand on tourne la tête ou baisse la tête, même dans une classe "sage". Mais il faut renoncer à l'idée qu'on peut tout contrôler et tout voir.
Un renoncement, comme nous le disions, d'autant plus terrifiant pour les élèves et pour l'école en général qu'il n'est pas le fait d'une gestion maladroite dont tout professeur peut être responsable, mais d'une formation des enseignants et d'une théorisation catastrophique de la gestion de classe dont Véronique Baslé est ici la voix (proche de celle des "Cahiers pédagogiques"), puisqu'elle réfléchir en dehors de toute urgence de gestion de classe.
Véronique Baslé va d'ailleurs plus loin ensuite.
Caricature : il n'est question ici d'aucune "toute-puissance" mais simplement d'être garant du bon fonctionnement du cours et du respect des élèves.Non, même si quand on dit aux élèves de se lever ou de s'asseoir, ils le font sans sourciller - ça m'a toujours épatée et terrifiée dans mes jeunes années. Pourquoi ils/elles m'obéiraient alors qu'ils sont plus de 25 et que rien ne les oblige au fond ? Pourquoi me croire, me faire confiance ? Et si ce que je disais était faux ? Le cadre nous donne l'illusion d'une toute puissance qui ne repose en fait sur...rien.
Être "terrifié" parce que les élèves sont à leur place d'élèves et obéissent par principe, voilà qui en dit long sur une conception de l'autorité en classe et d'un "cadre" récusé, lui, par le professeur progressiste, avec ce questionnement qui plonge dans les abîmes : "Et si ce que je disais était faux ?".
Dans cette digression, Mme Baslé répète des éléments de langage pseudo-pédagogiques théorisant le refus légitime de l'autorité du professeur, qu'elle fonde sur la compétence et sur "la confiance" : elle justifie sans le dire le comportement de l'élève harceleur et l'absence de réaction, censément bienveillante, du professeur.
On comprend qu'exclure un élève qui perturbe le bon fonctionnement de la classe serait ne serait lui vouloir du bien ou ne pas le respecter : que doit alors en penser l'élève harcelée et exclue ici (et ensuite accablée devant la classe en son absence) ?Si ce n'est pas qu'un jeu de poker, c'est parce que l'autorité repose sur la confiance, celle qui fait grandir. Auctoritas c'est la racine de augeo. J'accepte de t'écouter, de t'obéir, de suivre tes consignes parce que je comprends, devine que tu me veux du bien, et que tu m'apportes ton aide, ton expertise, celle qui m'aide à apprendre et grandir. Et parce que tu me respectes, nous respecte.
On note que le bien de la classe ou le respect de l'élève harcelée n'existent pas dans cette conception dévoyée de l'autorité.
Et si indiquer clairement à un élève qu'il ne peut pas harceler au lieu de le laisser faire, c'était l'aider à grandir ?
Aucun doute pour la sincérité et la volonté de bienveillance de notre collègue, qui ne fait que mettre en œuvre ce que le système lui a demandé de mettre en œuvre. Mais l'enfer est pavé de bonnes intentions : que peut bien penser l'élève harcelée impunément et exclue de classe de la "bienveillance" de sa professeur ? que peuvent bien conclure les harceleurs de cette "bienveillance" qui n'a de conséquence que pour les harcelés ?Alors je ne sais pas ce que cette collègue vaut en tant que prof et je ne me permettrais certainement pas de la juger mais il y a de la bienveillance et de la sincérité dans ses propos. Et cela aussi mérite du respect.
Dans le reportage, il est intéressant d'observer les autres élèves, spectateurs de ce renoncement, certains hilares, d'autres tétanisés.
Mme Baslé dénonce "un traquenard médiatique", comme si la situation exposée dans ces quelques minutes ne pouvaient qu'être inventée ou arrangée pour livrer la collègue au "tribunal de l'opinion".
En effet, elle ne le mérite pas : c'est le système produisant ces situations qui le mérite.
Le propos de Mme Baslé (Sgen-CFDT) se termine par un positionnement politique prétendument de gauche et le refus d'une "pseudo école de l'ordre" (d'autant plus étonnant qu'elle est secrétaire générale d'académie et participe, sous l'autorité du recteur à la mise en œuvre de la politique éducative de l'académie).
On peut parfaitement refuser un ordre réactionnaire voulant faire défiler militairement les élèves ou saluer le drapeau (ou pire : renonçant à l'éducation de tous), et défendre une école où l'ordre des choses serait enfin respecté : les harceleurs empêchés et les harcelés protégés.
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Le journaliste du Point a beaucoup aimé. Mais sans doute n'a-t-il pas vu la séquence décrite ci-dessus. En tout cas, sur Youtube, M6 l'a fait disparaître.
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